[Italie] Sole et Baleno 1998- 2015

ll y a 17  ans Baleno et Sole mouraient Ils avaient choisi de lancer leur vie dans l’ouragan de la guerre sociale, avec l’imprudence typique des amants. Ils l’ont fait jusqu’au
dernier souffle. Ils n’avaient pas le temps d’attendre, et le mirage de
la société future n’a pas calmé leur urgence de vie. Ils ont choisi
d’aller chercher l’ennemi, de le débusquer. Ils l’ont attendu sur les
bords obscurs de la route, comme des voleurs de la nuit.

Ceci nous porte à l’intérieur d’eux.

Assez de pleurnicheries. Nous n’avalerons pas une autre peur. Assez avec les
«victimes de la répression». Nous n’en pouvons plus. Sole et Edo ne
sont pas des «victimes de quelque chose de plus grand qu’eux», pas plus
que nous ne le sommes tous. Si Baleno, comme Sole, a choisi s’échapper
de cette manière, ne leur ôtons pas non plus la dignité de ce choix,
aussi tragique puisse-t-il sembler. Aussi mal que cela fasse. Et aussi
peur. Déjà, parce que dans un monde où tout est prévu d’avance, ce
choix nous rend à chaque instant, face à la chance ou au malheur,
toujours et quoi qu’il en soit maîtres absolus de notre vie. Et la
liberté fait peur…

Dix sept ans sont passés… Nous avons pleuré. C’est vrai. Trop. Nous n’avons plus
de larme. Ce qu’ils nous ont enlevé c’est plus que la perte de deux
amis et compagnons. Ils nous ont ôté la capacité d’un sourire
insouciant. Ils nous ont offert l’ombre de la mort qui ne nous
abandonne jamais. Merci. Nous sommes devenus plus impitoyables. Mais
que les gardiens de l’ordre public ne se réjouissent pas. La désolation
qu’ils installent dans le cœur des humains retournera. Les blessures
inaltérables à la nature, tourneront. Tout revient. Plus croît le
désert, plus s’endurcissent les cœurs, plus la révolte aura les traits
peureux d’une apocalypse.
Baleno et Sole sont morts comme ils ont vécu. Sans médiation.Imprévisibles, ils ont défié la médiocrité de leur époque.

EdoardoMassari, dit Baleno, a été retrouvé pendu dans sa cellule de la prison
de la Vallette, à Turin, le 28 mars 1998. Maria Soledad Rosas, appelée
Sole, s’est pendue dans la maison où elle était assignée à résidence,
le 11 juillet de la même année. Tous les deux étaient accusés — par les
juges turinois Laudi et Tattangelo — d’appartenir à une association
subversive et à une bande armée qui dans les années 90 ils  auraient réalisées
plusieurs sabotages en Val de Susa, en particulier contre des infracstruures du capitalisme technologique
et des chantiers de la Haute Vitesse (ils ont été finalement tous
absous ; seulement le troisième inculpé, Silvano, a été condamné
. Depuis lors, les tentatives de construire le TGV
(TAV) au Val Susa ont trouvé l’opposition d’une population insurgée
pour la défense de sa terre. La combativité des Valsusains et de tous
les rebelles qui luttent contre cette nocivité et d’autres est le
meilleur cadeau à l’amour de la terre, les montagnes et la liberté qui
animait Edoardo et Soledad.

Cette année Le 27 mars  à Ivrea et le 28 mars à  Brosso -canavese nous nous se retrouvons ces jour là….

 

 

 

 

[Grèce ]: Déclaration de début de grève de la faim du Réseau de Prisonniers en Lutte

 lu sur non fides


 

Nous commençons par un constat qui ne devons jamais oublier. Tout se conquiert par la lutte. Si en prison aujourd’hui nous pouvons avoir des livres, une télévision, des communications téléphoniques libres, des permissions, des suspensions de peine, si les matons ne nous frappent pas, nous le devons aux mutineries sanglantes et aux grèves de la faim d’anciens prisonniers.

 

Aujourd’hui, notre tour est venu de lutter et de gagner. L’heure est venue pour que diminuent les peines folles qu’ils distribuent abondamment, que soient données les permissions et les remises de peines selon les règles, que la perpétuité soit ramenée à 12 années de peine obligatoire avec 4 années de travail [1], que les libérations sous conditions soient données après en avoir fait les 2/5 [2], que la durée de détention provisoire passe à 12 mois [3], qu’existe la possibilité d’utiliser internet, que les parloirs deviennent plus libres, que les parloirs conjugaux soient garantis [4].

Qu’ils ne construisent plus de quartiers d’isolement sensoriel comme ceux de Malandrino, Trikala, Grevena, Domokos, Chania, Nigrita, Drama, où les détenus n’ont aucun contact avec le monde extérieur et voient le ciel seulement à travers des barbelés. Ces quartiers déjà existants doivent être transformés architecturalement et il faut qu’ils cessent de prendre au sérieux uniquement la seule prévention des révoltes et des évasions et reléguant au second plan les conditions de vie.
 
Les camps de concentration pour immigrés doivent fermer. Tout cela sont des points que nous tous les prisonniers devons revendiquer et gagner. Nous les mettons en exergue à l’occasion de la lutte que nous commençons et nous demandons à tous les détenus de toutes les prisons d’en tenir compte pour les nouvelles batailles qui s’annoncent.

La prison, et la répression plus généralement, constitue un des piliers de base du système capitaliste. Dans le modèle néolibéral de gestion capitaliste qui prévaut aujourd’hui, la répression se centralise toujours plus comme choix de l’Etat et s’exprime de manière condensée à travers le dogme Loi et Ordre. L’abandon de l’ancien modèle d’Etat-providence keynésien a conduit à la paupérisation d’une majorité de personnes tant dans les métropoles occidentales que dans la périphérie capitaliste. À partir du moment où une large part de la population ne peut être absorbée par le processus de production et de consommation, sa gestion ne peut être autre que répressive.
 
Une gestion répressive efficace qui a imposé la création de régimes d’exception spéciaux en circonscrivant des pratiques illégales au sein d’un cadre législatif spécial. Des pratiques auxquelles ils ne font pas face en fonction de leur gravité pénale spécifique mais en fonction de leur dangerosité pour le fonctionnement sans accroc du régime…

Ce régime d’état d’urgence inclut le combat l’ennemi intérieur (avec l’application de la « loi antiterroriste » pour les personnes accusées de lutte armée et de la « loi anti-cagoule » [5] pour tous ceux arrêtés après des affrontements en manifestations), au dit « crime organisé » ou encore mieux au fonctionnement capitaliste « au noir », aux immigrés qui sont désormais détenus sans avoir commis de délit mais seulement en raison de leur existence, aux hooligans poursuivis selon des lois sportives spéciales, aux femmes stigmatisées comme un fléau pour la société et la liste peut continuer. On fait face à tout ce qui peut potentiellement provoquer une instabilité dans le fonctionnement systémique efficace par une quelconque réglementation spéciale.

Dans la réalité grecque, ce processus a commencé au début des années 2000 et évolue sans cesse depuis, législativement parlant. En 2001, l’Etat grec a voté l’article 187 sur l’entreprise à caractère criminel à l’unisson avec ce qu’on a nommé alors la « guerre contre le terrorisme » qui avait intensifié au niveau mondial la guerre contre l’ennemi intérieur. En 2004, l’article 187a sur l’entreprise à caractère terroriste est voté.
 
Durant la même période, la première prison de haute sécurité est construite à Malandrino où sont transférés les prisonniers les plus insoumis qui vivront un régime pénitentiaire spécial avec isolement sensoriel, détention dans des quartiers réduits et des difficultés quant aux permissions et aux remises de peine.
 
En 2002, les prisonniers de l’affaire du 17 Novembre [6] sont détenus dans les sous-sols de la prison pour femmes de Korydallos, également dans des conditions d’isolement physique et sensoriel. La construction de la prison de Malandrino et des cellules au sous-sol à Korydallos pour des prisonniers de droit commun et politiques respectivement, constitue la première mise en application des conditions spéciales de détention en Grèce dans la période post-Junte.
 
Les articles de loi 187 et 187a élargissent les cas d’application afin d’y inclure plus de pratiques et le degré de punition augmente. Le fonctionnement de ces législations comprend des magistrats spéciaux, des salles d’audience spéciales, l’absence de jurés, des peines plus lourdes pour chaque délit et enfin l’accusation d’intention de commettre un délit. Il s’agit très clairement d’une législation vindicative qui vise à exterminer les prisonniers.

Un cas à part ici est celui du résistant polytraumatisé Savvas Xiros [7] qui fait face depuis 13 années à une mort lente en prison.
 
La dernière mis en application de cet état d’urgence est la construction des prisons de type C. De par le renforcement du cadre législatif qui les définit, la durée d’accomplissement des peines de tous ceux qui s’y trouvent est démesurément rallongée. Et cela en plus de l’isolement physique et sensoriel qu’implique l’enfermement dans les prisons de type C.

Une caractéristique particulière de l’état d’urgence est sa mise en place expérimentale en premier lieu et son élargissement continu par la suite. L’application de l’article 187 qui concernait quelques dizaines de détenus initialement, pour désormais environ 30 % de la population totale des enfermés accusés dans ce cadre, en est un exemple.

La mise en place des prisons de type C est un autre exemple où, en-dehors de tous ceux qui sont initialement considérés comme prisonniers de type C (les accusés sous les articles 187 et 187a), n’importe quel prisonnier insoumis peut être considéré dangereux et y être transféré.
 
Au-delà de la législation, l’état d’urgence se cristallise aussi dans le champ de l’enquête-preuve. L’apparition de l’analyse ADN a créé un nouveau type d’approche policière-judiciaire qui présente ses conclusions d’enquête comme des vérités incontestables.

De par sa nature, le matériel génétique constitue une preuve particulièrement dangereuse quant aux conclusions que peut en tirer quelqu’un en l’analysant. Sa transmission aisée d’un individu à un autre ou à un objet ou encore son association laissent offertes tant de possibilités et de conclusions à quiconque veut en tirer en l’utilisant comme un moyen de preuve.

Si tout cela est pleinement connu autant des scientifiques qui suivent la question que des mécanismes répressifs qui l’utilisent, la collecte, l’analyse et le recensement du matériel génétique constituent la nouvelle super-arme répressive légiférée justement à cause de cette ambiguïté qu’elle implique.
 
La déficience de cette méthode est démontrée par l’absence retentissante de policiers biologistes aux procès en vue de soutenir leurs analyses, contrairement aux policiers qui ont effectué l’arrestation, le dossier d’instruction, des artificiers et autres spécialistes.

L’importance qu’accorde la pratique répressive à l’analyse ADN est prouvée par son utilisation en constante augmentation dans les salles d’audience. Des individus ont été accusés pour diverses infractions sur la seule base d’un mélange de matériaux génétiques trouvé non loin de la zone d’enquête. Bien que la méthode scientifique internationale considère précaire l’analyse de tels mélanges, il existe plusieurs condamnations sur la seule preuve d’un mélange découvert.

En outre, l’acharnement de la police à prélever l’ADN, chose non seulement permise mais imposée et qui transforme toute la procédure en une torture, est une preuve de plus de l’importance qu’a pour le régime la création de bases de données génétiques.

C’est pour toutes ces raisons que nous pensons qu’il est temps de faire obstacle à la manière dont est évalué le matériel génétique.

Aucune remise en doute n’est possible quant au fait que l’Etat utilise tous les moyens permis par chaque rapport social pour préserver la domination de classe. Il serait par conséquent stupide d’attendre de tous ceux à qui nuit la lutte subversive de ne pas prendre des mesures. Ce que nous pouvons revendiquer aux patrons et à leur Etat avec le coût relatif que nous leur présenterons est qu’ils battent en retraite en abolissant :

L’article 187.
L’article 187Α.
La circonstance aggravante pour un acte commis avec le visage dissimulé (« loi anti-cagoule »).
Le cadre de loi qui définit le fonctionnement des prisons de type C.
 
Et circonscrire l’analyse et l’utilisation du matériel génétique. Plus spécifiquement nous exigeons :

L’abolition de l’ordonnance du procureur qui impose le prélèvement violent de l’ADN.
L’accès et l’analyse du matériel génétique par un expert biologiste ayant la confiance de l’accusé, si ce dernier le souhaite.
La suppression de l’analyse d’échantillons composés d’un mélange de matériaux génétique de plus de deux individus.
 
Nous exigeons de plus :
 
La libération immédiate de Savvas Xiros afin qu’il puisse recevoir les soins dont il a besoin.

Nous ne faisons aucune confiance aux paroles de tout gouvernement et nous n’oublions pas que tout se conquiert par la lutte. Pour cette raison, nous commençons une grève de la faim à partir du 2 mars exigeant la satisfaction de nos revendications.

Réseau de Prisonniers en Lutte

Commencent à partir d’aujourd’hui [le lundi 2 mars] la grève de la faim les compagnons participants au Réseau de Prisonniers en Lutte Antonis Staboulos, Tasos Theofilou, Fivos Charisis, Argyris Dalios et Giorgos Karagiannidis avec les camarades Dimitris Koufoudinas, Nikos Maziotis et Kostas Gournas. Les autres compagnons participants au Réseau suivront ultérieurement.

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[Traduit du grec par nos soins de Indymedia Athènes.]

Notes

[1Les condamnés à perpétuité doivent actuellement purger 16 ans au minimum avec 4 années de travail en prison pour demander une remise en liberté. Notes des traducteurs

[2En Grèce, tout prisonnier peut actuellement demander sa remise en liberté après avoir effectué 3/5 de sa peine. En cas de libération, les 2/5 restants sont suspendus. Par exemple, une personne condamné à 10 ans peut sortir au bout de 6 années de prison et sera sous liberté conditionnelle les 4 années restantes. Si durant ces 4 années de nouvelles poursuites judiciaires sont lancées, la personne devra purger ces 4 ans en plus d’une nouvelle peine.

[3Au lieu de 18 mois aujourd’hui.

[4Les parloirs conjugaux ont été introduits dans la dernière réforme du code pénitentiaire mais n’existent pas dans la réalité à cause d’un manque de place.

[5La loi anti-cagoule fait que se masquer dans une manifestation est un crime en Grèce.

[6Groupe de lutte armée anti-impérialiste et communiste né peu après la chute de la junte qui mènera des actions jusqu’en 2002, année où ses membres seront arrêtés et jugés en vue des Jeux Olympiques de 2004.

[7Savvas Xiros est un ancien membre du 17 novembre. Blessé en 2002 par l’explosion d’une bombe, il est atteint par de sérieux problèmes de santé et demande depuis des années sa remise en liberté pour cette raison.


lu sur  brèves du désordre : Grèves de la faim dans les prisons grecques – brève chronique des derniers jours

, d

Tandis que la société grecque avale presque sans broncher les contes post-électoraux du gouvernement SYRIZA-ANEL, des anarchistes incarcéré-e-s et des prisonnier-e-s combatif-ves dans les geôles de la démocratie grecque décident de se confronter de nouveau au Pouvoir et à ses lois, utilisant comme moyen de lutte la grève de la faim et le refus de la nourriture de prison.

Le 27 février 2015, le prisonnier de droit commun Giorgos Sofianidis, enfermé dans le module E1 des prisons de haute sécurité de Domokos, commence une grève de la faim en exigeant d’être retransféré dans les prisons de Koridallos, où il purgeait sa peine jusqu’au Jour de l’An, afin de pouvoir continuer ses études au sein de l’Institut d’Education Technologique du Pirée et de l’Institut d’Enseignement Professionnel des prisons de Koridallos. Dans le même temps, avec les autres prisonniers du module spécial E1, il revendique l’abolition définitive des prisons de type C.
Ce même jour commencent à refuser la nourriture de prison tous les autres prisonniers du module, à savoir les anarchistes Nikos Maziotis, Kostas Gournas, Yannis Naxakis, le communiste Dimitris Koufontinas et les prisonniers sociaux Alexandros Meletis, Konstantinos Meletis, Vasilis Varelas, Mohamed-Said Elchibah et Alexandros Makadasidis, en affirmant qu’ils continueront leur mobilisation. Il nous faut rappeler ici qu’une autre protestation avait déjà eu lieu à l’intérieur des prisons de Domokos au début du mois de février suite à la mort d’un prisonnier du fait d’une négligence médicale.

Le 2 mars, une grève de la faim de prisonniers commence sur la base d’un ensemble de revendications communes//cadre politique commun, se référant surtout à l’abolition des lois antiterroristes de 2001 et de 2004, des articles 187 et 187A du code pénal, de la « loi de la cagoule », de la législation sur les prisons de type C, de l’ordonnance du parquet en ce qui concerne la prise violente de traces ADN, en plus de la demande de libération de Savvas Xiros, membre condamné pour son appartenance à l’organisation 17 Novembre, pour des raisons de santé. Kostas Gournas et Dimitris Koufontinas (respectivement membres de Lutte Révolutionnaire et de 17 Novembre) annoncent leur participation par un communiqué en commun, ainsi que Nikos Maziotis (tous trois depuis les prisons de Domokos), et 5 compagnons du Réseau de Combattants Prisonniers (dont les initiales en grec sont DAK) : Antonis Stamboulos (prisons de Larisa), Tasos Theofilou (prisons de Domokos), Fivos Harisis, Argyris Ntalios et Giorgos Karagiannidis (prisons de Koridallos). Les autres participants de la DAK rejoindront la mobilisation plus tard. Depuis le 2 mars, le prisonnier Mohamed-Said Elchibah entre lui aussi en grève de la faim dans les prisons de Domokos. Deux jours plus tard, 2 prisonnières du module des femmes des prisons masculines de Neapoli, à Lasithi en Crète, commencent à refuser la nourriture de prison, comme marque de solidarité avec les prisonniers politiques en grève de la faim.

Au même moment, la police a arrêté à partir du 28 février plusieurs personnes dans l’affaire de la tentative d’évasion ratée de la Conspiration des Cellules de Feu des prisons de Koridallos : Christos Rodopoulos, l’anarchiste alors en cavale Angeliki Spyroupoulou, Athina Tsakalou (mère des frères Tsakalos) et une amie à elle, un ami du frère de Girogos Polidoros, ainsi que l’épouse de Gerasimos Tsakalos. Le 2 mars, les 10 membres prisonnier-e-s de la CCF Olga Ekonomidou, Michalis Nikolopoulos, Giorgos Nikolopoulos, Haris Hadjimihelakis, Gerasimos Tsakalos, Christos Tsakalos, Giorgos Polidoros, Panagiotis Argirou, Damiano Bolano et Theofilos Mavropoulos annoncent qu’ils rentrent en grève de la faim jusqu’à la mort ou jusqu’à ce que soient libéré-e-s leurs proches et ami-e-s. Angeliki Spyropoulou entre à son tour en grève de la faim depuis les cachots de la police, avec les mêmes revendications.

Le 4 mars, l’anarchiste Panagiotis Michalakoglou, en prison préventive dans les prisons de Nigrita, à Serres, commence à refuser la nourriture de prison en solidarité avec les membres de la CCF. Entretemps deux personnes de l’entourage amical des familles de la CCF sont « libérées », mais les tortionnaires Nikopoulos et Asprogerakas, juges spéciaux d’instruction, ordonnent la prison préventice pour la gréviste de la faim Angeliki Spyropoulou (prisons de Koridallos) et Christos Rodopoulos (prisons de Domokos).
De plus, le 6 mars, Christos Polidoros (frère du membre de la CCF) est arrêté et remis aux services antiterroristes.

Le 4 mars, Giorgos Polidoros et Christos Tsakalos annoncent que la CCF soutient la grève de la faim collective qui est menée en parallèle de la leur, en soulignant que les nouvelles machinations des services antiterroristes contre leurs familles sont une conséquence extrême de la loi antiterroriste. Le 5 mars, Nikos Maziotis, membre de Lutte Révolutionnaire, déclare, indépendamment des différents contextes de ces grèves de la faim en termes de revendications, qu’il soutient la lutte des prisonnier-e-s de la CCF.

Face à ces évènements très importants et à l’attente de nouvelles, nous, celles et ceux qui sont dehors, à lutter pour l’abolition de la société carcérale dans toutes ses expressions et l’abattage de tout Pouvoir, avons pour responsabilité de soutenir tou-te-s les prisonnier-e-s en lutte, sans exceptions, et leurs mobilisations pour la satisfaction immédiate de leurs revendications, tout en continuant à travailler pour la déstabilisation complète du système de domination. Il ne faut pas oublier que ce pour quoi nous luttons est la démolition totale de l’État/Capital et que les luttes partiales revendicatives sont des outils de déstabilisation dans ce sens, et non des fins en soi. Dans le cas contraire, on court toujours le risque de l’assimilation par le réformisme. Multiplions les actions d’agitation et d’attaque contre les institutions, les personnes et les symboles de la démocratie grecque à l’intérieur et à l’extérieur de ses frontières. Que la solidarité soit pratique !

[Contrainfo, March 8th, 2015]

 

Espagne : Accusations contre les compagnon-ne-s inculpé-e-s dans l’opération Pandora

                                                                                                                                     

La police politique du régime a lancé une campagne répressive qui s’est concrétisée le 16 décembre 2014 où 11 compagnon-ne-s ont été accusé-e-s de diverses attaques et d’« appartenance à une organisation criminelle à finalité terroriste ».
Après environ un mois de détention préventive, 7 compagnon-ne-s ont pu être libéré-e-s, bien qu’avec un procès en cours.

 

La police avance que la supposée organisation terroriste serait « le groupe criminel GAC (Groupes Anarchistes Coordonnés), affilié aux principes de l’organisation terroriste FAI/FRI ». Un nouveau mensonge et une falsification de la réalité par les éternels réprimeurs.

Pour poursuivre, passons au détail des 9 attaques composant l’accusation contre les compagnon-ne-s. Il faut souligner que parmi ces attaques se trouve celles dont sont accusés les compagnon-ne-s Monica et Francisco.

* 21 décembre 2012. Trois attaques coordonnés, un contre l’agence bancaire de Caixabank (Barcelone) en plus de l’envoi de deux colis piégés, l’un à l’archevêque de Pamplona et l’autre à un membre de la congrégation des Légionnaires du Christ de Madrid. Ils ont été revendiqués par le Club d’artisans du café pour de nouvelles utilisations (occasionnellement spectaculaires) – FAI/FRI, et le Groupe anticlérical pour la promotion de l’usage du sex-toy – FAI/FRI.

* 7 février 2013. Attaque contre la cathédrale d’Almudena à Madrid, attribué au Commando insurrectionnaliste Mateo Morral.

* 10 avril 2013. Deux tentatives simultanées contre une agence de la Caixabank du quartier de Sarrià à Barcelone et contre un établissement bancaire de la BBVA (Banco Bilbao Vizcaya Argentaria) à Madrid.

* 6 septembre 2013. Deux colis piégés envoyés à des entreprises italiennes en Catalogne + un faux engin envoyé à une entreprise italienne à Valence.

* 2 octobre 2013. Attaque contre la basilique del Pilar à Zaragosa, action revendiquée par le Commando Insurrectionnel Mateo Morral (pour laquelle les compagnon-ne-s Monica et Francisco sont en prison).

L’affaire judiciaire contre les compagnon-ne-s continue à l’Audiencia Nacional [1], sans échéance définie et pleine de fantasmes et de conceptions absurdes pour ajuster les faits aux intérêts « antiterroristes ». On voit donc que l’obsession de relier les GAC à la FAI-FRI se place dans une décision du Conseil de l’Union Européenne prononcée en juin 2009 où la FAI/FRI est classée comme organisation terroriste. Ainsi, l’objectif de l’Etat espagnol est de se baser sur ces accords supranationaux pour qualifier les GAC de terroristes.

Au delà des frontières : Solidarité avec les compagnon-ne-s inculpé-e-s !!

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[Traduit de l’espagnol par nos soins de Publicación Refractario.]

P.-S.

Plus d’infos sur l’opération Pandora ici

Notes

[1Tribunal espagnol siégeant à Madrid spécialisé pour les affaires importantes et crimes graves, par exemple relevant de la loi antiterroriste. NdT.

[lu sur non fides et copié]

 

Besançon : Sortie du premier numéro de Séditions

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Voici le premier numéro du journal apériodique anarchiste Séditions. Il est présenté sous forme de dépliant 4 pages et est disponible, hormis lors de diffusions occasionnelles, à plusieurs endroits à Besançon : à la librairie L’Autodidacte (place Marulaz), au bar Ze Music All (rue Rivotte), à la SPAM (place Marulaz). Ci-dessous l’éditorial publié à l’occasion de la sortie du premier numéro :

 

Le journal ’Séditions’ part avec l’idée de renouer avec l’agitation urbaine dans une perspective anarchiste. Il n’a pas vocation à promouvoir une quelconque organisation, qu’elle soit formelle ou informelle, fusse-t-elle anarchiste. Il ne rentre pas non plus dans la démarche qui consiste à créer des alternatives au sein d’un monde qui nous écrase sous son autorité. Nous luttons pour la liberté totale de tous les individus et donc en dehors du champ de la politique ; nous ne cherchons pas à rendre ce système de fric et d’autorité plus juste.

La ville change. Promoteurs immobiliers, entreprises du BTP, architectes et mairie investissent les quartiers dans l’intérêt des riches et de l’Etat.

Le besoin se faisait ressentir de mettre au centre des discussions les restructurations de l’Etat et du capitalisme qui, jour après jour, modifient notre environnement, nos lieux de vie et d’errance, nos trajets quotidiens en déployant sans cesse plus de moyens de contrôle et de surveillance sur chacun d’entre nous, tout en cherchant à diviser les exploités et dominés en catégories et à les monter les uns contre les autres (communautarismes religieux, ethniques et patriotisme,..)

Cette publication propose d’apporter des textes et des critiques pour passer à l’action contre cette ville qui est en phase de devenir une gigantesque prison à ciel ouvert.

Pour contribuer au journal, envoyer un article, une brève… : seditions@riseup.net

 lu sur non fides]

 

Fukushima : cogérer l’agonie

Il est indispensable dans ce sud est  de la france de  lutter pied à pied contre cette chaîne humaine du réseau  sortir du nucléaire qui avec l’aide des pouvoirs publics faite année après année . Cette année c’était à partir du 14 Mars au tricastin et à Marcoule ( 100 personnes étaient présentes.)

le texte de  Thierry Ribault  qui est à la table de presse antinucléaire du laboratoire anarchiste  il nous semble utile de reiayer ce texte ci dessous

Fukushima_nuclear
Fukushima : cogérer l’agonie  lu sur sous la cendre

En ce 11 mars 2015, quatre ans après l’inachevable désastre nucléaire de Fukushima, on  peut, bien  entendu, établir  un bilan officiel : 87 enfants  atteints  d’un  cancer  de  la thyroïde, 23 autres suspectés  de l’être, 120.000 «réfugiés», 50.000 liquidateurs mobilisés au  seuil  sacrificiel  dûment  relevé, des  piscines  remplies  de  combustibles  prêtes  à  nous exploser au nez, des rejets massifs et réguliers d’eau contaminée dans l’océan, pas moins de 30 millions de m3 de déchets radio actifs à stocker pour l’éternité.

Ce bilan existe. Nous vous y renvoyons.
L’État fait des habitants de Fukushima des cogestionnaires du désastre
Une fois ce «bilan» dressé, une fois les victimes et les inquiétudes considérées avec respect, il s’agit de tirer les conclusions qui s’imposent. L’une d’entre elles est la suivante : au fur et à mesure que se mettait en place l’aide fournie par des groupes citoyens, des ONG, des  structures  plus  ou  moins  indépendantes,  l’État faisait des  habitants  de  Fukushima, indéniablement  et  sous  couvert  de  «participation  citoyenne», des cogestionnaires du désastre. On pourra nous opposer que cet élan civique a relevé de la spontanéité, voire de l’amour du prochain, que l’État n’a donné aucun ordre allant dans ce sens, que chacun était, et reste, libre de «s’engager» dans de tels mouvements, certes ! Cependant, beaucoup des hommes et des femmes qui l’ont fait, même si c’est inconsciemment, ont fait le jeu de l’État.
Voilà ce que nous avons constaté.
La  plupart  de  ses  groupes  citoyens,  ces  ONG,  ces  structures  plus  ou  moins indépendantes  ont  appelé  les  habitants  à  s’équiper  de  dosimètres,  les  ont  aidé  à  s’en procurer  ou  à  s’en  fabriquer  sur  le  mode do‐it‐yourself,  les  ont  assistés  dans  la  tâche pharaonique  d’une  impossible  décontamination,  ont  réuni  des  fonds  aux  sommes  parfois colossales  pour  acheter  des  équipements  permettant  d’effectuer  des anthropogammamétries, y ont fait asseoir leurs congénères pour leur asséner des chiffres dont ils ne savaient que faire, ont élaboré des cartes des retombées radioactives au mètre près, ont ouvert des dispensaires dédiés à l’évaluation des doses reçues et au suivi sanitaire des populations. Ces «initiatives citoyennes» ont visé à rendre compte d’une réalité dont les protagonistes estimaient qu’elle était niée par les autorités. Ce faisant, plutôt que de les mener à «sauver leur vie», autrement dit prendre leurs jambes à leur cou (comme l’ont fait certaines  structures,  dans  le  Yamanashi  par  exemple,  aidant  les  gens  à  refaire  leur  vie ailleurs), la plupart d’entre elles ont aidé les gens à rester sur place, ce qui a fait le jeu d’un État  qui  n’avait  d’autre  objectif,  dès  le  début  des  évènements,  que  de maintenir  les populations en place. Ce faisant, plutôt que de remettre en question la thanato‐politique de folles sociétés humaines bâties sur le danger et le gouvernement par la mort, ces structures ont appris aux gens à vivre avec, attendu que les dosimètres créeraient le miracle.
De  Tchernobyl  à  Fukushima,  la  cogestion  a  fait  faire  un bond  qualitatif  à l’administration du désastre
: travaillant à la grande inversion du désastre en remède, elle a porté à un degré de perfection jamais atteint jusqu’à présent la responsabilisation de chacun dans sa propre destruction et la nationalisation du peuple qui la fonde.
Groupes indépendants… intégrés
Prenons  deux  exemples  qui  montrent  comment,  un  jour  ou  l’autre, ces  structures plus  ou  moins  indépendantes  l’ont  été  de  moins  en  moins  et  se  sont,  avec  plus  ou  moins d’état d’âme, ralliées aux structures étatiques.
Premier exemple : Ethos, programme développé en Biélorussie dans les années 1990 pour  «améliorer  les  conditions  de  vie  dans  les  zones  contaminées»,  soutenu  par  la commission  européenne,  dont  le  leader  était  notamment  directeur  du  CEPN, Centre d’études  sur  l’évaluation  de  la  protection  dans  le  domaine  nucléaire,  association  financée par EDF, le CEA, la Cogema et l’IRSN. Un clone de ce programme, Ethos in Fukushima, est né au Japon six mois après le 11 mars 2011, à l’initiative d’une ONG locale visant à soutenir le moral  des troupes  contaminées  à  travers  des  réunions  d’information  où  sont  prônées l’entraide entre les habitants et des mesures illusoires de protection contre la radioactivité. Le mot d’ordre de l’ONG, dont la foi, logiquement, renverse les montagnes, est : « Malgré tout, vivre ici,c’est merveilleux, et nous pouvons transmettre un avenir meilleur ». L’élève ayant rapidement dépassé le maître, cette initiative a fait l’objet d’une prise en main de la Commission Internationale de Protection Radiologique(CIPR), qui a mené à la mise en place de  «Dialogues».  Ces  séminaires  participatifs  ont  alors  rassemblé  des  élus,  des  experts scientifiques  et  des  groupes  de  citoyens  soucieux  de  «revitaliser»  les  zones  contaminées qui en avaient bien besoin, afin d’inculquer une «culture pratique radiologique» et d’aider chacun à «optimiser les doses».
Deuxième  exemple : Safecast, « réseau  global  de  capteurs  qui  recueille  et  partage des mesures de radiation afin d’habiliter les gens à gérer la situation grâce à des données relatives  à  leur  environnement.» Suite  à  leur  participation  à  une  conférence  de  l’AIEA  en février 2014 à Vienne, le leader de Safecast définit ses membres comme «des hackers, mais pas de ceux qui dévalisent les banques (sic), de ceux qui sont les moteurs de l’innovation», et  montre  clairement  le  cap,  considérant  «avoir modifié  avec  succès  les  présupposés qu’avait l’AIEA par rapport à ce que les groupes indépendants sont capables de faire (…) afin de fournir des sources alternatives d’information», se déclarant avec une fierté affligeante «certain que cela fera son chemin dans la prochaine révision des directives de réponse au désastre que prépare l’AIEA.» La déléguée norvégienne à l’AIEA, qui a saisi tout l’intérêt des «capteurs citoyens», a immédiatement vu en Safecast « des gens créatifs et innovants qui développent des solutions efficaces par eux‐mêmes, et en cas d’accident dans votre propre pays, vous serez bien contents d’avoir des gens comme eux. En fait, vous devriez même, dès maintenant, chercher des gens comme eux».
Se  félicitant  de  ce  que cette  déclaration  ait  été  suivie  d’applaudissements,  les responsables faussement naïfs de Safecast précisent : «Le consensus dans la salle a tourné (…), la CIPR nous a proposé de trouver des financements, le ministère de l’énergie américain veut  intégrer  nos  inputs  dans  leur  nouveau  système  d’information  d’urgence,  l’IRSN  veut que nous les aidions dans un de leurs projets, la Commission de régulation nucléaire discute avec nous pour voir comment faire au mieux pour intégrer la mesure citoyenne dans leurs plans de catastrophe ».
Les «capteurs‐citoyens » de Fukushima : des citoyens captifs
La cogestion des dégâts fonde le consensus : saluée par tous au nom de la nécessité à dépasser  la  situation,  elle  est irréversiblement  souhaitée  et s’inscrit dans  une  stratégie fondée  sur  cet  art  d’accommoder  les  restes  qu’est  la résilience.  Approche  prisée  des pronucléaires, elle s’intègre également, pour nombre d’antinucléaires, à une mise en œuvre de la participation citoyenne qu’ils appellent ‐ ne reculant devant aucun paradoxe ‐ de tous leurs vœux, achoppant alors de manière redoutable devant la remise en cause du recours à l’énergie nucléaire censée fonder leur lutte, et de la société industrielle qui rend ce recours indispensable. Au final, l’objet de la cogestion, au nom de la démocratie, est l’État lui‐même. En faisant de chacun un contre‐expert qu’il faut éduquer, informer, équiper, pour faire de lui un  mesureur  performant,  pour  qu’il  se  soumette  par  avance  à  l’autorité  scientifique  qui édictera les nouvelles normes nécessaires au bon fonctionnement de la machine sociale, la cogestion  s’affiche  pour  ce  qu’elle  est :  l’art  de  répandre  des métastases étatiques,  pour reprendre la limpide formule de Jaime Semprun et de René Riesel.
Certains sociologues du gyrophare, qui ne manquent jamais une occasion de louer les «lanceurs  d’alerte», ont  persisté  à  vanter les  mérites des  «réseaux  de  capteurs‐citoyens qui participent  à  la  construction  d’une  intelligence collective  instrumentée et confèrent une capacité active aux citoyens pour interpréter leur environnement, le capter et le mesurer et in fine agir sur lui». De la sorte, les alertologues se sont refusés à voir la réalitéde  ce  devant  quoi  ils  s’ébahissaient :  bien  des  «capteurs‐citoyens »  de  Fukushima étaient bel et bien devenus des citoyens captifs.
Cogérer, consentir, obéir
Cogérer les  dégâts  du  désastre  nucléaire aide  à  franchir  la  distance  qui  séparait  le terrible de  l’acquiescement  au  terrible.  Cogérer  les  dégâts  du  désastre  nucléaire  amène  à prendre  part  au  dispositif  permettant  de consentir  à  la  contamination,  à  apprendre  aux hommes à vivre dans de mauvaises conditions d’existence et à faire pénétrer celle‐ci dans la culture de masse. Cogérer les dégâts du désastre nucléaire, c’est s’inscrire dans le paradigme de l’ordre, non dans celui de la transformation. C’est accompagner l’agonie au quotidien des corps et celle, aussi grave, des esprits et de leur éventuelle pensée contraire. Passé maître dans l’art de mépriser ses adversaires que sont les individus conscients d’eux‐mêmes, l’État cogéré, désiré par tous, n’a plus que de faux ennemis dans la main desquels il a su glisser la sienne. L’identification  à  celui  que  l’on  craint  joue  ici  d’autant  plus  fortement  que  la cogestion tend vers l’autogestion, qui est au désastre nucléaire ce que l’autocritique fût au stalinisme : une technique d’intériorisation de la culpabilité et, ce faisant, de la domination, car la cogestion est une congestion de la liberté et du refus d’en être privé. Il s’agit alors de se  trouver  une  cause  commune  pour  éviter  de  s’affronter  à  son  propre  sauvetage  par  le refus. Or les causes communes abondent à Fukushima : tirer partie d’une expérience unique, apprendre à  faire  face  au  prochain  désastre,  restaurer  la  communauté,  redynamiser  les forces économiques, faire renaître l’emploi des jeunes, inciter les populations à un «retour au pays  natal»…  Des menaces  de  non  remboursement  des  frais  de  santé  aux coupons  de réduction  pour les touristes,  du redéveloppement  de  l’industrie  des  loisirs  (stades  de baseball,  musées) à  la  construction  de supérettes  avec  terrasses  «plus  conviviales»…  à Fukushima, nul doute: l’inventivité morbide fait fureur. Assurément, en prétendant sauver d’un côté ce que l’on détruit de l’autre, on ne fait que répéter l’obéissance au pouvoir.
11 mars 2015
Nadine et Thierry Ribault
Auteurs de
Les sanctuaires de l’abîme – Chronique du désastre de Fukushima,
Éditions de l’Encyclopédie des Nuisances, Paris, 2012.

 

[Allemagne] Solidarité avec Rainer Loehnert !

lire sur le chat noir émeutier

Ci-dessous un texte (le lire en allemand ici) sur la situation de Rainer. Il est actuellement détenu en isolement dans un hôpital psychiatrique en Rhénanie du Nord-Westphalie, en Allemagne. L’été dernier, il a participé à une grève de la faim en solidarité avec les luttes des prisonniers en Grèce. Il a récemment tenté de se échapper de l’établissement psychiatrique.

Tire-toi mec ! Tentative d’évasion d’un lieu d’anéantissement

Fin janvier Rainer Loehnert a tenté de s’évader d’un établissement psychiatrique. Malheureusement, cette tentative a échoué et depuis il se trouve en isolement. Donc une prison dans la prison.

Rainer a 53 ans et est emprisonné depuis plus de 28 ans, actuellement dans un établissement psychiatrique à Bedburg-Hau, une petite ville dans le nord-ouest de l’Allemagne, à proximité de la frontière avec les Pays-Bas (région de Rhénanie Nord-Westphalie). Mais il ne renonce pas à la lutte pour (sa) liberté ! Rainer avait récemment participé à une grève de la faim en solidarité avec la lutte des prisonniers en Grèce (Rapport).

Et maintenant, il a fidèlement agi selon sa propre devise: “L’anarchie et la libération totale n’est pas vaine!” (Extrait d’une lettre de Rainer fin janvier 2015). Et il a une fois de plus fait face aux “porcs en blanc” et pris sa propre vie en main. Il n’a pas voulu attendre une autre expertise psychologique humiliante lui certifiant à intervalles réguliers sa “dangerosité” et sa “maladie mentale“. Et ce, qu’il joue d’après leurs règles ou qu’il se rebelle contre le “traitement” en prison. Une partie de cette expertise perverse indique que l’Etat/société soit le juge approprié pour aussi enfermer Rainer à vie: “Vous êtes un homme dangereux, M. Loehnert“. Aussi, le fait de bourrer de médicaments est extrêmement important pour les cerveaux fascisants et le personnel médical et infirmier. Les effets secondaires nuisibles (des médocs) peuvent être soit parfaitement intégrés dans la “thérapie“, soit être à nouveau traités avec d’autres médicaments. Il n’est pas surprenant si Rainer dit qu’il ne sait pas encore combien de temps il tiendra le coup ou survivra. Déjà en janvier, peu de temps avant sa tentative d’évasion, il y a eu un autre mort dans ce centre psychiatrique: “gavé à mort”!

Depuis plus d’un mois maintenant, Rainer est maintenu à l’isolement, ce qui signifie:

– Être isolé des autres détenus 24 heures par jour (il arrive seulement à voir les infirmières);
– Aucune promenade dans la cour (et même s’il est autorisé à aller dans la cour, c’est uniquement avec les menottes et pieds attachés);
– Ses effets personnels ont été confisqués pour le moment, et le reste des produits alimentaires ont été détruits;
– Ses vêtements personnels lui ont été interdits et il a juste la chemise d’hôpital au corps (connue sous le nom de “robe de l’ange”);
– Il peut fumer une cigarette trois fois par jour;
– Seulement un feutre/un stylo et du papier;
– Courrier postal restreint (il doit s’adresser à l’avance à l’administration si il veut recevoir un colis);
– Quatre caméras de surveillance dans sa cellule, avec infrarouge la nuit ;
– Haut-parleur placé sur le plafond de sa cellule;
– À la mi-février, il a écrit qu’il a reçu au moins quelques livres.

solidaridadRainer est maintenant dans l’attente d’un autre procès, mais il garde la tête haute ! Ils ne le démotivent pas ! Et avec ses lettres, il nous met le sourire aux lèvres encore et toujours, et nous encourage. Dans sa dernière lettre, il poursuit: “… c’est un long chemin à parcourir jusqu’à ce qu’un groupe soit à l’origine d’une révolte ou d’une insurrection; le système et les contraintes psychologiques et économiques sont profondément ancrées à l’intérieur des gens en Allemagne, il faut du temps, [mais] je sais que c’est possible!”

Pourtant, nous ne laisserons pas Rainer seul. Nous voulons lutter ensemble contre cette société-prison de merde et vraiment écoeurante. Si vous voulez participer, vous pouvez écrire à Rainer, le soutenir en lui envoyant un peu d’argent, harceler/attaquer les institutions psychiatriques ou tous les autres lieux d’enfermement ou tout ce qui te vient à l’esprit pour saboter cette civilisation inhumaine.

Son adresse:

Rainer Loehnert
Bahnstraße 6,
47551 Bedburg-Hau (Allemagne)

Salutations de solidarité et de force à Rainer !
Liberté pour Rainer !
Liberté pour tous !
Mort à toute société autoritaire !

Des complices anti-autoritaires, 22 février 2015

Malgré l’hostilité de l’opinion japonaise, la relance du nucléaire est acquise

 

 

Par Philippe Mesmer (Tokyo, correspondance)

La relance des réacteurs nucléaires japonais semble acquise. Mais son calendrier reste flou Malgré le soutien du gouvernement du premier ministre Shinzo Abe et des milieux d’affaires, elle reste suspendue à différents facteurs, politiques et juridiques notamment. Ce qui n’empêche pas certains d’évoquer une relance en mai.

Le redémarrage peut concerner quatre des quarante-huit réacteurs nippons progressivement arrêtés après la catastrophe de Fukushima de mars 2011. Ils ont obtenu le feu vert de l’Autorité de régulation du nucléaire (ARN) pour repartir.

Deux d’entre eux, de la centrale de Sendai (département de Kagoshima, sud-ouest), ont reçu l’aval obligatoire des autorités locales et attendent le signal gouvernemental. Les deux autres, de la centrale de Takahama (département de Fukui, centre), attendent l’accord des autorités locales et du gouvernement.

La lenteur des décisions est notamment liée aux élections locales du mois d’avril. « Personne ne veut que la question occupe le cœur de la campagne », estime un observateur. C’est particulièrement le cas dans les régions à forte implantation nucléaire. Dans le département de Fukui – baptisé le « Ginza du nucléaire », en référence au quartier du luxe de Tokyo, car il abrite treize réacteurs et le surgénérateur de Monju –, le gouverneur Issei Nishikawa fait tout pour que la question ne s’immisce pas dans les débats.

Dissimulations d’informations

De fait, l’opposition à la relance des réacteurs reste réelle et profonde. Le 8 mars, 23 000 personnes ont défilé à Tokyo contre le nucléaire. Un sondage réalisé fin janvier par le quotidien Nihon Keizai révélait que seuls 36 % des Japonais approuvaient la relance. Le gouverneur du département de Niigata (nord), Hirohiko Izumida, reste opposé à la relance de la centrale de Kashiwazaki-Kariwa.

L’hostilité à l’atome est renforcée par le comportement du « village nucléaire » nippon, qui réunit industriels, compagnies d’électricité, hauts fonctionnaires et universitaires. Fin février, la compagnie d’électricité de Tokyo (Tepco) a admis que de l’eau hautement contaminée de la centrale endommagée de Fukushima s’écoulait dans l’océan. Elle le savait depuis mai dernier.

Cette attitude a ravivé le souvenir des dissimulations d’informations dénoncées dès le début de la catastrophe de Fukushima. Elle contredit les engagements du secteur en faveur de la sûreté et de la transparence.

En plus, la justice japonaise a décidé le 22 janvier de ne pas poursuivre les dirigeants de Tepco pour leur responsabilité dans la pire catastrophe nucléaire depuis Tchernobyl. « Nous avons estimé que les preuves n’étaient pas suffisantes pour conclure qu’ils auraient pu prévoir ou éviter » l’accident, avait alors déclaré Ryoichi Nakahara, du parquet de Tokyo. Une justification qui a donné le sentiment d’une certaine impunité pour ces responsables.

Risque sismique

Le redémarrage se heurte également à des obstacles juridiques. Des plaintes ont été déposées contre celui des réacteurs de Sendai et de Takahama. Elles portent sur la sous-estimation du risque sismique et sur l’incapacité du gouvernement à établir des plans d’évacuation crédibles en cas de catastrophe.

Plusieurs scientifiques expriment aussi leurs inquiétudes. En matière volcanique, « les risques sont sous-estimés », estime le vulcanologue Masato Koyama, de l’université de Shizuoka. « Dans un rayon de 160 km autour de la centrale de Sendai, il y a cinq caldeiras. » Or la Compagnie d’électricité du Kyushu, qui gère la centrale, négligerait ce risque.

Le nucléaire générait 28 % de l’électricité de l’archipel avant Fukushima. L’arrêt des réacteurs a eu un impact économique fort. Les compagnies d’électricité ont dû augmenter les importations de gaz, notamment pour faire tourner leurs centrales thermiques, contribuant au creusement du déficit commercial nippon. Les coûts additionnels ont été répercutés sur la facture des consommateurs – particuliers et entreprises –, qui a augmenté entre 20 à 30 %.

Source : Le Monde

Le prisonnier José Antùnez Becerra en grève de la faim , actions de solidarité

http://kaosenlared.net/wp-content/uploads/2015/03/libertad-antunezweb.jpg

le prisonnier José Antúnez Becerra a passé plus de 40 ans privé de liberté dans les geôles de l’État, sans cesser de se révolter de l’intérieur des murs, proche  des copel. . Il a été condamné à 19 ans de plus pour avoir participé à la mutinerie de la prison  proche de barcelonne de 4 chemins en 2004. 19 ans pour s’être rebellé contre les tortures imposées quotidiennement aux prisonniers..

il est en grève de la faim depuis plus de  37 jours. Sa détermination est encore intact.. Les actions de solidarité  s’amplifient

traductioon: d’uncommuniqué paru sur indymedia.barcelone

Barcelone : incendie d’un distributeur de billets

Quelques jours avant la semaine de solidarité avec José Antúnez Becerra, en grève de la faim, nous avons incendié un DAB dans la ville de Barcelone.

Antúnez Becerra a passé plus de 40 ans privé de liberté dans les geôles de l’État, sans cesser de se révolter de l’intérieur des murs. Il a été condamné à 19 ans de plus pour avoir participé à la mutinerie de la prison [barcelonaise] de 4 Camins en 2004. 19 ans pour s’être rebellé contre les tortures imposées quotidiennement aux prisonniers.

Nous éprouvons une rage et un dégoût profonds contre toutes les institutions démocratiques qui prétendent nous faire « vivre » en constante soumission à leurs lois de merde. Nous nous solidarisons activement par la rage et par le feu avec la courageuse lutte d’Antúnez, en grève de la faim depuis déjà plus de 37 jours en disant que c’est la liberté ou la mort. Nous serons attentifs jusqu’à le voir libre dans la rue.

Pour l’intensification de l’offensive anarchiste contre tous les États, leurs prisons et leurs sbires. Qu’explose la rage antiautoritaire dans les rues et que s’enflamme la solidarité.

tous les Prisonnier-es dehors
feu   aux prisons
Contre toute autorité.

[

Fukushima – Émission spéciale antinucléaire à écouter entre 17h et 20h

nous publions cette informatio malgrés le fait que le 11/03 /2015 à 17h30 ,Au laboratoire anarchiste nous passons  le dernier éisode de la fabique de l’oubli mais surtout ça sera l’occasion de faire ensemble une assemblée sans domination , sans sexisme , et sans dogme

un article de Philippe Pons  est à signaler dans le journal le monde du 11 /03 /2015 malheureusement pas consultable sur innternet toutefois on publie un extrait de cet :

Les damnés de la terre

La grande maison inhabitée n’est plus qu’un capharnaüm d’effets personnels, d’ustensiles de cuisine, d’appareils électriques et de photos de famille poussiéreuses. Les pièces principales, au rez-de-chaussée, servent de bureau à une petite ONG, Résurrection de Fukushima, ce département japonais victime de l’accident nucléaire qui a suivi le séisme et le tsunami du 11 mars 2011. Dehors, dans une serre en plastique toute neuve, Muneo Kanno, 62 ans, se livre à des expérimentations sur les sols et les plantes pour trouver des méthodes de décontamination de la terre polluée par les retombées radioactives. Cette maison était la sienne.

De l’autre côté de la route, un monceau d’énormes sacs en plastique noir contenant chacun une tonne de terre, de feuilles et de branchages irradiés rappelle que la décontamination de la région est loin d’être achevée. Un jour, ces sacs seront transportés vers les communes de Futaba et d’Okuma, condamnées en raison de leur proximité avec la centrale et désignées pour les recevoir, théoriquement, pour trente ans. Mais, pour l’instant, ils restent là, se perçant par endroits.
La ferme de Muneo Kanno, isolée dans la localité de Sasu, offre un raccourci de la situation de la commune d’Iitate, à une quarantaine de kilomètres au nord-ouest de la centrale accidentée : la famille de sept personnes qui y habitait, rassemblant trois générations, est désormais éclatée et vit dans trois lieux différents. Comme d’autres agriculteurs, Muneo Kanno et des bénévoles cherchent à rendre la terre à la culture, par eux-mêmes. La décontamination.de la terre pollée par les autorités est un « non sens » estime Yoichi Tao, physivien à la retraite et président de l’ONG Résurection de fukushima :…

émission de radio

 

Le 11 mars 2015, de 17h à 20h sur : Radio Galère (Marseille 88.4 fm), Radio Libertaire (Paris 89.4 fm), Radio Zinzine (Forcalquier, Pertuis 100.7, Apt 92.7, Manosque 105, Digne 95.6, Sisteron 103, Briançon 101.4, Embrun 100.9, Gap 106.3, Aix-en-Provence 88.1).

Le 11 mars 2011, un tremblement de terre puis un tsunami provoquent l’arrêt des circuits de refroidissement de trois réacteurs de la centrale nucléaire de Fukushima Daichii au Japon, entraînant de très importants relâchements de radioactivité et une contamination massive de l’air, de l’eau et des sols.

Quatre ans plus tard, la catastrophe de Fukushima est toujours en cours dans une indifférence quasi-générale.

Ce 11 mars 2015, de 17h à 20 h, trois radios (Radio Galère, Radio Libertaire et Radio Zinzine) animeront et diffuseront ensemble une émission spéciale sur la catastrophe de Fukushima, ses conséquences sanitaires, sociales et politiques.

Nous nous interrogerons sur la poursuite de l’industrie nucléaire dans le monde, nullement freinée par les catastrophes successives ; comment le nucléaire constitue un outil de soumission ; et pourquoi il ne nous est plus possible d’accepter encore notre « condition nucléaire ».

Les intervenants :

· « Retour sur les aspects techniques de la catastrophe de Fukushima, du 11 mars 2011 à aujourd’hui », Roland Desbordes, physicien, président de la CRIIRAD.

· « Les effets sanitaires de la catastrophe », Kolin Kobayashi, journaliste indépendant.

· « Les effets sociaux, les déplacements de populations, la radio « protection » à Fukushima », Cécile Asanuma-Brice, chercheur en sociologie urbaine, vit et travaille à Tokyo.

· « Le lobby nucléaire international derrière les normes de « protection », la manipulation », Yves Lenoir, président de l’association « les Enfants de Tchernobyl Belarus ».

· « Le nucléaire comme outil de soumission », Thierry Ribault, chercheur au CNRS, co-auteur de « Les Sanctuaires de l’Abîme, chronique du désastre de Fukushima », 2012.

· « La « condition nucléaire » », Jean-Jacques Delfour, philosophe, auteur de « La Condition Nucléaire », 2014.

Contact : collectif-antinucleaire13 a8a orange.fr

 

Compte rendu du rassemblement devant la prison le 7 mars

recu par mail

Voilà un petit compte rendu du rassemblement qui a eu lieu ce WE.

grr

Le rassemblement avait été déclaré en préfecture.
De 10h à environ 13h, autour d’une vingtaine de personnes étaient présentes devant l’entrée de la maison d’arrêt.
Il y a eu plusieurs échanges, avec des personnes du quartier, des passant-es, des personnes qui se rendaient au parloir, et aussi évidemment entre les personnes présentes à ce rassemblement.
Il y avait une banderole qui disait « à bas toutes les prisons », une table de presse avec des brochures et infos contre la prison et l’enfermement, une exposition contre la construction du nouveau centre pénitentiaire de Valence, un tract diffusé qui est en pièce jointe.
Il y a eu des textes lus au micro, notamment le récit d’une prisonnière de la M.A de Valence, qui, une fois sortie, a voulu faire connaitre les galères qu’elle a eu avec l’administration pénitentiaire, et y donner suite.

Egalement des revendications de prisonnières de la M.A de Poitiers Vivonne, ainsi que d’autre revendications venant du quartier maison centrale de Réau.

(nous ajoutons a la suite de cet article une retranscription des textes lus)

Il y a eu de nombreux slogans criés, « vieilles ou récentes, une cage reste une cage, a bas toutes les prisons », « pierre par pierre, mur par mur, nous détruirons toutes les prisons », « flic, maton ou procureur, qu’est ce qu’on ferait pas pour un salaire », « liberté », etc.

Notre présence a été entendue, et les cris de nombreux détenu-es, autant au quartier des femmes que celui des hommes nous ont répondu.
Nous serons là samedi 4 avril à 10h00.

tract

Incarcérée pendant 8 mois à la maison d’arret de Valence, A. raconte ses conflits avec l’Administration Pénitentiaire.
                 
Des gardiens, gradés, m’ont violentée. Au début, ma détention se passe pas trop mal on va dire. Et il y a eu un dérapage un vendredi soir, à un moment où  le directeur est parti en vacances, le chef de détention aussi.  Et là je sais pas ce qui s’est passé mais ça a vraiment dégénéré, tout m’est tombé dessus. En fait le soir, je suis restée dehors en sortant de l’atelier. Parce que normalement, ils devaient enlever une fille qui était dans ma chambre, je l’avais demandé, ça faisait des semaines que je ne dormais plus, et qu’ils m’avaient promis,  le médical disait que je devais être toute seule. J’étais énormément fatiguée, j’ai patienté, patienté, et un soir en sortant de l’atelier, quand j’ai su qu’elle était encore là, j’ai dit : « Puisque c’est comme ça, j’attends dehors ».
La surveillante m’a laissée et elle est partie. Et deux gradés sont arrivés. Quand ils ont dit « vous nous suivez », je me suis levée et je les ai suivis. Ils s’en sont pris à moi, j’ai rien eu le temps de faire. Alors que je n’ai même pas résisté, ils m’ont donné des grands coups dans le dos jusqu’au bureau. Ils sont devenus complètement…
Je me suis retrouvée avec des  marques, j’ai fait faire un certificat médical que je cachais dans mon collant, le médecin a mesuré les hématomes, certains sous les os des poignets, enfin bon j’étais dans un état lamentable. Comme j’avais des soucis avec mon cœur par rapport à tout ça, j’ai été extraite à l’hôpital et il y a un policier qui a vu mon état et qui m’a dit ce qu’il fallait que je fasse, qui m’a bien conseillée, pour une fois.
J’ai envoyé des courriers. Et la prison, quand ils ont compris que j’allais parler, tout est allé très vite, ça a été de la violence, de la pression, des menaces… pendant trois semaines ça a été le cauchemar.

J’ai fait une plainte au procureur, j’ai gardé l’enveloppe avec moi, dans mon collant, j’ai attendu le conseil de discipline, mais je n’ai pas voulu leur passer, parce qu’ils font un peu ce qu’ils veulent, et je l’ai alors passée à mon avocate, qui l’a remise au sous-directeur, pour qu’elle soit témoin, pour être sûre que la plainte arrive.

Pour vite se débarrasser de moi, pour que je n’aie le temps de rien, je suis passée en conseil de discipline.
Et quelques jours après ils sont arrivés dans ma chambre, ils m’ont jeté des cartons dans la figure, et je partais à Corbas au cachot.
Ils m’ont sanctionnée parce que je suis restée dehors. D’après eux, ça justifie un placement au QD : ils ont mis 5 jours de ferme et 5 jours de sursis. Mais à Corbas, ils n’ont pas compris ce que je faisais là. J’ai préparé un carton d’affaires, et quand je suis partie pour Corbas, les trois fameux gardiens qui m’ont violentée, ils étaient là, tous ensemble évidemment, tous contents de me faire partir. Et l’un, qui était au-dessus des gradés, me dit « y a pas assez de place dans le véhicule – je me suis aperçue ensuite que c’était faux – donc j’ai trié vos affaires ». Je lui ai dit « Mais il faudrait que je regarde un peu », et il a dit « C’est moi qui décide ce que vous avez besoin pour aller à Corbas ». Et j’en ai pleuré, parce que il m’avait laissé mes cigarettes, un gel douche et un peignoir, c’est tout ce que j’avais. Ils m’avaient enlevé tous mes vêtements.

Je n’ai pas averti mes enfants, ni personne ne l’a fait d’ailleurs. J’ai juste écrit au JAP. C’est allé tellement vite que je n’ai pas eu le temps de me retourner, ils ont tout annulé : mon téléphone, l’argent que j’avais…
Après ces cinq jours, je suis revenue, et le directeur avait terminé ses vacances. Je suis à peine arrivée qu’il a demandé à me voir, car j’avais fait passer un courrier pour lui. Il était mal à l’aise parce qu’il a vu que je disais la vérité, en plus j’étais dans un état tellement pitoyable. Il m’a dit qu’il pouvait appuyer mon aménagement de peine, mais que le mieux dans tout ça, c’était que j’oublie tout ce qui s’était passé. Et moi je n’ai pas lâché. Mais je vous assure que porter plainte, ça a été dur de faire ça à l’intérieur des murs…

Puis les surveillants ont tenté de monter la détention contre moi. Ils ne faisaient plus rien passer. Quand les filles voulaient se faire passer des choses au moment des repas, des choses banales, à chaque fois ils ont tout refusé, en disant que c’était de ma faute, qu’ils avaient un problème avec moi et que donc tout le monde était puni, donc il fallait qu’elles s’adressent à moi si elles n’étaient pas contentes. Ça a marché malheureusement. Pas toutes, mais les plus virulentes, ça a été des insultes à ne plus en finir, des menaces…
Tout ça s’est passé les trois semaines avant que je passe en commission pour mon aménagement de peine. Je suis rentrée du cachot le lundi, et sept jours après je passais devant les magistrats. Les gardiens m’avaient dit que j’aurais jamais mon aménagement de peine, qu’ils m’empêcheraient de sortir. Ils m’ont menacée de prévenir le JAP pour m’empêcher de sortir.

J’avais un bon dossier et en trois semaines j’ai pris neuf rapports, un conseil de discipline et du cachot !
Les violences, je ne sais pas comment les expliquer, parce que je suis toujours restée calme, j’essayais de discuter et de remettre les choses dans leur contexte, mais je sais pas, ça les a excités. Et après, leurs motivations par contre, c’était qu’il valait mieux que je me taise. Ils ne voulaient pas que je dénonce. En plus, moi ne connaissant rien du tout, c’était ma première incarcération, je les ai crus, mais je suis quand même allée jusqu’au bout pour dénoncer, au défenseur des droit, aux droits de l’homme… J’ai regardé le petit livret, j’ai envoyé des lettres à tout ce que je pouvais, mais en faisant ça, au fond de moi, je croyais les gardiens, je pensais que pour mon aménagement de peine, c’était fichu, mais je suis quand même allée jusqu’au bout. Je trouvais ça tellement inhumain, que je me suis dit « je ferai deux mois de plus mais tant pis, il faut le dénoncer ».

Et finalement j’ai quand même obtenu mon aménagement de peine.
Je suis sortie à la fin du mois d’août et j’ai eu un bracelet pendant deux mois. Et j’ai été entendue après au commissariat pour déposer plainte officiellement. Les trois personnes mises en cause ont du être auditionnées, ou vont l’être. J’attends. C’est long.  J’espère qu’il y aura des suites. J’ai tout envoyé au défenseur des droits, il m’a envoyé plusieurs courriers pour me dire qu’il était en train d’enquêter, qu’il avait tous les éléments nécessaires. J’ai écrit place Vendôme aussi, qui m’a répondu et a envoyé mon dossier à la cour d’appel de Grenoble.  Mon avocat m’a dit que j’avais fait tout ce qu’il fallait. J’attends, j’aimerais vraiment qu’il y ait des suites.

Ce que je veux, c’est qu’on sache ce qui se passe, pour éviter que ça recommence, il faut pas laisser passer ce genre de choses, c’est grave !
On se retrouve entre leurs mains et ils font ce qu’ils veulent de nous. C’est intolérable. Il faut le dénoncer. C’est vrai qu’à l’intérieur de la prison, c’est très très dur. Ça dépend des personnes, mais sans soutien, j’imagine que c’est plus compliqué. Je voudrais encourager les personnes qui malheureusement sont confrontées à ce genre de violences et de maltraitances.

 

LISTE DE REVENDICATIONS DES PRISONNIÈRES DE LA MAISON D’ARRÊT DES FEMMES DU CENTRE PÉNITENTIAIRE DE POITIERS-VIVONNE

Comme ailleurs, nous voulons :
– Des payes correctes, tant aux ateliers qu’au service général
– La suppression des QI et des régimes différenciés au CD
– Les portes ouvertes en MA et/ou le téléphone en cellule
– La mise en place systématique des aménagements de peine sans délais et des transferts en CD dès la condamnation
– La facilitation du téléphone, des parloirs et des UVF avec nos proches, enfermés ou non
– La fin des fouilles systématiques et/ou punitives
– Les repas appétissants : marre de manger du plastique !

Localement, nous demandons :
– Des conditions dignes à la nursery : arrêt des réveils nocturnes, une cour avec de l’herbe, des temps de socialisation pour la maman…
– L’accès à l’école pour toutes : fin des refus avec la fausse excuse de la mixité
– La télé à 8 euros par mois : alignement sur la loi, comme dans les prisons publiques (18 euros ici pour Eurest)
– La fin de l’interdiction des apports aux parloirs (livres, disques, produits d’hygiène…) : on n’est pas là pour enrichir les cantines privées
– L’ouverture d’une salle de convivialité : elle doit être systématique quand la météo est mauvaise car il n’y a pas de préau dans la cour
– Plus d’activités : actuellement, il n’y a que « bricolages en papier « et « fitness », 2h. par semaine
– L’accès au terrain de foot : seuls les hommes y ont droit
– La gratuité du courrier interne : on doit timbrer les lettres pour le quartier hommes
(Ces demandes sont toutes réalisables dans l’état actuel de la législation)

…ET LA PROPOSITION DE PLATE-FORME AU QUARTIER MAISON CENTRALE (QMC) DE REAU

– Stopper la construction des nouveaux QHS (tombeaux secrets): QMC, Condé-sur-Sarthe…
– Abolition des peines infinies qui condamnent à mort les prisonniers.
– Abolition du CNE : six semaines pour voir trois personnes qui décident avec leur boule de cristal si tu sors ou pas.
– Application et respect du rapprochement familial.
– Suppression des cachets et des piqûres de force aux prisonniers. Arrêt des méthodes actuellement employées : les Eris plaquent le prisonnier à terre, le menottent, font la piqûre et détruisent les gens. Les psychiatres qui décident de ça sont des bourreaux.
– Suppression des chambres sécurisées à l’hôpital
– Respect de la dignité des prisonniers et des conditions de vie à l’hôpital (les DPS sont attachés pour être auscultés lors d’examens parfois intimes devant un attroupement de flics, ce qui entraîne des refus de soins).
– Le Spip doit faire passer les informations entre les prisonniers et leurs familles et aider les prisonniers dans leurs démarches pour obtenir des conditionnelles et les aider à trouver du travail.
– Téléphone gratuit et illimité.
– Fin de l’exploitation du travail salarié : le Smic pour ceux qui bossent et le RSA pour les autres.
– Les allocataires des allocations adulte handicapé (AAH) doivent toucher la totalité de leurs indemnités.
– Respect des droits parentaux.
– Les surveillants doivent remplir leurs obligations d’assistance à personne en danger (quand on est malade la nuit et qu’on sonne à l’interphone les surveillants ne répondent pas ou l’éteignent, et c’est pire pour les DPS ).