Archives mensuelles : juin 2019

Marseille, Vendredi 5 juillet 2019 à 19h30 Imprimerie anarchiste L’impatience 45 boulevard Pardigon

Projection du documentaire réalisé en 2018 sur les luttes contre l’extraction minière dans la région amazonienne de la Cordillère du Condor, à la frontière Pérou-Équateur.
La projection sera suivie d’une discussion avec les compagnons qui l’ont réalisé.

Vendredi 5 juillet 2019 à 19h30
Imprimerie anarchiste L’impatience
45 boulevard Pardigon à Marseille

https://impatience.noblogs.org

Egletons, cantal:Sabotage du chantier des 8 hectares de serres à tomates.

Dix engins de terrassement incendiés ce dimanche matin sur le chantier de serres à tomates de Rosiers d'Egletons (Corrèze)

C’est le gardien de l’incinérateur voisin, ce même incinérateur qui devra chauffer les 8 hectares de serres à tomates de type cathédrale, dont la mise en fonction est prévue pour fin 2019, qui a donné l’alerte.
Aux alentours de 5 heures, ce dimanche matin, il a remarqué une lueur suspecte au niveau des engins de terrassement stationnés sur ce chantier de 11 millions d’euros en cours sur la commune de Rosiers d’Egletons.


Cette lueur n’était autre que celle d’un incendie, vraisemblablement criminel, d’après les premières constatations opérées par les gendarmes de la COB d’Egletons et de la BR de Tulle.
Les engins étaient stationnés sur deux rangées, face à face, espacés de plusieurs mètres. Le feu ne s’est pas transmis d’un véhicule à l’autres, mais s’est déclaré dans chaque engin.
Dix engins, dont un bulldozer, ont été endommagés par les flammes. Ces engins appartiendraient à trois sous-traitants d’Eurovia ( vinci), dont deux sont corréziens et un cantalien.

. A l’issue des premières constatations ils privilégient la piste criminelle pour expliquer l’origine du sinistre.Le Parquet a été saisi et a ouvert une enquête.

Ce projet de construction de serres à tomates de 7 millions d’€ sur 8ha couplé à l’incinérateur de déchets de Rosiers d’Egletons fait polémique depuis plusieurs mois.

Malgré le feu vert du Préfet de Corrèze et la bénédiction de la communauté de communes de Ventadour

Une partie des engins incendiés sur le chantier des futures serres à tomates à Roisers d'Egletons. / © Jean-Sebastien Tingaud / France 3 Limousin

d’après les médias

Participation des associations au Service national universel. L’éducation populaire complice du pire !

À partir du 16 juin, le SNU (Service national universel) est mis en place par la Macronie. Mais il est aussi appuyé par de multiples associations d’éducations populaires qui sortent ici de leurs champs de compétence. Un communiqué de la fédération Sud Asso.

Le Service national universel (SNU) a débuté dimanche 16 juin pour plus de 2 000 jeunes volontaires. On ne s’était malheureusement pas trompé en dénonçant la « militarisation du dispositif » dans un appel à boycotter ce dernier publié en novembre 2018. Les premières images du dispositif sont effrayantes : jeunes en uniforme chantant la Marseillaise au garde-à-vous, participation à des commémorations militaires, lever du drapeau. Ces images font davantage penser à un camp organisé comme un nouveau chantier de jeunesse Avec le SNU, « l’engagement » se confond avec la mise au pas : encadrement militaire, imagerie autour d’un « creuset républicain » et de la rhétorique de l’assimilation, la « sécurité » et la « défense et la mémoire ». Le caractère obligatoire du dispositif est déjà envisagé sous peine de sanctions : interdiction de passer le Code de la route ou de s’inscrire au baccalauréat ou à des concours administratifs. Les organisations de jeunesse (associations, syndicats) qui ont fait part de leurs oppositions au dispositif ont été éconduites sans discussion possible.

Le dispositif est un vaste gaspillage d’argent public avec 1,5 million d’euros de dépenses prévues. Les services publics (exemple les urgences) et les associations ne fonctionnent plus faute de moyens. Pire, le budget de l’Éducation nationale est largement ponctionné pour financer l’expérimentation. Or n’est-ce pas justement le rôle de l’Éducation nationale de susciter la citoyenneté et le vivre ensemble ? Ce n’est pas le sens que prend la réforme dite de « l’école de la confiance » portée par le ministre Blanquer. Sarkozy nous avait expliqué en 2007 que « l’instituteur ne pourra jamais remplacer le curé ou le pasteur dans la transmission des valeurs et dans l’apprentissage de la différence entre le bien et le mal » . Macron semble vouloir rajouter le bidasse en haut de ce classement nauséabond. Comme dans tous les secteurs de la société, l’idée même d’émancipation est abandonnée au profit du contrôle et de l’ordre.

Une vingtaine d’associations ont accepté de participer à cette mascarade vendant leur âme sans vergogne contre quelques deniers publics. Que viennent-elles faire dans ce dispositif ? En premier lieu, lui servir de cache-sexe en monnayant leurs images pour l’adoucir et nous servir une bonne louche « d’engagement » et de bons sentiments. Dans le détail, les associations vont louer des infrastructures (centres de vacances), encadrer des sessions du dispositif, mettre à disposition des animateurs et animatrices pour caporaliser les « maisonnées », animer des sessions autour d’ateliers sportifs qu’on imagine bien « virils » ou lutter contre les discriminations (sans blague !).

Il y a un autre enjeu pour ces associations : participer à la promotion du travail gratuit via la seconde phase « d’engagement » qui consacrera le volontariat en service civique. Nous reprenons ici les mots de Yann Lasnier, pour Marianne qui conditionne sa participation au fait « que les crédits de ces deux phases ne finissent pas par dévorer les crédits alloués au service civique ». Comprendre : « Aucun problème pour prendre de l’argent sur le budget de l’Éducation nationale, mais merci de ne pas toucher au service civique. » Revenir sur un dispositif qui précarise massivement la jeunesse (150 000 volontaires en 2018, dont 80 000 dans le secteur associatif) et a pour vocation l’apprentissage des jeunes à se taire et à travailler sans rémunération ni droits ne serait pourtant pas du luxe.

La participation d’associations historiques d’éducation populaire, telles que la Ligue de l’enseignement, les Céméa, Familles rurales et beaucoup d’autres, nous montrent ce qu’est devenu le secteur de l’« éduc’ pop », un vassal de l’État sans éthique ni ligne directrice. D’autant plus que le SNU n’aurait jamais été possible sans la complicité de ces associations ! À ce titre, le silence des grosses fédérations associatives est assourdissant. Nous appelons de nos vœux à la rénovation de l’éduc’ pop, avec et pour les salarié·e·s et les jeunes que nous accompagnons. La fin immédiate de l’expérimentation du Service national universel doit en être la première pierre.

Communiqué ASSO Solidaires du 24 juin.

reçu par mail de la libre pensée  contre le SNU en PDF

Notre-Dame-des-Landes: que reste-t-il du champ des possibles ouvert par la zad ?

Une critique de la normalisation des activités à la zad, et du déploiement du fonds de dotation visant à acheter terres et bâtis.

La lutte contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes a été menée par un large mouvement composite aux tendances anticapitaliste, écologiste, paysanne, anarchiste, etc. Des dizaines de milliers de personnes dans toute la France et au-delà y ont pris part pendant des années jusqu’à l’abandon du projet d’aéroport le 17 janvier 2018, ce qui fut une victoire historique.

La zad avait ceci de particulier qu’il y était possible entre 2009 et 2018, de construire une cabane ou faire de l’agriculture selon ses propres règles, d’élever des chèvres en groupe sans les identifier avec des puces électroniques, de tester des formes de poly-activité, de bricoler, etc. tout ça, parti de rien. Or, dans ce monde, toutes ces choses sont rendues très difficiles si l’on n’est pas privilégié socialement, propriétaire ou héritier.

Qu’est-ce qui a changé depuis un an ? Que penser des perspectives actuelles d’achat des terres et d’installation paysanne sur la zad ? Quelle est la portée politique des batailles en cours ?


L’auteur de ces lignes est lié au mouvement des zad. Il a participé durant des mois à l’occupation contre le barrage de Sivens et a été membre d’un comité de soutien à la zad de NDDL. Aujourd’hui, il est paysan boulanger bio. Ce texte s’intéresse surtout à la question agricole à la zad et n’est donc qu’une analyse partielle de la situation. Ce n’est qu’une modeste contribution à un nécessaire bilan critique sur la zad. Il appelle à des réponses.

Le pari des COPs ou la porte ouverte à la normalisation

Avec une violente phase d’expulsions et de destruction des habitats – qu’ils soient sauvages (les cabanes à l’Est) ou plus présentables (les 100 noms) – l’Etat a, en avril 2018, envoyé un message clair : acceptez nos conditions ou nous allons vous écraser. C’est ainsi qu’une partie du mouvement a décidé de se soumettre aux règles du jeu dictées par l’Etat : remplir des fiches administratives débouchant sur l’obtention de Conventions d’Occupation Précaires (COP). Une quarantaine de fiches sont déposées en mai 2018, puis ne sont retenus en juin 2018 que 15 projets aboutissant à la signature de 11 COP – 4 projets se trouvant sur des terres convoitées par d’autres exploitants. Ce processus de tri exclut donc la majeure partie des 200 habitant.e.s. Ces COP couvrent 170 ha de terres sur les 1 500 ha de l’ancienne zad.

L’idée de s’engager collectivement dans cette voie de la régularisation via les COP, a été défendue par des occupant.e.s parmi lesquels le CMDO (Comité pour le Maintien des Occupations [1]), les Naturalistes en lutte, les paysans anti-aéroport au sein de COPAIN 44 et l’association Poursuivre Ensemble.

“Le bénéficiaire s’engage à informer immédiatement l’État, par tout moyen, de toutes occupations par des tiers des Terrains (occupations ou constructions illicites, entreposage de matériaux, stationnement de véhicules, …)”
[Extrait d’une COP signée en 2018.]

Contrairement à un fermage qui est reconduit perpétuellement par tacite reconduction, et protège ainsi le fermier, ces COP sont très contraignantes et non sécurisantes. Il faut par exemple informer l’Etat si les terres sont occupées. Elles ne sont pas reconductibles et le contrat peut être rompu à tout moment. Si le signataire ne quitte pas les terrains en cas de rupture de bail, des astreintes financières sont prévues à son encontre. 

La promesse d’un bail de fermage plus pérenne est conditionnée à la normalisation des activités dont l’avancement est régulièrement discuté durant les Comités de Pilotage (COPIL) entre syndicats agricoles, administrations agricoles, services de l’Etat, communauté de communes et associations d’exploitants agricoles historiques. Les occupant.e.s ne sont pas présent.e.s dans ces réunions.

Concernant l’agriculture à la zad, la normalisation recouvre le processus administratif aboutissant à l’obtention d’un statut d’exploitant agricole. Ce statut nécessite de travailler une superficie minimale, de respecter des règles très contraignantes notamment en élevage (normes sanitaires pour les bâtiments, déclaration de mouvement dans le troupeau, identification électronique des bêtes, etc.), et de payer plus de 3 000 € de cotisations sociales par an. Tout ceci contraint l’activité qui doit se développer, devenir rentable. En contre-partie, on a droit à un statut social, à toucher les primes PAC, à obtenir des prêts bancaires et une aide financière à l’installation. En somme, les COP permettent à l’Etat d’orienter, contrôler et contraindre les activités des bénéficiaires.



Fin du printemps 2018, les occupant.e.s promouvant cette stratégie tentent de rassurer les soutiens extérieurs sceptiques :

“Cette signature doit prolonger notre volonté de nous tenir collectivement dans ce pari risqué, c’est à dire de continuer collectivement la défense administrative tout en ayant la capacité à se mobiliser largement sur le terrain à divers niveaux
(…) Bien entendu, la stratégie administrative est une défense menée conjointement à la confrontation sur le terrain, et sans assignation binaire à tel ou tel type de barricades, qu’elles soient de pneus ou de papier.”
[À propos de la signature des COP, juin 2018.]

Un an après, force est de constater que cette volonté affichée de favoriser une complémentarité des modes d’action est révolue. En mars 2019, l’Etat organise l’expulsion et la destruction de 5 cabanes “hors-norme” : la cabane et la plate-forme de Lama fâché, Youpi youpi 2, la Cabane sur l’eau et le Port. Le site zad.nadir (tenu par des occupant.e.s pro-normalisation) ne relaie pas l’appel à soutien et à ré-occupation et se justifie par des arguments diplomatiques : en réoccupant la zad, on risque de se brouiller entre occupant.e.s, mieux vaut ne rien faire… On peut imaginer que la crainte réelle des administrateurs de zad.nadir était plutôt de ne pas plaire à la préfecture… En réponse, l’accès au site zad.nadir est détourné vers le site Indymedia-Nantes, pour que l’appel à réoccupation puisse être lu malgré la censure initiale.


“Nous redoutons de nouvelles ‘opérations policières’ dans les jours qui viennent. Nous vous invitons dès à présent à nous rejoindre sur place entre l’Est, La Grée, le Rosier, la Wardine et Bellevue, puis particulièrement à partir du 6 avril, pour lancer des chantiers de constructions, plantations, discussions et bien plus… 
(…) Nous tenons à l’accueil inconditionnel de toute personne et nous souhaitons que ces terres et ces idées, pour lesquelles nous avons risqué nos vies et nos libertés, restent celles de possibles infinis et d’expériences de vies, sociales et politiques, librement choisies.“
[Invitation à nous rejoindre, mars 2019.]

Cette anecdote montre une rupture de solidarité provenant des occupant.e.s pro-normalisation ainsi qu’une tentative de leur part d’étouffer les voies dissonantes. Tout d’abord, certains lieux de vie ont vu dès avril 2018 des COPs être déposées sur leurs terres alors que tou.te.s les habitant.e.s n’étaient pas d’accord pour cela (c’est par exemple le cas du moulin de Rohanne, de la Wardine et du Rosier): c’est l’accaparement. Ensuite, on tempère ou on s’oppose à des appels à réoccupation, squat, installation sauvage: c’est la pacification. Au final, ces pratiques tendent à rendre hégémonique la dynamique de normalisation.


De nombreuses personnes soutiennent la thèse – difficilement vérifiable mais jamais démentie – que ce n’est pas un hasard si les personnes victimes d’expéditions punitives sur la zad en 2018 comptaient parmi les récalcitrants les plus téméraires à la normalisation [2].

Aujourd’hui, seule une partie des 13 COPs finalement signées ont été transformées en baux de fermage par le Conseil Départemental, nouveau propriétaire de 895 ha de terres agricoles rétrocédées par l’Etat. Certaines COPs n’ont pas été converties car toujours dans l’attente d’autorisations administratives (Autorisation d’Exploiter).

La fraction du mouvement pro-régularisation réclame aujourd’hui la mise en place de Clauses Environnementales pour tous les nouveaux baux qui seront signés suite à des départs en retraite ou sur les terres “non historiques”. En mai 2019, un agriculteur de l’Amelaza (association d’une trentaine d’agriculteurs ayant cédé leurs terres à Vinci et qui veulent aujourd’hui les récupérer) arrache une haie et traite un champ à l’Est de la zad avec du glyphosate. Un communiqué sur le site officiel de la zad NDDL [3] s’indigne de ces pratiques et en appelle au Conseil Départemental pour imposer des baux de niveau 2 (respectant à minima l’Agriculture Biologique). Une nouvelle fois, la lutte administrative a pris totalement le dessus sur un rapport de force de terrain. Peut-être y aurait-il eu plus de chances de s’opposer aux pratiques destructrices des agriculteurs de l’Amelaza si les modes de vie hors-norme de l’Est de la zad avaient reçu du soutien ? Si une partie des ancien.ne.s occupant.e.s ne s’étaient pas opposé.e.s à l’appel à ré-occupation de mars 2019 ?

Toutes ces normes, qu’elles soient environnementales ou sanitaires, qu’elles concernent les bâtiments agricoles ou la certification des semences, nécessitent de rentrer dans des cases, de remplir toujours plus de paperasses, de rendre des comptes à des gens déconnectés du terrain. Toutes les activités déclarées sont soumises à une surveillance administrative tatillonne, étroitement réglementée. Qui dit norme dit contrôle. Le respect de ces normes conditionne l’obtention des primes et diminue la liberté de mener son activité comme bon nous semble. Il faut saisir qu’il n’y a pas d’un côté les bonnes normes environnementales et de l’autre les mauvaises normes sur les semences, elles font toutes partie d’un même système qui rend aujourd’hui difficile l’installation paysanne [4].

Interrogée par France 3, une habitante de la zad témoigne. Sarah possède un diplôme d’ingénieur agronome: « On doit investir en aveugle, dans des clôtures, des tracteurs, du matériel de tonte, et il faudrait quelques dizaines de milliers d’euros pour aménager une fromagerie… Si on ne le faisait pas, nous aurions été balayés, avec nos projets, et pourtant, tous ces investissements ne garantissent en rien notre pérennité. » 
Erwan Joyeau, ingénieur agronome, et quelques autres, ont accepté de suivre une formation d’une vingtaine d’heures à la chambre d’agriculture: « On nous a expliqué les aspects administratifs, les normes…”
Depuis l’été, il s’est aussi inscrit à la Mutuelle Sociale Agricole. Pour 2018, il cotisait uniquement pour les accidents du travail, soit 260 €, mais en 2019, il devra verser près de 3 000 € de cotisations. « On sait que 2019 sera un cap difficile à passer, et nous sommes tous en train de travailler sur des budgets prévisionnels » précise Erwan [5].

Une illustration de la pression normative et fiscale qui pousse à de lourds investissements financiers ayant pour effet de contraindre l’activité avec la nécessité de se développer économiquement. Quantifier, rationaliser, optimiser. Tout ce qui a fait disparaître la paysannerie et qui décourage les agriculteurs. Ce qui fait que le rapport à la terre est remplacé par une vision d’ingénieur… Tout l’inverse de ce que la zad avait permis comme rapport au monde jusqu’à présent.



Si Zad will survive (plaquette éditée par le CMDO diffusée à plusieurs milliers d’exemplaires en février 2018) ambitionnait “de créer des précédents qui continuent à repousser le seuil de ce que les institutions peuvent accepter en espérant que ces coins enfoncés dans la rigidité du droit servent à bien d’autres que nous à l’avenir”, le pari des COPs débouche pour l’instant sur le droit de s’installer dans des conditions très précaires avec pour seul horizon de rentrer dans les normes avec les mêmes contraintes réglementaires et financières que partout ailleurs.

Force est de constater qu’à aucun moment, les 200 comités de soutien français à la lutte contre l’aéroport n’ont été appelés, depuis la zad, à occuper partout les administrations agricoles avec des revendications claires. A aucun moment, il n’y a eu une volonté de perturber le Comité de Pilotage pour essayer de changer les règles du jeu. Il n’y avait pas de volonté politique d’agir en ce sens. Il n’y a eu aucun discours public à ce sujet.

Il est primordial de noter que cette vision, qu’on peut qualifier de cogestionnaire [6] – optant pour la négociation en délaissant le rapport de force -, a été imposée par une fraction du mouvement et qu’elle n’était pas la seule possibilité. On peut citer le texte du groupe d’agriculteurs et agricultrices contre les normes qui pose un pose un diagnostic limpide :

“Nous vivons actuellement dans les campagnes, dans les fermes, des situations catastrophiques. Harcèlement réglementaire, normatif et judiciaire, contrôles administratifs avec des gendarmes à répétition, saisies de troupeaux, interdictions de vente sur les marchés pour non-respect des normes administratives, sanctions pour refus de contrôle, internements forcés dans le cadre des ‘protocoles suicide’… Du coup plus de 10 000 fermes disparaissent chaque année laissant derrière elles des ruines, des vies de salariés ou des morts et bien sûr des sociétés agricoles qui s’agrandissent en employant des opérateurs. Les suicides se multiplient ces deux dernières années, étouffés par les médias et l’administration. Plus de 1 000 par an (trois fois plus que dans toutes les autres catégories professionnelles). (…) Ne croyez pas que cette pression administrative et industrielle n’atteint que les systèmes agricoles enchaînés aux banques et aux coopératives. Toutes les fermes la subissent et en meurent ou s’y plient, subvention à la clef ou pas.“
[À Notre-Dame-des-Landes comme ailleurs, seul un territoire en lutte peut s’opposer à la normalisation industrielle agricole, Comité de soutien 63 Livradois Forez, février 2018.]

Les membres de ce groupe ont proposé des discussions sur le sujet de la normalisation agricole au moment de la victoire en février 2018. Cela a suscité très peu d’intérêt sur la zad. Ensuite, en mars-avril 2018, une nouvelle tentative de rencontre a échoué du fait des expulsions et des tensions internes à la zad. L’appel de ce groupe d’agriculteurs à occuper les administrations agricoles pour les tenir à distance de la zad a été ignoré par les occupant.e.s pro-régularisation. La question de savoir comment s’organiser et résister face au rouleau compresseur administratif n’a pas été abordée publiquement par la suite, bien au contraire, la stratégie a plutôt été de “montrer patte blanche” en se fondant dans les cases de l’administration.

Ainsi, en novembre 2018, la DDTM de Loire-Atlantique a été occupée par 200 personnes. Le communiqué de presse [7] met en avant le sérieux administratif des anciens occupant.e.s. Il est mis en avant que les projets sont inscrits au Centre de Formalités des Entreprises, à la MSA, plusieurs porteurs de projet ont des diplômes agricoles et vont payer leurs cotisations sociales. Bref, ils et elles respectent en bons élèves tous les devoirs demandés aux agriculteurs et demandent d’avoir les mêmes droits qu’eux. Un diagnostic du foncier ainsi qu’une répartition équitable étaient aussi demandés. On voit qu’on est bien loin d’essayer d’ “enfoncer des coins dans la rigidité du droit”. 

Or c’était bien parce que la zad représentait une brèche, un espoir pour ouvrir des possibles face à l’implacable normalisation industrielle, pour créer des espaces de liberté, de vie autonome loin des dispositifs administratifs que tant de personnes ont soutenu cette expérience.

Avec cette normalisation subie voire promue par une partie du mouvement, la zad a perdu ce qui faisait son intérêt et sa spécificité et on a du mal à voir pourquoi il faudrait mettre plus d’énergie à défendre l’ex-zad qu’à soutenir les petits agriculteurs bio, artisans ou collectifs autonomes plus proches de chez nous.

La fraction du mouvement qui négocie l’avenir des terres de la zad n’a aucune volonté politique de résister à la normalisation. Ainsi, s’installer sur un territoire qui a pendant longtemps été ouvert et inclusif, le lieu de nombreux possibles, devient tout aussi difficile et décourageant qu’ailleurs. Tout est mis en oeuvre afin que seules les personnes détentrices de capital financier et capables de vivre avec une pression administrative importante puissent rester vivre sur l’ex-zad.






















Un fonds de dotation pour la zad, c’est l’anti-réforme agraire

En parallèle des limites ou de l’échec de la stratégie des COPs, une structure juridique a été créée par la fraction du mouvement pro-normalisation (pour rappel : CMDO, les Naturalistes en lutte, les paysans anti-aéroport au sein de COPAIN 44 et l’association Poursuivre Ensemble). L’ambition est d’acheter le plus de terres et bâtis possibles. L’Etat est l’actuel propriétaire de ces biens et serait vendeur. Le fonds de dotation permet à ses contributeurs de défiscaliser leurs dons. Il permet aux bénéficiaires du fonds d’être usagers du bien sans en être propriétaires : usage et propriété sont dissociés.

La “terre en commun” se définit comme un “fonds de dotation au service du commun pour des projets allant dans le sens d’une protection de la biodiversité, (…) de l’agriculture paysanne et (…) des valeurs d’utilité sociale et de solidarité.”
[encommun.eco, site du fonds de dotation La terre en commun.]

D’emblée, l’usage sans nuance du terme “commun” pose question. La normalisation des activités sur la zad ainsi que la mise en place du fonds de dotation se sont faites malgré les réticences et désaccords formulés par des occupant.e.s du bocage [8]. Ainsi, peut-on parler d’une structure au service du “commun” quand des dizaines de personnes habitant un territoire s’opposent à son déploiement ? De nombreux échos provenant de la zad relatent des tensions entre des porteurs de projets soutenus par le fonds de dotation qui ont obtenu des baux sur des terres agricoles et d’autres personnes qui squattent ces espaces. Il serait plus honnête de dire que le fonds de dotation sert certains projets individuels et certains autres projets collectifs, et qu’il exclut bon nombre d’autres occupant.e.s. Mais parler sans nuance d’un commun abstrait relève de la ré-écriture de l’Histoire de cette lutte. Cela invisibilise de nombreuses personnes et pratiques.

“Ensemble, nous réussirons à atteindre notre objectif : obtenir 3 millions d’euros pour acquérir les bâtiments, terres et parcelles boisées sur lesquelles poursuivre l’aventure collective qu’est la zad de Notre Dame des Landes.”

[encommun.eco, site du fonds de dotation La terre en commun.]

Cette solution ne peut se mettre en oeuvre que parce que la zad a accumulé pendant des années une notoriété et un fort capital symbolique. Elle nécessite d’avoir un réseau de soutien constitué, avec en son sein des gens fortunés, il faut pouvoir manier les codes de la communication marketing et se rendre sexy.

Si une lutte semble s’ouvrir sur la question de l’habitat léger et du Plan Local D’urbanisme, les arguments avancés sont une nouvelle fois centrés sur le caractère exceptionnel du bocage :

“En initiant le dialogue avec les pouvoirs publics nous proposons une réponse exceptionnelle à une situation qui l’est tout autant : imaginer comment pérenniser des habitats construits dans l’urgence, souvent dans la précarité”
[S’abriter par temps de PLUi, avril 2019.]

La force de la lutte et de l’imaginaire qui se développaient à Notre-Dame-Des-Landes était d’articuler une lutte locale à des enjeux plus larges. Le problème est que les batailles actuelles ne partent pas d’une condition commune faite aux paysans ou aux néo-ruraux de toutes sortes pour créer des marges de manoeuvre qui pourraient bénéficier à tou.te.s. Au contraire, on revendique le côté exceptionnel de ce territoire pour organiser sa survie.

Par ce geste, on rompt la solidarité avec toutes celles et ceux qui ont défendu cet endroit et qui ne pourront jamais créer des dispositifs administratifs complexes et collecter des grosses sommes d’argent pour s’installer à la campagne. La dotation initiale pour créer un fonds de dotation est par exemple de 15 000 €, ce qui est dissuasif pour bon nombre de personnes aspirant à vivre de la terre/avec la terre. Cette solution n’est donc pas reproductible pour le plus grand nombre et fait de la zad un territoire qui ne peut survivre que du fait de son histoire exceptionnelle.

De plus, le projet qui est promu en utilisant cette structure capitaliste est en rupture avec l’imaginaire véhiculé par dix ans d’occupation. En effet, une agriculture qui se soumet aux normes et qui nécessite des capitaux, voilà tout l’inverse de ce qui faisait l’intérêt de la zad. En lisant la plaquette de promotion du fonds de dotation, on a plus l’impression que le devenir de la zad se situe dans la ligne des oasis du mouvement des Colibris : on achète des lieux très chers, on obéit à l’administration et on y prend collectivement soin des “communs”.

“Le MST ne lutte pas seulement pour la terre mais pour la réforme agraire juste et non commerciale (pour l’expropriation et l’attribution des terres aux personnes qui la travaillent et non la vente des terres et l’endettement des paysans comme le proposent le gouvernement et la Banque mondiale – Banco da terra, novo mundo rural).”

[Premier congrès du Mouvement des Sans Terre.]

Le Mouvement des Sans Terre au Brésil, tout comme les paysans zapatistes au Chiapas, revendiquent l’accès légitime à la terre et au territoire, en créant des rapports de force pour y accéder. Il aurait été possible de réclamer une réforme agraire à la zad, conduisant à l’expropriation des plus gros agriculteurs de certaines parcelles et à la redistribution de leurs terres ou à des baux de fermage gratuits pour les petits agriculteurs bio. Faire cela aurait permis d’ouvrir des pistes pour la zad tout en participant à une réflexion plus globale sur la transmission des terres agricoles. On sait que 50% des exploitants agricoles vont partir à la retraite dans les années à venir et vont donc céder leurs terres. Seuls les héritiers, les rentiers ou les porteurs de projets à qui la banque veut bien prêter de l’argent pourront-ils avoir accès à ces terres ou veut-on créer d’autres chemins politiques pour que des paysan.ne.s nombreus.es puissent s’installer ? L’achat (direct ou indirect) est-il la seule alternative à la précarité ? Pourquoi ne pas revendiquer l’accès aux terres avec des arguments politiques ou philosophiques ?



“Une lutte pour l’accès à la terre continue de se jouer pour que le foncier aille en priorité, non pas à l’agrandissement de fermes conventionnelles alentour, mais à des projets agricoles issus du mouvement.
(…) La signature d’une première série de baux ruraux environnementaux de 9 ans avec le Conseil Départemental sur environ 300 ha (…) rendra les usager.e.s de ces terres prioritaires à l’achat en cas de cession à moyen terme. Ces usager.es pourront alors remettre ces terres dans le pot commun.” [Communiqué – zad – fonds de dotation, une mise au point sur la campagne de levée de fonds et les objectifs d’achats à court et moyen terme, juin 2019.]

Faire passer une collecte de fonds pour acheter des terres pour une “lutte pour l’accès à la terre” relève de l’escroquerie intellectuelle. Le fonds de dotation n’ouvre aucune piste, il ne fait que convertir un capital symbolique énorme en propriété immobilière. Pour accéder à la terre, il faudrait pouvoir aligner le prix dicté par le marché ou par la SAFER. C’est combien l’hectare ? 10 000 € ? Pas de problème, on allonge. Le fonds de dotation alimente le jeu de la valorisation capitaliste de la terre, de la spéculation. Mais au jeu des gros sous, les industriels de la terre seront toujours plus forts que tous les néo-paysans qui veulent vivre différemment, avec des pratiques d’autonomie.

Entendons-nous bien : utiliser le fonds de dotation pour fédérer et sécuriser des lieux existants ayant déjà recours à des structures du même type (Société Civile Immobilière, Groupement Foncier Agricole, Propriété individuelle, etc.) peut se défendre. Mais foncer tête baissée pour faire rentrer dans le système capitaliste de la valorisation marchande, un territoire qui avait pour spécificité d’être en partie en dehors est une ânerie. Ce n’est pas tant l’outil en tant que tel qui est critiqué mais son usage pour la zad.

“Une réforme agraire populaire, une réforme agraire non seulement destinée aux paysan.ne.es sans terre, mais également à toutes les classes laborieuses et à toute la société. Celle-ci ne peut avoir lieu que par la lutte des classes et par la confrontation du projet capitaliste.
(…) La nouvelle stratégie est une alliance ‘entre pauvres’, à la place d’une ‘alliance capitaliste entre paysan.ne.s et populations urbaines (propriétaires des usines et autres segments du capital national)’.
[Réforme agraire populaire : le nouvel appel pour une réforme agraire du 21e siècle, Via Campesina, avril 2019.]

A l’opposé de l’idée d’une alliance “entre pauvres”, le fonds de dotation est une alliance entre pauvres (les paysans sans terre) et riches (personnes payant suffisamment d’impôts pour pouvoir défiscaliser leurs dons). Le projet de la réforme agraire tel qu’explicité par la Via Campesina a une portée populaire et anti-capitaliste. Il s’adresse à tous les petits paysans et tous ceux qui veulent avoir accès à la terre mais qui n’ont rien. Il remet en cause la dynamique même de l’industrialisation agricole et de la concentration foncière. A l’inverse, le projet de fonds de dotation promu sur la zad est élitiste – il ne peut être mis en oeuvre que par une classe à fort capital culturel – et totalement inoffensif vis-à-vis du capitalisme agricole.

La notoriété de la lutte de Notre-Dame-des-Landes induisait une responsabilité tant tous les regards y ont été portés. Ce qui s’y passe crée un précédent pour d’autres luttes. Opter pour la propriété privée (collective et non plus individuelle) comme futur désirable, se normaliser à grands pas, sans réellement se donner les moyens de tenter autre chose, sans porter de discours politique public aspirant à autre chose que la norme, voilà une défaite majeure, voilà un net recul dans les brèches, dans les imaginaires qu’avait ouverts la zad de Notre-Dame-des-Landes. Pour sauver quelques meubles, on essuie une lourde défaite idéologique.

“Les trois ans à venir sont déterminants : un tiers des agriculteurs vont partir à la retraite, et libérer une grande partie des terres arables françaises. Aujourd’hui, alors que seulement 6 % de la SAU française est en bio, les institutions agricoles continuent d’attribuer les terres aux agro-industriels, la consommation de pesticide augmente sans cesse (+12% depuis 2014), l’agriculture est toujours la source d’un quart des émissions de carbone au niveau mondial et nos élu.e.s favorisent aveuglément l’urbanisation au nom de l’activité économique alors que les écosystèmes sont au bord de l’effondrement. Ouvrons les institutions agricoles, prenons les mairies, exigeons la préemption pour installer des jeunes !”

[Appel : Pour sauver la Terre, Tous Paysan.ne.s !, collectif Terres Communes, avril 2019.]

La partie du mouvement ayant proposé et imposé les choix de la régularisation et de l’achat a choisi de ne pas se poser certaines questions. Dans quelles conditions une réforme agraire, une réelle redistribution des terres pourrait avoir lieu afin qu’y accéder ne soit pas un privilège mais une possibilité pour le plus grand nombre ? Analyser la structure de l’accumulation capitaliste et foncière en agriculture. Questionner les statuts sociaux des travailleurs de la terre et lutter contre leur précarité. Inventer des formes d’accès à la terre, d’usage ne nécessitant pas de passer par la propriété privée et de s’endetter. Remettre en cause le fonctionnement de la SAFER. Se demander à quelles conditions la terre peut être synonyme de liberté et non d’enfermement. Et plus largement, veut-on que ce territoire reste anticapitaliste et qu’est-ce que cela implique ? Jusqu’où peut-on négliger les moyens au regard des fins ?

Tout cela était beaucoup plus difficile que de récolter les fruits de la lutte passée, mais aussi beaucoup plus exaltant et intéressant, cela pouvait ouvrir des perspectives de lutte immenses. Il est certain que de nombreuses personnes, comités de soutien, organisations auraient pu participer à des batailles allant dans ce sens. Il n’est pas question d’une radicalité hors-sol, seulement de perspectives de lutte se posant de bonnes questions avec l’ambition de changer les choses dans la direction de plus d’autonomie et de liberté.

Depuis un an, la zad a organisé sa survie matérielle via l’installation d’exploitations agricoles normalisées et via des perspectives d’acquisitions foncières et immobilières en parallèle de sa mort politique en renonçant à défendre des modes de vie et de cultiver hors-norme, en choisissant de devenir une zone d’exception. Le refus des normes et la réforme agraire étaient des horizons désirables et largement partageables, à même de renouveler l’intérêt politique de l’expérience de la zad.



Notes:
[1] Le CMDO est un groupe d’occupant.e.s issu.e.s de divers lieux de vie, qui était au départ secret, il se concentre sur l’organisation d’événements spectaculaires, sur la coordination avec les autres composantes du mouvement et sur la réflexion sur des futurs souhaitables après l’abandon de l’aéroport. Il s’est petit à petit “autonomisé” du reste des occupant.e.s
[2] Vivre le pouvoir, répandre les barbouzeries, ceci est un programme, avril 2018.
[3] Les pratiques que le conseil départemental ne pourra empêcher demain dans le bocage, avril 2018.
[4] Voir à ce sujet Le paysan impossible, Yannick Ogor & Le ménage des champs, Xavier Nouilhanne, Editions du bout de la ville.
[5] Notre-Dame-des-Landes, un an après, la zad en voie de normalisation, janvier 2019.
[6] La cogestion désigne une attitude de dialogue, de compromis et de coopération avec des autorités considérées non comme des ennemies, mais comme des partenaires ou, au mieux, comme des adversaires au sein d’un système auquel on adhère, voir à ce sujet Contester ou cogérer ? Sur la lutte contre le barrage du Testet à Sivens, et les leçons que l’on peut en tirer pour l’avenir des luttes territoriales, octobre 2017.
[7] Rassemblement et occupation des locaux de la DDTM pour l’avenir de la zad, novembre 2018.
[8] Recensés dans les brochures Zadissidences 1, 2 et 3.

[Publié le 23 juin 2019 sur Iaata.]

Cremona , Italie: solidaire avec Silvia et Anna

dal Kavarna

Des Bannières dans la galerie XXV Aprile et sur le sol, un flot de tracts en solidarité avec Anna, Silvia et tous les anarchistes emprisonnés et frappés de répression. Hier, Anna et Silvia, avec Nat, se sont enfermées dans la prison de L’Aquila avec Nat La grève de la faim a pris fin après 31 jours. Pour le moment, Marco et Alfredo poursuivent leur grève de la faim sous les régimes AS2 d’Alessandria et de Ferrare. Avec Tommy et tous les prisonniers et prisonniers qui luttent contre la torture de la ségrégation, la lutte ne s’arrête pas: contre un monde de cages, nous ne mangeons pas votre pain!

Puy- en- Velay,haute Loire : émeute à la prison, et révolte des familles

l’éveil de haute loire

Ce jeudi 27 juin, en milieu de matinée, une émeute « impliquant une dizaine de détenus » a éclaté à la maison d’arrêt du Puy-en-Velay. Un surveillant pénitentiaire a été légèrement blessé. La canicule pourrait avoir échauffé les esprits…

Un barrage de police sur le boulevard Président-Bertrand, des familles contraintes d’attendre les parloirs devant la porte de la prison popote sous un soleil cuisant… l’ambiance était tendue ce jeudi 27 juin à la maison d’arrêt.

Et pour cause. En milieu de matinée, vers 10 heures, un surveillant pénitentiaire a été « agressé physiquement » par un détenu dans la cour de l’établissement, « lors de la mise en place des promenades », indique la préfecture.

Le gardien, âgé d’une vingtaine d’années, est parvenu à regagner le bâtiment et à verrouiller les issues. Légèrement blessé, il a été pris en charge par les sapeurs-pompiers et conduit au centre hospitalier le plus proche.

S’en serait suivi un début d’émeute « impliquant une dizaine de détenus », précise le procureur de la République du Puy, Nicolas Rigot-Muller. Ces derniers se trouvaient déjà dans la cour quand le gardien a été pris à partie. « Il y a eu un mouvement d’humeur en réaction à ce qu’il venait de se produire. Ils n’ont pas voulu réintégrer leurs cellules », poursuit la préfecture.

 

Par conséquent, le plan particulier d’intervention (PPI) a été activé. Les Eris (équipes régionales d’intervention et de sécurité) de Lyon, les seules unités habilitées à pénétrer dans un établissement pénitentiaire en cas de tension, sont intervenues.

En attendant que le calme ne revienne au sein de la maison d’arrêt, les policiers étaient chargés de sécuriser les abords de l’établissement. De ce fait, la route a été barrée, pendant plusieurs heureUn barrage de police sur le boulevard Président-Bertrand, des familles contraintes d’attendre les parloirs devant la porte de la prison piétinent  sous un soleil cuisant… l’ambiance était tendue ce jeudi 27 juin à la maison d’arrêt.  La tension était vive avec les familles de détenus qui ne pouvaient pas accéder aux parloirs..

Selon nos informations, la canicule pourrait avoir échauffé les esprits. Une enquête déterminera les circonstances exactes de l’agression.

Leipzig (Allemagne) : Un engin de chantier d’Eurovia-Vinci incendié en solidarité avec Anna et Silvia

325 / mardi 25 juin 2019

Nous haïssons les prisons; beaucoup de nos compas y sont enfermé.e.s, quelques un.e.s y sont torturé.e.s et les prisons sont le cœur de l’ordre établi. Vinci construit des prisons, cet engin leur appartient, du coup on a voulu l’incendier. Du coup, le processus de pensée qui a porté à la destruction d’un engin de chantier routier le 24 juin a été assez simple.

On peut aussi présenter cela d’une façon légèrement différente : nous vivons dans un monde où c’est trop compliqué de pouvoir dire clairement qu’est ce qui est connecté à quoi. Du coup, des gens qui réparent une route se trouvent à travailler pour une filiale de l’empire de Vinci, une des plus grandes entreprises de construction du monde. Ces personnes n’ont rien à voir avec des prisons. L’engin de chantier routier n’a probablement jamais été utilisé pour construire des prisons. Si une entreprise gigantesque fait des choses odieuses d’un côté, est-ce que cela c’est assez pour frapper toute autre partie de cette entreprise ? Pourquoi incendier ce véhicule précis, au lieu d’aller sur le site d’une prison et attaquer là bas ?

L’ordre établi nous dirige chaque jour, à l’école, au travail, en tant que citoyen.ne.s, nous soumet à des stéréotypes de genre et ainsi de suite. Il est très créatif et ouvert d’esprit dans le choix de ses moyens. Cette attaque étatique contre l’humanité est permanente. Par conséquent, l’État et ses sbires méritent d’être attaqués tout le temps et de plusieurs façons. La complexité du pouvoir et le fait qu’il se dissimule ne nous empêchent de contre-attaquer quand et où cela nous convient.

Force aux anarchistes Anna et Silvia, qui sont en grève de la faim dans la prison de L’Aquila pour en finir avec l’isolement dans le régime 41bis.

Liberté pour tout.te.s les prisonnier.e.s !

Livourne, Italie:Solidarité aux prisonnier-e-s en grève de la faim banderoles sur la mairie

round

roundrobin.info

Depuis un mois, deux prisonniers anarchistes, Silvia et Anna, sont en grève de la faim pour lutter contre les dures conditions de détention. Ils demandent à être transférés de la section AS2 de la prison de L’Aquila dans laquelle ils se trouvent et à la fermeture de cette même section. Ces dernières semaines, de nombreux prisonniers anarchistes ont pris part à cette lutte, alors que les émeutes et les manifestations dans les prisons ont augmenté ce mois-ci. Le Département de l’administration pénitentiaire a toutefois décidé de transférer une autre anarchiste, Natasha, au même AS2 de L’Aquila.
Il faut briser le silence et l’isolement. Solidarité et liberté pour tous et toutes!

Collectif libertaire anarchiste
Livourne, le 27 juin 2019

Italie – Opération Prometeo : Sur la situation des compas emprisonné.e.s

Insuscettibile di ravvedimento / mardi 25 juin 2019

Après leur arrestation le 21 mai, suite à l’opération répressive « Prometeo« , Robert et Beppe ont été enfermés dans la prison d’Opera (près de Milan), jusqu’au 21 juin. Natascia a été arrêtée et emprisonnée en France.

Dans la prison de haute sécurité d’Opera, Robert et Beppe ont passé un mois entier en isolement, dans la section 41bis, étant donné que dans cette taule il n’y a pas de section AS2. Ils avaient une seule heure de « socialité » par jours, pendant laquelle ils pouvaient se voir; le reste de la journée les portes blindées de leurs cellules respectives restaient fermées. L’ »illégalité » de l’application du régime 41bis aux deux compagnons a été signalée au juge, au Procureur et au Garant des droits des détenus, d’autant plus que je juge n’avait pas demandé l’isolement, mais pendant un mois rien n’a changé.

Samedi 25 mai, ils ont entendu (et apprécié) un rassemblent solidaire devant la prison.

On leur a autorisé les parloirs; ils reçoivent lettres et livres, bien qu’avec beaucoup de retard ; ils ont reçu l’argent envoyé et les colis avec fringues et nourriture, même si quelques trucs n’ont pas pu passer, de façon aléatoire (à ce qu’il parait, le riz en blanc cuisiné et les livres avec des paysages de montagne ne peuvent pas passer). Beppe a été harcelé à plusieurs reprises par le matons, avec des insultes homophobes, l’interdiction d’aller aux douches pendant trois jours; à deux reprises au moins on ne lui a pas servi de repas et après un parloir il a été laissé seul pendant au moins deux heures dans une petite pièce, avant d’être ramené dans sa cellule.

Dans les jours autour du 13 juin, Natascia a été extradée en Italie, vers la prison de Rebibbia. Les compagnonnes lui ont envoyé de l’argent et des produits de première nécessité; elle était en cellule avec une autre prisonnière et, après avoir protesté, elle a réussi à obtenir que la porte blindée de la cellule reste ouverte pendant la journée. Ensuite elle a été interrogée pour la première fois par le juge et elle a pu parler avec son avocat; cela après l’épisode malheureux du commis d’office qui lui avait été assigné en France [ce commis d’office, en plus de s’en ficher de son cas, avait refusé de donner des nouvelles à ses proches et aussi à son avocat de Turin; NdAtt.]. Natascia a demandé des infos sur les compas en grève de la faim, une revue de presse sur l’opération Prometeo et quelques livres. Quelques jours après, elle aussi a commencé à participer à la grève de la faim commencée le 29 mai à la prison de L’Aquila par Anna et Silvia. Autour du 21 juin, elle a été transférée à L’Aquila.

Le 19 juin, Robert et Beppe sont passés devant le Juge des libertés et de la détention et le vendredi 21 juin ils ont pu voir leur avocate. Le lendemain est arrivé la nouvelle du transfert de Beppe à Alessandria, lundi celle du transfert de Robert à Terni. Le 24 juin est arrivée la réponse du JLD, qui confirme la détention préventive.

Tou.te.s les trois ont le courrier censuré pour ce qui concerne les « contenus politiques ».

Nous réaffirmons notre solidarité et nous invitons tou.te.s les complices et solidaires à continuer à l’exprimer, aussi par l’envoi de télégrammes, lettres et livres, ce qui aide nos compas à garder le moral.

Liberté pour Robert, Natascia et Beppe!
Aucun pas en arrière, aucun regret.

 

Les adresses pour leur écrire sont :

Natascia Savio
C. C. de L’Aquila
Via Amiternina, 3
Località Costarelle di Preturo
67100 – L’Aquila (Italie)

Robert Firozpoor
C. C. di Terni
Via delle Campore 32
05100 – Terni (Italie)

Giuseppe Bruna
C. C. di Alessandria “San Michele”
Strada statale per Casale 50/A
15121 – Alessandria (Italie)

Publication:Stepniak LA RUSSIE SOUTERRAINE – Esquisses du mouvement révolutionnaire russe(1860-1880)

Voici l’annonce d’un nouveau livre qui vient de sortir chez Tumult. On
peut les trouver dans les points de distribution (une liste sur
tumult.noblogs.org) ou soit les commander par mail
(tumult_anarchie@riseup.net).

StepniakLA RUSSIE SOUTERRAINE – Esquisses du mouvement révolutionnaire russe
(1860-1880)

https://mail.riseup.net/rc/?_task=mail&_mbox=INBOX&_uid=7134&_part=2&_action=get&_extwin=1&_mimewarning=1&_embed=1

Le révolutionnaire russe Sergueï Kravtchinski, Stepniak, avait un
objectif clair à l’esprit en publiant en 1892 le livre « La Russie
souterraine ». Il voulait faire parvenir au monde une esquisse intime du
combat acharné que les révolutionnaires russes étaient en train de mener
contre le régime du tsar et du capital.

Dans ce livre, Stepniak aborde les idées portées au sein du mouvement
révolutionnaire russe de l’époque en dressant des portraits de ses
compagnonnes et compagnons et en racontant certaines épisodes qui
caractérisaient leur lutte clandestine comme des évasions, des réseaux
de soutien et de solidarité, des attentats à l’explosif et des
assassinats visant les responsables du régime. À travers son implication
directe dans ce mouvement et sa vaste connaissance du combat, il jette
une lumière radieuse sur les motivations et les activités des nihilistes
et des social-révolutionnaires russes. En même temps, le livre ne manque
pas de soulever des questionnements qui intéresseront encore aujourd’hui
tout individu dont le cœur palpite au rythme de la lutte contre
l’oppression et l’exploitation.

« Le révolutionnaire s’est juré d’être libre. Il le sera au défi de
tout. »

258 pages – 8 euros