Archives mensuelles : juillet 2018

Rio de Janeiro, Brésil : Communiqué au sujet de la condamnation de 23 compagnon-e-s pour les émeutes en 2013-2014

Ci-dessous un communiqué de la Bibliothèque anarchiste Kaos, qui a été traduit à partir de la traduction en espagnol de Vozcomoarma. Il revient sur les lourdes peines qui sont tombées le 17 juillet dernier sur 23 compagnonnes et compagnons (allant de 5 à 7 ans de taule), accusé-e-s d’avoir pris part aux émeutes en 2013 et 2014 à Rio de Janeiro. La rue avait répondu aux politiques de nettoyage social, de gentrification, de rénovation urbaine et autres mesures visant à renforcer le contrôle sur les pauvres et indésirables, les repoussant toujours plus loin du centre de la capital brésilienne. De nombreuses émeutes ont secoué la normalité pendant de longs mois.


Condamnés: incorrigibles !

Puisque nous sommes contre tout ce qui va à l’encontre de la liberté, nous sommes aujourd’hui contre la condamnation des 23 personnes incarcérées pour les manifestations de 2013 et de 2014 à Rio de Janeiro.

La Liberté d’autrui étend la mienne à l’infini – M. Bakounine

A Rio de Janeiro, 23 personnes ont été condamnées à des peines allant de 5 à 13 ans [1] de prison ferme par le juge Flavio Itabaiana de la 27ª audiencia penal de Río de Janeiro dans le cadre de « l’Operación Firewall”, accusées « d’avoir commis des actes violents, formé un attroupement non autorisé, causé de lourds dommages à la propriété, résisté, causé des blessures et détenu des engins incendiaires et explosifs ».

Toutes étaient poursuivies par la Delegacia de Repressão a Crimes de Informática, la police politique mise en place lors de la Coupe du Monde de football et des Jeux Olympiques, la même qui surveillait les manifs à Porto Alegre et à Sao Paulo.

Ce n’est pas un hasard si cette opération répressive se soit nommée ainsi : Firewall (pare-feu), qui est le nom d’un dispositif à l’intérieur d’un réseau d’ordinateurs visant à appliquer un protocole de sécurité à un point-clé de ce réseau. Ce pare-feu éviterait les éléments nuisibles au sein même de ce réseau d’ordinateurs. Les médias et les technologies de communications sont utilisés comme outils de contrôle et de répression (nous le savons depuis un certain temps déjà), mais cette fois ce fut un exemple frappant de la potentialité de ces ressources à des fins répressives.

Selon le juge (dans un acte de bienveillance), la détention préventive n’a pas été prononcée afin que les personnes condamnées puissent faire appel du jugement, par mesure de précaution. Mais cette condamnation, même avec la possiblité de recourir à la « liberté, a pour nous trait au fait qu’ils nous veulent incarcéré-e-s. Et cette condamnation doit désormais changer le précédent pour l’agitation contre la société carcérale, pour l’agitation de la solidarité.

Comme pour les personnes récemment réprimées par l’opération Erebo, le minimum que nous puissions faire face à cette condamnation est d’exprimer une solidarité forte à travers l’appel à une agitation combative et solidaire contre la condamnation.

Mais pas sous le mot d’ordre d’être contre la criminalisation de la lutte. Le fait de lutter ne peut pas être enfermer dans les règles de ce qui est légal ou non, de ce qui est criminel ou innocent, de ce qui est autorisé ou interdit. La lutte va au-delà de ces logiques, précisément parce qu’elle va dans le sens opposé à elles. Nous sommes contre la répression car tout le système de domination est une répression constante et quiconque s’en rend compte et s’y oppose, proteste ou descend dans la rue rompt avec cette domination sur le plan matériel comme individuel. Quiconque se rebelle contre l’ordre existant sera toujours considéré comme « criminel », parce que le crime de manifester, c’est de ne pas être complètement soumis à la domination. Si nous luttons avec pour slogan « manifester n’est pas un crime », nous accepterions et légitimerions l’existence des prisons et, anarchistes que nous sommes, nous aimons la liberté et nous restons des ennemi.e.s irréconciliables des cages.

Comment ne pas sortir dans les rues contre les spectacles qui justifient les multiples facettes du nettoyage social? Comment rester indifférent.e face à l’aménagement urbain, la militarisation et l’embellissement des rues pour l’escapade et le tourisme de la bourgeoisie qui a participé à ce Mondial et aux JO? C’est une grande tristesse de voir cela aux cris de « Goal! » ou avec l’enthousiasme d’une médaille d’or, que des personnes oublient les exactions policières, les morts, les politiques génocidaires qui sont produites par ce spectacle. Et c’est une joie incommensurable d’apprendre que des incorrigibles sont sorti.e.s et ont tout cassé, même le prétendu contrôle des « autorités » qui ont investi des millions dans la sécurité.

La lutte violente est le geste minimum de sensibilité que nous avons face à l’oppression dominante qui cherche à s’étendre comme une vie « normale ».  C’est le signe que nous ressentons encore la cruauté de la dévastation, de la guerre non déclarée, et que tel.le.s des animaux face au dompteur… nous réagissons contre le fouet.

Contre les condamnations, notre agitation permanente.

Solidarité avec celles et ceux qui luttent !

Biblioteca Anarquista Kaos

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Les 23 personnes condamnées pour les manifs de 2013 à Rio de Janeiro:

  • Elisa Quadros Pinto Sanzi, condamnée à 7 ans de prison.
  • Luiz Carlos Rendeiro Júnior, condamné à 7 ans de prison.
  • Gabriel da Silva Marinho, condamné à 5 ans et 10 mois de prison.
  • Karlayne Moraes da Silva Pinheiro, condamnée à 7 ans de prison.
  • Eloisa Samy Santiago, condamnée à 7 ans de prison.
  • Igor Mendes da Silva, condamné à 7 ans de prison.
  • Camila Aparecida Rodrigues Jordan, condamnée à 7 ans de prison.
  • Igor Pereira D’Icarahy, condamné à 7 ans de prison.
  • Drean Moraes de Moura, condamnée à 5 ans et 10 mois de prison.
  • Shirlene Feitoza da Fonseca, condamnée à 5 ans et 10 mois de prison.
  • Leonardo Fortini Baroni, condamné à 7 ans de prison.
  • Emerson Raphael Oliveira da Fonseca, condamné à 7 ans de prison.
  • Rafael Rêgo Barros Caruso, condamné à 7 ans de prison.
  • Filipe Proença de Carvalho Moraes, condamné à 7 ans de prison.
  • Pedro Guilherme Mascarenhas Freire, condamné à 7 ans de prison.
  • Felipe Frieb de Carvalho, condamné à 7 ans de prison.
  • Pedro Brandão Maia, condamné à 7 ans de prison.
  • Bruno de Sousa Vieira Machado, condamné à 7 ans de prison.
  • André de Castro Sanchez Basseres, condamné à 7 ans de prison.
  • Joseane Maria Araújo de Freitas, condamnée à 7 ans de prison.
  • Rebeca Martins de Souza, condamnée à 7 ans de prison.
  • Fábio Raposo Barbosa, condamné à 7 ans de prison.
  • Caio Silva de Souza, condamné à 7 ans de prison.

[Sans_Attendre at raduit de l’espagnol de La Rebelion de las Palabras, Julio 29, 2018]

NdT:

[1] La peine de 13 ans de prison, qui a été évoquée dans un article publié sur le site Crimethinc, n’apparaît nulle part dans le récapitulatif des condamnations en fin d’article (lui-même publié dans la presse brésilienne, à savoir G1globo) et dans divers médias du pays. De plus, Vozcomoarma écarte cette peine de 13 ans dans son introduction. Nous choisissons de nous fier à un site anarchiste plutôt qu’au Lundi matin étatsunien.

ps: on pourra relire la brochure de Sans patrie « Génocide et spectacle »

Colmar(68000): maison d’arrêt deux prisonniers s’évadent à l’ancienne! ( mise à jour)

note:infos  . Que les médias et la ministre , les syndicats des matons profitent de cette évasion pour accélérer la communication pour le futur   centre pénitentiaire à Lutterbach ( ouverture prévu pour 2021) merci pour le plaisir pour cette magnifique  évasion: « ils ont creusé le plafond et ont fait la descente avec les draps,Magnifique, trop bien,à l’ancienne . » reçu d’une compagnonne  par les moyens  technologiques

Le républicain lorrainLle 30/07/2018 à 11:26 mis à jour à 12:13

 

D’après plusieurs sources concordantes, ces deux frères ont réussi à creuser le plafond de leur cellule pour filer ensuite par les toits. Ils purgeaient des peines supérieures à cinq ans de prisons pour vols en réunion. « La double évasion a été constatée ce matin à 6h30, a indiqué la direction interrégionale de l’administration pénitentiaire. Selon les premières constatations, les deux détenus sont sortis par le toit. Le parquet a été saisi et les dispositifs de recherche ont été mis en place, tandis qu’une enquête administrative est en cours. Les Equipes régionales d’intervention et de sécurité (ERIS) de Strasbourg sont sur place ».Lundi en fin de journée, les recherches pour retrouver les deux individus en cavale, « âgés d’environ 30 ans« , étaient toujours en cours, a précisé à l’AFP le parquet de Colmar. Les deux évadés ont été arrêt mardi à 17h30 Roubaix (Nord)  570 km prcouru de leur point de départ,

Ce n’est pas une première pour cet établissement : en 2013, trois individus qui partageaient la même cellule avaient creusé deux trous pour se frayer un chemin vers la liberté.

 

Centre pénitentiaire du Sud Francilien – Réau menace de mort contre un prisonnier Mikel Albisu

Gara   30/:07 /18
Mikel Albisu recibe una amenaza de muerte durante un registro en Réau

Mikel Albisu recibió, el pasado 12 de julio, una amenaza de muerte expresa, escrita en inglés en un post-it y pegada en la cobertura de un libro depositado en su celda de la prisión gala de Reáu. La abogada del preso presentará esta semana una denuncia ante la fiscalía.

Suite à une fouille de sa cellule par les fonctionnaires pénitentiaires de la prison de Réau, le prisonnier politique basque Mikel Albisu Iriarte a retrouvé des menaces de mort. Son avocate va porter plainte cette semaine auprès du Procureur de la République.

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À propos du viol ~ Carte postale ouverte aux camarades de la CNT

par Claude Guillon

Lors du concert de clôture du festival de la Confédération nationale du travail (CNT), le 1er juillet dernier à Montreuil, le chanteur du groupe Sidi Wacho a fait une déclaration en scène, probablement mal comprise par beaucoup des personnes présentes, et mal accueillie par d’autres. En substance : « Alors la CNT, il va falloir régler vos problèmes entre vous, parce que sinon on ne pourra plus venir jouer pour vous ! »

Des débats, souvent vifs, s’engagèrent entre militant·e·s pour savoir si l’attitude du groupe – accepter de venir et d’être payé pour ça – puis faire une déclaration critique et publique était moralement acceptable ou au contraire condamnable… Une vraie fausse question !

À quoi faisait donc allusion le chanteur de Sidi Wacho ?

À une histoire sordide, que la CNT (en tant qu’organisation nationale au moins) a laissé pourrir deux ans durant, prétendant aujourd’hui – à tort – qu’elle est « réglée ».

En août 2016, un militant connu de la CNT de la région de Metz, également membre d’Alternative libertaire (AL), Fouad Harjane[1] viole une camarade lors d’un camping organisé par AL.

En novembre de la même année, la camarade dénonce son violeur auprès des deux organisations libertaires auxquelles le violeur appartient, notamment auprès de la Commission antisexiste de la CNT, laquelle rend l’affaire publique lors du congrès confédéral qui se tient à Montreuil à la même époque.

Les statuts de la CNT sont conçus de telle manière que – en principe – seul le syndicat du militant mis en cause est habilité à l’exclure et non un congrès. En l’espèce, Fouad Harjane jouissant d’une réputation militante flatteuse dans son syndicat (Santé social Lorraine) et dans la région, cela revient à proposer à ses proches de statuer sur son sort. Lorsque cette protection « naturelle » ne suffira plus, Harjane recourra aux menaces.

Le problème posé par les statuts actuels du syndicat semble bien réel. Cependant, tout indique qu’au lieu de rechercher une solution politique et publique au problème, certain·e·s instances et camarades de la CNT se sont abritées derrière les statuts pour protéger un violeur.

En effet, si des sanctions sont bien demandées (par un syndicat parisien de la CNT), elles visent des camarades de la Commission antisexiste, auxquelles il est reproché « d’instrumentaliser la question de la lutte contre le sexisme dans [une] action destructrice et délétère ».

Je dois dire ici que j’ignore s’il existe, dans l’esprit des demandeurs, d’autres griefs que la publicité donnée à la dénonciation de Fouad Harjane.

À supposer même que ce soit le cas, on mesure l’effet catastrophique que peut provoquer sur les militant·e·s de base une action exigée contre celles et ceux qui dénoncent un violeur plutôt que contre le violeur lui-même…

On se demande ce que les « sanctionneurs » peuvent avoir dans la tête, non seulement quant à la prévention du sexisme dans les rapports sociaux de sexe, dans la société et dans les organisations révolutionnaires, et – plus bêtement, pourrait-on dire – quant à la possibilité matérielle de glisser les ordures sous le tapis en espérant en masquer l’odeur, à l’ère de #BalanceTonPorc et du planétaire Me Too Movement ?

Début décembre 2016, huit personnes sont exclues de la CNT – sans passage par leur propre syndicat ! Comme quoi, quand on veut, on peut ! – au motif qu’elles se sont réunies sans autorisation, s’« auto-excluant » de fait.

En janvier 2017, Alternative libertaire, dont les militant·e·s avaient transmis un dossier de témoignages sur le viol à la CNT, exclue Fouad Harjane.

En mars de la même année, la CNT Santé social de Metz rend un rapport concluant… à l’impossibilité pour elle de statuer sur le cas de Fouad Harjane. On lira avec intérêt le communiqué en date du 5 mars 2017 par lequel les cénétistes messins encouragent vivement les victimes de viol… à porter plainte devant la justice bourgeoise et s’engagent à fournir – à propos du viol dénoncé – à fournir à ladite institution tous les documents en sa possession !

Lorsque l’on sait comment sont traitées le plus souvent les victimes de viol, et sans même parler d’une méfiance de principe envers les institutions comme la police et la justice que l’on attend de militants anarcho-syndicalistes, le niveau de réflexion antisexiste et libertaire des auteur du communiqué est du niveau « démocrate de comptoir ».

Juin 2017. À l’occasion du festival de la CNT, à Montreuil, des militant·e·s viennent manifester devant l’entrée de La Parole errante en soutien à la camarade violée. Certaines d’entre elles ont été tout simplement déclarées persona non grata et interdites d’entrée. Bien entendu, les militant·e·s et les badauds ne sont pas informé·e·s.

À cette époque, pour le public non averti et qui n’a pas cherché à s’informer – soit la très grande majorité des gens qui viennent assister à un festival de la CNT – il s’agit d’une histoire, peut-être de ces histoires complexes entre personnes se connaissant intimement, sur laquelle on ne dispose, de manière publique, d’aucune source fiable. On comprend simplement qu’AL a préféré exclure le violeur présumé, et la CNT non.

Février 2018 : le syndicat auquel appartient Fouad Harjane fusionne avec le syndicat de l’Éducation de la Moselle.

Et là : tour de passe-passe !

Le SSCT Lorraine comptait, jusqu’à peu, un adhérent ayant été accusé d’agression sexuelle de la part de plusieurs personnes au sein de la Confédération et en dehors. Ces accusations sont des faits très graves. Nous rappelons la décision prise par notre syndicat qui a été de ne pas pouvoir se positionner quand à l’exclusion ou non de cet adhérent. Suite à la fusion du SSCT Lorraine et du STE 57, l’adhérent en question a annoncé qu’il quittait notre syndicat, ce que nous avons acté et avons décidé d’en informer l’ensemble de la Confédération.

Plus de Fouad Harjane, plus de problème ! C’est manifestement le pauvre raisonnement des cénétistes messins qui confondent débattre politiquement et jouer à chat perché.

Or qu’apprend-on le week-end des 29 & 30 juin et 1er juillet 2018 ? Je dis «on», en parlant de moi et de proches. Ces faits sont peut-être connus de longue date par d’autres personnes…

Fouad Harjane n’est pas accusé « que » d’un viol. On parle désormais d’une dizaine de plaintes (déposées en justice ou non, je l’ignore encore) le visant pour des faits de viol, agression ou harcèlement sexuel.

Or les instances et les camarades de la CNT considèrent néanmoins que cette affaire est « classée » et ne les concernent plus…

Il est difficile d’imaginer que l’on puisse se tromper à ce point, avec d’aussi lourdes conséquences.

Cette affaire sera « réglée », du point de vue de la victime, lorsqu’elle aura obtenu reconnaissance et/ou dédommagement du crime subi, et de la part du violeur, et de la part du syndicat qui l’a délibérément couvert jusqu’à ce qu’il quitte l’organisation.

D’ici là, « la CNT » – appellation inexacte et injuste puisque nombre de militant·e·s et de syndicats de la CNT désapprouvent les positions messine et confédérale – peut à juste titre être accusée d’avoir protégé un violeur, de plus prédateur multirécidiviste.

Tant que cette affaire n’aura pas fait l’objet d’une analyse en interne et d’un communiqué public d’autocritique, l’accusation demeure valide, quelles que soient les suites judiciaires des « affaires Fouad Harjane ».

On ne saurait trop conseiller aux camarades de la CNT de saisir cette occasion, qui commence certes par un loupé lamentable ! pour mettre en place un nouveau protocole qui servira dans les affaires à venir.

Ne nous voilons pas la face : le sexisme, le viol et les violences sexuelles sont aussi répandues dans les organisations syndicales et révolutionnaires que partout ailleurs dans la société ; des scandales récents en témoignent à ciel ouvert (Unef, Jeunesses socialistes, etc.).

Autrement dit, la CNT et bien d’autres auront, ont peut-être déjà sans que nous en soyons informé·e·s, à régler des cas similaires – en pire ou en moins grave – à celui de Fouad Harjane.

Espérer que Harjane tombe dans l’oubli et que les choses s’arrangent mieux la prochaine fois, sans rien faire d’ici là – à commencer par une autocritique publique – est une illusion.

Du fait de son caractère syndical, la CNT aura d’autres cas de militants ayant la double appartenance (avec une organisation libertaire) à traiter. J’en profite pour dire que Alternative libertaire, organisation dont nul n’ignore que je suis loin de partager toutes les positions, me semble s’être comportée en l’espèce avec un sang-froid et une intelligence dont les camarades de la CNT devraient s’inspirer au lieu de fustiger une prétendue manie de donner de leçons.

Dans l’immédiat, il convient que les syndiqué·e·s et syndicats de la CNT exigent une réflexion collective débouchant sur une communication autocritique et publique. Dans cette attente, et dans le flou persistant, je comprends que des camarades souhaitent refuser de s’afficher dans des initiatives cénétistes, et a fortiori de s’affilier au syndicat.

Comment, de surcroît, devant tant de mensonges, d’évitements et de manipulations, ne pas dissuader des jeunes femmes, par ailleurs engagées dans des luttes féministes, de rejoindre une organisation dont elle savent désormais qu’elle refusera de les soutenir en cas d’agression sexuelle de la part d’un militant soi-disant révolutionnaire – ce qui mérite d’être également qualifié de trahison morale et politique et de la part du militant et de la part de l’organisation.

Je ne doute pas, hélas! que cette « carte postale ouverte » à mes camarades de la CNT en offusquera plus d’un·e. La mentalité de parti, même quand le parti est minuscule, rend sottes et aigries les personnes les plus ordinairement aimables… Il existe aussi à la CNT (comme ailleurs) de tristes sires qui considèrent le combat féministe comme un boulet à trainer ou un fanion à agiter les jours de fête : rien qui doive conduire à s’interroger collectivement. Ce sont ceux-là qui devraient prendre leur retraite de l’anarcho-syndicalisme et de l’anarchisme ! Ils ne manqueront à personne.

Afin de terminer sur une note constructive, pourquoi ne pas envisager la création d’une instance collective mixte entre organisations libertaires – CNT, FA, AL, OCL, CGA etc. – chargée de recevoir et d’« instruire » les plaintes de victimes de violences sexuelles. Cette commission serait composée par exemple de trois membres (deux femmes, un homme) de chaque organisation.

Elle devrait être indépendante desdites organisations pour le temps d’un mandat, ses membres à l’abri de toute sanction pour leur activité dans la commission.

Elle pourrait aussi s’adjoindre, de manière ponctuelle ou permanente, des personnalités féministes « extérieures », militantes du Planning familial et/ou d’autres collectifs anti-viol.

Elle aurait pour première tache d’élaborer un protocole à suivre lorsqu’une victime se signale à elle ; ce protocole, assorti de conseils et de principes de base sur le consentement serait rendu publique dans et hors des organisations, notamment lors des adhésions et dans les événements (meetings, fêtes, etc.).

Ce protocole aurait, en interne et vis-à-vis des sympathisant·e·s, une fonction programmatique et symbolique. Il indiquerait l’importance que les organisations libertaires attribuent à la lutte contre les agressions sexistes et du même coup à la sécurité et à la tranquillité de ses militant·e·s.

Ce serait un élément fondateur (parmi d’autres à inventer) d’un intense et indispensable travail de réflexion et d’autocritique à venir si les organisations libertaires veulent conserver un attrait pour les franges les plus engagées de la jeunesse et donner une image enviable de la société libertaire à construire.

En l’absence d’un tel travail – dans l’espoir vain de protéger tel petit chef ou l’équilibre des forces dans tel syndicat ou tel groupe local –, les organisations libertaires apparaitraient en retard sur les mouvements d’opinion qui traversent la société et les luttes féministes, dont elles s’« auto-excluraient » de ce fait, pour reprendre l’expression de certains.

[1] Le cv militant du personnage est tel que son nom et sa photo se trouvent aisément sur le Net.

Rééponse à « Salut et Liberté »

Note : les discussions se terminent  par un courrier parfois à la fin par :  « salut et liberté »

Anarchisme

 

La Tensione Anarchica est l’intervention d’Alfredo M. Bonanno lors de la conférence intitulée «Anarchisme et démocratie» tenue à Cuneo le 28 janvier 1995.
Ce texte fut publié en 1996 par le Laboratorio Anarchico di Sperimentazione Antiautoritaria de Cunéo puis par les Edizioni Anarchismo en 2007 puis 2013.

« Mais où doit s’arrêter cette réduction du contrôle ? A un contrôle minimum peut-être ? » Par exemple, l’État deviendrait-il légitime en tant qu’État, pour nous anarchistes, si au lieu d’être l’État oppresseur d’aujourd’hui il était, disons, l’état minimal idéal des libéraux ? Bien sur que non. Ce n’est donc pas le raisonnement à suivre. Ce que nous pouvons chercher à obtenir et à atteindre n’est donc pas composé d’une limitation du contrôle, mais d’une abolition du contrôle. Nous ne sommes pas pour une meilleure liberté, une meilleure liberté se donne à l’esclave quand on lui allonge sa chaîne, nous sommes pour l’abolition des chaînes, donc nous sommes pour la liberté, pas pour une meilleure liberté. Et la liberté signifie absence de chaîne, signifie absence de limites avec tout ce que cette affirmation entraîne.

La liberté est un concept non seulement difficile et inconnu, mais c’est un concept douloureux, et à l’inverse il nous est vendu comme un concept magnifique, doux, reposant, comme un rêve qui est tellement éloigné qu’il

nous fait nous sentir bien, à l’instar de toutes ces choses qui – puisque elles sont lointaines – constituent une espérance, une foi, une croyance. En d’autres termes, cet intouchable qui résout les problèmes d’aujourd’hui,non pas parce qu’en effet il les résout mais parce qu’il les couvre simplement, les modifie, empêchant ainsi d’avoir une vision claire du pétrin dans lequel nous sommes aujourd’hui. Bien, un jour nous serons libres, bien,nous sommes dans le pétrin, mais à l’intérieur de ce pétrin il y a une force souterraine, un ordre involontaire qui ne dépend d’aucun de nous, qui travaille à notre place, qui peu à peu fera modifier les conditions de souffrance

dans lesquelles nous vivons et nous conduira dans une dimension libre où nous vivrons tous heureux. Non, la liberté ce n’est pas ça, ça c’est une arnaque, c’est une arnaque qui rassemble beaucoup, et tragiquement, à la vieille idée de Dieu, l’idée de Dieu qui nous aidait tant de fois, et aide encore aujourd’hui tant de personnes en souffrance, parce qu’elles leurs disent : « Bien, aujourd’hui nous souffrons, mais dans l’autre monde nous vivrons mieux » ou plutôt comme dit l’Évangile les derniers seront les premiers, par conséquent ce renversement encourage les derniers d’aujourd’hui parce qu’ils seront les premiers demain.

Si nous faisons passer pour réel un concept de liberté de ce type, nous bercerions les souffrances d’aujourd’hui,nous mettrions un petit pansement sur les plaies sociales d’aujourd’hui, exactement de la même façon par laquelle le prêtre avec son sermon, avec son raisonnement, met un petit pansement sur les plaies des pauvres qui l’écoutent, qui s’imaginent que le règne de Dieu les sortira de leurs souffrances. C’est clair que les anarchistes ne peuvent pas faire le même raisonnement, la liberté est un concept destructif, la liberté est un concept qui inclut l’élimination absolue de n’importe quelle limite. Maintenant, la liberté est une hypothèse qui doit rester dans notre cœur, mais en même temps elle doit nous faire comprendre que si nous voulons la liberté nous devons être prêt à affronter tous les risques de la destruction, tous les risques de la destruction de l’ordre établi

dans lequel nous vivons. La liberté n’est pas un concept qui peut nous bercer, dans l’attente que se développent des améliorations, abstraction faite de notre capacité réelle d’intervention.Pour nous rendre compte des concepts de ce type, pour nous rendre compte des risques en maniant des concepts dangereux de ce type, nous devons être en mesure de construire des idées en nous, d’avoir des idées.Même sur ce point il y a des équivoques considérables. »

Alfredo M. Bonanno, La tension anarchiste. 1995

collection anar’ chronique

 

Avignon ( vaucluse) 4-5 août 2018 Rencontre convergence antinucléaire pour de nouvelles formes de luttes et actions(Parc des Libertés)

2018Rencontres Convergence antinucleaire 2018, 4 et 5 aout au Parc des Libertés d'Avignon

Présentation                                                                                                                     >

Ces 4èmes Rencontres nationales de Convergence s’inscrivent dans le prolongement et l’approfondissement des trois premières Rencontres antinucléaires nationales pour l’Arrêt immédiat du nucléaire initiées par le MCCA en 2016 et 2017 (en Provence, Région parisienne, Région Rhône-Alpes). Elles prolongent également le Forum Social Mondial antinucléaire qui s’est déroulé à Paris en Novembre 2017 et s’appuient sur les luttes locales et régionales de terrain.Les précédentes rencontres ont confirmé le bien-fondé d’un positionnement sans atermoiement, sans préalable techno-scientiste ni alignement sur des stratégies politiciennes hors-jeu et autres transitions phagocytant la lutte antinucléaire.La mise à l’arrêt immédiat de toutes les installations nucléaires est le seul moyen de faire cesser les atteintes graves à la santé et à la vie par les rejets radioactifs permanents; de cesser de produire quotidiennement des déchets radioactifs mortels pour nous et les 1000 générations à venir; d’éviter la catastrophe nucléaire sur notre territoire et sur les pays alentours; de cesser de contaminer durablement l’environnement; de lever la menace du cataclysme destructeur total planétaire.

 

Espagne [Ceuta] des centaines de subsahariens forcent les barrières

the guardian 26/7/18:
Police officer keep watch over some of the people who managed to jump off the border fence between Spain and Morocco, in Ceuta, on Thursday.

 quelques-unes des personnes qui ont réussi à sauter de la frontière entre l’Espagne et le Maroc, à Ceuta, jeudi. Photographie: Reduan / EPA

Environ 800 personnes ont tenté d’entrer en Europe en prenant d’assaut une barrière frontalière qui sépare le Maroc de l’enclave nord-africaine de Ceuta, selon la police espagnole.

L’incident de jeudi matin a fait suite à de nouvelles alertes sur la capacité de l’Espagne à faire face au nombre croissant de migrants et de réfugiés qui arrivent sur sa côte sud. Il est également arrivé quelques heures avant que le Premier ministre espagnol, Pedro Sánchez, ne rencontre le président français, Emmanuel Macron, pour discuter de la réponse de l’UE à la crise migratoire.

Guardia Civil espagnole a déclaré que 800 personnes originaires de l’Afrique subsaharienne ont franchi la clôture à Ceuta à 6h35 du matin en utilisant des cisailles et des marteaux pour briser les hautes barrières de fil de rasoir et attaquer les officiers.

« Pour tenter d’empêcher la Guardia Civil de s’approcher de la zone de transition  , les migrants [… ont bombardé]  la guardia civil avec des récipients en plastique contenant des excréments et de la chaux vive, des bâtons et des pierres et des aérosols comme lance-flammes ». .

Les  forces de police  ont indiqué que 602 personnes avaient réussi à atteindre Ceuta, dont 586 avaient été emmenées dans un centre d’accueil temporaire, tandis que 16 étaient hospitalisées. Quinze policiers ont également été blessés, » at-il ajouté.

Police help people down from the the border fence between Morocco and Ceuta, Spain.

La question migratoire à la frontière du fascisme

note: ce texte  est publié après la réunion de préparation (sans papier) de la tournée  alterniba 2018  à valence  le 25 /07 au cause toujours et avant la journée de solidarité avec les migrant-e-s du 28  à la ruche truk’ muche de bourg les valence.

[IACAM !]

Depuis l’élan d’empathie suscité par la photo du petit Aylan retrouvé
inanimé le long d’une plage en Turquie suite au chavirement de son
embarcation en septembre 2015, force est de constater qu’à peine trois
ans après cet événement tragique, le temps n’est plus à la compassion
avec les réfugiés dans les discours politiques. La récente agitation
autour de la question migratoire occasionnée lors de la tenue du Conseil
Européen le 27 juin dernier et les tensions s’en dégageant en attestent
largement. Le retour du contrôle des frontières est à la bouche de tous
les dirigeants politiques, et avec celui-ci, c’est bien le renforcement
des États dans leur souveraineté qui en sort affirmé, dégageant au
passage une voix royale aux idées nationalistes et identitaires…

La suite de l’article ici :
https://cevennessansfrontieres.noblogs.org/post/2018/07/25/la-question-migratoire-a-la-frontiere-du-fascisme/

Suisse : Actualisation sur la vague répressive du 29 mai dernier dans le cadre du sommet du G20 à Hambourg

Mise-à-jour : ce mercredi 11 juillet 2018, la quatrième et dernière personne arrêtée le 29 mai dans les environs de Winterthur et placée en détention préventive a été libérée.

Dans le cadre de la répression du G20 de Hambourg, des perquisitions ont également eu lieu en Suisse le 29 mai et quatre personnes ont été arrêtées à l’aube. Une personne recherchée par les autorités allemandes, plus connues sous le nom de « SOKO Schwarzer Block » [1], a été libérée après avoir été auditionnée par le procureur.

Le deuxième jour, la deuxième personne arrêtée pour « séjour illégal » a été relâchée. Avec l’ordre de quitter le territoire suisse, ainsi que de purger une peine de 90 jours de prison et de payer une amende de 800 CHF (elle a fait appel de ce verdict). Les deux autres personnes ont été arrêtées pour une autre affaire, dans laquelle enquête le parquet IV de la ville de Zürich. Pour ces deux personnes, il requiert une peine de trois mois de prison de détention préventive en rapport avec une présomption urgente de culpabilité, de risque de collusion (risques de dissimulation ou de destruction de preuves) et de risques de prendre la fuite. Le juge d’instruction a refusé la requête d’une personne mais a accepté celle de la deuxième personne. Ainsi, une personne a été incarcérée à titre provisoire dans la prison zurichoise de BGZ.

Mais au fond, de quoi s’agit-il ?

Le parquet IV enquête par rapport à une rixe avec les contrôleurs de la VBZ [2] (ayant entraîné des blessures graves aux agents) qui menaient une opération de contrôle sur un axe principale de nuit, c’est-à-dire qu’ils contrôlaient la validité des tickets des passager.e.s dans les bus de nuit. Dans ces enquêtes, il s’agit d’un incident qui a eu lieu en juillet dernier, où quatre contrôleurs ont été blessés sur la Limmatplatz et ont dû par la suite être transportés à l’hôpital en ambulance, comme on a pu le lire dans les médias. Plus loin dans l’article on pouvait lire que : « une personne inconnue est allé voir un contrôleur et l’a menacé verbalement. Un collègue du contrôleur invectivé s’est précipité à sa rescousse et dans la foulée a été attaqué d’un coup par plusieurs individus qui se sont solidarisés avec la personne menaçante ».

De tels contrôles s’accompagnent constamment d’insultes et de coups envers les contrôleurs. Nous nous montrons solidaires de tou.te.s celles et ceux qui s’opposent aux contrôles ou les perturbent. Il convient de prendre en compte que les compagnies de transport bénéficient également, en plus des patrouilles de contrôleurs, de caméras de vidéo-surveillance déployées en masse et que désormais tous les moyens de transports et toutes les principales stations sont sous surveillance-vidéo.

Contre tout contrôle de nos vies !

Pour une vie en liberté ! (A)

[Traduit de l’allemand de Barrikade.info, 12. Juli 2018]

NdT:

[1] Pour Commission spéciale « Black Bloc », unité spéciale d’enquêteurs de police créée à la suite du sommet du G20 à Hambourg de juillet 2017.

[2] Pour Réseau de transports zurichois.

sans attendredemain