Archives mensuelles : janvier 2016

Pourquoi pas ?

repris sur la cavale contre la prison et son monde

Présentation du débat « Vers l’insurrection », 1 octobre 2015, Bruxelles

Lancer une lutte contre un aspect précis du pouvoir qui nous opprime, contre une structure répressive en construction comme la maxi-prison, c’est se poser la question de la destruction. Car elle est la seule manière pour mettre une croix définitive sur cette structure en question. Croire qu’un projet énorme tel que la maxi-prison peut être empêché par la voie douce des pétitions et des oppositions légalistes, c’est non seulement se tromper soi-même, mais aussi tromper tous les autres, tous les opprimés et exclus. Non, une telle lutte doit poser la question de l’insurrection : d’empêcher par la force et l’auto-organisation les progrès du pouvoir. Mais comment se poser cette question ? A l’aide de tentatives si pas similaires, en tout cas muées par une même volonté, du passé, le compagnon Alfredo M. Bonanno jettera quelque lumière sur cette question cruciale.

Transcription de la première intervention

Chaque fois que je commence à parler, je me demande : « et si je ne voudrais pas parler par exemple ? »

Le titre de ce débat est « Vers l’insurrection ». Je me suis demandé, qu’est-ce que cela signifie « vers l’insurrection ? » C’est-à-dire, vers l’insurrection ça peut signifier d’écrire, ou de parler quand même, ou indiquer, une direction, quelque chose qui bouge vers l’insurrection. Moi je ne sais pas qu’est-ce qui bouge vers l’insurrection.

Je sais qu’est ce que j’ai vécu, ce que j’ai vu, des événements qui peuvent sembler une insurrection en acte. Après je me suis aperçu que ce n’était pas une insurrection, c’était une simple émeute. Alors nous sommes en train de parler de quelque chose qui peut nous pousser vers une émeute, quelque chose qui se passe comme ça, tout de suite, pour une motive qu’on ne peut pas prévoir, dans la rue, sur les places, avec cent mille personnes qui descendent dans la rue, c’est de ça que nous sommes en train de parler ce soir ? Je ne crois pas. Pour moi ce n’est pas ça l’insurrection. Cent mille personnes qui descendent dans la rue, qui cassent la ville, qui cassent les magasins, qui dansent leur bal de guerre sur la marchandise – car on est contraire à la marchandise, nous les anarchistes – c’est ça l’insurrection ? Non.

L’insurrection, à part que je ne sais pas qu’est-ce que c’est, mais quand même, je peux envisager quelque chose qui peut ressembler à un projet insurrectionnel, c’est un mouvement. Un mouvement est fait essentiellement de projets, les projets sont fait de spécifications, de quelque chose qui regarde la réalité pour chercher de la prévoir, c’est-à-dire, pour chercher de comprendre comment peut se développer cette réalité de merde qu’on a devant nous. Qu’est-ce que nous pouvons attendre, qu’est-ce que ça peut être notre travail révolutionnaire pour faire bouger cette réalité vers l’insurrection. C’est là que le mot « insurrection » commence à avoir une signification pour moi. Mais ce n’est pas le cas que je suis dans la condition de faire bouger l’insurrection, je suis dans la condition de faire bouger, d’écrire, de réaliser un projet. Un projet est fait par des femmes et des hommes qui s’engagent, qui mettent leur vies dans le projet. Ce n’est pas seulement fait de bavardages, de mots, comme on est en train de faire ce soir. C’est fait d’idées.

Quand on parle de destruction, qu’est un mot horrible, j’ai peur de la destruction, parce que je suis pour la vie, pour la félicité, pour l’amour, mais en même temps je me demande, comment peut-on vivre dans une réalité comme celle-ci, comment peut-on être amoureux de quelqu’un dans une réalité qui produit seulement de la merde et qui nous oblige à vivre dans la merde ? Ce n’est pas possible. Alors je dis, c’est pour ça que je suis pour la destruction. Je ne suis pas pour la destruction tout court, je suis pour la destruction de cette réalité, pour construire une société différente. Quelqu’un peut me dire, mais toi, comment tu peux être sûr que la société de laquelle tu es en train de parler serait mieux de ce que toi viens de définir comme une société de merde. Je ne suis pas sûr, mes copains. Je suis sûr que je n’aime pas cette société, et que tous les projets que depuis quarante ans je suis en train de développer dans ma tête et aussi dans mes mains, avec d’autres copains, pour transformer – attention, transformer, pas modifier – sont des projets de destruction. Et ils seront aussi des projets de destruction dans une société nouvelle, différente, même si cette société s’appelle l’anarchie, parce que l’anarchie c’est un projet, c’est un processus de développement, ce n’est pas quelque chose d’établi car sinon il serait une nouvelle forme de répression, même si elle s’appelle anarchie. Parce que les anarchistes qui sont allés au pouvoir sont les pires répresseurs de l’histoire. C’est inutile qu’on parle de révolution anarchiste si on ne tient pas en compte que la révolution anarchiste est un processus, ce n’est pas un état établi. C’est de cela que je veux parler ce soir, « vers l’insurrection », je veux parler d’un projet.

Alors, le projet est fait de moyens, de connaissances, d’idées, d’échanges d’idées entre des copains, des capacités de comprendre l’autre et d’essayer de ne pas l’étouffer avec ses besoins. Car chacun de nous a le besoin de vivre, et nous approchons le copain et nous sommes en train de dire tout de suite ce que nous voulons, ce que nous voulons faire, ce que nous voulons que lui il fasse pour nous – il faut laisser à l’autre copain un espace pour s’épanouir et pour nous faire épanouir, dans le même temps. C’est ça qui s’appelle de « l’affinité ». C’est ça qui s’appelle « recherche de l’affinité ». Parce que tous les sujets dont nous serons en train de parler ce soir, dont on sera en condition de parler, j’espère, se basent sur le concept de l’affinité. Je ne veux pas construire un parti, je ne veux pas même construire un mouvement établi selon certaines règles, certaines projets, certaines programmes, même que ce soit le programme de Malatesta, c’est de la merde ce programme. Pourquoi est-ce que c’est de la merde – car Malatesta c’était un grand homme révolutionnaire ? Parce que c’est périmé, les temps ont changés, les choses que nous sommes en train de dire ce soir, elles ne seront plus valables dans les trente ans à venir. Parce que le temps c’est une chose terrible, il faut essayer de voir la réalité dans laquelle les mots que nous disons maintenant se placent.

Aucun programme, aucun projet établi une fois pour toutes, l’affinité c’est quelque chose qui doit être recherchée. Nous sommes des copains anarchistes, nous savons qu’est ce que c’est un groupe anarchiste. C’est fait de copains qui se rencontrent, plus ou moins dans un endroit, dans un endroit plus ou moins connu, plus ou moins grand ou petit, plus ou moins sale ou propre (je ne sais pas, normalement c’est sale). Ils s’y rencontrent, s’y parlent, se voient, se regardent, s’aiment, il y a de la haine aussi quelque fois, des incompréhensions. Mais se voir ensemble dans un groupe anarchiste, peut-on qualifier cela comme la recherche de l’affinité ? Non. Non, mes copains. Cela est un quid pro quo très connu, très répandu. L’affinité, c’est autre chose. C’est une recherche qui parte de l’individu singulier, qui doit bouger pour chercher ses camarades. Évidemment, le groupe anarchiste est en endroit – en théorie – privilégié. Je cherche dans le groupe anarchiste mes copains pour faire des choses, et je ne peux pas embrasser le premier copain qui vient ce soir et que je n’ai jamais vu dans ma vie, et lui proposer de faire ensemble un hold-up. Je serais fou si je faisais ça. Alors je dois essayer de construire avec lui une connaissance. Mais cette connaissance n’est pas une amitié, n’est pas un amour, n’est pas une connaissance fondée sur la culture, sur la capacité de comprendre l’histoire de notre vie, mes problèmes, mes besoins, mes désirs… non, ce n’est pas ça. C’est construire sur la connaissance spécifique de… – j’étais en train de penser au mot « physisité ». J’ai devant moi un homme, une femme, c’est un corps que j’ai devant moi, quelqu’un qui me parle, mais les mots ne me disent rien, quelqu’un qui a des petits gestes, des petites réactions. Je dois les mesures ces réactions, je dois enquêter sur cela, pour voir quel type il est, quelles capacités il a, et seulement après je commence à le connaître, j’ai une certaine fréquentation, j’ai des petites expériences avec lui, banales, quotidiennes si vous voulez, stupides. Comment peut-on dire, on mange ensemble par exemple, je vois comment il mange, qu’est-ce qu’il mange ce copain, s’il commence à me casser les couilles sur sa sélection de manger et tout cela, si pour lui c’est cela la première chose de sa vie, bon, ce n’est pas un bon affinitaire, je n’ai pas une affinité avec lui, ce n’est pas pour moi. Par exemple, pour nommer les choses, si j’ai devant moi un copain qui est végétarien et qui parle tout le temps de ses problèmes de bouffe, c’est une chose qui ne m’intéresse pas. Mais si lui commence à me parler de choses qu’on peut faire ensemble, comment trouver les instruments pour faire des choses ensemble – on se comprend quand j’utilise le mot général « chose » ? Évidemment, des choses qui cherchent à transformer la réalité que nous avons devant nous. Quelqu’un m’a dit dans le passé, « mais ce sont des petites choses, qu’est que tu veux transformer la réalité avec une petite chose, avec la recherche de petits instruments pour faire des choses ou seulement pour s’entraîner, une sorte de sport révolutionnaire » ? Je n’étais pas d’accord avec de telles affirmations. Stupides, selon moi. Parce que ce sont ces petites choses qui font voir la disponibilité, la capacité. Il est arrivé par exemple, de me retrouver avec des copains que je croyais connaître bien, en train d’étudier une action ensemble, quelle qu’elle soit, ne parlons pas de détails évidemment, de l’étudier dans tous les détails – eh, n’oubliez pas que nous sommes en train de parler de l’affinité. Alors, on a étudié tout ça, la table pleine de papiers, de choses, de mesures, les comptes-rendu des passages, d’aller voir et tout ça. Et après, arrivés devant devant la porte – car il était nécessaire de passer par là – le copain se bloque, il s’arrête devant la porte. Ce n’est pas sa faute, c’est ma faute. C’est-à-dire que c’est ma faute, parce qu’il faut passer, je ne peux pas passer tout seul, je dois passer avec lui. Si lui ne veut pas passer cette porte et s’il se bloque, c’est ma faute. C’est ma faute parce que je n’ai pas individué l’affinité avec lui. Je me suis trompé, c’est tout. Alors on cherche de résoudre le problème, d’une façon ou de l’autre, et on retourne en arrière.

Alors pour retourner à notre problème : l’affinité est la base pour chercher des copains avec lesquels je suis capable de développer mon projet révolutionnaire. Ce n’est pas une question de nombre. Ce n’est pas qu’il faut être cinquante copains. Évidemment, il n’y a pas un niveau suffisant pour dire, « bon, on est maintenant dans la condition de bouger et de faire quelque chose », parce qu’on est trois personnes et si nous étions deux, on ne peut rien faire, non. Même deux personnes, deux copains, même trois, quatre, ils sont un groupe d’affinité. Le groupe d’affinité doit participer à la vie du groupe anarchiste à l’intérieur duquel le groupe se trouve, il doit faire toutes le choses que fait le groupe anarchiste. Propagande révolutionnaire, discussions, débats, manifestations, tout ce que vous voulez, mais il doit aussi avoir la conscience d’être une petite chose différente et se donner les moyens pour l’action qu’il veut réaliser au présent ou à l’avenir, tout seul en tant que groupe d’affinité. Et essayer de comprendre qu’est-ce que cela peut être des relations avec d’autres groupes d’affinité qui se forment dans le même groupe anarchiste ou ailleurs dans un autre groupe, dans une autre ville, un autre pays ; et d’établir des relations de collaboration. Parce que certaines objectives ne peuvent être atteintes, avec le seul groupe de deux, trois copains. Pour certaines objectives il faut peut-être être quarante personnes, et alors il y a peut-être quatre, cinq, dix groupes d’affinité. Cette mécanique arithmétique qui peut être un peu dégueulasse vu de l’extérieur, est une chose essentielle pour voir comment ça marche le mécanisme d’un projet. C’est une chose qui doit avoir une base organisationnel. On ne peut pas le laisser à la spontanéité de chaque personne, de chaque copain. J’ai été toujours de l’avis qu’on n’a pas suffisamment réfléchi sur la difficulté de comprendre le concept de l’affinité. Parce qu’il y a toujours des quid pro quo qui reviennent, parce que les copains se demandent « mais pourquoi ça ne peut être fait ensemble avec tout le groupe anarchiste, pourquoi ? », « pourquoi on ne peut pas parler des choses à faire tous ensemble à l’intérieur d’un groupe, ou sinon encore pire, sur la place avec les gens et tout ça ? ». Non, selon moi il faut apprendre à établir des niveaux différents dans lesquels on est en train d’agir. D’une façon différente.

Aller vers l’insurrection signifie, ou je crois qu’il peut signifier, bouger vers une situation différente de celle dans laquelle on se retrouve. Mais bouger tout seul ? Bouger seulement à travers les groupes d’affinité ? Non, parce qu’à un certain moment le singulier groupe d’affinité finit par finir un travail autour de leur queue, il tourne en rond, et cela ne signifie rien. Par exemple, ils disposent de moyens qu’ils peuvent utiliser mais qui restent inutilisés. Ils ont des connaissances, des études de la réalité, des recherches. Et par réalité, j’entends aussi la topographie. La topographie. Par exemple dans ma vie je n’ai jamais connu un anarchiste qui sait lire une carte militaire. Ho, une carte militaire hein. C’est fait par l’armée. Et voilà qu’il se retrouve à la campagne et il ne sait pas lire la carte militaire, il confond un arbre pour un trou et il tombe dans le trou. Alors, mais ça ne suffit pas, car qu’est-ce que cela veut dire que je sais lire une carte militaire et je ne fais rien ? Alors, il y a la situation dans laquelle c’est le pouvoir qui nous donne un goût et qui nous propose un modèle répressif inacceptable pour nous – mettons de côté pour l’instant le concept des gens, il est inacceptable pour nous, pour les anarchistes, inacceptable. Mais ça peut aussi être que ce sont les anarchistes même qui cherchent un objectif à attaquer, pourquoi pas ? Par exemple ici il y a le projet répressif de la maxi-prison qu’ils veulent construire, c’est une proposition que l’État a fait contre la réalité pour la transformer à son bénéfice, évidemment, selon ses projets, et ça c’est une chose. Mais l’initiative peut aussi être pris par le groupe anarchiste, les groupes d’affinités coordonnées entre eux et tout ça, ça peut arriver aussi, non ? C’est-à-dire, l’étude de la réalité, on ne peut pas être « en attendant la répression », on peut prendre l’initiative. Évidemment, la chose change, change beaucoup, parce que quelqu’un m’a dit quelques fois « bon, il y a toujours des formes répressives, la simple existence de l’État est une action répressive, il est donc facile pour nous d’attaquer quoi que ce soit ». Je ne suis pas trop d’accord avec ça. Qu’est-ce que cela peut signifier d’attaquer le flic qui est en train de passer dans la rue, c’est une expression de l’État, c’est l’État qui marche devant moi. C’est une considération extrêmement compliquée de développement de la répression qui est en train de marcher dans un individu singulier, avec son uniforme et tout ça. Non, ça ne me plaît pas, ça me semble une petite chose, ça me semble une lâcheté, ça me semble un défaut d’analyse plus qu’une lâcheté. Ça me semble qu’on ne pouvait pas faire quelque chose qui est plus importante et on fait alors la chose plus petite, plus facile, plus à côté, à portée de main. Eh non, parce que le moment dont nous sommes en train de parler c’est l’analyse, c’est-à-dire le projet, et le projet doit avoir une certaine, comment dire, capacité de développer. Et dans le développement même du projet, on voit combien de choses on peut faire pour attaquer, avant ou à côté du moment sur lequel nous sommes attaqués. Nous sommes des anarchistes, notre ADN (excusez-moi ce mot), c’est l’attaque, ce n’est pas l’attente. Je regarde les organisations anarchistes traditionnelles que nous avons parfois définies comme des organisations de synthèse. Ce sont des organisations qui attendent, elles attendent de se développer, de devenir grandes, nombreuses. Par exemple la situation espagnole de 1936 s’est développée d’une façon terrible selon moi à cause de la quantité. Parce que si vous pensez à l’intérieur de la CNT il y avait un million deux cent mille inscrits qui poussaient sur l’organisation : « bon, faites quelque chose, non ? », « allez à diriger notre situation, on ne doit pas envoyer la direction dans les mains des quarante mille communistes présents, nous sommes un million deux cent mille. » Donc, alors, on va au gouvernement, on va à la guerre. La guerre traditionnelle, avec l’armée. Ce sont les anarchistes qui ont fait ces choses, ce ne sont pas les envoyés de la planète Mars, ce sont les anarchistes. Mais ce n’est pas eux, pauvres garçons, c’est la quantité. La quantité, c’est une chose positive, mais en même temps c’est une chose très négative. Parce qu’elle bloque la décision d’agir. En certains moments tu penses que le moment est venu, le moment que tu descends du trottoir et tu vas dans la rue, basta. Si tu attends d’être trois, trente ou trente millions, c’est fini.

Je vais raconter une petite histoire que j’ai vécu personnellement. Je suis sicilien, dans une petite ville de la Sicile, Castelverano, à côté de Palerme, il y a eu des copains anarchistes dans les années cinquante qui faisaient un travail anarcho-syndicaliste. Et à un certain moment ils sont devenus représentatifs dans la petite ville, c’étaient les élections municipales. Et les gens leur disaient, « allez bon, maintenant vous allez à la marie, comme ça vous réalisez ce que vous avez dit depuis trente ans ». « Ah non », répondent les copains, « nous sommes des anarchistes, nous ne votons pas ». Les gens se disaient qu’ils sont fous ces anarchistes. Pendant trente ans ils sont en train de dire qu’il faut changer les choses et au moment qu’ils peuvent changer les choses à la marie, ils ne veulent pas y aller. C’est ça la contradiction, vous voyez. Si tu fais un certain discours, un discours quantitatif, il peut arriver un moment où les gens sont d’accord avec toi, mais alors toi tu dois aller jusqu’au bout, car si tu ne vas pas jusqu’au bout tu es un con. On ne peut parler biologiquement, de quoi tu es en train de parler si tu es en train de parler de merde depuis ton commencement ?

Alors, retournons à notre discussion. Le projet, c’est quelque chose qui doit se développer à partir de l’affinité, mais s’il y a un projet de l’État, de la répression contre une certaine réalité – pourquoi je dis une certaine réalité, parce que le pouvoir a évidemment un projet répressif total qui regarde toute la réalité, mais à un certain moment on commence à voir des nuances qui touchent certains côtés, ou une certaine partie, par exemple la population d’un certain endroit, cela arrive toujours. Par exemple ici il y a la question de la maxi-prison, ça touche seulement une partie de la Belgique, cela ne touche pas toute la Belgique. Alors nous sommes devant une action répressive spécifique. L’État veut réaliser son projet répressif global, avec une action spécifique que touche une certaine partie du territoire, une certaine quantité de la population et tout ça. Les anarchistes, on peut évidemment s’organiser pour faire quelque chose pour empêcher ce projet. Ils doivent s’organiser tous seuls ou avec les gens. Cela est un grand problème, ce n’est pas facile à décider. Parce que, regardez, il y a des copains qui ne sont pas d’accord de faire des choses avec les gens. J’en connais beaucoup. Ils sont d’accord évidemment de faire de choses dans une situation de lutte spécifique, mais parallèlement. Parce qu’ils pensent que « bon, ce n’est pas possible faire devenir anarchiste deux cent cinquante mille personnes ». Et je suis d’accord, ce n’est pas possible ça. Mais est-cela la seule solution ? Rester en dehors ? Ou commencer à parler avec les gens ? Et après, on arrive à un des points essentiels de notre raisonnement, seulement parler ? Ou essayer de faire passer des idées organisationnelles caractéristiques de l’anarchisme, qui sont évidemment fondées sur l’attaque, sur l’auto-organisation ? Même ça ce n’est pas facile. Parce que notre discours, nous parlons avec les gens, notre discours convainque les gens, les gens se rendent compte de ce que ça signifie le bouleversement d’un tel projet du pouvoir qui peut arriver dans un quartier, qui peut détruire des quartiers, qui peut transformer la vie de cent mille personnes, et alors ils songent à faire quelque chose. Chacun de ces deux cent mille personnes a une tête. Une tête, c’est une organisation entière. Chacun a son idée. Chacun veut faire une chose différente de l’autre. C’est normal, l’homme est fait comme ça, on doit s’émerveiller pour cette chose, même nous qui sont dans cette pièce, nous sommes en train de parler de quoi ? De quelque chose qui est différente dans la tête de chacun, nous la voyons d’une façon différente, et c’est bien que ce soit ainsi.

Comment se peut réaliser alors que les gens peuvent s’organiser d’une façon anarchiste sans devenir anarchistes, sans entrer dans les groupes anarchistes, sans que les gens mêmes se rendent compte d’accepter le concept anarchiste ? Parce que si j’approche quelque et je dis « écoute, il faut attaque, ça c’est un concept anarchiste », le type me répond « ça ne m’intéresse pas, je suis d’accord avec toi sur l’attaque, mais ça ne m’intéresse pas de savoir s’il l’attaque est un concept anarchiste. » Si je parle avec quelqu’un d’une attaque qui se base sur la conflictualité, sur l’affrontement permanent, je dois lui dire tout ce que c’est l’affrontement permanent, je dois lui dire qu’il n’y pas d’échéances, qu’il n’y a pas de moments où on peut être content de ce qui est fait et c’est fini la lutte. Il y a une lutte qui continue dans le temps, sans s’arrêter. « Affrontement permanent, ça c’est un concept anarchiste. » Et le type me dit, « qu’est-ce que cela signifie, ça ne me dit rien que ce soit un concept anarchiste, pour moi c’est bien le concept, je veux le réaliser. » Ce dont nous sommes en train de parler, ce n’est pas un bavardage, c’est une chose importante parce qu’on arrive au concept d’une organisation des gens d’une façon anarchiste sans que les gens ils se rendent compte d’être en train de s’organiser d’une façon anarchiste. Parce que sinon nous sommes en train de construire un parti politique, c’est-à-dire, si nous allons parler avec les gens, pour nous faire comprendre il faut utiliser un langage symbolique, il faut utiliser des tracts très frappants, il faut utiliser des symboles, ou sinon il faut utiliser des idées. Dans le premier cas, nous sommes en train de construire un parti, ça n’a pas d’importance s’il est grand ou petit, ou s’appelle anarchiste ou autre chose, c’est toujours un parti. Dans le second cas, nous sommes en train de construire une organisation spontanée. Spontanée, même avec notre interprétation, notre présence, c’est spontanée, car nous essayons de faire passer des idées anarchistes chez les gens sans mettre le tampon dessus que c’est une chose anarchiste. Ce n’est pas une nouvelle chose qu’on est en train d’affronter là. Bakounine s’y est attelé il y a 150 ans. Nous devons comprendre que nous ne sommes pas des politiques, nous ne parlons pas un langage politique, mais en même temps, nous ne sommes pas non plus juste des gens qui marchent avec le cœur dans la main, non, nous sommes des gens qui raisonnent en même temps. Ça ne suffit pas l’enthousiasme, ça ne suffit pas d’avoir toute notre disponibilité et de se mettre en premier rang pour affronter toutes les risques, affronter les flics, faire des bagarres. Non, ça ne suffit pas. Il ne m’intéresse pas le copain qui fait les choses comme ça et après il est content de ça, il arrive en prison, se tourne de l’autre côté dans son lit et se met à dormir parce qu’il a fait son boulot. Non. En tout cas, dans une telle situation le boulot doit encore commencer. Il m’intéresse celui qui raisonne, qui cherche à utiliser sa capacité de comprendre, à utiliser sa tête. Alors il doit avoir une expérience, qui se fait dans le temps, évidemment, mais aussi dans la rue, une expérience et une culture révolutionnaire. J’ai une terrible expérience de beaucoup de copains qui me disent : « ça ne m’intéresse pas des bouquins, ça ne m’intéresse pas les livres, je n’ai rien à voir avec cette histoire de lire, il ne m’intéresse que l’agir. » Je ne suis pas d’accord. On ne peut pas agir si avant tu n’as pas compris, et pour comprendre tu dois faire des efforts. Tu dois lire les livres, tu dois étudier, mais, écoute, le livre que tu es en train d’étudier, ça peut devenir une excuse pour dormir, pour rester toujours avec les livres dans les mains. Mais à un certain moment, tu dois fermer les livres et dire « assez de livres ! ». « Assez de livres » ne signifie pas « pas de livres ».

Alors le projet. Le projet révolutionnaire naît à travers la culture, la connaissance, l’expérience, la capacité, le cœur aussi, de dire à un certain moment, « bon, assez ». Tout cela est un ensemble, pas facile à comprendre, pas facile à couper en morceaux et de se dire, « bon j’ai fait cette petite chose, la petite partie de mon boulot, je suis content, je ne veux pas faire autre chose », non. L’anarchiste est un homme complet, c’est une femme complète, il ne peut pas être défini en petits morceaux. Par exemple j’ai eu l’expérience que beaucoup de copains qui savent lire et écrire et qui connaissent l’histoire anarchiste et tout ça, mais qui ne savent pas conduire une voiture. Mais qu’est-ce cela a à voir avec mon discours la question de savoir conduire une voiture, ou une moto. Écoutez, selon moi il y a à voir. Et si quelqu’un dans cette pièce ne sait pas conduire une voiture, ce serait bien qu’il l’apprend. C’est la même chose que la carte militaire dont on parlait avant.
Alors, je crois que je n’ai pas parlé d’insurrection, comme toujours, cela m’arrive toujours, mais je cherche à finir cette longue bavardage. Disons que l’effort qu’il faut faire, selon moi, en particulier ici, dans la lutte que vous êtes en train de développer, de réaliser, c’est de donner une contribution directe, mais pas lourde, pas avec le drapeau anarchiste, à la construction de groupes que vous-mêmes avez appelés si je me rappelle bien, cercles de lutte, qui, laissés toutes seules, ne peuvent pas bouger vers une attaque contre votre objectif – c’est une proposition à la discussion. Par exemple, nous sommes restés deux ans et demie dans une ville en Sicile pour lutter contre la base militaire américaine, à Comiso, et nous avons développés une lutte durant deux ans et demie. Je n’avais pas compris dans cette lutte, qu’est-ce qu’il pouvait se développer lors de cette lutte. J’étais resté là deux ans et demie, essayant de construire des groupes d’affinité, des noyaux de base, nous avons attaqué la base, on a pris notre lot de coups, on est allé à l’hôpital, chacun a fait sa part, mais je n’avais pas compris une chose qu’elle [compagnonne présente dans la salle] avait compris : que notre projet avait la possibilité d’une insurrection. Pas locale, mais une insurrection généralisée. Pourquoi ne pas rêver un développement comme ça ? Pourquoi pas dans cette petite ville de la Sicile ne pouvait-t-il pas se développer après une autre lutte, ensuite dans une autre ville, ensuite en Italie, en Europe et dans le monde entier ? Une insurrection généralisée, pourquoi pas ? Eh bien, les anarchistes sont les seules personnes au monde qui peuvent rêver une énormité comme ça, propre à l’hôpital des fous.

Vers l’insurrection, si cela a une signification pour moi, c’est ça : partir d’une lutte spécifique, après laquelle on ne sait pas ce qui peut se passer. Normalement on va en prison, normalement. Mais on ne peut pas dire « non, ce n’est pas possible un développement comme ça », pourquoi pas ?

Alfredo M. Bonanno

[La longue discussion qui a suivi cette première intervention n’a pas été enregistrée à la demande des copines et copains présents.]

Paris : la contestation de l’état d’urgence dans la face des militaires

repris de Brèves du Désordre
Deux militaires agressés en marge de la manif anti état d’urgence

Le parisien | 30 Janv. 2016, 19h05

Deux militaires en civil ont été agressés en fin d’après-midi en marge de la manifestation pour dénoncer l’état d’urgence et le projet de déchéance de nationalité*. Les deux victimes, mobilisés dans le cadre du plan vigipirate, font partie de l’opération Sentinelle mais étaient ce jour en repos.

L’agression a eu lieu rue Richelieu dans le Ie arrondissement aux alentours de 16h45 heures. Une vingtaine d’hommes habillés en noir, masqués ou cagoulés les ont encerclés. L’un des militaires, blessé à l’arcade sourcilière a été soigné sur place par les pompiers. L’enquête a été confiée au commissariat du 1e arrondissement.

Les policiers devront s’attacher à déterminer s’ils ont été visés en raison de leur qualité de militaire ou s’ils ont pu être pris pour des militants d’extrême-droite, selon une source proche de l’enquête. Le téléphone de l’un des deux militaires, a également été dérobé. Les agresseurs qui ont réussi à prendre la fuite sont activement recherchés.

* De 5000 à 20 000 manifestants à paris, mais aussi à Bordeaux (3.000 personnes selon les organisateurs),Toulouse (1.300 personnes selon la police, 1.800 selon les organisateurs), Nantes (800 selon la police, 1.000 selon les organisateurs), Lyon (1.000 selon la police) Marseille (moins d’un millier)

[Grenoble – Jardin des Utopies] Jeudi 28 Janvier, la parcelle menacée est complètement rasée

repris sur indymedia.nantes

Les Jardins d’utopie et des sympathisant-e-s on résistés toute la journée de Mercredi 27 janvier contre les pelleteuses de Science Po. Des banderoles ont été confectionnées, un balisage de la parcelle effectué, de l’ail et des radis ont été planté, les pieds de cassis encore en vie on été marqués pour être visible par les ouvriers du chantier. Ceux-ci nous on signalé qu’ils avaient comme projet de creuser une tranchée en travers de la parcelle pour mettre leurs canalisations. Mais tout le temps où nous étions sur le jardin, il n’on fait que creuser une tranchée à côté. Notre surprise fût grande quand le soir venu une fois les ouvriers partis, leurs tranchée fût rebouchée par des individu-e-s armées de pioches et de pelles (sûrement sympathisant-e-s de la lutte pour la sauvegarde de la parcelle), retardant ainsi les travaux mortifère du lendemain.

Mais la joie fut de courte durée, aujourd’hui Jeudi 28 janvier, la parcelle des jardins d’utopie dite de « la pelle 18 juin » derrière sciences Po est entièrement rasée et des barrières Heras empêchent l’entrée sur la parcelle. Une envie de vomir en voyant le carnage. Il n’y a que mensonge et hypocrisie dans les discours de l’administration de Science Po.
Après la poubelle d’Olivier Ihl (voir lien ici), après l’augmentation des frais d’inscription (qui sont passés à plus de 1000 euros), c’est encore une attaque contre les étudiant-e-s que Science Po mène sans représailles de notre part. Arrêtons de fuir !

Ils ont la loi, nous avons l’énergie et la force de dépasser les cadres, libre à nous d’imaginer la riposte et de continuer à faire vivre les lieux d’émancipation sur le campus. Et d’en créer d’autres ! Chaque coup porté contre les Jardins aura des conséquences, nous n’en resterons pas là !

Contre le béton et l’argent, Riposte pirate et potagère !

pour plus d’info :

deux articles sur indymedia : 1 2

et le site des jardins ici.

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27 février, les Jardins résistent toujours

Hier, Mardi 26, nous étions une vingtaine sur les jardins dès l’aube. Pas de tractopelle en vue même si des ouvriers trafiquottés quelques lampadaires par-ci par-là. Vers 10h, nous sommes allé foutre un petit coup de pression à Science Po. Dans le hall la direction vient nous parler après un quart d’heure de chahut. Le président nous dit qu’il n’y aura, pour l’instant pas de destruction de la parcelle mais qu’il va bien falloir l’abandonnée car le projet est vieux de 12 ans et que c’est impossible de faire machine arrière. En effet ils veulent encore et encore bétonner la terre ultra-fertile du campus (la terre la plus riche de l’agglo, avant le campus, des jardins paysans et ouvriers y étaient implantés) pour agrandir science Po(1 750 m² supplémentaires!).

Une petite assemblée de lutte s’est réunit après et il a été décidé que la seule revendication que nous donnons à l’administration de science Po c’est « L’arrêt immédiat du chantier. »
Or aujourd’hui, Mercredi 27 février après que les lycéens aient déserté le campus (hier c’était la journée du Lycéen) les pelleteuses sont revenues de plus belle. Elles tournent autour de la parcelle et un ouvrier nous a dit qu’il faudrait (aujourd’hui ou demain ?) qu’il creuse une tranchée dans la parcelle pour mettre des canalisations, arrachant par là les arbustes à cassis en bourgeon. Nous appelons dès maintenant et jusqu’à 17h à venir défendre la parcelle.

Ce n’est pas seulement des plants de cassis que nous défendons, c’est une autre vision du monde. Cette lutte n’est que la cristallisation d’enjeux beaucoup plus vaste qui concernent autant les étudiant-e-s que l’ensemble des habitant-e-s de l’agglomération et au-delà.
Raser une parcelle des jardins d’utopie c’est s’attaquer de front aux luttes paysannes et estudiantines qui on permit d’acquérir des droits et de former une génération de personnes à la vie, à la politique, à la Critiques.(luttes anti-cpe et autres…) Raser une parcelle des Jardins d’utopie c’est vouloir balayer d’un revers de main la pratique concrète de la critique contre ce monde productiviste et mortifère. Raser une parcelle des jardins d’utopie c’est s’attaquer à la jeunesse en lutte dans les Zads de toutes la France et d’ailleurs. Raser une parcelle des jardins d’utopie c’est vouloir en finir sur le campus avec les initiatives étudiantes à vocations politiques et émancipatrices. Enfin raser une parcelle des Jardins d’Utopie c’est mépriser une partie de la jeunesse qui s’active, c’est vouloir en finir avec un espace des possibles, effacer l’histoire d’un campus en lutte.

On ne lâchera rien, par un centimètre! Résistance pirate et potagère!

http://grenoble.indymedia.org/2016-01-27-27-fevrier-les-Jardins-resistent

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26 Fevrier à 6h30 : résistance sur les jardins d’Utopie !

Les Jardins d’Utopie fêtent cette année leurs 10 ans et l’administration de Sciences Po n’a rien trouvé de mieux que de faire la fête aux Jardins en rasant subitement une parcelle.

Les Jardins d’Utopie sont nés dans un contexte de lutte (le mouvement anti-cpe en 2006) et depuis dix animent le campus en semant graines et idées d’autonomies. Pendant ces dix ans il y a eu de nombreuses luttes victorieuses pour défendre les jardins.

Nous appelons toutes les bonnes volontés, jardiniers, étudiants, lycéens, simples passants… à venir défendre aujourd’hui (le mardi 26 Janvier) cette parcelle contre les bulldozers et à faire vivre les jardins. Des personnes seront là dès 6h30 du matin, pour se préparer avant l’arrivée des ouvriers du chantier. Nous ne connaissons pas l’heure du début du chantier.

TOUCHER à une parcelle des jardins d’Utopie c’est s’attaquer aux Jardins dans sa globalité et à toutes les forces qui les soutiennent.

(On plante de l’ail mercredi à 14H.)

Rispote pirate et potagère !

Campus SMH, arrêt tram B et C bibliothèque universitaire

http://grenoble.indymedia.org/2016-01-25-26-Fevrier-a-6h30-resistance-sur

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[URGENT ] une parcelle des jardins d’Utopie rasée

Une parcelle des Jardins d’utopie vient d’être rasé partiellement ce Lundi. C’est celle derrière science Po. Les ouvriers du chantier nous on dit qu’ils finiraient de raser la parcelle demain.

_ Nous appelons à une réunion de crise aujourd’hui (Lundi 25 janvier) à partir de 16h pour toutes les personnes motivé-e-s, jardiniers occasionnel-les ou non. Les Jardins d’Utopie Campus de Grenoble Arrêt tram B et C Bibliothèque universitaire, devant la BU Droit-lettres.

RIPOSTE PIRATE ET POTAGERE !!!!

http://grenoble.indymedia.org/2016-01-25-URGENT-une-parcelle-des-jardins-d

Link_go http://grenoble.indymedia.org/2016-01-28-Jeudi-28-Janvier-la-parcelle

Calais : La manif en soutien aux migrants part à l’abordage d’un ferry [mis à jour procès]

repris du blog cette Brèves du Désordre

Week-end sous tension à Calais, poudrière de la crise migratoire

Le Monde | 24.01.2016 à 19h21

La ville de Calais, frappée de plein fouet par la crise migratoire, a connu au cours du week-end des 23 et 24 janvier une forte poussée de fièvre, marqué par des débordements en marge d’une manifestation pacifique pour les migrants. Après avoir brièvement occupé un ferry, des migrants et des militants ont été interpellés par la police, tandis que des commerçants calaisiens organisaient une contre-manifestation pour « soutenir les emplois » dans ce contexte explosif.

Une manifestation pacifique en soutien aux migrants

Tout a commencé samedi par le défilé pacifique de quelque 2 000 personnes dans les rues de Calais pour exprimer leur « solidarité » avec les migrants et réclamer « des conditions d’accueil dignes ». Parmi elles, des Français, des Anglais, des Italiens, des Belges mais aussi de nombreux migrants, et des représentants politiques, comme la députée européenne écologiste Karima Delli ou l’ex-candidat d’extrême gauche à l’élection présidentielle Philippe Poutou (NPA).

Les manifestants s’étaient rassemblés pacifiquement « par solidarité et pour dénoncer l’inactivité de l’Etat français qui n’a pas la volonté d’assurer une vie meilleure aux réfugiés », comme l’a déclaré Rino, un étudiant italien de 22 ans, venu de Paris en bus et pour qui « une tragédie humaine » se joue à Calais.

« No jungle, no jungle », ont scandé les migrants qui ont pris part à la manifestation. « Ici, nous vivons de façon pire que des animaux ! », s’est insurgé Wali, un migrant afghan qui vit dans la « jungle », ce bidonville situé près de la rocade portuaire où survivent quelque 4 000 personnes.

Une cinquantaine de migrants s’introduisent sur un ferry

A l’issue du défilé, quelques centaines de personnes ont forcé un barrage en fin d’après-midi pour tenter de monter à bord du ferry Spirit of Britain, en provenance de Douvres et stationné dans le port.

Sur les quelque 150 personnes qui étaient parvenues à pénétrer dans l’enceinte du port, plusieurs dizaines ont réussi à monter à bord du navire, assurant vouloir rejoindre la Grande-Bretagne.

Vers 20 h 30, après plus de trois heures de blocage et la fermeture provisoire du premier port de voyageurs de France, les migrants ont été évacués par la police, qui a dû avoir recours à une passerelle mobile pour faire la jonction avec le bateau. Selon la préfecture du Pas-de-Calais, 24 migrants et 11 militants de l’association No Border (réseau de militants altermondialistes qui viennent en aide aux migrants) ont été interpellés sur le ferry et emmenés dans les locaux de la Police de l’air et des frontières (PAF).

Parmi eux, six migrants et deux militants de No Border seront jugés lundi 25 janvier en comparution immédiate pour « infraction au code des transports ». Ils risquent une amende de 3 750 euros et six mois de prison.

D’autres débordements en fin de manifestation

La maire (LR) de Calais Natacha Bouchart a en outre regretté « des débordements sérieux » en centre-ville où la statue du Général De Gaulle et d’Yvonne de Gaulle a été taguée « + Nik la France + (sic) ». « Une nouvelle fois, la preuve est faite par l’exemple que les manifestations organisées par des pseudo-défenseurs des migrants ont essentiellement pour vocation de perturber la vie économique », a-t-elle déclaré, réclamant la venue de François Hollande sur place pour « régler les problèmes » liés à la « jungle ».

Des heurts ont également eu lieu en marge de la manifestation avec deux habitants calaisiens [des fascistes locaux bien connus], dont l’un a brandi un fusil en forme de menace…
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Calais : procès renvoyé pour les migrants montés sur un ferry

Le Monde | 25.01.2016 à 17h07

Le procès des huit manifestants, dont six migrants, qui étaient montés illégalement sur un ferry dans le port de Calais (Pas-de-Calais) samedi a été renvoyé au 22 février.

Jugés pour « infraction au code des transports », ils risquent une amende de 3 750 euros et six mois de prison.

D’ici à leur procès, les six migrants « seront maintenus en détention », a précisé le président du tribunal correctionnel de Boulogne-sur-Mer. Les deux autres personnes, des militants No Borders (réseau de militants altermondialistes qui viennent en aide aux migrants), vont être relâchées, mais placées sous contrôle judiciaire car elles présentent des garanties sur leur présence au procès, selon la même source.
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Un site quelconque

Suite à la manifestation pour l’ouverture des frontières de samedi 23 janvier à Calais et à l’occupation d’un ferry, la police a procédé à 15 garde à vue. Huit personnes sont déférées ce lundi devant le tribunal de Boulogne sur mer pour l’occupation du ferry et risquent jusqu’à six mois de prison et une amende, un rassemblement est prévu devant le tribunal à 13h30. Trois italiennes sont en centre de rétention avec des obligations de quitter le territoire français.

27/01 Les trois camarades italiennes retenues au CRA de Lesquin depuis dimanche soir ont été libérées.
25/01 Le procès est reporté au 22/02. Les six migrants sont placés en détention jusqu’au procès pour défaut de représentation, les deux militants sont placés sous contrôle judiciaire avec interdiction de se rendre dans la région.

Prisons espagnoles : Texte de l’anarchiste Francisco Solar sur la prolongation de la prison préventive

Mardi 27 d’octobre [2015], nous avons assisté à la séance plénière où était débattue la demande de prolongation de notre préventive émise par le Parquet. Cette séance a eu lieu dans les nouvelles installations de l’Audiencia Nacional caractérisées par leur technologie de pointe, leur propreté immaculée et un certain air de solennité. C’était apparemment leur premier jour de fonctionnement, c’est-à-dire que nous inaugurions ces annexes judicaires ce qui s’est accompagné d’une série de problèmes techniques ridiculisant tant de prétention technologique.

Assis face aux juges, à la photographie du roi et au drapeau espagnol, nous écoutions l’exposé de la procureure quand nous avons eu une grande surprise ; aux faits pour lesquels nous étions mis en examen depuis deux ans venait s’en ajouter un autre : tentative d’assassinat à modalité terroriste*. Du fait de la personne qui a été légèrement blessée à une oreille à cause de l’explosion dans la Basilique du Pilar. Evidemment cela répond à une stratégie du Parquet pour garantir notre maintien en détention deux ans de plus, ainsi que pour donner plus de poids juridique et médiatique à l’accusation.

Une autre “surprise” a été de comprendre que les juges composant la salle, faisant fi de leur vénérée légalité, ont effectué des tâches d’instruction de l’affaire en émettant des commissions rogatoires auprès d’un tribunal de Saragosse, activité qui ne relève pas de leur compétence. Ainsi, la décision de prolonger la prison préventive était prise par avance. Restent maintenant à venir les réquisitions du procureur ** quant au nombre d’années qu‘ils veulent nous enfermer, puis ce sera le procès.
Le fond inquisitorial de l’Etat Espagnol est manifeste, comme nous avons pu l’apprécier lors de cette séance. L’héritage de Torquemada scellé par le sang et le feu est encore en vigueur dans l’action punitive de la société démocratique abêtie par le mirage citoyen suppliant pour le renforcement de l’Etat et de ses Droits. Le renoncement à des idées et des pratiques, de même que le clair intérêt que porte l’Etat Espagnol au repentir et à la demande de clémence, sont des expressions de cette tradition qui cherche à anéantir la volonté de lutte de ses ennemis ; cela représente en définitive une manière perverse et subtile d’éliminer toute tentative de dissidence et d’affrontement.

L’enfermement dans des modules d’isolement est, à mon avis, une autre expression inquisitoriale en ce qu’il correspond à une stratégie du pouvoir liée à la tentative de briser des personnalités, d’anéantir des convictions et des identités. On isole les individus dans des taules à l’intérieur des taules dans le but qu’ils rompent avec leurs espaces affines et finalement nient les idées qui les ont mené-e-s en prison. La perte de contact crée des couches de silence mélangées avec la multiplicité d’interprétations qui vont s’accumulant les unes après les autres et provoquent replis sur soi et confusions dans l’individu isolé-e qui essaie de se faire une image de telle ou telle situation dans la solitude de quatre murs qui, c’est certain, sont de très mauvais conseillers.

Les dernières arrestations confirment sans aucun doute que l’Etat prétend anéantir l’anarchisme rapidement et efficacement. Je ne crois pas que cette affirmation soit exagérée ; nous sommes plus de 40 personnes mises en examen sous des charges de terrorisme au cours de quatre opérations policières différentes, cette répression n’ayant manifestement aucun rapport avec le niveau de conflictualité existant. C’est indéniable et il suffit de regarder les mandats de prison pour le confirmer. Par conséquent, ce que nous vivons est une tentative claire de la part du Pouvoir de balayer et d’en finir avec la dissidence qui ne rentre pas dans le cadre -et est contraire- aux moules citoyens. Ou on accepte les règles du jeu démocratique et on mène une pratique politique dans les cadres institutionnels ou on atterrit en taule. C’est aussi clair que ça. Conversion ou anéantissement. Torquemada se promène encore dans les couloirs où se forge l’infamie.

La maire de Madrid, Manuela Carmena, a dit il y a quelques mois une phrase révélatrice dans ce sens : “Ce qui est bien, c’est que des jeunes qui avant avaient une pratique politique en dehors et à la marge des institutions, misent aujourd’hui sur celles-ci”. Je pense que les arrestations massives d’anarchistes sont étroitement liées à l’essor du caractère institutionnel citoyen, ce sont les deux faces de la même monnaie, le gentil et le méchant flic, la brutalité et la subtilité démocratique du Pouvoir qui se complètent pour en finir avec celles et ceux qui tentent de reprendre leur vie en main. Face à ce panorama complexe et adverse, je pense qu’il est nécessaire d’être conscients de cette tentative d’anéantissement et des différentes formes qu’elle prend pour y faire face de manière radicale, sans tomber dans des mirages citoyens et démocratiques, y compris quand la prison est déjà une réalité pour beaucoup. Ce positionnement n’a rien à voir avec des postures de martyre ou héroïques, il s’agit seulement de comprendre la prison comme faisant partie de la lutte, où rien ne se termine et où tout continue. Je pense indispensable de maintenir et d’affuter des discours et des pratiques antagoniques, tout comme de briser la passivité et l’inaction pour miser sur un affrontement réel contre le Pouvoir.

Les portes qui s’ouvrent avec leurs droits sociaux ne visent qu’à générer et à accroitre la servitude volontaire, c’est-à-dire, à ce que nous soyons nos propres flics, incapables d’opposer aucune résistance. Dans cette réalité où l’Etat est omniprésent, pratiquement atmosphérique, il est impossible de fuir et de mener une vie loin de ses tentacules, ce qui rend donc l’affrontement inévitable. Ainsi, le questionnement individuel s’avère, avec la négation et la confrontation avec l’existant, indispensable dans la lutte pour la libération totale. L’autonomie individuelle mue par nos propres capacités et passions est le substrat de notre auto-construction dans la quête et dans la pratique de la liberté sans compromis.

Francisco Solar
Automne 2015

Notes
*Finalement la charge de “tentative d’assassinat terroriste” n’a été utilisée que comme prétexte pour obtenir la prolongation de prison préventive et n’a pas été formellement imputée aux compagnon-e-s.
** La réquisition du proc de 44 ans de prison pour chacun-e d’entre eux est tombée le mois de décembre dernier

[Traduit de l’espagnol de Contrainfo, 19 enero 2016]
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Sur les réquisitions du procureur à l’encontre de Mónica Caballero et Francisco Solar

Comme certain-e-s le sauront déjà, le mois décembre dernier le Parquet de l’Audiencia Nacional a présenté ses réquisitions pour le procès contre Mónica Caballero et Francisco Solar. Les réquisitions sont de 9 ans pour appartenance à une organisation terroriste, 18 pour massacre à finalité terroriste, 12 pour blessures y 5 pour conspiration, le total s’élevant à 44 années de prison pour chacun-e d’entre eux. A cela vient aussi s’ajouter l’interdiction de vivre à Barcelone ou Saragosse pendant une période de 10 ans une fois qu’ils seront remis-e en liberté et presque 200.000 euros d’indemnisations.

Voilà le dernier pas en date dans la procédure légale qui maintient les compagon-ne-s en prison depuis plus de deux ans et qui semble indiquer que la date du procès devrait tomber prochainement. Celui-ci aura lieu à l’Audiencia Nacional et pour ce faire, les compagnon-ne-s devront de nouveau être transféré-e dans des taules de Madrid.

La vieille stratégie de l’Etat espagnol, qu’il a su si bien utiliser avec sa dure législation antiterroriste, lui permet de déchaîner son esprit de vengeance en requérant de lourdes condamnations, devant de plus être purgées jusqu’à fond de peine et dans des conditions carcérales plus restrictives et contrôlées.

L’engrenage répressif suit son cours, fidèle à son intention de briser la personnalité de celles et ceux qu’il ne parvient pas à soumettre ; les châtiments exemplaires, la suppression de l’intimité, le contrôle des communications, la privation de contact physique et toute la logique de l’enfermement dans son ensemble font partie des efforts de l’Etat pour parvenir à cet objectif, qu’il n’arrive pourtant pas toujours à imposer, malgré la perversité de ses méthodes. Dans ce sens, une des armes les plus précieuses des anarchistes a toujours été la solidarité et un de leurs défis consiste à rompre le cercle que crée la répression, en impulsant différentes initiatives qui d’une manière ou d’une autre, combattent l’isolement de la routine carcérale et agitent, au-delà de l’espace physique de la prison proprement dit, contre la domestication des idées par l’apathie, la peur ou la punition.

Cette volonté s’est manifestée en de nombreux endroits et de diverses manières, révélant les points de conflit, là où l’obéissance n’a pas triomphé. Comme l’a dit l’un-e d’entre eux dans un de ses textes :  » chaque tentative de s’approprier notre expérience est une tentative de rompre avec la domination carcérale. Chaque étincelle de liberté qui surgit de l’affrontement contre le Pouvoir entame le moule de la civilisation et imprime un contenu à l’idée/ slogan : un anarchiste en prison n’est jamais seul. »

Toute notre solidarité, notre complicité et notre tendresse à celles et ceux qui se lancent dans la lutte contre la domination, aux anarchistes emprisonné-e-s ou poursuivi-e-s, à Mónica, Francisco, Nahuel et aux prisonniers en lutte Gabriel Pombo et Juankar Santana, dont nous venons d’apprendre qu’ils mettent un terme à la grève de la faim qu’ils avaient commencée le week-end dernier, la prison ayant accédé à leurs revendications.

Force aux anarchistes emprisonné.e.s
Mort à l’Etat et vive l’anarchie !

janvier 2016

[Traduit de l’espagnol de Contrainfo, 19 enero 2016 ]

Pour leur écrire
:

Mónica Caballero Sepúlveda
Francisco Solar Domínguez
C.P Villabona-Asturias
Finca Tabladiello s/n
33422 Villabona-Llanera
(Asturias)

Juan Manuel Bustamante Vergara
C.P. Madrid IV, Navalcarnero.
Ctra. N-V, km. 27.7,
28600 Navalcarnero, Madrid.

Gabriel Pombo Da Silva
Juankar Santana Martin
C.P. La Moraleja, (módulo 5 para Gabriel, 4 para Juankar)
Crta. Local P-120
34210 Dueñas (Palencia)

Radiocane / Bruxelles: le maxi-prison impossible

Note:reçu ce texte et l’émission de radio par mail de radio cane traduction parNDR et on a ajouté une la vidéo dans le texte reçu en pièce jointe , cette émission sera une occasion de connaître l’italien et d’autres encore de se sensibiliser sur cette lutte contre la maxi prison

À partir de décembre 2012, nous avons tâché d’être présents en différents quartiers de Bruxelles, en réunissant l’intention de lutter contre la construction d’une maxi-prison à la critique des transformations en cours au Buxelles et de la prison (un dossier ). » Dans ces termes contre le projet de maxi-prison (sur lequel une bien belle video existe en français aussi), il synthétise une approche qui remue quelques camarades belges dans cette lutte spécifique: diffusion décentralisée et imprévisible des hostilités, intervention dans un contexte déjà caractérisé par antagonismes sociaux forts et qu'il a vu, de 2006 à 2011, la diffusion d'importantes révoltes contre et autour des prisons. De cette lutte nous nous sommes faits raconter de quelques camarades de Bruxelles, aussi en relation au procès qui a commencé le 22 Janvier, 2016 contre les quatre camarades avec l’accusation grotesque « échec à prévenir » la destruction d’un modèle de la maxi-prison dans les locaux de la «Régie des Bâtiments », l’entité public-privé officiellement désigné comme « l’expert immobilier de l’état fédéral.
bonne écoute de l’émission

vous pouvez là touver ici

Brescia (Italie) : Revendication d’une attaque et réflexions sur les attaques et ceux qui en parlent

NdAttaque : on publie ici cet article tiré de Non-Fides. Nous voulons ainsi, avec cet exemple d’outre-Alpes, contribuer à la réflexion sur les attaques, leurs revendications, et ceux qui en parlent.

On apprend des médias locaux qu’à 4h37 de la nuit de vendredi 18 à samedi 19 décembre, un engin artisanal a explosé devant la porte de l’école de police de Brescia (Pol.G.A.I. – Scuola di Polizia Giudiziaria Amministrativa Investigativa). Une cocotte-minute remplie de poudre noire a détoné en dégradant la façade et, certainement, en réveillant en sursaut les près de 200 apprentis-policiers qui dormaient à l’intérieur de l’école. Le parquet a ouvert une enquête pour acte de terrorisme avec explosifs ; la Digos est en train de regarder les images de vidéosurveillance (sur lesquelles apparaît un individu seul et le visage couvert), tandis que des barrages routiers ont été immédiatement établis sur les routes nationales et les rocades de la ville. Les investigations se concentrent sur le mouvement anarchiste, et l’hypothèse court d’un lien entre cette action et le lancement de Décembre noir.
[Traduit de l’italien de informa-azione par Brèves du Désordre, Sab, 19/12/2015 – 11:43]

Le lendemain parait le texte Sotto Pressione, allégorie exégétique sur cette attaque anonyme “qui appartient à tous” parce qu’elle est “anonyme”.

Le lundi 04/01/2016 paraissait sur Informa-Azione, le communiqué de revendication suivant, que nous traduisons de l’italien :

« Dans la nuit du 17 au 18 décembre, nous avons placé un engin (8 kg de poudre noire) devant l’ « école » de police de Brescia. Une action symbolique pour faire des dommages matériels. Nous avons agi à cette heure pour ne pas blesser des personnes sans discernement.
Avec cette action nous avons entamé notre projet d’attaque Anarchiste comme Cellula anarchica acca [Noyau anarchiste ache] – C.A.A., en affinité avec l’internationale noire, et nous répondons à l’appel à l’action pour un DÉCEMBRE NOIR.
Nous nous unissons à un tel parcours parce que :
Nous aimons l’idée d’une coordination internationale d’anarchistes pour l’action directe.
Notre idée de « complicité » dépasse les groupes et groupuscules.
Nous utilisons les moyens que nous pensons adéquates, en cherchant la croissance dans les moindres détails de l’action. En ce sens, cet acte est nul quant à ses dommages matériels, mais il est important pour armer notre autoorganisation, surtout en ce moment, quand nous voyons une grande résignation parmi les anarchistes d’Italie.
Nous avons attaqué un des bras armé de l’État. Dans cette « école » sont formés des flics d’Italie et d’autres pays. C’est aussi un petit signal contre la guerre.
Nous nous solidarisons avec les personnes qui luttent contre tous les États et le capital.
Notre pensée va aux nombreux compagnons réprimés, enfermés, torturés ou tués dans le présent et le passé. En solidarité avec tous les détenus qui luttent.
Ceci est un acte de complicité avec les enfermés : pour Alfredo, pour avoir tiré sur Adinolfi, pour Chiara (anarchiste No TAV) pour l’attaque au chantier, pour Nicola Gai qui a jambisé le Directeur Général d’Ansaldo avec Alfredo et c’est le minimum qu’il méritait, pour Nico, anarchiste No TAV…
Pour Monica et Francisco, qui résistent avec simplicité et dignité dans les prisons espagnoles.

Pour Tamara Sol, qui nous a montré comment on venge les compagnons.
Pour Nikos, pour sa contribution simple et humble à un appel à la lutte.
Pour les compagnons de la CCF.
Pour les compagnons qui luttent, en prison et deho
rs. »

Un appendice est ajouté :

Réponse au texte Sotto pressione [ « Sous pression », publié sur Finimondo le lendemain de l’attaque ; NdT.].

La raison principale de cette action n’est pas la pression [d’une vie d’exploités, comme suggéré dans le texte en question ; NdT] qui nous fait exploser, mais la passion illimitée qui libère.
C’est cela qui nous a armés cette nuit-la à Brescia : la passion d’essayer de nous libérer de l’exploitation, celle d’une vie digne d’être vécue, celle de la liberté.
Ce sont des passions et des désirs transformés en action, certains parmi les plus beaux gestes de la vie devant la banalité envahissante du spectacle. C’est elle, la passion illimitée, qui a explosé cette nuit-là à Brescia.

Les questions que nous posons aux auteurs de ce texte sont :
Les actions ne parlent-elle pas toutes seules ?
Pourquoi, alors, parler des actions ?

Nous n’avons pas aimé lire [dans ce texte ; NdT] que « c’est cette pression-là qui a explosée dans la nuit à Brescia », même si cela a été dit « de bonne foi ». Nous ne l’avons pas vécu ainsi.

Les actions en elles-même ne parlent pas toujours seules – ceci en est la preuve.

Cellula Anarchica acca.

[Ces deux communiqués ont été reçus via des mails anonymes et publiés par Informa-Azione.]

Limoges : Vinci morfle… ce ne sera ni la première ni la dernière fois

Zad partout : revendication sabotage eurovia vinci limoges, 26 janvier 2016

eurovia: crève!
comme vinci ou areva
multinationales de merde

et tous vos associés
vos potes des minitères, vos esclaves dans les bulldozers [sic!]
vos bétonneurs assermentés et vos robocops lobotomisés

de Notre Dame des Landes au Val de Suza
de Flamanville à Fuckushima
il semble que vous soyez résolus à faire de cette Terre une poubelle
et c’est pas rémi fraisse qui vous arrêtera
et c’est pas l’état d’urgence qui nous arrêtera Continue reading

repris du blog Attaque

[Suisse] Nouvelle adresse de Marco Camenisch emprisonné en Italie et en Suisse depuis 1991

note:on cete adresse a été publié sur le blog du laboratoire et on peut trouver une [Chronologie établie à partir de la presse italienne,
et de Terra Selvaggia n°12, mars 2003] ici et aussi cette information le procés de Billy, Costa et Silvia continue à Turin après l’audience du 13 janvier,une semaine d’action contre les technosciences et les nanobiotechnologie et les neurosciences est prévu dans toute l’italie du 22 au 28 février.. La prochaine audience du procès sera le 2 Mars
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Marco Camenisch emprisonné en Italie et en Suisse depuis 1991 et dont la peine devrait se terminer au plus tard en 2018 a été transféré dans une « prison ouverte » (où des congés pénitentiaires peuvent être octroyés).

Qui veut penser a un cerveau, qui veut comprendre, comprend le langage de l’humanité et de la vie. Les cadavres vivants comprennent uniquement la langue de l’argent, de la richesse, du pouvoir, de la loi. À ceux-là, je ne peux que dire : en considérant que vous n’écoutez que les canons, que vous ne comprenez pas d’autres langues, nous avons décidé qu’il faut tourner les canons contre vous.

Marco, après une expérience de vie à l’alpage, développe la conscience de l’impossibilité de vivre l’illusion de l’ “île paradisiaque” : sa place est dans les luttes qui, dans les années ’70, enflammèrent l’Europe. La conviction que combattre les projets de dévastation de l’industrie nucléaire et hydroélectrique soit un engagement de lutte incontournable mûrit en lui. En novembre 1979, un pylône à haute tension de la NOK est endommagé à l’explosif, en décembre de la même année, les transformateurs de la centrale hydroélectrique Sarelli subissent le même sort. Les autorités grisonnes mettent une récompense de 10’000 francs suisses sur la tête des personnes ayant perpétré les attentats. A cause d’un délateur, en janvier 1980, Marco Camenisch et René Moser sont arrêtés, et en un mois, ils sont les deux condamnés pour les sabotages à respectivement 10 et 7 ans de prison ferme.

Le rêve de chaque détenu est celui de sortir de prison : il y a ceux qui attendent la fin de la peine et ceux qui, par contre, décident de sauter le mur d’enceinte. Après les premiers jours d’enfermement passés à l’isolement, Marco essaie par deux fois de reconquérir la liberté : en comptant sur la facilité plus grande de fuir des secteurs hospitaliers, une première fois, il simule une crise nerveuse, et la deuxième fois, il s’automutile. Les deux tentatives échouent à cause de la surveillance particulière qui lui est appliquée. Deux années plus tard, le 17 décembre 1981, il réussit à s’évader de la prison
de Regensdorf avec cinq autres détenus. Un coup de spray aveuglant à la face d’un garde, un pied pour tenir la porte ouverte en attendant ses compagnons, un échelle appuyée sur le mur de l’enceinte, et c’est parti pour la liberté… C’est le début d’une longue période de clandestinité, entre nuits sous les étoiles, sentiers de lutte et nouveaux liens qui se tissent…

Après dix années de cavale, la liberté de Marco a été interrompue par un banal contrôle des carabiniers dans une localité aux alentours de Massa (Toscane). A la demande de ses papiers, Marco extrait un semi-automatique ; dans la fusillade qui suit, touché aux deux jambes, il est contraint de se rendre. Un carabinier est blessé. Martino, c’est comme ça que Marco se fait appeler en Italie, est arrêté avec un compagnon qui était avec lui cet après-midi là. L’identité de Marco reste inconnue pendant plusieurs jours. Dans la tentative de l’identifier, des interrogatoires brutaux ont lieu afin d’extorquer par la force cette information. Pendant l’été 1992, le procès se déroule au tribunal de Massa : à Marco sont imputés d’une part la blessure au carabinier et d’autre part divers sabotages sur des pylônes à haute tension ayant eu lieu en Toscane, avant et après son arrestation… La condamnation à 12 années est « exemplaire » : un signal des autorités face à la multiplication des sabotages contre des usines nocives en elles-mêmes ainsi que pour le modèle de vie qu’elles alimentent.

Pendant ses près de douze années de réclusion en Italie, Marco a connu différentes prisons et secteurs spéciaux comme ceux de Novara et Biella aménagés spécifiquement dans une démarche de casser l’activité et la résistance des prisonniers politiques révolutionnaires. Les transferts fréquents sont une des méthodes utilisées par la répression pour épuiser les prisonniers et entraver les rapports avec la famille et les personnes solidaires. Les années de privations, les quartiers de haute sécurité, les tortures n’ont pour autant pas étouffé son esprit rebelle et de lutte. Cela n’a pas non plus coupé ce lien qui unit – dans la tension pour la liberté – les insoumis d’un côté et de l’autre des barreaux et des murs des prisons. Au contraire, depuis l’intérieur de la prison, Marco a toujours été un stimulant très important pour le développement des luttes radicales contre les injustices et les venins de cette société.
Depuis dehors, au cours des années, les actions de solidarité, faites de rassemblement et de sabotages, tractages et incendies, ont été innombrables.

Chronologie

21 JANVIER 1952
Marco Camenisch naît en Suisse à Sichers, un village des Alpes rhétiques situé
dans le canton des Grisons.

13 NOVEMBRE 1979
Un pylône de haute tension de l’entreprise NOK est saboté par Marco Camenisch et René Moser.

25 DÉCEMBRE 1979
Marco et René s’en prennent à la centrale hydroélectrique Sarelli, en détruisant un pylône en ciment et les transformateurs.

8 JANVIER 1980
Marco et René sont arrêtés dans le canton de St-Gall.

30 JANVIER 1981.
Le tribunal de Coire condamne René à sept ans et demi et Marco à dix.

17 DÉCEMBRE 1981
Évasion rocambolesque de la prison de Regensdorf dans la région de Zurich. Marco escalade le mur avec un groupe de détenus du milieu criminel de Bergamo. Un échange de coups de feu a lieu entre un prisonnier en fugue et les matons. Un maton meurt et un autre est blessé. Bien que Marco n’est pas armé, il est reconnu responsable du meurtre. Commence alors la longue cavale sous la marque de danger public.

3 DÉCEMBRE 1989
A Brusio, dans la vallée Poschiavo (GR), Marco, suite à une visite discrète sur la tombe de son père, mort deux mois auparavant, est contraint à une fugue précipitée en Italie.
Durant la matinée, Kurt Moser, un garde frontière suisse, est tué à coups de pistolets. Les gendarmes distribuent aux habitants de la zone des photos de Marco signalement et intimident sa mère et son frère.

5 NOVEMBRE 1991
Après dix ans de liberté, la course de Marco se termine. Lors d’un banal
contrôle d’identité dans la commune de Montignoso (Toscane), au pied des Alpes apuanes, la patrouille de carabiniers est sommée de s’arrêter sous la menace d’un revolver dégainé pour assurer sa fugue. La réaction d’un des deux militaires déclenche toutefois une fusillade qui se conclu avec une blessure au bras d’un carabinier et aux jambes de Marco qui est alors arrêté.

12 JUIN 1992
Solidaires à Marco, de nombreux-euses compagnons se rassemblent au tribunal de
Massa (Toscane) à l’occasion du procès. Dans les mois qui suivent, en Toscane, le nombre de pylônes et de systèmes de communication abattus augmentent vertigineusement. La solidarité envers Marco est constante dans les revendications qui accompagnent les actes de sabotage. En octobre, accusés de certains de ces attentats, 6 anars sont arrêtés et successivement relâchés.

FÉVRIER 1993
Marco fait une grève de la faim dans la prison de San Vittore (Milan).

AVRIL 1993
Il entame encore 40 jours de grève de la faim pour obtenir son transfert dans une
autre prison.

OCTOBRE 1993
Grève du plateau et du travail conduite collectivement par les détenus de la zone
spéciale de Novara (Piémont).

26 NOVEMBRE 1993
Sentence de la Cour d’Appel de Gênes : les 12 ans de condamnation sont confirmés pour délits à l’explosif, lésions simples, recel et falsification de documents.

JANVIER 1996
Prison de Novara : 18 jours de grève de la faim pour protester contre les
conditions d’enfermement.

17 SEPTEMBRE 1996
Les carabiniers du ROS [Regroupement opératif spécial, ce sont les flics politiques de l’armée] notifient à Marco, à la prison de Novara, un ordre de mesures de précaution pour l’enquête contre le mouvement anarchiste amenée par le procureur Marini. Pendant le procès il sera acquitté.

25 JUILLET 1999
Manifestation de solidarité à Novara devant la prison.

25 JUIN 2001
Environ 150 compagnons participent à un rassemblement solidaire devant la prison
de Biella.

18 AVRIL 2002
Extradition : Marco est transféré de la prison de Côme (Lombardie) à celle de Pfäffikon, près de Zurich, où il lui est imposé l’isolement total sans parloir.

1 JUIN 2002
Rassemblement solidaire devant la prison de Pfäffikon.

AOÛT 2002
Manifestations de solidarité pour Marco en Suède et en Belgique.

13 SEPTEMBRE 2002
Journée de mobilisation internationale avec des rassemblements solidaires.
En Italie, Suisse et dans d’autres pays : nombreuses initiatives d’agitation et de sabotage en soutien à Marco. Des actions et des manifestations en tous genres se déroulent aussi pendant les semaines précédentes et les suivantes.

DÉCEMBRE 2002
La revendication de l’envoi d’un colis avec des projectiles à l’ambassadeur
suisse à Rome est transmise à la presse anarchiste. L’action réclame la liberté pour Marco et revendique, dans le même document, l’incendie d’un magasin Benetton à Rome en solidarité avec le peuple Mapuche.

12 DÉCEMBRE 2002
Marco est transferé à la sombre prison-forteresse de Thorberg. L’intention d’anéantissement de la part des autorités helvétiques est claire. Marco entreprend une longue grève de la faim contre les insoutenables conditions d’enfermement.

16 DÉCEMBRE 2002
Manifestation de solidarité devant la prison de Thorberg (Canton de Berne).

JANVIER 2003
Les autorités desserrent l’étau, d’un côté par crainte que Marco puisse mener jusqu’au bout sa grève de la faim, de l’autre à cause des nombreuses actions de solidarité dans tout le monde qui brisent le silence de l’isolement. Actions qui culminent avec l’incendie de la télécabine à l’Abetone. Marco est transféré à Pfäffikon.

4 FÉVRIER 2003
Transfert à Coire. Après plus de vingts ans, Marco retourne dans les Alpes
rhétiques, prisonnier dans ces montagnes qui ont vu naître et grandir sa vie rebelle.

9 FÉVRIER 2003
Rassemblement devant la prison de Coire.

FÉVRIER 2003
Les attaques incendiaires en solidarité à Marco continuent dans plusieurs localités
italiennes.

24 SEPTEMBRE 2003
Opération « Black Out » du Parquet de Gênes et des ROS de Florence et de Livorno : 50 perquisitions et 12 avis d’ouverture d’enquête pour association de malfaiteurs. Marco est parmi les personnes sous enquêtes et sa cellule est fouillée grâce à une commission rogatoire internationale. Il sera finalement acquitté tout comme les autres prévenus.

29 OCTOBRE 2003
Marco est transféré à la prison de Kloten, près de l’aéroport international de Zurich.

2 NOVEMBRE 2003
Rassemblement devant la prison de Kloten.

NOVEMBRE 2003
Paris, Istanbul, Bruxelles : encore des initiatives d’agitation en solidarité avec Marco et les prisonniers en lutte.

AVRIL 2004
Prison de Kloten : grève de la faim en vue du début du procès.

8 MAI 2004
Cortège international non autorisé dans les rues de Zurich. Beaucoup d’interpellations
et quelques arrestations pour résistance.

10 MAI 2004
L’Etat suisse présente l’addition : le procès contre Marco débute à Zurich. L’accusation la plus grave est celle du meurtre du garde-frontière Kurt Moser. Après quelques jours la cour sanctionne Marco à une condamnation à dix-sept ans.

10 MAI 2004
Pendant le procès de Marco, la présence bruyante de compagnons solidaires
provoque l’évacuation forcée de la salle. Bagarres.

25 MAI 2004
À Zurich, la tour principale de la télévision SF DRS est incendiée. Les transmissions
restent interrompues pendant quelques heures et les journaux locaux relatent que l’action est en soutien à Marco, en procès les mêmes jours à Zurich.
En Italie aussi, les jours du procès sont marqués par quelques attaques incendiaires.

11 JUIN 2004
Une nouvelle boucle se boucle pour Marco, à savoir le retour à Regensdorf, la
prison de la grande fugue.

ÉTÉ 2004
Inlande, Zurich et encore Italie : sabotages contre les nuisances et la répression en solidarité avec Marco.

11 JANVIER 2005
Des maisons secrètes dans la campagne où s’entraînent les forces de l’ordre sont brûlées. Il s’agit des lieux d’entraînements des flics engagés contre les mobilisations à Davos, pendant la manifestation pour Marco réprimée durement en mai 2004 ainsi que pour les cortèges du premier mai.

22 MAI 2005
Manifestation internationale devant la prison de Regensdorf.

JUILLET 2006
14 jours de grève de la faim à Regensdorf en solidarité avec les compagnons turcs
touchés par la répression. La mobilisation en soutien à la grève de la faim s’exprimera dans plusieurs localités suisses avec des dégâts et de la peinture contre des cibles financières et institutionnelles suisses et turques. Ces actions continuèrent plusieurs mois et, en octobre, le même sort touchera aussi le consulat suisse de Salonique en Grèce.

JANVIER 2007
Actions à Berne et à Zurich encore en soutien à la grève de la faim de Marco et
d’Erdogan (un prisonnier turc dans les prisons suisses qui risque l’extradition) et contre le Forum Économique Mondial (WEF) de Davos.

12 MARS 2007
Le commando « Marco libre » revendique l’attaque à la BKW Énergie à Berne.

13 MARS 2007
La Cour d’appel du tribunal de Zurich réduit la peine de Marco de dix-sept à huit
ans. La requête du procureur d’une expertise psychiatrique dans la volonté persecutive d’obtenir. l’internement à vie de Marco est réjétée.

19 SEPTEMBRE 2007
Radio Lora à Zurich est occupée en solidarité à Marco qui est en grève de
la faim.

DÉCEMBRE 2007
Prison de Regensdorf : grève de la faim symbolique de 3 jours en soutien aux
prisonniers turcs.

FÉVRIER 2008
Marco participe à la grève de la faim internationale en soutien aux prisonniers
mapuche et turcs.

AOÛT 2008
Toujours à Regensdorf, une semaine de grève de la faim en soutien aux prisonniers
allemands. Depuis le Canada la grève est saluée avec l’incendie de deux véhicules de la police.

SEPTEMBRE 2008
La multinationale MAN, fournisseur de véhicules militaires à différentes
armées, est enflammée à Regensdorf. L’action est en solidarité à Marco et à d’autres prisonniers révolutionnaires en Allemagne et en Italie.

DÉCEMBRE 2008
Encore 21 jours de grève de la faim dans la prison de Regensdorf.

AUTOMNE 2009
Mobilisation anarchiste internationale en solidarité à plusieurs prisonniers
politiques : Marco contribue avec deux semaines de grève de la faim. De nombreuses attaques indiciaires et à l’explosif au Mexique et au Chili lui sont dédiées ainsi qu’à d’autres révolutionnaires prisonniers.

10 MARS 2010
Neuquen (Argentine), attaque à l’explosif contre le bureau d’une organisation
privée pour l’exploitation du gaz et du pétrole. Action revendiquée par la Cellule Armée pour la Défense de la Patchamama « Marco Camenisch ». Pendant le printemps, les sabotages en solidarité à Marco continuent aussi au Mexique et au Chili.

23 JUIN 2010
Suisse : sabotage d’un champ OGM en solidarité à Marco, Costa, Silvia et Billy.

SEPTEMBRE 2010
Grève de la faim collective de Silvia, Costa, Billy et Marco.

18-19 SEPTEMBRE 2010
Journée d’action internationale en solidarité à Marco.

24 SEPTEMBRE 2010
Manifestation devant la prison de Berne en solidarité avec Costa, Silvia, Billy et Marco.

28 SEPTEMBRE 2010
Madrid : sabotages en solidarité avec les compagnons anarchistes détenus au Chili et en Suisse.

4 OCTOBRE 2010
Rome, action contre l’Ambassade suisse en solidarité avec Costa, Billy, Silvia et Marco.

10 OCTOBRE 2010
Transfert de Marco à la prison de Bochuz (Orbe).

6 NOVEMBRE 2010
Manifestation anti-carcérale à Bochuz où Marco a été transféré.

DÉCEMBRE 2010
Sabotages dans différentes villes italiennes en solidarité avec Marco, Billy, Costa, Silvia, et des autres prisonniers. À Lisbonne (Portugal) l’entrée de l’Ambassade suisse est
scellée.

FÉVRIER 2011
Attaques dans plusieurs villes italiennes contre les intérêts du colosse énergétique. Dans les revendications les pensées vont souvent aux anars prisonniers en Suisse et à d’autres prisonniers.

AVRIL 2011
Madrid (Espagne) : dégâts matériels et attaque incendiaire contre les nuisances et en solidarité avec les prisonniers anars.

MAI 2011
Grève de la faim en relais (7 jours chacun) de Marco, Costa, Billy et Silvia.

MAI 2011
Encore à Madrid et en Italie, actions en solidarité avec les prisonniers en grève de la
faim dans les taules suisses.

AOÛT-NOVEMBRE 2011
Sabotages et incendies en solidarité avec les compagnons dans les prisons suisses, au détriment des véhicules de certaines grandes entreprises de l’énergie et du ciment en Italie et à Madrid.

JANVIER 2012
10 jours de grève de la faim de Marco comme contribution sociale aux protestations contre le Forum Économique Mondial de Davos.

FÉVRIER 2012
Deux antennes de téléphonie mobile sont brûlées au sud de Moscou. Dans la révendication l’action est dédiée à Marco et à d’autres prisonniers anars.

MAI 2012
Grève de la faim collective de 5 jours en soutien aux mobilisations pour le premier mai.

13 JUIN 2012
Italie : représailles des carabiniers contre les anars. Avec l’accusation d’être en lien avec la Fédération Anarchiste Informelle – Front Révolutionnaire International, 8 compagnons en Italie sont arrêtés. L’ordre de garde à vue concerne aussi Marco et Gabriel Pombo Da Silva (anar prisonnier en Allemagne).

2012 – à aujourd’hui
De nombreuses actions de solidarités ont eu lieu et ont toujours lieu, un peu partout, un peu tout le temps.

Nous sommes encore nombreux aux côtés de Marco Camenisch, comme nous l’avons été pendant toutes ces années d’emprisonnement, de lutte et de solidarité. Car choisir de quel côté on est, veut aussi dire, nécessairement, ne pas abandonner nos propres compagnons. Dans le contexte des luttes, cet engagement se traduit aussi dans le fait de ne pas oublier ceux qui, en luttant, finissent enchaînés.
Dans son parcours caractérisé par une cohérence constante entre les idées et la vie vécue, Marco a été parmi les premiers à reconnaître l’ennemi, non seulement dans l’Etat et ses émanations, mais aussi dans les projets du progrès. Ce dernier est affiché comme une libération, mais il est en réalité porteur de nouvelles formes d’esclavage, du productivisme qui consume les êtres vivants et les territoires, de la technologie. Les tentacules mortifères du progrès enferment les consciences et la planète entière. Marco a su identifier et combattre tout cela dans l’optique d’une transformation concrète et radicale de l’existant. Le fait de ne pas se plier à survivre passivement à la prison, d’être présent dans les luttes, et ses nombreuses suggestions que le mouvement révolutionnaire international a faites siennes, c’est cela, la vie de Marco. Et cela fait aussi partie de la notre et de celle de tous ceux qui sentent l’appel de la rébellion et de la liberté.
Libération anticipée

Jusqu’à il y a une dizaine d’années, la procédure pénitentiaire suisse prévoyait la possibilité pour le détenu de sortir une fois les deux tiers de la peine effectuée. L’octroi de cette réduction était presqueautomatique, tant qu’il n’y avait pas de signalement de « mauvaise conduite » du détenu de la part des autorités pénitentiaires.
Progressivement, l’application de cette libération anticipée est devenue de plus en plus restrictive, spécialement suite à l’introduction d’une commission spécifique qui évalue si le détenu a été suffisamment « rééduqué ». Les critères décisionnels ne se basent pas exclusivement sur l’absence d’infractions au règlement carcéral, mais vont jusqu’au point de mettre en examen l’individu, aussi dans sa sphère plus intime, en lui imposant par exemple une expertise psychiatrique.
Naturellement, dans le cas de Marco, le « repentir » comprend la renonciation à son identité politique de révolutionnaire prisonnier.
La fin de la peine est prévue pour mai 2018, la libération anticipée aurait donc été possible en mai 2012.
En janvier 2012, l’annonce du rejet de sa demande est tombée.

Voici sa nouvelle adresse pour lui écrire :

Marco Camenisch
PF 1
CH – 9466 Sennwald
(Switzerland)

P.-S.

À qui ne me connaît pas directement, un petit avertissement à prendre avec un sourire bienveillant mais aussi au sérieux : ne vous faites pas ensorceler par ce que je représente comme figure. J’ai aussi essayé, à ma propre mesure, d’aller jusqu’au bout en me mettant en jeux. Chose que, pourtant, on ne devrait pas considérer comme exceptionnelle, mais comme une normalité si on se mesure de manière terre à terre à ce qu’on sait, veut, devons être.
Marco Camenisch
prison de Lenzburg, 10 avril 2012

Dans le ventre de l’ogre

Procès de la destruction de la maquette de la maxi-prison de haren.

Vendredi 22 janvier 2016, arrivée au palais de justice, ça commence.

Deux camionnettes de keufs sont stationnés sur l’esplanade. Entrée. Premier contrôle des affaires, puis faut se retaper une prise d’identité à l’entrée de la salle et un scan au détecteur. Une personne venue pour le procès sera d’ailleurs arrêtée et enfermée durant toute l’audience sous prétexte d’un défaut de pièce d’identité. Ficher, faire chier, c’est pour ça qu’ils sont là.

On rentre dans la salle. tout le beau monde est en place. Une vice présidente, deux juges, la procureure et les avocatEs. Faut ajouter à ça, les 4 flics en civil et deux autres en uniformes qui sont rester au fond de la salle pendant l’audience. Il ne manquaient que les deux journalistes de télébruxelles pour compléter le tableaux. Alors qu’on leur rappelle qu’elles ne sont pas les bienvenues, que personne ne veut être ni filmé ni leur parler, elles décident de rester et invoque la « liberté de la presse ». Liberté de raconter de la merde ! Les vautours ont filmé des gens rentrer et pris des images par l’entrebâillement de la porte, mais malgré leur insistance, personne ne leur a parlé. Elles avaient l’air de s’en offusquer, peut être pas l’habitude d’être remballée.

Du haut de leur toute puissance, le cerveau en manque d’oxygène, les médias n’arrivent pas à comprendre qu’on ne veut pas faire partie de leur jeu. Toujours à cracher sur les indésirables, leur spectacle est toujours complaisant avec ceux qui s’en mettent plein les poches. Chien de garde ou plutôt toutou à leur mai-maitres, ils savent ce qu’il faut dire ou pas pour garder les relations privilégiées qui leur garantiront une place dans les salles du pouvoir. Gardant précautionneusement le silence sur les causes profondes des événement qu’ils mettent en avant.

Retour dans la salle. Le protocole se met en route. C’est comme à l’école, faut se lever quand les juges rentrent dans la classe, faut se taire pendant qu’ils racontent leur conneries. La juge se met à poser des questions, elle refait le déroulé de l’action, en choisissant bien sûr la version des flics pour décrire les choses. Ne semblant même plus s’en rendre compte, elle se vexe quand son parti pris est relevé. Elle espérait peut être faire croire à une quelconque objectivité des faits ? La blague. Elle parle aussi des « statuts » (travail, situation). Les échanges sont assez court.

Ca continue avec la procureure qui commence par préciser qu’il ne s’agit pas d’un procès politique, et qu’elle ne veut surtout pas que la cour croit qu’il s’agit de condamner des idées. oui oui bien sûr. C’est vrai qu’en démocratie on respecte la contestation tout ça tout ça. Tant que c’est fait dans leur règle, tant que ça ne bouscule pas leur pouvoir, tant qu’on utilise les outils qu’ils nous mettent gentiment entre les mains, on peut toujours crier sagement et la paix sociale sera bien gardée. D’ailleurs pour la défense c’est pareil. Si tu cherches à ne pas être condamné faudra passé par leur code, leur vocabulaire et trouver l’argent pour les avocats. Autant de moyens pour nous dépossédés de nos vies et nous mettre à leur merci. Ils peuvent bien s’étouffer avec leur hypocrisie et sois disant impartialité ! Rien n’est neutre, tout est chargé. Pas dupe, on se regarde en chien de faïence et croire qu’on cherche à leur plaire serait la thèse la plus erronée, comme dirait l’autre.

Ensuite elle rentre dans le vif. Elle raconte n’importe quoi, se contredit en utilisant le témoignage du vigile, seul témoin de leur côté, et le surinterprète aussi. Pas étonnant. c’est qu’il s’agit de faire passer l’idée que le groupe avait une attitude menaçante qui a favorisé la destruction de la maquette. En vrai, elles n’ont rien mais faut quand même trouver quelque chose pour pouvoir condamner. alors la « complicité » et « l’incitation à » quand on a pas de preuve matérielle semble devenir monnaie courante. Au moment de parler des peines, elle argumente qu’il ne faudrait pas donner du ferme mais ironise sur le fait qu’un séjour dans les prisons insalubres de st gilles ou de forest permettrait pourtant de faire constater la nécessité de nouvelles taules. Elle veut mettre 150 heures de travaux d’intérêt généraux dans une institution style la régie des bâtiments histoire de faire comprendre l’utilité du système carcéral, réparer le préjudice et permettre ainsi de réintégrer cette « vénérable société ». Trop sympa, bon sauf que personne à envie de travailler pour eux. C’est l’acquittement qui est plaidé, au pire une suspension du prononcé, même si au final, elles trancheront.

Le verdict pour le volet pénal se fait le 19 février. Et le volet civil (les dédommagements pour la maquette) n’aura lieu que plus tard étant donné que l’avocat de la régie des bâtiments a demander un report d’audience. Le temps, probablement, de faire apparaître le fameux contrat de construction de la maxi-prison, toujours invisible pour le moment. Ce contrat étant censé prouver que la régie est propriétaire de la maquette détruite.

La séance se clôture et tout ça n’est rien à côté de toutes les vies brisées par cette justice qui condamne à tout va. Tapant sur ceux qu’elle fout déjà dans la merde au quotidien. Tellement déconnecté, ils ne captent pas l’absurdité de leur logique comme quand, pendant un procès, ils reprochent à un sans papiers de travailler au noir, ou à un jeune racisé de dealer pour se faire des thunes. Faut respecter leur règle : « les sans papiers c’est dehors », et l’argent ça se gagne dans le cadre de l’esclavage légal. Humiliant et discriminant les gens coincés dans leur filet, ils aiment à rappeler aux indésirables qu’ils peuvent réduire leur vies au périmètre d’une cellule, ou les enchaîner au travail pour payer les quelconques dédommagement ou peines. Faudrait pas qu’ils s’étonnent ensuite quand les coups de bâton se retournent contre eux.

Que crève leur justice, leurs prisons et le monde qu’elles protègent !
Force et courage à touTEs les révoltéEs, dedans comme dehors, battons nous contre le monde qu’ils essayent de nous imposer.

[Repris de Indymedia Bruxelles, http://bxl.indymedia.org/spip.php?article9990&lang=fr]

a lire aussi à la cavale avec beaucoup de textes contre toutes les prisons et ce dispositif* et le monde qui va avec
* note– pourquoi ce mot: »J’appelle dispositif tout ce qui a, d’une manière ou d’une autre, la capacité de capturer, d’orienter, de déterminer, d’intercepter, de modeler, de contrôler et d’assurer les gestes, les conduites, les opinions et les discours des êtres vivants ». Giorgio Agamben