Communiqué de prisonniers enfermés à la prison de Seysses : Encore un mort au mitard

non- fides.fr

J. avait 26 ans. Samedi dernier, il était au mitard, dans une »cellule disciplinaire » de la prison de Seysses. Il y est mort. Les médias relaient une version des faits, une seule : celle des matons, les »surveillants ». Mais nous, on y vit, dans cette prison. Et on n’est ni sourds, ni aveugles. On sait que sa mort a été provoquée par la violence des matons affectés au mitard. Non, J. ne s’est pas suicidé.

 

Si plus d’une centaine de prisonniers ont refusé de remonter en cellule plusieurs jours de suite cette semaine, c’est parce que c’est tout ce qu’on peut faire pour protester, ici. J. est mort au mitard, et l’autopsie aurait conclu à un suicide. Mais on sait que ce n’est pas le cas, car il y a des témoins qui étaient présents dans les cellules environnantes lors de son passage à tabac, qui ont tout entendu, qui ont assisté à tout ça. C’est suite à un déferlement de coups que J. est mort samedi. Pensez-vous que nous serions 200 prisonniers à refuser de remonter en cellule et à déployer une banderole dans la cour de promenade si nous n’étions pas convaincus de leurs mensonges ?

Tous ceux qui sont passés par le quartier disciplinaire pourront témoigner des humiliations qu’ils y ont subi, des insultes racistes, des crachats à la figure, des ordres donnés comme si on était moins que des chiens… Là-bas, celui qui a le malheur de « la ramener » peut finir comme J. : pendu. Aucun droit n’est respecté dans ce mitard. Les promenades ont lieu au bon vouloir des surveillants, et en général il n’y en a pas. L’accès au douches nous y est refusé, et il peut se passer quinze jours sans qu’on puisse y aller. Pareil pour l’accès au feu, pour allumer une cigarette : c’est maximum trois fois par jour et ils usent de beaucoup de zèle, il faut presque les supplier. La peur y règne, et y aller est pour chacun d’entre nous, prisonniers, une vraie descente aux enfers.

Cet hiver, plusieurs prisonniers se sont retrouvés dans ce mitard sans matelas, sans couverture et sans vêtements, alors qu’il faisait moins cinq degrés. Juste parce qu’ils avaient tapé sur la grille de leur cellule pour réclamer à manger ou avoir du feu. Ils ont dû dormir par terre, nus, sur un coussin, et manger « la gamelle » dans des barquettes qui arrivaient ouvertes, apparemment déjà utilisées.

J. a été battu par cinq ou six surveillants, pendant plus d’une demi-heure. Puis il y a eu un grand silence, et les surveillants se sont mis à discuter entre eux, à estimer son poids et sa taille pour s’accorder sur une version des faits. Puis ça a été l’heure de la gamelle et, quand sa cellule a été rouverte, ils ont fait mine de le découvrir pendu. Alors le Samu est intervenu et a tenté de le réanimer, en vain. Le lendemain, ils ont libéré tout le monde du mitard et personne n’a été entendu, même pas le chef ni les gendarmes. Ça montre bien qu’ils ont des choses à cacher, qu’on ne vienne pas nous dire le contraire.

Certains d’entre nous (sur)vivent dans cette prison de Seysses depuis plusieurs années, ou y font beaucoup d’allers-retours. Cette situation n’est pas nouvelle, et d’autres « morts suspectes » ont eu lieu ici ces dernières années. Nous avons vite compris que notre parole ne valait rien face à la leur, mais nous savons aussi que beaucoup dehors s’interrogent ou ont déjà compris leur petite mascarade. Qui tue.

C’est très difficile pour nous de donner des preuves de ce qu’on avance. Ici, nous sommes enfermés, et chaque information qui arrive dehors risque d’avoir de graves conséquences pour nous. Pourtant il faut que ça se sache, car nous sommes en danger de mort. Les surveillants jouent avec nos vies dans ce quartier disciplinaire.
C’est plus que de l’humiliation ; ils nous terrorisent, et ce qui est arrivé à J. pourrait arriver à chacun d’entre nous.

Nous dénonçons aussi les pressions qui sont faites sur les prisonniers qui ont assisté aux faits. Les témoins malgré eux de ce qui s’est passé samedi dernier subissent des pression psychologiques et sont très clairement menacés de transfert. Tout semble mis en place pour les pousser à bout. Ainsi, cinq d’entre nous ont déjà été transférés suite au blocage de la promenade et sont désormais à Lille, Bordeaux, Sedequin… Considérés comme « meneurs », on ne les a même pas laissé embarquer leurs affaires personnelles. C’est comme ça que la prison est tenue maintenant, en nous menaçant d’un « transfert disciplinaire » qui nous éloignerait encore plus de familles et de nos proches.

Nous exigeons que la direction de la Maison d’Arrêt remplace immédiatement cette équipe de surveillants, il est évident que c’est la première chose à faire. La petite équipe sadique de matons du mitard, nous, prisonniers, la surnommons « l’escadron de la mort ».

Ici, on est spectateurs du désespoir humain, et on sait tous que J. pourrait être n’importe lequel d’entre nous. Il a été battu à mort parce qu’il tapait dans une porte : il n’en pouvait plus d’attendre, coincé dans la « salle d’attente » de la prison, sans fenêtre. Il voulait juste regagner sa cellule. Ils sont venus et l’ont plié.

On ne soigne pas le mal par le pire. Nous voulons que tout cela cesse.
Que celui qui est condamné à aller au mitard puisse au moins conserver sa dignité et que ses droits fondamentaux soient respectés.

Nous voulons que la vérité soit faite sur la mort de J. et qu’une telle horreur ne puisse plus se reproduire, ni ici, ni ailleurs.
Nous nous associons à la douleur de la famille et sommes prêts à témoigner si elle le désire.

Maison d’Arrêt de Seysses, le 19 avril 2018,
Des prisonniers de la M.A. de Seysses.

Chalon sur Saône ( 71 100).Center parcs : les caravanes de « Ni ici-Ni ailleurs » Solidaires des zadistes de Notre Dame Des Landes.

le19 avr 2018 -www.vivre-a-chalon.com

 

Ce jeudi, les caravanes des opposants aux différents projets de Center Parcs ( Deux sont programmés au Rousset et Poligny pour la région Bourgogne-Franche Comté) vont faire étape dans notre ville. Objectifs: informer et sensibiliser le grand public sur les menaces environnementales de ces projets, contestés aussi économiquement et risquant de fragiliser le tourisme local.

 

 

 

SIX ETAPES DANS LE DEPARTEMENT

 

 

 

Initiée par la coordination « Ni ici-Ni ailleurs » ( Nina), les opposants ont fait étape mercredi à Tournus, ils seront vendredi à Macon, samedi à Cluny, dimanche sur le site convoité par le groupe « Pierre et Vacances » au bord du lac du Rousset et mardi à Germolles Sur Grosne. Les soirées de Tournus, Chalon et Macon s’articulent autour de trois axes, une animation en fin d’après midi, puis un repas collectif avec la caravane ambulante et une animation avec comme ce jeudi un concert surprise à 22 Heures, au 1, rue Denis Papin, vers le Pont de Bourgogne , sur le site de « La Méandre ». Ces initiatives débuteront dès 19 H, avec la projection du film d’Antoine Costa, « Les dépossédés » sur la compensation biodiversité et la marchandisation de la Nature.

 

 

 

 

TROIS PROJETS CONTESTES…

Dénommée , « La Grande Tournée » sera placée à Macon sous le signe d’une journée de soutien aux luttes locales, à 14 Heures , avec deux sujets locaux, un soutien au collectif Monnier qui organise la prise en charge de migrants sur la ville de Macon et un soutien au comité de soutien à Jérome Laronze, qui organisera un rassemblement à 19 H au square de la paix.
Jess et Olivier, membres de la coordination organisatrice ont confié « Durant cette tournée, ; nous expliquons que les projets portés par le Groupe « Pierre et Vacances » ne sont pas viables économiquement et environnementalement « .

 

 

 

A Tournus, hier soir, les opposants aux center parc du Rousset, ont participé à des échanges. Jess et Olivier ont souligné «  A Roybon, dans l’Isère, il y a une quarantaine de zadistes sur trois lieux différents . Nous sommes naturellement solidaires des zadistes de Notre Dame Des Landes » ont affirmé, les membres de la coordination.

 

 

 

 

 

 

Névache( hautes Alpes) résistance Anti fasciste libérons les frontières

Hautes-Alpes : une centaine de militants lancent actuellement une opération anti-migrants au col de l’Échelle

Une centaine de militants du mouvement « Génération identitaire » ont lancé ce samedi matin une opération coup de poing dans la Vallée de la Clarée, à la frontière franco-italienne, dans les Hautes-Alpes.

Les militants, en majorité des Français, mais également des Italiens, des Hongrois, des Danois, des Autrichiens, des Anglais et des Allemands sont en train de grimper en raquette le col de l’Échelle (1 762 m) enneigé pour « contrôler la frontière ».


L’image contient peut-être : ciel, arbre, plein air et nature

no tav infos

Rendez-vous antifasciste
Demain (dimanche 22) 11 h on se  retrouve à Bussoleno sur la place du marché, direction Névache (France)

À partir d’aujourd’hui, un groupe de néo-Nazis Français et italiens contrôler le col de l’échelle. Ils ont placé un réseau de plusieurs centaines de mètres et se disent déterminés à renvoyer en Italie toute tentative de franchissement de la frontière à travers les montagnes. Tout cela est inacceptable et il est urgent de donner une première réponse sans attendre.
Déjà aujourd’hui, certains camarades ont surveillé la situation, sur la photo le misérable spectacle, en regardant vers le col. Demain nous devons être nombreux et aller libérer la frontière. Construisons donc une caravane pour arriver sur place.
11 h00 rendez-vous sur la place à bussoleno, départ ensemble en voiture, étape à l’église de claviere vers 12.30 h, arrivée à névache et montée au col de l’échelle.

Rappelons que :
– à 10 h à l’église de claviere il y aura une initiative organisée par des Alpes libres qui finira juste après le déjeuner. Donc pour ceux qui sont déjà là il y aura la possibilité de se déplacer en voiture avec la caravane à venir (qui attendra la fin de l’initiative)
– à 15 h au cinéma de bardonecchia il y aura l’attribution du prix Bruno Carli à Richard chats d’open arms.
Nous réitérons donc l’invitation à participer aux deux rendez-vous et à se joindre au tour antifasciste à Névache.

. Nos vallées nous appartiennent et nous ne pouvons pas laisser des
Fascistes dans la liberté de circuler à quelques jours du 25 avril.
Les partisans qui, dans ces montagnes, ont tout donné, même la vie, se retournent dans la tombe.
Nous construisons ce premier rendez-vous avec l’objectif de libérer la frontière et de construire des initiatives jusqu’à ce que cela se fasse, fascistes, gendarmes ou policiers qu’ils soient.

Maintenant et toujours résistance !!

Répression en cours: les deux d’Ambert sont sortis !

attaque.noblogs.org

indymedia Grenoble / vendredi 20 avril 2018

Petite brève pour annoncer une bonne nouvelle dans le brouillard ambiant. Les deux compagnons d’Ambert incarcérés depuis le 28 mars dernier sont sortis sous contrôle judiciaire après le jugement de l’appel de la mise en détention. Ils doivent pointer 2 fois par semaine et ont interdiction de se voir et de communiquer entre eux ainsi qu’avec un certain nombre de personnes.

Par ailleurs au cours du procès qui devait se tenir à huis clos mais qui ne s’est pas tenu à huis clos parce que le procureur a oublié de le demander, on a pu récolter quelques infos.

Le seul fait mentionné a été tentative de destruction de bien appartenant à autrui, faisant référence à un dispositif incendiaire trouvé sous un véhicule Enedis à Ambert en juin dernier. Aucun ADN ou empreinte n’a été retrouvé sur le dispositif. Des dispositifs «de même nature» ont été trouvés dans un des lieux perquisitionné à Ambert.

En ce qui concerne l’enquête, elle durerait depuis de longs mois et a au moins impliqué des écoutes téléphoniques, de la géolocalisation (des téléphones), des traceurs GPS sur au moins deux voitures, et des photos des renseignements montrant des gens ensemble.

Des infos un peu plus précises devraient venir bientôt.

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La version de la peresse poubelle

La Montagne / jeudi 19 avril 2018

Des velléités incendiaires ? Soupçonnés d’avoir voulu incendier des voitures sur le parking d’enedis, à Ambert, en juin 2017, deux trentenaires ont été remis en liberté par la chambre de l’instruction de Riom, mardi.

La Montagne (Cantal)19 Apr 2018

La découverte de cet agent d’enedis, à Ambert, le 9 juin 2017, est si étrange qu’il prévient les gendarmes. Un curieux bricolage est posé sur la roue de l’une des voitures de la société, sur le parking.

Ce dispositif incendiaire est rudimentaire : une mèche, un allumefeu et un réservoir de liquide inflammable.

Une enquête est ouverte. La piste de l’extrêmegauche est envisagée. Les soupçons se portent sur un groupe qui gravite autour d’un squat d’ambert. Surveillances, investigations téléphoniques, voitures géolocalisées… « Dans ce dossier, on a utilisé un marteau pour écraser une mouche », s’est indigné Me JeanLouis Borie, avocat des mis en cause.

Les enquêteurs décou vrent que les personnes qui fréquentent ce lieu utilisent régulièrement des identités d’emprunt. « Ces personnes sont soucieuses de préserver leur anonymat et une certaine forme de clandestinité », relate le président de la chambre de l’instruction.

Le 28 mars, les gendarmes perquisitionnent trois domiciles, dont le squat. Deux trentenaires sont interpellés. Les enquêteurs mettent la main sur trois engins similaires à celui trouvé chez Enedis. Ils saisissent en outre des documents d’orientation anarchiste et d’autres témoignant d’une relative adhésion aux actions violentes envers les forces de l’ordre. « Les gendarmes ont soigneusement choisi les documents qui les intéressaient. Ils n’ont rien pris des livres sur l’art ou sur la culture musicale », ironise X., l’un des mis en cause.

Les deux suspects sont mis en examen pour « tentative de destruction volontaire du bien d’autrui par moyen dangereux en bande organisée » et « association de malfaiteurs en vue de la préparation d’un crime ».

Incarcérés à l’issue de leur mise en examen, X. et Y. ont tous deux fait appel de leur placement en détention provisoire, mardi, devant la chambre de l’instuction de Riom. Les magistrats ont tranché en leur faveur et les ont libérés sous contrôle judiciaire.

« La question de la validité de la mise en examen va se poser prochainement devant la chambre de l’instruction », prévient Jeanlouis Borie.

Gap( 05)21 avril 2018 Carnaval sauvage à Gap(MAj le22/o4)

Carnaval à Gap, le 21 avril 2018 à 14h depuis le parc de la Pépinière

Un carnaval à Gap contre la frontière, contre son idée-même, parce qu’elle ne s’arrête pas au poste, au franchissement du col. La frontière s’étend jusque dans le quotidien, dans l’intime.Un carnaval issu de la nécessité de se rassembler pour raconter, pour rendre visible les histoires présentes d’exil, de passage, de solidarité et de lutte.

Rendez-vous est donné le 21 avril : paure carnavas !

Faites passer le mot !

La rue est à nous, exprimons, exprimez, grotesque d’une pastèque à l’envers.

Sortons nos rages écrasées d’oiseaux déplumés!

Déchirons nos conventions et crions la révolte!

Gueulons pauvres gueuses et gueux étouffé-e-s, ligoté-e-s, marginalisé-e-s, surveillé-e-s, contrôlé-e-s .

Dans la brume d’une solidarité confondue soyons la lombarde qui franchit les cols frontaliers.

Venez et emparez-vous d’un carnaval criant et criard avec masques, chars et musiques.

Que dans notre feu de joie brûlent les frontières,

et que vive la fête véritable!

carnavalgap@protonmail.com

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le dauphiné libéré  le 21/04/2018 à 16:02

Le carnaval solidaire contre les frontières tourne au vinaigre

Avec la météo clémente, près de 300 personnes convaincues ont fait le déplacement. Musique, chants et déguisements étaient même de la partie, tout comme un char où trônait un juge à la tête d’ogre… Quelques minutes après le départ du cortège, les choses ont vite dégénéré.
Certains manifestants ont sorti les bombes de peinture et ont recouvert plusieurs murs de la ville de tags, sur la place République, sur la cité Desmichel, etc. De nombreux établissements bancaires ont aussi été pris pour cible, tout comme le grand mur de la prison rue Grenette devant laquelle une bagarre a même éclaté(   rectification par rapport de la bagarre N D Lab:deux matons  sont sorti de la MA  et ont voulu  attraper quelque personnes . ils ont pris du spray sur leurs faces)

Vidéo , Actions en soutien aux femmes d’Efrîn

[reçu par mail]]

Salut
Suite à l’appel à une campagne internationale « les femmes se lèvent pour
efrîn » #WomenRiseUpForEfrin fait par des femmes kurdes, l’association
Femmes Contre les Intégrismes (FCI), le Collectif Libertaire
Anti-sexiste (CLAS!!) et Juste une étincelle noire – FA lyon se sont
mobilisés les 15 derniers jours de mars 2018 sur la région lyonnaise au
travers de prise de parole et table de presse lors d’un premier festival
du film Femmes Contre les Intégrismes, d’affichages et de collages pour
relayer leurs revendications :
• Halte à l’invasion turque et à l’agression d’occupation sur Efrin –
Halte au génocide et au féminicide !
• Se lever pour la protection du peuple, de la terre, du patrimoine
culturel et historique d’Efrin !
• Se lever pour la défense de l’autogestion démocratique et écologique à
Rojava et dans le nord de la Syrie !
• Défendre Efrin, c’est défendre la Révolution des Femmes – « No pasaran »
au fascisme d’Erdogan !

Il en est ressortit une petite vidéo, montage maison :
> https://www.youtube.com/watch?v=aXe8WOFNtwM

Roybon( 38940) le 21 et le 22 avril rencontre à la maison foretière « la Marquise » Rencontres Reclaim The Fields Sud Est

trouvé sur Zad Roybon

21 et 22 avril, La Marquise

La branche sud-est du réseau Reclaim The Fields (RTF) s’est donné rendez-vous à la maison forestière de la Marquise le weekend du 21 et 22 avril. Une bonne occasion de venir découvrir les actions de ce réseau et y participer!

rtf

Un article sur RTF

http://cqfd-journal.org/Reclaim-the-fields-%E2%80%89Renouer-avec

Programme

  • La rencontre commence samedi à 14h avec une discussion avec le collectif d’agriculteurs contre les normes.

« Hors normes », texte signé par ce collectif, à lire ici:

https://larotative.info/+-agriculture-paysannerie-+.html

  • Sont également prévues des discussions autour des normes en forêt, en se basant sur le travail réalisé par le Réseau des Alternatives Forestières (RAF), avec le livre Agir ensemble en forêt.

 

  • Et autres! …

ZAD de NDDL : appel pour une vraie sortie de crise !

le texte qui circule  appel pour une vraie sortie de crise ! , .

Note:Nicolas hulot soit un ardent défenseur du capitalisme « vert » , nous étions déjà nombreux à le penser « M. Hulot a déclaré mercredi 18 avril, à Nantes : « L’écologie n’est pas l’anarchie. » M. Hulot, ministre de la Transition écologique, parle comme s’il avait une légitimité à parler d’écologie. Cette prétention paraît infondée de la part d’un homme qui possède six voitures*, et n’a cessé depuis qu’il est ministre de prendre des décisions contraires à la protection de l’environnement : autorisation du contournement autoroutier de Strasbourg, autorisation du contournement autoroutier de Rouen, autorisation du permis d’exploration de Total au large de la Guyane, soutien à la centrale de Gardanne, etc. »

Voir la suite ici : https://reporterre.net/M-Hulot-n-est-pas-l-ecologie

ZAD de NDDL : appel pour une vraie sortie de crise !

Avant la reprise du dialogue avec la préfète de Loire-Atlantique, des
organisations nationales, associations et collectifs appellent fermement
le gouvernement à permettre une sortie de crise à la ZAD de
Notre-Dame-des-Landes.
La tentative d’expulsion des habitant-es de la ZAD engagée la semaine
dernière par le gouvernement s’est soldée par un échec cuisant et
prévisible. La méthode forte employée, brutale et guerrière a blessé de
nombreuses personnes, semé la révolte et relancé un conflit stérile.
Nous répétons que la poursuite des expulsions serait dramatique et
ferait risquer un nouveau Sivens.

L’afflux de soutien en un temps record sur ce territoire est le
révélateur du profond attachement inter-générationnel à ce lieu devenu
un symbole d’expérimentation et d’espoir, bien loin des caricatures
grossières et hâtives que veulent en donner certains politiques et
ministres.

Le gouvernement continue néanmoins de mettre le couteau sous la gorge
aux habitants encore non expulsés, menace des espaces d’activités non
encore détruits, en enjoignant les habitants à accepter avant le 23
avril 2018 un modèle de régularisation purement individuel, qui
opérerait un tri inacceptable entre eux. Alors que sur la Zad,
solidarité et dimension collective sont expérimentées chaque jour et
sont un des piliers de projets de vie.

Une écoute honnête et réelle quant à cette dimension collective du
projet porté pour l’avenir de la Zad est essentielle. Une place doit
être laissée à ce titre à des activités qui ont un caractère agricole,
mais aussi artisanales, culturelles, sociales, ainsi qu’à l’ensemble
des habitats. C’est ce maillage d’activités qui fait la richesse de ce
lieu, un espace rural vivant, un lieu expérimental à cultiver, une
singularité à préserver.

Alors que le mouvement d’occupation a accepté un nouveau rendez-vous
avec la Préfète le 18 avril, nous ne pouvons croire que le gouvernement
s’enferme définitivement dans une logique martiale, en méprisant au
passage le soutien large dont bénéficie l’expérience de la Zad, comme le
week-end du 14-15 avril l’a largement montré, sans laisser une place
réelle au dialogue.

Nous réaffirmons donc notre soutien au territoire de la ZAD et demandons
au gouvernement d’agir pour une véritable sortie de crise par le haut :
En sortant de l’ultimatum du 23 avril pour permettre un dialogue de long
terme en posant un calendrier aux échéances raisonnables et soutenables
En retirant le dispositif militaire pour permettre des discussions
apaisées
En laissant la porte ouverte aux projets de prise en charge collective
des terres de la ZAD par celles et ceux qui l’habitent.

Il s’agit aujourd’hui d’admettre, au niveau gouvernemental, que d’autres>modèles de schémas sociétaux sont désirables et possibles,
que des projets d’agriculture innovants sont à expérimenter et que la
répression aveugle ne peut avoir de place dans une société équilibrée,
démocratique et affichant sa volonté d’aller de l’avant.

 

Nantes, France : Barricades en feu sur la 4 voies en solidarité avec la ZAD

 note:clin d’œil après la manifestation du 19 avril de valence

ZAD : L’occupation continue, les actions aussi!!

En solidarité avec les pyromanes du monde entier, la route s’enflamme.

Ce matin, sur un (gros) rond point, des palettes ont pris feu, ce qui a provoqué un ralentissement suspect sur la 4 voies de Nantes Océane :

!!Première sommation avant le grand boom!!

L’économie en tremble encore et la presse locale en est restée muette,

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Cela peut présenter un intérêt

[reçu par mail]

si ça vous intéresse voici le texte sur mai 68 qui paraîtra dans le-prochain Echanges

 

En mai 1968, j’avais 45 ans et j’avais déjà derrière moi vingt et trois années de militantisme syndical et politique (bien que j’aie toujours renié le titre de militant, refusant le sens classique de ce mot d’œuvrer ardemment pour une cause politique précise). A la fois, j’étais animateur d’un groupe d’opposition syndicale dans la boîte où je travaillais depuis 1945, et en partie animateur du groupe de travailleurs Informations Correspondances Ouvrières (I.C.O.) (issu du groupe Socialisme ou Barbarie), guère plus sur Paris d’une vingtaine de travailleurs. Dès les premiers jours du mai 68, I.C.O. s’était soudainement gonflé d’un afflux de près d’une centaine de sympathisants, principalement des étudiants et des intellos. Tout ceci est une autre histoire et contrairement bien de ceux qui, tous à la retraite, tentent de mettre sur le papier les faits et méfaits de leur jeunesse d’alors, je n’écrirai rien sur ce que fut « mon » mai 68, sauf les quelques notes qui suivent. Qu’apporterait de plus ce qui ferait un gros livre de mes propres souvenirs évoqués à travers une mémoire défaillante qu’aucun de ceux qui m’accompagnèrent dans cette galère d’un grand mois ne pourrait corriger car ou ils ont disparu, ou n’en sont plus capables, ou s’en fichent éperdument (et ils ont bien raison)

Ce que je voudrais, dans ces quelques lignes, souligner quelques ponts précis dans ce que j’ai vécu alors pour souligner que ces événements ne furent pas souvent ce qu’on pouvait leur prêter alors et ce que, témoignages ou pas, on peut encore leur prêter aujourd’hui, cinquante ans après

D’abord et avant tout, en tout bien tout honneur ce sur quoi certains insistent justement, cette libération du rapport et des rapports sociaux. Dans cette boîte d’assurance où je « militais » avec les quelque 3 000 employés, lorsque la grève éclata le 20 mai (un peu tardivement pour suivre le mouvement) avec la mise en place d’un imposant comité de grève (en fait une sorte d’assemblée permanente), une jeune femme de 20 ans vint troubler mon ordinaire (je ne fus sans doute pas le seul touché par ce qui était une petite partie d’une sorte de transcendance des rapport sociaux). Mais pour moi, et pour moi seul, cette démarche consacra la naissance d’une amitié amoureuse, qui faillit déborder dans la sexualité mais finalement n’y versa pas. Ce qui ne changea rien à une relation si intense qu’elle existe encore mais que les vicissitudes de la vie et les distances géographiques ont fait que les rencontres matérielles se sont de plus en plus espacées, ne laissant que cette réalité du cœur Ce n’était pourtant qu’une petite part immense de cette « libération » que fut pour quelques mois mai 68 : j’avais déjà connu cela, très brièvement dans de « vrais » mouvement de lutte mais cette fois, c’était à l’échelle du monde et du temps.

Pourtant, il y avait déjà, dès le début des limites évidents du mouvement. Et ce sera mon premier souvenir. Dans la foulée de cette réunion d’I.C.O., où nous avions vu affluer cette masse indéfinissable de plus d’une centaine de sympathisants, nous avons dû organiser une assemblée (ce fut la seule) dans un amphi de Jussieu. Il était plein à ras bords et j’y fus le seul à prendre la parole. Manifestement la plus grande partie des présents attendaient des consignes d’action. Mais ils furent largement déçus. Je leur dis tout simplement qu’ils devaient trouver en eux- mêmes ce qu’ils devaient faire, chercher à y associer d’autres et décider en commun à la fois du choix, des méthodes et des perspectives. Je n’avais à transmettre que ce message et rien d’autre. Je n’employais même pas le mot « autonome » tant il me paraissait superflu. Mais je constatais, avec une certaine amertume, vu la déception évidente pour mon « message », que la « libération » des rapports sociaux n’avait pas modifié beaucoup l’attachement à des règles préétablies, à des consignes en fait à un leader porteur d’un message idéologique d’action suivant une certaine ligne. Ce que mes expériences ultérieures confirmeront.

Le 20 mai , au matin, avant l’embauche , alors que la grève n’avait pas encore commencé, des camarades étudiants du 22 mars avec lesquels nous étions en contact par le groupe Noir et Rouge dont Cohn Bendit était plus ou moins membre, étaient venus distribuer un tract anonyme que quelques-uns d’entre nous, un petit groupe oppositionnels anti syndical avions rédigé, dans lequel était préconisé l’occupation totale de la boîte, l’expulsion de tous les dirigeants et la mise de l’entreprise en autogestion. On nous reprocha comme une absurdité l’autogestion d’une boîte d’assurance mais, pour nous, ce n’aurait été qu’une étape dans l’utilisation de cet énorme bâtiment pour en faire tout autre chose que des bureaux. Cela aurait été à tous les employés d’en décider. Je ne sais pas quel écho cela eut pari les employés mais nous sûmes que la direction avait pris cela au sérieux et avait convoqué de toute urgence un conseil d’administration pour envisager les mesures à prendre. Cela se concrétisa par une alliance de fait entre la direction (qui put jouir tout au long de la grève de ses bureaux et circuler librement dans la boîte et les syndicats qui s’érigèrent en « gardiens de l’outil de travail » pour prévenir toute « action malveillante ». Nous nous en rendîmes compte quand nous avons envisagé des coops ; piquer tous les dossiers du bureau du personnel pour les distribuer à chaque employé, saboter l’imposant ordinateur central (ce qui était facile). Mais nous nous aperçûmes que tous les secteurs sensibles étaient binés gardés nuit et jour par des sortes de milices syndicales et que, faute d’un mouvement de masse, toute action de commando était condamnée. D’ailleurs même si les syndicats, la CFDT notamment, mirent sur le tapis la question de l’autogestion, elle n’intéressait que les petits. Cadres qui n’y voyait que le moyen d’accroître leur influence sur les décisions. La grande masse des employés s’en fichait éperdument. La plupart s’étaient mis en grève pour suivre le mouvement, sans trop savoir pourquoi et commença l’élaboration de revendications où chacun mettait plus en avant ses problèmes personnels qu’une vision générale d’un mouvement, fut-ce de réforme. La grève ne visait nullement à des réformes profondes, mais devait améliorer l’ordinaire Elle ne dépassa pas ce niveau y compris chez Renault où la CGT doinante dut revenir plusieurs fois devant l’assemblée des travailleurs de Billancourt avec des proposition de rémunération un peu plus alléchantes pour justifier la reprise du travail. Ce fut aussi cela mai 68 qui ne dépassa pas sauf en de rares endroits isolés notamment vers la fin à Belfort, l’action revendicative traditionnelle. Sans doute, la plupart de votes de reprise montrèrent que près d’un tiers des travailleurs voulaient « autre chose » mais quoi ? car cela ne s’était jamais concrétisé dans des revendications ou des actions plus radicales.

J’allais parfois traîner dans la cour de la Sorbonne occupée où l’on pouvait naviguer partout sans contrainte. En fait sauf nue exception. Un jour je rencontrai dans cette cour un camarade britannique animateur du groupe Solidarity, Chris Pallis et nous nous avisâmes qu’il y avait une seule partie du bâtiment qui restait totalement close : la chapelle qui jouxte la cour qui est lus qu’une chapelle car elle contient la dépouille du Cardinal de Richelieu, un personnage de l’Histoire de France. A la craie, nous avons écrit en grosses lettres sur la porte de la chapelle cette phrase suivante :

« Peut-on penser librement à l’ombre d’une chapelle ? »

Cette inscription fut attribuée plus tard aux situs mais elle n’eut aucun effet. Pourtant nous y posions deux questions fondamentales : la présence de la chapelle et du cardinal qui y gisait, c’était le symbole de la religion (il était cardinal) et de l’État (ministre tout puissant sous Louis XIII qui avait largement contribué au renforcement du pouvoir d’État) et en respectant la chapelle, on, respectait tort cela. Après tout, la révolution de 89 avait bien désacralisé et quelque peu vandalisé les églises et coupé la tête au roi, l’Espagne républicaine fait en partie de même, ici, en mai 68, on en était bien loin. Et dire que de l’autre côté de la cour de la Sorbonne, à l’ombre de cette chapelle si symbolique on palabrait sur la liberté, la religion et l’État. Tout en paroles, rien en actes, était-ce cela mai 68 ?

Le 24 mai 1968, en début de soirée, avec quelques copains d’I.C.O., nous nous sommes retrouvés sur le parvis de la gare de Lyon dans le départ d’une manifestation monstre convoquée comme alors par le téléphone arabe qui, vu l’affluence se scinda en plusieurs morceaux. Là où nous nous sommes trouvés, s’achemina par la Bastille vers la Bourse. Lorsque nous y arrivâmes, un commando, on ne savait trop qui avait mis le feu aux cabines téléphoniques en bois du hall d’entrée ce qui faisait une illumination mais ne risquait pas d’enflammer ce monstre de pierre (alors que le sous-sol du bâtiment recelait des tonnes de produits inflammables d’une imprimerie qui auraient pu faire une feu d’artifice boursier spectaculaire, mais nos apprentis pyromanes le savaient-ils ?). Personne n’osait entrer dans le bâtiment. Et différents faits me révélèrent cette indécision et un refus d’engager des actions au-delà de certaines limites invisibles et qui pouvaient se résumer par « Personne n’était là pour faire une révolution » A côté de moi une jeune femme piqua une crise hystérique à la vue du rougeoiement à l’intérieur du bâtiment en criant à plusieurs reprises « Je ne suis pas venue pour faire ça ». Un peu plus loin une bonne centaine de maos de la Gauche Prolétarienne cherchaient les consignes de leur chef grimpé sur la grille d’enceinte qui leur déclara tout de go « Qu’est-ce qu’on fait maintenant ? » Quelques voix ailleurs proposaient d’occuper le bâtiment en permanence récusés aussitôt par le plus grand nombre « Impossible, on va s’y faire massacrer ». On peut imaginer pourtant quelle qu’en pouvait être l’issue ce qu’aurait été l’occupation du Temple de la Finance, peut être un pôle de résistance enchaînant sur un mouvement plus vaste. Mais la foule refusait manifestement l’affrontement et ne voyait surtout pas une dimension future du mouvement sauf cette promenade nocturne : l’occupation du théâtre de l’Odéon n’était porteuse d’aucun risque et d’aucun symbole, ce n’était que du spectacle. Ne fut-ce que cela mai 68 ? La suite confirma ces prémisses. La manif finit par repartir pour atterrir Place Vendôme où siégeait le ministère de la Justice, un autre symbole ; Ce fut un bis repetita de ce qui s’était passé à la Bourse sauf qu’il n’y eut même pas le jeu des allumettes . Il paraît que c’est Rocard u PSU d’alors qui s’opposa à l’occupation du ministère car il faudrait se battre avec les flics qui, on n’en savait pourtant tien, devaient en garnir l’intérieur. Et bredouille d’un résultat quelconque hors de velléités vite calmées, la foule repartit vers son bercail, sans qu’on sache qui la guidait, le quartier latin qui devint une vraie souricière. Lorsque nous longions les Tuileries sur les bords de Seine j’eus vraiment le sentiment d’une morne troupe de moutons qui partaient résignés silencieusement à l’abattoir. Ce qui fut bien le cas : embossés sur tout le Boulevard Saint Michel fermé solidement par les flics aux deux boute, inondés de gaz divers il n’y avait d’autre opportunité que de fuir par les rues latérales où les flics attendaient pour la chasse à l’homme et à la matraque. C’est ainsi que nous nous sommes retrouvés pour le reste de la nuit une quinzaine de copains dans la piaule exiguë de mes enfants étudiants rue Monsieur le Prince : quand nous en sortîmes prudemment au matin, le Boulevard Saint Michel était bien propre tout y circulait normalement, seulement quelques relents des lacrymos étaient le souvenir de cette nuit. A quoi tout cela avait-il servi ? L’inutile quelque peu dangereux, mais bien peu quand même, velléitaire, spectaculaire, la peur de l’affrontement, rien d’autre, était-ce cela mai 68 ?

On occupait la Sorbonne, les usines et bureaux, les facultés, les lycées, les écoles., l’Odéon mais, pas le reste, mis à part quelques commissariats de quartier, tableau de chasse de quelque groupes isolé cherchant à en découdre, aucun des sièges du pouvoir (mairies, préfectures, etc.), des sièges sociaux des gros trusts, ou des chambres patronales., même pas, on l’a vu les bureaux de direction des usines occupées. Un ingénieur qui avait approché I.C.O. en 1958 mais qui s’en était coupé pour aller travailler au syndicat patronal national de l’automobile nous avait contacté pour nous donner les clés du bâtiment où ce syndicat siégeait, mais ceux du 22 mars, contactés, ne cherchèrent pas à utiliser ce levier. Etait-ce la crainte d’un affrontement (de Gaulle y pensai qui fit le voyage à Baden Baden auprès des troupes françaises cantonnées en Allemagne) qui fit que tout resta de ces occupations sans risques ou la conscience de l’inégalité des forces ? C’était aussi cela mai 68 dans des choses essentielles auxquelles l’immense majorité ne pensait pas, laissant les avant-gardes politiques sur la touche ? Ou bien celles-ci ne parlait-elles pas, ces avant-gardes, un langage que pratiquement personne ne comprenait ou avançaient-elle des projets qui ne correspondaient pas à l’avenir que la plupart des grévistes pouvaient envisager ?

Je ne sais pas si c’est une légende ou si simplement de fut dû aux hôpitaux psychiatriques en grève, toujours est-il que le bruit a circulé après mai 68 que dans toute cette période les hôpitaux psychiatriques n’avaient enregistré aucune entrée. Cela s’expliquerait par le fait que tous les psychotiques divers auraient eu la possibilité de se défouler sans contrainte dans la rue et ailleurs. Dans deux cas personnels, j’ai pu constater le pouvoir d’attraction de tels événements pour concrétiser des fantasmes refoulés jusqu’alors. Revenait à Paris en voiture, j’ai stoppé deux hommes, un jeune et un moins jeune qui m’ont dit avoir entendu qu’on se battait dans les rues de Paris et qu’ils montaient sur la capitale pour en découdre alors qu’apparemment ils n’avaient aucune motivation directe pour le faire. Aussi une nuit de ce mai 68 alors qu’avec un copain nous explorions les actons diverses et dispersées de groupes d’activistes, nous avons croisé quelques jeunes qui nous ont avoué être à la recherche d’un flic isolé pour le déshabiller entièrement de le laisser dans la nuit, nu comme un ver. Ces défoulements individuels furent certainement légion mais il n’est personne pour les conter et les acteurs ont plutôt intérêt à se traire sur leurs exploits. Ce fut cela aussi mai 68, cette expansion démesurée d’actes individuels asociaux méconnus.

Je ne sais plus quel jour de mai 68, je passais, allant je ne ais où, par la cour intérieure du Palais du Louvre et j’y ai assisté à un spectacle particulièrement insolite, presque surréaliste. Il s’y déroulait une remise de décorations à des flics dans le plus pur style du cérémonial de circonstance ; Paris n’était pas à feu et à sang mais en plein chaos des occupations, des manifestations .et d’une violence à peine contenue. Mais la machinerie de l’État continuait de fonctionner, même dans ses aspects les plus dérisoires. Était-ce la démonstration de la certitude des dirigeants de toutes sortes que tout n’était qu’épisode facilement surmontable et que les routines ne devaient pas être interrompues pour si peu. Cela m’a instillé quelque pessimisme et douché quelque enthousiasme. Était-ce cela aussi mai 68, ces dirigeants si surs d’eux en regard d’un mouvement qui n’affichait pas réellement de perspectives ?

Mai 68 s’il y eut ceux qui échappèrent à la folie et l’immense majorité qui vécut ces heures inoubliables eut aussi ses morts mais pas à la démesure de mouvements considérés comme « révolutionnaires ». Dans le gouvernement d’alors, une tendance non directement répressive l’emporta contre ceux qui, comme de Gaulle voulaient « tirer dans le tas ». La tendance conciliatrice pensait justement qu’on pouvait faire confiance aux syndicats pour contrôler le mouvement et l’orienter vers la négociation et la fin progressive du mouvement. Ils savaient aussi que toute action répressive violente pouvait enclencher une réaction encore plus forte des grévistes et autres manifestants et ouvrir ainsi une crise majeure du système lui-même. Après tout, Frachon, le leader de 1936 n’avait-il pas déclaré aus patrons lors des discussions sur les accords Matignon « Si vous n’aviez pas systématiquement licencié les responsables syndicaux, nous n’en serions pas là ». C’est e qui fera la différence entre Renault Billancourt où la CGT régnait en maître et interdisait toute dérive radicale et l’usine Peugeot de Sochaux d’importance identique. La réputation de Peugeot dans la réputation de chasse aux syndiqués autre que ceux du syndicat maison n’était plus à faire e effectivement les syndicale n’avaient qu’une présence très réduite dans les usines Peugeot. Ce qui laissa libre champ, pas tant à la base des 25 000 travailleurs de l’usine mais à une minorité plu radicale qui n’est aucun mal, contrairement à ce qui se passait ailleurs, à surenchérir dans l’action, suivi en cela par ne partie des travailleurs. Les pressions diverses, les manipulations évidentes d’un vote ultra minoritaire pour un accord de reprise minimal le 10 juin firent que ce qui était considéré comme une trahison se traduisit par une réoccupation sauvage et dure de l’usine de Sochaux le jour même d’une reprise annoncée et suivi par une part importante des travailleurs (voir le récit de cette grève dans Echanges n°124 « Chez Peugeot en juin 1968, une insurrection ouvrière peu connue »). Dans cette période de déclin de la grève généralisée, alors que la reprise du travail s’amorçait partout avec un peu partout une opposition de près du tiers des grévistes, cette action devenait intolérable car elle pouvait faire tout capoter vers des mouvements encore plus radicaux. Et les syndicats impuissants chez Peugeot pouvaient l’être tout autant devant une telle extension possible ; La barrière syndicale celle de la négociation n’opérant plus la force était le sel recours. Patronal et gouvernement (et syndicats dans la coulisse) commandèrent l’intervention des CRS- qui puent tirer dans le tas-pour liquider l’abcès. Ce qui fut fait au prix de deux morts ouvriers dont un par balles et plus de 120 blessés, certains par balles. La région de Montbéliard étant entrée en quelque sort en résistance en réaction contre cet assaut meurtrier, il ne fallut pas moins de 10 jours pour qu’interventions politiques et un nouvel accord parvienne à restaurer « le calme » et à une reprise du travail. Un accord qui, outre des avantages financiers et une amélioration des conditions de travail non négligeables, instituait l’entrée des syndicats dans l’entreprise dont ils avaient été exclus jusqu’alors, ironie d’un mouvement anti syndical qui leur donnait la légitimité de s’opposer d’une manière ou d’une autre à tout mouvement qu’ls ne contrôlaient pas. Hors de Sochaux, en mai-juin 1968 on n’avait dénombré – officiellement- que trois morts : un jeune qui à l’usine Renault de Flins s’était noyé en se jetant dans la Seine pour échapper aux CRS et deux autres plutôt controversés autour d’une crise cardiaque : un manifestant à Paris et un flic commissaire à Lyon. Traditionnellement, pour la fête religieuse de la Pentecôte, le lundi est chômé. Habilement, le 31 mai le gouvernement décida de ravitailler les stations-services à sec depuis le début de la grève (on peut s’interroger sur le rôle alors des syndicats qui auraient pu s’opposer à de déblocage). Ce qi fit qu’on assista à une ruée hors de Paris de ceux qui, la grève touchant à sa fin, voulaient parachever ces vacances exceptionnelles par une évasion tout autant exceptionnelles. On vit d’énormes embouteillages, mais aussi dans cette sorte de folie on dénombra en trois jours, les 1,2 et 3 juin 117 morts sur les routes des espoirs de quelques moments de vie plus intense. Faut-il les compter aussi sur les morts de mai 68. Car mai 68, ce fut aussi tout cela.

APRES TOUT ?

Ils furent nombreux dans le « milieu » ceux qui pensaient que 1968 portait les prémisses d’un vaste mouvement révolutionnaire mondial qui se lancèrent pendant des années à corps perdu dans un activisme forcené pour que leurs espoirs se concrétisent.

Ils traitaient à l’occasion ceux qui ne partageaient ce messianisme avec mépris, voire de lâches. Ils ne voyaient pas que mai 68 avait été tout autre chose qu’ils ne pouvaient comprendre pris dans leurs schémas politiques. Comme nous l’avons montré dans différents épisodes, la grande masse des acteurs ne cherchait nullement à « faire la Révolution ». Il n’est pas du tout sûr que les 30% qui en moyenne avaient refusé les accords d’entreprise pris dans la foulée des accords de Grenelle, pour la reprise du travail, l’aient fait parce qu’ils : certains jugeaient que ce qui était proposé était bien médiocre eu égard à souvent presque un mois de grève. Une partie de la contestation porta d’ailleurs sur le paiement des journées de grève.

Bien sûr les questions d’argent et/ou de conditions de travail jouaient un rôle dans ces débats pour la reprise, le retour au quotidien dans la routine du travail et des soucis de la vie. On avait vécu des vacances exceptionnelles d’une sorte de libération totale, des vacances comme on n’en aurait jamais plus. On avait, sans l’avoir vraiment cherché, vécu intensément. On avait, enfin, vécu comme on aurait voulu vivre et c’est cela qui comptait avant tout ; consciemment ou pas on cherchait à prolonger ce coin de paradis social qu’on venait de vivre, et s’en faire un peu payer, le plus possible au besoin. Quelques jours après la fin de la grève un tout petit film – la reprise chez Wonder -avait montré le cri du cœur d’une ouvrière qui fustigeait avec une violence verbale inégalée son refus devant l’obligation de retourner dans l’enfer quotidien de son travail. Mais ce crie, qui était celui de toute une classe d’exploités exprimait aussi, pour tous ceux qi avaient vécu cette sorte de paradis temporaire de relations sociales une sorte de désespoir de voir qu’il disparaissait peut -être jamais, ne laissant que la nostalgie profonde d’un profond lancinant souvenir d’émotions inconnues.

Ce cri rejoignant le slogan des émeutiers qui n’en étaient pas vraiment des émeutiers « Sous les pavés, la plage » Car c’était bien la plage qu’Is avaient tous vécu et les pavés reconstruits étaient aujourd’hui recouverts de l’asphalte grise du quotidien comme si l’on voulait effacer la plage. On pourrait en dire beaucoup mais surtout tenter de situer ces splendides vacances du mai 68 dans une perspective historique. Ce mouvement qui s’étend sans but bien défini (on ne trouvait rien de mieux que de « malaise »), ces marches dans la ville sans but tout autant, négligeant tous les symboles du pouvoir, cet abandon global, malgré quelques vestiges des formes de lutte du passé autour de la conquête armée, cela ne vous dit rien eu égard à ce qui s’est développé dans la dernière décennie ? Mai 68, la prémonition de ce que nous voyons aujourd’hui dans le monde de ce qui apparaît comme une nouvelle forme de lutte internationale globale. Mais surtout pas le modèle que tentent encore aujourd’hui, comme nos matamores de mai 68, les prétendues avant-gardes auto proclamées, de perpétuer dans l’action directe violente de l’affrontement avec les forces de répression du capital.

Pur terminer ces bribes de souvenirs ponctuels et l’interprétation que je puis leur donner, je voudrais évoquer la mémoire non pas de ceux qui sont morts depuis mai 68 mais qui ont pu, avant de passer l’arme à gauche, en parler autour d’eux ou même écrire quelque peu sur ce qu’ils avaient vécu alors (ce que nous avons essayé de faire quelque peu à ICO jusqu’à fin 68 et que nous rediffusons aujourd’hui en photocopies demander à Echanges). Mais évoquer le mémoire de ceux qui se donnèrent la mort dans les années qui suivirent, murés pour une bonne part dans la perte des illusions que mai 68 avait pu susciter sur des âmes trop sensibles et portées à l’enthousiasme. Bien sûr, dans ces suicides, on trouve aussi des raisons touchant les difficultés de sa propre vie des problèmes graves affectifs et qui peut savoir d’autres qui obèrent la fragilité d’une sensibilité trop envahissante. Toutes ces raisons qui font partie du quotidien avec plus ou moins d’intensité mais qui, à elles seules ne conduisent pas à cet acte de courage (certains disent de lâcheté) de supprimer sa vie. Dans la période ascendante d’un mouvement spontané d’une ampleur inégalée comme mai 68, ce questions « personnelles » passent au second plan relégué par cette part d’un sang collectif d’un renouveau qui fait que chacun donne une force au mouvement ascendant et en reçoit en retour la force de surmonter le quotidien. Mais dans la période descendante du mouvement, inévitable où finalement il ne savait pas lui-même où il allait vraiment, ces pesants problèmes du quotidien reviennent au grand galop et, goutte d’eau qui fait déborder le vase, la désillusion d’une fin peu glorieuse et de la perte des espoirs rendent intolérable une vie qui ne voit plus qu’n enfermement dans d’infranchissables murs. J’ai retrouvé, dans ces années post 68 cinq camarades qui se sont suicidés ce qui fait beaucoup pour le cercle limité d’I.C.O. Il en est deux dont je ne me souviens même plus du prénom, une jeune et petite femme brune dont je revois le visage et rien d’autre qui fut la première du cercle à disparaître. Aussi, un autre dont le nom m’échappe aussi mais qui était coursier u journal Le Monde et dont je n’évoquerais pas les circonstances particulièrement tragiques de son suicide. Les trois autres sont des souvenirs bien plus précis. Michel Marsella était le fils d’un couple anarchiste de Lyon. Etudiant il avait fait ses premières armes de soixante huitard à Lyon mais était monté à Paris, la capitale de la Révolution et il rêvait presque d’être révolutionnaire professionnel, se consacrant pour une bonne part à I.C.O. et à d’autres groupes comme VLR vivotant de petits boulots. Pour son malheur, il devint éperdument amoureux d’une participante d’ICO, une ambitieuse qui ne se souciant guère de lui et n’était dans l’ultragauche que comme dans la première étape d’une ascension sociale Le pauvre Michel cumula les désillusions de son amour insatisfait et de la fin de 68 et il en mourut en se jetant par la fenêtre du troisième étage. Nicolas Boulte avait été un militant exemplaire du groupe maoïste, la Gauche Prolétarienne et à ce titre avait fait de l’entrisme comme ouvrier de Renault Billancourt et participé activement au Comité de Lutte Renault fondé par cette organisation. Les magouilles innombrables dans le maoïsme d’alors, autant que les options politiques imposées d’une manière parfois violente l’avait conduit à sortir de cette ornière du maoïsme et à écrire sous un pseudo ; un Bilan du Comité de Lutte Renault (teste toujours disponible à Echanges). Le fait qu’il ait proposé à I.C.O. de publier son texte était une reconnaissance de l’objectivité du groupe et de la confiance qu’il lui accordait. Mais cela valut à I.C.O. , mais surtout à lui-même la vindicte de ses anciens camarades qui le considéraient comme un traitre qu’il fallait éliminer : il subit outre plusieurs agressions, un harassement constant sous toutes ses formes qu’il finit, peut être certaines circonstances personnelles aidant, par ne plus pouvoir supporter au point de se suicider, ne laissant que ce texte dont l’importance avait conditionné sa mort..

J’ai conservé le dernier des cinq pour terminer cette évocation celui – Christian Lagant-qui fut une relation politique d’abord puis un ami, au plein sens du terme. Nous nous étions connus en 1959 lors de la création des prémisses d’I.C. O. et jusqu’à mon licenciement en 1971 (nos lieux de travail étant proche car il travaillait dans une petite imprimerie comme correcteur, refusant le travail doré de correcteur de presse) nous nous sommes rencontrés chaque jeudi midi dans un petit bistrot derrière la Bibliothèque Nationale. Cela devint d’ailleurs un lieu de rencontre pour les uns et les autres. Sans jamais le dire et sans grandes démonstrations nous nous sentions très proches, discutant de tout. Christian était un homme complet, artiste (peinte autant que caricaturiste), écrivain (autant poète surréaliste que militant politique), tribun, que sais-je encore (on peut retrouver toutes les facettes de sa personnalité en tapant son nom sur Google) Nos rencontres se firent plus épisodiques, encore plus lorsque, en 1977 j’émigrais à Londres, mais je ne manquais jamais de le rencontrer à chacun de mes brefs voyages à Paris. Le jour de son suicide par barbituriques je revenais sur Paris et nous étions convenus de nous rencontrer. Christian était d’une discrétion légendaire sur sa vie privée bien que parfois il s’en soit ouvert à moi quelque peu. Quelque temps avant sa décision de passer outre, son père, avec lequel il vivait seul depuis longtemps dans un HLM du 18ième était décédé. Quelle accumulation de déceptions personnelles et politiques pouvait motiver son geste. Nul ne le saura mais il devait aussi être hanté depuis longtemps par la mort pour avoir écrit dans les années 1950 pour le journal du MIAJ (Mouvement Indépendant des Auberges de Jeunesse) dont il était un militant actif le poème suivant qui peut clore cette incursion dans les oubliés de 68 :

 

Si je meurs

Ne vous fatiguez pas

Pour moi

L’incinération

Ou le cimetière

Cela me laisse froid

Ne chante pas de marseillaise

ou d’internationale

ne cherchez pas de drapeau noir

de drapeau noir et rouge

ne cherchez pas

tout ça

Si j’ai un trou

Ne vous « recueillez » pas

Je n’y serai pour personne

Même si vous voulez me voir

Je serai plus loin

Avec les copains

Heureux de les voir rire

Rigolant avec eux

Je serai près du feu

Sous les cheminées traîtresses

Et si je m’y cogne

Les « Jeunes du monde entier «

Ne seront pas ébréchés

Pas de tristesse, amis

Simon j’irai, la nuit

Vous chatouiller les pieds

Pour vous faire rire

 

Mai 68 c’était aussi cela un immense mouvement dont la force dont la force était non dans l’extérieur de l’action violente mais dans le sœur individuel et collectif de la recherche de la Vie.