Archives mensuelles : novembre 2014

Un point technique sur les grenades de désencerclement

Courtes explications à l’usage des journalistes incompétents [sic], et de tou-te-s celles et ceux qui veulent en savoir plus sur les armes de la police et de la gendarmerie, comprendre …

 


Qu’est ce qu’une grenade « offensive » ?

Les flics font usage de deux types de grenades explosives lors du maintien de l’ordre, souvent confondues par les manifestant-e-s :

les grenade dites de « désencerclement », officiellement Dispositif Balistique de Désencerclement. Elles projettent 18 projectiles en caoutchouc sur plusieurs mètres de diamètre en explosant et peuvent également projeter des débris en fer.

Les grenades dites « assourdissantes », ou « offensives » dans les médias. Plus puissantes que les premières, elles provoquent un effet de souffle, un effet sonore très intense, mais ne sont pas conçues pour envoyer des projectiles. Elles dégagent également un peu de lacrymogène concentré. Il n’est néanmoins pas rare qu’elles projettent des éclats de plastique, de fer, ou même qu’elle détachent des morceaux de sol en explosant. Techniquement cette grenade s’appelle GLI F4. Il s’agit, selon les informations qui nous parviennent, de ce type de grenade qui a tué Rémi.

Ces grenades sont toutes deux conçues par le fabriquant français LACROIX-ALSETEX

Elles peuvent être lancées à la main ou par des lanceurs (deux modèles de lanceurs existent, le Chouka ou le Cougar) qui peuvent projeter des munitions à 50, 100 ou 200 mètres.

Bien que cela soit interdit, il n’est pas rare qu’une grenade soit envoyée en tir tendu à hauteur d’homme. C’est probablement ce qui est arrivé à Rémi, pour qu’il soit atteint dans le haut du dos. On laisse à chacun imaginer les dommages gravissimes provoqués d’une part par le choc d’un projectile lancé par un de ces lanceurs ajouté à l’explosion de la grenade quand elle atteint un corps humain.

Pour plus de précisions techniques :
http://zad.nadir.org/IMG/pdf/ARMEMENTSPOLICE_A3.pdf

Concrètement, qu’est-ce que font ces grenades « offensives » (GLI F4) en explosant ?

Voici l’explosion d’une grenade GLI F4 lancée sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, filmée de très très près : https://www.youtube.com/watch?v=-iT6lmtxq1w#t=6m30s

Les flics et leur hiérarchie ont allègrement menti dans les médias en affirmant n’avoir lancé « qu’une seule grenade » lors des évènements du Testet. Une vidéo du groupe GROIX durant 29’’ et intitulée « Terreur (d’État) au Testet » montre le contexte, l’ambiance de la manifestation du 25 octobre suite à laquelle Rémi a perdu la vie. On peut y repérer distinctement et à plusieurs reprises des explosions de grenades, leur son, leur souffle, leurs effets.

La voici (cliquer sur le lien) :

https://www.youtube.com/watch?v=9n4BWYNcFrk

Analyse :

D’abord on note que la manif est assez calme, les affrontements sont quasi-inexistants, éventuellement de très basse intensité à la toute fin de la vidéo. Pour cause, les opposant-e-s, en retrait, situés à plusieurs dizaines de mètres des forces de l’Ordre (gendarmes et CRS), reçoivent de nombreuses salves de grenades en tout genre tout au long du face à face.

- Au début de la vidéo, les différents envois de lacrymogènes provoquent des débuts d’incendies dans l’herbe qui reste.

- À 12’40’’, on repère une explosion de grenade GLI F4, probablement envoyée par un lanceur. Une deuxième explosion est clairement visible à 12’56’’. À 14’35’’ une personne est blessée par une de ces mêmes grenades envoyée dans un groupe d’opposant-e-s, et doit être évacuée par plusieurs manifestants.
https://www.youtube.com/watch?v=9n4BWYNcFrk#t=14m35

- À 16’05’’, un opposant que l’on peut qualifier de « pacifique » prévient les gendarmes : « vous allez faire deux ou trois morts ». Quelques heures plus tard, Rémi mourait.

- À 20’18’’ la même énorme détonation et la fumée sombre caractéristique de ces grenades. On voit que le souffle porte sur un périmètre de plusieurs mètres.
https://www.youtube.com/watch?v=9n4BWYNcFrk#t=20m18s

- À 25’14’’ et 25’23’’, deux explosions de grenades coup sur coup, visant la même petite grappe d’opposants isolés.
https://www.youtube.com/watch?v=9n4BWYNcFrk#t=25m14s

- À 27’02’’ au centre du terre-plein, on peut voir et entendre de façon très précise la déflagration de cette arme qui résonne dans toute la vallée.
https://www.youtube.com/watch?v=9n4BWYNcFrk#t=27m02s

Ces exemples (au moins huit formellement identifiés en quelques minutes) illustrent la puissance des explosions de ces armes policières et la portée que peuvent avoir ces grenades propulsées par les lanceurs. Rémi en a peut-être reçue une en tir tendu…

Chacun peut constater en voyant de telles déflagration, que de telles armes peuvent tuer. Des « professionnels du maintien de l’ordre » le savent pertinemment.[…]

Maintenant que vous savez, partagez, expliquez autour de vous. … Et surtout,désarmer la police.

 

Rémi Fraisse est mort tué par les gendarmes Ni oubli Ni pardon

Rémi Fraisse est mort* tué par les gendarmes

La grenade offensive OF

Samedi 25 octobre, Rémi Fraisse est mort* dans des affrontements, tué par les gendarmes lors de la lutte contre le barrage de Sivens. Des mobilisations ont lieu en France et à l’étranger, partout où la douleur d’apprendre la mort de quelqu’un sous les coups de la police est insupportable.

Que fait la police ?

Au cours des luttes de ces dernières années, la police a blessé et mutilé des dizaines de personnes en réprimant des révoltes dans les quartiers populaires, des mouvements sociaux, des actions syndicales et des luttes contre des projets financiers comme le barrage du Testet. En ce moment, à Sivens, on dénombre plusieurs blessés au flashball, des tirs de grenade et des matraquages en règle. Les policiers sont allés jusqu’à jeter une grenade à l’intérieur d’une caravane où se trouvaient des gens.

Aux frontières de l’Europe, des gens meurent tous les jours en essayant d’échapper à la police. A Lampedusa on compte 3300 morts depuis 2002.
Dans les quartiers populaires la violence de la police est quotidienne. Elle s’exprime par le bouclage des quartiers, les contrôles au faciès, les expulsions, les rafles de sans papiers. Les blessures et mutilations ne se comptent plus. On dénombre plusieurs morts chaque année. A chaque fois des collectifs se montent et luttent contre la violence de la police et son impunité. Dans une ZUP de Blois, le 30 octobre, une personne a encore perdu un oeil suite à un tir de flashball. La mort de Rémi nous ramène à toutes ces réalités. Luttons pour Rémi, luttons pour tous les autres.
Que défend la police ?
Ce sont, bien sûr, les grands projets utiles au capitalisme et nuisibles aux gens et à leur environnement. Qu’il s’agisse de l’aéroport de Notre-Dame Des Landes ou du TGV Lyon- Turin. Dans la violence, la police maintient l’ordre établi. Cet ordre sert les intérêts des puissants, des riches, des gouvernants, des patrons, des banques. Il dé-sert celui de tous les autres, les précaires, les pauvres, les prolétaires, les personnes racisées, les femmes.

Des croix installées par les opposants au barrage de Sivens (Tarn), le 6 novembre 2014.

Résistons ensemble !
Une voiture qui brûle, un patron séquestré, une occupation de la CAF, une bouteille d’eau jetée, un fauchage d’OGM, un blocage d‘un train de déchets nucléaires, une réquisition de logement vide sont autant d’actes de révolte et de colère légitimes. Et de la ZAD de NDDL à celle du Testet, en passant par les quartiers
populaires des grandes métropoles, la ferme des 1000 vaches aux sans-papiers de Calais, tous ceux et celles qui s’opposent au monde tel qu’il nous est imposé sont touchés. C’est donc dans
un même mouvement cohérent qu’ils gazent, mutilent, condamnent, emprisonnent…

Le pouvoir les qualifie de violents. Mais comment qualifier les blessures, les mutilations et les meurtres de la police ? Sans parler de la violence économique qui nous est faite à tous.Les journalistes et les politiciens séparent les bons des mauvais manifestants, les violents des non-violents. La réalité des luttes, c’est qu’il y a de nombreuses manières de lutter, chacun selon ses moyens et ses colères. La réalité c’est aussi que les armes de la police ne font aucune distinction entre les manifestants. Nous devons tous nous protéger et nous organiser afin de nous défendre. Ces procès pour l’exemple, cette surveillance et ces violences policières n’ont qu’un but : nous diviser, nous terroriser, nous convaincre de ne plus manifester, s’organiser, se révolter. Mais ils auront beau distinguer les bon.ne.s manifestant.e.s des mauvais.es, nous savons désormais que nous sommes tou.te.sconcerné.es, de l’action symbolique à l’accès de colère un jour de manif : ils tirent sur tout ce qui bouge. Et c’est l’absence de réaction solidaire unitaire qui laisse le champ libre à la répression
Partout des gens s’organisent et résistent. Ne nous laissons pas gouverner par la peur !
Ne les laissons pas nous diviser. C’est ensemble que nous construirons une lutte!
Lorsqu’ils tuent l’un d’entre nous, ils nous disent que notre vie n’a aucune valeur.
Prouvons-leur que prendre une de nos vies leur coûtera très cher.

Des lycéens bloquent l'entrée du lycée Arago, à Paris, le 6 novembre 2014, en hommage à Rémi Fraisse, manifestant mort sur le chantier du barrage de Sivens.

Mort de Rémi Fraisse : une vingtaine de lycées bloqués à Paris

Des anarchistes 6/11/2014
* http://www.mediapart.fr/article/offert/b2c8573215892ea7297fc0a94ad4d6e1L’État l’a su immédiatement et l’a caché: c’est bien une grenade offensive qui a tué sur le coup dans la nuit du 25 au 26 octobre Rémi Fraisse. D’après les premiers éléments de l’enquête et des témoignages de gendarmes mobiles, une longue chaîne de responsabilités a abouti à la mort de l’étudiant écologiste. Le gouvernement a tenté durant quarante-huit heures de brouiller les pistes.

Kurdistan et la questionn du genre: une lutte de libération

 Kurdistan e questione di genere: una lotta di liberazione

La questione di genere costituisce senz’altro uno dei tratti salienti dell’attuale esperienza di lotta kurda.
La gestazione di questo contributo nasce dall’incontro tra le compagne di ReFe  Milano (Relazioni Femministe) e alcune compagne kurde e risale alla primavera scorsa, quando la situazione del popolo kurdo non aveva la visibilità mediatica che, in un modo o nell’altro, ha oggi. Le differenti condizioni geopolitiche non intaccano alcuni temi di fondo.
Un contributo polifonico sul rapporto tra questioni di genere e percorsi di liberazione individuale e collettiva. Alle compagne kurde, le cui risposte ci sono giunte scritte, prestiamo volentieri le nostre voci

.Vous pouvez la télécharger ou l’écouter en direct sur

http://www.radiocane.info/kurdistan-questione-di-genere-una-lotta-di-liberazione

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ANARCHISTES SOLIDAIRES
DE LA RÉSISTANCE DU ROJAVA KURDISTAN
WWW.ROJAVASOLIDARITE.NOBLOGS.ORG

 

 

St-Maur (Indre) : mutinerie à la Centrale, serrures et caméras du quartier d’isolement brisées

Fin de la mutinerie à la prison de Saint Maur

France3 Centre, 24/10/2014 | 16:21

La quinzaine de détenus de la prison de Saint Maur (Indre) qui s’était mutinée ce matin s’est rendue aux forces d’intervention a fait savoir l’administration pénitentiaire dans un communiqué.

La mutinerie avait débuté à 8h30 vendredi matin dans le quartier d’isolement de la Maison Centrale de Saint Maur dans l’Indre. Une quinzaine de détenus s’est mutinée et a commencé à saccager les locaux. A l’issue de l’intervention des équipes régionales de sécurité de Paris et Dijon, les cinq personnes qui refusaient de regagner leur cellule pour obtenir leur transfert ont fini par se rendre aux autorités vers 12h.

L’administration pénitenciaire déplore des caméras de surveillance et des serrures de cellule endommagées dans le quartier d’isolement. Mais aucune personne n’a été blessée.

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Indre : la mutinerie à la prison de Saint-Maur a pris fin

Metro, 24-10-2014 13:35

PRISON – La mutinerie a pris fin à la prison de Saint-Maur, dans l’Indre. Une quinzaine de détenus, dont quatre “gros profils”, ont réintégré leurs cellules.

La mutinerie qui a touché ce vendredi matin le quartier de l’isolement de la prison de Saint-Maur, dans l’Indre, a pris fin quelques heures plus tard. Tous les prisonniers avaient réintégré leurs cellules à la mi-journée, a-t-on appris auprès de l’administration pénitentiaire et de la Chancellerie.

Le mouvement avait débuté vers 8h30, quand deux détenus ont réussi à menacer et éloigner des surveillants, avant de casser les serrures des autres cellules du quartier d’isolement, où 15 détenus étaient placés. Quelque cinq détenus sont alors sortis et ont protesté, demandant leur transfert. Ils ont notamment cassé des caméras de surveillance. Les équipes régionales d’intervention et de sécurité de Paris et Dijon ont été dépêchées sur place et, à la mi-journée, le mouvement a pris fin après des discussions.

En difficulté depuis juin

La maison centrale (établissement pour longues peines) de Saint-Maur héberge 216 détenus, pour une capacité de 260 places. Cette prison, parmi les plus sécurisées de France, rencontre de grosses difficultés depuis le mois de juin.

La veille, l’accès à la maison centrale de Saint-Maur avait été bloqué par des gardiens à l’appel des syndicats, pour réclamer que soient pourvus 26 postes de surveillants. Le représentant syndical avait dénoncé « une situation intenable qui engendre d’importants stress au travail, mais aussi dans les vies personnelles de chacun ». Depuis de nombreuses semaines, les surveillants refusent d’effectuer certaines parties de leur service.

Mutinerie à la prison de St-Maur (Indre)

Le Figaro, 24/10/2014 à 12:24

Depuis 8h30 ce matin, une mutinerie est en cours à la prison de Saint-Maur, dans l’Indre, dans le quartier de l’isolement. Une quinzaine de détenus saccageraient les locaux, selon FO Pénitentiaire. Quatre d’entre eux, « de gros profils », selon les syndicats, sont les meneurs. Parmi eux, Rachid Boubala, qui s’est distingué dans la prise d’otages de la centrale de Condé-sur-Sarthe, au printemps dernier. Des équipes régionales d’intervention ont été dépéchées sur place. La plupart des détenus se démarquent cependant de cette action, notamment en restant dans leur cellule.

Cette prison, parmi les plus sécurisées de France, rencontre de grosses difficultés depuis le mois de juin. L’établissement avait interrompu les exclusions de prisonniers (le fait de transférer d’une centrale à l’autre les éléments les plus à risque, NDLR) depuis trois mois, pour ne pas aggraver la situation d’un établissement sous haute tension.

Hier, l’accès à la prison était bloqué par des gardiens à l’appel des syndicats pour réclamer que soient pourvus 26 postes de surveillants. Le représentant syndical a dénoncé « une situation intenable qui engendre d’importants stress au travail, mais aussi, dans les vies personnelles de chacun ». Depuis de nombreuses semaines, les surveillants refusent d’effectuer certaines parties de leur service.

 

Zyed, Bouna,Wissam,Rémi on vous oublie pas!

lu sur ce site

Boush-B est malheureusement le dernier d’une série de personnes ayant perdu un œil suite à un tir de flashball. Cette série ne cesse de s’allonger et caractérise l’usage que fait la police des armes dites « non létales ». Comme l’écrivait dans un très bon article sur le sujet le collectif Face aux armes de la police, celui-ci repose sur la terreur et la mutilation.

Lors d’affrontements avec la police dans une ZUP le 30 octobre au soir, un blésois a reçu un tir de flashball dans l’œil, qu’il a perdu. La nouvelle a été suivie par un large déploiement policier dans le quartier et quelques manifestations de la colère des habitants. Quelques rappels sur le systématisme des violences policières envers les habitants des quartiers populaires.

[Mise à jour 01/11 – 9h30] Après la confirmation du fait que le tir de flashball a provoqué la perte de l’œil de la victime, quelques habitants du quartier ont décidé de manifester leur colère en descendant dans la rue et en allumant quelques poubelles le 31 octobre au soir. Plus tôt dans la journée, le préfet du Loir-et-Cher avait demandé des renforts policiers pour quadriller le quartier et maîtriser les expressions populaires. Grâce au renfort de la brigade de gendarmerie mobile d’Auxerre ce sont donc 110 policiers et gendarmes qui ont été déployés dans la ZUP Nord de Blois. Selon la Nouvelle République, il n’y aurait eu aucun affrontement direct entre habitants et forces de l’ordre. Malgré l’important dispositif répressif, il n’y a apparemment eu aucune interpellation.

La suite à lire sur : https://larotative.info/tir-de-flashball-a-blois-un-jeune.html

[Lutte contre le barrage de Sivens] Toulouse, Dijon, Paris, Rennes : comparutions immédiates et premières condamnations

Echauffourées à Toulouse : un manifestant de 21 ans maintenu en prison jusqu’à son procès

Le Parisien, 03.11.2014, 19h48

Un des quatre hommes jugés lundi à Toulouse, deux jours après les violents heurts ayant suivi une manifestation en mémoire de Rémi Fraisse, a été maintenu en détention, lui qui s’était équipé d’une caméra pour se filmer en train d’agir.

Ce jeune habitant du Lot, âgé de 21 ans, a obtenu un délai pour préparer sa défense. Mais le tribunal correctionnel a décidé de le maintenir en prison jusqu’à la date du procès, reporté au 15 décembre, étant donné la longue liste des faits qui lui sont reprochés et qu’il a admis devant les enquêteurs : jets des pavés et de parpaings en plusieurs lieux du centre de Toulouse, dégradations de deux agences bancaires.

Trois autres hommes étaient jugés en comparution immédiate.
Deux, âgés de 26 ans, étaient accusés d’avoir jeté des pierres aux policiers, ce qu’ils ont nié. Ils sont ressortis libres du tribunal après avoir été condamné à des peines de un à deux mois de prison ferme (6 mois dont 4 avec sursis et 4 mois dont 3 mois avec sursis et mise à l’épreuve de deux ans).
Un quatrième homme, âgé de 37 ans, arrêté en possession d’un pistolet d’alarme non chargé, a été condamné à la seule confiscation de l’arme. Le tribunal a accepté l’explication selon laquelle il ramenait ce pistolet à un ami et s’était trouvé pris dans la manifestation par hasard.
Une soixantaine de personnes ont manifesté dans le calme devant le tribunal, en soutien aux interpellés.

Le jeune homme qui reste en prison, apprenti boulanger à Cahors, avait été arrêté pendant les échauffourées alors qu’il portait un masque à gaz et une caméra miniature fixée sur son casque, selon le rapport fait à l’audience. « Il ne s’était pas équipé pour participer à une simple manifestation, il voulait garder le souvenir de ses exploits, cette mise en scène marque une volonté de troubler l’ordre public et de manière exceptionnelle« , a déclaré le représentant du Parquet, Jean-Michel Peltier.
L’avocate du jeune homme, Me Claire Dujardin, qui défend régulièrement les opposants au projet de barrage de Sivens (Tarn), a expliqué avoir besoin de temps pour « comprendre et connaître » son client et a plaidé en vain sa remise en liberté en invoquant ses « garanties de représentation, un logement et un travail à Cahors« . Le jeune homme a expliqué qu’il « n’avait pas voulu blesser les policiers« , qui avaient obtenu « un jour d’incapacité temporaire totale (ITT)« .

Me Dujardin a également plaidé pour l’un des jeunes hommes de 26 ans, présenté comme « un pacifiste » qui a « coutume de se déguiser en clown pour apaiser les tensions dans les manifestations« .
Une autre avocate, Me Elodie Bayer, a contesté l’identification de l’autre jeune de 26 ans par ses « dreadlocks », coiffure que portent bien des manifestants et militants.

Samedi, une manifestation de 600 personnes contre « les violences policières » et « en mémoire de Rémi Fraisse », mort sur le site du barrage contesté de Sivens, s’était d’abord déroulée dans le calme, place du Capitole. Puis des heurts violents avaient éclaté en divers points du centre de Toulouse, des groupes mobiles de manifestants très déterminés affrontant les 300 policiers et gendarmes déployés.

Seize personnes avaient été arrêtées dont deux ont été relâchées sans poursuites. D’autres comparutions immédiates sont prévues dans les prochains jours et certains manifestants pourraient être convoqués devant le tribunal dans les prochains mois.


Dijon/Dégradations : l’homme interpellé jugé aujourd’hui

Le Bien Public, 04/11/2014 à 05:00

Le jeune homme de 35 ans interpellé ce samedi après les dégradations de samedi à Dijon passera aujourd’hui en comparution immédiate à Dijon.

« À la suite de la manifestation non autorisée qui a eu lieu samedi 1er novembre à Dijon et au cours de laquelle ont été commises diverses dégradations de biens immobiliers et mobiliers, un individu a été interpellé dans la soirée du 1er au 2 novembre par les services de police de Dijon et a été placé en garde à vue », a rappelé ce lundi en fin de journée par communiqué Marie-Christine Tarrare, procureur de la République de Dijon,

« Il s’agit d’un homme âgé de 35 ans, de nationalité française, originaire des Bouches-du-Rhône, célibataire, sans profession, sans domicile fixe, déjà condamné pénalement à de multiples reprises », a précisé Madame le procureur.

Déjà poursuivi pour d’autres faits

« Le mis en cause, qui nie tout fait de dégradations, a été déféré cet après-midi (NDLR : hier) au parquet. » Et le texte de poursuivre : « Il lui a été notifié, d’une part, la mise à exécution de deux peines d’emprisonnement de 6 mois chacune prononcées par des juridictions extérieures pour des faits de vol en récidive, détention de stupéfiants et port d’arme prohibé, et d’autre part, l’engagement de poursuites pénales à son encontre pour le délit de dégradations volontaires aggravées par deux circonstances (réunion et bien d’utilité publique) des vitres de la Société Orvitis (peine encourue 7 ans d’emprisonnement et 100 000 euros d’amende). »

Marie-Christine Tarrare a conclu en indiquant qu’hier soir, il avait été requis à son encontre « son placement en détention provisoire par le juge des libertés et de la détention jusqu’à sa comparution devant le tribunal correctionnel à l’audience de comparution immédiate » de ce mardi après-midi.


Manifestation parisienne contre le barrage de Sivens : 4 hommes déférés

AFP 3 novembre 2014 à 19:50

Quatre hommes ont été déférés au parquet, lundi à Paris, après une manifestation non autorisée dimanche en hommage à Rémi Fraisse, tué sur le site du barrage de Sivens (Tarn) lors d’affrontements avec les forces de l’ordre, a-t-on appris de source judiciaire.

Trois d’entre eux, âgés de 20 à 24 ans, sont poursuivis pour participation à un groupement en vue de violences et dégradations. Le quatrième, un Polonais de 39 ans, est soupçonné de port d’arme.

Deux des quatre hommes, connus pour appartenir à la mouvance de l’ultra gauche, pourraient être jugés mardi en comparution immédiate devant le tribunal correctionnel de Paris.

Ils font partie des dix-neuf hommes qui avaient été placés en garde à vue après leur interpellation, en marge d’un rassemblement non autorisé dimanche, place Stalingrad dans le nord de Paris.

Un autre rassemblement parisien, autorisé celui-ci, avait été organisé sur le Champ de Mars.


Rennes : Au tribunal pour association de malfaiteurs

Ouest France – 02 Novembre 2014

Deux hommes, surpris en flagrant délit de vols, sont soupçonnés d’avoir préparé la manifestation de jeudi soir à Rennes.

De nombreuses dégradations (tags, vitrines et abris de bus brisés) ont émaillé la manifestation, organisée jeudi à Rennes, en hommage à Rémi Fraisse, le jeune militant écologiste décédé dans le Tarn. Le matin même, deux Rennais, âgés de 21 et 30 ans, avaient été interpellés au magasin Brico dépôt, rue de Saint-Malo, à Rennes. Ils avaient été surpris en flagrant délit de vol de kits respiratoires, de masques anti-poussière et de cinq paires de gants.

Pendant leur garde à vue, les policiers ont perquisitionné leurs domiciles respectifs. Ils y ont trouvé huit masses et un marteau. Suffisant, selon eux, pour rajouter aux vols en réunion le délit d’association de malfaiteurs en vue de la préparation d’un délit puni de cinq ans de prison.

Les deux hommes, samedi matin, ont été présentés au parquet. S’ils ont été remis en liberté sous contrôle judiciaire, ils devront effectivement répondre de ce délit d’association de malfaiteurs, le 24 novembre, devant le tribunal correctionnel de Rennes.

[Lutte contre le barrage de Sivens] Le bal des ordures et des pacificateurs suite à l’assassinat policier de Rémi [re-mis à jour]

Police du travail
Jean-Claude Mailly (secrétaire général de Force ouvrière depuis 2004)

19h45. « Les actes de violences ne sont pas acceptables », a réagit le numéro de Force ouvrière Jean-Claude Mailly dimanche sur Europe 1, estimant que la « police républicaine fait son travail ». « Ces casseurs – il faut les appeler comme cela, il n’y a pas d’autres mots – ce qui les mobilisait, ce n’était pas la question du barrage. Ils étaient là pour en découdre avec une agressivité vis-à-vis des forces de l’ordre », a ajouté Jean-Claude Mailly.

[Le Parisien, 02.11.2014, 20h02]


Dissociation historique
Emmanuel & Florent Michalon (frères de Vital)

« Vital Michalon, jeune professeur de physique de 31 ans, a été tué le 31 juillet 1977 par une grenade offensive lors d’une manifestation contre la centrale nucléaire Superphénix de Creys-Malville (Isère). Emmanuel, son frère, dit sa colère après le décès de Rémi Fraisse, dans les mêmes conditions.
Pour vous la similitude avec la mort de Rémy Fraisse est révoltante ?
Totalement. En 1977, ma famille et moi avons lancé un appel pour interdire l’utilisation d’une arme que nous considérons comme étant de guerre, même si elle n’est pas jugée létale. Mais nous n’avons pas été entendus. Le drame de mon frère n’a pas servi de leçon. Alors oui, je suis très en colère car 37 ans après un nouveau drame, dû aux mêmes causes pourtant identifiées, se reproduit. C’est lamentable. Je remarque au passage que le Parti socialiste avait beaucoup critiqué la droite au pouvoir en 1977 et qu’elle se retrouve aujourd’hui dans la même situation. Et je précise bien que nous ne supportons pas pour autant les casseurs qui ont profité de ces deux manifestations à 37 ans d’écart pour commettre des exactions. »
( » La leçon de la mort de mon frère n’a pas été prise en compte », Le Progrès de Lyon, 02/11/2014 à 05:00)

« C’est vrai qu’après toutes ces années, il y a une réelle similitude, une symétrie. Cela me laisse penser que l’on n’a pas beaucoup progressé. Il y a eu, à Sivens, une violence, une agressivité des forces de l’ordre que l’on ne voulait plus voir. C’est inqualifiable ! », insistait encore Florent Michalon. Avant de confier enfin : «  Il y a une autre similitude. C’est encore une fois la famille de la victime, ici en 2014, celle de Rémi Fraisse, qui appelle au calme. Comme nous, il y a 37 ans, quand nous avions fait passer un message d’apaisement…  »
(« Creys-Malville/Sivens : “Une douloureuse similitude” pour le frère de Vital Michalon », Dauphiné Libéré, 30/10/2014 à 06:01)


les récupérateurs locaux

Barrage de Sivens, Center parcs en Isère : mêmes causes, mêmes effets ?

Michèle RIVASI Eurodéputée, Patrick ROYANNES Vice président du Conseil général de la Drôme en charge de l’environnement et Olivier BERTRAND Conseiller général de l’Isère

voir leur texte sur ce lien

et surtout ceux -ci  qui juent le rôle des pacificateurs dans tous les rassemblements et qui ont rejoint le réseau sortir du nucléaire SDN 26-07

et aussi ceux-ci cytoyennistes charognards ces gens là relaient les pires pacificateurs

et aussi  ceux ci qui appellent au rassemblement à grenoble le 5 novembre 18h en face de leur correspondant loca , c’est àdire l’ état

Premiers signataires : ADES, Centre d’Information Inter Peuples, Les Jeunesses Communistes, Les Alternatifs, Nouveau Parti Anticapitaliste38, Parti de Gauche 38, Solidaires38, Pour les Chambaran Sans Center Parcs et les bourriques

 

 

 

Dissociation locale
Ben Lefetey (porte-parole du Collectif pour la sauvegarde de la zone humide du Testet & ex-militant des Amis de la Terre)

18h40. Le collectif anti-barrage de Sivens se désolidarise des manifestants violents. Ben Lefetey, le porte-parole du collectif pour la sauvegarde du Testet (contre le barrage de Sivens) condamne sur BFM TV l’action des « casseurs » à Nantes et Toulouse. Oui, ce sont « des groupes venus en découdre », regrette-t-il.
[Le Parisien, 01.11.2014, 20h23]

Violences lors des manifestations : réaction du Collectif

« Le Collectif pour la sauvegarde de la zone humide du Testet condamne avec la plus grande fermeté les violences qui ont eu lieu en marge de manifestations prévues pour dénoncer les violences « policières » (sur Sivens il s’agit de gendarmes) et pour obtenir l’abandon du barrage de Sivens.
La colère légitime contre les méthodes inacceptables des forces de l’ordre ne peut justifier la violence et les dégradations des biens. (…) Avec de nombreuses organisations, le Collectif appelle ce dimanche 2 novembre à une marche silencieuse à 14h sur le site de Sivens pour se rendre sur le lieu du drame. Un sit-in pacifique de recueillement, sans slogan ni banderole, sera ensuite organisé sur le lieu du décès où seront plantés des arbres en la mémoire de Rémi Fraisse. »

[Communiqué de presse, Gaillac le 1er novembre 2014-11-01 (Disponible sur leur site)]


Vautours indignés
(Europe-Ecologie-Les Verts)

 » Eelv condamne avec fermeté les violences qui ont eu lieu ce samedi à Nantes et dans plusieurs villes de France.
Ces violences n’ont rien à voir avec le militantisme pacifique contre les grands projets comme à Sivens ou Notre Dame des Landes. Les individus qui les commettent utilisent ces luttes comme prétexte mais les desservent en contribuant à entretenir un amalgame déplorable
. »
Communiqué de Julien Bayrou/Sandrine Rousseau (porte-paroles nationaux), 19:45 – 1 Nov 2014

19h40. « Quelques dizaines de radicaux », selon un sénateur EELV de Loire-Atlantique. Ronan Dantec, sénateur EELV de Loire-Atlantique, interviewé sur BFM TV, a expliqué que les affrontements avaient été commandités par « quelques dizaines de radicaux ». « Je crois que cela se calme, a-t-il expliqué. Aucun des grands groupes comme EELV qui sont opposés au barrage de Sivens n’ont appelé à cette manifestation. Les casseurs ne respectent pas la famille de Rémi Fraisse, ni sa mémoire. Je condamne ces débordements ».

19h30. De Rugy (EELV) fatigué… « Il faut en finir avec cette « tradition française » selon laquelle une manifestation sociale/politique peut se finir en affrontement avec police », écrit sur Twitter le député de Nantes et co-président du groupe écologiste à l’Assemblée François de Rugy, après avoir répété dans plusieurs médias que « ce sont des gens qui recherchent l’affrontement, qui salissent la mémoire de Rémi Fraisse ».

18h30. « Des personnes qui n’en n’ont rien à faire de Sivens s’infiltrent dans ces manifestations », regrette Magnen (EELV). Jean-Philippe Magnen se dit sur BFM TV « consterné » par la dégénération de la manifestation à Nantes. « Il y a des failles dans notre démocratie au-delà de ces violences », regrette le vice-président EELV de la région Pays de la Loire. « Des personnes qui n’ont rien à faire de Sivens s’infiltrent dans ces manifestations », dénonce-t-il.

1er novembre 2014


Manif virtuelle de vautours réels                       
(Europe Ecologie/Les Verts)

#OccupySivens : la manifestation virtuelle contre le barrage de #Sivens s’organise

Franceinfo, jeudi 30 octobre 2014

Une agence de communication proche d’EELV a lancé une manifestation virtuelle contre le barrage de Sivens pour lutter “sans violence et en toute sécurité” partout en France. Ou dans le monde.

#OccupySivens, c’est donc le slogan de cette manif’ 2.0. Elle prend d’ailleurs la forme d’une carte interactive qui recense toutes les personnes qui tweetent avec le mot-clé #OccupySivens ou ceux qui participent directement via le site internet. L’internaute peut alors choisir de se placer sur le lieu des affrontements entre policiers et manifestants ou à n’importe quel endroit sur la carte. Il peut aussi relayer son positionnement sur les réseaux sociaux et se géolocaliser partout en France et dans le monde. En 24h, Occupysivens.fr recense déjà près de 2.500 actions. Un mode de mobilisation innovant. Par contre, l’affichage de la carte a tendance à bugger.


Multi-dissociés acceptables
Acipa (partenaires appellistes de la composition)

Nantes L’Acipa condamne les dégradations et n’appelle pas au rassemblement
Presse Océan, 29.10.2014 19:16

Leur communiqué (repris directement de leur site) : « Le drame du Testet ne doit pas se reproduire, ni à Notre-Dame-des-Landes, ni ailleurs !« 

« Suite à la manifestation de ce lundi 27 octobre à Nantes, l’ACIPA condamne les dégradations commises dans le centre-ville, dans le prolongement d’un hommage à Rémi Fraisse, tué par les forces de l’ordre dans la forêt de Sivens, dans le Tarn. Hommage rendu précédemment à 18h, pacifiquement et symboliquement devant le monument aux morts face à la préfecture.

L’ACIPA n’appelle pas à participer à la manifestation organisée par des habitant-e-s de la ZAD le samedi 1er novembre à Nantes, pour les raisons suivantes :

Les débordements violents qui suivent les manifestations que nous voulons pacifiques sont inacceptables et nous refusons de risquer d’entrer dans la spirale de violence.
La famille de Rémi Fraisse et le collectif des opposants au barrage du Testet ont appelé au calme et non à la vengeance. Nous entendons complètement cet appel et nous nous y associons.
Une nouvelle catastrophe est à craindre comme celle de Sivens. La lutte de Notre Dame des Landes ne doit pas connaître la même situation dramatique.

L’ACIPA ne reste pas dupe devant les tentatives de salir la mémoire de Rémi, comme de salir la légitimité de nos luttes.
Le projet de Notre Dame des Landes ne sera pas stoppé par un « martyr » mais bien par la volonté pacifique et déterminée de ses opposants qui continueront de dénoncer les énormes mensonges liés à ce dossier jusqu’à l’abrogation de la Déclaration d’Utilité Publique (DUP) signée en 2008.
Continuons les luttes à Notre Dame des Landes, en Picardie, dans le Tarn ou ailleurs tous ensemble, en restant fidèles aux 3 piliers de notre lutte (mobilisation sur le terrain, procédures juridiques et volet politique). »

Myopie volontaire et calculs politiques

« Pire, des alliés historiques que sont l’ACIPA et le CEDPA, présumant de ce qui n’était absolument pas décidé, se retirent par avance et tombent dans le piège de condamner plutôt que construire, ou, simplement dire, comme les C.O.P.A.I.N.S. : ce n’est pas notre fonctionnement, nous avons peur de ce qui risque de se passer, mais nous sommes nous aussi aussi en colère et le signifierons par une marche symbolique à Notre-Dame-des-Landes où nous avons connu les mêmes violences.
Car c’est bien ça qui est renié à force de pressions et chantages : l’alliance de forces, fonctionnements, et donc capacités différentes, face à la répression
. »
Nantes dans l’œil de de la tourmente, Indy Nantes, 1er novembre 2014


Djihadistes verts
(Xavier Beulin, président de la FNSEA)

« L’équilibre démocratique est menacé aujourd’hui« , a ajouté lors d’une rencontre avec la presse le responsable du syndicat agricole pour qui « quand une décision est prise, on l’exécute, sinon ce n’est plus une démocratie digne de ce nom« .

Déplorant la contestation du processus de décision ayant autorisé la construction de la retenue d’eau de Sivens, le président de la FNSEA a déclaré : « on est en train d’organiser des djihadistes verts« . « Ce qui était présenté comme un mouvement pacifique est extrêmement bien organisé« .

[AFP, 29/10/2014 à 16:42]


Des gens extérieurs, peut-être fachos et à dégager
(Un botaniste du coin, Europe Ecologie/Les Verts, Confédération paysanne)

Christian Conrad (botaniste membre de l’association environnementale Apifera) témoigne ainsi de l’arrivée d’une dizaine d’anarchistes à Sivens quelques jours avant la manifestation du samedi 25 octobre. « Nous ne les avions jamais vus auparavant. Le lendemain, ils étaient à Gaillac et le lundi à Albi, avec les débordements que l’on connaît », assure Guillaume Cros, président du groupe EELV au conseil régional de Midi-Pyrénées.

Un agent des renseignements généraux confirme également l’infiltration sur la ZAD de militants d’extrême droite. Le Collectif du Testet et la Confédération paysanne ont demandé le 27 octobre aux zadistes pacifistes « de faire le ménage » dans leurs rangs. Mais à Sivens, beaucoup craignent une radicalisation incontrôlable.

[La Croix, 28/10/14 – 18H12, « Écologistes, anarchistes, extrémistes, la galaxie des opposants« ]


Des gens extérieurs qui dénaturent le combat
(Europe Ecologie/Les Verts, un gréviste de la faim du coin)

Mais la contestation a pris un autre visage dans le courant de l’après-midi. Une cinquantaine de manifestants, cagoulés, sont venus défier les forces de l’ordre. « Ils ont jeté des cocktails molotov et des pierres sur les CRS« , affirme un témoin. Qui sont-ils ? Difficile à dire. « Des anarchistes », pour les uns. « Des casseurs« , pour les autres. Selon Guillaume Cros, président du groupe EELV au conseil général du Tarn, ils sont arrivés « dans le courant de la semaine » dans la région. Les affrontements, qui se sont poursuivis une partie de la nuit, ont entraîné le décès de Rémi, 21 ans. Selon les premiers éléments de l’enquête, le jeune militant serait mort des suites de l’explosion d’une grenade lancée par les gendarmes.

Si leur objectif est le même – empêcher la construction du barrage – les méthodes qu’ils utilisent sont loin de faire l’unanimité parmi les militants. « Ça dénature notre combat, nous prônons la non-violence. Même si les forces de l’ordre sont bien équipées et ne risquent pas grand-chose, leur manière de voir les choses est bien différente de la nôtre« , s’emporte Roland Fourcard. Cet écologiste, qui milite depuis un an, a mis fin lundi à sa grève de la faim. 62 jours sans manger – et 19 kilos perdus – pour réclamer l’arrêt des travaux.

[L’Express, « Barrage de Sivens : comment le conflit s’est radicalisé« , 28/10/2014 à 21:36]


Des clochards, d’extrême-droite, pro-barrages
(Jean-Luc Mélenchon, responsable du PS (1976-2008), président du Parti de Gauche (2009-2014) et candidat Front de gauche (Parti communiste et alliés) à la présidentielle 2012 et européennes 2014)

Bové et Mélenchon hués par quelques militants
Le dirigeant du Front de gauche, ainsi que le député écologiste José Bové, ont été chahutés à leur arrivée [à Sivens] par un petit groupe de jeunes gens, qui leur ont jeté des oeufs et des yaourts tout en scandant des slogans hostiles.
[France3 Midi-Pyrénées, 25/10/2014 | 19:06]

Sa plus belle saloperie

Après les « casseurs » pour mélanchon cétait un mix de clochards- extrème droite-pro barrage et pseudo anar.

ce message il l’a vite fait disparaitre mais nous n’oublierons pas ça non plus.

Jean-Luc Mélenchon : J’étais à la manifestation contre le barrage du Testet…
Lu sur Facebook dimanche 26 octobre 2014 à 19 h

Jean-Luc Mélenchon 1 h · Modifié · J’étais à la manifestation contre le barrage du Testet. J’y ai vu deux sortes de manifestants et de personnes engagées dans la lutte. Ceux (et celles) qui mènent l’action pour la protection du site ou contre un projet que nous considérons comme emblématique d’une certaine agriculture et de la propension des technocrates à décider seuls ce qui leur semble bon. Ceux-là mènent le combat soit comme zadiste (protecteur de la Zone A Défendre), grévistes de la faim, marcheurs, manifestants et ainsi de suite. De l’autre une petit groupe confus de clochards, de militants d’extrême-droite et, peut-être, de gens qui se disent anarchistes. Ceux-là pour l’essentiel sont arrivés la veille du rassemblement et se composaient d’individus que personne ne connaissait. Les dirigeants réels de la lutte n’ont cessé d’être en butte à la violence qui venait sans cesse de ce groupe sans qu’on puisse identifier l’appartenance politique – à supposer qu’ils en aient une – des personnages cagoulés et vociférant dont il est question. Ce dont je suis certain c’est que l’extrême-droite s’y trouvait sous les cagoules. Un des ivrognes qui me prit à partie s’était en effet fendu en me voyant d’une apostrophe très caractéristique : « tiens, voilà la franc-maçonnerie qui se réveille ! ». Bonjour le défenseur de l’environnement ! Celui qui m’a jetté du yaourt, un petit homme très malodorant et masqué, qui s’est enfui en courant après son exploit ridicule de gosse de riche qui jette de la nourriture, était déjà sévèrement aviné à l’heure à laquelle je suis arrivé, vers midi. Les batailles rangées avec les CRS et garde mobiles n’ont jamais été décidées ni par les dirigeants du mouvement ni par les zadistes locaux. Au contraire, ils se sont le plus souvent interposés pour essayer d’empêcher le choc. Il faut dire que ces violences sont très choquantes et contre-productives dans la population locale. C’est au point que les animateurs du mouvement ont tous déclaré l’après-midi que c’étaient sans doute là des « pro-barrages » qui agissaient. Naturellement, je n’ai le moyen de savoir si c’est vrai ou pas. En tous cas cela révèle bien l’état d’exaspération des responsables du mouvement devant ce type de comportement. Comment comprendre en effet le traitement agressif que cette poignée nous avait réservé à Bové et moi alors que nous étions là pour soutenir et provoquer de la médiatisation ? Comment comprendre l’inadmissible dégradation des véhicules des journalistes, les insultes et les pressions dont ils ont été accablés sans trêve ? Pour faire de la contre-communication, que pourrait-on faire de pire ? Pour écarter les soutiens, que faire de plus dissuasif ? Déjà, les parents venus avec les enfants dans les bras se sentaient très mal quand ils ont découverts ce type de horde arrogante qui s’appropriait le mouvement. A présent, il y a un mort. Je ne sais pas de qui il sagit ni comment il est décédé. C’est triste et très défavorable pour le mouvement. Je pense que les vrais militants doivent être sous le choc car toute cette violence les submergeait déjà avant. Il est absurde de s’avancer dans les explications et accusations à propos de ce décès sans en connaitre les circonstances ni les conclusions de l’autopsie. Le pire serait que toute cette lutte se trouve résumée à cela. Cela ne doit pas nous détourner de continuer à soutenir ceux qui luttent sans les confondre avec une poignée de violents.

JLM

Ajoutée le 26 oct. 2014 Jean-Luc Mélenchon était présent au rassemblement organisé par les opposants aux barrage de Sivens dans le Tarn le 25 octobre.

[Indy Nantes, mardi 28 octobre 2014 à 10:37]


La violence de manifestations incessantes…
(Jean-Pierre Fraisse, père de Rémi, conseiller municipal divers gauche de Plaisance du Touch en Haute-Garonne et militant du parti Nouvelle donne)

L’appel du père de Rémi Fraisse : « Il faut arrêter ces manifestations incessantes »

TF1, le 28 octobre 2014 à 13h5

Deux jours après le décès de Rémi Fraisse dans dans une manifestation sur le site du barrage de Sivens, une équipe de TF1 a rencontré Jean-Pierre Fraisse, le père de la victime. Il a appelé au « calme » et à l’arrêt de ces « manifestations incessantes« .

« Il faut vraiment arrêter ces manifestations incessantes. » Cet appel, c’est celui du père de Rémi Fraisse, le jeune homme décédé il y a deux jours lors d’une manifestation sur le site du barrage de Sivens. Un décès qui marque un tournant tragique dans ce mouvement de contestation déjà émaillé de nombreux heurts entre les forces de l’ordre et les éléments les plus virulents de la contestation. « Je pense que la colère de ces jeunes, tout comme celle de Rémi, a pu être justifiée à un moment. Mais la violence amenant toujours la violence, il faut se calmer« , a réclamé Jean-Pierre Fraisse au micro de TF1.


Pseudo écologistes versant dans l’anarchisme
(Coordination rurale, qui dirige quatre chambres d’agriculture depuis 2013, dont celle du Puy-de-Dôme grâce à une liste d’union Coordination rurale-Confédération paysanne)

28/10/2014, 10h30. La Coordination rurale du Lot-et-Garonne (CR 47) déplore la mort de Rémi Fraisse tout en dénonçant une contestation « pseudo écologiste » d’un projet qu’elle entend défendre. La CR 47, majoritaire à la chambre d’agriculture du département, appelle ainsi dans un communiqué à un « rassemblement pacifique » qui « pourrait réunir l’ensemble des agriculteurs du grand Sud-Ouest » pour soutenir la construction du barrage.

« Les agriculteurs de la CR déplorent le décès du jeune homme pour une cause qui ne valait pas une vie. Toutefois, cette contestation menée par des pseudos écologistes, versant dans l’anarchisme, fait craindre à la CR l’enlisement du projet malgré son incontestable pertinence et le consensus politique dont il faisait l’objet », déclare le syndicat agricole dans un communiqué.


Anarcho-professionnels avides d’en découdre
(Jean-Claude Souléry, éditorialiste à la Dépêche du Midi)

Il est certain qu’au lendemain de cette mort, l’émotion entre de plain-pied dans un débat empoisonné depuis plusieurs mois par une sorte de « guérilla » des bois qui s’attaquait physiquement à un projet d’irrigation pourtant soutenu par les élus locaux et les instances agricoles.

Mais qu’un des leurs ait succombé sur les lieux mêmes de l’affrontement, voilà qui permet aux écologistes d’opposer un symbole douloureux à la face aux autorités ; voilà qui donne surtout prétexte aux plus radicaux de poursuivre et d’amplifier une agitation qui, chaque jour, se fait de plus en plus violente.

D’abord contenu dans les limites d’une contestation locale, Sivens est en effet devenu avec le temps, et notamment depuis le début des travaux de déboisement le 1er septembre dernier, un abcès de fixation pour les écologistes, un champ de bataille pour des anarcho-professionnels avides d’en découdre avec le pouvoir – au même titre que le fut l’aéroport de Notre-Dame des Landes dont le projet avait été « gelé » voici deux ans sous la pression des manifestants.

[Mort à Sivens, 27/10/2014 à 08:04]


La violence ne fait que desservir notre cause
(Communiqué du collectif Tant Qu’il y aura des Bouilles)

Point à 23h10
Le rassemblement à Gaillac s’est terminé dans le calme grâce aux clowns et à la volonté du plus grand nombre de ne pas se laisser entraîner dans la violence, ce qui n’aurait fait que desservir notre cause.

[Leur site, 26 octobre 26, 2014]

 

[Lutte contre le barrage de Sivens] Paris : 76 interpellations à la manif

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Sivens, 2 novembre 2014 : anarchistes au Testet

15h10 : Blocages policiers jusqu’en banlieue. Les contrôles de la police s’intensifient : 9 interpellations à Stalingrad, 12 au métro Mairie de Montreuil et 15 interpellations au métro Croix de Chavaux.

17h40 : Un dispositif répressif impressionnant aura été déployé aujourd’hui : 97 fourgons, plus de 600 gardes mobiles, CRS et de très nombreux policiers en civil ont quadrillé toute la journée le quartier de Stalingrad, contrôlant et fouillant les passants.

18h20. Fin de la manif sauvage : 76 interpellations, 19 gardes à vue. La place Stalingrad est désormais dégagée sans qu’aucun blessé ne soit a priori à déplorer. Dans ce quartier populaire du nord-est de la capitale, ils étaient près de 300 à dénoncer les violences policières et 78 ont été interpellés par les forces de l’ordre. 19 personnes ont été placées en garde à vue, dont trois pour « port d’arme prohibé » et treize pour « participation à un attroupement en vue de commettre des violences », et deux pour « refus de se soumettre à un contrôle d’identité », précise la préfecture de police de Paris.

18h 55 : Le rassemblement devant le commissariat rue de l’évangile (où sont gardés les interpellés) a grossi. Les copains sont près d’une centaine et ont été repoussé à coup de gaz lacrymogènes.

20h 06 : Les gardé-es à vue sont emmené-es au commissariat du 14ème.

19h 49 : 18 Garde à vue notifiées au dernières nouvelles.


Mort de Rémi Fraisse : 78 interpellations à Paris lors d’une manifestation non autorisée

Francetv info avec AFP, 02/11/2014 | 18:31

Près de 300 personnes ont assisté à ce rassemblement non autorisé, place Stalingrad à Paris. Un sit-in pacifique a aussi rassemblé de nombreuses personnes, place du Champ de Mars, à l’initiative de France Nature Environnement.

Les hommages à Rémi Fraisse, le manifestant tué sur le barrage de Sivens (Tarn), se poursuivent dimanche 2 novembre. A Paris, près de 300 personnes se sont rassemblées, dimanche après-midi, place de Stalingrad, au cours d’une manifestation non autorisée et sous haute surveillance. De source policière, 78 personnes ont été interpellées aux abords de la place et dans l’est parisien. Seize d’entre elles ont été placées en garde à vue, précise la préfecture de police de Paris.

Certains d’entre eux portaient « des marteaux, des pinces, des casques, des poings américains, des pétards et des engins incendiaires« , a-t-on expliqué. « Tout est fait pour dissuader les groupes à risque de venir » à cette manifestation, a précisé la préfecture de police. Les policiers ont aussi procédé dès le début de l’après-midi à des contrôles de sacs et d’identité, notamment de jeunes portant des T-shirt aux slogans hostiles à la police.

Un sit-in pacifique organisé sur le Champ de Mars

Les gendarmes ont brièvement fait usage de bombes de gaz lacrymogène lorsque, vers 16h30, les manifestants ont essayé de forcer un barrage. Les manifestants se sont dispersés dans le calme, vers 18 heures.

A l’autre bout de la ville, un sit-in pacifique a rassemblé 700 personnes sur le Champ de Mars, à l’appel de France Nature environnement (FNE). Plusieurs représentants politiques sont sur place, à l’instar d’Emmanuelle Cosse et Pascal Durand, d’Europe Ecologie-Les Verts, rapporte une journaliste sur Twitter.

Le NPA et le collectif Notre-Dame-des-Landes d’Ile-de-France avaient initialement prévu de se rendre au rassemblement à Stalingrad, avant d’opter finalement pour le sit-in.


Rassemblements en hommage à Rémi Fraisse à Paris et à Sivens

Le Monde.fr avec AFP et Reuters | 02.11.2014 à 19h30 (extrait)

75 INTERPELLATIONS À STALINGRAD

A Stalingrad, quelque trois cents manifestants se sont retrouvés vers 15 heures sur la place pour un rassemblement non autorisé, selon notre journaliste sur place Soren Seelow. L’imposant dispositif policier déployé par la Préfecture de police a permis la dispersion des participants vers 17 h 30 sans incident majeur ni débordements. Les forces de l’ordre ont procédé à 75 interpellations en amont du rassemblement, contribuant à expurger le cortège de ses éléments les plus vindicatifs.

Dix-neuf personnes ont été placées en garde à vue : trois pour port d’armes prohibées (marteaux, poings américains ou projectiles), quatorze pour attroupement en vue de commettre des violences et deux pour refus de se soumettre à des vérifications, selon la Préfecture de police de Paris. L’essentiel des gardés à vue appartient à la mouvance contestataire radicale, aux courants anarchiste ou autonome.

Une poignées d’éléments radicaux sont néanmoins parvenus à déjouer les barrages filtrant pour se glisser parmi les dizaines de manifestants pacifistes réunis sur la place. Parmi eux, Martin (le prénom a été modifié), explique qu’il a boudé le sit-in du champs de mars car il le trouve « trop pacifiste ». « Zadiste énervé », comme il se définit lui-même, il ne manifeste pas uniquement à la mémoire de Rémi Fraisse, mais contre « ce qui se passe à Sivens et les violences policières en général ». Profitant d’un mouvement de flottement consécutif à un usage – le seul de la journée – de bombe lacrymogène par les CRS, il sort de son sac une bouteille d’acide chlorhydrique et un bâton de papier d’aluminium. « Tu mets l’alu dans la bouteille, tu refermes bien, tu attends et ça pète », explique-t-il. Il n’aura pas l’occasion de s’en servir.

 

De1977 à 2014 la violence d’état a encore tué

nous reproduisons un texte dèjà publié dans un livre édité  en 2007 : »Histoire lacunaire de l’opposition à l’énergie nucléaire en france »  avec plusieurs textes logoff occupé, un récit de la lutte contre la centrale de choooz plateforme du comité » irradié de tous les pays , unissons- nous ». Chronique de la résistance des populations opposés au projet de cimetière nucléaire souterrain en France, du mensonge radio actif Celui-ci à disposition dans la bibliothéque du Laboratoire anarchiste. nous préférons de  laissser la parole aux textes qui analyse  cette maifestation contrairement à ceux qui ont jamais compris depuis juillet  1977 Que la presse et les radio d’état osent utiliser les mêmes ressorts avec l’utilisation des victimes de la violence d’état( dans ce cas c’est au tour de la famille de vital Michalon)   ne nous  étonne pas, peut être prépare t’il le terrain pour annoncer le projet Astrid un surgénérateur à Marcoule (gard)

Les sociétés Bouygues TP, Atlanco, Elco et Welbond comparaîtront en correctionnelle pour avoir dissimulé 460 travailleurs sur le chantier de l'EPR à Flamanville (Manche).

Avertissement :ce texte anonyme a été diffusé à la fin de l’année 1977, sous forme de brochure. Il reste marqué par Mai-68, avec le vieux projet d’une insurrection généralisée qui semblait pouvoir être mené à bien par un prolétariat destiné à hériter de l’appareil de production. Quoique critique vis-à-vis du fétichisme marchand et de l’illusion progressiste dominante, ce texte n’échappe pas au radicalisme abstrait en vogue ces années-là. Cette vision, propre à un milieu, a permis de s’épargner le moment, partiel par définition, de la lutte effective, de fait abandonnée aux étatistes au nom de l’affirmation fière d’une critique de la totalité, séduisante mais impuissante. Toutefois, cette brochure est, à notre connaissance, la seule qui ait su prendre, en son temps, la mesure du renversement de la contestation écologique en écologisme d’État. Plus généralement, elle montre l’incapacité pour la contestation de s’organiser en dehors de l’État.
ACNM

Les mythes décisifs
Aux écœurés de Malville

Malville marque l’effondrement visible du mouvement écologique (il n’est ici fait référence à aucun sous-groupe particulier, mais bien à l’ensemble du mouvement qui va des curés à la Lanza del Vasto aux Che Guevara de bocage), ou plutôt son effondrement qui est devenu visible. Ceci est d’autant plus significatif que cette manifestation voulait trancher d’avec la grisaille et l’insignifiance des rassemblements antérieurs, où les mêmes gens se retrouvaient annuellement pour ânonner les mêmes choses; au nom de l’antinucléaire, le prêche le plus solennel en faveur du respect de l’ordre. Passion sans vérité, vérité sans passion; héros sans héroïsme, histoire sans événement; développement dont la seule force motrice semble être le calendrier, fatigant par la répétition constante des mêmes tensions et des mêmes détentes; antagonismes qui ne semblent s’aiguiser périodiquement d’eux-mêmes que pour pouvoir s’émousser et s’écrouler sans se résoudre. Efforts prétentieusement étalés et craintes bourgeoises devant la fin du monde.
L’intérêt de Malville résidait en ceci qu’un mouvement avait été cristallisé, qui allait au-delà de ses objectifs proclamés, au point que les sous-leaders écologistes se virent dans l’obligation de se démarquer, c’est-à-dire de se démasquer. Mais l’écologie ne devient efficace qu’en mettant en branle un mouvement dont elle ne peut ensuite ni prévoir ni contrôler tous les effets, alors même qu’elle n’est justement crédible que par l’effet. Et voilà bien le destin et le malheur de ceux qui s’appuient sur les peuples pour montrer leur pouvoir à l’État. Un tel pouvoir ne se fait croire que quand il se fait sentir, mais il est très souvent de l’intérêt de ceux entre les mains de qui il est, de le faire moins sentir que croire. Imprudence des écologistes dans ce cas; car il n’y a rien de plus malhabile que de se faire croire capable de choses dont les exemples sont à craindre.

Nacht und Brouillard
Achtung Brouillard
Achtung Nebel
Nebel und Brouillard
Brouillard und Brouillard
Nacht or Nebel
That is the question

«Mais à quoi travaillez-vous?
demanda-t-on à Herr Keuner.
J’ai énormément de soucis,
je prépare ma prochaine erreur.»
Bertolt Brecht,
Anecdotes sur Herr Keuner
Où l’on voit que la préparation de la manifestation préparait son échec
Après les assises de Morestel relatives à Super Phénix, et après la coordination de Genève, l’opinion dominante qui s’était dégagée était la suivante: «Pénétrer sur le site, casser le plus de matériel possible, et ceci sans toucher à l’intégrité physique des personnes.» Ainsi, lors d’une réunion à Dijon, Brice Lalonde lui-même invitait les écologistes à «venir à Creys-Malville avec des pinces coupantes» (Le Matin, 21juillet 1977). Cependant, dès cette première résolution, apparaissait la contradiction suivante: comment casser du matériel sans toucher à l’intégrité physique de ses défenseurs? Autant convier les gens à allumer des incendies avec des seaux d’eau!
Assurément, tout le monde ne pensait pas ainsi, mais ceux qui pensaient autrement n’avaient que des arrière-pensées.
Cependant, cette «résolution» ne tarda pas à être remise en cause par La Gueule ouverte, crachotage écologiste hebdomadaire, pas même fort en gueule. Pour ce torchon, ce peu était déjà trop, ce qui ne surprend pas venant de la part d’illuminés qui croient au miracle de la non-violence. Et comme les non-violents sont justement médiocres en tout, sauf dans la manipulation, ils se mirent au travail. La réunion de Courtenay, autant que celles qui suivirent, ressemblait bien plus à une auberge espagnole qu’à une assemblée. On y toléra tout parce que l’on n’y voulait déjà plus rien: on y parla pêle-mêle de marche pacifique, de contre-violence, on y conçut même un accouplement monstrueux d’idées telles que la «non-violence offensive». Bref, on nageait, et toutes les résolutions ne faisaient qu’accroître la confusion. Certains, ayant un peu vite pris la chaleur de cette confusion pour de la chaleur humaine, croyaient sincèrement avoir établi la «Communication».
Ces réunions sévirent jusqu’au début juillet, et le grand rendez-vous fut donné pour le 20 du même mois, date à laquelle devaient se réunir les délégués des différents jume- lages constitués dès le mois de mai. Formée de la sorte, la coordination se consuma en discussions interminables. Et plus l’on s’approchait de la date fatale de la manifestation, plus s’accentuait l’incertitude, car plus forte devenait la certitude que viendraient des gens n’appartenant pas aux rangs traditionnels des écologistes patentés.
Aussi, les souteneurs traditionnels de ce genre de manifestation commençaient à renâcler, voyant que pour cette occasion la perte n’allait pas être compensée par le gain. La CFDT – sauf deux sections locales – prenait ses distances en appelant à une manifestation loin des endroits de rassemblement prévus par les écologistes. Ceux-ci, qui trouvaient, sans même s’efforcer, quelque intérêt dans cette boutique, furent fort déçus, d’autant qu’ils comptaient bien sur elle pour lui amener du monde; car si nos écologistes ne croyaient pas à la force, il leur restait la magie du nombre. Seconde défection, le Parti socialiste, qui, par la bouche d’une de ses épaves nationales, député de surcroît, déclarait le 7 juillet: «Le PS est contre toute action de destruction d’où quelle vienne… Le gouvernement souhaite un petit Mai-68. Je crains le débordement de hauts fonctionnaires» (Le Nouvel Observateur, 18 juillet 1977). Il est vrai qu’en Mai-68, les reliquats socialistes craignaient plus les débordements que les hauts fonctionnaires. En écho à cette sottise, et ne voulant pas être en reste, les Amis de la Terre de Paris déclaraient: «Nous refusons d’appeler aux manifestations si l’engagement n’est pas pris d’interdire toutes les provocations et les actes de violence concertés» (Nouvel Observateur,18 juillet 1977). Peut-être pensaient-ils avec nostalgie au service d’ordre de la CGT! Ils montraient en tout cas qu’ils ne peuvent être là, que là où il ne se passe rien. Toutes ces défections étaient autant de désertions, et ne manquait plus que celle-là même des organisateurs du rassemblement, qui avaient perdu leurs dernières griffes avec le temps, et par la seule force du calendrier: «Après de longues discussions, tous les comités ont adopté les principes de la non-violence. Il ne sera donc porté atteinte ni aux personnes ni aux installations.La manifestation devra être une occasion de réfléchir, mais aussi de faire la fête» (Le Monde,29 juillet 1977). Réfléchir avec les plus démunis intellectuellement, et faire la fête avec les plus férocement tristes, admirez, je vous prie, la perspective!
Chaque fois que se trouvent rassemblés les gens, et ceci pour ne rien faire ensemble, une fête est organisée pour éviter la conscience du vide qui ne manque pas de s’accroître avec le nombre. Cet ersatz se révéla ici sans usage. À sa place, on pouvait voir à Courtenay le clown Mermaz polémiquer respectueusement avec de respectueux écologistes. Ailleurs, on discutait à n’en plus finir, dans des forums, sur l’attitude à tenir pour le lendemain matin. Discussion sans moyen ni raison sur la violence ou la non-violence; débat aussi faux que tout ce qui se disait et qui se faisait jusqu’à ce jour-là. À défaut de pain et de jeux, l’on eut des mots. Se voyant complètement dépassés, les écologistes organisèrent la confusion, le plus sûr moyen de ne rien faire.
Sous prétexte de démocratie, ils se voyaient contraints de tolérer, plus que d’accepter, des gens qu’ils n’avaient pas les moyens de tenir à l’écart. On trouvait, parmi eux, ceux que l’angoisse de la classe dominante nomme «sauvages», ceux-là mêmes que la bureaucratie stalinienne, dans son langage de bois, nomme provocateurs. Leur présence était en effet explicable: ce qui faisait la popularité de l’écologie, ce n’était pas la forme de son opposition, c’était cette opposition même. Elle critiquait les abus de pouvoir, lui demandait des comptes sur sa politique énergétique, elle parlait des droits fondamentaux des citoyens qui limitaient le pouvoir illimité de l’État et, sans aucunement appeler le peuple à la formation d’assemblées autonomes et révolutionnaires, ils en réveillaient à tout moment l’idée. C’était assez.
Depuis longtemps déjà, l’État en place souffrait d’un mal qui est comme la maladie ordinaire et incurable des pouvoirs qui ont entrepris de tout commander, de tout prévoir et de tout faire. Quelque divisés que l’on fût sur le sujet des plaintes, on se réunissait donc volontiers pour le blâmer ; mais ce qui n’était jusque-là qu’une inclinaison générale des esprits, devenait depuis Mai-68 de plus en plus pratique. Toutes les douleurs secrètes que faisaient naître la domination prolongée de l’économie sur la société et le contact incessant avec des institutions désuètes dont les débris blessaient en mille endroits les idées et les mœurs, toutes ces colères contenues qui se nourrissaient de cette situation se tournèrent en cette occasion contre le pouvoir. Depuis longtemps elles cherchaient un chemin pour se faire jour. Celui-ci vint à s’offrir, elles s’y précipitèrent sans discernement. Ce n’était pas leur voie naturelle, mais c’était la première qui s’offrait. Malheureusement, ce qui la veille de la manifestation pouvait apparaître comme une perspective possible, se révéla être, dès le lendemain, un cul-de-sac.
Dans l’attente du lendemain, on échafaudait les hypothèses les plus délirantes, car il est commun que la crédulité augmente la croyance aux miracles. On évoquait, avec crainte ou avec envie, la puissance et l’organisation des Allemands, dont on pouvait tout attendre. À ce point de l’illusion, on n’était plus très éloigné des propos du préfet Janin. La réunion des «têtes de marche» du samedi soir se figurait être un état-major, mais ils parlaient comme des gens qui voulaient la guerre, et agissaient en fait comme des gens qui préparaient la paix. Sous prétexte de secret de guerre, les délégués de la coordination, au lieu de rendre publiques les informations nécessaires dans un tel moment déterminant, jugèrent préférable de ne rien dire. Il en résulta ce qui arrive toujours à ceux à qui manquent certains éléments dans les moments qui sont capitaux et décisifs dans les grandes affaires. Comme personne ne voyait plus de bon parti à prendre, tout le monde prit selon son goût celui qui lui parut le moins mauvais: ce qui produit toujours deux mauvais effets dont l’un est que le choix est confus et embrouillé, et l’autre qu’il n’y a jamais que la pure fortune qui le démêle.
Comment les trompettes de Jéricho se sont transformées en trompettes de la mort
L’entrée dans le périmètre interdit autour de la centrale a certainement été considérée comme une victoire par les non-violents. Pour eux, la non-violence devait réaliser ce miracle: permettre aux manifestants de vivre l’illusion d’avoir fait quelque chose sans avoir eu à bouger le petit doigt. La police, bonne garce, qui en savait sur l’indécision des écologistes bien autant que ces derniers sur eux-mêmes, s’était retirée assez loin à l’intérieur du périmètre interdit, donnant l’impression aux manifestants de fouler la terre sacrée. Le contact avec la police se fit dans les conditions les plus mauvaises, et l’on eut voulu plus mal faire que l’on n’y serait point parvenu. Imaginez 50000 personnes en rang par cinq sur une route de trois mètres de large!
Il y eut assurément des écologistes plus méchants que ceux de Malville, mais je ne pense pas qu’il en fût jamais de plus sots. Ils faisaient peur et avaient peur, deux contraires qui se rencontrent souvent, mais qui sont très fâcheux en face de la police. Ce n’était qu’à sa vue qu’eut lieu le déploiement limité qu’on avait prévu auparavant de faire sur une plus grande échelle, pareil à une rivière qui s’étale devant un barrage qu’elle ne franchit pas. De là viennent une série d’escarmouches décousues dont la violence fut largement atténuée par l’épaisseur des gaz lacrymogènes. Ce mélange d’accordéons, de flûtes, de casques et de matraques, d’éclatement de grenades, donnait un spectacle qui se voit plus souvent dans un roman qu’ailleurs. C’était un galimatias d’actions les plus désordonnées et les plus contraires. Dans le même temps où certains s’affrontaient avec la police, d’autres, les non-violents, vomissaient leurs vociférations: «Repliez-vous! On n’a rien à voir avec les provocateurs qui se battent devant.»
Lorsque le spectre de la violence anarchiste continuellement évoqué et conjuré par les écologistes apparaît enfin, il n’apparaît pas tant sur l’étendard de ces révolutionnaires que sur la bande noire du pantalon des gardes mobiles. Les gauchistes, essentiellement visibles sous le masque folklorique du maoïsme de toute étagère, n’étaient pas en reste de crapulerie. La veille, certains d’entre eux, au milieu des discussions, rassuraient quelques auditeurs inquiets du manque de préparation en affirmant «qu’ils seraient là». Et le lendemain, on les vit bien. Ces fruits secs, rangés à mi-pente, casqués et armés comme des gueux, s’étaient regroupés sagement sur la route à une centaine de mètres de la police, faisant de leur mieux pour bloquer la majeure partie des manifestants. Si bien que certains descendaient, déçus de ne rien voir, de ne rien savoir, et de ne rien pouvoir faire, gênant ceux qui montaient dans l’espoir de voir, de savoir ou de faire quelque chose. De leur côté, les membres de la coordination distillaient la pagaille, mâchonnant à la sono qu’il fallait faire demi-tour. En fin d’après-midi, lorsque tout le monde refluait, les mêmes cons appelaient à se rassembler à Poleyrieu, dans l’espoir de transformer ce revers en médaille. Mais la plupart, assez écœurés, estimaient superflu de tomber dans ce panneau supplémentaire.
Pour les organisateurs de la manifestation, le résultat était donc maigre, en dehors d’un mort, de pas mal de blessés et de quelques grimaces amicales de la bourgeoisie compatissante pour ces jeunes apprentis sorciers. Aussi se répandaient-ils en confessions, plus qu’en déclarations, aux micros des postes périphériques et dans les journaux.
Avaient-ils prévu l’affrontement avec la police? Ils n’y pensaient pas, ou plutôt, ils avaient jugé préférable, après réflexion, de n’y point penser. Ils disaient, et certains même y croyaient, résoudre ce problème par mille petites ruses d’une sotte naïveté auxquelles un gamin de six ans n’aurait pas même cru. Il faut reconnaître qu’aucun mouvement ne s’exagère d’avantage les moyens dont il dispose que celui des écologistes. Aucun ne s’illusionne plus légèrement sur sa situation. Rarement action fut annoncée avec plus de fracas que leur éminente entrée en campagne, rarement événement fut annoncé avec plus d’assurance dans le mensonge. «L’été des libertés passe par Malville», certifiait une affiche populiste collée un peu partout. Assurément les écologistes croyaient aux trompettes dont les sonorités renversèrent les murs de Jéricho. Chaque fois qu’ils rencontrent devant eux les remparts de l’État, ils s’efforcent de renouveler le miracle.
Si l’on se proposait sérieusement une manifestation pacifique, il était stupide de ne pas prévoir qu’elle serait accueillie belliqueusement. S’il fallait s’attendre à une lutte véritable, il était véritablement original de désarmer les gens du désir de s’armer. Mais les menaces des classes moyennes ne sont que de simples tentatives d’intimidation de l’adversaire. Et quand ils sont acculés, quand ils se sont suffisamment compromis pour se voir contraints de mettre leurs menaces à exécution, ils le font d’une manière équivoque qui n’évite rien tant que les moyens propres aux buts, et cherchent avec avidité des prétextes de défaite. L’ouverture éclatante annonçant le combat se perd en un faible murmure dès que le combat doit commencer. Les acteurs cessent de se prendre au sérieux et l’action s’écroule lamentablement comme une baudruche que l’on perce avec une aiguille.
Il faut dire que rarement on sous-estima à ce point l’État de l’actuelle société de classes. Mais les écologistes, parce qu’ils se recrutent dans la petite bourgeoisie moderne – celle qui est devenue salariée, de l’infirmier à la cadre supérieure – représentent la classe intermédiaire au sein de laquelle s’émoussent les intérêts de classe opposés. Celle-ci s’imagine, pour cette raison, être au-dessus des antagonismes de classe et, pour cette même raison, les regroupements écologistes s’adressent indistinctement à tout le monde. Certes, les écologistes reconnaissent qu’ils ont devant eux une classe privilégiée, mais eux, avec tout le reste de la nation, ils constituent la population. Ce qu’ils veulent représenter, c’est le droit de la population. Ils n’ont donc pas besoin, avant d’engager une lutte, d’examiner les intérêts et les positions des différentes classes. Ils n’ont pas non plus besoin de peser trop minutieusement leurs propres moyens. Ils n’ont qu’à donner le signal pour que la population fonce avec toutes ses ressources inépuisables sur ses oppresseurs, qui prennent ici l’aspect des pollueurs.
Mais si, dans la pratique, leurs intérêts apparaissent sans intérêt, et si leur puissance se révèle comme une impuissance, la faute en est selon eux aux «provocateurs», qui font peur à la population, ou à l’armée et à la police qui sont trop abruties et trop aveuglées pour considérer les buts de l’écologie comme leur propre bien, ou encore, c’est qu’un détail d’exécution a tout fait échouer, ou enfin c’est qu’un «hasard imprévu» a fait perdre cette fois la partie. En tout cas, les écologistes sortent de la défaite la plus honteuse tout aussi purs qu’ils étaient innocents. Lorsqu’ils entrent dans la lutte avec la conviction nouvelle qu’ils doivent vaincre, ce n’est pas parce qu’ils ont abandonné leurs anciens points de vue, mais parce que selon eux, au contraire, la conscience de ces problèmes a mûri dans la conscience de la population. Ainsi, pour eux, l’écologie n’est ni décimée, ni abattue, ni humiliée par ses échecs. Cependant, comme leur impuissance sur le terrain ne pouvait plus être mise en doute, ils étaient dès lors en droit de limiter leurs activités à des accès d’indignation morale à propos de la brutalité de la police et à des déclamations ronflantes. Si une partie de la classe dominante feignait de voir en eux les héritiers et les continuateurs de Mai-68, ils pouvaient en réalité en profiter pour être d’autant plus plats et plus modestes.
Enfin, ils se consolèrent de Malville par ce profond détour : «Que la police ose seulement utiliser à nouveau des grenades offensives ! Nous montrerons alors ce que nous sommes.» Nous verrons… En attendant, si Malville montrait que les écologistes étaient ridicules dans l’attaque, leur attitude à Bourgoin, lors du procès des douze écologistes, indiquait qu’ils n’étaient pas moins médiocres dans la défense. Comme la crainte des provocateurs n’avait pas disparu, les écologistes mirent sur pied un service d’ordre de bric et de broc, pensant que dans cette circonstance l’ordre leur serait de quelque service: il ne fallait pas importuner les grosses légumes du tribunal. Pour ce faire, ils avaient contracté une petite alliance: «La mise en place du dispositif avait été décidée en accord avec les services de police et le parquet, le maire de Bourgoin-Jallieu, […] et les représentants des comités Malville» (LeMonde,7-8 août 1977).
Ainsi, les écologistes qui avaient cent fois montré jusqu’ici qu’ils ne savaient pas penser, qu’ils ne pouvaient pas combattre, pour cette fois firent la preuve qu’ils ne voulaient pas même crier.
L’Écologie et son Époque
«Parti de rien, j’ai atteint la misère
Groucho Marx

1.
L’écologie doit son audience plus à l’utilisation qu’en fait le pouvoir qu’à l’action des écologistes eux-mêmes.
2.
Le mouvement de subversion de Mai-68, pour ne parler que de la France, a remis en cause le travail, c’est-à-dire le fondement même de l’économie politique.En réintroduisant au cœur de notre temps la question sociale, il renouait avec les mouvements révolutionnaires des périodes antérieures (1848-1871). Simultanément, ce mouvement détruisait les illusions de ce monde sur lui-même, l’assurance naïve de contradictions dépassées dans le paradis de l’abondance marchande. À cette époque, les idéologues mettaient un point d’honneur à expliquer gravement que la lutte des classes était complètement dépassée, qu’elle n’existait plus, étant tout simplement dissoute dans l’éther de la consommation de masse (à l’exception des staliniens qui causaient bien de lutte des classes, mais ne la voyaient que sous l’aspect de l’antique lutte des riches contre les pauvres). Mais ces endormeurs s’étaient en fait prématurément endormis, car cette époque ne marquait pas tant la disparition du prolétariat que la prolétarisation de l’ensemble de la société.
Les «années 1960», nouvelle version d’une éphémère «Belle Époque» marquaient dans le monde l’apogée de la domination de l’économie sur la société, où chacun n’accédait à la «conscience de lui-même»qu’en consommant les représentations liées aux marchandises. Mais cet apogée marque en même temps le début d’un déclin, et suivant un processus dialectique, l’économie se renforçait en s’affaiblissant : «Les forces qu’elle a déchaînées suppriment la nécessité économique qui a été la base immuable des sociétés anciennes. Quand elles les remplacent par la nécessité du développement économique infini, elles ne peuvent que remplacer la satisfaction des premiers besoins humains sommairement reconnus, par une fabrication ininterrompue de pseudo besoins qui se ramènent au seul pseudo besoin du maintien de son règne»(Guy Debord, La Société du spectacle,1967).
Depuis Mai-68, la classe dominante réveillée en sursaut s’efforce de prolonger son futur sans avenir. Il ne se passe plus un jour sans que ses représentants ne parlent des problèmes de ce monde où tout désormais est à changer, du travail à l’urbanisme en passant par ses écoles et ses prisons. Ces technocrates et d’autres se sont donc mis consciencieusement et sans vergogne à piller la théorie révolutionnaire non seulement pour donner à croire qu’ils ont quelques idées, mais également pour eux-mêmes, car tous ces roquets aux dents longues ne manquent pas de se croire originaux. Prenez par exemple cet Attali, conseiller de Mitterrand, avec sa sottise diplômée des grandes écoles, ami de Stoléru, actuel conseiller à la présidence, et qui, dans un article du Monde, parlait calmement de politique du spectacle. On pourrait y ajouter un Delors, ancien conseiller de Chaban-Delmas devenu depuis conseiller du même Mitterrand, critiquant «le règne de la marchandise» dans la société.
Ces récupérateurs – pour n’en citer que quelques-uns – ont découvert après tout le monde que la véritable richesse ne peut résulter que de la richesse des situations créées par les hommes. Aussi, se proposent-ils tous, ne riez pas, de rendre l’individu maître de son destin et la plupart parlent donc d’«autogestion», laquelle serait bien sûr garantie par leur compétence. La piquette théorique de tous ces bouilleurs de cru vise à changer tous les détails de ce monde, non pour en changer la base, mais au contraire pour la préserver. Finalement, ces déchets se recyclent et recyclent autour d’eux les dirigeants présents ou futurs de cette société afin de différer le moment qui leur assignera à tous la place qui est la leur, c’est-à-dire les poubelles de l’histoire.
3.
Tous les vagissements de ces têtes molles, plus ou moins diplômés dans l’imbécillité, ne constituent en fait que l’idéologie de l’époque actuelle – les idées de la classe dominante sur cette époque –, qui peut se résumer comme suit: moins de marchandise et plus de «services», moins de quantitatif et plus de «qualitatif». Ce «redéploiement du système», pour user du langage dominant, vise à préserver la domination de l’économie sur la société au moment où la «crise de l’énergie» rend inévitable l’atténuation de la consommation effrénée comme nec plus ultra.
Il va de soi que la prétendue «crise de l’énergie» n’est qu’un aspect du maintien de plus en plus problématique de l’existence autonome de l’économie. De là vient que tous ces indécrottables penseurs, rapiécés avec des morceaux de critique révolutionnaire, parlent de société «post-industrielle», de «projet relationnel»,etc. Quoi qu’il en soit, tous ces gens peuvent bien changer de jeux, ils ne changeront pas de sort. Il est même vraisemblable que cet extrémisme du détail se retournera contre son intention, qui était d’aménager l’insupportable pour le faire durer. Tout ce que l’on réforme alors des abus semble mieux découvrir ce qu’il en reste et en rend la conscience plus aiguë: le mal semble moindre, mais l’intelligence des exploités sera devenue plus vive, lorsqu’à l’évidence, il apparaîtra que ce monde n’est pas invivable pour une foule de détails particuliers. Le salariat se dévoilera comme cette misère générale qui contient toutes les misères particulières. Et ce monde n’ayant cessé de prononcer contre lui-même son propre verdict, il ne restera plus ensuite au prolétariat qu’à exécuter la sentence.
4.
Née aux USA dans la retombée du mouvement hippie, qui a constitué son premier auditoire de choix, l’écologie s’est présentée comme une théorie «contestataire». Des USA, cette théorie a gagné l’Europe à mesure que les classes dominantes du continent prenaient conscience que l’économie de plus en plus branlante, sur laquelle elle s’appuie, avait besoin de béquilles et de médecins de tout acabit pour l’épauler et la soigner.
L’écologie s’est développée rapidement sur le terreau du gauchisme décomposé en tant qu’illusion révolutionnaire. Il s’appuyait sur les nouvelles classes moyennes qui étaient, avant Mai-68, le support principal de la consommation marchande et des illusions qui y étaient liées.
Après 1968, s’est développée dans ce milieu une mauvaise conscience, produit d’une jouissance anxieuse envers leurs dérisoires privilèges, payés au prix de leur servilité.
Psychiatres, psychologues, sociologues, professeurs, médecins, urbanistes, ingénieurs, tous mettent en cause leur rôle, ergotent sans fin sur le pouvoir patent de leur spécialité, pour dissimuler qu’ils n’agissent pas autrement qu’en spécialistes patentés du pouvoir.
Parmi les aspects de cette mauvaise conscience, l’écologie tient une place de choix. Elle est également apparue à d’autres comme un substitut à la critique révolutionnaire qu’ils avaient, par commodité, identifiée avec cette parodie dérisoire et ridicule qu’est le gauchisme.
5.
L’écologie critique ce monde avec la pensée chosiste de ce monde: la science. Ainsi, même si elle s’acharne à trouver des solutions originales aux problèmes du monde existant, elle pose ces problèmes de la même façon que lui, elle lui apporte donc des solutions auxquelles il n’a eu que le tort de ne pas penser assez tôt.
6.
Ainsi, lorsque la classe dominante pense la crise de l’économie en termes de pénurie d’énergie, de leur côté, les écologistes voient cette même crise dans les mêmes termes. Aux solutions du gouvernement, ils opposent leurs solutions, tout en se situant sur le même terrain que lui: la «relance de l’économie». Il faut dire que les principaux «penseurs» du mouvement écologiste sont justement des scientifiques qui trouvent là l’exutoire de leur mauvaise conscience, et en même temps un sursis de considération. Et il faut reconnaître qu’ils en ont bien besoin ! Leur critique de l’absurdité du système, qu’ils se plaisent à démontrer par a +b, a elle-même quelque chose d’absurde.
Ils sont la caricature produite en grande série de cet Einstein qui travaillait sur les équations atomiques tout en se levant contre l’utilisation qui était faite de ses découvertes. De leur côté, nos scientifiques-écologistes pétitionnent à tout va le dimanche contre ce qu’ils font les autres jours de la semaine. Et sur cette question de l’énergie, les écologistes se sont fait les promoteurs des énergies nouvelles, en particulier de l’énergie solaire. De là, ils s’épuisent en projets de société que certains tentent même de réaliser, escomptant bien convertir tout le monde par la seule force de l’exemple. Si, avec Lénine, le socialisme c’est les soviets plus l’électricité, pour les écologistes, l’énergie solaire plus l’autogestion ce n’est pas le communisme, mais c’est «vraiment le pied».
7.
Les écologistes sont également incapables de résoudre cette question de l’énergie nucléaire, car ils se cantonnent dans le détail. Leurs gémissements impuissants ne dépassent que très rarement le stade de l’opposition moralisante, ou mi-religieuse, mi-mystique du respect de la vie et de la nature, de l’humanité, etc.
L’importance de cette question s’est naturellement accrue après la guerre du Kippour en 1973 et l’augmentation subséquente du prix du pétrole. Les écologistes, jouant aux plus finauds, expliquent gravement qu’il était stupide de tout fonder sur le pétrole, laissant entendre que s’ils avaient eu le pouvoir ou avaient été écoutés par lui, les choses n’en seraient pas là. Mais c’est oublier qu’un tel choix était la logique du point de vue économique à une époque où l’on pillait plus que l’on achetait le pétrole aux pays fournisseurs.
Le développement de l’énergie nucléaire, et l’importance qu’y attache l’État, s’explique en raison du rôle central de l’approvisionnement en énergie dans la société marchande. Cette société, fondée sur la production marchande, ne peut se maintenir que par elle, et l’ampleur de son besoin en approvisionnement démontre sa vulnérabilité. Ceci mène l’État, qui a la charge de sa protection, à user, si besoin est, de la force pour la défendre. Ainsi, parvenue à ce point de développement, «au moment où la société découvre qu’elle dépend de l’économie, l’économie en fait, dépend d’elle» (Guy Debord, La Société du spectacle,1967). Et le rôle de l’État, dans cette situation consiste à maintenir la domination de l’économie sur la société, comme le montre une initiative du gouvernement en 1973-74, qui avait lancé un «plan de soutien à l’économie».
Cet accroissement nécessaire du rôle de l’État arrache aux écologistes des protestations véhémentes autant qu’indignées; après avoir emprunté aux gauchistes leur lancinante rengaine sur l’État policier (quel État ne repose pas sur une police?), les écologistes parlent aujourd’hui d’électro-fascisme. Cet inepte concept qui dissimule la spécificité de notre époque, présente cependant pour eux cet avantage de leur cacher à eux-mêmes combien ils sont dérisoires et misérables par rapport aux exigences de ce temps. De fait, ils ne ratent aucune occasion d’étaler leur déconfiture scientifique dans des débats à la radio ou à la télévision, où ils bredouillent avec d’aussi misérables spécialistes qu’eux sur les aspects techniques des centrales nucléaires. Et que j’te cause des circuits intérieurs et extérieurs de refroidissement dans les méandres desquels ils barbotent et dont ils ne sortent que pour éternuer des balourdises sur la société policière.
8.
Pour les écologistes, la question de la survie de l’humanité est un grave sujet de préoccupation et d’inquiétude.
Le zombie René Dumond distille son angoisse à longueur de page dans L’Utopie ou la Mort.
Comme tout scientifique qui se respecte, il compte sur les dirigeants de ce monde pour changer l’état des choses créé par eux: «La prise de conscience accrue qui résulterait [d’une propagande écologiste] permettrait de faire un siège plus efficace des pouvoirs existants, de les rendre plus avertis de leurs responsabilités, de leur myopie.» Ce réformisme en culotte verte se dévoile naïvement dans sa vérité contre-révolutionnaire lorsque ce même valet de plume ajoute: «Si [les dirigeants] n’acceptent point les nécessaires transformations de structures, s’ils n’écoutent pas les arguments des réformistes les plus hardis, ils seront attaqués par les révolutions»(p.177).
De même que les curés de l’Ancien Régime prédisaient la fin du monde aux révolutionnaires qui voulaient en changer la base, sous prétexte que bouleverser un monde fondé sur la volonté divine le mènerait au chaos, de même les nouveaux prêtres de la nouvelle religion qu’est la science, prédisent que transformer le monde le conduirait au chaos, à cause des grandes lois scientifiques qui le mènent. Mais c’est la fin du monde de leurs illusions qui provoque chez eux cette illusion de la fin du monde. Les peurs dominantes ne sont que les peurs de la classe dominante, qui sent son pouvoir chanceler. «Il vaudrait mieux être en mesure d’éviter qu’elles [les hypothèses révolutionnaires] n’entraînent une pollution insoutenable, des cataclysmes nucléaires, des bouleversements climatiques devenus incontrôlables» (p. 175).
Ses conseils aux têtes molles qui nous dirigent font suite à ses avis prodigués en tant que conseiller aux bureaucraties surdéveloppées des pays soi-disant socialistes sous-développés : Cuba, Chine populaire, etc. Pour Dumond, il s’agit chez les uns de sauvegarder le capitalisme moderne sous prétexte d’écologie, chez les autres de renforcer le capitalisme d’État sous prétexte de communisme.
Sa solution ? De meilleures compensations à un monde identique dans ses fondements: «Ces cadres seront-ils capables de susciter dans les masses l’acceptation des nécessaires disciplines ? Celles-ci pourront du reste être largement compensées par un genre de vie, un style de vie, un cadre de vie, une qualité de vie tellement supérieurs à nos stupides égoïsmes. Une société plaisante, détendue, sereine, en harmonie avec la nature.»
Ajoutez un zeste autogestionnaire, et vous obtiendrez le galimatias de ses opinions récupératrices, parties intégrantes du processus de récupération des théories révolutionnaires: de la «société sereine» de René Dumond à la «société relationnelle » d’Attali, en passant par «le Bonheur en plus» de François de Closet, c’est la reproduction à l’identique d’un même projet, qui obtient seulement ainsi une fallacieuse apparence de diversité. Les ramasse-miettes en tout genre s’acharnent à ajourner l’inévitable.
Ne cherchez pas, ils sont tous aussi Dumond les uns que les autres.
9.
C’est naturellement dans les nouvelles classes moyennes que se recrute le public favorable à ces penseurs diplômés par l’État. «Ces classes moyennes dites nouvelles (intellectuels, fonctionnaires, employés), forment une catégorie de transition entre le prolétariat et la bourgeoisie. Elles se distinguent des anciennes classes par cette caractéristique essentielle : nullement propriétaires des moyens de production, et vivant de la vente de leur force de travail,elles n’ont donc aucun intérêt au maintien de la production privée, ni de la propriété privée des moyens de production.» (Anton Pannekoek). Il s’agit d’une classe moderne issue du secteur tertiaire qui s’est largement développée avec la société de consommation. De par sa situation sociale, elle peut se proclamer sans crainte pour le socialisme, l’écologie ou l’autogestion, ou les deux ensemble. Si bien que, à la différence des anciennes classes moyennes – épiciers ou paysans –, il règne au sein d’une pareille classe un mouvement éternel caractérisé par ses modes intellectuelles où personne ne connaît de repos.
Mais tous ces gens s’y agitent entre certaines limites qu’ils ne dépassent guère. Ils varient, alternent ou renouvellent chaque jour les choses secondaires; ils ont grand soin de ne pas toucher aux principales. Ils aiment le changement, mais ils redoutent les révolutions. Sur ces classes, s’est appuyé le «rajeunissement» du PS et de Mitterrand (cette curiosité muséographique et littéraire), regonflés, recyclés, et provisoirement remis en piste sur les tréteaux du théâtre politique.
Si les cadres, dans leurs décontractions crispées, sont les plus convoités par les rackets politiques de tout calibre, c’est justement parce qu’ils sont les plus débiles, les plus démunis, et que «pauvres en jouissances, ils veulent être riches d’illusions» (Fourier). De par leur situation sociale, les cadres sont incapables de comprendre leur aliénation, et ils s’imaginent bien naïvement l’avoir à cause de cela dépassée. En effet, cette aliénation ne se fait clairement jour, et n’est capable d’être rendue clairement consciente que dans le rapport du prolétaire au travail. Pour lui, son travail possède, déjà dans la réalité la plus immédiate, la forme nue et abstraite de la marchandise, tandis que pour les classes moyennes, cette aliénation est cachée derrière la façade d’un «travail intellectuel», d’une «responsabilité». Et plus l’aliénation pénètre profondément dans «l’âme» de celui qui vend son travail comme une marchandise, plus cette illusion devient trompeuse. À cette dissimulation objective de la forme marchande, correspond subjectivement le fait que l’aliénation – la transformation de l’ouvrier en marchandise – l’annihile certes, atrophie et déforme son âme, mais ne transforme pas en marchandise son essence psychique et humaine. Il peut donc intérieurement s’objectiver complètement face à cette inexistence qui est la sienne, tandis que l’homme réifié des classes moyennes se chosifie, se mécanise et devient marchandise jusque dans les organes qui pourraient être les porteurs de sa révolte contre cette aliénation. Même ses pensées, ses sentiments, etc., se chosifient.
Finalement cette corruption revêt aussi des formes objectives. Pour l’ouvrier, sa position dans le processus de pro duction est, d’une part, quelque chose de définitif, et, d’autre part, elle porte en elle-même la forme immédiate du caractère marchand (inintérêt total du travail), tandis que pour les cadres, il y a l’apparence d’un intérêt, et la marge intérieure d’une activité illusoire, ainsi que pour sa couche supérieure, la possibilité abstraite d’une ascension individuelle vers la classe dominante.
10.
L’écologie n’est pas seulement un des aspects de la fausse conscience des classes moyennes, elle trouve également son soutien dans les «milieux marginaux», ceux-ci étant pour la plupart les enfants de ceux-là. On peut reconnaître chez eux, d’une part ceux qui se retirent d’une «vie» insupportable, et de l’autre les idéologues, ceux qui érigent ce palliatif en nouveau style de vie. Ils présentent ainsi comme une solution ce qui traduit bien plutôt l’absence réelle de solution. C’est le mensonge coutumier de toute idéologie qui inverse le réel.
Cependant, «cette marginalité n’a évidemment rien à voir avec le refus réel du mode d’existence dominant. Elle montre simplement que, dans une époque où l’histoire que l’on fait revient comme chez elle, toute une frange des jeunes générations, principalement issue des classes moyennes modernes, en est réduite à attendre, en se créant des solutions illusoires, et qui ne peuvent être reconnues qu’illusoirement. Elle ne représente pas la révolte des jeunes, comme voudraient le faire croire les spécialistes de l’observation sociale. Elle est en fait un moyen qui a permis ces dernières années d’endiguer cette révolte.» (André Migeot, Manuel relatif aux conditions et aux possibilités actuelles du jeu de l’histoire, Éd. Champ Libre, 1976.)
L’écologie constitue pour eux l’infrastructure idéale à leur «réformisme de la vie quotidienne»qui s’imagine, par mille petits changements quotidiens, pouvoir accéder à une existence radicalement autre. Sous prétexte d’autonomie, ces gens sont fervents partisans de l’énergie solaire et ont à son égard le même comportement fétichiste que les générations précédentes par rapport au progrès. Mais de même que ceux-ci ne furent pas plus heureux avec un frigidaire, ceux-là ne seront pas plus heureux avec un frigidaire solaire.
L’artisanat, considéré comme le nec plus ultra, dévoile combien ils sont à l’opposé de la contestation actuelle des prolétaires qui s’attaquent de plus en plus au travail (Portugal, Italie, pays de l’Est). Ces marginaux qui redécouvrent l’artisanat redécouvrent en même temps les illusions liées au travail: «On trouve chez l’artisan un intérêt pour son travail particulier, qui peut s’élever jusqu’à un sens artistique étroit (la sagesse de l’artisan peut s’énoncer ainsi: savetier toute ta vie à ta savate). Et c’est aussi pourquoi chaque artisan du Moyen Âge se donnait tout entier à son travail; il était à son égard dans un rapport d’asservissement sentimental, et lui était beaucoup plus subordonné que le travailleur moderne à qui son travail est indifférent.» (K. Marx, L’Idéologie allemande,1844.) Ce développement de l’artisanat a surtout contribué à l’apparition d’un nouveau marché prétendument régi par la «qualité» à l’usage des privilégiés au compte en banque assez bien garni.
11.
En se mettant à côté de la réalité, ils croient de facto àce que la classe dominante veut leur faire croire: que la réalité engendrée par le capitalisme moderne est intangible dans ses fondements. Le monde aliéné apparaît ainsi comme le seul possible; cela suscite la transfiguration, la résignation, et la recherche d’un chemin menant à la «vie» par l’expérience mystique irrationnelle, laquelle ne peut évidemment rien changer à l’essence de cette situation de fait. Ces attitudes qui expriment plus l’écrasement de l’individu face au monde sont inévitables à partir du moment où l’on renonce à toute praxis possible, et dès lors, l’essence de la société doit être perçue de façon aliénée comme un système de lois propres, rigoureux, entièrement clos et rationnel en apparence, dissimulant toute trace de son essence fondamentale: la relation entre hommes. Ainsi, le mouvement de la société possède pour eux la forme d’un mouvement des choses. Ils ont vis-à-vis de l’aliénation sociale, la même attitude que le primitif face à la nature qu’il ne maîtrisait pas. «C’était autrefois, la puissance aveugle d’un destin irrationnel en son fondement, le point où cesse toute possibilité d’une faculté humaine de connaître, où commence la transcendance absolue, le règne de la foi… Maintenant, par contre, cette inexorabilité apparaît comme la conséquence nécessaire de systèmes de lois connus, connaissables, rationnels…» (György Lukàcs, Histoire et Conscience de classe, 1923.)
12.
L’écologie ne peut qu’osciller sans cesse entre le retour sous-utopique à une vie archaïque et le réformisme, face aux aspects visiblement les plus dévastateurs du capitalisme contemporain.

Le Monde COMME REFLET(suite…)
LeMondedu27-28 novembre 1977
Au fil de la semaine…

C’est une grande banalité de dire que la France se trouve à un tournant, qu’elle est
en pleine mutation, en pleine transition. Le cours de l’histoire n’est pas rectiligne mais
sinueux, un pays, un peuple, un homme changent chaque jour, et nous sommes pris
en permanence entre un passé qui est déjà mort et un avenir qui n’est pas encore né. Et
pourtant, plus que jamais peut-être depuis les deux ou trois années de l’immédiate
après-guerre, on a eu à ce point le sentiment que le rideau achève de tomber sur une
époque, sur une étape de la vie nationale, et qu’il va, en se relevant, dévoiler un paysage
inconnu, bien difficile à imaginer, une scène nouvelle dont nous serons à la fois les
spectateurs, les acteurs et l’enjeu. Simple ride à la surface de l’eau, ce n’est
évidement pas la vague électorale de mars prochain qui peut, quoiqu’il advienne,
porter en elle-même cette tempête de changement. Le scrutin ne fera qu’en-
registrer l’écho plus ou moins déformé et affaibli des grandes transformations déjà
ammorcées et qui iront, par delà cette péripétie, en s’amplifiant de toute façon et
sans doute rapidement. Ce n’est pas d’avantage, ce n’est plus, sauf cataclysme
universel, que nous serions d’ailleurs bien incapables d’empêcher et où nous ne
pèserions guère, de notre position et de notre rôle dans le monde que risquent de
venir les bouleversement attendus : nous ne sommes en guerre contre personne et nous
n’avons plus de colonies. Certes, la marge est désormais bien étroite où nous pouvons
tenter d’inscrire une politique nationale, et nos velléités d’indépendance, que ce soit
dans les domaines stratégiques et énergétiques, en matière économique ou
monétaire et même – on vient de le voir dans l’affaire Croissant – politique, ne
servent qu’à entretenir nos illusions et à masquer notre dépendance.
Mais ce n’est pas cela qui est en cause, car c’est chez nous, en nous-mêmes, que se
trouvent les germes, les ferments du changement. En vingt ans, c’est-à-dire très vite, nous
sommes devenu une nation de salariés :

C’est le cas aujourd’hui de 83 à 84% des Français (contre 63,7% en 1955), demain
de 85% et davantage, jusqu’à 90% disent les experts. La France rurale et artisanale
appartient au passé. Elle n’avait d’ailleurs pas, il faut le dire bien haut, que des vertus :
nous sommes les petits enfants, voire les enfants, d’hommes et de femmes qui, dans
leur écrasante majorité, connaissaient la faim, le froid, l’usure prématurée, la
souffrance et l’ignorance. La nouvelle France veut la sécurité,
l’ordre et elle croit au progrès indéfinit. Elle répudie le risque qui s’attache à l’esprit
d’entreprise, elle craint le mouvement qui dérange et trouble, elle n’admet pas la crise
qui ralentit sa marche vers ce qu’elle juge être le bonheur. Or cette crise, même si
nous ne voulons pas l’entendre est structurelle et non conjoncturelle, c’est-à-
dire qu’elle modifie de fond en comble et pour longtemps le paysage économique et
social. Encore ses effets les plus graves sont- ils dissimulés de façon plus ou moins
artificielle, pour quelques mois, un ou deux ans tout au plus. Quant au goût de l’ordre,
il débouche facilement en France, on ne le sait que trop sur l’autoritarisme de quelque
homme providentiel. Et le besoin de sécurité, de stabilité, s’exprime par
l’immobilisme du politique, et socialement par une frénésie de garantisme et de
juridisme dans ce pays latin, donc de clientèle. Ce sont là les conséquences les
moins plaisantes et les plus négatives de notre marche vers le salariat généralisé.
Mais l’effondrement des modes de vie, des valeurs et des institutions héritées du
passé comporte aussi un certain nombre de données nouvelles, souvent encourageantes,
dont la convergence peut conduire à une meilleure forme de société. L’exigence d’une
plus grande qualité de la vie quotidienne, qui s’affirme d’une façon croissante, revêt
des aspects qui peuvent, à terme, se révéler très positifs.

Vers une autre société Cette exigence porte aussi bien sur le
milieu et les conditions dans le travail que, dans la communauté d’appartenance, sur le
milieu naturel et les conditions de vie. Elle exprime de façon confuse, malaisée,
maladroite parfois, la discordance entre les rythmes du travail et les rythmes naturels, le
besoin de racines de l’homme de plus en plus coupé de l’empoignade féconde avec les
matériaux, la soif d’insertion dans une culture concrète, régionale ou spécifique,
contrecarrée par les tendances au nivellement et à l’uniformité. Elle traduit
aussi l’appétit de relations humaines autres qu’utilitaires ou de compétition pour briser
l’anonymat et rompre la solitude, le rejet des contraintes physiques et physiologiques qui
affectent la vie dans le travail et hors du travail telles que les cadences, les longs
déplacements, les embouteillages, le bruit, la pollution, etc. En même temps, le désir se
déplace de la quantité vers la qualité, les notions de santé et de bien-être s’élargissent,
l’idée d’environnement ne recouvre plus seulement la lutte contre les nuisances, mais
l’enrichissement du milieu où l’on vit. Ainsi de nouvelles demandes apparaissent pour
améliorer qualitativement le cadre de vie par exemple étendre les espaces vert ,
adapter la répartition du entre le travail et le loisir  dans la journée, la semaine, l’année,
la vie – et développer surtout toutes les formes de culture. Bref, l’épanouissement personnel n’est
plus une spéculation philosophique pour favorisés de la fortune ou de la
connaissance. Il tend à devenir une aspiration ressentie et vécue par un nombre
croissant de français. Idéalement, cette prise de conscience, la
fantastique poussée qu’elle va provoquer et dont nous n’entendons encore que les
premiers balbutiements, devraient aboutir à un nouvel ordre social et à un nouveau
modèle de société. La vie associative et participative, ce qu’Échange et projets
aappelé «l’autogestion de la vie quotidienne», c’est-à-dire une société plus
conviviale, à la fois mieux organisée et plus libre et plus juste, une vraie réforme de
l’entreprise, lieu privilégié du changement social, une révision des critères du
développement et du progrès, est-ce l’utopie?
Nous n’avons, au fond, pas le choix. Il serait vain, bien sûr, d’espérer qu’une telle
transformation de la société française puisse s’effectuer sans rencontrer de puissantes
oppositions, sans que l’on enregistre des reculs après chaque phase de progrès, sans
aléas et sans à-coups et peut-être sans drames. La résistance au changement sera
d’autant plus forte que ces changements-là sont plus profonds et relativement rapides.
On peut même craindre que, faute de trouver leur expression par les voies
normales du suffrage et de la politique ou de la participation institutionnelles, des
minorités soit organisées soit spontanément rassemblées, ne voient d’autre issue pour
faire entendre leur protestation et leur désir de révolution qu’une violence aveugle, à la
frontière du banditisme et de la criminalité, voire au-delà. Impossible aussi d’espérer
qu’un modèle parfait de société, un nouvel équilibre entre l’homme et la nature, entre
l’homme et l’homme, et donc un homme nouveau, surgiront comme par enchantement des décombres L’imagination créatrice, la mesure et le sang-froid trouvent, hélas!, bien vite leurs
limites, et nous manquons cruellement de ceux que Jacques Delors appelait
récemment dans ce journal des «ingénieurs en changement social».
Cependant, tout donne à penser que nous n’allons pas vers la société hyper-
industrielle annoncée par Hermann Kahn, Daniel Bell et certains futurologues, mais
plutôt vers ce qu’un savant américain de l’Institut de recherches de Stanford, Willis
Harman, a nommé une société trans- industrielle. Et politiquement, sans doute, à travers des vicissitudes dont la gravité et la durée sont impossibles à prévoir, vers un
socialisme d’un type inédit qui osera ou n’osera pas dire son nom.
Une fois encore, nous n’avons pas le choix: c’est cela ou ce que Merleau-Ponty
appelait «le pourrissement de l’histoire».
Pierre Viansson-Ponté.

Annexe
Nous reproduisons ce tract distribué à Malville parce qu’il tranche sur toutes les imbécillités que l’on a pu lire alors. Nous partageons l’essentiel de sa critique, cependant qu’il nous semble avoir surestimé les possibilités de Malville, comme l’indiquaient du reste explicitement ses auteurs.
Tout en reconnaissant son aspect positif et nécessaire, l’insurrection généralisée ne sera que le moyen de notre but: l’instauration d’une société sans classe! Finalement, «cette violence n’est rien d’autre que la volonté devenue consciente, chez le prolétariat, de se supprimer lui-même – et de supprimer en même temps la domination des relations réifiées sur les hommes, la domination de l’économie sur la société.» (György Lukàcs, Histoire et
Conscience de classe,1923.)
La fin d’une époque
À ses débuts, la démarche écologiste a pu caractériser, du moins pour qui sait lire dans l’agencement social, un refus général des conditions d’existence qui nous sont faites en milieu colonisé par la marchandise urbaine et industrielle.
Toutefois, ce refus s’est vu rapidement abaissé au rang d’une contestation sectorielle par les idéologues tous azimuts. Loin de donner lieu à la critique radicale de la société moderne, comme de son usage irrationnel et délirant des techniques et des ressources, que l’on était en droit d’attendre, elle sombra sous les coups répétés des néoscientistes – végétaristes dans le crétinisme à variantes multiples des aberrations mystiques. Des sectes religieuses aux communautés rurales dites «autonomes», en passant par la non-violence et l’antimilitarisme chrétien, nous ne trouvons qu’un mouvement de dégradation pourrissant l’intention révolutionnaire qui animait initialement cette démarche.
Le refus général s’est perdu dans les matérialisations primaires aux allures marginales, nouveaux ghettos idéologiques où la misère est aménagée sur le mode de l’ascétisme verdoyant et de la naturalité retrouvée. Ils sont au prolétariat ce que l’aristocratie était à la bourgeoisie en 1789, une minorité de dégénérés craignant de perdre leur raison d’être: l’ordre existant.
Malgré ces tares irréductibles, et parce que le problème d’un changement total se pose avec une acuité et une urgence croissantes devant les menaces qui pèsent sur les conditions nécessaires d’un «minimum de survie», l’écologie continue (ra) d’être un pôle subversif de première importance comme instrument de mobilisation et donc de rassemblement des individus prolétarisés.

Ce rassemblement, nous nous proposons d’en faire une preuve

Car ce n’est pas tant de la préservation de l’équilibre biologique dont nous devons nous occuper (laissons cette tâche aux champions de la pollution qui sont déjà les champions de la lutte contre elle) que de notre vie, en tant qu’il s’agit de mettre un terme à toute forme d’aliénation au régime du capital et de l’économie marchande, dont la pollution est l’inévitable sous-produit. Et si l’atome représente un danger, non seulement écologique mais surtout institutionnel, c’est aux intérêts marchands qu’il en incombe, l’impérialisme atomique régnant sur chacun n’étant qu’un aspect particulier de l’extension du processus capitaliste sur le monde.
Malville ne sera donc pas pour nous l’occasion et le lieu de revendiquer pour une misère sans radiations, mais le prétexte pour concentrer des forces de subversion internationale sur un même terrain (d’ailleurs sans grands succès possibles) en vue de notre objectif permanent: l’insurrection généralisée.
En aucun cas nous ne saurions être pris pour des écologistes, malgré tous leurs efforts pour se faire passer pour subversifs.
En outre, en aucun cas nous ne saurions être pris pour des anti-écologie, malgré tous les efforts pour montrer le contraire.