Archives mensuelles : mai 2016

[Parution] N°3 Du pain sur la planche

Feuille d’agitation anarchiste

 Dérailler

[deraje] v.I. -1. Sortir des rails. 2- Familier : fonctionner mal ; se dérégler. 3. S’écarter du bon sens, (synonyme : déraisonner, divaguer)

weiis-fillejetseauEmbouteillage géant, échappatoire zéro. Je crève d’envie de mordre le volant, jeter la tête en arrière, hurler, courir…Défoulement éphémère_ô combien jouissif_de cette frustration sauvage, contenue. À chaque fois le cri monte de mes tripes, étreint ma cage thoracique et reste bloqué derrière mes lèvres… et je mesure la profondeur du dressage, tout ce qu’il a fallu araser, canaliser chez chacune des milliers de personnes prises dans ce flux pour en faire ces dociles automates fonçant à toute allure dans la même direction ou capables d’encaisser cette situation anxiogène sans péter une durite, partir à pied, se défouler sur le premier radar ou uniforme venu. Route des vacances, route du turbin, même combat.

Jour après jour, l’économie nous vole notre temps, la marchandise et ses « loisirs de masse» tend à nous déposséder de nos désirs et de nos rêves, les prothèses technologiques envahissent et n’en finissent plus d’appauvrir les relations… Jour après jour l’alcool, les drogues, calmants, servent d’étouffoir à la rage et à la frustration, amputent et bousillent les trop vivant-es, brouillon-es, sensibles pour mieux garder intacte cette société mortifère. Jour après jour les sangsues religieuses tentent d’incruster leurs préceptes autoritaires, homophobes, patriarcaux et sexistes jusqu’au fond de nos cerveaux. Les paradis qu’ils nous promettent ont tous le sale goût du mensonge et de la résignation . Jour après jour les médias, l’école et autres larbins du pouvoir (…) tentent de formater notre regard sur « le monde », d’ imposer une vision de l’histoire qui nie la continuité des actes d’insoumission, révoltes et rébellions qui ont tenté au fil des lieux et des époques de saper toute autorité. Sous la plume de ces chacals, des attaques ciblées deviennent des « actes isolés », les révolté-es des « déséquilibré-es », ou des «casseur-euses », la lutte contre un projet de la domination un « cancer » à éradiquer. Selon eux, la seule violence acceptable est celle que l’ État exerce au quotidien pour maintenir son contrôle, violence complétée par d’autres formes de répression d’autant plus difficiles à identifier et affronter qu’elles sortent des lieux d’enfermement pour prendre, entre autre rouages sociaux la voix de nos « proches ». Sous prétexte d’inquiétude, ce sont elles et eux qui se font souvent les meilleurs relais de la domination, nous priant de rester dans le rang, ne pas faire de vagues, baisser la tête, obéir aux patron-nes et aux uniformes (…). Que le travail nous bouffe notre temps, notre intelligence et notre santé, que le couple (« obligatoirement » hétérosexuel, exclusif et amené à se reproduire) nous oppresse, atrophie notre individualité, étouffe nos sentiments (…) importe peu. Ils et elles tentent, sous prétexte d’amour (et par tous les moyens possibles) de nous faire rentrer dans le rôle que la société a prévu pour nous, de nous insérer. Aliénation, chantage affectif, menaces et violences de toute sorte, camisole chimique, mise sous tutelle, enfermement… Gare aux volontés rebelles ! Les enfants qui refusent de se soumettre au dressage parental sont qualifié-es de « capricieux-ses » ou « d’hyperactifs » (et cachetonné-es), les femmes qui bataillent contre le sexisme (…) facilement traitées de « folles » ou d’« hystériques ». Pour qu’il ne reste aucun doute, les blouses blanches définissent « au nom de la science » ce qui est sain et ce qui est pathologique. Ces crapules utilisent leur légitimité de spécialistes pour tenter de faire porter à celles et ceux qui ne désirent ou ne parviennent pas à s’insérer la responsabilité de leur « inadaptation ». Si on les écoute, souffrir de subir cette société autoritaire, déborder d’une énergie déraisonnable, se révolter, refuser de faire profil bas devant keufs, vigiles et juges (ils appellent ça « trouble de l’autorité ») serait pathologique.

Il paraît que l’infiltration de l’État dans chaque parcelle de nos vies et de l’économie dans chaque parcelle du vivant (et vice versa), la dépossession de nos conflits, la perte d’autonomie alimentaire, le fait d’être tenus dans l’ignorance absolue de nos corps (…), sont des «progrès ». Le fait de vivre en laisse, sous la perfusion et la surveillance permanente de l’État et de la « communauté sociale » (…) serait le seul chemin possible. Des siècles de développement industriel et de rapports de domination amputent notre imagination, laissent des traces indélébiles jusqu’au plus profond de nos intimités, ont un impact durable sur nos corps et sur l’environnement mais la suite ne ressemble pas forcément à cette autoroute que religieux, scientifiques, industriel-es, prétendent tracer devant nous.

Nous n’avons qu’une seule vie, et le compteur tourne. Là où tout pousse à étouffer notre sensibilité pour réduire la souffrance que ce monde nous inflige, rogner notre intelligence, se bricoler des en-dehors et s’enorgueillir peut-être, un jour, d’avoir atteint « l’âge de raison », nous voulons donner à nos existences l’impulsion qui les ferait déborder, tumultueuses, de leurs costumes étroits. Le chemin est long, il y a beaucoup à désapprendre et à inventer pour tenter (et tant pis si c’est maladroit) d’apprivoiser la multitude de sentiments qui affleurent quand se fendillent les camisoles chimiques et sociales, quand on arrête d’être « présentables » pour laisser vivre nos émotions. Il semble bien que le premier pas, vertigineux, soit de s’émanciper des vendeurs d’illusions, des rapports toxiques, des relations qui nous entravent, nous empêchent d’interroger ce que nous aimerions vivre, pour se positionner enfin au centre de nos existences. Tenter de détruire, passionnément, tous les carcans.

https://dupainsurlaplanche.noblogs.org

 

Gardanne [Bouche du Rhône] Contre la plus grande centrale biomasse de france !!

Marseille Information Autonome

Une brochure sur la construction de la plus grande centrale biomasse de france à Gardanne, à 20km au nord de Marseille qui menace de détruire de nombreuses forêts, en france et dans le monde. Mais à Gardanne, c’est aussi là que se situé Altéo, qui déverse depuis plus de 50ans des boues rouges dans la mer et dont les particules autour de l’usine sont une catastrophe écologique pour la nature mais aussi pour les habitant-e-s.

A Gardanne, ville minière au nord de Marseille, est en train d’être implanté la plus grande centrale biomasse de france. Son fonctionnement nécessitera entre 750 000 et 900 000 tonnes de bois, prélevé dans trois Parcs protégés et dans des forêts du Brésil, du Canada et d’Europe centrale. Ce projet, actuellement en phase de test, menace de détruire des forêts comme jamais.
C’est aussi dans cette ville, qu’Altéo et Rio Tinto Alcan fabrique de l’alumine, dont les rejets toxiques, appelés Boues Rouges sont déversés dans la mer depuis plus de 50ans. Autour de l’usine, les anciens sites de stockages et les particules fines dans l’air empoisonnent la nature et les habitant-e-s.
Mais la Méditérranée est aussi polluée par les anciennes usines implantés au XIX ème siècle autour de Marseille, à la Point Rouge ou à l’Estaque, qui sont toujours sur place. Leur décontamination nécessite une extrême prudence mais les projets immobiliers de luxe pour la gentrification du bord de mer n’attendent pas.

En effet, Les logiques industrielles et capitalistes basés sur l’exploitation ne se limitent pas à celle des humains, toute parcelle de nature est une potentielle ressource à utiliser, bloquant toute prise en compte écologique ou à utiliser comme déchetterie pour enfouir par exemple des déchets radioactifs et toxiques.

Parallèlement, au nom du patriotisme économique et de la course à l’emploi, l’état, main dans la main avec les syndicats, encourage cette logique, montrant clairement la place symbolique qu’occupe “l’environnement” en dépit des annonces de façade autour de la COP21. Les syndicats ayant abandonnés toute perspective révolutionnaire voire même de changement de société, suivent cette logique et défendent « l’emploi français » contre la « concurrence », en sacrifiant toute défense de la planète et critique écologiste. Les rares cadres légaux comme « Parc Nationaux » ou « espèces à protéger » sont des illusions et ne défendent pas « l’environnement » comme on veut nous le faire croire, mais posent les cadres d’une exploitation.

Il est pourtant plus que nécessaire de se défaire de l’idée d’une humanité au centre de la planète pour considérer l’ensemble de la terre et des animaux qu’elle abrite comme un tout qu’on ne peut pas sacrifier au nom du capitalisme. Actuellement la seule perspective écologie valable est celle d’un affrontement contre le capitalisme et l’état pour la libération animale et de la terre. La fausse écologie d’État ou celle nostalgique d’une exploitation de la nature et des animaux à petite échelle, « artisanale » doit être contrée.


Documents joints

France : Courte réponse aux prolétaires enragés de Grèce

Mpalothia / samedi 28 mai 2016

[En réponse à: http://mpalothia.net/greece-short-message-proletarians-france/]

Loin de nous la prétention de représenter le «mouvement» mais étant donné que vous utilisez Mpalothia comme «média» de diffusion nous nous sommes senti questionné(e)s.
Vous regardez « notre lutte », soit, nous en avons pris acte.
Pour être clair nous précisons que « notre lutte » existait avant le dit «mouvement» et ne terminera pas avec lui, la réforme du code du travail fût-elle abrogé.
En effet, peu nous importe la loi et peu nous importe le travail. Nous souhaitons seulement la disparition des deux. Notre but n’est pas de réformer ou d’améliorer le capitalisme, mais de l’anéantir, le détruire par le feu et par tous les moyens que chacun(e) jugera utile.
Peu nous importe également ce que les syndicats ont pu dire ces dernières années, disent aujourd’hui, et continueront à dire les années prochaines. Les syndicats ont toujours été et seront toujours la courroie de transition d’un pouvoir que nous voulons détruire.
Comme nous ne voulons pas de police moins violente ni d’État plus souple, nous ne voulons pas non plus de syndicats moins réformistes.

Ni flic, Ni Etat, Ni syndicat !

Dès lors, il est évident que les syndicats, au même titre que la police qui leur sert de modèle, utilisent leur forces répressives contre nous.

«Camarades», nous ne sommes pas des prolétaires, nous sommes des individu(e)s, des révolutionnaires de divers horizons unis le temps d’une émeute. Si quelque chose peut nous définir, c’est celle-là, et non une pseudo identité de classe tout droit tiré d’un vieux rêve marxiste.
Nous n’avons pas besoin d’identité, fût-elle de classe, pour exprimer et justifier notre révolte.
Nous n’espérons rien de nos ennemis, nous n’espérons rien de l’État, rien du patronat, rien des syndicats, rien de la société moribonde qui les a fait naître.
«Camarades», nous ne voulons rien améliorer du tout, notre volonté est la simple destruction du monde oppressif qui nous est imposé.
Dès lors, nous ne rentrerons pas dans le débat d’un référendum (français ou grec) dont de toute façon nous ne voudrions pas. Nous n’exigeons pas « moins de travail et plus de richesse », simplement parce que:

Nous ne voulons rien, et nous brûlerons le reste !
Par le feu !
Pour le feu !

Quelques anarchistes.

[en español]

Retour sur la grève dans les centrales nucléaires: une mobilisation singulière

 france bleu Drome Aardèche

La situation se tend ce jeudi matin en Drôme.:

Des manifestants qui tentaient de bloquer un dépôt de carburant à Portes-lès-Valence se sont faits repousser à coups de gaz lacrymogène par le Gid, le Groupement d’intervention départemental de la police.

Climat tendu ce jeudi à Portes-lès-Valence. Dès 6 heures du matin, la CGT a convié les manifestants à se rassembler devant le dépôt de carburant Total. Un lieu stratégique, dans lequel beaucoup de camions viennent réapprovisionner les stations-service des alentours. Appel entendu, puisqu’ils étaient environ 300 à se retrouver devant les grilles,  500 selon la CGT.

La manifestation a duré toute la matinée

Rapidement, ils ont bloqué l’entrée du site aux camions. Mais les policiers avaient semble-t-il reçu des consignes : les hommes du Gid, le Groupement d’intervention départemental, étaient en tenue de maintien de l’ordre, avec leurs casques et leurs boucliers. A coups de gaz lacrymogène, ils ont scindé le groupe de manifestants en deux, et créent un couloir à l’aide de barrières, afin de laisser passer les camions.

A 10 heures, les deux cortèges se sont réunis du côté de la Nationale 7, pour bloquer à nouveau le site, et perturber le fonctionnement du dépôt. L’ambiance était alors très calme. Les manifestants sont finalement partis vers 12h30.


 

Mais la grève des 25 et 26 mai a été beaucoup plus médiatisée, dans le contexte social agité que connaît le pays.

la publication de ce  texte en lien  qui va peut être mettre en doute la teneur des propos tenus  par certains.antinucléaire patentées et certain syndicalistes CGT .  notamment lors  du dépôt de carburant et du  blocage de la nationale 7 ce jeudi 26 à Portes les valence

le texte en intégralité

Allemagne] Brèves de la guerre sociale – Mai 2016

 repris du le Chat Noir Emeutier

Un aperçu d’attaques et de sabotages de ce mois de mai (et fin avril) en Allemagne:

Berlin, vendredi 27 mai : onze véhicules de la ‘Deutsche Bahn’, qui étaient garés sur le parking de ‘Markgrafendamm’ dans le quartier de Friedrichshain, ont été incendiés. Aux environs de 3h30, le feu a été bouté et tout est allé très vite : en quelques minutes, il ne restaient de l’ensemble des véhicules que des carcasses, malgré les gros moyens déployés par les pompiers. Les flics ont lancé une enquête et annoncent à leur collègues journalistes s’orienter vers le milieu autonome (comme d’habitude). Il y a eu par le passé de nombreuses attaques diverses touchant la ‘DB’ (notamment des sabotages sur les voies ferrées).

Hambourg, vendredi 20 mai : dans les quartiers ‘Schanze’ et ‘Karo‘, une voiture de luxe de type ‘Mercedes’ part en fumée, tandis que de nombreuses bagnoles de bobos se font à la fois péter leurs vitres et crever leur pneus. L’action a été revendiquée quelques heures après sur linksunten indymedia, comme contribution à la guerre aux riches et à l’embourgeoisement.

***

Münich, 9 & 21 mai : de nouveaux immeubles d’apparts destinés aux bourgeois ont été souillés de tâches de peinture lors de ces deux nuits. Parmi les nouvelles constructions ciblées, il y a celle baptisée ‘Glockenbachsuiten’, où le prix au mètre carré atteint plus de 22.000 euros.

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Sans lien avec ces attaques contre l’embourgeoisement, rappelons que le consulat général d’Espagne a été pris pour cible mi-avril dernier en solidarité avec les anarchistes incarcérés en Espagne.

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Dessau (Saxe-Anhalt), mardi 10 mai : au petit matin, un commissariat de quartier (dans le secteur de ‘Roßlau’, ville jumelée avec Dessau depuis le 1er juillet 2007, NdT) garde des traces de l’attaque incendiaire dont il a été la cible pendant la nuit: de la fumée s’échappe toujours du vestibule de la porte d’entrée, qui elle a été complètement noircie par l’incendie. D’après les premières constatations policières, il y en aurait pour plusieurs milliers d’euros de dégâts. L’attaque aurait eu lieu entre 1h30 et 2h00 du matin, d’après des citoyens modèles qui se sont empressés de la signaler. Mais pour l’heure, les incendiaires courrent toujours… et on leur souhaite bonne chance!

Hambourg, 30 avril : à l’occasion de la manif en solidarité avec les inculpés de la ‘Breite str.’ (mais aussi contre le racisme et la répression, qui a réuni plus de 2000 personnes), une voiture de l’armée allemande a été incendiée.

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[Repris de la presse allemande]

Espagne : solidarité pour la libération immédiate de Gabriel Pombo Da Silva

Que l’Etat n’ait pas la main mise sur les rebelles …

Après plus de 30 ans déjà passés dans les geôles des Etats espagnol et allemand, il semble bien qu’enfin une lueur s’annonce au bout du tunnel pour le compagnon Gabriel Pombo Da Silva.

Extradé d’Allemagne sous le coup d’un mandat d’arrêt européen émis par le tribunal d’Albacete pour une condamnation de 3 ans et 7 mois, il est arrivé par l’application normale des remises à la fin de cette peine. Le 17 mai, ce même tribunal d’Albacete a prononcé une ordonnance de libération immédiate, et les jours suivants des compagnon-ne-s se sont donc empressé-e-s d’aller l’accueillir à la sortie. Peine perdue, car il est aujourd’hui toujours derrière les barreaux.
En effet, la direction de la prison dans laquelle il se trouve (C.P La Moraleja, Dueñas, province de Palencia) et diverses instances judiciaires, dont le tribunal de Girone, ont lancé à la hâte différentes procédures douteuses afin d’empêcher sa libération. Malgré plusieurs recours juridiques en cours, celles-ci ont pour conséquence de prolonger son enfermement pour une durée indéterminée.

Que l’Etat qui fait la loi à sa convenance soit le premier à la piétiner est un classique de tous temps, quoiqu’en disent les supporters de la démocratie. De même, il n’y a rien d’étonnant à ce que ses sbires soient prêts à utiliser tous les moyens pour écraser celles et ceux qui refusent de plier face à eux.
En Espagne comme ailleurs, le durcissement des lois et des codes pénaux, les vagues répressives contre les « subversifs », la menace « terroriste » brandie à tour de bras sont destinés à mettre tout le monde au pas et à faire accepter coûte que coûte un système basé sur l’exploitation et la domination.
Mettre et maintenir en prison celles et ceux qui, comme Gabriel, continuent envers et contre tout à exprimer leur refus de l’autorité et de l’oppression, est à la fois une manière de les garder en otage et un signal clair adressé à celles et ceux qui, d’une manière ou d’une autre, s’en prennent à l’ordre social existant.

A intervalles réguliers, des appels sortent de prison pour dénoncer les conditions carcérales, les perpétuités de fait, les exactions des bourreaux et parfois même l’enfermement en tant que tel. Si elles ont contribué à mettre momentanément un terme aux luttes collectives à l’intérieur, la répression et les restructurations carcérales n’ont pour autant pas réussi à étouffer toute révolte. Et à plusieurs reprises, cette révolte a rencontré des échos à l’extérieur des murs. C’est cette diffusion brisant l’atomisation que craignent les puissants et c’est aussi contre cela que l’Etat et ses chiens de garde mènent une sale guerre à base de pressions physiques et psychologiques, en plus des habituelles manœuvres judiciaires et pénitentiaires.

La situation du compagnon anarchiste Gabriel Pombo Da Silva montre clairement qu’il est aujourd’hui encore dans la ligne de mire d’institutions qui entendent l’enterrer dans leurs oubliettes pour ce qu’il est, pour ce qu’il pense et ce pour ce qu’il continue d’exprimer. Une manière de répondre dans cette guerre menée aux insoumis-e-s reste la solidarité. Il appartient à chacun, chacune, de l’exprimer de la manière qu’il ou elle considère adéquate.

Liberté pour toutes et tous !
Libération immédiate de Gabriel Pombo da Silva !

Des anarchistes sans frontières, le 25 mai 2016

[Traduit de l’espagnol d’Indy Barcelone, 26 mai 2016]

Paris/Bordeaux/Nantes/Dijon/Rennes : vitrines et affrontements [mis à jour]

Brèves du Désordre

Incidents, 77 interpellations en France et 15 policiers blessés [et un manifestant parisien grièvement blessé]

Reuters, 26/05/2016 à 23h30

Soixante dix-sept personnes ont été interpellées jeudi dans toute la France lors d’incidents pendant des manifestations contre la loi Travail, qui ont fait d’autre part 15 blessés dans les rangs des forces de l’ordre, annonce le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve.
Un manifestant a été en outre grièvement blessé à Paris lors d’échauffourées entre des policiers et des activistes qui tentaient de bloquer le boulevard périphérique.

Les services du ministère ont recensé 174 cortèges à l’occasion de cette nouvelle journée d’action, précise-t-il.

Dans un communiqué séparé, la préfecture de police dit que l’incident s’est produit quand des manifestants ont tenté de bloquer le périphérique au niveau de la Porte de Vincennes. « Une centaine de personnes a pris à partie cinq fonctionnaires de police qui procédaient à une interpellation et ont dû se retrancher dans une résidence privée dans l’attente de l’arrivée de renforts. Des heurts s’en sont suivis lors desquels un jeune homme a été blessé sérieusement [un lycéen qui a reçu un éclat de grenade de dispersion au niveau de la tempe]« , déclare-t-elle.

« Il est actuellement pris en charge en milieu hospitalier« , précise le ministère de l’Intérieur en ajoutant que Bernard Cazeneuve « a aussitôt saisi l’Inspection générale de la police nationale afin qu’une enquête administrative soit diligentée. »


Au moins 153.000 manifestants selon la police, 300.000 selon la CGT ont défilé dans toute la France, jeudi 26 mai, à l’occasion de la huitième journée de mobilisation contre la loi Travail. Perturbation dans le secteur pétrolier, dans celui de l’énergie, grèves dans les transports, dans les ports, dans le secteur aérien : les mouvements étaient nombreux ce jeudi.
Le 9 mars, 224.000 personnes étaient descendues dans la rue selon les autorités. En hausse pour la police, stable à un haut niveau pour les syndicats, cette journée (la première depuis les blocages et les risques de pénurie d’essence) a confirmé à Paris le regain de participation entrevue la semaine passée.
La préfecture a annoncé qu’entre 18.000 et 19.000 personnes ont battu le pavé entre Bastille et Nation ce jeudi. Pour Force Ouvrière, la barre des 100.000 a été atteinte. Lors de la dernière journée, le 19 mai, les autorités en avaient comptabilisé entre 13.000 et 14.000 et les syndicats 100.000.

(journaflics ordinaires)


Paris : vitrines et affrontements

17h15. Selon Force ouvrière, 100.000 personnes ont défilé contre la loi Travail à Paris.

17 heures. 18.000 à 19.000 manifestants à Paris selon la préfecture de police. Entre 18.000 à 19.000 personnes ont manifesté à Paris contre la loi Travail, un chiffre en hausse par rapport au 19 mai, où de 13.000 à 14.000 personnes avaient défilé toujours selon la préfecture de police de Paris. Au cours de la manifestation, émaillée d’échauffourées et de dégradations, 16 personnes ont été interpellées.

16h20. Nouvelles échauffourées à l’arrivée du cortège parisien à Nation. De nouvelles échauffourées ont éclaté à Paris à l’arrivée du cortège contre la loi Travail place de la Nation, lorsque des manifestants cagoulés ont poussé un chariot de supermarché enflammé contre une paroi de plexiglas dressée par les policiers. Des manifestants ont également jeté sur les forces de l’ordre de nombreuses pierres provenant d’un mur cassé peu avant leur arrivée sur la place et s’en sont pris à des devantures de concessions automobiles et de magasins sur un boulevard proche. Les policiers ont répliqué à coups de gaz lacrymogène. La dispersion a débuté vers 16h30 et douze personnes ont été interpellées depuis le début de la manifestation, selon la préfecture de police.

15h20. Casse d’un Franprix dans le XIIe . Selon une de nos reporters, plusieurs participants à une manifestation « sauvage » organisée en marge de la manifestation officielle s’en sont pris à la façade d’un magasin Franprix rue Chaligny, dans le XIIe arrondissement de Paris, sur le coup de 15 heures. Un concessionnaire Skoda a également été attaqué.

15h06. Affrontements à Paris entre policiers et manifestants cagoulés qui ont quitté le cortège. Des affrontements ont éclaté à Paris lorsque des manifestants cagoulés ont quitté le trajet du cortège contre la loi travail, brisant des vitrines et dégradant des véhicules. Une centaine de manifestants présents en tête de cortège ont emprunté une rue transversale, renversant des containers à verre et lançant des bouteilles sur des policiers, qui ont répliqué en tirant des gaz lacrymogènes. L’intervention des unités mobiles est en cours, a confirmé la préfecture de police.


Nantes : manif interdite et quelques banques

Deux banques saccagées à Nantes lors de la manifestation interdite
France Bleu Loire Océan, jeudi 26 mai 2016 à 18:46

Lors de la manifestation interdite à laquelle ont participé environ 2000 personnes dans les rues de Nantes, des casseurs ont vandalisé une agence bancaire de la Caisse d’épargne et une de la Société générale. Vitrines brisées, portes démontées, ordinateurs renversés.

L’agence de la Caisse d’épargne de la Place de la République s’ajoute à la longue liste des banques vandalisées ces dernières semaines à Nantes en marge des manifestations contre la loi Travail. Jeudi après-midi, un groupe de casseurs s’en est pris violemment à cette agence, les vitrines ont été brisées et le matériel informatique jeté à même le trottoir. Un commerçant de la place a assisté à la scène, impuissant. Il se dit « écoeuré » et juge « scandaleuses » ces attaques répétées contre des biens.

Un peu plus loin, une autre banque a été pris pour cible, une agence de la Société générale dont les vitres et la porte ont été brisées. Les manifestants, très mobiles et dispersés en petits groupes se sont retrouvés sur l’Ile de Nantes après avoir été repoussés par les forces de l’ordre à proximité de la maternité du CHU.

Un important dispositif policier empêche l’accès à l’hyper-centre

Le défilé qui était interdit par la préfecture est parti de la place du Bouffay vers 14 heures, avant de se rendre vers le Château des Ducs de Bretagne et c’est en passant devant l’hôpital que la police est intervenue à coups de gaz lacrymogènes pour empêcher les manifestants d’accéder aux rues commerçantes du centre-ville.

Un jeu du chat et de la souris s’en est suivi dans plusieurs quartiers de la ville jusqu’à la dispersion de la manifestation aux abords du Palais des sports de Nantes. En fin de journée, la Préfecture de Loire-Atlantique annonçait huit interpellations


Bordeaux : l’attaque du comico

Au ministère de l’Intérieur, l’attaque en règle du commissariat des Capucins, à Bordeaux, a beaucoup choqué. L’entourage du ministre a fermement condamné ces actes. Les manifestants jetaient des plots de stationnement sur la façade du bâtiment, mais aussi des objets métalliques. Ils ont brisé les vitres de plusieurs véhicules de police. Une victime, venue porter plainte, a même été légèrement blessée par les jets de projectiles.
(Figaro, 26/05/2016 à 19:51)

Bordeaux : le bureau de police des Capucins pris pour cible en marge de la manifestation
Sud Ouest, 26/05/2016, 18h32

Bien après la fin de la manifestation anti loi Travail, ce jeudi après-midi, un groupe de quelques dizaines d’éléments perturbateurs issus, semble-t-il, des manifestants, a attaqué le bureau de police des Capucins en projetant un objet métallique sur la façade.

La vitre au-dessus de la porte d’entrée a été brisée. Le bruit de l’impact a impressionné les passants. Une personne venue déposer plainte, et qui se trouvait à l’intérieur a été légèrement blessée à la lèvre par un éclat de verre.

Les policiers n’ont procédé à aucune interpellation et une enquête est en cours.


Dijon

Plusieurs façades ont subi des dégradations à Dijon, où des tags comme « Anti capital » ou « PS ordures » ont été inscrits sur des murs et des vitrines.

Une banderole avec l’inscription « Grève, blocage, sabotage. Non à la loi Travail » a été déployée depuis la tour Philippe Le Bon du Palais des ducs de Bourgogne, qui abrite la mairie de la ville.

Rennes

(Le Monde, 26/05/16 17h36)

Entre 3500 et 8000 personnes ont défilé à Rennes selon l’AFP, notamment des jeunes derrière une banderole : « Faute de fioul, fous ta cagoule« . Des manifestants s’en sont pris aux locaux du journal Ouest France.

Parti de l’esplanade Charles-de-Gaulle, le cortège a circulé dans le rues durant environ deux heures avant de revenir à son point de départ. Quelques manifestants, jeunes pour la plupart, ont installé une barricade de fortune et mis le feu à des poubelles près de l’esplanade, mais aucun accrochage notable avec les forces de l’ordre n’a eu lieu. Plus tard, le cortège s’est disloqué. Une partie des manifestants a pris la direction du dépôt de bus du Service de transports de l’agglomération rennaise (STAR), à l’est de la ville, bloqué depuis le matin. A leur arrivée sur place, un cordon de policiers les a empêchés de rejoindre les grévistes à l’intérieur du dépôt.

Par la suite, certains sont parvenus à envahir les voies ferrées. Le trafic SNCF a été interrompu pendant environ une heure et a pu reprendre progressivement à partir de 16 h 30. Aucune vitrine, selon nos informations, n’a été détériorée dans le centre-ville. En revanche, de très nombreux tags ont fleuri avant ou après le passage du cortège. La rédaction locale du quotidien Ouest-France a ainsi été prise pour cible. Sur les murs de France 3 Ouest, on pouvait lire : « 1789, les casseurs prennent la Bastille. »

[Besançon] Ne nous dégonflons pas !

lu et copié à partir du Chat Noir Emeutier

Le week-end dernier à Besançon, une voiture de la mairie et un véhicule des journaflics de l’Est Républicain se sont faits crever l’ensemble de leurs pneus.

Les raisons de cibler ses deux structures de la domination sont évidentes : la municipalité nous impose jour après jour ses projets urbanistes (éco-quartiers et autres résidences ultra-sécurisées, dans lesquels s’installeront bientôt une population boboïsée prête à verser son fric dans de nouveaux commerces bio branchés). De toute manière, elle représente le pouvoir, ce qui en soit justifie l’attaque. Quant à l’Est Républicain, ça saute aux yeux de toute personne qui sait lire que ces larbins du pouvoir sont toujours prompts à relayer la propagande belliqueuse des flics, à lyncher tous ceux qui font le moindre pas de travers ou qui se rebellent contre cette société pourrie.

On a su plus tard qu’une agence bancaire CIC de la rue de Belfort a laissé des messages sur ses vitres, appelant à attaquer ce monde de fric et d’oppression : « Détruisons ce qui nous détruit ; Brûlons les banques (A) ». A côté, le DAB s’est entièrement obstrué de peinture et mis HS pour un petit moment.

Les murs de la ville ont également pris la parole : « Ni État ni MEDEF, Ni loi ni travail, Tranquillisez votre esclave : appelez-le citoyen, Sous les pavés les flics, A bas l’État … »

Une pensée à tous les inculpés du mouvement de révolte contre la loi « travail », que ce soit à Paris, Rennes, Nantes, Grenoble, Lyon….

C’est toujours le début !

[Publié sur indymedia nantes, 26 mai 2016]

Sans « oui, mais… »

 lu et relu et  copié dans Brèves Désordre

« Des saloperies de voitures de flics, il en crame depuis des décennies. Et il en cramera encore. C’est ainsi et c’est tant mieux. Pour ma part, j’espère qu’une bonne âme voudra bien se décider à me saccager, à me caillasser, à me caraméliser le moteur, à me désosser et me revendre en pièces détachées, à me faire flamber, à m’épargner le terrible poids d’autres arrestations… »
Anti-terrorisme : la dépanneuse [de police] raconte !, Indy Nantes, 25 novembre 2008

Face à la révolte qui s’empare régulièrement des rues depuis plus de deux mois, un vent mauvais d’arrestations et de lynchage médiatique est en train de souffler un peu plus fort pour tenter de calmer les incontrôlables de la contestation. La figure-repoussoir du moment, construite avec délice par les gestionnaires de l’ordre et alimentée à foison par les pompiers sociaux, est bien sûr celle du fameux « casseur« . Une figure mythique parfois redécoupée selon le contexte policier local en « anarchistes », « autonomes », « antifascistes », « ultra-gauchistes », « anarcho-autonomes », voire même ce bon vieux « anarcho-libertaires » qu’on croyait disparu depuis le CPE.
Interpellations d’avant-manifs, interdictions administratives, enquêtes express, perquisitions, contrôles judiciaires et incarcérations préventives ont ainsi déboulé à Nantes, Caen, Lyon, Rennes ou Paris pour enrichir une tambouille répressive déjà lourdingue lorsqu’elle se composait de notes blanches et d’instructions judiciaires, mais qui est devenue carrément indigeste depuis que l’Etat l’a agrémentée de mises en examen pour « association de malfaiteurs » (Rennes) et autres « tentative d’homicide volontaire » (Nantes, Paris). Si cela n’a rien d’étonnant dans une période où état d’urgence, guerre, contrôle et serrage de vis généralisés sont plus que jamais à l’ordre du jour, on peut néanmoins constater que ce n’est pas la peur du ridicule qui a étouffé journaflics et crapules politiques de tous bords ces derniers jours : « Daech de l’intérieur », « terroristes », « barbares » et « fascistes » ne sont que quelques uns des noms d’oiseaux qui ont volé derrière les micros pour défendre les familles des vitrines et un tas de ferraille bleu-blanc-rouge opportunément caramélisé.
Avec de tels tours de passe-passe linguistiques, on peut se demander comment le pouvoir qualifiera ses assassinats permanents de migrants aux frontières de la Méditerranée, ses bombardements « anti-terroristes » de villes entières en Syrie, ou tout simplement son empoisonnement nucléaire et industriel durables de la planète et de ses habitants. Le négligeable prix à payer pour le maintien de l’ordre des paradis de la démocratie marchande ? L’inévitable conséquence d’un monde régi par l’Etat et le capitalisme ?
Et puisqu’on en est aux mots et à leur sens vidé par le pouvoir afin de contenir et d’isoler une partie des révoltés de l’ensemble de la conflictualité sociale, disons les choses clairement : si la balayette d’un manifestant contre un CRS tentant de jouer au héros peut magiquement se transformer en une « tentative de meurtre » sous la plume d’un larbin de l’autorité, il y a fort à parier que le dictionnaire ne sera d’aucune utilité à ce dernier lorsqu’un sbire subira un accident du travail définitif, comme ce fut par exemple le cas lors d’une manifestation de chômeurs à Feriana (Kasserine, Tunisie) le 20 janvier dernier.

Face au choeur assourdissant des porte-parole de la domination, le fameux Tout le monde déteste la police !, un des slogans le plus chanté, gueulé, clamé et scandé ces derniers temps par des dizaines de milliers de personnes à travers tout le pays, semble désormais avoir un peu de plomb dans l’aile.
Non non, pas du flash ball dans la tronche ou de la grenade de désencerclement dans les pattes comme il en pleut dru à chaque manif, juste un peu de plomb. De ce petit plomb calibre 12, modèle Fini la récré, qui frappe en vol tout élan potentiellement subversif, tout battement d’ailes qui sort du dressage scolaire, de l’exploitation salariée ou de l’abrutissement sur écran. Ces mêmes ailes qui ont (re)donné à beaucoup le goût d’aller explorer l’inconnu au-delà de l’horizon d’un terne présent ; celles dont la matière est faite de rages brûlantes, de rêves de destruction, et d’un absolu sans dirigeants ni dirigés ; celles, qui sait ?, d’un monde complètement différent, c’est-à-dire d’un monde notamment débarrassé de toute police.
Car qu’on le veuille ou non, qu’on le trouve trop réducteur, démagogique, voire carrément contre-révolutionnaire comme l’éditeur du Comité Invisible, le slogan Tout le monde déteste la police ! était parvenu ces derniers temps à reléguer au second plan non seulement toute amélioration de la loi travail, mais aussi son prédécesseur en la matière, le très descriptif Flics, porcs, assassins ! présent depuis l’assassinat d’Alexis à Athènes en décembre 2008, sans même parler de son populaire ancêtre qui filait déjà la métaphore animalière sans chichis inutiles : Mort aux vaches ! Certes, les attaques de vitrines commerçantes, les pillages de Franprix ou de Go Sport, les barricades enflammées, les comicos, mairies, banques et locaux du PS transpercés, les gares saccagées ou envahies, tous ces rails de trams, ces carrefours et ces rocades bloquées ont également et largement exprimé une colère qui a su dépasser les rituels affrontements avec la police, tout en ouvrant un espace hétérogène et autrement plus riche en possibilités. Pourtant, c’est l’incendie à Paris le 18 mai d’une voiture de flics lors d’une manif sauvage, non loin d’un rassemblement de syndicalistes pas rôtis et pas contents, qui a relancé l’hallali contre les « méchants casseurs » le temps d’un week-end.

Du plomb dans l’aile disait-on, parce qu’en se transformant de sentiment en action, de détestation en attaque, d’incantation qui rassure en réalité qui peut faire mal (des deux côtés), le fameux slogan chanté sur tous les tons a pris la cruelle dimension de l’existant et de sa machine à punir : celle de la guerre sociale. Que les deux flics aient pu ressortir de leur caisse fumante sans être incités à y rester, y compris le porte-flingue recalé au concours de gardien de la paix, n’est ici pas la question. Tout le monde ne déteste certainement pas la police, mais c’est en tout cas à chacun qu’il revient de décider quand, et surtout comment exprimer concrètement cette rage de la manière qu’il estimera la plus adéquate. La manifestation sauvage qui est partie des abords de la place de la République où se déroulait le rassemblement de syndicats de poulets, n’a eu besoin d’aucune assemblée ou commission pour s’élancer, tout comme les précédentes qui s’en étaient prises à des Jaguars, des Autolib, ou (déjà) des voitures de flics. Si les mots ont encore du sens, conspuer violemment le parti au pouvoir dans la rue peut aussi avoir pour conséquence que des mains inconnues s’en prennent à ses locaux. Que ce soit avec du fumier, des marteaux, de la peinture, une meuleuse… ou douze balles. Si les mots ont encore du sens, conspuer violemment la police dans la rue peut aussi avoir pour conséquence que des mains anonymes lui lancent des pierres, des mortiers, de la peinture… ou jettent un fumi dans la lunette arrière d’un de ses véhicules en fonction.
Dans ce mouvement qui peine à trouver des perspectives autonomes loin des syndicats et des politiciens autoritaires de service, le fait qu’’idée et action puissent parfois encore aller de pair n’est pas la moindre des réjouissances. Comme l’écrivaient en décembre dernier des compagnons juste après l’attaque explosive contre une école de police à Brescia (Italie) : « Si faire d’eux L’Ennemi serait une idiotie, justifier leur travail serait une aberration. Après les morts sous leurs bottes, après les tabassages dans les commissariats, après les charges dans les rues, après d’infinis abus de pouvoir quotidiens qui les rendent toujours plus arrogants, forts de leur impunité, un grondement de révolte dans les ténèbres de la résignation est le minimum qui puisse arriver. Il y a des rages, il y a des émotions impossibles à exprimer avec une pétition (et au diable partis et syndicats, prêtres et militants). » Certes, les chiens qui protègent les maîtres et participent au rapport social de domination ne peuvent à eux-seuls incarner l’ennemi, mais ils sont en tout cas un obstacle évident pour quiconque souhaite s’aventurer sur les chemins de la démolition passionnée comme sur ceux d’une liberté sans mesure. A ce titre, prendre ses propres idées au sérieux contre le plus froid des monstres froids qui prétend en outre au monopole de la violence, et en tirer les conséquences pratiques, est un premier pas nécessaire.

Depuis plus de deux mois, le minimum syndical du Tout le monde déteste la police ! avait réussi à ouvrir une brèche entre l’ahurissant J’ai embrassé un flic et l’étouffant Je suis Charlie d’un état d’urgence prolongé indéfiniment. Ce soir, 24 mai 2016, un jeune manifestant nantais croupit depuis près de 10 jours en taule, accusé de « tentative de meurtre » contre un commandant de police lors d’une émeute. Ce soir, 24 mai 2016, la détention provisoire vient d’être prolongée par un laquais en toge pour l’un des quatre manifestants parisiens accusé à son tour de « tentative de meurtre » suite à la voiture cramée le 18 mai à Paris (les 3 autres restent mis en examen sous contrôle judiciaire). Peu importe qu’ils soient « coupables » ou « innocents », car nous laissons volontiers ces catégories aux charognards du code pénal et à tous leurs amis citoyens-flics. Peu importe qu’il s’agisse de révolutionnaires certifiés ou de lycéens anonymes, car c’est avant tout les actes dont ils sont accusés que chacun est invité à défendre solidairement. Des actes clairs, et sans « oui, mais…« .
C’est au son du clairon que le terrorisme d’Etat est en train de battre son rappel à l’ordre, en utilisant cette attaque incendiaire ou les blocages en cours pour tenter d’effrayer et de favoriser un retour à la normalité. Celle où les matraques syndicales et où les tirs policiers ne rencontreraient pas de réponse contondante, celle où la circulation des flux de marchandises (humaine ou pas) ne serait pas interrompue, celle où l’exploitation ne serait pas réduite en lambeaux, celle d’une démocratie de guerre qui ne serait pas sapée, celle des technologies de l’enfermement et du contrôle qui ne seraient pas sabotées, celle basée sur notre peur et sur notre résignation. Parce qu’au fond, la matraque et son acceptation est ce qui garantit les rapports sociaux.
A chacun de prouver le contraire.

Liberté pour toutes et tous !

Des anarchistes
Paris, 24 mai 2016