Archives mensuelles : mars 2017

Valence ( 26000)Causerie populaire au laboratoire le vendredi 7 avril à 19h

Il faut seulement que l’instinct d’individu libre enflamme vos entrailles, que naisse le désir de la liberté… Alors la bourgeoisie agira de deux façon différentes : de manière pacifique-en concédant l’aumône d’un kopek à l’affamé ou la liberté trompeuse de réunion à vos esprits confus-, avec des choses qui n’aideront en rien votre lutte… de manière violente aussi, en lançant l’armée contre vous pour faire taire et anéantir vos aspirations. Eux savent bien que la base de leur vie et de leur existence est votre condition d’esclave, et que votre désir de vous libérer de ce joug sera leur tombe » extrait d’ un tract du groupe d’anarchistes-communistes de Bialystok, juillet 1905

Le groupe radical Chernoe Znamia( le drapeau noir ), le plus important et de loin de tout l’empire Russe, poursuivait le but d’une société organisée en communes libres dans lesquelles chaque individu disposerait de ce dont il a besoin. Cependant , ses méthodes incisives et son goût pour l’action s’inspiraient davantage de Bakounine

Le 7 avril à 19h, des ennemi.e.s irréconciliables de toute domination et des amant.e.s passionné.e.s de la liberté invitent à une causerie populaire un compagnon de l’organisation communiste libertaire. Les temps sont durs… c’est pas une raison pour oublier le projet anarchiste.

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La situation de l’humanité aujourd’hui est identique à l’état de la planète, c’est à dire catastrophique. Le capitalisme est de plus en plus en crise, et tente de se redynamiser en rétrécissant les avantages sociaux obtenus grâce aux luttes des siècles précédents. Le dernier exemple en date en est la loi « Travail ». D’un autre côté, la pollution générée par le capitalisme industriel continue de s’accumuler, empoisonnant toujours plus la biosphère, et elle continue aussi d’alimenter le réchauffement climatique. Le nucléaire rajoute par-dessus son lot d’horreur, notamment à cause des accidents, tel Fukushima qui continue de répandre ses poisons radioactifs dans l’océan pacifique. Mais les installations nucléaires françaises, même si leur pollution est à une autre échelle, ne doivent pas être oubliées pour autant.

A propos de ces constats et des pratiques communistes anarchistes, pour discuter un compagnon lyonnais de l’OCL sera à 19h à la causerie au laboratoire 8 place saint jean

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à

Grenoble métropole apaisée

grenoble.indymedia.;org

Nous sommes en métropole. site de stockage et d’exploitation de la ressource humaine.

On nous entasse, on nous parque, on nous soumet, on nous enferme, on nous surveille, on nous entrave.

Pour notre bien, avec gentillesse, avec bienveillance, pour un capitalisme vert, innovant et des éco-citoyens responsables.

Soyons clairs : la métropole a visage humain on lui pète le nez.

On va pas se laisser avoir avec de nouveaux labels de domination policée, le capitalisme 2.0, les villes intelligentes, attractives, lisses et aseptisées.

On va pas non plus s’embarrasser d’une liturgie de revendications déjà obsolète. Revendiquer c’est capituler.

On ne demande rien. On ne veut pas habiter la métropole, on veut simplement la détruire.

Ça ne vas pas se passer dans le calme.
Au milieu de la nécropole on chamboule pas grand chose, mais on respire, on se débranche, on se déploie, on se déchaîne.

Nos révoltes ne sont pas contenues dans des hashtags.

Puisque le pouvoir est partout, nous le combattons de toutes parts.
On s’essaye à incendier tous les obstacles à nos désirs, à nos rapports, à nos pratiques et à nos élaborations.

On attaque joyeusement les hiérarchies, les symboles, les administrations, les couples, la bienséance, les citoyens, les puissants et surtout la résignation.

On sabote activement le matériel de notre aliénation.

Le grand soir est illusoire, le nôtre c’est tous les soirs, pour peu qu’on s’en donne les moyens.
Nos moyens et nos forces dans nos façons de nous lier, de nous délier, de chercher des complices, de s’organiser et de se ré-approprier nos temps.

Nous nous retrouvons dans ces relations toujours en mouvement,cette rage impossible à négocier, ces tendresses à partager, ces tristesses et ces déprimes profondes, ces fièvres et joies communicatives bien plus parlante que tous les textes qu’on puisse connaître.
Et ça nous va. parce qu’on vit, on vibre.
Si il n’y a pas de hauts et de bas, si il n’y a aucune aventures,alors nous sommes déjà morts.

Dans la nuit du lundi 27 dans le quartier capuche (fous ta capuche) à Grenoble nous avons mis le feu à sept véhicules appartenant à la Métro (six voitures et une camionnette).

Quand on est parti, la lueur des flammes nous éclairait,
Juste un autre départ de feu dans la pacification.

Merde aux pouvoirs,à leurs espaces,
Merde a nos existences mutilées.

Quelques inapaisables.

Quels enfants sont-ils laissés à ce monde ?

Quand le citoyen-écologiste prétend poser la question la plus dérangeante en demandant :‘‘Quel monde allons-nous laisser à nos enfants ?’’,il évite de poser cette autre question, réellement inquiétante :‘‘À quels enfants allons-nous laisser le monde ?’’ »

Jaime Semprun, L’Abîme se repeuple, éd. Encyclopédie des Nuisances, 1997, p. 20.
L’exergue et le titre ci-dessus sont choisis pour montrer qu’il y a encore moins d’histoire qu’il n’y en avait il y a vingt ans. L’ampleur de l’hégémonie intersectionnaliste était inimaginable il y a à peine un an. Comme la bêtise, l’intersectionnalisme devrait faire rire, et rire sur le fonds d’une réelle mémoire des luttes pour l’émancipation, fussent-elles partielles mais tendues, au moins intentionnellement, vers la perspective d’une émancipation universelle. Les enfants de ce monde sont apparus de telle manière qu’il faut oser apparaître comme un vieux con pour critiquer les derniers progrès de l’idéologie. Moins il y a d’histoire, moins il y a de transmission, plus les désaccords prennent des aspects générationnels. L’intersectionnalisme est un nouveau kit idéologique qui ne relève plus des falsifications et limites des pensées marxistes, anarchistes ou situationnistes. Il s’y substitue au gré d’une weltanschauung (vision du monde) psychosociologique où l’histoire, c’est-à-dire contradictoirement son aptitude à se transformer et la capacité humaine de la transformer, disparaît. Le passé serait « erasé » (pour l’écrire en franglais informatique relevant des pensées « logicielles ») au profit d’un présent perpétuel où des essentialités, des Êtres, des identités forment des individus à facettes par lesquelles les potentialités de chacun de s’affranchir des dominations sociales et de conquérir sa singularité, son propre rapport à l’universel, sont désamorcées par le découpage en particularités. J’entends la mouche noire du film éponyme (1958) crier « Help me ! » prise dans le réseau de l’araignée d’aujourd’hui. Au risque de l’âgisme, je rappelle que la reconduction du féminisme au bercail juridique mâtiné de marxo-freudisme avait été dénoncée comme néo-féminisme par Annie Le Brun avec Lâchez tout ; que les émeutes de Watts de 1965 n’étaient pas encadrées par Elijah Muhamad, ni par les Black Panthers encore inexistants. Il ne s’agissait pas de réclamer des droits en tant que partie de l’humanité. Il s’agissait de multiplier les angles d’attaque contre tous les aspects de la domination, laquelle était envisagée comme exploitation, et non seulement comme pouvoirs abstraits séparés s’exerçant sur des facettes identitaires d’individus dont on ne saurait supposer la moindre cohésion tant leur représentation est fractale.

J’entends « Help me ! ». J’entends que dans une période réactionnaire et sécuritaire, l’entraide est nécessaire et qu’on veuille ne pas se faire emmerder par les flics à cause de son taux de mélanine, courser par un mec en rut et pouvoir avorter facilement et discrètement qui qu’on soit. Mais précisément, c’est « qui qu’on soit » qui exige ces libertés minimales, et non pas « en tant que ». À poser ces exigences minimales « en tant que » on fait la queue, fût-ce radicalement, au bureau des plaintes. Et c’est ce à quoi mène la réduction de la lutte aux entraides séparées. Le partage des expériences ne forge pas de théorie ni ne forme de perspective. Si la souffrance est telle qu’il est impossible de dépasser le point zéro des thérapies de groupes homogènes, qu’on ne fasse pas passer cette perspective pour révolutionnaire.

Qu’on ne fasse pas passer pour le noir anarchiste le « continent noir » par lequel Lacan nommait le sexe féminin, « la femme n’exist[ant] pas » parce qu’elle ne voit pas le sien sans miroir, contrairement au pénis qui engendre l’imaginaire du phallus ; ni le « continent noir » d’une société culturellement, voire cultuellement, homogène non-blanche. Qu’on ne fasse pas non plus passer pour le rouge communiste l’addition d’identités supposée animer le commun de la souffrance.

Je crains qu’il ne suffise pas d’analyser la gangrène identitaire pour l’éradiquer. Il faut en même temps saisir le terrain favorable que lui offre le milieu révolutionnaire où elle se répand. La gangrène se diffuse selon un effet de nouveauté qu’apporte le formalisme logicien des French et Cultural studies. Cet effet prend sur le tissu amnésique de la culture révolutionnaire française tout en s’attachant à certaines persistances mémorielles. Pour le dire en deux mots, la plainte identitaire – « plainte » car il s’agit d’une passion triste caractéristique de tout moment réactionnaire – consiste à réclamer les places respectives des femmes et des basanés, lesquelles auraient été négligées dans les phases précédentes des activités révolutionnaires. Cette passion se souvient pourtant des luttes d’émancipation féministes et tiers-mondistes du passé, mais elle les détache du caractère universel du projet révolutionnaire, redoublant ainsi ce qu’elles faisaient déjà elles-mêmes, mais honteusement. Que ce projet ait capoté sous le modèle uniforme d’une classe dont la figure imaginaire coïncidait avec l’ouvrier rédempteur Stakhanov n’invite en rien à rejeter tout caractère universel au projet révolutionnaire et particulièrement pas à réduire l’ennemi de la révolution au mâle blanc, dont la représentation immédiate est désormais celle d’un petit-bourgeois français. Pensez avec son ressenti mène à une pensée du ressentiment, c’est ainsi que la rage prend le chemin de la vengeance et les couleurs de la jalousie.

Quelle que soit l’insuffisance des analyses en termes de classes, il est malhonnête, et stupide, de placer les analyses en termes de genre et de race sur le même registre. Ce n’est pas parce qu’ils ont une quéquette pauvre en taux de mélanine que les Occidentaux dominent le reste du monde. C’est parce qu’ils héritent de l’histoire dans les pays où la culture de la plus-value a été le plus intensifiée. Et cette culture ne s’identifie pas avec celles du patriarcat et du racisme. Demandez aux amazones de Kadhafi ou, alternativement, aux Tutsis ou aux Hutus si le capitalisme est une domination de mâles blancs ! Le capitalisme exploitant rationnellement la force de travail préalablement masculine rompit avec l’esclavage parce qu’il fallait créer un monde de consommateurs pour acheter les marchandises au bout de la chaîne économique. C’est du pays occidental entre tous, des États-Unis, qui en deux siècles a reproduit l’histoire de ses immigrants devenus majoritaires, les Européens, que ces French et Cultural studies censées affranchir chacun de sa propre condition sexuée ou raciale ont vu le jour. Mais de quel affranchissement s’agit-il ? Il s’agit de déconstruire son genre et sa race. Rien ne tient plus au corps que ce qu’il conviendrait de déconstruire. La silhouette et la teinte de peau s’offrent aux regards. Cela suffit à quiconque confond l’image et la représentation. Aussi, n’importe quelle rhétorique du regard se substitue aux théories, lesquelles s’adressent aux pensées et supposent des critiques préalables des idéologies, donc des représentations, et un sens historique de ce qui les fait advenir. C’est ainsi que l’interpellation rejoint le registre des déterminations biologiques traditionnelles des pensées fascistes (au sens large), différentialistes en l’occurrence. Je riais encore au milieu des années 1990 à la lecture de la revue paganiste d’Alain de Benoist Cartouche n° 1 dont la page de couverture représentait la lutte zapatiste.

La déconstruction de genre propose un chemin pour la libération sexuelle. Le mâle et la femme ont à se défaire de leurs assignations éducatives et culturelles pour trouver leur identité sexuelle, moins en termes d’orientation que d’identité sexuelle ; pas seulement en changeant d’apparence pour jouer dans le carnaval érotique, mais jusqu’à changer physiquement son corps à l’aide de procédés technologiques. Ce chemin de la libération peut éventuellement revenir à l’origine coïncidant avec la détermination biologique. Le terme de « cisgenre » le garantit, encore faut-il avoir fait, au moins dans sa tête, un tour de manège. Cette libération prescrite ne procède pas comme une relative fixation de la perversité polymorphe freudienne originelle, ce qu’on nommait « épanouissement sexuel » et dont la finalité n’était pas l’hétérosexualité, même pour ce grand-bourgeois blanc et athée qu’était Freud. On ne va pas d’un pansexualisme potentiel vers une orientation actuelle, mais d’une neutralisation principielle, le genre originel étant faux par définition, vers le choix d’une identité sexuelle. En quoi les mêmes orientations sexuelles forgeraient-elles des identités communes ?

Pour la déconstruction de la race, la chose est plus déséquilibrée et devient en conséquence tout à fait paradoxale. Les Blancs n’étant pas « racisés » et la « racisation » étant un stigmate, il revient au « Blanc » de déconstruire sa « blanchité » et pas au basané de se blanchir. La conséquence paradoxale est toute contenue dans le terme « racisé ». La race n’existe pas aux yeux des déconstructeurs, puisqu’ils sont antiracistes, et en même temps la race existe par le simple fait d’apparaître, ce faisant ils « racisent » (pour utiliser cette fois un néologisme qu’ils n’assument pas). D’où que, qu’ils le veuillent ou non, tous les « non-Blancs » soient « racisés ». Ils doivent prendre en considération d’être vus comme des membres d’une minorité, comme des humains inférieurs. Ils doivent retourner le regard du Blanc, lequel est nécessairement raciste, qu’il le veuille ou non lui aussi. Partir du regard de l’autre, et même de l’Autre, puisque cet autre correspond à une identité, à un Être. Houria Bouteldja creuse profondément ce sillon idéologique en y mêlant les déterminations religieuses, et particulièrement celles des cousines sémites de deux des religions du Livre. Toute sa théorie relève d’une théorie du regard de l’Autre qu’il s’agirait de retourner en soi pour retrouver son Être d’origine, en l’occurrence celui du « musulman » victime « d’islamophobie », le sien. Avec ce piment, la confusion entre critique de la religion et dénonciation du racisme est tout à fait réalisée et dramatisée, comme on ne le sait que trop. Le Blanc convaincu par les thèses de Bouteldja, pour peu qu’il soit révolutionnaire et donc critique de la religion comme idéologie, n’osera pas dire du mal d’Allah à Hamza comme il dit du mal de Dieu à Camille. Au nom de la critique « décoloniale » de la pensée, il se comportera comme un colon paternaliste, retrouvant ainsi sans le savoir l’origine coloniale(1) du terme « islamophobie » forgé par Delafosse en 1910 [1].

La déconstruction fait tourner en bourrique. Les notions de l’intersectionnalité ont un passé et même une histoire. Elles sont passées au tamis universitaire états-unien au moment où, dans ce pays où l’identité personnelle relève de critères raciaux (les blancs sont « caucasiens ») et religieux, l’affirmative action donnait un débouché juridique aux ségrégations ancestrales et où l’égalitarisme politique ne se conjugue pas en termes sociaux mais sociétaux. La concurrence des minorités et le concours victimaire y faisant office d’argumentaire préalable donnent du pain sur la planche aux universitaires. La campagne de Trump a revalorisé celle du mâle blanc, par un rigolo paradoxe 70 % du corps électoral est reconnu comme une minorité de couleur. Le regard américain sociologique importa la marchandise philosophique française seventies Derrida et Foucault.

La déconstruction vient de Derrida. Il s’agit d’une reprise de la pensée de Heidegger qui traduit ainsi les notions de Destruktion et de Abbau avec lesquelles le philosophe nazi parcourait l’histoire des notions philosophiques à l’envers pour retrouver le sol pur métaphysique de l’ousia (l’Être) selon Aristote. Il s’agit d’un processus de mise à nu, d’un nettoyage dont l’histoire même est la matière. La déconstruction envisagée politiquement à l’échelle individuelle nettoie ainsi la mémoire des assignations socio-culturelles historiques. On comprend ainsi qu’il s’agit de se décoloniser, soi seul. Ôter toutes les traces patriarcales et se défaire des attitudes féminines ou masculines normées qui en véhiculent la soumission. Enlever toute la culture des colons pour retrouver une culture originelle abîmée par les dominations militaires et économiques de l’Occident. S’épurer de l’histoire. Dénier ses contradictions. Il reste alors un sol vierge et déshistoricisé d’où choisir son identité sexuelle et culturelle. Un individu sans histoire. Un enfant idéal. Un native.

De Foucault, les intersectionnalistes cultivent ce qu’en a tiré Butler mais méconnaissent sa position sur la race. Butler en a tiré une dissolution des identités sexuelles. L’hermaphrodite Herculine Barbin faisait dire à Foucault que les assignations mâles et femmes relevaient d’effets de pouvoirs et de savoirs, Butler poursuivit sa destruction des catégories jusqu’au bout. Ce qui est troublant, dans le genre lectures politiques, c’est qu’au nom de cette destruction des catégories, les intersectionnalistes multiplient les assignations sexuelles.

La position de Foucault sur la race est moins attentive. Elle relève d’une lecture de la pensée européenne du XIXe siècle qui imagine qu’une lutte des races aurait engendré la lutte des classes, cette dernière en étant selon lui une « retranscription (…) qui va s’opérer à partir du grand thème et de la théorie de la guerre sociale (…) qui va tendre à effacer toutes les traces du conflit de race pour se définir comme la lutte des classes. » [2] Foucault croit tellement à son histoire qu’il la met dans la bouche de Marx : « Il ne faut pas oublier, après tout, que Marx, à la fin de sa vie, en 1882, écrivait à Engels en lui disant : “Mais, notre lutte des classes, tu sais très bien où nous l’avons trouvée chez les historiens français quand ils racontaient la lutte des races”. » [3] Or il s’agit de la lettre à Weydermeyer de 1852 [4] . L’éditeur des propos rapportés du Collège de France est bien obligé de signaler les erreurs de destinataire et de date de la lettre, mais dans sa note il en dit juste assez peu pour que l’absence du thème de la race ne saute pas aux yeux du lecteur. Il s’agit de la description de la société en trois – donc une de trop selon Marx – classes sociales et c’est l’économiste anglais Ricardo qui est cité.

La confusion de Foucault s’explique parce qu’il invente une histoire de France où une lutte des races aurait précédé celle des classes. Or, dans la véritable lettre, Augustin Thierry et François Guizot sont évoqués. Et il se trouve que l’un et l’autre avaient été influencés par les théories de Boulainvilliers, l’inventeur même de cette histoire selon laquelle l’origine franque de la noblesse justifiait sa domination à l’égard de l’autre race, gauloise, constituant le Tiers-État. Malheureusement pour ces historiens falsificateurs, Boulainvilliers et Foucault, il n’y eut pas de lutte des races entre Francs et Gaulois, mais seulement une haine de la noblesse dont l’hymne national restitue une trace avec ce « sang impur », qui était le « sang bleu » de la noblesse, avant d’être entendu comme celui des étrangers, et d’abord celui des émigrés, les nobles – dont Louis XVI – qui avaient fuit le pays en révolution, puis aujourd’hui celui des immigrés selon les oreilles fascistes.

Même Thierry et Guizot n’avalaient plus ces sornettes. Guizot reprochait à Boulainvilliers sa « singulière manie de transposer dans les vieux temps les idées et les intérêts du nôtre ». Et il s’enquit de comprendre les institutions à partir de la société : « C’est par l’étude des institutions politiques que la plupart des écrivains, érudits, historiens ou publicistes, ont cherché à connaître l’état de la société, le degré ou le genre de sa civilisation. Il eût été plus sage d’étudier d’abord la société elle-même pour connaître et comprendre ses institutions politiques. Avant de devenir cause, les institutions sont effet ; la société les produit avant d’en être modifiée ; et au lieu de chercher dans le système ou les formes du gouvernement quel a été l’état du peuple, c’est l’état du peuple qu’il faut examiner avant tout pour savoir quel a dû, quel a pu être le gouvernement. » [5] Augustin Thierry ne s’astreignit pas à ânonner les anachronismes réitérés postérieurement par Foucault, mais chercha une loi de succession de systèmes de domination : « Dans cet examen, je me suis borné aux théories fondamentales, aux grands systèmes de l’histoire de France, et j’ai distingué les éléments essentiels dont ils se composent. J’ai trouvé la loi de succession des systèmes dans les rapports intimes de chacun avec l’époque où il a paru. J’ai établi, d’époque en époque, l’idée nationale dominante et les opinions de classe ou de parti sur les origines de la société française et sur ses révolutions » [6]. Ce sont évidemment ces aspects qui influencèrent Marx : une pluralité de classes chez Ricardo, la prévalence du social à l’égard des institutions chez Guizot et une loi historique de succession de systèmes de domination chez Thierry.

Bouteldja qui commence son livre en fusillant Sartre avoue plus loin qu’il lui manque et qu’elle l’aime beaucoup, bien qu’il ne soit pas « situé » comme elle. On comprendrait pourquoi à la lecture de L’Être et le Néant, deux citations suffisent à signaler l’influence de l’existentialiste cartésiano-heideggerien : « L’apparence ne cache pas l’essence, elle la révèle, elle est l’essence », « La pensée moderne a réalisé un progrès considérable en réduisant l’existant à la série des apparitions qui le manifestent. » À comparer ne serait-ce qu’avec la première phrase de La Société du spectacle.

Pourvu que les enfants ne demeurent pas phénoménologues, dont certains sans le savoir. Ruse de l’histoire : c’est la religion occidentale à laquelle ils voulaient échapper.

[Extrait de Négatif n°23, bulletin irrégulier, avril 2017.]

Notes

[2Cours du 21 janvier 1976, « Il faut défendre la société » (Gallimard/Seuil 1997).

[3Cours du 28 janvier 1976, « Il faut défendre la société » (Gallimard/Seuil 1997).

[5François Guizot, Essais sur l’histoire de France, cinquième édition, Paris, Charpentier, 1842, p. 66.

[6Augustin Thierry, “Préface du 25 février 1840”, dans Considérations sur l’histoire de France, ouv. cité, p. 7.

 

Marseille : Le local du FN taggué pendant la nuit

 

lu Attaque.noblogs.org

Marseille Info Autonomes / mardi 28 mars 2017

Nous recevons des photos du local du Front National près de Castellane à Marseille, qui semble avoir reçu une petite visite de courtoisie au cours de l’une des dernières nuits. Une initiative d’autant plus louable par les temps qui courent, alors que se prépare un mois de mobilisatons antifascistes partout en France.

Ce local, situé rue Louis Maurel, une rue donnant sur la place Castellane, n’affiche rien sur sa devanture, ce qui rend impossible de savoir qu’il s’agit d’une section FN lorsque le rideau de fer est tiré. Et pourtant, ses idées et ses pratiques se cachent bien derrière l’apparente neutralité du bâtiment.

Ce qui n’est pas sans rappeller que les idées du Front ont déjà coulé bien au-delà de ses locaux et de ses militants, pour venir alimenter le discours politique, sécuritaire et xénophobe de l’ensemble de la classe politique, mais aussi une bonne partie de notre univers quotidien, avec son lot de haine et de violence.

La récente tentative d’assassinat d’un militant antifasciste à coups de couteau chez lui est là pour nous rappeler que si d’un côté, les « bons républicains » teintent leur discours de l’idées de l’extrême-droite et que le FN teinte le sien de « républicain » (la fameuse ’dédiabolisation’), de l’autre, les pratiques historiques de l’extrême-droite sont toujours bien présentes. Et ce non seulement contre les militants antifascistes (dont Marine le Pen réclame la « dissolution immédiate » [1]), mais aussi contre les personnes migrantes (ou non), partout en Europe.

Sachant que plus de 50% des forces de police affichent ouvertement leur proximité ou leur appartenance au Front National [2] (si ce n’est pire), que l’extrême-droite et la police collaborent dans de nombreux cas [3], et que la liste des personnes tuées par la police en France ne cesse de s’allonger, avec encore un meurtre à Paris le 26 mars 2017, il est plus que jamais nécessaire de réaffirmer un antifascisme politique et radical, aussi bien au quotidien que dans les mobilisations collectives.

Alors voyons cette action contre le local du Front National de Castellane comme un prélude à des semaines de lutte et comme un rappel que ce 19 avril, le dernier congrès du Front se tient dans notre ville. Une grande manifestation est prévue, et il s’agit de leur faire regretter d’avoir voulu tenter de venir à Marseille, pour réaffirmer que celle-ci est et restera antifasciste, multiculturelle, combative et populaire. […]

 

 

Notes

[1] Ce qui est directement visible sur le site du FN, même si on ne mettra pas de lien ici.

[2] Voir l’article de Libération, « Plus de 50% des policiers et militaires ont voté FN en 2015 ».

[3] A Calais, Nantes, Athènes, etc.

Valence(Drôme)Liberté de circulation ! Réfugié·es, migrant·es,…?

Note: la liberté et l’égalité sont des idées creuses dans notre société capitaliste .Nous avons publié:  » Liberté de circulation ! Réfugié·es, migrant·es, vous êtes les bienvenu·es ! ».  La liberté et l’égalité ne sont que des idées pour les  édifice de l’État Deux textes  qui le confirment

TERRIBLE NOUVELLE

les Allobroges N°394

Je me permets de vous faire part de ma douleur aujourd’hui, de mon incompréhension, de ma colère face au mépris de notre pays, des souffrances de l’homme. J’ai accueilli dans ma classe il y a quelques mois un enfant d’ origine italienne, vivant au foyer des demandeurs d’asile avec sa maman d’ origine albanaise.
Après de nombreux foyers en Italie, cette femme a fui son pays et surtout un mari violent. J. a donc assisté depuis sa petite enfance a une grave violence de son père sur sa mère : coups de couteau, harcèlements, coups etc.
Il est arrivé dans ma classe assez perturbé, déstabilisé, ne parlant pas ou peu le français. En quelques mois, il a comme beaucoup d’enfants allophones, appris à se débrouiller avec sa nouvelle langue, et s’est adapté au système scolaire. Bref, un début prometteur.
Malgré les craintes de sa maman d’être séparée de son fils, nous avons pu établir un avenir scolaire pour J., en espérant qu’ il puisse vite rattraper son retard pour suivre une scolarité sereine en France. Un jour, sa maman m’a annoncé, la peur dans lesyeux, qu’elle quittait le foyer, rapidement. Elle a disparu le soir même, Je n’ai pas pu rendre les affaires de J., ni pu lui dire au
revoir, comme cela arrive souvent hélas. Elle partait visiblement chez sa sœur à 60 km d’ici.
J’apprends aujourd’hui la terrible nouvelle.
Mme S. avait reçu le refus de l’OFPRA. Malgré les encouragements des personnes du foyer, lui demandant de poursuivre les démarches et de garder espoir, elle est repartie avec J. en Italie.
Aujourd’hui, elle s’est suicidée. Elle s’est jeté d’un balcon, et est décédée sur le coup. Elle a entraîné dans son désespoir son fils avec elle dans cette chute. Il est dans le coma.
Cette femme est venue chercher l’asile et la sécurité en France. Personne n’a entendu sa souffrance. La Grande Administration n’a retenu que quelques mots qui ne rentraient pas dans les bonnes cases, et l’a renvoyée dans une vie qui l’apeu à peu détruite. Elle n’y a pas survécu.
La France n’est bien sûr pas responsable du vécu douloureux de cette famille mais elle n’a pas su la protéger. Je suis dégoûtée, horrifiée.
Pardon pour ce texte écrit sur le vif, maladroit, mais j’avais besoin de partager ceci avec vous.
Magali, Enseignante de J.

Nouvelle nuit passée dans l’urgence

Dauphiné Libéré 29/03/2017 à 06:01

Cinq familles, dont 14 enfants, sans papiers d’origine albanaise sont depuis jeudi 23 mars au  soir ballottées d’hébergement d’urgence en hébergement de dernière minute à Valence. Toujours sans toit,

Compte rendu un peu tardif mardi 28 mars
Après avoir pensé l’intervention Mairie et préfecture on proposé un lieu confortable pour ce soir seulement. Les rapports semblent se détendre. Notre but ne change pas : loger ses familles jusqu’au dépôt de leur demande d’asile et ne pas laisser un seul enfant dormir dans la rue. Nous attendons donc du préfet qu’il use de ses prérogatives et du maire qu’il fasse des propositions de lieu.Les occupations continueront donc jusqu’à solution pérenne.

LE TEMPS DE L’INSOUMISSION TOTALE

recopié le texte ci dessous, car le délire de service civil n’a  jamais connu une critique conséquente et maintenant que certains candidats clament dans leur discours : « le retour du service militaire »(conscription pour les hommes et les femmes)  et  pour celà  que cette trajectoire  du groupe insoumission totale  nous intéresse, c’est une description signée par une personne voilà le texte ci dessous:


lu et recopié

Pendant une décennie, de 1971 à 1981, le mouvement d’insoumission totale, largement oublié aujourd’hui et qui a été fortement dissimulé pendant son existence même, a tenté de manifester une autre vision de la pratique révolutionnaire et de l’antimilitarisme. Dans les suites de 1968, la critique de l’armée et le refus du service militaire ont gagné du terrain.

De nombreux réfractaires ont tenté de dessiner les contours d’un mouvement différent.Dans ces années marquées par l’importance du gauchisme organisationnel, c’est un réel mouvement qui a vu le jour. Un mouvement qui a touché des milliers de jeunes. En 1981, la sécurité militaire déclarait que plus de 30 000 appelés avaient refusé de rejoindre leur caserne depuis 1974 ; en Mars 1976, un rapport de la sécurité militaire dénombrait 18 000 insoumis sur les 3 dernières années, le même rapport signalait que, en moyenne, 5 000 insoumis passaient tous les ans devant les tribunaux militaires ; les chiffres les plus précis sont donnés par le Canard enchaîné en 1981 (pour l’année 1980) : 4 856 cas de désertion, 2 904 cas d’insoumission, 492 insoumis en prison.Pourtant, malgré l’importance du nombre de réfractaires au service militaire, ce mouvement représentait un angle mort de la critique sociale des années 70. Il était nécessairement en porte-à-faux avec les tendances d’ extrême-gauche de l’époque ; les trotskystes et les maoistes, (englués qu’ils étaient dans leur rêve de guerre révolutionnaire, dans leurs schémas plaqués sur la Révolution russe), prônaient l’utilisation du service militaire comme apprentissage du maniement des armes. De manière plus surprenante, le mouvement d’insoumission subissait, parfois, l’hostilité des tendances dominantes du mouvement libertaire de l’époque, les uns parce qu’ils se voulaient soutiens exclusifs des objecteurs de conscience, les autres parce qu’ils reprenaient à leur compte les positions des Trotskystes.Un mouvement massif donc, mais en apparence seulement, en rejetant la plupart des tendances politiques de l’époque, il ne pouvait exister qu’en se constituant comme force autonome, ne comptant que sur elle-même. L’organisation de l’insoumission totale allait donc reposer sur quelques-uns se présentant comme les portes voix de l’ensembleC’est en 1971 à Lyon -,qui a longtemps fait figure de capitale de l’insoumission -, que naît le GIT (groupe insoumission totale). Ses animateurs lui donne immédiatement une posture radicale et activiste. D’emblée, le groupe se démarque de la tradition antimilitariste et pacifiste et, surtout, du mouvement des objecteurs de conscience. Il se place dans la perspective d’une guerre de classe. Il ne se considère pas comme l’appendice d’autres mouvements mais, au contraire, comme le point de départ d’un mouvement à construire. Le terme « total » montre que l’on se présente comme un groupe antimilitariste bien sûr, mais que l’on ne s’y cantonne pas. Dès sa formation, le GIT publie un texte à mi-chemin du manifeste et de la lettre d’insoumission par laquelle on annonce son refus de rejoindre l’armée ; ce texte, « lettre de quelques gouvernés à leurs gouverneurs » définit l’insoumission totale comme un dépassement de l’antimilitarisme: « la servir [l’armée] serait pour nous, perpétuer un ordre des choses que nous réprouvons », il se présente également comme un mouvement éloigné du pacifisme : « Ce n’est pas tellement le fusil que nous refusons, mais plutôt ceux qui veulent nous le faire porter » ; de plus, la lettre se démarque violemment de l’objection de conscience : « Nous refusons d’entrer dans le jeu de l’objection de conscience, totalement récupéré par vos soins et qui n’est plus qu’un compromis obscur pour calmer les réfractaires de l’uniforme ». Enfin, dernier point du texte mais lourd de conséquence pour la suite du mouvement, le manifeste fait le choix de l’illégalisme : « A la place de la légalité nous avons choisi l’illégalité ».Dès le départ, le GIT multiplie les actions, que ce soit pour se faire connaître ou en soutien à un insoumis emprisonné ; on pourrait dire que l’insoumission totale prend de la hauteur puisque tout ce qui constitue un promontoire à Lyon est occupé, on y déploie une banderole et des manifestants se groupent tout autour. Échafaudages, statues, plateformes sont ainsi occupées jusqu’à ce que la police déloge ceux qui y sont installés. Ces actions popularisent l’insoumission totale et l’on voit des GIT apparaitre à Rennes, Grenoble, Montpellier, Paris, Rouen, Marseille, Brive, Roanne, Nantes, etc…

 

A Paris, l’action initiatrice du GIT est l’occupation du clocher de Ménilmontant par deux insoumis qui y déploient une banderole.

 

De plus, l’année 1973 connaît un important mouvement lycéen et étudiants contre la loi Debré à forte coloration antimilitariste qui contribue à populariser les différents GIT : « Si tu veux t’en sortir, prépare l’insoumission » est un de leurs slogans.

 

 

Une fois cette première étape d’affirmation passée, les GIT vont se lancer dans une course à la radicalité qui va provoquer un violent débat interne et un éclatement. Les GIT se dotent d’un journal, Enragez-vous, qui proclame dans son premier numéro : « notre insoumission ne saurait être parcellaire et se borner à l’armée, notre insoumission est globale, totale ».Ce même numéro contient un long texte de critique du travail et d’éloge de la paresse qui conclut en proclamant, dans un pur style nihiliste : « pillez ! incendiez ! détruisez ! anéantissez ! Purifiez ! ».Ce texte est suivi d’un autre défendant le vol et les attaques de banque. Ce débat interne remet en cause également les grèves de la faim que pratiquent certains insoumis au lendemain de leur arrestation ; refuser le service militaire ne doit pas signifier la destruction de son corps ; ce débat pose également la question de la clandestinité ; doit-on rester visible et prendre le risque de faire deux ans de prison à la place d’un an d’armée ? Doit-on accepter la clandestinité au risque de remettre le pouvoir du groupe dans les mains de quelques-uns ? Enfin, certains remettent en question la position de martyrs qu’adoptent certains insoumis et reprennent à leur compte la phrase des surréalistes : « Martyr c’est pourrir un peu ».L’année 1973 est également celle de l’arrestation et du garrottage de Salvador Puig Antich en Espagne par le pouvoir franquiste ; les GIT comme pour prouver qu’ils ne sont pas enfermés dans l’antimilitarisme, vont se lancer dans une série d’actions de solidarité ; le train Catalan Talgo est bloqué, des vitrines d’agences de voyage, de banques espagnoles sont détruites. Et enfin, c’est dans ce contexte qu’un membre du GIT est arrêté pour détention d’explosifs ; le pacifisme est assurément dépassé…

 

Cette radicalisation amène la dissolution de fait du groupe ; une partie quitte Lyon et va tenter de recomposer le mouvement à partir de Paris.

 

 

Des insoumis parisiens, rejoints par certains lyonnais, s’appuyant sur la petite organisation « Coordination anarchiste » vont reconstituer un mouvement autour de plusieurs sigles : les GIA (Groupe d’Intervention Autonome), le GSI ( Groupe de Solidarité et d’Information) et son journal Avis de recherche, et un peu plus tard le “GRIT” ( Groupe Révolutionnaire d’Insoumission Totale). Ces différents groupes vont tenter de se recentrer sur l’insoumission et la solidarité aux personnes incarcérées sans pour autant rogner la spécificité de l’insoumission totale. Cette recomposition reconnaît l’importance de l’antimilitarisme et annonce sa « volonté de reprendre l’offensive après une période de latence ».

 

 

 

Après la première période pendant laquelle l’insoumission totale a manifesté son existence, mais aussi où un certain « jusqu’au-boutisme » l’a conduite dans une impasse, cette nouvelle époque, dont cette fois l’épicentre est Paris, est marquée à la fois par un retour à l’antimilitarisme, à la solidarité et par une volonté d’élargissement et de visibilité plus grande. Dans cette période, le GIA notamment, prend contact avec les regroupements d’insoumis réfugiés à l’étranger et, principalement, avec le collectif « Soleil Noir » d’Amsterdam, composé de quelques dizaines d’insoumis assurant la propagande et la solidarité tout en assurant le lien avec les insoumis hollandais.Pendant la même période, GIA et GSI prennent la décision de se lancer dans une pétition de soutien à l’insoumission totale ; une pétition qui poursuivait plusieurs points annexes. En effet, la répression que subissait les insoumis totaux était à géométrie variable, le but principal de l’armée étant le silence autour de cette question. En conséquence, quand, dans les jours qui suivaient l’arrestation d’un réfractaire, un mot de solidarité signé par une quinzaine d’intellectuels de renom paraissait, la libération de la personne incarcérée était le plus souvent obtenue. Une pétition manifestant la solidarité avec l’insoumission permettait donc de constituer un vivier d’une cinquantaine de noms utilisable en cas d’arrestation.

 

De la même manière, ces contacts avec des milieux étrangers au monde des insoumis permettaient de constituer des réseaux d’avocats ou de médecins solidaires et de rencontrer des journalistes avec lesquels il devenait possible de faire valoir les idées propre au mouvement d’insoumission totale.Cette pétition reprenait la forme de la célèbre déclaration des 121 sur le droit à la soumission pendant la guerre d’Algérie. Elle cherchait à briser le silence sur le mouvement d’insoumission tout en maintenant sa spécificité, notamment sur l’aspect globalisant du mouvement en déclarant, par exemple, « pour les insoumis la lutte poursuivie soit clandestinement, soit par action directe, soit publiquement par propagande politique ne comporte aucune équivoque ; c’est un combat dépassant le simple cadre antimilitariste, c’est une lutte menée contre l’État (…) Il ne suffit pas de dire que l’armée est refusée en tant qu’armée de classe, armée impérialiste accompagnée de surcroît de sexisme, il y a de cela dans toute armée ». La déclaration proclamait l’objection de conscience dépassée et demandait que l’on reconnaisse aux insoumis le droit à l’auto-organisation.

 

Cette déclaration sur le droit à l’insoumission en temps de paix demandait aux signataires de reprendre à leur compte trois injonctions : « nous respectons et jugeons justifiés les actes d’insoumission totale et de désertion.Nous respectons et jugeons justifiée l’auto-organisation des divers groupes d’insoumission totale ainsi que les réseaux d’aide qui peuvent se créer autour d’eux.Nous défendons la cause des insoumis totaux qui contribue à abattre les fondations du vieux monde ».Cette pétition n’atteindra jamais le chiffre symbolique de 121 signatures et verra son compteur bloqué à 97. Les organisateurs ne s’attendaient pas à se voir exposer à une telle hostilité. Le ridicule de certains refus devait atteindre un niveau rare ; on peut citer, par exemple, Claude Nougaro déclarant sa flamme pour l’armée française ou Michel Foucault imitant sa bonne espagnole pour ne pas avoir à répondre. Inversement, quelques uns furent d’une étonnante chaleur, par exemple, Annie Le Brun prêtant son appartement pour y centraliser les informations ou Guy Hocqueghem signant par avance pour toute pétition future.

 

 

La dernière période sur laquelle l’insoumission totale va se briser s’ouvre sur l’élection de François Mitterrand, le chef de l’Union de la gauche avait promis l’amnistie pour les insoumis et les déserteurs et sa promesse sera tenue ; il avait juste omis de préciser que chaque insoumis amnistié recevrait en même temps une nouvelle convocation l’invitant à rejoindre une caserne. Aucun insoumis, aucun en tout cas, de ceux qui étaient membres des groupes constitués de l’insoumission totale ne répondra à l’invitation.

 

 

Par contre, dans le but d’obtenir une amnistie réelle, la majorité des insoumis en cavale vont choisir de sortir de la clandestinité.

 

Cette période voit également l’arrivée dans le mouvement de ce que l’on appelait les « insoumis invisibles », c’est à dire tous ceux qui étaient effectivement réfractaires mais qui ne se rattachaient à aucun groupe se réclamant de l’insoumission totale ; certains d’entre eux, la majorité probablement, venaient des organisations libertaires mais n’avaient jusque là pas voulu rejoindre un mouvement qu’ils considéraient comme spécifique ; quelques uns venaient du maoïsme, la gauche prolétarienne en effet, avait lancé un mot d’ordre d’insoumission trois mois avant son auto-dissolution ; puis, la dissolution venue abandonna les militants qui avaient obéi à sa directive. Enfin, un grand nombre d’insoumis ou déserteurs sans affiliation idéologique ou organisationnelle particulière choisirent ce moment pour se montrer au grand jour et rejoindre un groupe d’insoumission totale.

 

Le désarroi du pouvoir était manifeste, comme le titrait le journal Libération : « le ministère ne sait plus quoi faire des insoumis ». Le GRIT et le GSI choisirent de sortir de la clandestinité par la voie d’une conférence de presse où ils manifestaient leur position et réclamaient une amnistie réelle.

 

La nouveauté de la situation provoqua une recomposition du mouvement d’insoumission totale. Un nouveau groupe se constitua, le CIA (Comité insoumission amnistie) qui regroupait toutes les différentes sortes d’insoumis que cette situation nouvelle avait fait apparaître et se donnait effectivement pour but la sortie de l’insoumission par l’obtention d’une amnistie réelle. Le groupe multiplia les actions symboliques, les réunions, tracts, journaux, émissions de radio sur les premières radios libres. Mais une action particulière va contribuer à le faire connaître.

 

Quand le parti socialiste organisa, à Valence, le congrès de la victoire, le CIA se rendit sur place ; en fait, seuls deux de ses membres arrivèrent à pénétrer les lieux, et l’un d’entre eux jeta un fumigène au milieu du congrès. Une véritable panique s’empara de l’assemblée et le délégué aux affaires étrangères de l’URSS, Ponomarev, se vit plaquer au sol par ses gardes du corps qui dégainèrent leurs armes. Il nous faut, enfin, laisser le lecteur imaginer le congrès debout, poings levés entonnant l’Internationale.

 

À la suite de cette intervention, Louis Joinet, membre du cabinet de François Miterrand chargé des questions judiciaires prit contact avec le CIA et proposa de régler le problème, mais seulement pour les insoumis et déserteurs connus du mouvement.

 

Tous n’ont pas accepté, certains ont maintenu le combat mais à partir de là l’insoumission totale a vu disparaître son audience politique.

 

 

Pendant dix ans, un certain nombre de jeunes se sont lancés dans un affrontement frontal avec l’État ; ils l’ont fait sans pratiquement aucune aide extérieure, ne puisant que sur leur propre force et leur capacité à l’auto-organisation. Mais leur combat comportait des tares originelles qui en bloquaient l’évolution. Les insoumis étaient par définition en butte à la répression et, d’une certaine manière, en dépendaient. Ils ne pouvaient être visibles et devaient se résoudre à une forme modeste de clandestinité. Enfin, l’insoumission totale ne pouvait que difficilement se doter d’une théorie propre. De fait, elle était un cri de rage qui pouvait difficilement se transformer en tendance politique.

Par Daniel Aïache

 

 

 

 

Valence (26000 ) Encore une raison de détester le centre pénitentiaire

lu dans la toile la déclaration ci dessous et ne laissons pas ces » défenseurs de liberté  » ( flics matons, éducs, Spip, juges, médecins) tranquille

« Nous, associations d’usagers, de réduction des risques, de professionnels de l’addictologie et de la santé en milieu pénitentiaire, déplorons l’inertie des Pouvoirs publics pour appliquer une politique de prévention des risques en prison. Un dossier vieux de nombreuses années, que nous avons eu l’espoir de voir aboutir suite à l’adoption de la Loi de Modernisation du Système de Santé. Mais aujourd’hui les arbitrages du ministère de la justice et du premier ministre n’en tiennent pas compte. »

Voilà avec quoi on s’injecte en détention :

injection prison

Au centre pénitentiaire de valence . Des matons syndicalistes  ont fait un communiqué de presse contre le décret sur  les seringues dans  ce centre pénitentiaire. il n’y a eu aucune réaction vis à vis de cette déclaration.. ces syndicalistes ne sont pas malheureusement isolés . Les porcs du Front National sont largement d’accord avec eux . et les cruches des bénitiers,

Encore une raison de détester ce monde de prison

 

vive les mutins!

Résultats de recherche d'images pour « coup de poing bande dessiné »

 

Besançon (Doubs) : trou d’air dans les vitres d’un collabo de la machine à expulser

 

Charognard = casse

Indy Nantes, 27 mars 2017
Lieux : besançon

Dans la série « tous les flics ne sont pas bleus »…

… Certains ont un uniforme floqué d’une croix rouge, dont leur tâche consiste à fournir des moyens logistiques et matériels aux flics lors des rafles, à trier et enfermer les indésirables dans les camps de rétention, en Italie, en Espagne…

Ce week-end, nous avons attaqué le local de la Croix-Rouge de la rue Rivotte à Besançon. Des mots pour préciser les raisons de notre venue (« charognards, expulseurs« ) ont accompagné les impacts sur les deux plus grandes vitres de ce trou à collabos.

Ces charognards humanitaires, qui tirent profit de ce monde de frontières et de prisons, sont partout présents, et certainement à quelques rues de chez toi. Les débusquer et les attaquer, c’est aussi mettre au grand jour ces innombrables organismes qui s’enrichissent avec ce système raciste.

ps : aux alentours, des panneaux de pub de JC-Decaux et les vitres d’un restaurant de bourgeois ont aussi pris quelques coups. Ca aurait été bête de s’arrêter en si bon chemin…

Quelques travailleurs de la nuit

Parution du bulletin irrégulier Négatif – avril 2017 – n° 23

Sans identité apparente

À propos du livre de Nedjib Sidi Moussa, La Fabrique du Musulman.

« Un religieux dit un jour à une fille perdue:

Folle, qui te prends toujours aux rets du premier venu!

Elle répondit: C’est vrai, je suis bien ce que tu dis,

Mais toi, révérend ami, es-tu tel que tu parais? »

Omar Khayyâm, Cent un quatrains de libre pensée, Paris Gallimard, « Connaissance de l’Orient », 2002, p. 65.

Il y a des imbéciles heureux qui sont fiers d’être nés quelque part ou fiers de rendre

visible leur choix pour en faire une identité. Ce n’est pas le cas de ce jeune trentenaire qui

explique bien qu’il n’a pas choisi son nom et sa famille. Ses parents d’origine algérienne ont

quitté leur pays après la révolution quand le FLN prenait le pouvoir d’État, sabrant les

tentatives d’autogestion à peine naissantes. Il faut dire qu’ils restaient fidèles à Messali Hadj,

cette autre voix (voie ?) muselée de la libération nationale.

cette manière post-moderne de dire par exemple : « Je suis un jeune mâle hétérosexuel

racisé vivant dans une mégalopole occidentale en butte aux contrôles policiers au faciès ».

La thèse développée dans cet opuscule est la suivante : dans le contexte actuel où les

religieux ont le vent en poupe, où l’extrême- droite tient trop souvent le haut du pavé en

diffusant ses thèmes favoris dans l’appareil médiatique dominant, la pente naturelle du

débat public est aux fausses polémiques mettant en valeur des identités culturelles et leurs

affrontements. Dans ce cadre, la figure du Musulman a une fonction politique qui consiste

à évacuer toute analyse de classe. C’est pourquoi notre jeune analyste procède à un

démontage en règle de cette figure. Le nom est écrit avec une majuscule pour signifier qu’il ne

s’agit pas seulement de foi religieuse : dans ce cas, l’auteur préfère parler des « musulmans »

sans la majuscule. Voilà une première confusion déjouée. Et en effet cette représentation sociale

du Musulman donne lieu à une confusion pour le plus grand bénéfice de différentes chapelles

politiques qui visent à constituer une offre pour leurs futurs militants, adhérents ou électeurs.

lire la suite et le bulletin complet en PDF

Pris dans la toile

Brèves du Désordre

En quelques décennies, le monde entier a été recouvert par différentes nouvelles toiles. Internet, réseau de téléphonie mobile & co… Avec quelle rapidité cette toile allait se développer, à quel point elle se tisse de manière toujours plus serrée… quasiment personne n’aurait osé le prédire. Les câbles en fibre optique tirés comme des veines sous les villes, les signaux vibrant dans l’air à toujours plus haute fréquence, les antennes, les modems, les portables, le wifi, le home monitoring, les objets « intelligents », les smart cities…

Aujourd’hui, on parle de manière inflationniste de réseaux sociaux, de mise en réseau, de toile, etc. Ces concepts se frayent un chemin dans le vocabulaire des entreprises, de la politique, de groupes d’intérêts et de cercles d’amis… en réalité, on en entend parler presque partout. Cela correspond à une transformation complète des théories sur l’organisation, ce qui ne devrait pas surprendre, puisqu’en même temps l’ensemble de la société se restructure sur de nouvelles bases.

Mais quel est le but d’une toile ? C’est clair : une araignée tisse sa toile pour attraper des insectes qu’elle peut ensuite dévorer vivants. Un pêcheur a besoin de filet pour attraper des poissons. Alors à quoi sert le magnifique nouveau réseau qui s’étend sur le monde entier, élaboré par différentes entreprises et institutions étatiques et dont le développement semble sans fin ? Et bien, ceux qui le tissent et le financent visent avant tout à une chose : le Capital. Tout ce qu’attrape ce réseau se transforme en informations sous forme de zéros et de uns, en informations potentiellement exploitables représentant davantage de capital pour les « up to date ».

Ce réseau se déploie depuis maintenant quelques décennies, et beaucoup y voient encore un bon potentiel de développement. Pourquoi ne pas intensifier son extension au-dessus de l’architecture urbaine ? Le faire pénétrer dans les appartements ? Ou même à l’intérieur des corps humains ? Cela fournirait bien plus d’informations encore. De l’information détaillée, de l’information supposément susceptible de refléter l’ensemble de la réalité, ce qui équivaudrait à encore beaucoup plus de capital. Du capital sous forme de sécurité, de contrôle, de vitesse, de prévisions et de prévisibilité…

La restructuration actuelle destinée à perpétuer le capitalisme provoque aussi des changements dans les rapports sociaux. Cela se dessine depuis longtemps. On renonce de plus en plus à certaines choses aujourd’hui quelque peu démodées, même si cela pourrait bien sûr changer encore à l’avenir. Dans la famille, à l’école, au travail, les comportements personnels directement et ouvertement autoritaires se transforment au fur et à mesure que la relation humaine directe et non médiée passe en tant que telle progressivement à l’arrière plan. Ils cèdent régulièrement la place à la logique de réseaux collaboratifs, des réseaux « transparents » constituant dans le meilleur des cas une maille productive supplémentaire dans la grande toile. La domination en devient de plus en plus impersonnelle, et il est toujours plus difficile de voir selon quel algorithme nous sommes en train de danser, comment il a été programmé et qui contrôle le programme… Comme des mouches dans une toile d’araignée, nous voilà bien englué-e-s, à la différence près que selon toutes les apparences, il semble que nous ayons été privé-e-s de l’instinct de nous faufiler et de tout simplement essayer de nous échapper en volant. Souvent, nous ne savons même plus ce que voler veut dire.

A mon avis, en tant qu’anarchistes, nous ne devrions pas accepter si facilement le discours des réseaux etc. La toile est un filet pour attraper, dans lequel on s’empêtre et duquel on peut à peine sortir. Nous devrions bien plus baser nos luttes sur une organisation souple, une libre association pouvant toujours et directement être déliée par celles et ceux qui y participent à partir du moment où cela fait sens, et préférer le rapport non médié, refusant les normes sociales et toute hiérarchie, au-delà des algorithmes et des programmes.

Et pendant que manifestement beaucoup tombent littéralement comme des mouches dans la toile, appâté-e-s ad nauseam par des images scintillantes, des commodités et des gadgets faciles, nous ferions mieux de réfléchir à comment passer à travers les mailles du filet, comment en briser les fils, jusqu’à ce que l’ensemble de la toile se déchire !

[Traduit de l’allemand du journal anarchiste Dissonanz n°43, Zurich (Suisse), 16 février 2017, pp. 1-2]