Archives de catégorie : General

Athénes ( grèce)Attaque incendiaire contre une société appartenant à l’état turc Istikbal en solidarité aux résistants d’Afrin

BodydanHolding

Dans la nuit du 2 février, nous avons attaqué la compagnie turque Istikbal avec un engin incendiaire et nous avons fait brûler un camion de 7,5 tonnes devant leur siège au 152, avenue Kifissias.

Istikbal est une société de meubles multinationale qui fait partie de Boydak Holdings.

Boydak Holdings est l’une des plus grandes sociétés en Turquie, basée sur leurs bénéfices dans les secteurs de l’énergie et de la finance. Suite à l’échec du coup Gülenist, le chef de l’exécutif a été arrêté et la société appartient maintenant à l’État turc.

Boydak est l’une des nombreuses entreprises turques ayant une activité économique en Grèce qui apporte des profits directs au régime fasciste d’Erdogan. Pour l’économie grecque, ces investissements sont de la plus haute importance et SYRIZA appelle à une coopération plus intense avec ce pays voisin.

L’arrestation des 8 camarades turcs est un cadeau au sultan turc et une poignée de main avec un régime ouvertement fasciste.

Aujourd’hui, le douzième jour depuis l’invasion d’Afrin, l’État membre de l’OTAN, en coopération avec les gangs islamistes, continue de tuer nos camarades, de bombarder leurs villages et d’essayer d’attaquer la révolution sociale en Syrie. Devant le monde entier, avec la force des armes allemandes, le consentement de l’Union européenne et du gouvernement russe, et l’accord tacite du régime Assad et des Etats-Unis, le sultan Erdogan attaque et tente de détruire la plus grande peur des puissances impérialistes du Moyen-Orient.

Après 40 ans de luttes du PKK pour le peuple kurde, suite au changement de cap vers des structures anti-nationalistes et horizontales basées sur l’idée du confédéralisme démocratique, la révolution du Rojava a atteint ses objectifs dans le cadre de l’auto-organisation l’autodéfense, l’abolition du patriarcat et du capitalisme, l’émancipation des femmes, la vie sociale et une stratégie de défense stratégique et militaire pour préserver et protéger les acquis de ces dernières années.

C’est un développement historique pour les Kurdes, les Yézidis, les Arabes et tous les peuples des ethnies minoritaires de Syrie et la lutte anticapitaliste.

Pour comprendre cela, nous devons analyser comment YPG-YPJ fait face aux forces impérialistes dans la région. Le soutien militaire américain dans la lutte contre l’État islamique devrait être analysé et jugé d’un point de vue stratégique, mais jamais pour la dégradation de la révolution au Rojava, qui est un rempart clair contre le capitalisme impérialiste dans tous les sens du terme. L’invasion turque montre ce qui était toujours clair, à savoir que les Etats-Unis ne seraient pas confrontés à un partenaire de l’OTAN, ce qui a toujours été le cas. Pour les forces impérialistes, une zone socialiste au Moyen-Orient signifierait la fin nette de leurs intérêts.

Sans aucun doute, cette lutte est pleine de contradictions, surtout dans une situation de guerre comme celle-ci. Cependant, critiquer cette situation du point de vue des Européens centrés sur l’Occident, où la vie quotidienne est pleine de contradictions non résolues, ne devrait pas être la question principale de la solidarité internationale. Nous devons distinguer deux faits évidents, à savoir que le mouvement kurde se bat contre un oppresseur fasciste et qu’ils ont un but commun à beaucoup d’entre nous: la révolution sociale.

Il est temps d’attaquer et de montrer notre solidarité avec la révolution sociale, l’idée de liberté, la défense de la perspective révolutionnaire au Moyen-Orient et en Europe, et tous les camarades qui se battent à Afrin, dont beaucoup sont loin de chez eux. se battre pour construire une nouvelle société contre toutes les formes de fascisme. Envoyons un message clair, combattons et écrasons l’Etat turc fasciste et tous les Etats qui soutiennent Erdogan au Moyen-Orient, en Europe et dans le reste du monde!

Nous n’oublions pas les camarades turcs que l’État grec a arrêté en décembre 2017! Force et solidarité à vous tous!

Nous dédions cette action aux camarades qui ont perdu la vie en défendant Afrin. Votre mémoire et votre force brûlent en nous! Salutations chaleureuses au YPG-YPJ et à tous les rebelles internationalistes!

Kurdistan libre! A bas l’OTAN! Pour la révolution sociale et l’émancipation des femmes!

  indymedia Athénes

Turin (Italie): manifestation et rassemblement pour Marcello et les autres compagnons

Torino - Corteo e presidio in solidarietà con Marcello e gli altri compagnipour  ceux qui n’a pas permis de rester,pour ceux qui n’ont pas un emploi permanent et un tas d’expédients,pour ceux qui ne peuvent plus se permettre de payer un loyer et choisir d’occuper,
pour ceux qui se rebellent contre ce monde injuste et décident, pourquoi pas, de jeter des pierres
et des bouteilles contre les flics casqués.
Jour de l’an devant la prison de Vallette
un groupe d’amis et de anti-carcéraux  se sont affrontés avec des pierres, des bouteilles et feux d’artifice avec la police, qui a répondu avec des charges  et des gaz lacrymogènes.
Un fliquette a été blessée. Pour cette raison, six compagnons ont été rejoints par des mesures de surveillance
et l’un d’eux, Marcello, a été enfermé à la prison de Turin.
Assister aux raids de la police, parfois même avec des hélicoptères,
à travers les rues et les maisons d’Aurora, il est devenu étouffant. Regardez la prison de Turin ou le Centre de rétention rempli d’habitants
des quartiers pauvres de cette ville a toujours été inacceptable.
manifestation
Samedi 17 février
16 heures
La station de Ceres
Corso Giulio Cesare
rassemblement
sous  les  murs
de la prison
Dimanche 18
17 heures
terminus
du tram 3
apprenons à nous défendre ensemble

traduit de     roundrobin.info

CIRA infos janvier 2018 A la bourre!

LA FEUILLE D’INFOS DU CIRA #201
JANVIER 2018
Bulletin du CIRAn° 44.ici
Ceux qui ne veulent plus de tyran, qu’ils cessent d’avoir des âmes de laquais, des silences de valets, des consentements de soldats et d’esclaves.
(Han Ryner)

Bulle tropicale à Notre Dame Des Landes

[reçu par mail]

Salut,

 

en lien  Center Parcs à NDDL :

https://www.msn.com/fr-be/video/sport/notre-dame-des-landes-lavenir-de-la-zad-en-question/vi-BBIXNf4

 

Des Zadistes de Roybon, dans l’Isère, sont intervenus en préambule de la déambulation carnavalesque organisée à Notre-Dame-des-Landes, le 10 février 2018, pour fêter l’abandon du projet d’aéroport du Grand ouest près de Nantes

 

https://www.youtube.com/watch?v=EwIBskNe_dE

 

 

H.

 

Valence(26000) ils osent commencer leur stage d’apprentissage en entreprise sans la bénédiction de l’éducation nationale !


Dauphiné libéré  12/02/2018 à 10:10

à NDDL et ailleurs, pour une vie agricole autonome?

texte qui circule ici

https://zad.nadir.org

note: en attendant d’autres infos  des compagnons …

 

  • dimanche 11 février

    Syrie

    Retour en images sur la mobilisation à Paris samedi, contre le gouvernement turque et les pratiques meurtrières d’Erdogan, notamment sur Afrin, commune de Syrie du Nord. Pour plus d’infos sur ce qu’il se passe à Afrin, ça se passe (entre autres) par ici.

    ZAD

    En attendant les photos, on se fait un petit tour de la presse :

    - Pour des récits de la journée de rassemblement, on a une dépêche AFP reprise par tous les merdias mainstream, qui n’a rien trouvé de plus original que de nous ressortir la même soupe insipide sur la soit-disant « minorité radicale ». Minorité certes (le off était organisé par des gens vivant plutôt à l’Est de la zad), radicale, pas plus que nous tou.tes ! N’en déplaise aux semeurs de division…

    - Mais il y en a quand même qui ont pris la peine de se bouger ! Récit de la journée et de l’ambiance, et questionnements pour l’avenir dans le monde.

    - un article qu’on imagine chouette, de médiapart, par ici (malheureusement pas en accès libre)

    - Dans libé on lit comment cette lutte s’est inspirée de mille et unes autres, et pourquoi ça en fait une lutte unique

    Et ici et encore quelques articles (dont ici des photos et ici de la radio) pour finir ce premier dimanche de la zad pas DUP 😉 (avec une mention spéciale ’franche marade’ en lisant le dauphiné libéré, ça arrive pas si souvent…)

  • ZAD

    Merci à toutes et tous de vous êtes déplacé.es jusqu’ici pour fêter la fin du projet d’aéroport, et l’enracinement de la zad ! Malgré le froid, la boue, et même un peu de pluie le soir, des dizaines de milliers de personnes ont arpenté la zad et sont venues échanger avec nous sur la lutte pour l’avenir de la zone. Des intercomités sont d’ailleurs en cours à la wardine, pour continuer d’y réfléchir ensemble.

    Pour rigoler un peu sur les décomptes, les organisateurices annoncent 30 000 à 40 000 personnes, la préfecture…. 8000 !

    Bientôt des photos !

Grèce : Fin de l’assignation à résidence de Grigoris Tsironis, accusé de braquages

non fides

La cour d’appel d’Athènes a aujourd’hui accepté de mettre un terme à l’assignation à résidence de Grigoris Tsironis, elle est remplacée par une interdiction de quitter le pays, il lui est également interdit de quitter le sud de l’Attique [région d’Athènes], de quitter sa résidence permanente la nuit et doit pointer chez les flics tous les cinq jours.

 

Grigoris avait été libéré après que les 18 mois maximum de détention préventive avaient été atteint, le 7 décembre 2017. Dans un nouvel éclat d’arbitraire, ils l’ont assigné à résidence, une nouvelle mesure en Grèce.

Malgré le fait que les conditions de sortie soient très strictes, la décision de lever l’assignation à résidence est une première victoire pour lui ainsi que pour le mouvement de solidarité.

Cela met un bâton dans les roues des méthodes du complexe policier-judiciaire
rassemblant tous les éléments d’ un état d’urgence face au compagnon et plus généralement dans l’affaire des braqueurs de Distomo : ADN, loi anti-terroriste, répression des relations personnelles et familiales, vengeance de la police et de l’autorité judiciaire.

La lutte se poursuivra jusqu’à l’ acquittement total de Grigoris. Jusqu’à l’effondrement de l’acte d’ accusation contre ceux accusés dans l’affaire. Jusqu’à l’abolition de l’ autorité judiciaire et de toutes les autorités. Jusqu’à la destruction de toutes les prisons.

Assemblée contre la nouvelle campagne anti-terroriste : « braqueurs de Distomo ».

[Traduit d’Indy Athenes.]

Pour rappel :

 

Italie : Arrestation pour les événements du nouvel an à la prison de la Vallette

Notre dame des landes: 10/2/ 18 La fête et après …sans gueule de bois

http://www.lemonde.fr

Fête à Notre-Dame-des-Landes : des milliers de personnes venues « voir ce qui se passera après »

Riff de guitares, violoncelle et contrebasse en folie sur un rythme endiablé de percussions et de marimbas (un xylophone africain), les sons de l’Orchestre tout puissant Marcel Duchamp ont, ce samedi 10 février au soir, vite fait tanguer les centaines de personnes massées devant la scène installée sous la magnifique charpente de la grange de Bellevue.Sous une bruine persistante et pénétrante, et dans la boue générale – il s’agit bien ici d’une zone humide –, le groupe de musique survitaminé, avec la diversité de ses instruments africains, à corde, ou encore électriques, ses trombones… symbolisait bien la multiplicité des composantes de la lutte contre le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique)

Ce samedi 10 févrer, la ZAD (la « zone à défendre ») avait donné rendez-vous à ses soutiens venus de toute la France, et même d’Espagne, d’Italie, d’Allemagne ou encore de Belgique… pour fêter leur victoire avec l’abandon du projet d’aéroport, annoncé par le gouvernement le 17 janvier.

Triton gigantesque, fanfares, chorales, et maquette géante d’avion en bois brûlée – « le projet part en fumée » – dans la plus pure tradition carnavalesque, tout avait été prévu pour réussir l’événement. Pizzas bios, plats vegan, soupe poireaux-pommes de terre, pains d’épices, cidre, bière ou vin chaud, réchauffaient les participants. Et la nuit promettait d’être longue pour les manifestants, animée par des concerts, fest-noz ou techno, les plus fatigués tentant de retrouver leur véhicule dans l’obscurité.

De très nombreux jeunes

Dès le matin, ils étaient des milliers – de 30 000 à 40 000 personnes selon les organisateurs, 8 500 selon la préfecture – à parcourir les kilomètres reliant Saint-Jean-du-Tertre et le Gourbi, deux lieux-dits, à la ferme de Bellevue, au cœur de la ZAD.

Au-delà de ce classique écart de comptabilité, une chose est certaine, ce rendez-vous militant a drainé une foule considérable, digne des plus grands rassemblements que la ZAD a connus. En témoignaient les centaines de voitures parquées sur des kilomètres de routes et de chemins traversant le bocage, rappelant les plus grandes manifestations de soutien aux occupants de Notre-Dame-des-Landes. Le nombre de cars, venus de toute la France, était même supérieur à celui du 8 octobre 2016, lors d’une manifestation pour laquelle les organisateurs avaient annoncé plus de 40 000 personnes et la police 12 500.

Mais, plus que le nombre, un des faits marquants de cette journée fut sans doute le nombre de manifestants venant pour la première fois ici et la présence massive de jeunes. Cherchant à se réchauffer près d’un brasero, un verre de vin chaud à la main, Melody Perdrizet et Elena Lombart, deux jeunes filles venues de Paimpol, dans les Côtes-d’Armor, témoignent de leur découverte de la ZAD. « J’en entendais parler depuis longtemps et je voulais voir comment cela se passait concrètement, comprendre comment ils avaient pu gagner », explique la première, professeure de piano. « Et voir ce qui va se passer après », ajoute son amie, éducatrice à l’environnement et militante de Bretagne vivante.

Drapeau basque brandi haut, Thierry Michel et Nadège Martin ont fait, eux, le déplacement depuis Ixtassou, près d’Espelette (Pyrénées-Atlantiques). Cet artisan de 46 ans et cette propriétaire d’une chambre d’hôte de 38 ans sont engagés dans la lutte contre un projet de mine d’or – près de 13 000 hectares sur onze communes – dans le collectif Stop mines EH. « C’est la première fois que nous venons ici, mais nous suivons ce combat avec intérêt depuis longtemps. Ici nous comprenons l’importance de pouvoir unir des gens très différents avec un même objectif », raconte Thierry Michel.

« De nouveaux enjeux et combats »

Depuis près de dix ans, et l’intensification de la lutte contre l’aéroport, notamment avec l’occupation de la ZAD en 2009, Notre-Dame-des-Landes est devenu la référence de tous les opposants à de grands projets d’infrastructure jugés inutiles et imposés.

« La fin de cette lutte d’un demi-siècle contre l’aéroport laisse place à de nouveaux enjeux et combats, ici et ailleurs », devait déclarer le mouvement contre l’aéroport (Acipa, Adeca, Copain44, Naturalistes en lutte, habitant.e.s et occupant.e.s de la ZAD, Coordination des organisations opposantes), lors de prises de parole tout au long de la journée.

Et nombreux sont les représentants de ces combats qui ont pu témoigner : le projet de tunnel transalpin Lyon-Turin (présence d’opposants français et italiens), le Center Parcs de Roybon (Isère), la centrale à gaz de Landivisiau (Finistère), la Ferme des 1 000 vaches dans la Somme, le parc d’attraction de Guipry-Messac (Ille-et-Vilaine), la ligne à très haute tension de la Haute-Durance, le centre de loisirs et d’affaires d’Europacity et le pôle scientifique du plateau de Saclay, en région parisienne, les bassines niortaises (Deux-Sèvres)… sans oublier le projet d’enfouissement de déchets nucléaires à Bure (Meuse). « Pour toutes ces luttes sœurs, nous sommes là, nous serons là ! », leur ont assuré les militants de Notre-Dame-des-Landes.

Quelques élus et responsables politiques avaient aussi fait le déplacement pour participer à la fête, tels José Bové, Yannick Jadot, Noël Mamère… « On ne va pas gâcher son plaisir, mais ne soyons pas dupe, le discours environnemental du gouvernement est celui d’un bonimenteur. On l’a encore vu à l’assemblée nationale avec ses propositions récentes de dérogations sur les réglementations environnementales, expliquait Loïc Prud’homme, le député (La France insoumise) de Gironde.

Contre le « capitalisme vert »

La fête donc pour célébrer une victoire historique dont peu de luttes sociales ou environnementales peuvent s’enorgueillir ces dernières années. Mais au-delà de l’immense satisfaction visible sur les visages, ce rassemblement baptisé « Enracinons l’avenir » se voulait tourné vers le futur des terres agricoles et de la ZAD, menacé par l’arrivée du printemps, échéance fixée par Edouard Philippe, le premier ministre, à laquelle les occupants illégaux devront être partis « d’eux-mêmes ».

Le chef du gouvernement avait aussi exigé le nettoyage de la route départementale 281, entravée par de nombreuses chicanes. Ce fut chose faite par les agriculteurs et une partie des zadistes. Non sans mal, une partie des occupants refusant de libérer la route ainsi que l’exigeait l’Etat. Des divergences sont d’ailleurs apparues lors de certaines prises de parole, tout comme dans l’organisation d’une « contre fête » samedi soir dans un autre lieu de la ZAD, par la fraction la plus hostile à tout dialogue avec le gouvernement.

« Aujourd’hui, le mouvement a dégagé collectivement la D281 pour rendre à ses usager.es/voisin.es la possibilité d’une utilisation partagée. (…) Les divers chantiers nécessaires à la remise en état de la route sont en cours. Ils vont durer encore plusieurs semaines », déclarait d’un commun accord le mouvement contre l’aéroport. Quand une partie des zadistes préférait rappeler l’apport dans cette lutte de ceux qui « portent l’autogestion, l’action directe, des modes de vie et des pratiques radicales ». Evoquant aussi bien les « conflits » que les « complicités » entre les composantes de la ZAD, la dizaine de personnes, masquées, qui ont pris la parole, ont martelé leur volonté de combattre « le système capitaliste, sa croissance, ses polices, ses frontières, ses armées, ses bulldozers… »

Et si la victoire est réelle contre le projet d’aéroport, cela ne suffit pas, disent-elles. « Maintenant que notre ennemi le plus clair et le plus commun a disparu, le capitalisme vert rêverait bien d’une zone éco-bio participative, d’une intégration tranquille mais en règle (…). C’est pour éviter cela que nous resterons en lutte. » Le débat est loin d’être terminé dans la ZAD.

De prisonnier à détenu

  69 375 prisonniers, 100 000 détenus 

 

Voilà le compte : 69 375, un chiffre qui augmente, encore. C’est le nombre officiel de personnes enfermées dans les prisons françaises. On ne saurait jamais assez écrire sur ces 69 376 personnes privées de liberté – et c’est bien peu dire – et dénoncer les conditions dans lesquelles elles sont emprisonnées. Mais, comme souvent, c’est un chiffre qui, aussi frappant soit-il, cache un système plus large et complexe. Car s’il y a 69 375 prisonniers, combien y a-t-il de détenus ? Qu’est-ce qu’un détenu ? Détenir, c’est bien plus qu’arrêter et enfermer ; c’est, si on s’appuie sur l’étymologie latine, non seulement empêcher, mais aussi détourner et surtout tenir éloigné. N’y a-t-il donc que 69 375 détenus en France ? Ces questions sont celles qui peuvent guider une réflexion non pas seulement sur la prison, mais sur les enfermements, tels qu’ils ont commencé à être décortiqués savamment par Foucault : les prisons, les hôpitaux, les couvents, les usines, les écoles. Ces études sur les lieux d’enfermement révèlent plusieurs choses : d’abord, l’évolution du système carcéral et des sociétés punitives et disciplinaires. Mais surtout – en tout cas, c’est ce sur quoi on peut réfléchir ici – le traitement des corps et vies qui accompagne cette évolution. En somme, Surveiller et punir permet de penser plus largement la question des détenus.

Si on pense le détenu comme celui qui est tenu éloigné, le problème essentiel auquel on est confronté en ce moment – et en fait depuis près d’un siècle maintenant – est la pensée des lieux où il ne s’agit pas tant d’enfermer mais de mettre au ban. En cela, l’une des questions majeures de notre temps est celle du camp. Cette question se pose radicalement dans la tragédie de la Seconde Guerre mondiale et l’ignominie inqualifiable du racisme nazi1 ; mais elle ne s’arrête pas avec la fermeture de ces camps de travail ou d’extermination. On est en effet aujourd’hui nous-mêmes confrontés à la résurgence du lieu du camp, sous une autre forme2 : celui réservé aux réfugiés. C’est en tout cas ce que cherche à penser le philosophe italien contemporain Giorgio Agamben, dans toute son œuvre et précisément dans les ouvrages qui constituent Homo Sacer. Avec Agamben, le problème de l’enfermement se déplace en quelque sorte du problème du prisonnier vers celui du détenu, ou, selon ses termes, de « l’exclu ». L’exclu, pour Agamben, se trouve dans une situation paradoxale : il est à la fois exclu par le droit, mis au ban de la société, enfermé, placé en détention, requis à un lieu qui lui a été assigné ; mais par-là même, par cette action du droit ou de la politique sur sa situation, il se trouve inclus dans le système qui s’attache à le redéfinir. S’il étudie cette forme à partir de la figure primitive du droit romain de l’homo sacer3, homme sacré, cette figure de l’exclusion-inclusion constitue une structure qui éclaire l’analyse plus générale de ceux qui sont mis au ban de la société. On peut donc placer la question du détenu au cœur du problème de l’enfermement, et pour être plus précis, c’est aujourd’hui le réfugié qui représente le plus clairement cette détention.

On peut, pour mieux comprendre l’importance de la réflexion sur le camp, lire Agamben lui-même, dans Moyens sans fin :

« Au lieu de déduire la définition du camp à partir des événements qui s’y sont déroulés, nous nous demanderons plutôt : qu’est-ce qu’un camp, quelle est sa structure juridico-politique pour que de tels événements aient pu s’y produire ? Cela nous conduira à considérer le camp non comme un fait historique et une anomalie appartenant au passé (même si, éventuellement, toujours vérifiable), mais, en quelque sorte, comme la matrice secrète, le nomos de l’espace politique dans lequel nous vivons encore ».

La première idée est donc de considérer le camp comme structure juridico-politique. C’est penser plus qu’un lieu : un système, un ensemble qui est non seulement spatio-temporel, mais où se lient des questions et des enjeux politiques et juridiques. Sans entrer dans l’analyse complexe élaborée par l’auteur, on peut aller tout de suite à l’idée de matrice secrète, d’espace politique, qui semble-t-il, détermine toujours notre époque. Pour le comprendre, Agamben se réfère notamment dans ses ouvrages à l’exemple des lieux de détention caractéristiques des démocraties contemporaines, avec comme modèle, Guantánamo : ce qui importe, plus que l’enfermement des ennemis de l’État, c’est la façon dont on les dénude juridiquement. On les prive de toute identité personnelle, mais aussi juridique, et par la création de cet espace de non-droit, on peut justement faire de ces détenus des hommes sacrés sur lesquels peut s’appliquer la cruauté que l’on sait. Pour Foucault, les prisons produisaient les délinquants ; on peut en un sens dire avec Agamben que les lieux comme Guantánamo produisent des détenus, des corps privés de tout droit, des bannis. Dans le camp, par analogie, on peut peut-être voir la production d’autres hommes bannis. En ce sens, le traitement des détenus de Guantánamo est analogue à celui des détenus des camps de travail : on les prive de leur identité, de leur droit, de leur dignité, à la différence majeure qu’eux ne sont coupables qu’au regard d’un droit raciste et totalitaire.

Dans le camp de réfugiés, on doit, de fait, considérer la situation d’individus juridiquement extra-ordinaires. Le réfugié, c’est cet individu qui quitte son foyer, son pays, et donc la situation juridique qui était la sienne avant l’émigration. Le réfugié est donc en un sens « hors du droit » : il est en attente d’une reconnaissance de son statut, en attente d’une redéfinition de son droit. En un autre sens, il est complètement soumis à ce droit qu’il attend, et surtout qui le détient. Le camp de réfugié est donc un lieu de détention dans le sens où l’on y place des individus à caractériser, à définir juridiquement. En attente d’un autre voyage ou de la possibilité de rester, le réfugié est mis au ban de la société dans laquelle il cherche à se réfugier : il y est retenu tout en en étant éloigné. Ayant pensé cela, on se retrouve face à une autre question : à quoi sert le camp4 ? Car si on a ici, vu l’aspect juridique de la question, il faut aussi voir son revers : l’aspect politique. Ce dernier s’est manifesté récemment à travers la question de la déchéance de la nationalité : produire des hommes exclus du droit pour créer des zones de non droit. Ce qui semble se manifester dans la question de l’exclusion, du réfugié, et plus généralement du détenu, c’est la nécessité pour l’État d’établir ces espaces totalitaires où s’exerce un pouvoir absolu sur les corps. Cette possibilité d’un exercice sans limite du pouvoir dans des lieux définis par le droit même, doit être pensée et réfléchie plus attentivement, plus rigoureusement, tant elle constitue un risque et un enjeu dans nos sociétés « démocratiques ». Le camp est donc bien l’objet d’une réflexion et d’une critique nécessaires non pas seulement parce qu’il représente tout ce contre quoi les libertaires luttent, mais parce qu’il porte des enjeux politiques majeurs. Il est potentiellement le lieu d’une production d’individus mis à nus et exposés à la violence de l’État. Le problème des réfugiés, celui des détenus, met en question tout un système qui est celui contre lequel nous nous battons : c’est en cela que nous nous devons de le prendre en charge.

 

Quentin, Groupe Botul de la Fédération anarchiste, Paris   .https://blogs.mediapart.fr

1 On peut aussi évoquer le Goulag, la différence étant qu’à la fin de la guerre et avec la chute du régime nazi, ses camps ont été ouverts et découverts. L’ouverture des camps russes est plus tardive. Encore une fois, on pourrait établir d’autres différences, mais il s’agit ici de dégager une structure analogique. Par ailleurs, il convient de rappeler que le lieu du camp a été inventé avant le nazisme, ailleurs que dans le Reich.

2 Une des questions est d’ailleurs de savoir si ces camps sont si différents, au moins dans leur forme. Sur cette question, voir Ce qu’il reste d’Auschwitz de Giorgio Agamben.

3 Dans le droit primitif romain, l’homo sacer était un individu homicide, reconnu tel par le droit et la justice, et qui par-là était mis au ban de la société. Ainsi, il était privé de tout droit : s’il ne pouvait plus être sacrifié, il pouvait être tué par n’importe qui, sans que son assassin soit pour autant jugé pour meurtre. L’homo sacer est confronté en chaque instant à la mort. En cela, il est à la fois inclus (car son statut est juridique, il est le fruit de l’application du droit) et exclus, car mis au ban de la société et privé de tout droit. Pour être plus précis et juste, se référer au premier ouvrage d’Homo Sacer : le pouvoir souverain et la vie nue.

4 C’était la question adressée par Foucault au système carcéral : considérer sa positivité et demander à quoi il sert et en quoi il marche. La prison produit le délinquant.