Archives de catégorie : General

Marseiile, France: Sur le chemin vive la belle, escape!

4 prisonniers  se sontr évadés le 14./10 d’un fourgon pénitentiaire lors d’un transfert entre le tribunal et les Baumettes. Feu rouge. Ils ont forcé la porte pendant que les autres faisaient du bruit puis menottés 2deux  par deux, ils se sont enfuis par des ruelles du centre.

Les matons s’en sont rendu compte une fois arrivés à la ZonZ. 3 correctionnel, 1 criminel.

ABRAZO

[ reçu  d’une compagnonne]

Recueil de textes anarchistes à propos du mouvement des gilets jaunes

Recueil de textes anarchistes à propos du mouvement des gilets jaunes, 24 p., août 2019

Extrait :

…Un tel mouvement de révolte pour le moins inédit dans le contexte français a bien entendu provoqué au départ l’hostilité des idéologues de tout poil, aussi bien du côté des marxistes que des anarchistes. Pour les premiers, le fait que les gilets jaunes ne se posent pas socialement à partir du travail, c’est-à-dire de leur place dans les rapports de production, mais aient entamé une timide critique de leur l’existant à partir de la sphère de la reproduction (les conditions de survie qui ont été résumées par « les fins de mois difficiles ») ne pouvait qu’heurter leur vision économiciste. Si on rajoute à cela que selon leur grille de lecture de dinosaures ce mouvement a débuté avec une dimension « interclassiste » en appelant tout le monde à le rejoindre (petits patrons, autoentrepreneurs, artisans et commerçants inclus, au nom de la lutte « des petits contre les gros »), il va de soi que beaucoup d’entre eux sont longtemps restés imperméables à ce qui se passait. Du côté anarchistes, si on met à part les compagnons pour lesquels la question révolutionnaire ou insurrectionnelle est de peu d’importance, c’est notamment la revendication initiale sur les carburants et la présence de l’extrême-droite dans les manifestations qui a servi de repoussoir. Le symbole de sa présence, ou plus généralement de minorités nationalistes et réactionnaires, étant bien entendu pour eux ces drapeaux français brandis au vent et ces Marseillaise entonnées plus que de coutume. Même si on peut autant attribuer la présence des drapeaux tricolores et du chant patriotique à ces groupes organisés qu’à la victoire de l’équipe de football au Mondial quelques mois plus tôt, à son emploi abondant par le principal parti de gauche (France Insoumise) depuis des années, ou encore par un rapport fantasmé des gilets jaunes à la Révolution de 1789, il n’en reste pas moins évident que l’extrême-droite était bien là, tentant dès le début de pousser ce mouvement à son avantage. C’était évidemment une question à ne pas mettre de côté, mais de la même façon que nous devons à mon avis prendre en compte la présence de tous les groupes autoritaires organisés dans chaque lutte, y compris lorsqu’elle s’incarne avec des maoïstes brandissant des drapeaux rouges avec marteau et faucille au sein des blacks blocs ou avec des néo-blanquistes au cours de luttes de territoire. Pour les anarchistes, la question n’est en effet pas celle de la droite ou de la gauche de la politique, mais plutôt celle de la liberté et de l’autorité, luttant pour renforcer la première et pour supprimer la seconde. Comme c’est aussi de façon plus générale la question de l’autonomie et de l’auto-organisation contre toute velléité d’encadrement et de pacification.

Face à des situations de révolte sociale qui réunissent une masse hétérogène animée par un «non» commun comme point de départ (à une nuisance comme à une taxe), il nous semble ainsi que la question de l’intervention anarchiste en son sein dans une optique insurrectionnelle ne peut pas se limiter à la présence ou à l’absence de ces groupes autoritaires. Qu’y-a-t-il en effet d’incongru dans un monde basé sur l’autorité que des groupes autoritaires soient présents au sein d’une lutte ouverte ? Si on pense par exemple qu’un mouvement porte intrinsèquement en lui comme la nuée l’orage la naissance d’un néo-fascisme populaire de type Salvini, il est alors clair que notre intervention devra se faire contre le mouvement en soi. Si on pense à l’inverse que le mouvement de révolte pose une question sociale qui peut ouvrir sur bien d’autres possibilités, il est alors clair que notre intervention devra se faire contre la présence des autoritaires dans le mouvement. Mais dans les deux cas, il nous semble impossible de rester passif, de ne pas agir, d’une manière ou d’une autre, en fonction de ses propres idées et perspectives. Il est d’ailleurs étonnant à plus d’un titre qu’un compagnon enfermé à l’isolement au fond d’une geôle italienne ait réussi à être plus lucide que certains compagnons d’ici. Dans un texte de décembre se référant en passant aux gilets jaunes, il proposait ainsi aux anarchistes non seulement d’être aux côtés des révoltés pour se battre contre la police dans les émeutes, mais aussi d’apporter des contributions spécifiques comme des attaques ciblées contre les politiciens et les récupérateurs de la révolte (ceci incluant bien entendu les groupes fascistes). Un raisonnement somme toute classique, puisque de fait, comme souvent face à ce genre de situations explosives, là question ne devrait pas tant être « qui sont-ils et que veulent-ils », mais qu’est-ce que nous voulons, nous ?

Sommaire

1. L’Entretien avec des anarchistes sur le mouvement des Gilets Jaunes par Des individus sur Paris et banlieue date de février 2019.

2. Gilet-jaune : es-tu citoyen ? date de mars 2019. Il a été distribué dans les rues de Paris lors de l’acte XX du mouvement (samedi 30 mars).

3. Les Quelques notes à propos du mouvement des Gilets jaunes par Paname datent de début juin 2019. Elles ont été publiées dans le journal anarchiste allemand In der Tat n°4, été 2019

4. Pou(r)voir au peuple date de juin 2019. C’est un texte sorti à Marseille.

 

[Publiée sur indymedia nantes, 12.10.2019]

[Oxaca, Mexique]Nouvelles du prisonnier anarchiste Miguel Betanzos; 25 jours en grève la faim (Mise à jour le 16/10/2019)

Miguel Peralta Betanzos sort de prison !

Rappel :

Miguel Ángel Peralta Betanzos est un jeune indigène mazatèque,
anarchiste et membre de l’Assemblée Communautaire d’Eloxochitlán de
Flores Magón, Oaxaca. Le jeudi 30 avril 2015, Miguel a été arrêté au
centre-ville de Mexico.

Depuis 2010, le groupe cacique dirigé par la famille Zepeda a tenté
d’imposer, par la force, la répression et la prison, les partis
politiques, leurs pratiques et leurs méthodes pour gagner des sièges au
gouvernement et augmenter leurs bénéfices économiques, ce qui a déchaîné
un conflit très violent au sein de la communauté d’Eloxochitlán de
Flores Magón.

Depuis le 30 avril 2015, Miguel était enfermé dans la prison de
Cuicatlán, Oaxaca. Lui et sept autres personnes détenues ainsi qu’une
vingtaine d’inculpés, sont accusés de la mort d’une personne lors d’une
attaque perpétrée par le groupe cacique de Zepeda lui-même, en décembre
2014, alors que l’Assemblée Communautaire, opposée aux partis
politiques, se trouvait réunie pour élire ses représentant-e-s.

Le 26 octobre 2018, Miguel a été condamné à 50 ans de prison pour
tentative d’homicide qualifié et homicide qualifié.

Le 19 septembre 2019, Miguel annonçait dans une lettre, sa grève de la
faim.

Miguel Peralta Betanzos est sorti de la prison de Cuicatlan, Oaxaca ce
mardi 15 octobre 2019.

Plus d’infos :
https://liberonsles.wordpress.com/eloxochitlan-de-flores-magon/

https://fr-contrainfo.espiv.net/files/2017/05/adeuxans.jpg

Merci beaucoup de nous aider à diffuser les nouvelles du compagnon
anarchiste mexicain Miguel Betanzos.

[OAXACA- MEXIQUE] Nouvelles du prisonnier anarchiste Miguel Betanzos :
25 jours en grève de la faim

Derrière les murs de la prison de Cuicatlán, Oaxaca, se trouve
actuellement notre compagnon anarchiste Miguel Peralta Betanzos,
indigène mazatèque, membre de l’Assemblée Communautaire d’Eloxochitlán
de Flores Magón, Oaxaca. Le 26 octobre 2018, Miguel a été condamné à 50
ans de prison.

Lettre depuis la prison de Cuicatlan Oaxaca. Reçue le 11 octobre 2019.

15 jours ouvrables et le juge Modesto Isaías Santiago Martínez n’a pas
tenu son engagement.

Le 19 septembre lorsqu’à eu lieu l’audience finale, le Juge du Tribunal
Mixte de Huautla de Jiménez, s’est engagé verbalement à se prononcer
dans les 15 jours ouvrables à venir or il n’a pas tenu son engagement.

Aujourd’hui 10 octobre, les 15 jours ouvrables que le juge avait pour se
prononcer sur ma situation juridique, selon le code pénal de l’État de
Oaxaca, se sont écoulés et il n’a pas non plus tenu son engagement.

Aujourd’hui, moi par contre oui, cela fait 4 ans 5 mois et 10 jours que
je suis en prison pour un procès fabriqué de toutes pièces, aujourd’hui
voilà 22 jours que je n’ai pas ingéré un seul aliment, car je sais
pertinemment qu’il n’y a pas le moindre motif pour rester un jour de
plus en prison et je proteste avec mon corps, pour exiger de façon
déterminée ma liberté en échange de la mise en danger de ma santé.

Aujourd’hui le juge annonce qu’il peut prendre tout le temps qu’il lui
plaît pour prononcer la sentence, mais ce temps est mon temps, mon temps
volé, Mon temps emprisonné, Mon temps a des jours ouvrables et des jours
non ouvrables, Mon temps ne répond pas à leurs codes ou à leurs lois,
auxquels pourtant ils prétendent continuer à le soumettre.

En même temps, dans toutes les instances chargées de faire respecter et
de permettre l’accès à un « système de justice rapide, objective, rendue
de façon impartiale » ils prétendent qu’ils ne sont pas compétents,
qu’ils ne peuvent rien faire, qu’il faut prendre patience, alors je
réaffirme la chose suivante, votre fonction publique est un simulacre,
une farce en votre nom. Il est évident que le pouvoir d’une députée
règne sur ces institutions. Avec de telles réponses, le retard et les
irrégularités juridiques tout au long de mon enfermement, ils continuent
de démontrer que leurs institutions sont seulement au service du
caciquisme, de ceux et celles qui nous dépouillent, de ceux qui mentent
pour occuper des fonctions publiques, des ambitieux.ses, des
corrompu.e.s.

Aujourd’hui, je dois également dire que la raison pour laquelle j’ai
rompu la grève du silence que je menais depuis le 12 septembre, a été
lorsqu’ils ont décidé de ne pas me présenter à mon audience sous des
prétextes grotesques. Je dois dire que je remercie avec toute l’énergie
qui me fait résister, tous et toutes celle.s.x qui sont restés
attentifs, qui ont fait écho à mon silence et sont parvenus à faire du
bruit autour de leurs mensonges. Mais je dois aussi dire, insister même
que ni la députée Elisa Zepeda Lagunas ni son père le tortionnaire
Manuel Zepeda Cortés, ne peuvent plus continuer à soutenir ni
juridiquement ni médiatiquement leurs accusations à mon encontre. Elisa
et Manuel, ceux qui me dénoncent dans le dossier 02/2015, on fabriqué
les faits de telle sorte que le seul pilier qui leur reste et sur lequel
ils peuvent s’appuyer est l’impunité, le trafic d’influences et la
manipulation du Pouvoir Judiciaire. De leurs six témoins à charge, un
n’a pas reconnu sa déclaration, les déclarations des deux autres ne sont
qu’une copie de celle de Manuel Zepeda, deux n’étaient pas sur les lieux
(ils ont rapporté ce qu’on leur a raconté) et l’autre témoin dit que les
personnes étaient masquées. Il n’y a rien d’autre dans le dossier, ces
témoignages contradictoires, vagues et déjà controversés, c’est tout ce
que le juge doit prendre en considération, il n’y a rien qui demande un
temps indéfini, car malgré l’argument selon lequel il ne peut prononcer
ma mise en liberté parce que mon dossier comporte six tomes et s’il y a
six tomes c’est qu’ils sont remplis de pages d’arrêts accumulés par les
irrégularités et les violations tout au long de la procédure. Le juge le
sait parfaitement, car c’est lui-même qui était chargé du Tribunal au
début du montage du dossier et c’est lui qui a émis les mandats d’arrêts
; lui en tant que spécialiste des lois sait pertinemment que les témoins
à charge n’ont aucune valeur de preuve et que l’argumentaire juridique
que nous avons présenté pour ma défense le démontre pleinement. En tant
que juge incorruptible il devrait agir de façon impartiale en dictant la
sentence de ma mise en liberté immédiate sans délais et sans poursuivre
cette farce fabriquée et utilisée par la famille de caciques des Zepeda
Lagunas.

Je termine en disant que je poursuis ma grève de la faim pour exiger
qu’ils cessent de retarder ma mise en liberté.

Miguel Peralta

Prisonnier en grève de la faim.

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Miguel Betanzos condamné à 50 ans de prison. Prise de position de notre
compagnon Miguel Peralta Betanzos
Depuis la prison de Cuicatlán
Janvier 2019

Il y a trois mois, j’ai été condamné à 50 ans de prison par le néfaste
juge Juan León Montiel, du Tribunal Mixte de Première Instance de
Huautla de Jiménez. La semaine dernière, nous avons appris que l’enquête
08/2019 a d’ores et déjà été ouverte, et qu’elle dépend de la Troisième
Salle d’Audience du Tribunal de Justice de l’État de Oaxaca. Mais la
salle n’a pas fixé de date pour la célébration de l’audience, qui doit
consister en la présentation de la plaidoirie en appel, parce que le
dossier pénal 02/2015 a été envoyé incomplet au Tribunal : en effet, il
a été « nécessaire » que le juge Juan León fasse part de la condamnation
à Elisa Zepeda et à son père Manuel Zepeda, personnages qui tirent les
ficelles du système juridique comme s’il s’agissait d’une vile
marionnette, pour faire durer notre réclusion.

Je suis pleinement conscient que la prison et l’isolement que nous
vivons relèvent des actions, des omissions et des mécanismes juridiques
et politiques sciemment mis en place par les représentants de la «
justice » grâce aux marionnettes qui œuvrent au sein du Tribunal
Supérieur et du Tribunal Mixte, sachant que la consigne et le désir de
la Chargée de Commission de Justice du Congrès Local de Oaxaca est de
nous maintenir loin de notre communauté. Je parle de la députée locale
de Morena, Elisa Zepeda Lagunas, qui ne cesse de mentir aux médias et
achète des communiqués de presse à des journaux comme El Imparcial de
Oaxaca, Noticias Voz e Imagen de Oaxaca, El Universal, Milenio, et tant
d’autres qui, à coup de formules sensationnalistes et sans réelle
investigation journalistique de fond, persistent à relayer ce mensonge
et à donner crédit à la farce montée par cette soi-disant défenseuse des
droits de l’homme, qui en réalité n’a rien fait d’autre que s’enrichir
et prendre le pouvoir. On croit peut-être que la classe politique ne se
forme que dans des espace sociaux larges comme le sont les métropoles ou
les villes, où ses membres peuvent facilement s’éclipser et disparaître,
mais il n’en est pas ainsi, dans les petits villages aussi elle
prolifère avec les mêmes intentions : s’approprier les territoires en
imposant ses gouvernements, toujours contre l’auto-détermination des
peuples.

Il est aussi certain que ces tactiques de manipulation farcesques ne se
cantonnent pas au niveau municipal et étatique, mais qu’elles innervent
toutes les institutions qui fonctionnent hors de la représentativité
communautaire. Depuis la scène où il opère par des actes symboliques,
par la recréation du passé, l’exagération démagogique et le montage
virtuel, le gouvernement entrant tente de donner une bonne image de lui,
tandis que, par derrière, il cimente la militarisation du pays et
maintient l’armée dans les rues pour remplir des soi-disant tâches de «
sécurité ». Les grands projets sont déjà décidés malgré les résultats
des études environnementales et l’opposition des communautés, mais on
met pourtant en scène des référendums de pacotille qui n’ont d’autre fin
que de légitimer les projets en question. Voilà pourquoi le saccage
historique des ressources naturelles se poursuivra, tout comme
l’appropriation culturelle des connaissances ancestrales, tout comme la
production de déchets toxiques qui mettent en péril la vie des peuples
et provoquent leur déplacement forcé.

Les traités et les recommandations internationales, ils s’en lavent les
mains. Ce qui les intéresse, c’est que le secteur des affaires soit à
son aise. La défense de la vie, du territoire, de l’eau, et nos formes
d’organisation sont et continueront à être criminalisées par tout
gouvernement qui impose ses structures par la violence et l’utilisation
du pouvoir judiciaire pour essayer de nous réduire au silence. Ainsi,
nous ne voyons aucune transparence dans ce nouveau gouvernement, et
encore moins une quelconque volonté de libérer les compagnon.ne.s
emprisonnés pour avoir défendu tout cela, comme c’est le cas de ceux et
de celle de Tlanixco, qui sont enfermé.e.s dans les prisons d’État
depuis plus de dix ans déjà et dont le procès a de nouveau été reporté,
ce qui retarde encore leur sortie ; ou bien le cas d’un autre compagnon,
Luis Fernando Sotelo, qui s’est aussi vu refuser récemment sa mise en
liberté. Comment veulent-ils que nous ne doutions pas du gouvernement et
de ses paroles, si leurs actions nous démontrent qu’ils ne cesseront pas
de piétiner les peuples, les collectivités et les personnes qui
résistent ?

Il ne me semble pas juste qu’ils utilisent notre nom et qu’il leur serve
de butin politique, parce que notre réclusion sert à défendre nos
territoires, l’organisation communautaire et l’auto-détermination. Nous
partageons entre nous tous et toutes, en tant que prisonnier.e.s, la
fabrication de délits qui pour la majorité sont structurés de la même
manière puisqu’ils ont été inventés par l’État, par des individus
puissants et par des entreprises transnationales. Récemment, le
gouvernement a mentionné la possibilité d’une libération par loi
d’amnistie, ou quelque chose du genre, ce qui n’a pas été légiféré et
encore moins adopté, tandis que nous autres nous continuons à affronter
les déficiences et les négligences du système juridique. Chaque jour
nous livrons bataille contre le système pénitentiaire qui tente de nous
déshumaniser, nous réinventons et nous reconstruisons notre identité
parce qu’aucun libre développement de notre personnalité n’est permis.
Nous nous voyons obligés de consommer les « aliments » qu’ils nous
imposent, ils nous forcent à acheter des uniformes que nous abhorrons,
nous nous battons contre l’esclavisation du travail, et il existe en
somme un nombre incalculable de conséquences à l’isolement et à la
limitation de tout ce qui nous plaît. Acheter un morceau d’ananas de
contrebande devient un délit simplement parce que ça fermente, la taule
nous épuise, mais malgré tout cela, nous respirons, nous imaginons, et
nous restons debout. Même si la couleur de la prison nous déprime, nous
anesthésie, nous continuons à résister à l’obstacle en partageant des
moments avec notre famille, avec nos ami.e.s, avec notre compagnon.ne.
Les conflits que la prison provoque en nous, les indifférences et le
manque de communication qui rend impossible toute prise de décision
concernant notre détention, l’État s’en moque absolument ; ils essayent
de nous faire croire qu’ils vont régler nos affaires, que la critique
n’est pas nécessaire, et encore moins la mobilisation, car plus isolés
nous sommes et moins mobilisés, mieux cela vaut pour eux ; c’est le
meilleur moyen de nous diviser et de nous soumettre.

Mais nous ne nous tairons jamais, avec nos mots et nos actions nous
persévérerons dans l’effort jusqu’à faire s’effondrer les murs. Nous
pensons que la passivité du peuple ne nous mènera nulle part et que la
résistance est la proposition. Parce qu’au fond, aucun individu et aucun
peuple ne peut être privé de ses moyens de résistance culturelle,
sociale, économique et politique. La lutte des peuples n’est pas
respectée, la criminalisation de celles et ceux qui luttent continue, ce
qui prouve que la volonté réelle d’une « quatrième transformation » dont
on a tant entendu parler n’existe pas : le pouvoir n’a fait que changer
de mains, de couleur, de personnages, mais ni de forme, ni de fond. Bien
que nous ayons face à nous un groupe d’ennemis puissants, par le poste
politique et patronal qu’ils occupent, secondé par les institutions
d’État, la solidarité et les batailles que nous livrerons seront encore
plus fortes, portées jusque dans les rues, elle ne seront pas négociées
et nous ne mendieront jamais notre liberté parce que nous avons la force
de lutter pour elle, chaque minute de chaque jour et à chaque instant de
notre vie, et parce que nous sommes conscients que les délits qui nous
tiennent enfermés ont été fabriqués.

Nous continuerons d’exiger et de lutter pour que le processus juridique
cesse ses atermoiements, nous continuerons à dénoncer les vices de forme
et les croche-pieds que l’on nous fait à chaque pas, nous en appelons à
la solidarité pour continuer à agir ensemble dans la lutte
anti-carcérale, rien ne nous arrêtera, nous leur arracherons des mains
notre liberté !

Miguel Peralta
Depuis la prison de Cuicatlán
Janvier 2019

Plus d’infos / videos / fanzines, lettres de Miguel sur
https://liberonsles.wordpress.com/eloxochitlan-de-flores-magon/

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Qui es Miguel Ángel Peralta Betanzos?

Miguel Ángel Peralta Betanzos est un jeune indigène mazatèque,
anarchiste et membre de l’Assemblée Communautaire d’Eloxochitlán de
Flores Magón, Oaxaca. Le jeudi 30 avril 2015, Miguel a été arrêté au
centre-ville de Mexico. Cette arrestation a été perpétrée avec une
grande violence par trois personnes en civil sans identification ni
mandat d’arrêt, accompagnées de plus de 20 policiers « ministériels » de
la ville de Mexico. Toutes ces irrégularités concernant l’arrestation de
Miguel constituent une attaque de plus contre l’Assemblée Communautaire
d’Eloxochitlán, dans la continuité de celles qui ont été perpétrées
depuis 2010 par le groupe cacique dirigé par la famille Zepeda et à
présent par Elisa Zepeda, l’actuelle députée locale, présidente de la
Commission de Justice du Congrès d’Oaxaca du parti au pouvoir de
MORENA*.

Miguel est l’un des 7 prisonniers indigènes membres de l’Assemblée
Communautaire d’Eloxochitlán de Flores Magón, qui se trouvent enfermés
dans les différentes geôles de cet état Mexicain. Plus de 23 membres de
l’Assemblée d’Eloxochitlán, hommes et femmes, sont sous mandats d’arrêts
et ont été criminalisés pour avoir défendu « les us et coutumes
communautaires » qui prévoient une autre façon de choisir ses
représentants, s’opposant aux partis politiques soutenus par les
caciques locaux qui essaient d’imposer à tout prix leur pouvoir afin de
mieux contrôler la communauté par la peur et la prison.

Le 26 octobre 2018, Miguel a été condamné à 50 ans de prison.

Le 12 septembre 2019, Miguel aurait dû être présenté devant le Tribunal
Mixte de Première Instance de Huautla de Jiménez, Oaxaca, pour une
nouvelle comparution définitive, droit qui lui a été encore une fois
refusé par la Cour, l’audience a été reportée au 19 septembre 2019.

*Note : MORENA (Movimiento de Regeneración Nacional) parti politique de
l’actuel Président du Mexique, Andrés Manuel López Obrador.


Les trois passants
https://liberonsles.wordpress.com/
À bas les murs des prisons !
La lutte durera jusqu’à ce que nous soyons tous et toutes libres !

 

 

Publication:Ni or ni maître, Montagne d’or et consort…

Ni or ni maître. Montagne d’or et consorts.
Les éditions du couac, 190 p., septembre 2019
4 euros prix distro, 6 euros librairie

Avec l’intention de nuire à la Montagne d’or et au monde qui en a besoin, cet ouvrage est écrit par des individus profondément hostiles à toutes formes d’autoritarisme. C’est avec cette sensibilité que sont abordés la conquête du sous-sol de la Guyane réputée riche en or, son sol, sa géographie, ses populations et multiples réalités sociales.
Voyageant de ronds-points en villages, de bureaux d’études en sites miniers, c’est une part de ce pays et de ses complexités qui tente d’être mise en mots avant de tirer les fils d’un entrelacs macabre : ceux de l’extraction minière qui s’intensifie sur ce territoire.

Pour nous écrire, commander le livre, proposer une soirée discussion
autour de celui-ci : leseditionsducouac[at]riseup.net

Le livre est disponible dans des lieux de distro et quelques librairies.

Un extrait du livre (intro, infos techniques sur le projet de la Montagne d’or, annexe 1, table) est disponible en pièce jointe.

 

[Reçu p au laboratoire

Grèce/Kurdistan: Déclaration de Nikos Maziotti et Pola Roupa sur l’invasion turque planifiée du Rojava

roundrobin.info

Déclaration de Nikos Maziotis et Pola Roupa, membres emprisonnés de l’organisation “Lutte Révolutionnaire” au sujet du feu vert américain à l’invasion turque du Nord de la Syrie.

Après une période de positionnement hypocrite de la part de l’État américain envers les Kurdes et les autres peuples rebelles du Nord de la Syrie qu’ils ont soutenus militairement tandis qu’ils donnaient leurs vies dans la bataille contre Daesh et que leurs forces armées composées de d’hommes et de femmes libéraient une ville après l’autre en étendant le projet révolutionnaire du Confédéralisme Démocratique, le régime US a montré son vrai visage en donnant le feu vert à l’État turc pour une invasion militaire de la région. C’est le développement attendu de la part de l’État “démocratique” américain et de l’Occident “démocratique” en général. Il faut attendre de l’histoire elle-même et de la facilité avec laquelle les “grandes puissances” ont utilisé les peuples en lutte dans l’échiquier de leurs intérêts géopolitiques et économiques à travers les années, qu’elles étendent leur propre pouvoir. Cela doit aussi servir d’exemple pour le peuple de ce pays dans les moments présents, alors que l’État grec offre une fois encore “la terre et l’eau” à ses “alliés” américains pour son intervention militaire dans la région, un fait défendu comme un succès par le gouvernement suite à sa rencontre avec Mr. Pompeo et la présence militaire “mise à jour” en Grèce sous le pacte de coopération sur la défense.

L’invasion militaire des forces armées turques dans le Nord de la Syrie noiera une fois encore la région et la Révolution dans le sang. L’existence d’un projet social révolutionnaire qui devrait être une lueur d’espoir pour tous les peuples opprimés, un exemple pour la libération de tous les peuples, un modèle de liberté pour l’Occident “démocratique”, est menacée. La Révolution du Rojava, la révolution de notre époque, est menacée.

Les États sont les seuls terroristes, longue vie à la Révolution du Rojava et du Nord de la Syrie, longue vie à la révolution sociale !

Pola Roupa & Nikos Maziotis, membres de Lutte Révolutionnaire, 7 octobre

Saint- Victor-et – Melvieu ( Aveyron) :Ambassada.4 personnes gardés à vue après la manifestation de samedi -12 octobre 2019

Bonsoir,

Samedi 12 octobre, une centaine de personne ont marché jusqu’au chantier
affublés de masques de la préfète Catherine Sarlandie de la Robertie.
Après avoir testé la fébrilité des grilles, les forces de l’ordre
interviennent à grands renforts de gazeuses à main. Les affrontements
dureront deux heures, charges contre cailloux du causse.

Quatre personnes seront interpellées, celles-ci sont toujours en garde à
vue dans la nuit de samedi à dimanche.

nfo de dernière minute: deux des gardés à vue passent devant le procureur demain matin . Le rdv est donc à 10h devant le tribunal.

Information sur les 4 gardes à vue en cour:

Une personne à Saint jean du bruel, une à Rignac, une à Saint Beauzely et encore une autre à Séverac le chateau. Les quatres gardes à vues ont été prolongé de 24h. Les quatres personnes seront trés certainement ammenées à Rodez demain. Des personnes sont devant les gendarmeries pour soutenir, vous pouvez les rejoindres. Deux des gardés à vue on été conduits à l’hopital, pour une à plusieurs reprises. Demain retrouvons nous à midi devant le tribunal de Rodez.

Continuez à rejoindre l’Amassada en exil. Prevoyez tentes et duvets.

Samedi prochain rendez vous à 14H devant l’ancien Stade de Saint Victor pour une grillée de châtaigne.( Rdv le vendredi pour ramassage collectif)

Aportez une bouteille de jus de pomme ou de cidre.

Une nouvelle vidéo de l’expulsion sur youtube:

https://m.youtube.com/watch?v=uk1rZEEFlRM

RDV est donné devant le TGI de Rodez pour qui peut s’y rendre (à partir
de 10 h).

Les autre RDV à venir :
– Samedi prochain, 19 octobre, rendez vous à 14H devant l’ancien Stade
de Saint Victor
– Grand week-end de résistance les 1, 2 et 3 novembre.
https://douze.noblogs.org/files/2019/10/cropped-Manif-page001-1.jpeg

Solidarité

[reçu par mail]

Lieipzig,(Allemagne) l’entreprise Vinci ciblé par une attaque incendiaire en solidarité

Dans la nuit du 11 octobre, deux pelleteuses “Eurovia VINCI” ont été incendiées à Leipzig, en Allemagne. VINCI a été visée en tant qu’entreprise participant à la construction de prisons. Cette attaque avait pour but de venger les personnes qui ont été arrêtées et emprisonnées suite aux manifestations contre le sommet G7 à Biarritz ou encore suite au sommet G20 à Hambourg. VINCI est considérée complice de cette répression en tant qu’entreprise qui génère des profits en construisant des prisons.

Une des pelleteuses VINCI incendiées

Gênes(italie): Perquisitions

Round Robin / vendredi 11 octobre 2019

Le 4 octobre 2019, à l’aube, les ROS [la brigade des Carabinieri qui « s’occupe » de criminalité organisée et de terrorisme ; NdAtt.] de Gênes se sont pointés avec des mandats de perquisition chez deux compagnonnes anarchistes. Puis, il sont revnu chez l’une des deux le 10 octobre, pour saisir du matériel informatique oublié la fois d’avant : ordinateur, deux modems, une clef USB, le brouillon sur papier de cet écrit.

Sur le mandat on peut lire : « sous enquête pour les délits listés dans les articles 110, 423, 270bis [dans l’ordre: « concours en délit », « incendie » et le bien connu « association avec finalité de terrorisme » ; NdAtt.] du Code pénal, perpétrés à Gênes le 30 juillet 2019 ».

En lisant les journaux locaux en ligne on apprend qu’on est accusées de l’incendie d’une voiture d’ENI, une action suivie par une revendication publiée sur des sites de contre-information.

Les flics cherchaient (on cite depuis le mandat) : « toute chose et matériel lié au délit en question (en particulier les habits utilisés pour se couvrir lors de la commission du délit, en plus du matériel, sur support papier et/ou informatique, lié à la revendication du délit ) ».

Les flics sortent d’une des deux maisons avec un ordinateur, de l’autre avec du papier (courrier de détenus, notes personnelles, brochures, tracts et un document d’un cours anti-incendie)… La seule chose qui est saisie est une brochure (« Les bourreaux de la mer et du désert – la politique du gouvernement italien en Libye »).

Tout cela, en plus de mettre en désordre deux maisons, enfin, plus encore de ce qu’elles l’étaient déjà, nous a fait perdre des nombreuses heures dans leur caserne.

Comme cela arrive souvent, lors d’opérations répressives contre des compagnons et des compagnonnes, dans ce cas aussi ce qui est sous accusation est le fait que nous sommes anarchistes, qu’on fréquente des milieux anti-autoritaires, qu’on exprime notre solidarité à nos amis et compagnons frappés par la répression.

Leur objectif n’est pas seulement de nous coller des années de taule et de nous contrôle, mais aussi d’instiller la peur parmi les ennemis déclarés de l’État, en faisant en sorte qu’ils se sentent observés et étroitement contrôlés, dans l’espoir d’arriver à les annihiler et à les pousser à se ranger à une vie frustrée mais confortable, qui ne soit pas une épine dans le pied pour eux et ceux qu’ils défendent. Parfois ils obtiennent des résultats, comme des dissociations et des prises de distance, qui de facto font le jeu du pouvoir, même en essayant, comme c’est souvent le cas, de masquer derrière des positions politiques le fait que quelqu’un est simplement un faux cul.

Pour ce qui nous concerne, nous deux nous allons rester nous-mêmes, fortes de nos idées et entourées par ceux qui nous sont solidaires, désintéressés par l’attribution d’innocence ou culpabilité pour les faits dont nous sommes accusées.

Le fait de voir les nombreuses actions directes qui ont lieu partout dans le monde, ainsi que des actes de révolte contre ce que nous haïssons, nous replissait de joie avant et nous remplit de joie maintenant aussi.

Cela ne nous intéresse pas d’avoir comme interlocuteurs des procureurs, des juges et des journaflics.

Nous avons choisi de nous faire défendre par un avocat, c’est donc sa tâche de démontrer l’inconsistance des preuves qu’ils disent avoir contre nous.

Ça ne seront pas quelques fouineurs à la recherche de promotions ou la sentence d’un juge qui ébranleront notre dignité.

 

Le matin du 7 octobre, la maison d’un autre compagnon a été perquisitionné, à Gênes. Grâce à un vil 41TULPS (l’article qui permet à tout flic de rentrer chez toi sans le mandat d’un juge [le soupçon qu’on y cache des armes, munitions ou explosif ou de la drogue leur suffit; NdAtt.]), les flics de la DIGOS de Turin sont entrés dans l’appartement, à la recherche d’armes, munitions ou explosif. Leur recherche a été vaine. Pour l’instant le compagnon n’est sous le coup d’aucune enquête.

CRILAN : radiés de tous pays

Salut,

Je vous fait suivre le texte des « radiés » du CRILAN. Pour mieux saisir
la situation, le contexte général et historique, je vous ai rajouté ces
quelques lignes introductives. Ca en dit long sur les enjeux généraux
sur le terrain écologique et sur une des lignes de partage.

« Est-ce qu’il peut y avoir du nucléaire propre et pas dangereux ?
-Disons que tous les travailleurs du nucléaire, ici, font en sorte pour
faire du nucléaire propre (…) par contre on peut avoir des inquiétudes
quand on voit l’EPR de Flamanville. »

C’est par cette phrase pour le moins ambiguë qu’André Jacques, nouveau
président du CRILAN répond à une journaliste de France Bleue
Nord-Cotentin, il y a de cela quelques mois. Comme si les travailleurs
du nucléaire choisissaient réellement les orientations du programme
nucléaire et leurs conditions de travail. C’est confondre nucléocrate et
travailleur du nucléaire. Dans ces quelques mots, comme dans le reste de
l’interview, pointe la nouvelle orientation politique du CRILAN :
Information aux autorités pour influencer leurs choix, Information aux
populations pour qu’elles votent mieux, cogestion des plans
d’évacuation, aseptisation du discours pour ne pas choquer, acceptation
de l’existant…

Depuis quelques mois couvait en interne des dissensions autour de la
logique managériale mise en œuvre par André Jacques et quelques membres
du Conseil d’administration et ces nouvelles orientations. Après
quelques mois de conflits internes, quelques historiques et des
adhérent-e-s plus récente-s- ont décidé, après avoir voulu dissoudre
l’association, de laisser à quelques écologistes d’Etat avides de
reconnaissance le navire. Cette crise a rapidement tourné au sordide
sous l’impulsion de la nouvelle direction : radiations d’adhérent-e-s,
séquestre d’un don au Collectif Anti-Nucléaire Ouest, échanges
d’informations avec la préfecture, participation accrue aux commissions
et aux structures institutionnelles, saisie d’un huissier de justice,
campagne de diffamation, recours aux flics et la justice contre des
militanst-e-s du CRILAN, tentative de transformer le collectif
anti-nucléaire Ouest en inter-organisations… Les ex-membres du CRILAN
qui avaient décidé de fonder un nouveau regroupement informel et de
quitter le CRILAN apprennent au moment de l’AG de septembre dernier
qu’ils ont été « radiés ».

En pièce jointe le texte que les « radiés » du CRILAN ont produit. Il
revient sur l’ensemble de ces circonstances.

Petit détour pour ceux et celles qui ne connaissent pas ou ont oublié
l’histoire du CRILAN. Le CRILAN est tout d’abord jusqu’au début des
années 80 une fédération informelle de comités locaux opposés à
l’implantation de le centrale de Flamanville. Il y a alors un CRILAN
Coutances, un CRILAN Caen qui se définit comme anticapitaliste, un
CRILAN Flamanville, le CCPAH  son ancêtre plus autonome dans la
fédération…  Les formes de lutte sont directes, même si des débats
houleux sur les actions directes minoritaires, ou les affrontements avec
les flics traversent les comités. Un journal, le petit cafard des
falaises,  et des brochures sont produits. Des manifs, des fêtes
mobilisent des milliers de personnes. Le site de la future centrale de
Flamanville est occupé durant quelques semaines. Des convois de déchets
sont bloqués. Des sabotages ont lieu. des affrontements ont lieu à
Cherbourg lors des déchargements de déchets radioactifs. Le tout sous
l’impulsion de ces comités, mais également de tas d’individus investis
dans la lutte. Ce sont ces formes de lutte directes auxquelles nous
avons tenté avec bien d’autres compagnon-ne-s de lutte de redonner vie
du blocage du train de déchets de Valognes à la lutte contre la ligne
THT Cotentin Maine.

Au tournant des années 80, avec l’arrivée de la gauche au pouvoir et le
reflux de la lutte, le CRILAN influencé par l’écologie politique se mut
en association et choisi de participer aux organismes d’information
institutionnels, mais en refusant de participer  à la cogestion de
l’industrie nucléaire. Il s’agit de puiser des informations, de se
servir des commissions comme tribunes, mais en aucun cas de collaborer
avec l’Etat et les nucléaristes pour gérer l’existant. D’autres seront
moins sourcilleux et n’auront aucun scrupule, certains participant à la
gestion post-accidentelle de la Biélorussie au Japon en passant par la
préparation à un éventuel accident en France quelques années plus tard.
Petit à petit, l’écologie politique et les positions des verts
deviennent durant ces années hégémoniques au sein du CRILAN .
Avec la participation des écologistes d’Etat aux gouvernements
successifs de gauche, puis plus récemment marcronistes, cet écologisme
finit de montrer, quelques années plus tard, ce qu’il est réellement  en
mesure de proposer : la cogestion d’un monde de plus en plus nucléarisé.
Voynet autorisera Bure, les conseillers régionaux EELV de
Basse-Normandie ne s’opposeront pas à une motion pro-EPR, etc. Le
programme nucléaire continue, les écologistes  d’Etat jouent comme sur
bien d’autres domaines les sparring-partner.
De plus en plus critique vis-à-vis des trahisons de la bureaucratie
verte – mais n’est-ce pas un pléonasme – le CRILAN s’autonomise. En son
sein, de nombreuses voix s’élèvent contre cette évolution et les
mensonges déconcertants de ces nouveaux écolocrates.

Depuis quelques mois une partie du CA du CRILAN dont Didier et Paulette
ANGER, mes parents, avaient décidé de passer la main.  Aujourd’hui ce
sont de nouveaux ou d’anciens écologistes cogestionnaires qui ont pris
la direction du CRILAN. En tout cas le même rapport au monde et aux
institutions a réussi à imposer son orientation cogestionnaire.
Mais quelques historiques du CRILAN ont sans doute une part de
responsabilité dans cette évolution en ayant fait entrer le « vert » dans
le fruit. En jouant avec les institutions, en s’engageant sur le terrain
politique, ils et elles ont sans nul doute participé à créer des
générations de politicien-ne-s, et de cogestionnaires, qui ne pensent le
changement que par le haut. Prendre le pouvoir ou l’influencer. Là ou
seule, et c’est pas une mince affaire, une lutte ouverte contre l’Etat
et l’industrie nucléaire est en mesure de bouleverser les délires
nucléaristes.
L’ancienne génération, sincère et intègre, continuait de penser que la
lutte était primordiale. Là où la nouvelle entend jouer aux
contre-lobbys ou aux cogestionnaires. C’est là que réside la fracture
profonde.

Cette histoire n’est ni originale, ni si importante sur le fond. Ce
n’est que la longue vie et la mutation d’une structure, sa prise de
contrôle mainte fois déjà expérimentée par une bureaucratie. Les
organisations sont faites pour mourir et les luttes pour exister. Mais
les formes qu’on prises ces transformations, les appétits de
pacification et de cogestion qui animent les petits chefs  de cette
nouvelle structure, méritent d’être connus et dénoncés.
Les « radiés » du CRILAN , malgré les divergences profondes que l’on peut
entretenir avec certaines de leurs orientations, ont toujours manifesté
ces dernières années, parfois contre une partie de leurs alliés
écologistes, une solidarité réelle avec  les antinucléaires radicaux.
Ils et elles étaient présents dans l’après Valognes pour marquer leur
solidarité face à la répression, là où Greenpeace et les plus
cogestionnaires se désolidarisaient. Nombre de militants et militantes
du CRILAN étaient également présents dans le bocage pour lutter contre
la THT Cotentin-Maine, au pied des pylônes, au bord des voies ferrées ou
en soutien lors des actions ou des procès du GANVA.
Au delà des rapports affectifs qui me lient à cette lutte et à nombres
de ces protagonistes vivants ou morts, je n’oublie pas ces liens de
solidarité élémentaires.

Finalement comme pour le Parti Communiste de la grande époque, et toute
proportion gardée, il y a bien du mérite à être « radié » de ce genre de
structure.

Radiés de tous les pays unissez vous !

Anarchistement,
Un rétif.

PS : En 1987, le comité irradiés de tous les pays unissez-vous écrivait
à la suite des antinucléaires radicaux qui les avaient précédés une
plate forme encore terriblement d’actualité. On y trouvait cette
prophétie lucide :
« Certes, la protestation écologique a combattu l’accumulation
désespérante et dangereuse de procédés néfastes aux hommes et à la
nature, mais n’a pu empêcher qu’ils s’imposent toujours plus. Les
insuccès répétés de la lutte contre le nucléaire sont encore plus
flagrants que dans tous les autres domaines. Ils sont dus principalement
au fait de s’être abusé sur la possibilité de combattre le développement
du nucléaire sans rechercher à rencontrer les forces pratiques capables
de renverser les conditions socio-historiques qui l’avaient engendré.
Cela a maintenu le mouvement écologiste séparé des autres mouvements
sociaux des années 1970 qui, ne voyant pas alors dans la dégradation des
conditions de vie une question cruciale, avaient de leur côté tendance à
se désintéresser des revendications écologistes. Les défaites
successives des mouvements sociaux ont par la suite privé le mouvement
écologiste de la possibilité de dépasser cette faiblesse initiale, et
l’ont laissé ouvert à toutes les illusions politiques et à toutes les
manipulations arrivistes. Cela est tout particulièrement visible en
Allemagne occidentale où un mouvement pourtant puissant et résolu
n’aboutit tragiquement à rien de plus que la participation des « Verts »
aux manœuvres politiciennes.
L’écologisme a donc pour seul avenir de servir de pépinière aux
stratèges d’une « science » du traitement de la pollution, usant de leur
savoir pour s’installer dans une composante sous-ministérielle de l’Etat
nucléariste ou pour faire prospérer un nouveau gang de députés.
Le mouvement écologiste n’a pas su concevoir d’autres formes
d’organisation que celles, hiérarchisées et bureaucratiques, du monde
qu’il prétendait combattre. Il a donc entériné l’usage arriviste que
faisaient de lui divers politiciens. Son refus de suivre d’autres voies
que celles de l’entrisme parlementaire et des protestations vaines est
la cause du profond découragement de ceux qui s’y étaient engagés avec
de plus beaux espoirs. Il est également un des éléments qui ont
contribué à pousser la société vers le désabusement résigné et le
fatalisme faisant regarder ceux qui proposent de ne pas baisser les bras
devant l’invasion nucléaire comme des irréalistes et des fous. »
Une pensée pour l’un des protagonistes de cette aventure et de biens
d’autres décédé il y a un peu plus d’un an.

Bures- sur Yvette( Essone): incendie au centre éducatif fermé- 5 octobre 2019

En 2012, Bures-sur-Yvette a fait partie des quatre nouveaux sites en France à accueillir un centre éducatif fermé (CEF). Géré par la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ), ce centre y enferme une dizaine de jeunes épiés par des éducateurs 24h/24.

Samedi 5 octobre 2019, un pavilllon de ce lieu d’enfermement et de « rééducation » a brûlé.
Situé sur un terrain du ministère de la Justice de 12 hectares, un pavillon en meulière du centre éducatif fermé de Bures-sur-Yvette a été livré aux flammes.

« Il s’agit bien d’un pavillon appartenant au ministère de la Justice, confirme le maire de Bures-sur-Yvette, Jean-François Vigier (UDI). […] Ce centre a la particularité de rééduquer les jeunes par le biais du sport. »

« Le maire a pris un arrêté de péril imminent pour interdire l’accès au site. « Les autres mesures seront prises par le ministère », conclut l’élu. »

« Confiée au commissariat de Palaiseau, l’enquête a permis de mettre au jour plusieurs indices dont du papier toilette incendié. »

[Repris du Parisien, 08.10.2019]