Compte rendu du rassemblement devant la prison le 7 mars

recu par mail

Voilà un petit compte rendu du rassemblement qui a eu lieu ce WE.

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Le rassemblement avait été déclaré en préfecture.
De 10h à environ 13h, autour d’une vingtaine de personnes étaient présentes devant l’entrée de la maison d’arrêt.
Il y a eu plusieurs échanges, avec des personnes du quartier, des passant-es, des personnes qui se rendaient au parloir, et aussi évidemment entre les personnes présentes à ce rassemblement.
Il y avait une banderole qui disait « à bas toutes les prisons », une table de presse avec des brochures et infos contre la prison et l’enfermement, une exposition contre la construction du nouveau centre pénitentiaire de Valence, un tract diffusé qui est en pièce jointe.
Il y a eu des textes lus au micro, notamment le récit d’une prisonnière de la M.A de Valence, qui, une fois sortie, a voulu faire connaitre les galères qu’elle a eu avec l’administration pénitentiaire, et y donner suite.

Egalement des revendications de prisonnières de la M.A de Poitiers Vivonne, ainsi que d’autre revendications venant du quartier maison centrale de Réau.

(nous ajoutons a la suite de cet article une retranscription des textes lus)

Il y a eu de nombreux slogans criés, « vieilles ou récentes, une cage reste une cage, a bas toutes les prisons », « pierre par pierre, mur par mur, nous détruirons toutes les prisons », « flic, maton ou procureur, qu’est ce qu’on ferait pas pour un salaire », « liberté », etc.

Notre présence a été entendue, et les cris de nombreux détenu-es, autant au quartier des femmes que celui des hommes nous ont répondu.
Nous serons là samedi 4 avril à 10h00.

tract

Incarcérée pendant 8 mois à la maison d’arret de Valence, A. raconte ses conflits avec l’Administration Pénitentiaire.
                 
Des gardiens, gradés, m’ont violentée. Au début, ma détention se passe pas trop mal on va dire. Et il y a eu un dérapage un vendredi soir, à un moment où  le directeur est parti en vacances, le chef de détention aussi.  Et là je sais pas ce qui s’est passé mais ça a vraiment dégénéré, tout m’est tombé dessus. En fait le soir, je suis restée dehors en sortant de l’atelier. Parce que normalement, ils devaient enlever une fille qui était dans ma chambre, je l’avais demandé, ça faisait des semaines que je ne dormais plus, et qu’ils m’avaient promis,  le médical disait que je devais être toute seule. J’étais énormément fatiguée, j’ai patienté, patienté, et un soir en sortant de l’atelier, quand j’ai su qu’elle était encore là, j’ai dit : « Puisque c’est comme ça, j’attends dehors ».
La surveillante m’a laissée et elle est partie. Et deux gradés sont arrivés. Quand ils ont dit « vous nous suivez », je me suis levée et je les ai suivis. Ils s’en sont pris à moi, j’ai rien eu le temps de faire. Alors que je n’ai même pas résisté, ils m’ont donné des grands coups dans le dos jusqu’au bureau. Ils sont devenus complètement…
Je me suis retrouvée avec des  marques, j’ai fait faire un certificat médical que je cachais dans mon collant, le médecin a mesuré les hématomes, certains sous les os des poignets, enfin bon j’étais dans un état lamentable. Comme j’avais des soucis avec mon cœur par rapport à tout ça, j’ai été extraite à l’hôpital et il y a un policier qui a vu mon état et qui m’a dit ce qu’il fallait que je fasse, qui m’a bien conseillée, pour une fois.
J’ai envoyé des courriers. Et la prison, quand ils ont compris que j’allais parler, tout est allé très vite, ça a été de la violence, de la pression, des menaces… pendant trois semaines ça a été le cauchemar.

J’ai fait une plainte au procureur, j’ai gardé l’enveloppe avec moi, dans mon collant, j’ai attendu le conseil de discipline, mais je n’ai pas voulu leur passer, parce qu’ils font un peu ce qu’ils veulent, et je l’ai alors passée à mon avocate, qui l’a remise au sous-directeur, pour qu’elle soit témoin, pour être sûre que la plainte arrive.

Pour vite se débarrasser de moi, pour que je n’aie le temps de rien, je suis passée en conseil de discipline.
Et quelques jours après ils sont arrivés dans ma chambre, ils m’ont jeté des cartons dans la figure, et je partais à Corbas au cachot.
Ils m’ont sanctionnée parce que je suis restée dehors. D’après eux, ça justifie un placement au QD : ils ont mis 5 jours de ferme et 5 jours de sursis. Mais à Corbas, ils n’ont pas compris ce que je faisais là. J’ai préparé un carton d’affaires, et quand je suis partie pour Corbas, les trois fameux gardiens qui m’ont violentée, ils étaient là, tous ensemble évidemment, tous contents de me faire partir. Et l’un, qui était au-dessus des gradés, me dit « y a pas assez de place dans le véhicule – je me suis aperçue ensuite que c’était faux – donc j’ai trié vos affaires ». Je lui ai dit « Mais il faudrait que je regarde un peu », et il a dit « C’est moi qui décide ce que vous avez besoin pour aller à Corbas ». Et j’en ai pleuré, parce que il m’avait laissé mes cigarettes, un gel douche et un peignoir, c’est tout ce que j’avais. Ils m’avaient enlevé tous mes vêtements.

Je n’ai pas averti mes enfants, ni personne ne l’a fait d’ailleurs. J’ai juste écrit au JAP. C’est allé tellement vite que je n’ai pas eu le temps de me retourner, ils ont tout annulé : mon téléphone, l’argent que j’avais…
Après ces cinq jours, je suis revenue, et le directeur avait terminé ses vacances. Je suis à peine arrivée qu’il a demandé à me voir, car j’avais fait passer un courrier pour lui. Il était mal à l’aise parce qu’il a vu que je disais la vérité, en plus j’étais dans un état tellement pitoyable. Il m’a dit qu’il pouvait appuyer mon aménagement de peine, mais que le mieux dans tout ça, c’était que j’oublie tout ce qui s’était passé. Et moi je n’ai pas lâché. Mais je vous assure que porter plainte, ça a été dur de faire ça à l’intérieur des murs…

Puis les surveillants ont tenté de monter la détention contre moi. Ils ne faisaient plus rien passer. Quand les filles voulaient se faire passer des choses au moment des repas, des choses banales, à chaque fois ils ont tout refusé, en disant que c’était de ma faute, qu’ils avaient un problème avec moi et que donc tout le monde était puni, donc il fallait qu’elles s’adressent à moi si elles n’étaient pas contentes. Ça a marché malheureusement. Pas toutes, mais les plus virulentes, ça a été des insultes à ne plus en finir, des menaces…
Tout ça s’est passé les trois semaines avant que je passe en commission pour mon aménagement de peine. Je suis rentrée du cachot le lundi, et sept jours après je passais devant les magistrats. Les gardiens m’avaient dit que j’aurais jamais mon aménagement de peine, qu’ils m’empêcheraient de sortir. Ils m’ont menacée de prévenir le JAP pour m’empêcher de sortir.

J’avais un bon dossier et en trois semaines j’ai pris neuf rapports, un conseil de discipline et du cachot !
Les violences, je ne sais pas comment les expliquer, parce que je suis toujours restée calme, j’essayais de discuter et de remettre les choses dans leur contexte, mais je sais pas, ça les a excités. Et après, leurs motivations par contre, c’était qu’il valait mieux que je me taise. Ils ne voulaient pas que je dénonce. En plus, moi ne connaissant rien du tout, c’était ma première incarcération, je les ai crus, mais je suis quand même allée jusqu’au bout pour dénoncer, au défenseur des droit, aux droits de l’homme… J’ai regardé le petit livret, j’ai envoyé des lettres à tout ce que je pouvais, mais en faisant ça, au fond de moi, je croyais les gardiens, je pensais que pour mon aménagement de peine, c’était fichu, mais je suis quand même allée jusqu’au bout. Je trouvais ça tellement inhumain, que je me suis dit « je ferai deux mois de plus mais tant pis, il faut le dénoncer ».

Et finalement j’ai quand même obtenu mon aménagement de peine.
Je suis sortie à la fin du mois d’août et j’ai eu un bracelet pendant deux mois. Et j’ai été entendue après au commissariat pour déposer plainte officiellement. Les trois personnes mises en cause ont du être auditionnées, ou vont l’être. J’attends. C’est long.  J’espère qu’il y aura des suites. J’ai tout envoyé au défenseur des droits, il m’a envoyé plusieurs courriers pour me dire qu’il était en train d’enquêter, qu’il avait tous les éléments nécessaires. J’ai écrit place Vendôme aussi, qui m’a répondu et a envoyé mon dossier à la cour d’appel de Grenoble.  Mon avocat m’a dit que j’avais fait tout ce qu’il fallait. J’attends, j’aimerais vraiment qu’il y ait des suites.

Ce que je veux, c’est qu’on sache ce qui se passe, pour éviter que ça recommence, il faut pas laisser passer ce genre de choses, c’est grave !
On se retrouve entre leurs mains et ils font ce qu’ils veulent de nous. C’est intolérable. Il faut le dénoncer. C’est vrai qu’à l’intérieur de la prison, c’est très très dur. Ça dépend des personnes, mais sans soutien, j’imagine que c’est plus compliqué. Je voudrais encourager les personnes qui malheureusement sont confrontées à ce genre de violences et de maltraitances.

 

LISTE DE REVENDICATIONS DES PRISONNIÈRES DE LA MAISON D’ARRÊT DES FEMMES DU CENTRE PÉNITENTIAIRE DE POITIERS-VIVONNE

Comme ailleurs, nous voulons :
– Des payes correctes, tant aux ateliers qu’au service général
– La suppression des QI et des régimes différenciés au CD
– Les portes ouvertes en MA et/ou le téléphone en cellule
– La mise en place systématique des aménagements de peine sans délais et des transferts en CD dès la condamnation
– La facilitation du téléphone, des parloirs et des UVF avec nos proches, enfermés ou non
– La fin des fouilles systématiques et/ou punitives
– Les repas appétissants : marre de manger du plastique !

Localement, nous demandons :
– Des conditions dignes à la nursery : arrêt des réveils nocturnes, une cour avec de l’herbe, des temps de socialisation pour la maman…
– L’accès à l’école pour toutes : fin des refus avec la fausse excuse de la mixité
– La télé à 8 euros par mois : alignement sur la loi, comme dans les prisons publiques (18 euros ici pour Eurest)
– La fin de l’interdiction des apports aux parloirs (livres, disques, produits d’hygiène…) : on n’est pas là pour enrichir les cantines privées
– L’ouverture d’une salle de convivialité : elle doit être systématique quand la météo est mauvaise car il n’y a pas de préau dans la cour
– Plus d’activités : actuellement, il n’y a que « bricolages en papier « et « fitness », 2h. par semaine
– L’accès au terrain de foot : seuls les hommes y ont droit
– La gratuité du courrier interne : on doit timbrer les lettres pour le quartier hommes
(Ces demandes sont toutes réalisables dans l’état actuel de la législation)

…ET LA PROPOSITION DE PLATE-FORME AU QUARTIER MAISON CENTRALE (QMC) DE REAU

– Stopper la construction des nouveaux QHS (tombeaux secrets): QMC, Condé-sur-Sarthe…
– Abolition des peines infinies qui condamnent à mort les prisonniers.
– Abolition du CNE : six semaines pour voir trois personnes qui décident avec leur boule de cristal si tu sors ou pas.
– Application et respect du rapprochement familial.
– Suppression des cachets et des piqûres de force aux prisonniers. Arrêt des méthodes actuellement employées : les Eris plaquent le prisonnier à terre, le menottent, font la piqûre et détruisent les gens. Les psychiatres qui décident de ça sont des bourreaux.
– Suppression des chambres sécurisées à l’hôpital
– Respect de la dignité des prisonniers et des conditions de vie à l’hôpital (les DPS sont attachés pour être auscultés lors d’examens parfois intimes devant un attroupement de flics, ce qui entraîne des refus de soins).
– Le Spip doit faire passer les informations entre les prisonniers et leurs familles et aider les prisonniers dans leurs démarches pour obtenir des conditionnelles et les aider à trouver du travail.
– Téléphone gratuit et illimité.
– Fin de l’exploitation du travail salarié : le Smic pour ceux qui bossent et le RSA pour les autres.
– Les allocataires des allocations adulte handicapé (AAH) doivent toucher la totalité de leurs indemnités.
– Respect des droits parentaux.
– Les surveillants doivent remplir leurs obligations d’assistance à personne en danger (quand on est malade la nuit et qu’on sonne à l’interphone les surveillants ne répondent pas ou l’éteignent, et c’est pire pour les DPS ).