[Lire le communiqué de revendication de ces deux attaques incendiaires, reproduit en fin d’article]
Pourquoi s’arrêter là?
Après l’incendie des bureaux des journaflics de France Bleu Isère à Grenoble lundi 28 janvier 2019 au petit matin, et d’une partie de ses studios, c’est le local technique d’un émetteur de TDF qui a été saccagé puis incendié le lendemain mardi 29 janvier. Cela s’est passé vers 2h du matin à Haute-Jarrie, sur les hauteurs de Grenoble, toujours dans l’Isère.
Cette heureuse coïncidence temporelle a cette fois perturbé les émissions de France musique, mais aussi les abonnés des principaux opérateurs de téléphonie mobile (Orange, Bouygues et SFR), dont la réception sur Grenoble est « fortement dégradée ». Concrètement, la porte de l’émetteur a été fracturée, et les inconnus ont saccagé les équipements électroniques puis incendié le tout. Après qu’une des voix du pouvoir se soit tue lundi, c’est donc aussi la communication médiée par la technologie au service de la flexibilité relationnelle et managériale qui a été impactée mardi.
France 3 Auvergne/Rhône Alpes ébahie et certainement inquiète pour sa pomme se demande alors ce soir : « Au lendemain de l’incendie des locaux de France Bleu Isère, les questions sont de plus en plus nombreuses sur ces actes qui cherchent à atteindre les médias du département de l’Isère. » Nous, on aurait bien un paquet de réponses à ce genre de questions, mais d’une part on ne dialogue pas avec l’Etat et ses larbins, et d’autre part il se trouve que tout un chacun qui a pu expérimenter au cours d’une lutte (avec ou sans gilet jaune) les mensonges de la propagande d’Etat, sans parler de celle au service de la domination distillée quotidiennement dans les cerveaux, trouvera tout seul les siennes.
[Reçu par mail]
Radio : du siège à la tour
» De tous les dompteurs de for interieur qui existent, celui que je déteste le plus, le journaliste » Anonyme
Ici, on n’apporte rien de neuf contre les industriels d’hypnoses collectives, contre les fabricants de subjectivités consentantes à la société existante. Beaucoup font couler l’encre à propos des médias* pour les critiquer, peu font couler l’essence dans leur locaux pour les incendier. A celà on remédie. Dans les bureaux des radios dans le centre-ville, lundi. Dans la tour hertzienne en périphérie, cette nuit.
» Ce que les incendiaires convoitent, que les flammes s’en saisissent » Anonyme
Ce texte porte sur les relations qu’entretiennent les forces hostiles à ce monde avec les médias de ce même monde. Disons d’emblée qu’on n’est pas de celleux qui s’imaginent « utiliser » ou « détourner » les moyens médiatiques pour diffuser des discours subversifs. Il ne s’agit plus d’échapper aux ciseaux de la censure, de lézarder les murs de la pensée unique avec des idées obliques. La démocratie, pleine de sollicitude, invite son opposition à participer aux grands jeux médiatiques. Elle ne tue pas la pensée de ses adversaires en les faisant taire mais en les faisant parler. On se souvient encore du burlesque Burnel co-animant un plateau télé pour vendre « A nos amis ». Ce soir-là, le commercial de Tarnac produisait, outre de la visibilité pour son bouquin, de l’audience et de la légitimité à la fiction parlementaire. Faire usage des médias revient à se mettre au service de la représentation démocratique. Ces réflexions nous amènent à les déserter et à les attaquer parfois.
Par ailleurs, captiver ou capturer les attentions dépend moins de la qualité du message que de la force de frappe de l’appareil émetteur. Saurait-on rivaliser avec les technologies de communication ennemies qu’on s’y refuserait, car la captivité nous répugne. On leur laisse les masses, emmurées de bruit et d’actualités. Si tu n’as pas d’acouphène, tu peux tendre une oreille ; nos mots, on entend les murmurer.
Au delà de la métaphore, on a choisi Indymédia pour éventer ce communiqué. Parce qu’il permet d’être lu·e·s par des compas’ connu·e·s ou inconnu·e·s, parce qu’il « garantit » notre anonymat et qu’il est libre pour la publication.
Un grand bravo aux courts-circuits de l’église St-Jacques. Un autre aux révolté·e·s qui trinquent, qu’on traque, qui vaquent à ce que leurs chaînes craquent, à ce que la normalité se détraque. Un bravo aux individu·e·s, enfin, qui, par monts et par vaux, perpétuent l’attaque et veulent tout mettre à sac.
*Ici et idem ensuite, « médias » renvoit aux médias de masse sous leurs 4 formes dominantes : télévisuelle, radiophonique, presse et numérique.
#JeSuisFranceBleuIsere
[Publié sur indymedia nantes, 29 janvier 2019]

la porte du local d’émetteurs TDF fracturée


L’intérieur des locaux de France Bleu Isère, qui a été contraint d’emménager provisoirement dans les bureaux de France 3 Auvergne/ Rhône-Alpes
repris de sans attendre

La nuit du 9 au 10 janvier, le portail de l’église San Rocco, à Rovereto, a été incendié. Cette église est le lieu où se réunit un groupe d’intégristes catholiques. Devant l’église, avait été installée une crèche dans laquelle les femmes qui ont recours à l’IVG étaient comparées au Roi Hérode qui transperce un fœtus avec son épée.
Les femmes qui avortent comparées à un tyran qui ordonne le massacre d’enfants nouveaux-nés. Une infamie qui peut être tolérée seulement dans une époque dans laquelle les mots et les images semblent ne plus avoir aucun poids. Don Graziola affirme qu’il ne s’agit pas d’une attaque contre les femmes, mais contre un « système » dont les femmes sont des victimes inconscientes. Les femmes qui ont recours à l’IVG ne seraient donc seulement des assassines, donc, mais aussi des êtres inconscients et manipulés, sans aucune autonomie. Et en effet, les fanatiques de S. Rocco s’en prennent aussi au divorce et aux méthodes anticonceptionnelles. Ça ne pourrait paraître rien d’autre que du folklore lugubre. Au contraire, ces groupes réactionnaires sont le secteur le plus militant de Comunione e Liberazione [mouvement catholique, externe à l’église, visant à « porter le message chrétien dans tout aspect de la vie » ; né dans les années 70 comme mouvement étudiant, CL a toujours eu des positions très conservatrices, par exemple, à l’époque, contre le divorce, toujours contre l’IVG et récemment contre l’extension du droit à recourir à la PMA ; NdAtt.], une puissance économique qui contrôle de plus en plus d’hôpitaux et de médecins. Et en effet l’actuel « ministre de la famille » Fontana [Lorenzo Fontana, cadre supérieur de la Lega Nord, opposé à l’avortement, explicitement homophobe, anti-immigration et admirateur de Poutine ; NdAtt.] est précisément un représentant de ces groupes cléricaux-fascistes.
Nous ne parlerons pas du chœur des condamnations qui a suivi l’acte incendiaire, quand journalistes, politiciens, prêtres et syndicalistes ont encore une fois joué à qui arrive à mieux mystifier les concepts de dialogue, d’un côté, et de violence de l’autre. Cependant, il y a une mensonge particulièrement abjecte que nous ne pouvons pas laisser passer : la comparaison, faite par l’archevêque Tisi, entre l’incendie du portail de l’église S. Rocco et ceux contre les centres d’hébergement pour les migrants. Non ! Les groupes racistes, fascistes et de la Lega Nord sont justement ceux qui participent aux Sentinelle in piedi ! Sans compter le fait que quelqu’un qui brûle le portail d’une église vide ne met en danger personne. Le seul « terrorisme », dans cette histoire, est celui exercé contre les femmes par la crèche anti-avortement.

Mardi 29 janvier au matin, le personnel municipal et les habitant-e-s de Vendenheim (Bas-Rhin) ont découvert les murs et la façade de la mairie recouverts de tags.
La nuit porte-t-elle conseil ? Est-elle capable de transformer nos rêves en réalité ? Depuis l’Empire romain, le pouvoir éclaire les rues urbaines, y compris en période de pleine lune, pour que ses gardes et ses vigilants citoyens ne soient pas pris au dépourvu par quelque insomniaque aux intentions tout sauf pacifiques. Portes verrouillées, alarmes anti-intrusion, yeux électroniques haut perchés, patrouilles armées et éclairage de nuit semblent ainsi à même de garantir aux puissants et à leurs larbins un sommeil apparemment bien mérité. Mais voilà, tout ne peut pas être aussi rose au royaume de la domination. Il n’en faut parfois même pas beaucoup pour que leur doux songe d’une servitude volontaire totale ne se transforme en cauchemar assuré : il suffit en fait que surgissent des individus -ce petit élément irréductible à la gestion de masse- armés de désirs singuliers et de franche détermination. De désirs de destruction et d’une détermination à même de franchir les obstacles placés sur leur route, comme ce lundi 28 janvier nous en apporte la nouvelle.
Un peu plus tard dans la nuit, vers 2h30 du matin à l’autre bout du pays, les pompiers sont cette fois arrivés trop tard : le rez-de-chaussée du porte-parole régional de l’Etat, celui de 


