Opération Renata (Italie) : Lettre de Stecco depuis la prison de Tolmezzo

non fides.fr

lundi 13 mai 2019

Chers compagnons et compagnonnes,
Le moment est venu de dire quelque chose sur ce qui s’est passé en février.
Un peu plus de deux mois se sont écoulés depuis notre arrestation dans le cadre de l’opération Renata, et je peux dire que je suis serein et fort, sûr comme jamais que la lutte continue malgré les coups portés par l’État.

Mon arrestation à Turin, près de Corso Giulio, s’est déroulée dans le calme vers 17 heures. Alors que je quittais le compagnon avec qui je me trouvais, j’ai remarqué le typique policier en civil devant moi à l’arrêt de tram, quelques secondes plus tard je me suis retrouvé encerclé. Je peux dire que tout s’est déroulé avec beaucoup de tranquillité, et je dois dire avec une « gentillesse » ennuyeuse, par opposition à la façon dont mes compagnons et compagnonnes ont été traités dans le Trentin.

Avant de partir pour Trente, je pensais encore que ma détention était liée à certaines peines que j’attendais depuis longtemps. J’ai senti quelque chose d’étrange : trop de gens avec des étoiles [trop de personnes gradées, ndt] dans ces couloirs de la caserne de Turin. Ce n’est que lors de la première visite de l’avocat que j’ai découvert le jour même de mon arrestation, que m’ont été confirmées les mesures alternatives à la prison. Une coïncidence ? Toujours est-il que vers 20 heures, ils me donnent quelques papiers au sujet d’une fouille personnelle [et perquisition] de la maison où je vis. Évidemment, j’ai remarqué « nos » fatidiques 270 bis, 280 bis [1] et une série d’autres infractions. Sur le moment, les dates et les lieux indiqués n’étaient pas compréhensibles, mais ma réaction était compréhensible. Alors que je lisais, je n’ai pas été surpris de ce qui se passait ; pas d’agitation ni de battements de cœur, mais la simple certitude en mes idées et mes croyances, la certitude d’avoir toujours lutté pour les idéaux de justice, de liberté, d’égalité entre tous les hommes et les femmes.
C’est donc avec cette étrange tranquillité que j’ai affronté le voyage à 70 km/h jusqu’à Trento avec quatre Ros [2]. Quand je suis arrivé à la caserne de Trente vers 2 heures du matin, j’ai immédiatement compris l’ampleur de l’opération. La caserne était une fourmilière d’hommes et de femmes en uniforme ou non, de gros attachés-case, dossiers et paperasse.

C’est la troisième fois en 8 ans que l’Etat m’accuse de « terrorisme » avec tant d’autres de mes compagnons et compagnonnes, et je connais un peu ses filets, même si cette fois je suis moi aussi un de ceux qui finissent en prison. Quand ils nous ont fait sortir de la caserne, tout était bien préparé : sirènes et gyrophares déployés pour les photos des misérables journalistes postés le long de la route. J’ai compris que la chasse aux anarchistes avait été étudiée dans les détails les plus infâmes, de manière à servir de grosse caisse pour ceux qui sont en haut, dont les discours contre la liberté – aujourd’hui malheureusement soutenus par une grande partie des exploités – sont renforcés et propagés à la lumière des projecteurs.

Une autre conviction qui m’a gardé, et me garde calme, c’est que quel que soit ce qui m’est arrivé ou qui m’arrive, mes compagnons ne sont pas seulement là, mais ils ont la force de réagir à cette nouvelle attaque. Respirer, même un court instant, l’air de Turin m’a donné de la force. Cette force, qui, des compagnons et de la solidarité de cette ville, s’est transmise à de nombreux endroits. Sentir un climat cohérent, déterminé, ne peut que faire du bien à tous et toutes, malgré les difficultés de ces derniers temps. La quantité de télégrammes et de lettres qui sont arrivés a confirmé ce ressenti.
Depuis de nombreuses années, je pense à ce que mon compagnon Roberto a écrit : « Je l’ai toujours su, lutter pour la liberté, signifie aussi pouvoir la perdre ». Des mots simples, clairs et surtout vrais. Maintenant que je suis en prison, je vois et j’entends des choses qui parfois m’ont échappé (mes deux premières courtes expériences en prison ont été un avant-goût de ce que je vis maintenant). Maintenant, je touche du doigt bon nombre des raisonnements que j’ai fait au cours de ces années de lutte. Rester ici à Tolmezzo, veux dire percevoir comment l’État et son appareil répressif travaillent en permanence et s’informent sur les moyens d’isoler ceux qui s’obstinent à lutter contre eux. Les conditions dans lesquelles nos compagnonnes se retrouvent à L’Aquila sont encore plus difficiles, dans cet hybride entre la section AS2 [section de haute sécurité] et le 41 bis [3].
Ils veulent enlever à cette prison la réputation de lieu de tortionnaires et de bourreaux méritée à l’époque par l’ancienne directrice Silvia Dalla Barca, même si ses mains lourdes sont encore là. Mais maintenant les prisonniers sont pour la plupart en AS, et viennent du sud de l’Italie, ce ne sont pas des étrangers isolés à qui on peut faire tout ce qu’on veut sans que personne ne le sache. La tactique est maintenant différente. La prison est divisée en plusieurs catégories : mafia ici, et là, 41 bis, détenus de droit communs, musulmans, anarchistes, etc. Une tactique qui semble fonctionner, si l’on considère que parmi les quelques « droits communs » qu’il y a, ça s’est battu pour des insultes racistes et différents préjugés, à la grande faveur de la Direction. Je pense qu’il est très utile de comprendre l’évolution des prisons, leur histoire, les changements dans le code pénal, la façon dont les enquêtes sont menées, et pas seulement contre nous, anarchistes, pour comprendre ce qu’il faut dire et faire aujourd’hui, à l’intérieur et à l’extérieur.

Nous sommes aujourd’hui le 25 avril. Certains détenus m’ont demandé si je le fêtais et il était intéressant de voir comment, en quelques minutes, il a été convenu qu’il n’y avait pas de libération. L’histoire du mouvement partisan est très complexe. Je peux montrer du respect pour cette lutte, mais moi aussi je prend parti. Si je pense à cette lutte, je pense à des compagnons comme Pedrini, Tommasini, Mariga, Mariani et bien d’autres, qui ont combattu le fascisme et l’État bien avant le 8 septembre et bien après le 25 avril. Par-dessus tout, ils ne se sont pas battus pour des fins politiques et pour le pouvoir, par leurs sacrifices ils n’ont pas trahi les objectifs s’étaient fixés, en tant de jeunes hommes et jeunes femmes. C’est aussi grâce à ces compagnons, leurs expériences, leurs histoires que j’ai maintenant les connaissances pour affronter la prison avec force et dignité. Pour moi, il y a un fil conducteur qui m’unit à ces compagnons, non pas parce que j’ai le même courage – tant de choses qu’ils ont vécues que je n’ai pas vécues sur ma peau – mais parce que j’essaie humblement de poursuivre les mêmes luttes et les mêmes idées. Je trouve hypocrite que, comme chaque année, dans des journaux comme « Corriere della Sera », on se souvienne d’un grand photographe comme Robert Doisneau, qui pendant la guerre a falsifié des documents pour la Résistance française, et en même temps condamne et criminalise ceux qui fuient les lagers financées par l’Occident où ils sont enfermés parce qu’ils ne possèdent pas de papiers et seulement à travers la fuite et la falsification de papiers peuvent tenter d’échapper aux autorités et rester libres. Cette journée reflète l’hypocrisie de la société dans laquelle nous vivons, où tout peut être le contraire de tout.

Ces temps sont tristes. Les nouvelles des massacres aveugles se succèdent de manière angoissante. Les événements en Libye, au Sri Lanka, en Nouvelle-Zélande, au Venezuela et tous ceux qui sont cachés font partie du même côté de la médaille que les autres massacres perpétrés par diverses armées dans le monde.

Tous ces événements parlent de crimes aveugles, expéditifs et barbares, perpétrés non pas à des fins d’émancipation, mais dans le but de brutaliser la vie pour l’oppression et le pouvoir.
Dans ce contexte de guerres et de changements sociaux de toutes sortes, le mouvement anarchiste est accusé pour la énième fois de son histoire de « terrorisme ». Cette accusation est une grave offense, laquelle a pour but de dénigrer nos idées et nos méthodes. L’Etat, qui utilise les méthodes les plus sales et les plus infâmes, quand il a peur ou en a besoin, va frapper les exploités les plus conscients qui luttent. De bien des façons, les anarchistes se sont défendus contre ces attaques en réaffirmant la justesse de leurs idées et de leurs pratiques au fil du temps.
Moi aussi, j’ai envie de dire ce que j’ai à dire. L’isolement et cette cellule ne peuvent pas me faire taire. Je ne perdrai jamais le désir d’apporter la clarté là où il y a la pire confusion. Pour le faire, je vais citer les faits et les mots de quelques anarchistes.
Depuis de nombreuses années en Russie, les anarchistes et pas que, sont tués, torturés, la propagande bâillonnée, les membres de la famille arrêtés. En 2001, le jeune anarchiste et syndicaliste Nikita Kalin a été tué d’une balle dans la tête à cause de son activité dans l’usine où il travaillait. Beaucoup d’autres ont été frappés par une répression féroce de l’État et de ses serviteurs fascistes, qui n’a fait qu’augmenter ces dernières années. Le 31 octobre 2018, à 8h52, à Arkhangelsk, un jeune anarchiste, Mikhaïl Zhlobitski, meurt déchiqueté par sa bombe au sein de la Direction régionale du FSB (les services secrets russes). Trois agents sont blessés et le bâtiment est endommagé. Ce fait dramatique nous fait comprendre que, d’une part, nous avons perdu un compagnon courageux et que, d’autre part, la responsabilité de ce qui s’est passé incombe à l’État. Si on met face au mur les idées et la liberté, elles répondent avec les hommes et les femmes les plus courageux et les plus déterminés. Ce sont les conditions sociales qui font que des épisodes comme ceux-ci se produisent. Et ce fait n’est pas du « terrorisme ». Nous pouvons maintenant pleurer le compagnon disparu, mais comprendre encore mieux que la lutte doit se poursuivre jusqu’à ce que des faits comme ceux-là ne soient plus nécessaires.

Le 20 septembre 1953, un article de Mario Barbari est publié dans le journal anarchiste « Umanità nova », dans lequel ce compagnon commente ainsi le livre de Giuseppe Mariani sur les événements de Diana [4] en 1921 :
« Et le tyran n’est-il pas un lion affamé – toujours à la recherche d’aspirations conquérantes – alors que dans sa brutalité despotique il n’exclut aucun moyen, contre ceux qui tentent de se libérer de cette tyrannie, dans la crainte que les autres prennent conscience de la réalité qui les écrase ? Le tyran est donc l’expression authentique de la violence et celui qui la combat, combat la violence ».

Nous, les anarchistes, devons garder une boussole qui nous distingue toujours de ceux qui utilisent la violence pour leurs [propres] mauvaises fins. Malatesta l’appelait « gymnastique morale », grâce à laquelle le sens de la violence révolutionnaire est différent de celui de la violence utilisée par l’Etat à travers ses moyens et ses serviteurs. L’une de nos tâches est d’apporter de la clarté à cette société fondée sur la violence, de lutter pour que la brutalité soit finalement remplacée par la fraternité et la solidarité pour tout le genre humain. Peut-être qu’aujourd’hui la bataille pour rester humain est la plus difficile, échapper à la haine qui nous entoure est encore plus difficile. Si nous réussissons, nos objectifs pourront émerger avec force et lucidité.
Avec leurs accusations, ils veulent nous jeter dans un panier dont le contenu est plus que pourri ; au lieu de cela, nous, nous devons rester intègres face à la barbarie.

Barbani [5] continua :
« Il ne s’agit donc plus de violence ou de non-violence ; d’aimer ou de haïr ; de comprendre ou de compatir ; mais de lutter avec toute nos énergies d’hommes conscients pour éradiquer la tyrannie et éliminer le joug de l’esclavage matériel et spirituel ; c’est pourquoi nous encourageons chacun à se comprendre pour comprendre en même temps les autres. Si demain une nouvelle aube nous trouvait présents dans la réalité d’une révolte d’opprimées et de naufragés humains, nous ne dédaignerions pas d’être présents dans le rugissement des barricades et alors même nous serions sûrs de ne commettre aucune violence, mais de combattre la violence ! »

Le livre Mémoires d’un anarchiste de Giuseppe Mariani [6] m’a permis plus d’une fois de faire de profondes réflexions, ce qui m’a aidé à avoir une vision claire des pratiques et méthodes. Je termine ce discours avec les mots de Gigi Damiani dans l’introduction du livre de Mariani :
« Mais l’histoire nous enseigne qu’il y a des moments où la violence devient une nécessité sociale. Il faut seulement, dans la mesure du possible, qu’elle ne frappe pas aveuglément et qu’elle ne fasse pas payer aux humbles les fautes des grands ».

Je pense qu’en ce moment, malheureusement aussi à cause des attaques de l’Etat contre notre mouvement, nous avons l’occasion de revenir avec encore plus de force pour parler de nos idées, pratiques et rêves. Des espaces , même petits, s’ouvrent et nous devons critiquer les mouvements réformistes et de mauvaise foi. Au cours des derniers mois, beaucoup de gens se posent diverses questions vis à vis de l’orientation que prend cette société, surtout avec les cortèges [manifestations] d’opinion qui ont malheureusement un caractère défensif, réformiste et non partageable. C’est à nous, avec ceux qui sont avec nous, de créer des ruptures et de stimuler la réalité de telle sorte que cette reprise de conscience ténue aille à la racine des problèmes sociaux et ne soit pas séduite par des mots tels que démocratie-droits-progrès-civilisation. La clarté et nos pratiques sont aujourd’hui fondamentales pour réussir à créer un rapport de force nécessaire pour faire reculer l’État et les maîtres dans leurs intentions. Là aussi, nous avons besoin d’une saine gymnastique.

Et si des procureurs au dessus de tout soupçon tel que Raimondi et les procureurs de Turin et de Trente s’étonnent de la solidarité exprimée à nous [autres], anarchistes, en invitant la soi-disant société civile à rester à distance, cela signifie que la route est bonne, et ne peut que me rendre heureux. Nos luttes, notre propagande, nos pratiques, même si elles sont modestes, effraient d’une certaine manière ceux à qui de droit.

Je remercie sincèrement tous les compagnons et compagnonnes qui, ces derniers mois, ont déployé tant d’efforts pour poursuivre les luttes et la solidarité envers nous tous en prison. Je remercie tous ceux qui, à travers les assemblées, les revues, approfondissements, poursuivent le débat et le développement de nos idées.
Ma sincère proximité va aux compagnons enquêtés et enfermés en prison pour les procès « Scripta Manent », « Panico », « Scintilla » et tous les compagnons détenus dans les prisons d’un peu partout.
Ma plus vive inquiétude va à la compagnonne anarchiste Anahi Salcedo, enfermée en Argentine dans des conditions physiques précaires et sans soins appropriés.
Un salut fraternel va à tous les compagnons fugitifs qui marchent dans les rues du monde.
Encore une fois :
Pour la révolution sociale, pour l’Anarchie

Prison de Tolmezzo, le 25 avril 2019
Luca Dolce dit Stecco.

Pour écrire à Stecco :

Luca Dolce
Casa Circondariale di Tolmezzo
via Paluzza 77

33028 Tolmezzo (Udine)
Italie

Note :lors de l’atelier d’écriture  aux prisonniers la question  qui est  luca Dolce? Car le blog le laboratoire n’a pas publié de texte

 

Avignon,France:La caravane « Atomik Tour » fait halte pendant 3 jours 24 au 26 mai

[reçu par mail]

Conférence de presse : vendredi 24 mai 2019 à 18h au Parc des Libertés (île de la Barthelasse)

La caravane « Atomik Tour » fait halte pendant 3 jours à Avignon

Depuis plusieurs années, une répression policière et étatique féroce
s’abat sur les opposants au projet de poubelle nucléaire (Cigéo) à Bure
en Champagne chargée d’accueillir tous les déchets radioactifs de France
dont ceux des installations nucléaires de notre région (Tricastin,
Cruas, Cadarache, Marcoule).

La violence d’Etat y est terrible et, comme nous le disions à l’époque,
allait se généraliser à l’ensemble de la société, contre ceux et celles
qui contestent l’ordre dominant : des mains et des pieds arrachés par
des tirs de grenades, des mutilé-es et des handicapé-es à vie, des
estropié-es, des interdits de résider dans sa propre ville, des peines
d’emprisonnement, des centaines de gardes à vue, des amendes-sanctions,
des procès, un espionnage policier permanent, des intrusions répétées
dans les domiciles,…

La caravane « Atomik Tour » qui à pris la route début janvier 2019 et
sillonne tout le pays pour apporter aux populations une information sur
l’horreur nucléaire et l’enfer de la répression, fera halte en Vaucluse,
à Avignon, du 24 au 26 mai prochains.

Ce sera l’occasion pour les vauclusiens et vauclusienne de s’informer,
de discuter avec les réprimé-es de Bure et de Vaucluse, de connaître ou
présenter les luttes qui se mènent ici en Provence contre le nucléaire
et les grands projets inutiles et imposés par une technostructure aux
ordres de la finance et des banques avides de toujours plus : plus de
profits, plus de croissance, plus d’accumulation de capital, plus de
sur-consommation, plus de destruction de la planète, plus de soumission
des peuples, plus de misère et d’inégalités, plus de domination et de
prédations, plus de robotisation et de déshumanisation.

Durant 3 jours, à l’initiative du CAN84 rejoint par une dizaine
d’associations vauclusiennes*, se déroulera un programme de rencontres
et d’animation, avec les réprimé-es de Bure, pour réfléchir ensemble et
converger pour agir pour un monde meilleur et libéré de la destruction
atomique.

. Vendredi 24 mai 2019 à 18h au parc des Libertés (île de la
Barthelasse)

Conférence de presse avec les témoignages de 3 réprimé-es de Bure, de
Jean Revest (militant du CAN84 poursuivit en justice par Areva et qui a
gagné le procès contre l’ogre nucléariste), Nicole Briend (militante
vauclusienne de Attac poursuivit en justice par la BNP et qui a gagné le
procès contre la banque qui finance des projets destructeurs de la
planète).

Suivit d’une « Convergence des Luttes » ouverte à tous (repas tiré du
panier)

. Samedi 25 mai 2019 : à 14h, Ciné-débat à Utopia-Manutention « Un
héritage empoisonné », des déchets de la guerre 14-18 aux déchets
radioactifs nucléaires. En présence de la réalisatrice Isabelle
Masson-Loodts et des réprimé-es de Bure et Vaucluse

. Dimanche 26 mai 2019 : de 11h à 14h sur la Place Pie puis de 15h à 18h
à « Rosemerta », Rencontre population-militants antinucléaires sur le
thème : « la France nucléaire, vous en voulez ou pas ? » Et de militants
qui présenteront les autres luttes en cours en Vaucluse.

_

* Attac, Mouvement de la Paix, Stop-Linky, CANSE, Confédération
Nationale des Travailleurs/CNT, Solidaires, Mouvement Contre le Crime
Atomique, France Insoumise, NPA, Fédération Anarchiste, Gilets jaunes

contact :  Coordination antinucléaire du sud-est – Collectif
antinucléaire de Vaucluse/CAN84 –
www.coordination-antinucleaire-sudest.org

Italie : Sur la sentence du procès Scripta Manent (et des nouvelles de Marco)

Insuscettibile di ravvedimento / mardi 14 mai 2019

Sur la sentence “Scripta Manent”

Le 24 avril, la Cour d’Assise de Turin a émis la sentence en première instance pour le procès Scripta Manent (suite à l’opération répressive lors de laquelle cinq compas avaient été arrêtés, le 6 septembre 2016, et deux autres avaient reçu la notification de détention préventive en étant déjà en prison, pour l’attaque contre Roberto Adinolfi du 7 mai 2012).

Alfredo a été condamné à 20 ans, car considéré comme coupable de possession et transport d’explosif, à cause de la bombe déposée au siège des RIS (Reparto Investigazioni Scientifiche, la « police scientifique » des Carabinieri) au Parco Ducale de Parme, le 24 octobre 2005 (il a été acquitté pour le délit d’attentat avec la motivation « délit impossible » : l’interrupteur de l’engin n’était pas déclenché), responsable du colis piégé envoyé le 24 octobre 2005 au maire de Bologna de l’époque, Sergio Cofferati (il a été condamné pour l’attentat et pour possession et transport d’explosif), des attaques avec doubles engins à l’école pour officiers des Carabinieri de Fossano, le 2 juin 2006 et dans le quartier Crocetta de Turin, le 7 mars 2007 (délit de « massacre », avec l’aggravant que la cible auraient été les forces de l’ordre, tandis que l’aggravant de la motivation politique est tombée), de l’envoi des colis piégés au maire de Turin de l’époque (Sergio Chiamparino), au directeur du journal Torino Cronaca (Giuseppe Fossati), ainsi qu’à l’entreprise de construction COEMA (qui participait à la rénovation des CRA), en juillet 2006. De plus, il est presenté comme promoteur de la FAI (Fédération Anarchiste Informelle), considérée comme « association subversive avec finalité de terrorisme ». L’aggravant de son caractère transnational est tombée.

Anna a été condamnée à 17 ans pour les bombes de Fossano et de la Crocetta (2006 et 2007) ainsi que pour les colis piégés de juillet 2006 (les trois pour lesquels Alfredo aussi a été condamné) ainsi que pour « association subversive avec finalité de terrorisme », en tant que promotrice de la FAI.

Nicola a été condamné à 9 ans pour « association subversive avec finalité de terrorisme ».

Marco et Sandro ont été condamnés à 5 ans pour participation à une « association subversive avec finalité de terrorisme ».

Tous les autres inculpés ont été acquittés (pour tous les 23 inculpés, le chef d’inculpation était « association subversive avec finalité de terrorisme et subversion de l’ordre démocratique » et, pour quelques uns, aussi « provocation aux crimes et délits » et « attentat terroriste »).
Les compas condamnés restent donc en taule, Danilo sort de prison et Valentina peut sortir des arrestations domiciliaires (où elle a été transférée en décembre 2017, après avoir été emprisonnée dans la prison romaine de Rebibbia).

La Cour a 90 jours, à compter du 24 avril, pour écrire les raisons de la sentence.

*****

Le compagnon anarchiste Marco Bisesti en isolement depuis le 6 mai

On apprend par ses lettres que Marco Bisesti est en isolement, depuis le 6 mai, pour une durée de 10 jours. Cela a cause d’une prise de bec avec un maton, à la mi-février. Ce maton avait utilisé un tuyau relié à une bouché d’incendie pour arroser un prisonnier qui se trouvait à l’isolement à l’étage juste au dessous de la cellule où Marco est enfermé.

Liberté pour tous et toutes !

depuis Attaque

Pour continuer la discussion: Gilles et John

J’ai comme l’impression, prophétie autoréalisatrice, qu’il va y avoir beaucoup d’abstentions aux prochaines élections de nos chers dirigeants incontrôlés/incontrôlables – donnez-nous des juges japonais ! –  malgré tout le battage médiatique actuel, et habituel, pour la démocratie qui ne peut-être que représentative, puisqu’on vous le dit, et que l’extrême droite va du coup augmenter encore un peu plus son quota d’élus ici comme ailleurs…

 

Ceux qui nous imposent à la cravache les régressions néolibérales tellement nécessaires à notre survie dans la « compétition internationale » (et pour leur porte-monnaie) font vraiment tout ce qu’ils peuvent, bonjour Madame gaz et matraque dans la gueule, bonjour Messieurs les éborgneurs, pour qu’il en soit ainsi, pour que l’on ressente toujours plus ces sentiments d’impuissance, de colère frustrée, de ressentiments et de désespoir qui peuvent amener à bien des dérives politiques…

 

(Sondage colgate : Les néolibéraux déchaînés, souriants et propres sur eux sont-ils préférables aux populistes d’extrême-droite à l’haleine nauséabonde et aux méchants islamistes barbus peuplant nos cités de banlieues désertées par les petits blancs ?)

 

A violence aveugle et complètement disproportionnée du pouvoir – ils sont parvenus à intimider ou terroriser nombre de manifestants potentiels depuis six mois, on n’ avait pas vu cela depuis longtemps… – violence symbolique, spectaculaire et bégnine (pour le moment encore ?) de jeunes dominés furax :

 

https://lesamisdebartleby.files.wordpress.com/2019/04/version-imprimable-de-la-violence-en-politique.pdf

 

https://lesamisdebartleby.files.wordpress.com/2019/04/version-imprimable-de-contre-les-violents.pdf

 

Il y a quarante/cinquante ans, tout comme les Blacks blocs aujourd’hui, on y croyait fermement, à des degrés divers, à la nécessité de la violence et de l’intimidation prolétarienne envers les dirigeants pour changer radicalement les choses (moi-même jusqu’à la quarantaine… c’est toujours agréable de faire peur, un petit peu et de temps en temps, à ces crapules sans scrupules) :

 

http://www.archivesautonomies.org/IMG/pdf/situs/assommoir/assommoir-n03.pdf

 

http://www.editionsamsterdam.fr/brigades-rouges/

 

http://editionslibertalia.com/blog/Brigate-Rosse-une-histoire

 

https://www.lemonde.fr/livres/article/2010/11/25/brigate-rosse-une-histoire-italienne-de-mario-moretti-avec-carla-mosca-et-rossana-rossanda_1444703_3260.html

 

http://www.zones-subversives.com/2017/04/greves-et-lutte-armee-en-italie.html

 

Avertissement de – tiens ? – Castoriadis à ce propos en 1978 :

 

METROPOLI (mensuel des « indiens métropolitains » italiens) : – Le terrorisme est un phénomène grave et important de ces dernières années. Beaucoup de gens le considèrent comme un reliquat du passé, pour d’autres il s’agit d’une conséquence des nouveaux mouvements. Comment le jugez-vous ?

 

CASTORIADIS : – Le terrorisme est une impasse. Il ne conduit à rien. Il utilise les moyens même que nous condamnons chez le  régime que nous combattons. Lorsqu’on examine la vue de la société avec laquelle les partisans du terrorisme veulent « justifier » et « théoriser » leurs activités, on constate qu’elle relève du marxisme le plus naïf et le plus grossier : la société serait une poudrière prête à exploser, il suffirait d’en approcher un allumette. Ou bien : cet appareil d’Etat est le seul à maintenir le régime, et il suffirait d’éliminer quelques-uns de ses agents pour qu’il s’effondre. Ces idées, explicitement formulées ou non, montrent que de ce point de vue les terroristes vivent dans un monde de rêve. Et tout ce que l’on sait de leur organisation indique que celle-ci est construite sur le modèle stalino-totalitaire.

 

(NB : on peut changer « terrorisme » par « violence systématique », ça marche aussi bien)

 

Bon, ce n’est pas la déliquescence réformiste de la CGT qui risque d’arranger les choses des dominés dans l’immédiat, nous avons, encore et toujours, énormément de difficultés à faire nombre tout en nous auto-organisant efficacement en dehors des appareils bureaucratiques gauchistes ou syndicaux, cf. la chronique de Temps Critiques sur les Gilets jaunes de Lyon et l’assemblée des assemblées de St Nazaire… :

 

https://www.monde-diplomatique.fr/2019/05/DUMAY/59838

 

Toujours à relire pour les quelques vérités si bien formulées et si justes hélas sur notre époque :

 

https://www.institutcoppet.org/wp-content/uploads/2015/01/7.-CONSTANT-Benjamin-De-la-liberte-des-Anciens-comparee-a-celle-des-Modernes.pdf

 

Cordialement.

Henri

 

https://www.youtube.com/watch?v=qRgr2gkGADE

 

https://www.youtube.com/watch?v=RS-wReyQwxY

 

TEMPS D’ENCRE – Rencontres autour de publications anarchistes

Pour que l’idée ne flétrisse pas, il faut l’action pour la revigorer. Pour que l’action ne tourne pas en rond, il faut l’idée pour l’enchanter. C’est peut-être là que se tisse le véritable fil noir de l’histoire tumultueuse de l’anarchisme, qui est en même temps sa proposition de lutte : auto-organisation, action directe, conflictualité permanente avec l’autorité sous toutes ses formes.

Ces Rencontres autour de publications anarchistes sont une occasion sous forme d’invitation pour celles et ceux qui sont à la recherche d’idées critiques, qui cherchent à agir, qui se révoltent contre ce monde mortifère d’oppression, d’exploitation et d’autorité. Une occasion, et un défi en même temps, pour mettre en relief ce foisonnement anarchiste qui se diffuse au travers de publications, d’agitation, de locaux, d’interventions, d’actions et de luttes – et qui exprime, en proposant la destruction du pouvoir plutôt que son aménagement, le bouleversement total plutôt que la réforme, la concordance entre moyens et fins plutôt que la stratégie politique, l’éthique plutôt que le calcul, une perspective révolutionnaire à approfondir et à défendre.

Du vendredi 28 au dimanche 30 juin 2019.

La Pétroleuse
163 Cours Caffarelli
Caen (Normandie)

Programme au format PDF / Affiche au format PDF

Plus d’infos ou pour ramener ta distro sur tempsdencre2019.noblogs.org et/ou en écrivant à tempsdencre2019[a]riseup.net.

 Depuis un mail reçu

 

Forêt occupée de Roybon – Chantier barricades du 21 au 27 mai

[[reçu par mail]

Le 21 mai prochain, la machine judiciaire va se prononcer sur le cas du toujours inexistant Center Parc de Roybon. Au vu de la situation, une probable expulsion de l’occupation des approximatifs 200 hectares de forêt appartenant à Pierre et Vacances et de la Maison de la Marquise appartenant à l’ONF est envisageable.

Pour mieux nous préparer à cette éventualité, un chantier construction-agrandissement-renforcement des barricades est prévu du mardi 21 mai au lundi 27 mai.

Si tu peux, n’hésite pas à ramener de quoi dormir, de la bouffe, de la médic, du matériel de construction et des outils, vis, clous, etc.

Des occupantEs

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Le 15 mai à 19h au laboratoire anarchiste à Valence; moments d’écriture aux compagnons en prison

anarchia

Tu es convié-e-s au laboratoire anarchiste  le mer­­credi 15 avril à 19h pour cor­­res­­pon­­dre avec les pri­­son­­nier-e-s. Le cour­­rier, c’est impor­­tant lors­­que l’on est en taule, le lien avec l’exté­­rieur se tisse aussi grâce aux let­­tres de sou­­tien que nous leur adres­­se­­rons.

Des let­­­tres pour qu’on leur raconte la vie du dehors, qu’ielles nous infor­­­ment peut -être sur ce qui se passe dedans pour que l’on puisse faire le relais, redon­­­ner de la force ou les faire marrer, écrire ou des­­­si­­­ner pour mieux sur­­­mon­­­ter le quo­­­ti­­­dien et les aider et aussi financièrement. Ce sou­­­tien de  l’exté­­­rieur est d’autant plus impor­­­tant lors­­­que, comme en ce moment, la rage augmente comme aujourd’hui

Venez aussi par­­­ta­­­ger vos infos, en pren­­­dre etc…

Alors amenez des tim­­­bres, des enve­­­lop­­pes, du papier, des crayons, votre ima­­­gi­­­na­­­tion et envoyons ce bazar der­­­rière les bar­­reaux!

c’est pour nous très important d’écrire notre soutien aux compas, si tu n’as pas eu l’occasion de lire l’adresse des compagnon en prison depuis le premier mai à Paris : Des nouvelles de la répression sans frontières [Mis-à-Jour, 10.05.2019]

et aussi pour les  compagnons

er scrivergli: Luca Dolce – C.C. via Paluzza 77 – 33028 Tolmezzo (Udine)

Pour écrire à Alfredo :

ALFREDO COSPITO
Casa Circondariale di Ferrara
Via Arginone, 327 – 44122 Ferrara, Italie

ces adresses sont issus de  choix évident pour nous si jamais tu as envie de partager  d’autres adresses….

Berlin (Allemagne) : NOTRE THEORIE : la communication par la PRATIQUE. Attaque 2

Indymedia Nantes / samedi 11 mai 2019

… Les luttes contre les lieux d‘implantion d‘Amazon ou de Google: c‘est à raison que sont menées avec une certaine régularité des attaques contre l‘infrastructure de l‘ „attaque technologique » dont il est question presque quotidiennement. En cela, la critique se dirige vers la surveillance du quotidien, que l‘on perçoit comme chaque jour un peu plus totale, et qui semble nous empêcher encore plus souvent de nous rebeller.

Pour contrer ce fait, l‘action nocturne est à chaque fois un peu plus réfléchie, plus secrète, ou fait preuve d‘une technique plus aiguisée. Dans les revendications est expliqué pour la millième fois en quoi il est légitime d‘attaquer x, y ou z ou comment l‘action b fait suite à un événement a, comme nous l‘avons fait nous aussi dans la première partie de cette série. Logique, quoi. Mais rarement proportionné, car il est difficile de commenter l‘horreur de ce monde sous forme d‘actions.

Peut-être est-ce aussi dangereux. Parce que la surveillance est basée, entre autre, sur la logique. Sur les vraisemblances et leur analyse, par exemple pour la planification des patrouilles de police. Sur le traitement de sources qui n‘en finisse pas et qui rendent le tout encore un peu plus prévisible. Les organes de sécurité peuvent le plus souvent déjà prévoir quelles cibles entrent en jeu quand un squat a été expulsé peu avant. Ils savent qu‘ils devraient peut-être plus que d‘habitude garder un oeil sur leurs voitures lorsque l‘un de leurs voyous tabasse encore quelqu‘un.e devant une caméra qui tourne. Il y a aussi les campagnes sur des thématiques particulières, qui amènent des cibles potentielles autant dans le champ de vision des insurgé.es que dans celui des protecteur.trices de l‘existant.

Néanmoins, parce que notre but n‘est pas de remplacer des formes d‘action légitimes et efficaces, et parce que nous partageons, en principe et en stratégie, beaucoup de convictions, et encourageons la continuité d‘actions thématiques spécifiques, nous avons, en contribution à la campagne des actions directes contre les acteurs de la gentrification et de l‘éviction, brûlé une voiture de WISAG dans la nuit du 9 au 10 Mai 2019 dans la Rathausstraße à Berlin-Lichtenberg. „[…] l‘agence de sécurité WISAG contribue à la chasse des SDF de la Rummelsburger Bucht au profit des investissements de Padovicz là-bas » ont écrit des compagnon.nes qui ont aussi livré une explication, à laquelle nous n‘avons dans un premier temps rien à rajouter, sinon que WISAG est aussi chargé de contrôles dans les transports publics berlinois.

Posted on by Attaque

« Gilets jaunes », France : Les vitrines de ce monde de travail et d’exploitation volent en éclats à Nantes… et du dawa à Lyon – 11 mai 2019

Ce samedi 11 mai à Nantes, plusieurs milliers de personnes sont descendues dans les rues quadrillées par les forces de l’ordre lourdement équipées pour ce 26ème samedi des « gilets jaunes », avec canon à eau, hélico… Selon un décompte de la préfecture vers 19h, 26 personnes ont été interpellées. 

Vers 15h30, des enragés crament un panneau publicitaire d’un arrêt de bus sur le cours des Cinquante-Otages pour se (ré)chauffer, alors que la ville est déjà noyée sous les gaz lacrymo.

Puis vers 17h, certains émeutiers prennent l’initiative d’aller frapper la domination, en regardant au-delà des lignes des flics. Plusieurs attaques se concentrent alors sur plusieurs enseignes de cette société de travail et d’exploitation installées tout le long du quai de la Fosse: les agences du travail interimaire « Triangle, dlg profils, Wooman, Derichebourg », mais aussi de l’agence de communication ‘Kelcom’, de l’agence de voyage ‘Croisières Europe’ et des locaux de la ‘Jeune chambre économique’, qui réunit de jeunes patrons âgés de 18 à 40 ans.

Quelques minutes avant, sur ce même quai de la Fosse, un automobiliste a bien failli rouler sur les gendarmes mobile qui tentaient de repousser les manifestants vers la Chambre de commerce. C’était sans compter sur les jaunes pacifistes qui sont intervenus pour calmer le chauffard aux saines intentions gendarmicides…

La Jeune Chambre Economique à l’air libre


Lyon : Entre caillassages et destruction contre les transports

« Ils étaient environ 2500 cet après-midi à manifester dans les rues de Lyon pour cet acte XXVI des Gilets jaunes marqué par un rassemblement national dans la capitale des Gaules. Si le début du mouvement s’est déroulé dans le calme, la tension est montée d’un cran deux heures après le départ au niveau de la piscine du Rhône, quai Claude Bernard. Les premiers jets de bouteilles et parpaings ont appelé ceux de grenades lacrymogènes, tandis que des groupes de casseurs s’en sont pris à l’arrêt de tram situé sur le quai, complètement détruit. Selon la préfecture, plusieurs individus « très violents et apparentés à l’ultra gauche » ont affronté les forces de l’ordre, et ont fait 10 blessés dans leurs rangs. » (Lyon Capitale)

Posted on by Sans_Attendre

Lyon, Rhône:« Gilets jaunes » manifestation du samedi 11 mai

Compte-rendu de la manifestation Gilets jaunes à Lyon le 11.05.2019

14 h Place Bellecour

Départ 14 h 45 avec les motards en tête suivis d’une foule enthousiaste et joyeusement bordélique à 2000 (comptage fiable). Passage place Antonin-Poncet sans encombre et avec de nombreux jeunes qui ont pris la tête du cortège sans former pour cela un cortège de tête structuré. Remontée de la banderole de tête juste après le pont de la Guillotière alors que le camion sono reste à la traîne. La manifestation longe le quai Jules-Courmont sans incident, avec la police qui bloque toutes les rues adjacentes menant vers l’hyper-centre, sauf le passage Ampère, peu favorable à une percée. Elle ouvre aussi le cortège à l’avant comme dans toutes les manifestations cadenassées, mais avec discrétion : pas de contact serré ni sur les côtés ni devant, mais un train de sénateur qui oblige les motards jaunes à ranger leurs motos sur le côté pour cause de surchauffe à petite vitesse. Flottement juste avant de traverser le pont Morand, car une partie de la manifestation s’arrête un moment, avec des velléités de partir vers la place Louis-Pradel, donc l’hyper-centre, comme si elle pressentait déjà le passage du pont et l’autre rive comme quelque chose d’irréversible entérinant la soumission au trajet officiel. Mais finalement, passage du pont en bon ordre.

Engagement sur le quai Augagneur de 4000 à 5000 avec un énervement progressif de l’avant du cortège (le camion sono, toujours derrière, a été débordé par de nombreux manifestants déterminés) face à la stratégie policière qui fixe le rythme de marche. Premiers incidents véritables à hauteur de la rue Chaponnay et un tir de LBD dans le cœur de la manif avec comme résultat un blessé au front. Pluie de projectiles en réponse avec en riposte des lacrymos et grenades de désencerclement. Malgré tout cela va repartir, avec un petit temps de flottement au pont de la Guillotière, mais avec du monde pour coller au cordon de policiers autant que possible. La police recule sans que cela puisse être considéré comme une défaite de sa part, puisqu’on ne fait qu’accélérer le rythme pour les mettre physiquement en difficulté, car ils le font à reculons et qu’en plus elle recule… dans la direction où elle veut nous emmener, c’est-à-dire vers Gerland.

À la hauteur du chantier de l’université Lyon 3, investi par des manifestants, charge des CRS venue de très loin et qui se solde par de bons matraquages (dont un blessé au nez, qui a été de toutes les manifestations depuis des années…) et la prise de deux banderoles, dont au moins une servait aux manifestants à avancer et à se protéger de la furie policière.

Ça repart avec une attaque de la BAC qui part d’une rue perpendiculaire avant même l’Hôpital Saint-Luc/Saint-Joseph où le gros de la manif stagne, pendant que d’autres manifestants avancent vers l’avenue Berthelot. Des frustrés d’une manifestation sans alternative claire, détruisent les vitres de l’arrêt de tram et on a l’impression que la manif se vide.

La Préfecture informe les organisateurs de la manifestation que celle-ci n’est plus considérée comme déclarée et annonce aussi sur twitter, contre ce qui serait prétendument une fakenews : le préfet n’interdit pas la manifestation des #Giletsjaunes de se tenir, mais a demandé à @PoliceNat69 & à @Gendarmerie_69 de bloquer l’accès aux rues commerçantes de #Lyon pour éviter d’autres dégradations [comme si les rues de ce coin là du 7ème arrondissement étaient des rues « commerçantes »]. La #manifestation pourra toutefois continuer vers Gerland.

Les manifestants restants veulent quand même continuer la manifestation, sûrs de leur bon droit, refusant d’aller s’enterrer à Gerland, mais le piège est là. Devant Berthelot, 2 canons à eau, l’un sur l’avenue, l’autre sur le pont et grosse nasse. Une partie des manifestants, prête à enlever les gilets, rejoint les berges, les uns coté nord des berges, vont finir par se faire attaquer par les bacqueux tandis que dans l’autre sens ils sont poussés direction Gerland sans pouvoir sortir du « tunnel » mis en place. Les plus téméraires rentreront dans le dispositif habituel, étant poussés sans ménagement jusqu’à Gerland. Quelques-uns ayant eu connaissance, par tract, des points de repli intermédiaires en cas de dispersion, échouent à reformer un cortège sur ces lieux.
Pendant ce temps, sur les berges, à la hauteur de l’avenue Berthelot, les CRS se retrouvent débordés par la détermination des manifestants présents et se voient contraints de laisser passer une bonne cinquantaine de Gilets jaunes, sans heurts (tout cela se passant au moment de l’accostage impromptu d’un bateau de croisière juste au niveau du cordon policier, accostage applaudi par les GJ, pour sa précision). Mais les bacqueux, qui rappliquent rapidement, vont ramener tout le monde à la case départ à coups de matraque et de lacrymos.

Belle opération de la part des autorités et se pose la question simple de comment continuer à manifester à Lyon : 4 zones interdites et dispersion violente des manifestations autorisées, sous le premier prétexte venu (un quelconque projectile lancé que la police sait être un fait inévitable pourtant), avant même la moitié de son parcours. Sans initiatives avant le pont Morand la manifestation était condamnée à ne plus jamais revenir sur la Presqu’île.

De plus,  l’organisation, totalement opaque, qui a conduit à fixer ce parcours et à terminer la manif à partir de 18 h pour un barbecue à Gerland, a été d’une part un outil de démobilisation de la manif et d’autre part, du pain béni pour les flics qui avaient une forme de légitimité à orienter les manifestants nassés, vers Gerland : le réconfort était au bout du chemin et de la matraque !

En comparaison, la manifestation des femmes GJ de ce dimanche a pu parcourir tranquillement un hyper-centre et une rue de la République déserts avec juste une ou deux voitures de police pour escorte. La préfecture n’est donc pas contre toutes les manifs et la zone interdite est fonction des jours (le samedi commercial, mais pas le dimanche touristique et culturel) et des manifestants (les fonctionnaires de jeudi oui, les GJ de samedi non).

Les GJ sont-ils les derniers ennemis intérieurs pour l’État ?

Au final plusieurs blessés GJ et, selon la presse, 9 interpellés

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