[Grande-Bretagne] Luttes de sans-papiers dans 8 centres de rétention et solidarité active à l’extérieur – Mars 2015

Harmondsworth-detention-c-006

 

Depuis le début du mois de mars, les sans-papiers sont en lutte contre les conditions de rétention. Au centre de rétention pour femmes de Yarl’s Wood, plusieurs retenues ont occupé la cour de promenade et protesté pendant deux nuits d’affilée.

Dimanche 8 mars dans l’après-midi; environ 200 migrants enfermés au centre de rétention d’Harmondsworth ont protesté et ont annoncé qu’ils commençaient une grève de la faim (les protestations de migrants ont débuté la semaine précédente dans ce centre et régulièrement des manifs bruyantes en solidarité se tiennent devant).

La veille (07/03/2015), une manifestation s’est tenue devant les deux prisons pour étrangers à l’aéroport de Heathrow (Londres) en solidarité avec les migrants: pendant deux heures, un petit groupe de solidaires ont fait un peu de bordel devant les lieux d’enfermement en secouant les barrières. A Colnbrook, quelques retenus ont répondu en sortant dans la cour de promenade en criant “Liberté” , “Laissez-nous sortir”… A <span title="Others in Harmondsworth were banging on the windows and holding up signs saying 'release us' and 'help'.</p><br />
<p> »>Harmondsworth, les retenus frappaient sur les fenêtres en brandissant des pancartes pour la liberté.  Un message parvenu des personnes détenues disait: “Nous avons vu ce qui s’est passé aujourd’hui et nous voulons vraiment dire un grand merci pour votre soutien. <span title="We the detainees … need your help and support.'</p><br />
<p> »>Nous, les détenus … avons besoin de votre aide et de votre soutien”.

Le 10 mars, 50 sans-papiers étaient en grève de la faim à Tinsley House, des manifs ont aussi eu lieu à Brook House (une expulsion a été empêchée vers 18h car des solidaires se sont agrippés au pare-brise des expulseurs et ont bloqué la route en direction de l’aéroport; 4 personnes ont été arrêtées lors de cette action). Une grève de la faim a débuté à Moreton Hall (Nottinghamshire). Dans la matinée; des manifs se sont tenues devant les bureaux du ministère de l’intérieur à Victoria, ainsi que devant les quatre prisons à Heathrow et à Gatwick.

Depuis dimanche 15 mars, la lutte des sans-papiers s’est étendue à huit centres de rétention à travers le Royaume-Uni. Les retenus du centre de rétention de Dungavel en Ecosse (à côté de Glasgow) et de Douvres refusent la nourriture. Les six autres prisons dans lesquelles les migrants luttent sont celles de Yarl’s Wood (Bedfordshire), Harmondsworth et Colnbrook (aéroport de Heathrow à Londres), Tinsley House et Brook House (à côté de l’aéroport de Gatwick), à Moreton Hall (Nottinghamshire).

A Harmondsworth, le 9 mars

Le nouveau site Detained Voice répand la voix des personnes à l’intérieur. Voici quelques fragments des derniers jours (plus d’infos sur le site):

Colnbrook. j<span title="Thursday March 12:</p><br />
<p> »>eudi 12 mars:
<span title="Thursday March 12:</p><br />
<p> »>

“Au Colnebrook, plus de 20 personnes sont en grève de la faim. Et nous allons à l’extérieur mais les officiers ont fermé les portes et nous ne pouvons pas aller à l’extérieur. J’ai fait la grève pendant cinq jours et personne nous a questionné. Personne s’en soucie. Que nous mangions ou pas, que nous sortions ou pas, tout le monde s’en fout. C’est très mauvais ici. Vous ne pouvez pas le croire. <span title="It’s very bad for everything.”</p><br />
<p> »>C’est très mauvais pour tout le monde”.

Harmondsworth. v<span title="Friday March 13:</p><br />
<p> »>endredi 13 mars:

<span title="“The response to the protest is like, they don't have ears to hear it, they don't have heart to beat.</p><br />
<p> »>“La réponse à la protestation, c’est comme s’ils n’avaient d’oreilles pour entendre, n’ont pas de cœur qui bat.”
<span title="“The response to the protest is like, they don't have ears to hear it, they don't have heart to beat.</p><br />
<p> »>

“L’eau a été coupée pour toute la journée. Non, ce n’était pas pour des travaux d’entretien parce que si vous voyez ils ont fermé l’ensemble de l’unité. L’aile complète a été fermée pour toute la journée. Parce que si vous voyez, il y a aussi des gens musulmans là-bas qui ont l’habitude de prier cinq fois par jour et ils ne pouvaient pas utiliser les toilettes, et ils ne pouvaient pas utiliser l’eau ou quoi que ce soit pour prier . <span title="I hear that they say it was shut for an hour or so for some six rooms but no it was shut for whole wing not only for six rooms, and it was shut for all day</p><br />
<p> »>J’entends qu’ils disent qu’il a été fermée pendant une heure ou pour près de six chambres, mais ce n’était pas fermé pour l’aile entière pas seulement pour six chambres, et ça a été fermée pendant toute la journée.
<span title="I hear that they say it was shut for an hour or so for some six rooms but no it was shut for whole wing not only for six rooms, and it was shut for all day</p><br />
<p> »>“

“Ils ne se soucient pas de ce que nous faisons à l’intérieur. Nous sommes en train de mourir. A cause des protestation hier, un de mes potes est allé à l’hôpital à cause de cela, parce qu’il est tombé malade. Il a commencé à vomir parce qu’il ne mangeait pas. <span title="He was on hunger strike, he got ill, and started vomiting, and now we don't know where he is.” …</p><br />
<p> »>Il était en grève de la faim, il est tombé malade et a commencé à vomir, et maintenant nous ne savons pas où il est….”

Douvres, vendredi 13 mars:

“Nous ne mangeons au centre de rétention de Douvres. Nous sommes en grève. IL y a déjà la moitié des gens qui participent à la grève. Nous nous organisons et parlons avec tous les gens. Nous sommes des êtres humains.”

Dungavel, vendredi 13 mars 2015:

“Environ 60 personnes sont en grève de la faim depuis lundi à Dungavel. Ils ne mangent pas parce qu’ils sont mécontents de la façon dont ils sont traités depuis longtemps. Nous voulons voir le ministre de l’Immigration et nous voulons parler de beaucoup de choses qui se sont mal passés. <span title="There are lot of things to ask:</p><br />
<p>    « >Il ya beaucoup de choses à demander:

Pourquoi les assistants sociaux disent des mensonges?

Nous voulons une date limitant la détention des gens.

Evidemment, la plupart des gens viennent de Londres et nous sommes près de Glasgow. Environ 80% sont de Londres et nous sommes donc loin de familles et amis. <span title="It’s hard to drive and very expensive.<br /><br />
    « >C’est difficile d’y aller et très coûteux.

Les conditions dans lesquelles nous vivons – 8 personnes dans une chambre. <span title="Too many people in one room.</p><br />
<p> »>Trop de personnes par chambre.

<span title="Someone has already been to hospital and they've put him in a secure room for monitoring.”</p><br />
<p> »>Quelqu’un a déjà été à l’hôpital et ils l’ont mis dans une pièce sécurisée pour la surveillance.”<span title="Someone has already been to hospital and they've put him in a secure room for monitoring.”</p><br />
<p> »>

Dungavel. d<span title="Sunday March 15:</p><br />
<p> »>imanche
<span title="Sunday March 15:</p><br />
<p> »>15
<span title="Sunday March 15:</p><br />
<p> »> mars :

“Il y a environ 70 personnes qui continuent de protester à Dungavel. Ils refusent d’aller à la cuisine pour manger. Il y avait une protestation de gens de l’extérieur. Il y avait la police et le STV. Nous ne pouvons pas vraiment les voir à cause des murs, mais ça fait du bien de les entendre. <span title="It shows the message is getting across, what we are trying to achieve.”As these statements make clear, the approach of the prison authorities is brutal force and isolation, knowing that few will hear the voices coming across the walls.</p><br />
<p> »>Ca montre que le message passe, ce que nous essayons de réaliser.”

<span title="It shows the message is getting across, what we are trying to achieve.”As these statements make clear, the approach of the prison authorities is brutal force and isolation, knowing that few will hear the voices coming across the walls.</p><br />
<p> »>Comme ces déclarations le montrent clairement, l’approche des autorités pénitenciaire est la force brutale et l’isolement, sachant que quelques-uns entendront les voix qui traversent les murs.

<span title="Active solidarity is vital.</p><br />
<p> »>La solidarité active est indispensable.

Les prisonniers demandent à maintes reprises que nous répandions leurs mots et de faire savoir à davantage de gens ce qui se passe à l’intérieur de ces prisons en grande partie oubliées.

Juste un petit groupe ou un individu criant à travers les murs peut aider à stimuler la force de ceux qui sont en grève de la faim. Devant la plupart des centres de rétention britanniques, il est toujours possible de s’approcher des cellules où les gens sont retenus, ainsi nous pouvons communiquer visuellement et avec le son.

Mais le régime des frontières est tout autour de nous. Nous pouvons nous-mêmes attaquer ça où que nous soyons.

Le ministère de l’intérieur britannique a signé et administre des bureaux, des cellules de rétention, et des bases d’où ils lancent des rafles, dans de nombreuses villes. Voici une liste de quelques adresses pour leurs équipes qui exécutent.

Une grande partie de leur travail de gestion des centres de détention est sous-traitée par des entreprises privées, dont Mitie [1], G4S et Serco [2], qui ont également des bureaux à travers le pays et partout dans le monde.

Traduit de plusieurs comptes-rendus publiés sur Rabble

D’autres infos sur network23.org/antiraids

NdT:

[1] Entreprise fournissant des services dans de nombreux secteurs (éducation, gestion de biens immobiliers, transport & communication, informatique…). Elle est surtout connue pour “s’engager au développement des services innovants et rentables dans le secteur pénitenciaire, les tribunaux d’instance, la police ainsi que les services d’immigration et de probation. Cela va des services de gardiennage, de gestion des prisons aux installations pour détenus sans-papiers.mitieserco

[2] Société de services qui s’enrichit en intervenant dans les transports, le nucléaire [elle gère entre autre l’Atomic Weapons Establishment (AWE)], la défense (appuie les forces armées d’un certain nombre de pays à travers le monde, dont le Royaume-Uni, États-Unis et en Australie, travaillant sur terre, mer, air, l’armement nucléaire et aéronautique). Elle a construit sa “renommée” pour son étroite collaboration avec les services d’immigration britanniques du ministère de l’intérieur; elle gère le centre de rétention pour femmes de Yarl’s Wood (ouvert en 2001 et exclusivement géré par SERCO depuis 2001) – parmi d’autres prisons telles que Villawood (New South Wales); Maribyrnong, Victoria; Darwin, (Northern Territory) ainsi que plusieurs à l’ouest de l’Australie au côté de G4S (Perth et Christmas Island). Travaille également pour le compte de l’UK Border Agency (UKBA), qui planifient les rafles et les expulsions. En plus de tout ça, elle fournit des matons dans six prisons britanniques (HMP Dovegate; HMP & YOI Doncaster; HMP Lowdham Grange; HMP Kilmarnock; HMP Ashfield; HMP Thameside) et à deux prisons en Australie (prison Acacia et le Centre correctionnel de Borallon).

 lu et copié sur le chat noir émeutier

[ ITALIE] Deux journées: Sole et Baleno IVREA et BROSSO CANAVESE

En 1998, on a créé le laboratoire anarchiste à valence.: »C’est la passion pour la liberté qui est capable de jeter des ponts entre les différentscombats. Entre ceux qui attaquentl es patrons et les capitalistes et ceux qui sabotent le train train quotidien qui nous tue à petit feu.
C’est une mosaïque des combats qui peut donc voir le jour. Mais celle-ci ne peut naître que si les combats restent les nôtres, qu’on ne les confie pas à des politiciens, des partis des organisations officielles, mais qu’on continue à s’auto-organiser pour affronter le pouvoir. Et qu’on ose donner à ces combats les armes pour passer à l’offensive : les armes du sabotage et de l’action directe sous toutes ses formes » voir ici aussi

Italie : et ping- et pong,un ping- un pong, le ping- le pong… vlam

C’est inutile. Malgré tous ses efforts, le côté raisonnable de tous ne sera jamais à l’abri des excès de quelques-uns. La multitude pourra aussi bien railler et mettre au ban l’individu, sa tranquillité sera toujours mise en danger par la rage de quelqu’un. La politique a besoin des masses, et exècre donc la solitude, à l’inverse de l’éthique, qui se suffit à elle-même. La politique pourra se contempler autant qu’elle veut dans le miroir de sa propre popularité, faire de grands sourires, récolter des applaudissements et compter avec auto-satisfaction sur ses propres forces, véritables ou supposées, mais elle ne pourra jamais empêcher qu’un pavé intempestif fasse voler son image en éclats.

Prenons par exemple la ligne de train à Grande Vitesse en construction dans la province d’Alessandria (Piémont), celle dite du Terzo Valico. La raison d’Etat veut qu’elle se fasse, et compte pour cela sur de nombreux parlementaires, sur la magistrature, sur les forces de l’ordre. La raison de contre-Etat ne veut pas qu’elle se fasse, et pour cela compte sur quelques parlementaires, sur la magistrature, sur les populations. Ping-pong, ping-pong, ping-pong… Pendant que les deux parties, sinon les deux partis, se disputent les faveurs de tous à grands coups de clairons sur la reprise économique ou sur les dévastations de l’environnement, sur les flux de marchandises ou sur les flux de pots-de-vin, voilà que sur les chantiers infestés d’ouvriers et de flics ont surgi nuitamment des hôtes indésirables. Passe encore quand il s’agit de voleurs, de miséreux qui feront l’actualité du jour, mais quand il s’agit de saboteurs… Là non, ils ne doivent pas faire la Une. C’est peut-être pour cela que c’est seulement à travers un mail anonyme diffusé sur internet qu’on a appris l’incendie qui a grillé des engins de chantier il y a quelques nuits.

La raison d’Etat se tait, celle du contre-Etat également. Tant qu’elles ne sont pas utiles à l’intimidation répressive ou à la gloriole activiste, ce ne sont pas des choses dignes d’être prises en considération, et donc qui ne doivent pas arriver. Et pourtant, oooh, quel dommage…

[Traduit de l’italien de Finimondo, 19/03/15]

Brèves du Désordre

[ information]Le 21 mars pour la journée mondiale contre le racisme.le fascisme, pour la liberté d’expression et l’égalité des droits

la journée du 21 mars s’est  déroulée dans un contexte marqué par l’attaque  de Charlie Hebdo suivi de l’attentat antisémite  de la porte  de vincennes que nous condamnons . Nous refusons  leur utilisation pour banaliser l’islamophobie  et renforcer  les politiquesd’état racistes  et liberticides. Deux rassemlements le 21 mars  à Valence, l’un à fontbarlette  à 14h et  à la  gare de valence à 15h30

  • Nous refusons que cela soit utilisé pour légitimer les théories d’un « choc des civilisations » qui dressent des populations les unes contre les autres en raison de leur religion réelle ou supposée.
  • Nous condamnons l’islamophobie et l’antisémitisme et toutes les formes de racisme comme nous condamnons les stigmatisations contre les quartiers populaires.
  • Nous refusons les actes négrophobes.
  • Nous refusons la chasse aux migrantEs et aux Rroms et les limitations à la liberté de circuler.
  • Nous refusons toute restriction à nos capacités de résister aux politiques antisociales au nom d’une « union nationale ».
  • Nous refusons de nous résigner à la montée de l’extrême-droite qu’elle prenne la forme du Front national, des groupes ouvertement fascistes et agressivement islamophobes ou/et antisémites.
  • Nous dénonçons les gouvernements qui ont renforcé la chasse aux sans-papiers, le quadrillage des quartiers populaires et qui contribuent pleinement à la montée du racisme et des idées réactionnaires, notamment homophobes et sexistes.

A cela nous opposons notre volonté de vivre ensemble et notre exigence d’égalité des droits et de justice sociale.

C’est pourquoi le 21 mars nous manifesterons ensemble en France et dans tous les pays du monde contre le racisme et contre le fascisme.

Pas de discours, l’égalité ou rien !

Nous exigeons :

  • La fin des contrôles au faciès
  • L’arrêt des démantèlements de camps de Rroms
  • Le retrait des lois racistes dirigées contre les MusulmanEs
  • Le retrait des lois liberticides et sécuritaires
  • La régularisation de touTEs les sans-‐papiers avec une carte de séjour de 10 ans
  • La fermeture de Frontex, des centres de rétention et la liberté de circulation et d’installation
  • Le droit de vote des étrangers

Parce que notre indignation n’est pas sélective, nous n’oublions pas, aux côtés des victimes des attaques de Charlie hebdo et de l’Hyper-Cacher, les milliers de migrantEs disparuEs en Méditerranée et ailleurs, les victimes des violences policières dans nos quartiers ainsi que Rémi Fraisse, manifestant tué par la police. Nous n’oublions pas les mortEs de Gaza, de Homs, du Nigéria ou de Kobané et toutes les victimes de la guerre comme nous n’oublions pas les victimes de la violence d’extrême-droite.

A l’initiative de l’UNSP ( Union nationale des sans papier)

[Un tract] Fukushima, quatre ans déjà !

Trouvé ce tract  sur les routes et dans les villes de la Drôme, on le publie.

Quatre années ont passé depuis la terrible catastrophe survenue le 11 mars 2011 à la centrale nucléaire de Fukushima, située à l’est du Japon au bord de l’océan pacifique. Suite à un très fort tremblement de terre et un tsunami, les réacteurs des unités 1, 2 et 3 se sont mises en arrêt d’urgence. Mais leur refroidissement n’a pas pu être assuré, ce qui entraînera une série d’événements dramatiques : explosion partielle des bâtiments réacteurs et destruction des cœurs qui entraîneront le relâchement de quantités énormes de produits radioactifs ; percement des fonds de cuves par le reste du combustible porté à très haute température ; celui-ci va alors s’échapper en partie et aller dans le sol, on ne sait trop où. Par la suite, un autre grave problème est venu se rajouter : la piscine du combustible usé du réacteur n°4 menaçait de se vider de son eau, ce qui aurait conduit à la détérioration des barres de combustible et à des rejets très importants de radionucléides extrêmement dangereux.

Suite à l’accident, tout fut fait pour en minimiser médiatiquement les conséquences dramatiques. On se rappelle par exemple d’Areva (et d’autres) qui nous expliquaient les premiers jours qu’il ne s’agissait pas d’une catastrophe, avant de devoir se rendre à l’évidence ultérieurement. De même, TEPCO (l’entreprise productrice d’électricité qui est propriétaire de la centrale) et le gouvernement Japonais ont menti effrontément sur la situation des réacteurs, les rejets radioactifs et la situation radiologique aux environs de la centrale. TEPCO a également menti au gouvernement Japonais, tandis que de concert ils dissimulaient ensemble des informations au reste du monde, notamment aux institutions gouvernementales, médiatiques, ou liées aux industries nucléaire. Celles-ci, à leur tour, nous cachaient au maximum la réalité, afin que tous ensemble, gouvernants, patrons, décideurs, ils puissent continuer à nous mener en bateau sur l’océan de radioactivité que génère les activités nucléaires (civiles et militaires également)…

Le 6 mars dernier, l’entreprise TEPCO a annoncé qu’elle allait dorénavant promptement rendre publiques les données de radiation affectant l’environnement extérieur. Implicitement, cela revient à avouer que les informations étaient auparavant cachées ou déformées, surtout lorsque la radioactivité relâchée était importante. Il faut dire que quelques jours auparavant, la compagnie avait reconnu une énième fuite d’eau particulièrement radioactive vers l’océan, dont elle avait connaissance depuis plus d’un an.

Pour les travailleurs de la centrale, la situation est toujours désastreuse. Comme en France, ce sont actuellement les travailleurs d’entreprises extérieures qui prennent les plus fortes doses (ce qui ne fut pas le cas au tout début, puisque ce sont les employés de TEPCO qui ont dû faire face à la catastrophe). Le nombre de travailleurs sur le site a approximativement doublé entre 2013 et 2014, et de plus en plus parmi eux viennent de provinces extérieures à celle de Fukushima. On peut donc se demander si TEPCO a déjà irradié une trop grande partie de la population active de la province en la faisant travailler dans un environnement très radioactif. Officiellement, au cours des derniers mois aucun intervenant n’a reçu de dose supérieure à 20 mSv (qui est la dose maximale annuelle recommandée pour les travailleurs). Mais en réalité, la situation est bien pire : on sait que les intérimaires, pour pouvoir travailler le plus longtemps possible sur le site, se fabriquent une petite protection rectangulaire en plomb -un peu comme une grosse boîte d’allumette- dans laquelle ils logent leur dosimètre. L’appareil est ainsi bien protégé des rayonnements et n’en compte qu’une petite partie, tandis que le travailleur se prend la totalité des doses radioactives. Cela lui permettra de travailler jusqu’à ce que la radioactivité ait raison de sa santé…

Les populations sont toujours dans une situation sanitaire et humaine déplorable. En octobre dernier, l’université médicale de Fukushima annonçait que l’occurrence de diverses maladies telles l’hypertension ou les problèmes hépatiques était en augmentation dans la région. L’explication officiellement donnée par les autorités est que c’est le « style de vie » des habitants qui est la cause de ces maladies. Preuve que les plus gros mensonges peuvent toujours resservir ! Car c’est comme cela que les autorités soviétiques, et internationales, justifiaient les innombrables maladies apparues dans la population de l’URSS après la catastrophe de Tchernobyl. On se rappelle également que les institutions occidentales, et le CEA en premier lieu, avaient inventé le concept de « radiophobie » pour expliquer le désastre sanitaire en Ukraine et en Biélorussie. C’était soi-disant la peur de la radioactivité, et non les dégâts causés aux organismes par les rayonnements, qui rendait les gens malade !

Chez les enfants, les maladies de la thyroïde augmentent lentement mais sûrement dans la région autour de la centrale. A chaque fois que des examens sont effectués dans la province de Fukushima, un nombre d’enfants supérieur à la normale présente des anomalies de la thyroïde. En outre, le nombre de cancers de la thyroïde chez les enfants dans cette province est bien plus élevé qu’avant l’accident. Mais il y a pire. En général, ce cancer se guérit bien, mais chez les enfants de Tchernobyl il a été constaté que la maladie se transfère rapidement à d’autres organes. C’est la même chose qui est en train d’arriver à la majorité des enfants cancéreux de Fukushima : leur maladie se propage dans l’organisme plus fortement que dans les cas classiques.

Dans ces situations difficiles, les citoyens sont priés de participer encore davantage à leur propre servitude. Les Biélorusses par exemple, étaient invités à mesurer la radioactivité de tout leurs aliments afin de ne consommer que ceux qui n’étaient pas « trop » radioactifs. Au Japon, le gouvernement a préféré engager une grande agence publicitaire, pour inciter les gens de tout le pays à manger les produits agricoles de la région de Fukushima. Cela a donné la campagne « Soutenir en mangeant » (sous-entendu : soutenez le Japon en mangeant les produits de la région de Fukushima), démarrée il y a quelques années. Elle se poursuit, mais les résultats sont incertains. Certes, d’après les sondages, seuls 20 % des japonnais refusent catégoriquement de manger la nourriture issue de Fukushima, mais ce nombre est quand même en augmentation.

En fait, pour l’État, tout doit rester « comme avant ». Ou plus précisément, l’autorité, la hiérarchie sociale, l’exploitation, doivent être maintenues avant tout. Au Japon, l’évacuation des habitants après la catastrophe a été partielle, et lente à venir, comme ce fut le cas en Ukraine en 1986. C’est qu’il ne faut pas risquer d’affoler les populations. Au moment de la catastrophe de Tchernobyl (et alors que tout avait été préparé pour une évacuation d’urgence des habitants), le vice-président du conseil des ministres exprima sa réticence en affirmant que « la panique est bien pire que la radioactivité ». Remarquable sincérité : même dans une situation humainement dramatique, le plus important en définitive pour les dominants est que tout reste sous contrôle ! Il est clair que, pour les puissants de ce monde, la pire des catastrophes serait que les simples gens se décident enfin à renverser cette société autoritaire, révolutionner le monde, et reprendre leur vies en main.

En France, une catastrophe peut arriver n’importe quand. N’attendons pas qu’elle ait eu lieu pour réagir ! En plus, c’est tout les jours que l’industrie atomique empoisonne la planète !

Civil et militaire, arrêt immédiat et définitif du nucléaire !

Collectif pour une Ecologie Radicale et Anti-Nucléaire

contactceran@gmail.com

[Publication] Zo d’Axa : « De Mazas à Jérusalem »

« Plus  rien ne nous attache au passé, mais l’avenir ne se précise pas encore. Et forcément nous allons mal compris comme des étrangers. Et c’est ici et c’est là, c’est partout que nous sommes étrangers. »

En 1895 sortait à quelques mois d’intervalle à Bruxelles et Paris sous deux titres différents un même récit des pérégrinations de Zo d’Axa, notamment traqué par la police pour « provocation au meurtre » de magistrats suite à plusieurs articles parus dans L’Endehors, qui allaient le mener de Paris à Jérusalem, en passant par Londres, Rotterdam, l’Allemagne, Milan, Turin, Trieste, Patras, Constantinople et jusqu’à Jaffa en Palestine.

A l’occasion d’une coédition, Tumult (Bruxelles) & Mutines Séditions (Paris) viennent de réimprimer ce livre, complété d’une préface et d’une longue note biographique : Zo d’Axa, De Mazas à Jérusalem, mars 2015, 224 pages, 6 euros en distro et 8 euros en librairies (format 13×19).

Pour la Belgique, on peut d’ores et déjà le commander à la Bibliothèque Acrata – 32 rue de la Grande Ile – 1000 Bruxelles (ou sur http://tumult.noblogs.org).

Et pour la France à la Bibliothèque Libertad – 19, rue Burnouf – 75019 Paris (Chèque à l’ordre de : Ce)… avant de le retrouver dans les librairies habituelles. La liste est disponible sur leur site, http://mutineseditions.free.fr


Et pour vous donner une idée, voici un extrait de la préface :

La révolte de l’individu désorientait et désoriente encore aujourd’hui les révolutionnaires qui n’ont d’oreille que pour les masses qui traînent les pieds. Si on parcourt la grande majorité de la littérature anarchiste actuelle, on ressent toujours cette même gêne, cet embarras quand leurs auteurs parlent de la fin du 19e siècle. Attentats à la bombe, meurtres, violence… les « années folles de l’anarchie ». Ils se livrent alors à d’invraisemblables tours acrobatiques afin de minimiser ces déflagrations et de les faire passer comme de simples maladies infantiles de l’anarchisme. Pourtant, c’est peut-être bien le coeur même de l’anarchisme qui caractérisait cette époque : pensée et dynamite, idée et action, main dans la main. L’imagination et la créativité dans sa propre vie et son propre combat, la liberté qui déploie ses ailes, l’individu qui commence son voyage.

Comme les Argonautes, Zo d’Axa savait que la joie réside dans les aventures qu’offre le voyage – quelles qu’elles soient – et non pas dans la découverte finale de la Toison d’Or. « Un sûr moyen de cueillir la joie tout de suite : détruire passionnément », c’est comme cela qu’il chantait le plaisir de la révolte. S’il était un ennemi de l’Autorité, c’est parce que ce n’est que dans le combat contre cette dernière que le voyage individuel est possible. C’est pour cela qu’il refusait de faire miroiter des lendemains qui chantent aux yeux avides et tristes des exploités et des opprimés, qu’il passait au crible leur crédulité et leur docilité, et qu’avec plus de fougue encore, il les exhortait toujours et à tout moment à s’insurger.

Quand un enfant erre dans le noir, il commence souvent à chanter fort pour s’encourager. De la même façon, nombre d’aspirants-subversifs ont pris l’habitude de bâtir des constructions théoriques pour faire face à la panique qui les saisit d’un coup à la seule pensée d’une existence sans certitudes, y compris lorsque ces certitudes sont l’oppression et l’absence de signification. Zo d’Axa préférait volontiers ne pas se plonger dans toutes ces analyses socio-économiques tant appréciées par un certain type de propagande révolutionnaire avide de confirmations objectives, de propositions réalistes et de résultats mesurables.

Une hérésie donc, hérésie contre les certitudes, y compris celles des mouvements révolutionnaires.

La révolte contre l’Autorité commence par le choix de l’individu, un choix qui échappe à la catégorisation en « rationnel » ou « passionnel », un choix qui ne peut pas être reconduit à des « conditions objectives » ou à des programmes idéologiques. Zo d’Axa a vécu une époque où, malgré la répression sanglante et l’exploitation féroce, idée et action s’embrassaient intimement dans la vie de certains individus, où des histoires de voyages commençaient, parfois courtes, parfois longues, parfois tristes, parfois joyeuses, mais toujours intenses et intempestives. Au-delà des époques et des distances, de telles aventures sont encore à saisir aujourd’hui. Peu importe où tu te trouves, d’où tu viens, l’âge que tu as.

Nous vivons dans un monde où toute sensibilité est engloutie par la marchandise, où l’obéissance et la docilité éradiquent progressivement tout sens, toute imagination, où l’Autorité commet toutes les atrocités imaginables et transforme la planète en cimetière. Alors te voilà seul devant toi-même et ce désir de vivre qui jaillit malgré tout. A toi le choix, mais n’attends pas trop longtemps.

copié et lu sur cet Brèves du Désordre

Mentoulles/Cuneo (Italie) : perquisitions de compagnons pour « association subversive »

 

lu sur Brèves du Désordre

jeudi  matin, à la demande des habituels procureurs Rinaudo et Padalino, les ROS [section spéciale anti-criminalité des carabiniers] ont perquisitionné les domiciles de trois compagnons et les locaux du Cercle culturel Barbarià et de la bibliothèque populaire Rebeldies.

Le mandat de perquisition fait référence à une enquête pénale basée sur l’article 270bis (association à finalité terroriste ou de subversion de l’ordre démocratique) : le classique théorème du « double niveau » selon lequel les accusés soutiendraient des initiatives « de poids », dont la publication de la revue Nunatak et les activités de la Caisse Antirépression des Alpes occidentales, des actions directes et des actes de sabotage « avec une attention particulière à ceux menés contre le chantier du TAV ».

Les perquisitions ont conduit, en plus des tentatives maladroites de placer des micros et autres, à la saisie de matériel informatique et du contenu de la boîte mail de Nunatak, de la Caisse AntiRep et de la mailing-list Alpi ribelli.

Dans une soupe qui va de messages et communiqués qui ont circulé sur la mailing-list à la solidarité anticarcérale avec les anarchistes condamnés pour la jambisation du responsable d’Ansaldo Nucleare Adinolfi, le tout assaisonné avec une attaque non précisée contre le chantier de Chiomonte [en Val Susa], la tentative manifeste du parquet serait de criminaliser la solidarité révolutionnaire et l’auto-organisation sur le territoire alpin.

Nous continuons d’avancer sur notre propre chemin.
Contre l’Etat et ses prisons ! Mille modes, un seul horizon : la liberté !

Les compagnons  perquisitionnés

[Traduit de l’italien de informa-azione, Ven, 20/03/2015 – 16:10]

[Grèce] Les prisonniers en grève de la faim. Complicité avec la lutte

Cette grève de la fam dans les prisons grecques montre que ce n’est pas un  gouvernement d’extrême gauche du capital qui  améliore les condition de détention.Ce sera la lutte des prisonniers  d’une façon autonome .  A l’extérieur  des murs les revendications des prisonniers peuvent être  diffusées . La lutte de solidarité   prendra  le relais

rappel des revendications:

Tout se conquiert par la lutte. Si en prison aujourd’hui nous pouvons avoir des livres, une télévision, des communications téléphoniques libres, des permissions, des suspensions de peine, si les matons ne nous frappent pas, nous le devons aux mutineries sanglantes et aux grèves de la faim d’anciens prisonniers.Depuis le 2 Mars nous sommes en grève ce que nous pouvons revendiquer aux patrons et à leur Etat ,avec le coût relatif que nous leur présenterons, est qu’ils battent en retraite en abolissant :
L’article 187.
L’article 187Α.
La circonstance aggravante pour un acte commis avec le visage dissimulé (« loi anti-cagoule »).
Le cadre de loi qui définit le fonctionnement des prisons de type C.

Et circonscrire l’analyse et l’utilisation du matériel génétique. Plus spécifiquement nous exigeons :
L’abolition de l’ordonnance du procureur qui impose le prélèvement violent de l’ADN.
L’accès et l’analyse du matériel génétique par un expert biologiste ayant la confiance de l’accusé, si ce dernier le souhaite.
La suppression de l’analyse d’échantillons composés d’un mélange de matériaux génétique de plus de deux individus.

Nous exigeons de plus :
La libération immédiate de Savvas Xiros afin qu’il puisse recevoir les soins dont il abesoin.

Athéne manifestation  du 17 mars:

 

retrouvé plus de photo  ici

Le mardi soir, le 17 Mars, une démonstration de solidarité avec les grévistes de la faim dans les prisons grecques a eu lieu au centre-ville d’Athènes. Quinze cent – deux milles   personnes ont commencé  de la place Monastiraki, passé par les rues, Athinas et Stadiou,  la place Syntagma et s’est terminée à Propylées. Après la fin de la démo des barricadesont été  érigées autour d’Exarchia,  et des affrontements ont éclaté

deux prisonniers ont été trasféré à l’hopital nouvel trouvé sur contra info






 

Que crève le citoyennisme – plateforme des mouvements contre les grands projets inutiles

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 luet coié sur sous la cendre

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A l’heure où le zadisme, sorte d’idéologie citoyenniste radical, se développe, d’autres se font porte-parole des mouvements et s’empressent de se faire conseiller du prince pour tempérer les ardeurs conflictuels et se présenter comme des gens responsables… C’est en effet devant une commission du Conseil national de la transition énergétique et sous la direction de Ségolène Royal, ministre de l’environnement, que quelques personnes autoproclamées représentantes des mouvements ont fait part de leur appétit participatif. On y reproduit les mêmes finalités pacificatrices et le même langage technocratique. Rien n’y manque, et c’est le citoyen qui est appelé à se transformer en expert, à établir de la « prospective territoriale » et à trouver des solutions alternatives plus crédibles. Et gratuitement en plus. On demande à chacun et chacune de participer à sa propre domination, plutôt que de se révolter. On met de l’huile dans les rouages de la domination, en gardant sa bonne conscience, puisqu’on dit ne pas vraiment y croire. L’Etat et les industriels se frottent les mains, trop contents de trouver des idiots pour leur trouver des bons tuyaux et leur redonner un peu de légitimité…

Les porte-paroles autoproclamés sont notamment :

Françoise Verchère, conseillère générale Loire-Atlantique, co-présidente du Cédpa (Collectif d’élus doutant de la pertinence du projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, brrrr, attention vous risquez de montrer que vous êtes presque sur une voie où possiblement vous allez vous énerver mais pas trop quand même…) et ancienne élève de l’Ecole Normale Supérieure (c’est elle qui se présente comme ça, pensant sans doute que le préciser lui donne un peu plus de poids que les gens ordinaires, reproduisant ainsi le même mépris de classes de ceux et celles auxquels elle s’adresse – oui, parce qu’elle ne lutte pas contre eux, elle s’adresse à eux…),

Daniel Ibanez, économiste spécialisé en redressement et liquidation judiciaire, dirigeant d’un cabinet conseil, auteur de « Trafics en tout genre » au sujet de la ligne ferroviaire Lyon-Turin, et intronisé « lanceur d’alerte » (on se doutait qu’il ne lançait pas de projectiles…),

Jean-Pierre Chauffier, passé par ATTAC, tantôt délégué d’un comité de solidarité avec la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, tantôt défenseur de la ligne POLLT en lieu et place de la LGV Limoges-Poitiers (quelqu’un qui a compris qu’il fallait proposer des plans alternatifs donc…), et interviewé professionnel (en mal apparemment de notoriété…),

Corinne François, porte-parole de Bure stop 55, membre du Conseil d’administration du Comité Local d’Information et de Suivi de Bure (et donc déjà experte en dialogue avec les industriels et l’Etat).

http://www.politis.fr/La-plate-forme-des-mouvements,30424.html

https://tantquilyauradesbouilles.files.wordpress.com/2015/03/plateforme-finale-16-03.pdf

Les Indigènes de la République réussissent leur examen d’entrée dans l’extrême droite gauloise

miseau point du laboratoire anarchiste.

lu et copié sur non fides

 

Dans une allocution à la Maison de la Littérature à Oslo, le 3 mars 2015, lors d’une conférence sur le thème « Minorités, nationalisme et États-Nations », allocution intitulée « Racisme(s) et philosémitisme d’Etat ou comment politiser l’antiracisme en France », Mme Houria Bouteldja, porte-parole du Parti des Indigènes de la République, a récemment dénoncé le prétendu « philosémitisme » des gouvernements français et les Juifs qui joueraient le rôle de « bonne conscience blanche ». En effet, selon elle, « les Juifs » occulteraient « la mémoire de la traite négrière », la mémoire du colonialisme « blanc », mais aussi « la mémoire du génocide des Tziganes » – ce qui expliquerait l’hostilité « de la part des sujets post-coloniaux envers les Juifs » qui les voient comme les « enfants chéris de la République ». Selon Mme Bouteldja, les Juifs seraient aussi les « porte-paroles de l’Occident ou plus exactement ses goumiers notamment par le biais d’un autre État-Nation colonial : Israël ».

Croyant sans doute innover en dénonçant le « philosémitisme d’Etat » [1], Mme Bouteldja rejoint ainsi une vieille tradition de l’extrême droite gauloise antisémite qui va d’Edouard Drumont à Alain Soral….

En effet, dans ses polémiques contre les partisans de l’innocence du capitaine Dreyfus, l’écrivain antisémite Edouard Drumont dénonçait déjà ceux qu’il appelait les « philosémites », qui, pour lui, étaient des traîtres, des individus en voie de devenir « juifs ». Dès la première page de La Libre parole il dénonce « le philosémite Leroy-Beaulieu ».

Dans un article de Jean-Paul Honoré (« Le vocabulaire de l’antisémitisme en France pendant l’affaire Dreyfus », Mots, mars 1981, n° 2, pp. 73-92), on découvre que la notion de « philosémitisme » est utilisée depuis longtemps comme un euphémisme pour dénoncer ceux qui luttent contre l’antisémitisme… d’Etat ou populaire. A l’époque, le concept de « politiquement correct » n’avait pas encore été inventé, mais l’extrême droite antisémite française dénonçait déjà le « philosémitisme » et les « compromissions philosémites ».

On m’objectera que le terme de philosémitisme est employé dans les milieux universitaires et intellos et qu’elle n’est pas seulement péjorative. C’est ainsi, par exemple,qu’un journaliste du quotidien « Haaretz », Yitzhak Laor, a publié un livre, cité d’ailleurs par Mme Bouteldja dans son allocution d’Oslo, ouvrage intitulé « Le nouveau philosémitisme européen ».

A propos du terme « philosémitisme », on pourra lire l’article de Catherine Poujol publié dans la revue Archives juives (2007, 1, vol. 40, http://www.cairn.info/zen.php?ID_ARTICLE=AJ_401_0014) « Oscar de Férenzy ou les limites du philosémitisme dans l’entre-deux-guerres ». L’auteure conclut ainsi son article : « Je partage en cela la définition que Pierre Pierrard donne du “philosémitisme” : “un contre-courant formé soit par humanisme, soit par conviction religieuse, né après la Shoah, grâce à Jules Isaac en France et au concile Vatican II ; courant qui a fait alors un grand bond en avant”. Je crois, en effet, que ce contre-courant chrétien a été une conséquence de la tentative génocidaire qu’a vécu le peuple juif, dans la mesure où des chrétiens se sont alors posés, sans aucun prosélytisme, comme gardiens d’Israël aussi bien d’un point de vue territorial (approbation de la création de l’État et défense de cette existence) que catéchétique (enseignement de l’estime et épuration des manuels et de la liturgie). »

Mais l’auteure de l’article remarque quand même, à propos de la presse chrétienne des années 30 qui se prétendait « philosémite » : « Ces philosémites-là font la distinction entre les valeurs judéo-chrétiennes que le peuple juif véhicule et auxquelles ils adhèrent, et leur aversion traditionnelle pour le rôle supposé néfaste des Juifs dans le monde politique et dans l’économie, pour eux indiscutable. »

Pour ma part, je me méfierai donc toujours des « philosémites », chrétiens ou athées, de droite ou de gauche, mais pas du tout pour les raisons avancées par l’extrême droite complotiste et Mme Bouteldja du PIR. Tout simplement parce que des gens qui se prétendent « philosémites » ne défendent ni un point de vue de classe, ni une position anti-étatique ou anti-nationaliste….

Le site qui a pris le nom de « philosémitisme » est d’ailleurs aujourd’hui un site favorable à l’extrême droite pro-israélienne (Rioufol, Goldnagel, etc.), et c’est donc effectivement un terme à proscrire, surtout si l’on est un adversaire résolu de l’antisémitisme, d’où qu’il vienne, des gouvernants ou des exploités, des athées ou des croyants, de la droite ou de la gauche.

Aujourd’hui, au XXIe siècle, le terme de « philosémite » n’est pas simplement utilisé par des intellectuels pour discuter en petit comité, ou par des militants de l’extrême droite sioniste-raciste, il fait aussi partie du langage codé que pratiquent les internautes antisémites de base car il est inséparable de tout un raisonnement complotiste selon lequel les gouvernements du monde (et notamment ceux des Etats-Unis et de la France) seraient contrôlés par « les Juifs ».

Dans le langage politique courant, « philosémite » est clairement une insulte utilisée par les Gaulois d’extrême droite depuis un siècle pour désigner les « souchiens » qui prennent le parti des Juifs et des juifs…..

Et cela, Mme Bouteldja ne peut l’ignorer, pas plus qu’elle ne peut ignorer qu’en dénonçant un « philosémitisme d’Etat » et en employant sans cesse l’expression « les Juifs », elle participe à une racialisation politique négative des 600 000 juifs ou Juifs français qui sont aussi divers politiquement et socialement que les « musulmans » ou les « sujets post-coloniaux » dont cette dame prétend se faire le porte-parole.

Pour illustrer l’ignominie de sa démarche, je prendrai quelques exemples de l’usage actuel de l’expression « philosémitisme » dans les milieux d’extrême droite gaulois, composés d’individus peut-être « blancs » mais certainement aussi réactionnaires que Mme Boutelja.

Tout d’abord cette citation d’une crapule qui a choisi le pseudonyme caractéristique de « Bonsens66 », dans la rubrique commentaires de l’hebdomadaire réac « Le Point » :

« Chacun sait qu’en France ces fameuses élites, celles qui « font le politiquement correct » sont philosémites. Le monde agricole, ouvrier, employé ou marginal (l’énorme majorité de l’opinion publique) n’a pas les mêmes intérêts à se montrer favorable à ceux qui se sont réservés les métiers, les fonctions qui écrèment l’économie nationale. »

Cette prose date de 2012 et elle n’est pas du tout l’expression d’un seul allumé du clavier.

C’est ainsi que Pierre Driancourt, dans un numéro de National-Hebdo de 1991 écrit à propos du groupuscule fasciste antisémite L’Oeuvre française : « Ainsi, le philosémitisme et le sionisme en vogue jadis dans le camp national tendent aujourd’hui à disparaître, de même qu’une certaine propension à cautionner une politique atlantiste ou libéraliste. »

Le site fasciste « Le bréviaire des patriotes » présente de façon élogieuse un livre de Bernard Lazare (« L’antisémitisme, son histoire et ses causes », réédité par le fasciste Alain Soral) parce qu’il balaie les arguments des « philosémites qui eux voyaient dans les Juifs un peuple maltraité parce que différent, parce qu’unique, jalousé et persécuté en conséquence par toutes les sociétés du monde ».

Un certain « Nico » qui se dit d’ailleurs « philosémite » ( ?!) écrit dans la rubrique commentaires du journal (de gauche ?) CQFD, sans que ses propos soient censurés ou fassent même l’objet de critiques : « J e constate que de plus en plus de postes de pouvoirs et stratégiques de mon pays sont occupés par des français-juifs ! »

Ces différents individus qui défendent des idées d’extrême droite rejoignent ainsi tout à fait les propos de Mme Bouteldja nous incitant à dénoncer le « philosémitisme [2] d’Etat » qui régnerait selon elle en France depuis 1945 et ferait des Juifs les supplétifs de l’impérialisme français et du néocolonialisme « blanc ».

Le PIR mérite bien son nom : il est devenu un courant parfaitement autochtone, qui a totalement intégré le logiciel nationaliste français.

Bienvenue au club, mesdames et messieurs les Indigènes de la République !

Y.C., Ni patrie ni frontières, 14 mars 2015.

Notes

[1Elle est en effet d’une ignorance abyssale comme en témoignent ses références au prétendu antisémitisme « progressif » – sic ! – , totalement imaginaire, du trotskiste puis panafricaniste C.L.R. James, cf. notre article http://mondialisme.org/spip.php?article2089.

[2On remarquera que les analyses de Mme Bouteldja rejoignent tout à fait celles de l’écrivain mythomane, complotiste, négationniste et antisémite Israël Shamir dans son article « Le philosémitisme, c’est du racisme » ou du fasciste Alain Soral qui voit des Juifs et des « philosémites » partout.