ll y a 17 ans Baleno et Sole mouraient Ils avaient choisi de lancer leur vie dans l’ouragan de la guerre sociale, avec l’imprudence typique des amants. Ils l’ont fait jusqu’au
dernier souffle. Ils n’avaient pas le temps d’attendre, et le mirage de
la société future n’a pas calmé leur urgence de vie. Ils ont choisi
d’aller chercher l’ennemi, de le débusquer. Ils l’ont attendu sur les
bords obscurs de la route, comme des voleurs de la nuit.
Ceci nous porte à l’intérieur d’eux.
Assez de pleurnicheries. Nous n’avalerons pas une autre peur. Assez avec les
«victimes de la répression». Nous n’en pouvons plus. Sole et Edo ne
sont pas des «victimes de quelque chose de plus grand qu’eux», pas plus
que nous ne le sommes tous. Si Baleno, comme Sole, a choisi s’échapper
de cette manière, ne leur ôtons pas non plus la dignité de ce choix,
aussi tragique puisse-t-il sembler. Aussi mal que cela fasse. Et aussi
peur. Déjà, parce que dans un monde où tout est prévu d’avance, ce
choix nous rend à chaque instant, face à la chance ou au malheur,
toujours et quoi qu’il en soit maîtres absolus de notre vie. Et la
liberté fait peur…
Dix sept ans sont passés… Nous avons pleuré. C’est vrai. Trop. Nous n’avons plus
de larme. Ce qu’ils nous ont enlevé c’est plus que la perte de deux
amis et compagnons. Ils nous ont ôté la capacité d’un sourire
insouciant. Ils nous ont offert l’ombre de la mort qui ne nous
abandonne jamais. Merci. Nous sommes devenus plus impitoyables. Mais
que les gardiens de l’ordre public ne se réjouissent pas. La désolation
qu’ils installent dans le cœur des humains retournera. Les blessures
inaltérables à la nature, tourneront. Tout revient. Plus croît le
désert, plus s’endurcissent les cœurs, plus la révolte aura les traits
peureux d’une apocalypse.
Baleno et Sole sont morts comme ils ont vécu. Sans médiation.Imprévisibles, ils ont défié la médiocrité de leur époque.
EdoardoMassari, dit Baleno, a été retrouvé pendu dans sa cellule de la prison
de la Vallette, à Turin, le 28 mars 1998. Maria Soledad Rosas, appelée
Sole, s’est pendue dans la maison où elle était assignée à résidence,
le 11 juillet de la même année. Tous les deux étaient accusés — par les
juges turinois Laudi et Tattangelo — d’appartenir à une association
subversive et à une bande armée qui dans les années 90 ils auraient réalisées
plusieurs sabotages en Val de Susa, en particulier contre des infracstruures du capitalisme technologique
et des chantiers de la Haute Vitesse (ils ont été finalement tous
absous ; seulement le troisième inculpé, Silvano, a été condamné
. Depuis lors, les tentatives de construire le TGV
(TAV) au Val Susa ont trouvé l’opposition d’une population insurgée
pour la défense de sa terre. La combativité des Valsusains et de tous
les rebelles qui luttent contre cette nocivité et d’autres est le
meilleur cadeau à l’amour de la terre, les montagnes et la liberté qui
animait Edoardo et Soledad.Cette année Le 27 mars à Ivrea et le 28 mars à Brosso -canavese nous nous se retrouvons ces jour là….