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Publication: Vésuve libertaire N°6 journal apériodique

 

Vésuve libertaire n’est pas le nom d’un groupe ni ses initiales: ce sont aussi des inventions médiatiques. Vésuve libertaire est simplement le nom d’un apériodique de la pensée anarchiste.
Il a été diffusé dans le cercle anarchiste vésuve situé à Via Fontana 3 à Ercolano (Naples) aujourd’hui libéré après les événements du 15 novembre 2016, et rendu par les autorités au «propriétaire» qui, pour diverses raisons, a préféré ne rien avoir de plus. à faire avec nous, alors nous déclarons définitivement l’expérience du cercle anarchiste vésuvien.

Apériodique n’est pas un texte unanime, nous sommes des individus qui ne veulent pas renoncer à leurs particularités, nos relations sont fondées sur des certitudes minimales: le rejet de la politique «d’en haut et d’en bas» et de toute autorité. Le document vise également à fournir des informations et des outils pour fomenter et améliorer la lutte contre le pouvoir, offrant des réflexions, des idées et des méthodes utiles pour l’attaque, en essayant de générer des discussions visant à une action pratique.

L’édition de papier est d’une importance fondamentale pour ne pas faire tomber dans l’oubli le message des anarchistes, pour faire avancer la pensée et l’action révolutionnaires.

La critique sociale que nous articulons est un produit de nos observations dans la société, un sujet opposé à nos désirs et à nos projections, mais qui mérite d’être analysé pour être subverti. Les contenus du journal signés avec un pseudonyme sont des expressions de l’individualité anarchiste. Ce journal est apériodique, sa production dépend des possibilités et de la disponibilité de ceux qui le rédigent. C’est «sans prix» mais l’anarchie est la solidarité entre égaux.

La rédaction de Vesuvio libertario

Pour demander des copies, envoyer des contributions ou des critiques écrire à l’adresse électronique: anarchicivesuviani@canaglie.org

information prise sur la croix noire anarchiste ici

Réponse à Lundi Matin et sa lutte contre l’anormalité des formes de vie anarchistes

À propos d’anarchisme et (de crise) d’identité – Pour un anarchisme sans dépendances

https://www.non-fides.fr

Un texte intitulé « Contre » l’anarchisme. Une contribution au débat sur les identités, déjà paru en novembre dernier en Espagne dans la revue Solidaridad Obrera (organe officiel de la CNT), a été traduit en français il y a peu et publié sur le site lundi.am (organe non officiel du Comité Invisible). Cette correspondance au sens trop ostensiblement politicard entre syndicalistes libertaires espagnols et intellectuels blanquistes français, tous deux avides d’organiser les autres, nous semble trop intéressante et trop intéressée pour être ignorée. Difficile de tomber sur une leçon plus hypocrite, donnée à qui ne trouve pas de place dans ce monde. […] Nous avons pensé à mal de le faire suivre de notre contribution embarrassante.

 

Calimero, le petit syndicaliste libertaire, est en perpétuelle crise d’identité. Les autres habitants de la basse-cour ne le reconnaissent pas, le snobent, le mortifient. Il pleurniche, crie, tape des pieds, mais finalement il fait son baluchon et part en sautillant. Quelle rage, quelle impuissance ! Il voudrait devenir grand, fonder une famille, être respecté, se faire un nom et une place dans la société, et finalement… il reste petit, seul, souvent moqué. C’est vraiment trop injuste. Et vous savez à cause de quoi ? A cause de cette couleur noire qui lui colle à la peau. Noire, vous comprenez ? Comme les ténèbres, comme le crime, comme le Mal. Ça fait fuir les gggens ! Après des années d’expérience, Calimero s’en est rendu compte et veut y trouver un remède. La Tiqqunnine est arrivée à son secours, avec son lave-idées.
Même s’il fait le syndicaliste dans les quartiers pauvres, Calimero pense et s’exprime comme un courtier des quartiers riches. Pour lui, si on dépense du militantisme, c’est pour faire un investissement dans le mouvement. Ça n’en vaut la peine que s’il y a un gain, au moins en puissance. Voilà son souci, formulé magistralement dès le début : « Est-il intéressant ou stratégiquement recommandable d’arborer les drapeaux identitaires dans le marché des processus révolutionnaires ? ». Nooon, ça ne l’est pas. Tout ce noir sur les étals du marché doit être retiré. Il ne promet ni candeur ni gaieté, il souille. Là où il y a du noir, les clients s’effraient et ne s’approchent pas. Là où il y a du noir, la police vient faire des contrôles. Une évidence aux yeux de tous.
Calimero a aussi ses raisons. Seulement, il oublie un détail. Pour lui, le noir est la couleur d’une marchandise en vente qui périme et qui, un jour ou l’autre, ne sera plus à la mode. Pour lui, le noir est la couleur d’un uniforme qui, un jour ou l’autre, s’abîmera. Pour lui, le noir est la couleur d’une identité idéologique qui ne marche plus. Une sorte de suie qu’il faut nettoyer. Mais ceux qui ne font pas les syndicalistes courtiers, et ne sont absolument pas animés par un esprit politique, savent bien que « toute vraie liberté est noire ».
Contrairement à ce que s’acharnent à répéter ses nombreux détracteurs, l’anarchisme n’est pas un complexe de données caractéristiques et fondamentales qui permettent une forme d’identification, c’est-à-dire une identité. C’est un ensemble d’idées et de pratiques portées par ceux qui pensent que la liberté est incompatible avec le pouvoir, et qui se battent pour affirmer la première contre le second. Être contre l’anarchisme signifie donc, d’une certaine façon, être en faveur de l’autorité, penser que celle-ci – sous une de ses multiples formes – puisse permettre, protéger, favoriser la liberté.

Il est évident qu’être anarchiste n’est pas une obligation. Ce n’est pas avantageux, ce n’est pas populaire, ce n’est pas commode, et ça peut être dangereux. Et en effet, la plus grande partie de l’humanité, qui sait à peine ce qu’est l’anarchisme, ne l’est certainement pas. Néanmoins, le peu qui le sont, ceux qui pensent que l’autorité haïe est l’ennemie mortelle de la liberté chérie et vice et versa, pourquoi devraient-ils avoir honte ? Pourquoi devraient-ils le cacher ? Pourquoi devraient-ils nier la réalité de leurs idées ? Peut-être parce que celles-ci ne « marchent » pas ? Ce serait une considération stupéfiante par sa double stupidité. D’abord parce que l’anarchisme a davantage à voir avec l’éthique qu’avec la politique (ce qui est juste est plus important que ce qui marche, au grand dam des calculs stratégiques), et ensuite parce qu’il ne nous semble vraiment pas qu’une quelconque configuration du pouvoir ait jamais « fonctionné » pour apporter de la joie aux êtres humains et de la beauté à la vie.
Calimero se définit libertaire, ses idées le pousseraient vers l’anarchisme. Mais c’est aussi un syndicaliste-courtier et ses affaires politiques le poussent bien loin de l’anarchisme. Cette contradiction – vieille de plus d’un siècle – le fait disjoncter, comme on peut l’apercevoir dans ses mots. D’abord il fait une distinction entre identités imposées par le “bio-pouvoir” et identités auto-imposées par les individus, puis il se débarrasse de cette distinction et la mélange allégrement. Sans peur du ridicule, il nous dit de manière candide que « se déclarer anti-système, anarchiste ou d’une quelconque étiquette similaire, signifie aujourd’hui entrer dans la logique du pouvoir » parce que, ce faisant, on se sépare du reste de la population et on facilite la répression. Plus qu’un concept stratégique, un raisonnement farfelu. Déjà, on ne comprend pas quel est le véritable nœud du problème, si c’est l’anarchisme en soi ou son affirmation publique ? Si c’est le fait qu’il nous isolerait de la population ou bien qu’il facilite la répression ? Là encore, on est en pleine confusion, Calimero brouille les cartes. Veut-il dire aux anarchistes qu’ils devraient arrêter d’être anarchistes, ou alors qu’ils devraient faire semblant de ne pas l’être pour mieux se mêler à la foule ? Pourtant, lui qui veut « revenir sur Terre d’urgence » devrait s’être rendu compte que beaucoup d’anarchistes déclarés ne finissent nullement dans le collimateur de la répression (qui n’est pas suffisamment idiote pour prendre en chasse tous ceux qui agitent un drapeau noir). De fait, il y a de nombreuse personnes respectables parmi les anarchistes déclarés, certains d’entre eux jouissent même d’une reconnaissance publique : universitaires, avocats, artistes, ouvriers dans des usines d’armes, assistants sociaux dans les prisons… (d’ailleurs chez les communistes, il y a même des flics et des magistrats). En outre, si en se déclarant ennemi du pouvoir on entre dans sa logique, alors que faudrait-il faire pour en sortir ? Se déclarer ses amis ? Se taire et laisser parler les autres, les zélotes de la pensée unique démocratique ? Mais, puisque le langage crée des mondes, de cette manière on ne ferait alors que se résigner au monde du pouvoir, voire carrément le confirmer.
Fiévreux, Calimero complique ultérieurement son raisonnement en soutenant que « Le pouvoir, avant de vouloir nous détruire […] cherche bien davantage à nous produire. Nous produire comme sujets politiques : comme anarchistes, anti-systèmes, radicaux, etc. ». Donc les soi-disant anarchistes ne font pas seulement le jeu du pouvoir, ils en sont un produit ! Ils font son jeu parce qu’ils en sont les créatures ! Et bien oui, nous l’admettons : que le pouvoir produise des sujets politiques non seulement parmi les défenseurs de l’ordre, mais aussi parmi les subversifs, c’est indéniable. Il suffit de penser au passé, à des ministres comme Juan Garcia Olivier et Federica Montseny, ou bien au présent, à des conseillers municipaux comme Benjamin Rosoux et Manon Gilbert. D’ailleurs, tous ceux qui cherchent à conquérir le pouvoir, à l’administrer, à le conseiller, à le corriger, à le substituer, sont des sujets politiques produits par lui. Cela dit, il faut vraiment être des imbéciles pour croire que le pouvoir produit ceux qui veulent le détruire (s’il le fait, cela advient involontairement, exactement comme le nazisme produisait les partisans ; mais cela ne viendrait jamais à l’esprit de quelqu’un de soutenir que les partisans étaient « des identités idéologiques » qui se séparaient du reste de la population). De fait, le pouvoir ne produit que des autoritaires, mais parfois il arrive à « corrompre » certains anarchistes en les charmant avec ses sirènes.
Dans sa ferveur anti-anarchiste, Calimero arrive à une autre affirmation bizarre. D’après lui, ce n’est pas l’État « qui est responsable d’une bonne partie du désastre en cours », ni le capitalisme et autre ; la cause de l’aliénation de masse qui prédomine aujourd’hui n’a rien à voir avec la propagande et avec la technologie – non, c’est entièrement la faute de la « politique d’extraterrestres » mise en œuvre par les « identité[s] révolutionnaire[s] ». En somme, si le pouvoir domine incontesté sur la Terre, c’est grâce aux quelques isolés soi-disant révolutionnaires qui depuis la Lune incitent à l’abattre, mais pas du tout aux nombreux influents soi-disant non-révolutionnaires qui sur la Terre le soutiennent, le justifient, le consolident, le conseillent. Mystères de la dialectique.
À un moment donné, le courtier qui est en Calimero éclate, étonné que personne ne se soit posé la question clé de tout bon investissement : « Que nous apporte exactement le fait de nous déclarer anarchistes ? ». Exprimer ses propres idées pour commencer à défier l’idéologie dominante et créer son propre monde ne l’intéressant pas, Calimero demande seulement où est l’avantage, le profit, l’utilité. Nulle part, évidemment ! La police nous surveille et les clients font des achats sur d’autres stands du marché de la politique. Inspiré par la Tiqqunnine, pour nous faire comprendre quelle conclusion déduire, Calimero se sert de Foucault : « sans doute l’objectif principal aujourd’hui n’est pas le fait de découvrir, mais plutôt de refuser ce que nous sommes ». Refuser ce que nous sommes aux yeux de l’État, c’est à dire ses citoyens, c’est le minimum que l’on puisse faire. Mais refuser ce que nous sommes aux yeux de nous-même… et non pas par lâcheté ou hypocrisie, mais pour « un exercice d’humilité et de sincérité » ?
Embarrassant, vraiment. Il nous semble déjà l’entendre, la Tiqqunnine, avec sa voie de connasse : nous y revoilà, Calimero ! Tu n’est pas noir, tu es juste sale !
Une immersion enthousiaste dans une situation, un vigoureux coup de brosse du lave-idées, et hop ! Après un instant voilà Calimero qui ré-émerge sous une pluie d’applaudissement dans les nouveaux habits du citoyenniste souriant et candide comme la neige, prêt à pépier des louanges aux miraculeux effets blanchissants de la politique. On comprend trop bien pourquoi la Tiqqunnine autoritaire française a caressé le Calimero libertaire espagnol qui sur un hebdomadaire anarchiste a invité les anarchistes à refuser ce qu’ils sont, à se nettoyer de leur propre anarchisme.
Tant d’amitié politique dans leur réciproque recherche de consensus populaire !
Tant de mise en commun d’intention dans leur frénésie d’organiser un petit bout de société ! Tant d’intérêts partagés à faire en sorte que les gggens restent ainsi !
Cela nous a ému de voir cette harmonie entre ceux qui snobent les initiatives vouées à diffuser les idées (comme les conférences et les débats) et qui saluent celles vouées à satisfaire les besoins (tel que le logement ou le travail). Parce ce que remplir l’estomac d’autrui procure de la reconnaissance, de la main d’œuvre, de la réputation, comme le savent aussi bien les prêtres (voués à l’assistantialisme caritatif dans les paroisses) que les boutiquiers militants (engagés dans le travail politique sur le territoire). La conscience, en revanche, à quoi sert-elle ? Elle ne se contrôle pas, elle ne s’organise pas, elle est même dangereuse car elle pourrait se révéler un jour contre-productive. À force de réfléchir, d’ailleurs, quelqu’un pourrait arriver à des conclusions inconfortables. Par exemple, que l’on n’arrive pas à la liberté à travers l’autorité. Qu’il est ridicule de partir avec un sac plein à craquer de désirs insurrectionnels, d’aspirations subversives et de radicalité rhétorique si cela génère des postes municipaux et des interviews aux médias (mais, ne fallait-il pas passer inaperçus ? Mais, n’était-il pas impossible de dissocier la lutte et la vie ?). Qu’il est hypocrite d’évoquer combien est « complexe, dynamique et en certaines occasions contradictoire » le processus révolutionnaire dans le but de cacher l’opportunisme de ses fins stratèges qui divisent les moyens d’une lutte de ses objectifs (mais, la séparation n’était-elle pas la logique du pouvoir ?).

Balancés dans une réalité externe aberrante et effrayante, les anarchistes sont marqués du sceau de la diversité. Ils ont un corps disgracieux, une grosse tête toujours dans les nuages, un langage barbare, qui leur rappellent qu’ils non pas le droit d’appartenir à la complaisante communauté du Papa Peuple et de la Maman Politique. Que dans un monde totalement formaté par l’autorité et par la marchandise, ils sont des perdants-nées.
Souffrances et frustrations marquent le parcours du Vilain Petit Canard anarchiste, lequel est conscient des difficultés, de l’effort, et aussi des rares probabilités de réussir, un jour, à devenir un cygne.
Mais il n’y a pas d’alternatives, il ne peut pas et il ne compte pas ôter et renier ce qu’il est. Il refuse l’illusion d’un monde bonifié par un changement de couleur et un peu de politique, d’une liberté sans conscience. Il méprise l’aberration d’une existence humaine mesurée par les stratégies du marché. L’affirmation facile d’une forme-de-vie plus balourde que joyeuse est une affaire bien misérable, surtout en considérant que le prix à payer est la perte de toute individualité et autonomie, liée à l’impossibilité de progresser dans une connaissance destinée à la compréhension de soi-même et de ce qui nous entoure. « Une autre manière d’habiter le monde » ne nous intéresse pas. Nous rêvons, nous désirons, nous voulons réaliser un monde qui soit tout autre, où la vie soit tout autre, où les rapports soient tout autres. « Rara avis in terris nigroque simillima cycno » est la phrase du poète latin Giovenale dont est tirée la locution qui était utilisée dans les discussions philosophiques du XVIe siècle pour indiquer un fait considéré comme impossible ou pour le moins improbable : le cygne noir.
La rencontre entre l’anarchisme et l’insurrection, la seule possibilité de balayer toute autorité, aussi minuscule soit-elle, de la face de la terre.

26/1/18,
Finimondo.

[Titre original : A proposito di anarchismo e (crisi di) identità – Per un anarchismo senza dipendenze, traduit de l’italien de Finimondo.]

 

Aalgérie:Une colonie anarchiste : Tarzout . Refuge de déserteurs

 lu  sur http://endehors.net

 une colonie anarchiste la fermeTarzout

Algérie Alger le 30 juin 1894

Parquet du procureur général

Monsieur le Garde des sceaux

J’ai l’honneur, comme suite à mes rapports des 19 et 27 janvier dernier, de vous rendre compte du résultat de l’information suivie au tribunal d’Orléansville contre les nommés Regnier, André Reclus, Boisson, Cotinaud, Tracol, Lortal, Cheitanov et Antoine Lopez, inculpés du crime d’association de malfaiteurs, prévu par la loi du 18 décembre 1893.

Cette information a nettement démontré que le sieur Regnier, gendre d’Elisée Reclus, est à Tarzout, le chef reconnu d’une colonie exclusivement composée d’anarchistes français ou étrangers. Les membres de cette colonie entretiennent des rapports suivis avec les anarchistes d’Alger et sont en relations avec les anarchistes de la Métropole et de l’étranger.

Une commission rogatoire envoyée à Genève, à la suite de la saisie opérée au domicile de l’inculpé Cotinaud, a permis d’obtenir certains renseignements sur les déserteurs dont il est question dans la correspondance de cet anarchiste, correspondance dont je vous ai donné l’analyse à l’appui de mon rapport précité du 19 janvier.

Le sieur Combard Ferdinand, a été condamné le 5 juin 1888, par le conseil de guerre de Blida, à huit ans de travaux publics, pour voies de fait envers un supérieur et pour bris de clôture. Quelques mois après cette condamnation, le 16 décembre 1888, il s’évada de l’atelier n°1 et trouva asile à la ferme Regnier à Tartouz. L’inculpé Cotinaud prêta son livret militaire à l’évadé qui fut, grâce à cette pièce, dissimulé aux autorités et gagna Genève. Le livret prêté fut retourné à Cotinaud le 8 mai 1889. Le sieur Combard habita Genève pendant deux ans, il fut expulsé de cette ville le 12 avril 1891, à la suite d’une affaire de coups et blessures dans laquelle il avait joué un certain rôle et se rendit à Bruxelles. Il habiterait encore aujourd’hui la Belgique.

Le sieur Perrare Antonio, a été expulsé de Genève le 16 juillet 1889.

Le sieur Fourgatio (?) a quitté Genève, où il était signalé au mois d’avril 1893, comme anarchiste militant.

Le sieur Philippot a été expulsé de Genève le 16 juillet 1889. Le 6 août de la même année, la même mesure a été prise contre Turino.

L’information ayant démontré que l’inculpé Lopez Antonio, entretenait des relations suspectes avec trois anarchistes d’Oran, ses compatriotes, les sieurs Bernabeu, Antonio Guerrero et Manuel Alcina, ces espagnols ont été également mis en état d’arrestation et impliqués dans les poursuites.

Il n’a pas été toutefois possible d’établir que l’association, non douteuse, existant entre ces divers individus, constituât une association ayant pour but de préparer ou de commettre des attentats, dans le sens où l’entend la loi du 18 décembre 1893.

Une ordonnance de non-lieu a donc été rendue, de ce chef, en faveur de Regnier, Reclus, Boisson, Cotinaud, Tracol, Cheitanov, Antoine Lopez, Bernabeu, Guerrero et Alcina.

Les nommés Boisson, Xixonnet, Cheitanov, Lortal et Tracol qui, lors des perquisitions opérées au domicile du sieur André Reclus, s’étaient rendus coupables d’outrages envers M. le commissaire central et ses agents, ont été déférés au tribunal correctionnel d’Orléansville qui, dans son audience du 21 juin courant, a condamné les prévenus, savoir : le 1er à six mois d’emprisonnement – le 2e à cinq mois – le 3e à quatre mois – le 4e à quinze jours – et le cinquième à 2 francs d’amende par application des articles 223 et 224 du code pénal.

Les nommés Cheitanov (sujet bugare), Bernabeu, Guerra, Alcina (sujets espagnols) ont été remis à l’autorité administrative, qui a déjà pris contre eux des arrêtés d’expulsion.

Le procureur général.

lettre ouverte de soutien au 38 rue d’Alembert

[reçu par mail]

Le 38 avait accueilli le collectif grenoblois de soutien à la ZAD des Chambarans pour tenir ses réunions et proposer des soirées de soutien à la zad de Roybon. Il est également un lieu ouvert sur le quartier Saint Bruno et contre sa gentrification, où sont proposées des activités en dehors de toutes institutions sociales et administratives conventionnelles. C’est pourquoi il est impératif de les soutenir !

 

Merci de répondre et de faire suivre,

 

Henri Mora

 

 

Message du 28/01/18 00:00
De : 38ruedalembert@riseup.net
A : undisclosed-recipients:;
Copie à :
Objet : Signature lettre ouverte de soutien au 38
Bonjour,

 

Le 38, est un centre social « tchoukar » autogéré qui tente de vivre depuis 3 ans. Les bâtiments qui ont été occupés par un collectif d’habitant.e.s du quartier, appartiennent à la mairie de Grenoble. Ouvert à tou.te.s on peux y trouver du café, des gens sympas, des gens chelous, une laverie, une cantine, un atelier d’auto-réparation de vélos,une borne wifi et des mots en -isme. Selon les jours, on peut y jardiner, prendre des cours ou encore profiter d’une bibliothèque ou d’un magasin gratuit. Au 38 se croisent donc des habitant·e·s, certain.e.s galèrent plus que d autres mais tous.tes ne se résignent pas à survivre. Le pari ici est de s’attaquer aux problèmes réels car si la vie est un tas de problèmes, on préfère les résoudre collectivement. On fait le choix de la solidarité, et non de l’individualisme pour construire un quartier populaire tel que nous l’imaginons …

 

Notre pérennité est aujourd’hui menacée par un projet d’urbanisme et notre expulsion est proche (avril selon certains bavards ! ). Pour nous défendre, nous mettons en place plusieurs actions dont la lettre ouverte disponible en pièce jointe. Nous l’avons fait circuler à l’échelle du quartier (commerçants, associations, …), mais nous cherchons maintenant à mettre en avant des soutiens plus larges, d’une portée nationale. C’est la raison pour laquelle nous vous sollicitons, pour nous aider à continuer à faire vivre le quartier Saint Bruno à travers des initiatives autogérées et solidaires, à préserver des espaces d’expérimentation sociale mais aussi des lieux où tout est envisageable !

 

Si vous désirez nous rencontrer, en savoir plus sur nous, nos activités vous pouvez nous contacter a cette adresse ou passer boire un café, on vous accueillera avec plaisir.

 

Pour nous soutenir vous pouvez apposer votre signature sur notre lettre ouverte et nous la retourner avant le 15 février 2018.

 

Merci de votre retour.

 

L’assemblée du 38

lettre ouverte en PDF

 

 

 

[Valence] Rappel: le 31/01 19h au laboratoire anarchiste projection du film « Les balles du 14 juillet 1953 »

Projection du film « Les balles du 14 juillet 1953 » le mercredi 31 janvier à 19 h au Laboratoire anarchiste, 8 Place St Jean, Valence

Film de Daniel Kupferstein sur un carnage méconnu

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Le 14 juillet 1953 à Paris, le MTDL (Mouvement pour le Triomphe des Libertés Démocratiques) algérien organise à Paris une manifestation autorisée d’ouvriers algériens. Arrivés place de la Nation, les premiers heurts éclatent et les policiers tirent sur le foule.
Bilan : sept morts 6 dans les rangs du MTLD, un syndicaliste CGT et une quarantaine de blessés.

La projection sera suivi d’un débat :

Les balles du 14 juillet 1953 from Daniel Kupferstein on Vimeo.

merredi 31 janvier à 19 h au Laboratoire anarchiste 8 Place St Jean, Valence

bibliographie porposée:

Daniel Guérin - Algérie 1954-1965 - Un combat anticolonialiste.

Forêt de Hambach, Allemagne : RWE dégage ! Résistance et sabotage !

https://sansattendre.noblogs.org

Le 22 janvier 2018, les flics anti-émeute ont tenté en vain de retirer les barricades de la forêt de Hambach. Néanmoins, neuf personnes ont été arrêtées par la police pour « résistance à agents » : toutes se trouvent désormais en détention préventive. Dans l’histoire de l’occupation de la forêt, il n’y avait jamais eu autant de résistant.e.s incarcéré.e.s en même temps.

Face à ce coup répressif sans précédent de la part de l’Etat, les actions de sabotage se poursuivent et le 3 février prochain, il y a d’ores et déjà un appel à manifester sur la zone en solidarité avec les neuf personnes en prison. Par ailleurs, un sabotage incendiaire, ayant détruit une station de pompage de RWE, leur a récemment été dédié (Cf ci-dessous). De manière plus générale, circulent en Allemagne des appels à attaquer, par tous les moyens (peinture, pierres, feux…), aussi bien les infrastructures de l’entreprise énergétique RWE que les institutions répressives telles que les tribunaux, les prisons, les comicos, etc…

Plus d’infos sur : abcrhineland.blackblogs.org


Station de pompage de RWE mise hors-service :

Dans la nuit du 26 janvier, nous avons saboté une station de pompage de RWE à l’aide d’engins incendiaires. Nous envoyons ainsi les premiers signaux de fumée aux 9 prisonnier.e.s combattant.e.s du mouvement de la forêt de Hambach.

Les attaques contre les installations de RWE sont une partie importante de la résistance contre l’extraction de charbon. Il existe de multiples possibilités diverses, les attaques contre les stations de pompage, comme l’ont montré les dernières actions, sont faciles à réaliser et nuisent au bon fonctionnement de la mine à ciel ouvert. Non seulement RWE est contraint de déverser de l’argent pour remplacer les installations détruites, mais ça augmente également le coût du personnel de sécurité, comme cela s’est déjà produit par le passé.

Nous appelons dans le même temps à élargir la résistance (combative) contre le lignite. Malgré l’arrêt du défrichage dans la forêt de Hambach et bien qu’il y ait des chances pour que la prochaine action « Ende Gelände » revienne bientôt : l’activisme climatique, ce n’est pas qu’une fois par an !

A l’État : votre répression est incapable de nous intimider ! La lutte continue… et maintenant plus que jamais !

Amour et Émeute en détention !

Des anarchistes.

[Traduit de l’allemand de Chronik]


Sabotage du nouvel an

4 janvier, forêt de Hambach

rapport anonyme :

« 2018 a commencé – RWE est détruite »

Nous sommes un groupe d’anarchistes autonomes. Nous sommes la nature qui se défend, agissant pour protéger la forêt de Hambach et la planète de RWE et du capitalisme.

Lors de cette action, une zone de RWE a été détruite. Cette zone faisait auparavant partie de la forêt. RWE a coupé tous les arbres, détruit l’habitat des êtres vivants, a construit de nouvelles structures, l’a clôturé et l’a surveillé avec des caméras. Ces installations les auraient aidés à détruire le reste de la forêt (226 ha) vieille de 12.000 ans (de 5.500 ha à l’origine) pour leur profit afin d’en extraire du lignite, qui produit 90 millions de tonnes de CO2 par an.

La zone était clôturée, surveillée par des caméras infrarouge et un système d’alarme. A l’intérieur, il y avait des conteneurs remplis de matériel et un générateur. Comme on peut le lire dans le rapport de police, les clôtures et le générateur ont été détruits. Les conteneurs n’étaient pas en reste et ont aussi été l’objet de notre attention. La zone a une nouvelle fois été ouverte par nos soins et rendu à la forêt. Le matériel qu’ils ont utilisé pour tuer la forêt est maintenant utilisé pour la protéger. Les structures à l’intérieur ne sont plus disponibles pour RWE, donc ils ne peuvent pas les utiliser pour détruire détruire la forêt plus longtemps. Nous avons laissé des messages à RWE, exprimant nos animosité à leur égard. […]

RWE soudoie les organisations locales et met la pression sur les groupes de résistance locaux. La police a prétendu qu’une action plus combative entraînerait une répression plus forte et les amènerait à expulser les gens et à couper la forêt, faisant ainsi endosser aux activistes le fait que les arbres soient coupés. Cette action est de montrer que la résistance ne s’arrêtera pas simplement parce qu’ils essaient de nous faire peur.

Ce n’est que le début de la lutte pour l’année 2018. La résistance va désormais s’intensifier et augmenter de manière exponentielle si des expulsions ont lieu. Il a été dit avant la période d’abattage des arbres qu’aucun arbre ne sera abattu gratuitement – plus ils en couperont, plus ça leur reviendra cher. Pareil pour les expulsions. Par conséquent, il serait préférable pour RWE de fermer la mine dès maintenant et de quitter la forêt.

Bonne année ! RWE ne reste pas !

[Traduit de l’anglais de Act for Freedom Now]

CAEN( calvados)Contre la machine à expulser : 31 janvier discussion et procès, 03 février contre rassemblement

[[eçu par mail]

Salut,

Nous sommes quelques-un-e-s à organiser une discussion (éventuellement
suivie d’une projection) à La Pétroleuse ce mercredi autour de la
machine à expulser afin d’envisager une intervention commune sur  cette
question autonome des syndicats, des associations et des Partis
politiques. ci joints le texte d’appel à discussion, le tract que nous
avions distribué le samedi 20 janvier à Ousitréham qui explicite la
manière dont nous souhaitons intervenir sur cette question et les
désaccords qui nous opposent à de nombreux protagonistes de cette lutte.
Enfin un autre texte autour du procès qui se tiendra ce même jour à
Paris, pour les compagnons et compagnonnes qui sont accusés d’avoir
entravés la machine à expulser de manière illicite.

Par ailleurs, ce samedi 03 février à l’appel du Parti de la France
(extrême droite catholique dissidente du FN) se tient un rassemblement
contre « l’immigration massive » à Ouistreham. Un appel à un
contre-rassemblement à 13 h 30 (Rdv  à l’angle de l’avenue de la mer et
de la place Alfred Thomas (esplanade Lofi, près du casino)) a été lancé.
Il est important de ne pas se rendre isolé à ce rendez-vous qui est au
même endroit que celui de nos « bas du front ». Nous ferons suivre
d’éventuels points de covoiturage après mercredi.

A la suite le texte apparu sur les murs de cités caennaise. Il a été
traduit en anglais en attendant d’autres traductions.

Révoltons-nous contre la machine à expulser !

Un toit, des fringues, et même de potentiels papiers, sont déjà
beaucoup, mais ne résoudront jamais les causes des migrations
contraintes.  Les indésirables, toujours plus nombreux et nombreuses
dans le monde d’aujourd’hui, sont les cobayes de la répression et de
l’administration de nos vies sacrifiées au nom du fric et d’un progrès
qui nous mène au désastre. En outre, la condition qui leur est faite par
les gens au pouvoir et leurs complices sert d’abord à maintenir un ordre
existant merdique, et annonce les modes de gestion et de répression de
tout pas de côté et de toute révolte.  Il est impossible pour nous de
nous contenter d’en rester là. Nous sommes tous et toutes déterminé-e-s
à ne pas laisser en paix les gens qui décident de laisser crever, de
parquer, ficher, faire la chasse à des personnes parce qu’elles n’ont
pas le bon bout de papier et essaient de trouver un endroit où vivre un
peu plus dignement.  C’est pourquoi nous comptons lutter contre la
machine à expulser en mettant en cause l’existence même des frontières
et des Etats. Il n’y aura jamais de liberté de circulation, si ce n’est
pour les riches, tant qu’ils existeront.  Au moment où sept camarades et
compagnon-nes passent en procès, accusé-e-s d’avoir contribué aux
sabotages de la machine à expulser (dégradations de locaux de collabos,
à savoir Air France qui reconduit aux frontières, Bouygues qui construit
les taules, la SNCF qui balance aux flics), nous tenons à affirmer notre
détermination à nous opposer à l’ordre existant par une lutte autonome
des organisations politiques et syndicales.

Auto-organisation !! Action directe !!

Des révolté-es.

Discutons-en le mercredi 31 janvier, à 18h, à la Pétroleuse (163 cours
Cafarelli Mondeville, près des dépôts pétroliers sur la presqu’île)
Selon les envies, une projection du film documentaire « Et nous jetterons
la mer derrière vous » sera possible

pièces jointes

1 révoltons nous contre la machine à expulser) ici

2) l’urgence c’est un paravent

3)solidarité avec les inculpés de la machine à expulser ici

« Face à l’horreur carcérale, il est normal que des prisonniers se retournent contre leurs geôliers » – Entretien avec Nadia Ménenger

le poing.net

 

Détenu de la prison de Villeneuve-lès-Maguelone enflammant un tissu à la « fenêtre » de sa cellule

Suite aux attaques de détenus contre des surveillants pénitentiaires, le 11 et 19 janvier dernier, les matons bloquent les prisons et font le tour des médias pour dénoncer « les violences » dont ils seraient victimes au quotidien. Certains ont même osé parler d’un « attentat ». Pour comprendre les raisons qui peuvent pousser les prisonniers à se révolter contre leurs geôliers, Le Poing s’est entretenu avec Nadia Ménenger, militante infatigable de la cause anti-carcérale et auteure du livre À ceux qui se croient libres.

Le prisonnier qui a attaqué deux matons le 19 janvier dernier dans la prison de Borgo était placé à l’isolement. Pourquoi un détenu est-il placé à l’isolement, et qu’est-ce que cela signifie pour lui ?

Il y a eu une très grosse lutte pour la fermeture des QHS [quartier de haute sécurité] dans les années 1970 et la revendication principale de ce mouvement, soutenu entre autres par le GIP [groupe d’information sur les prisons] et le CAP [comité d’action des prisonniers], c’était purement et simplement la suppression de ce régime de détention qui autorisait l’isolement physique et sensoriel. Les QHS ont été officiellement supprimés en 1981 avec l’élection de François Mitterrand mais ils ont été rétablis sous un autre vocable : le QI [quartier d’isolement]. À la différence du mitard, l’isolement n’est officiellement pas une punition disciplinaire, c’est censé être employé pour les détenus qui posent problème en détention ou qui en font la demande. Mais le mitard ou l’isolement, c’est la même chose. L’administration pénitentiaire peut placer un détenu pendant 3 mois renouvelables trois fois durant la première année de détention, 4 mois renouvelables deux fois durant la deuxième année et ensuite, il n’y a pas de précision… Mais ça, c’est pour la théorie. En réalité, certains ont fait plus de 10 ans de quartier d’isolement. Il y a plein de façon de le faire durer indéfiniment : en te transférant dans une autre prison pour faire recommencer la procédure, en te faisant sortir un petit moment pour te réenfermer rapidement, etc. Ils ont précisé les termes de l’isolement au fil du temps, mais sans jamais rien changer à sa réalité. Chaque nouvelle prison qui ouvre dispose de son quartier d’isolement. Aujourd’hui, l’isolement s’est complètement banalisé alors que c’est une torture pure et simple. Tu es dans ton tube de béton, tu ne vois personne, tu n’as pas le droit aux activités ou au travail, tu ne peux quasiment pas rencontrer d’autres prisonniers, les promenades se font seul ou avec deux ou trois autres prisonniers, selon les établissements. La plupart de ceux qui subissent l’isolement pendant plusieurs années deviennent soit fous, soit enragés.

Le détenu qui a attaqué les matons le 19 janvier avait aussi une fiche pour « soupçon de radicalisation ». Qu’est-ce que ça implique d’être fiché en prison ?

Il y a toujours eu un bureau de renseignements à l’intérieur de la détention mais il s’est renforcé au fur à mesure que le « débat » sur l’islamisme s’est imposé dans la société. Maintenant, chaque détenu est suivi. L’administration pénitentiaire notifie dans une fiche de renseignement individuelle tout ce que fait le détenu, qui il fréquente, les livres qu’il lit, ses activités, etc. Si un détenu s’entend bien avec un autre détenu, on le change de bâtiment ou de prison. Tout est fait pour casser les relations humaines. Le statut de DPS [détenu particulièrement surveillé] peut être attribué à un détenu en raison de l’affaire qui l’a amené en prison, c’est-à-dire sur demande du juge d’instruction, ou en raison de son comportement à l’intérieur de sa détention, c’est-à-dire s’il a essayé de s’évader, ou s’il fomente des mouvements de contestation. Quand tu es DPS, ta cellule est fouillée plus fréquemment, il y a plus de matons qui te suivent lors de tes déplacements et si tu es extrait hors de la prison, il y a une cohue de flics pour « t’accompagner ».

Le procureur de Bastia a ouvert une enquête pour « tentative d’homicide » contre le détenu qui a attaqué les deux matons et FO Pénitentiaire parle carrément d’un « attentat ». Comment tu qualifierais l’acte d’un détenu qui se retourne contre son geôlier ?

On peut frapper toujours plus fort les enfermés, les pousser à bout, leur faire péter les plombs, mais ça n’empêchera jamais les prisonniers de se révolter. À force de traiter les gens comme des animaux, ils réagissent d’une manière instinctive. C’est une réaction normale que de se retourner contre son geôlier quand on est enfermé.

Dans quelle mesure les matons peuvent-ils faire allonger la peine des prisonniers ?

La judiciarisation à l’intérieur de la détention est un phénomène en expansion. Avant, tout se passait à l’intérieur de la détention : les matons te savataient au mitard, et ça restait en interne. Maintenant, le détenu peut porter plainte, mais le maton aussi. Le résultat, c’est que beaucoup de gens rentrent pour des peines minimes et se retrouvent huit ans après toujours en détention, parce qu’ils ont été accusés d’outrage, de rébellion ou de menace de mort. Un outrage, par le biais de la récidive, peut vite conduire à deux, trois, quatre ans de détention en plus. Et les matons jouent évidemment la carte de la provocation pour faire craquer les détenus, et se rajouter au passage une petite prime à la fin du mois.

Certains matons réclament la création de prisons spéciales pour les « radicalisés », mais les prisons spéciales existent déjà. Que se passe-t-il à l’intérieur ?

Il y a actuellement deux prisons de haute sécurité : celle de Condé-sur-Sarthe, inaugurée en 2013, et celle de Vendin-le-Vieil, inaugurée en 2015. Ce sont des prisons qui auraient soulevé un tollé il y a 40 ans, et qui n’ont rien à envier aux QHS mais comme ce sont des prisons « modernes », high-tech, qui ne ressemblent pas à des vieilles tôles dégueulasses, les gens ont l’impression que c’est moins horrible. Mais ce n’est pas du tout le cas. Il y a des caméras partout, toutes les portes sont électroniques, tout est conçu pour réduire les rapports humains, les prisonniers se voient le moins possible et en tout petit nombre, les activités et les promenades s’effectuent à sept détenus maximum. Ces prisons sont l’aboutissement logique d’une justice qui élabore et applique des condamnations délirantes. Quand ces prisons sont sorties de terre, il y a immédiatement eu des mouvements de contestation tellement les détenus hallucinaient d’arriver dans un endroit aussi horrible, déshumanisant, sans âme et qui pousse à la psychiatrisation.

C’est quoi le projet carcéral du gouvernement Macron ?

Le gouvernement dit vouloir construire de nouvelles prisons pour lutter contre la surpopulation carcérale mais il ne s’interroge pas sur la raison pour laquelle il y a chaque année 3 000 prisonniers supplémentaires. Il n’a aucune réflexion sur les peines délirantes qui sont données pour des délits mineurs, comme les outrages, et dans les faits, la loi prévoit des durées de peines toujours plus longues. Le gouvernement dit aussi vouloir augmenter les mesures privatives de liberté qui s’effectuent en dehors de la prison, de type bracelet électronique, et il présente ceci comme un moyen de lutter contre le « tout-carcéral », mais c’est une arnaque car dans les faits, les mesures privatives de liberté sont complémentaires. Ce sont des peines qui s’additionnent avec la détention, et qui coûtent beaucoup d’argent aux familles des détenus. On peut malheureusement prévoir qu’il y aura de plus en plus de prisonniers et de plus en plus de gens enfermés chez eux. On vit dans un vrai délire sécuritaire, qui promeut la peine pour la peine, la souffrance pour la souffrance.

Quelles sont les revendications les plus urgentes pour améliorer les conditions de vie des détenus ?

Il faut déjà commencer par s’intéresser aux causes de cette horreur carcérale, et ne pas se contenter de gérer les conséquences. Il faut s’interroger sur la responsabilité collective et politique de la société quant à cette « honte de la République ». S’il faut lister des revendications urgentes, ce serait : non aux peines éliminatrices, fermeture des quartiers d’isolement, non à la torture.

Propos recueillis par Jules Panetier

Pour en savoir plus sur la prison, lisez ces deux témoignages d’anciens détenus de la prison de Villeneuve-lès-Maguelone :

« Témoignage d’un ancien détenu de VLM : “la prison, c’est pas censé être une privation de dignité” », Le Poing, 16 mai 2017
– « Immersion dans la prison de Villeneuve-lès-Maguelone », Le Poing n°26, janvier 2017

publication:De tout bois #8, revue de lutte contre le Center Parcs de Roybon

zadroybon

Les éditions Le monde à l’envers publient le huitième numéro de « De tout bois », une revue de lutte contre le Center Parcs de Roybon.

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De tout bois
Revue de lutte contre le Center Parcs de Roybon

Huit numéros parus
2€

Cette revue se donne pour but de faire vivre la lutte contre le Center Parcs de Roybon (Isère) et d’en laisser des traces. Au-delà du cas particulier de cette lutte, la revue De tout bois tâche de tisser des liens avec les grands enjeux actuels (écologie, crise du capitalisme, nouvelles formes de luttes).

Au sommaire du numéro 8 : « Maurice Thorez avait tort », par le comité de rédaction ; « Préparons-leur un hiver ardent », texte collectif ; « 50 ans de colonisation de la nature », par Julien Dumalet ; « Tourisme, un marché du rêve et du divertissement », par Jean-Philippe Descombes et Henri Mora ; chronologie de la lutte ; publicité.

Prochain numéro prévu au printemps 2018.

Cette revue est disponible dans n’importe quelle librairie. Localement : Le Baz’Art des Mots (Hauterives), Librairie des Cordeliers (Romans), La Manufacture (Romans), Le Marque-Page (Saint-Marcellin), Maison de la Presse (Saint-Etienne de Saint-Geoirs), La Presse Côtoise (La Côte Saint-André), Librairie Centre-Rives (Rives), Librairie Nouvelle (Voiron), Maison de la Presse (Moirans) Lucioles (Vienne), Notre Temps (Valence), Antigone (Grenoble), Le Square (Grenoble), La Dérive (Grenoble)…

Les numéros précédents sont disponibles.

Catalogue complet sur : http://lemondealenvers.lautre.net

Editions Le monde à l’envers
22 rue des violettes
38100 Grenoble
http://lemondealenvers.lautre.net

Trente, Italie : Attaque d’un magasin Benetton « pour Santiago et la lutte mapuche »

https://sansattendre.noblogs.org

La presse locale nous apprend que dans la nuit du 24 janvier 2018 à Trente, le magasin Benetton de la via Oriala a été attaqué. Les vitres de la porte d’entrée et une vitrine ont été brisées. Sur l’une d’entre elles ont été trouvées les inscriptions: « Pour Santiago [Maldonado] et la lutte mapuche ».

[Source: Roundrobin.info]


Relire quelques écrits sur l’irruption de colère en Argentine après la disparition de Santiago Maldonado début août et après la confirmation de son assassinat en octobre.

Quelques attaques réalisées en mémoire de Santiago Maldonado, assassiné par l’Etat (liste incomplète):