valence, france 1er décembre lelaboratoire anarchiste: Invitation à la causerie sur les luttes autonomes dans l’Espagne des années 70
Salut, suite à un empêchement de dernière minute, les personnes
attendues ne pourront être présentes le 27 novembre à 18h00 à la causerie organisée par le Laboratoire Anarchiste autour du livre « LEPARI DE L’AUTONOMIE », histoire des luttes autonomes en Espagne des années 1970. Mais ce contre-temps ne nous empêchera pas de se retrouver avec les personnes attendues le samedi premier décembre à 18h même lieu même adresse.. 18h c’est l’heure de l’apéro soit avec du bon vin rouge et aussi pour celles et ceux qui préfèrent des bons jus de fruit avec une auberge espagnole pour poursuivre la discussion interrompue
18h00- causerie sur les luttes «autonomes»dans l’Espagne des années 70 en
présence du coordinateur du recueil de textes Le pari de l’autonomie
Il y a un demi siècle « mai 68 en France fut la figure de proue d’un mouvement plus vaste commencé à Berkeley en 1964, qui continue avec la révolte des ghettos noirs aux états unis en 1966, la lutte conte la guerre du Vietnam…
Jeunesse, spontanéité ont présidé à ces événements[…]
Qu’une nouvelle génération , par sa seule et propre expérience , soit parvenue à démystifier l’imposture endurée et dénoncée en vain durant plusieurs décennies par l’avant garde traditionnelle, voilà qui constituait la preuve irréfutable d’un changement historique désormais acquis[…]une révolte qui exprime une rupture avec le vieux monde à travers les luttes anti autoritaires, anti hiérarchiques, anti bureaucratiques et qui ne se préoccupent pas de passer sous les fourches caudines du programme anti- capitaliste classique défendu par les organisations de la classe ouvrière et les groupes gauchistes ( la gauche du capital […]C’est cette révolte qui met en crise le système par l’intermédiaire d’un événement qui ne correspond pas à une crise économique, mais qui fonctionne comme dévoilements des contradiction » extrait de mai 68 et le mai rampant italien J.WAJNSZTEJN
Dans la péninsule Ibérique, dans les années 1970 l’appareil franquiste en fin de règne , puis le gouvernement chargé d’assurer la transition dite »démocratique » ont chacun leur tour du mal à contenir les conflits qui secouent lieux de travail, quartiers et prisons .
Dans une large mesure ces deux mouvements refusaient d’être dirigés , se méfiaient des politiciens et des syndicalistes.Bref , se construisaient autant contre ceux et celles qui cherchaient à encadrer leur révolte contre le pouvoir en place. Beaucoup faisaient le pari de l’auto-organisation et de l’autonomie !
C’est pour ces perspectives que ces luttes nous parlent et nourrissent notre recherche.
Mardi 27 novembre ___au laboratoire ( 8 place saint jean) place du marché couvert
Récit de luttes dans l’Espagne des années 70
18h causeries sur les luttes « autonomes » dans l’Espagne des années 70 en présence du coordinateur du recueil de textes :Le pari de l’autonomie.,
Convergences parallèles
Vetriolo, giornale anarchico, num. 2 / automne 2018
L’insurrection qui sera
Il y a un anarchisme qu’on pourrait définir « asocial ». Il court derrière les luttes, il est toujours à la recherche du bon terrain où intervenir, mais une fois qu’il l’a trouvé, il en est dégoûté. Il nourrit de la rancune envers l’inertie de la société, avec laquelle cependant il faut toujours qu’il revienne à se confronter. Parce que l’insurrection c’est un fait social. Chaque geste de révolte dans le monde est social, généralisé, patrimoine de tout le monde. Qu’il s’agisse d’un djihadiste en Syrie ou d’un black-out dans le petit village de Colleferro, qu’importe ? Le monde est en feu. Il est naturellement difficile de savoir à quelle volonté cela est du, cependant c’est un fait. Coup de bol ou action consciente, et avec quel objectif… cela ne doit avoir aucune importance. La clarté on l’exalte parmi les compagnons, dans l’effervescence sociale elle ne marche pas, on la stigmatise consciemment. Parce que l’insurrection sera sociale ou ne sera pas. L’insurrection, qu’est ce qu’elle sera ?
Et alors l’ « asocial » essaye de s’imaginer plongé dans ces fameux faits, là où ça bouge, dans les zones d’interventions. Non, pas à Colleferro. Il va en France, par exemple. Du coté de Nantes. Sur la ZAD, laboratoire de résistance à un aéroport et d’expérimentation d’une « vie autre». Une expérience de cohabitation.
L’insurrection qui viendra
Là, l’« asocial » trouve le social, la grande masse des citoyens. Il la regarde en chien de faïence, il prouve instinctivement pour elle de la répulsion, mais il sent que c’est là qu’il doit aller, là où ça bouge. Parmi les masses, il trouve un groupe : celui-ci aussi, il parle d’insurrection. Il se définit d’invisible. Mais pour lui l’insurrection, vue égalent comme encore embryonnaire, mais diffuse à perte de vue, est quelque chose à orienter, à diriger ; elle ne peut pas y arriver toute seule, elle a besoin de l’art de la politique avec tous les moyens. L’insurrection viendra ; elle a simplement besoins de chefs et de manœuvre, pour grandir. L’insurrection qui viendra.
Noir fumée
En plus du mantra insurrectionnel, « asociales » et invisibles ont donc en commun une certaine fascination pour ce qui est éthéré, ce qui est indistinct. La fumée des barricades fonctionne comme une cage : l’effervescence apparaît comme diffuse et non définie. Généralisée et vague.
Les deux revendiquent leurs contours flues : les invisibles pour mieux se cacher derrière des cabales, d’où diriger ; les « asociales » pour mieux creuser parmi le peuple bariolé. Caméléons les premiers, incognito les deuxièmes.
Entre les deux, il y a les citoyens, qui semblent presque la pomme de discorde d’un duel.
Ce n’est pas que je me serais laissé aller à une vision simpliste du monde, mais, que cela puisse plaire ou pas, c’est sur le corps social que les deux font leurs calculs. D’un côté on veut le manipuler, de l’autre on veut y coller dessus ses propres théories. En tout cas, c’est une galère, cette expérience d’une « vie autre » !
Mais il est difficile de faire la différence entre toutes ces projectualités avides. Des contradictions apparaissent. Non pas celles internes à la lutte, non. Celles-ci on a décidé de les accepter à partir du moment quand on a choisi de faire converger sur le même terrain autoritaires et anti-autoritaires. Des contradictions apparaissent parmi les « asociales » eux-mêmes. Du coup, ils font leur apparition des groupes de type Légal Team, mais contre l’État et la police, bien entendu. On jacasse de « force du collectif », de « lutte de pouvoir asymétrique ».
Fumée dans les yeux
Tout cela est facile pour les invisibles. Ils sont un groupe plus pragmatique, ils prennent en main la situation, ils dictent la politique à suivre. Ils se posent en caïds de la future insurrection, celle qui viendra, utilisant pour cette finalité les citoyens sociaux et les anarchistes « asociaux ».
Du coup ces derniers, non plus agissants mais agis, cultivent leur rogne, à cause de l’énième arnaque subie. Ils se sont rendu compte en retard que le pouvoir se trouve des deux côtés de la barricade qu’ils ont construit, mal cachés derrière la façade collective, et comprennent que du coup l’expulsion sera sociale ou ne sera pas. Cette fois-ci ils devinent. C’est l’expulsion, et elle est sociale, diarne !
Chassé par le pouvoir collectif et social qui voit ensemble citoyens et invisibles, l’ « asocial » ne se laisse pas abattre. Après un premier désarroi et quelques années passées à morfler, il revisite la critique des scénarios écrits à l’avance. En une semaine à peine, il renverse la formule qui était acceptée comme valide jusqu’à la veille. Mais d’ailleurs, les contours mal définis servent à cela aussi : à brouiller les eaux.
Pour se donner à nouveau un ton, il déclare être contre la composition, puisque après avoir été réprimé par ses voisins de cabane, c’est le tour d’être rejeté par les deux autres composants. Pourtant, même si touché, il continue à s’attarder sur le passé. Maintenant il est contre la composition, mais il continue à faire peser la Trahison de la « gestion collective de la ZAD » sur ceux qui ont présenté des « projets individuels ». En somme, il n’arrive pas encore à croire à son refus d’un front uni.
D’un côté : invisibles, de l’autre : volontairement aveugles.
Noir poison
La rogne grandit à vitesse grand V et avant le point de non-retour l’ « asocial » explose. L’assemblée des décisions collectives qui ne sont plus appréciées devient un « organisme du pouvoir bureaucratique de la ZAD ». La ZAD elle-même est maintenant « un pouvoir en plus à renverser ».
Cela est le modus operandi classique de l’ « asocial » dans toutes les luttes. Remarquez-le à l’occasion du prochain foyer qui brillera à l’horizon. Au début il est fasciné par l’agrégation multiforme et indéfinie, puis il commencera à marmonner à cause de l’arrivée de la politique.
Jaloux de sa niche, il préfère voir le compromis seulement lors des moments de plus forte « popularité » des luttes (quand ils arrivent en soutien auteurs de bandes dessinées, intellectuels, musiciens et délateurs différents et variés). Un peu comme l’attitude des punks par rapport aux Green Day.
Du coup, quand la lutte ne sera plus pour vrais connaisseurs, il s’en sortira avec poison et communiqués, maudissant l’intrusion d’autres luttes plus pop. Entre une insulte et l’autre il trouvera le temps, pour pédanterie ou pour auto-absolution, d’expliquer aux autres anarchistes (qui peut-être prennent bien garde de se faire des illusions, dans de telles situations) qu’une merde est une merde, qu’un politicien est un politicien, qu’on ne négocie aucun projet et qu’on ne présente pas de pétitions. Son éruption contre les invisibles est une catharsis.
C’est totalement correct, ou presque, ce que tu dis en retard, mon cher ami « asocial » . Je croyais que tout le monde le savait déjà. Entre-temps, tes derniers feux de rage devraient être éteints. Ta haine – tout comme ta rogne – est psychosomatique : elle s’apaise en crachant sur les barricades que tu laisses derrière toi, pendant que t’es déjà à la recherche de la prochaine arnaque.
« Celui qui frappe ne haïra pas l’ennemi, puisqu’il ne pourra pas le voir ; et la victime ne haïra pas celui qui la frappe, puisque celui-ci ne sera pas perceptible »
Günther Anders
Marco
prison d’Alessandria, août 2018
Publication, France : Nouveau numéro de « Sans détour »
Le N.1 du journal anarchiste apériodique Sans Détour vient de sortir. Les personnes intéressées peuvent nous écrire pour nous demander des exemplaires [à l’adresse sansdetour[at]riseup.net].
Extrait de l’édito:
« […] ce n’est pas la promesse d’un résultat heureux qui nous décide.
Nous n’agissons jamais à crédit, au contraire, chaque prise d’initiative, chaque pas en avant porte déjà avec soi son sens et sa raison d’être. Parmi eux, la réponse immédiate et en acte à une tension qui nous traverse. Une tension bien souvent incommodante, celle qui nous agite et qui, agrippée à notre épaule, nous murmure à l’oreille : et toi, que fais-tu face à tout cela ? Cette tension qui n’est pas aveugle, mais qui est enrichie par l’analyse, la compréhension active, l’étude de ce qui nous entoure. Une tension qui donne du sens à nos efforts, à nos recherches, à nos prises d’initiatives, qui nous pousse à sortir du confort relatif de nos existences et à nous aventurer sur des chemins inconnus et dangereux. Une tension pour laquelle il vaut la peine de vivre, qui donne la force d’assumer les conséquences de certains choix, d’affronter la répression et qui peut aussi conférer un véritable sens à la mort.[…] »
Au sommaire de ce numéro:
-Des litchis en hiver. A propos d’exotisme et d’internationalisme
-Expansion techno-industrielle et résistances au pillage
-L’idéologie de la science
-2+2=7
-Des coups contre la prison
-Lectures intempestives
[Reçu par mail]
Valence,france: le centre pénitentiaire se prépare t’il pour le SAS(structure d’accompagnement vers la sortie)?
Pour rappel, au terme de partenariats public-privé (PPP) les groupes suivants conçoivent, possèdent et/ou gèrent déjà de nombreuses prisons depuis une dizaine d’années : Bouygues (Nantes, Réau-Melun, Annoeullin-Lille, Le Havre, Poitiers-Vivonne, Le Mans-Coulaines), Eiffage (Béziers, Roanne, Nancy-Maxéville, Lyon-Corbas) et Spie Batignolles (Valence, Beauvais, Riom). Quant aux deux derniers gros groupes de BTP, ils ne sont pas en reste, puisque c’est Vinci qui s’est occupé de reconstruire La Santé à Paris (réouverture le 7 janvier 2019) et du chantier des Baumettes-2, tandis que c’est Léon-Grosse qui va construire la nouvelle prison alsacienne de Lutterbach. Si les nouvelles taules ne seront plus construites en PPP mais en ayant recours à des « contrats de conception-réalisation », ce sont ces mêmes entreprises qui continueront à s’enrichir sur l’enfermement, au même titre que les fournisseurs Sodexo (en contrat avec 34 prisons françaises plus 60 autres dans le monde) ou Gepsa, filiale d’Engie (ex GDF-Suez), présente dans seize prisons et bon nombre de centres de rétention pour sans-papiers.
radio France bleu Drome Ardèche mardi 27 novembre 2018 à 2:27 – Mis à jour le lundi 26 novembre 2018 à 15:38
Deux ans après la mutinerie à la prison de Valence, bientôt le début des travaux
Deux ans après la mutinerie qui avait fait de gros dégâts à la prison de Valence, dans la Drôme, le chantier de réparation devrait débuter d’ici la fin de l’année. Il devrait durer sept mois.
Valence, France
Le 27 novembre 2016, des détenus du quartier maison centrale, celui des longues peines, mettaient à sac tout un bâtiment. Ils ont même déclenché un incendie dans trois cellules. Les flammes et les fumées ont dévasté le rez-de-chaussée et les étages. Les détenus avaient également cassé les caméras de vidéo-surveillance à coups de casserole et projeté au sol du gros électro-ménager (machine à laver) depuis les étages supérieurs. Depuis, ce bâtiment est resté vide. Inutilisable. Il a fallu beaucoup de temps à l’administration pénitentiaire pour organiser le chantier de remise en état.
L’administration explique avoir rencontré deux freins. Elle n’est que locataire du centre pénitentiaire de Valence. Les murs appartiennent à un partenaire privé et la négociation s’est révélée compliquée entre les deux parties. Ce chantier est d’une grande ampleur, et chacun souhaitait payer le moins possible.
Ensuite, il n’était pas question de reconstruire à l’identique et de risquer une nouvelle mutinerie. Un audit a donc été réalisé. Une étude pour améliorer les dispositifs de sécurité du bâtiment. Et cela a pris du temps, mais l’administration pénitentiaire l’assure : c’est désormais réglé et « tout est mis en oeuvre pour démarrer le chantier en décembre ».
Le chantier devrait durer sept mois. Les dégâts causés par la mutinerie avaient été estimés à un million sept cent mille euros. Les réparations, elles, coûteront plus cher mais aucun chiffre précis n’est annoncé pour l’instant.
Allemagne : D’Hambourg à Leipzig, des flammes pour SPIE – 8 et 16 novembre 2018
Leipzig : voiture de service Spie (Fleischhauer) en flammes – 16 novembre
Dans la nuit de vendredi 16 novembre à Leipzig, nous avons incendié un véhicule de service de la société « Spie Fleischhauer » dans le quartier Connewitz. Nous exprimons ainsi notre mépris et notre haine de l’industrie carcérale horrible. L’attaque directe contre la propriété de ceux qui rendent possible la domination et la répression est pour nous une composante nécessaire de la lutte pour une société libérée !
Nos salutations vont à toutes les personnes qui sont dans les taules des dominants, qui ne se découragent pas et s’opposent chaque jour à la répression et à l’exploitation. Nous saluons particulièrement Nero* et nos compagnon.nes de Berlin après les perquisitions de la semaine dernière** (1). Votre courage et votre détermination nous donnent de la force !
SPIE est un des prestataires de services de premier plan dans l’industrie carcérale, l’industrie du lignite et du nucléaire, et ce pas uniquement en Allemagne.
Après qu’une camionnette de SPIE a été incendiée en avril à Berlin, le commando « Sébastien Briat » résumait en quelques mots :
« En France, la société SPIE est le gros concurrent de Vinci en matière de prestations de services. L’entreprise basée en France se confond avec sa filiale SPIE Nucléaire qui s’implique dans l’industrie nucléaire. En Allemagne, SPIE SAG est impliquée dans l’extraction de charbon et se vante de son partenariat de longue date avec RWE. Les outils pour l’extraction de lignite de RWE ont été transportés dans la forêt de Hambach par SPIE. »
La filiale SPIE FLEISCHHAUER GmbH en tant qu’entreprise technologique de l’information, de la sécuité, des médias et du réseau électrique est également active dans la prestation de services en prison. En même temps, SPIE FLEISCHHAUER se spécialise ici dans la gestion des risques et les systèmes de télécommunication. Pour les riches, les banques et les entreprises, elle offre des systèmes de surveillance intelligents pour protéger la propriété. A Leipzig, l’entreprise participe actuellement à l’agrandissement du centre de détention de Leipzig.
Avec l’Etat et ses institutions, il est impossible d’avoir une vie libre et autodéterminée. Nous restons dans une solidarité combative avec tous les individus qui sont harcelés par les flics, les procs et les maton.nes, exploités et enfermés !
Liberté pour Nero !
(1) Free Nero Blog: https://freenero.blackblogs.org/texte Récapitulatif sur les coups répressifs à l’encontre du squat Rigaer94: https://de.indymedia.org/node/26080
De plus, nous avons pu observer après notre excursion nocturne, que les flics semblaient patrouiller mais ignorer les véhicules de société et les voitures de luxe en flammes!
Cela signifie pour nous : Livrons plus de bagnoles aux flammes !
C’est si simple ! Des pistes sont trouvables ici : https://militanz.blackblogs.org/42/
[Traduit de l’allemand de Chronik]
NdT :
*Sur l’affaire du compagnon Nero et les attaques en solidarité qui ont été réalisées: https://sansattendre.noblogs.org/post/tag/solidarite-avec-nero/
**Jeudi 15 novembre à 6h du matin, les flics du commando spécial des forces armées (SEK) armés de fusils d’assaut ont fait irruption au Rigaer94. Pour justifier leur intervention, ils ont affirmé être à la recherche d’une personne et des preuves pour l’inculper. Les forces de l’ordre ont forcé l’accès en empruntant les couloirs des 93 et 95 de la Rigaer Staße afin d’accéder au toit, au jardin et à la cour du Rigaer94. Les communs ont été entièrement filmés et minutieusement fouillés, tout comme les appartements du squat. L’avocat du propriétaire du bâtiment et des flics s’est pointé vers 7h30 et s’est mis à inspecter des parties du lieu. Les flics n’ont pas pu mettre la main sur la personne recherchée et n’ont arrêté personne. Selon la presse, la perquisition a été un échec.
Hambourg : attaque incendiaire du parc automobile de l’entreprise SPIE – 8 novembre 2018
Dans la nuit de mercredi 7 au jeudi 8 novembre, nous nous sommes introduit.e.s sur le terrain de SPIE afin d’y déposer des engins incendiaires sous plusieurs véhicules.
Nous voyons notre acte comme un appel à agir contre ce prestataire de services de l’industrie carcérale, de l’industrie du lignite et du nucléaire et voulons que cette attaque en appelle d’autres. La société SPIE est une des nombreuses boîtes qui tirent profit de l’enfermement et de l’oppression et le sabotage de sa propriété, un moyen d’attaquer directement la domination.
Car ce système est capable de fonctionner uniquement avec des entreprises qui lui facilitent le travail, comme SPIE.
Ainsi, SPIE a déjà été attaquée à de nombreuses reprises dans d’autres villes et identifiée comme responsable. Le commando « Sébastien Briat » incendiait dans la nuit du 23 au 24 avril à Berlin une camionnette de l’entreprise. Dans le fond de sa revendication, il a enflammé l’entreprise par ces mots…
« En France, la société SPIE est le gros concurrent de Vinci en matière de prestations de services. L’entreprise basée en France se confond avec sa filiale SPIE Nucléaire qui s’implique dans l’industrie nucléaire. En Allemagne, SPIE SAG est impliquée dans l’extraction de charbon et se vante de son partenariat de longue date avec RWE. Les outils pour l’extraction de lignite de RWE ont été transportés dans la forêt de Hambach [2] par SPIE. »
Mais SPIE n’est pas seulement active dans les secteurs mentionnés ci-dessus. Car la firme gagne aussi de l’argent en œuvrant à la technologie de la sécurité dans les taules. C’est pourquoi dans différents Länder de l’État fédéral allemand, des véhicules de SPIE ne cessent de partir en fumée nuitamment. Dans sa revendication, le groupe d’action en mémoire à Rémi Fraisse communiquait :
En solidarité avec toutes les personnes qui luttent en prison ou dans les rues, nous avons incendié cette nuit [3 octobre 2016, NdT] une voiture du constructeur de prisons ‘SPIE’. Nous relions directement notre action avec les compagnon-nes de Toulouse qui ont agi de la même façon dans la nuit du 20 au 21 septembre. SPIE est une énorme entreprise, qui a par exemple participé à la construction d’une prison à Leuze-en-Hainaut (Belgique). Depuis des années là-bas, une lutte intense est menée contre l’industrie carcérale. Il y a une liste noire des entreprises dont les moyens de production sont attaqués. Mais des responsables importants ont reçu de la visite chez eux. C’est ce qui s’est passé par exemple pour le directeur de la prison de Bruges, qui s’est fait cramer ses voitures devant chez lui.
Toutes ces actions nous ont motivéEs à entreprendre quelque chose contre cette grosse entreprise. Nous en appelons à toutes les personnes qui veulent résister à celles et ceux qui font des bénéfices sur la servitude.
Action directe et auto-organisation pour la liberté !
[Traduit par sans attendredemain de l’allemand de chronik]
valence, france Rappel le 27 novembre au laboratoire anarchiste
Bonjour,
Le copain des Édition du Soufflet qui devait présenter le livre qu’iels
ont publié de récits de luttes dont iels ont traduit sur les luttes
autonome en Espagne . La voiture est en rade en attente de pièces mécaniques
Nous annulons donc la présentation prévue ce mardi.
Le copain espère pouvoir venir dans le coin , nous ne
manquerons pas de l’accueillir à cette occasion. La date de la présentation du livre sera annoncée ce soir là
on représentera le 27 novembre( avec auberge espagnole) et Apéro solidaire ,l’exposition » contre la guerre contre la paix , révolution sociale ! » et des livres en connexion avec cette exposition Ce sera une occasion de discuter notre refus du système capitaliste et notre récusation de cette domination : ses conséquences sur la répression des opposant.es, la montée du fascisme, le creusement des inégalités sociales, la destruction de la Terre. Nous ne voulons pas discuter à la table des saigneurs
Une idée en armes
Valence, France:centre pénitentiaire répression et drogue
.La journée avait été agitée ce 15 novembre à la prison. Un prisonnier mécontent de ne pas avoir reçu ses cantines a été jugée. Le fonctionnaire avait été frappé à coups de poing au visage et au cou et avait été évacué aux urgences pour y être soigné.le prisonnier est immédiatement conduit au quartier disciplinaire par plusieurs fonctionnaires
Le prisonnier a été condamné à 8 mois ferme et 800 euros de dommages et intérêts
Dauphiné libéré 26/11/2018
De nouvelles projections ont eu lieu à l’intérieur du centre pénitentiaire de Valence ce samedi 24 novembre, indique ce lundi dans un communiqué, le syndicat Ufap-Unsa Justice.Les colis ont été projetés dans un quartier de la maison d’arrêt et sur le terrain de sport de l’établissement. Lors de fouilles, « 250 grammes de résine de cannabis, 7 grammes d’herbe, de la viande, des téléphones portables ont été retrouvés », précise le syndicat qui « demande dans les plus brefs délais la pose de bardages, de concertinas (fil de fer barbelé) et des filets anti-projection »
Prisons : La drogue et la répression
La répression ne se limite pas seulement aux coups de matraques et aux barreaux. La répression consiste aussi d’obéissance, de soumission et de résignation ; des valeurs que le système nous vante jour après jour. En plus, la répression n’est pas le résultat d’un complot diabolique d’une conspiration de quelques dominants, mais bien une dynamique sociale qu’on peut identifier dans des rapports sociaux, des structures et des personnes.
La drogue, légale comme illégale, joue un rôle répressif important. A l’intérieur des mûrs également, la fonction qu’exerce la drogue devient très claire.
Le plus grand trafic de drogue dans la prison est organisé par la prison elle-même. En premier plan, il s’agit des anesthésiants et des calmants, comme le fameux Hadol. Parfois, les médecins prescrivent l’administration des calmants, parfois ce sont les matons eux-mêmes qui décident de droguer un détenu. A côté de cette médication forcée, il y a beaucoup de prisonniers qui demandent ‘eux-mêmes’ des calmants. La perversité de ce système, se cachant derrière le libre choix et la démocratie, devient claire comme de l’eau de roche : d’abord on enlève toute perspective aux gens, on les plonge dans une situation sans issue et ensuite on leur offre la possibilité bien facile d’oublier tout ça. Ceci n’en est pas autrement pour les drogues illégales comme l’héroïne. Dans la majorité des cas, ce sont les matons eux-mêmes qui font entrer l’héroïne et se font une jolie somme. Tous ceux qui travaillent dans la prison le savent très bien : quand quelqu’un est accroché à l’héroïne c’est qu’il y a un trafic – et dans aucune prison ils n’essayent même pas de prétendre vouloir en finir avec ça. Pourquoi ? Parce que l’héroïne réduit les personnes à l’état de plantes ; parce que la drogue enlève une grande partie, sinon la totalité de la force des personnes désirant développer une perspective propre, désirant s’affronter à la réalité et défendre sa propre dignité contre les tentatives d’extermination du système carcéral.
Il est important de refuser al fausse distinction entre la drogue légale et la drogue illégale. Légal et illégal sont des catégories qui appartiennent à la domination, ce qui pour autant ne signifie pas que ce sont des impératives absolue pour l’Etat et ses servants. Ce ne sont que des instruments dont ils font usage, selon la situation et le besoin, pour maintenir et renforcer leur pouvoir.
La drogue n’a pas comme seule fonction d’apaiser ou d’exterminer des prisonniers, mais fournit également aux détenus et aux directions un levier puissant. Lorsqu’ils ont réussi à rendre quelqu’un dépendant d’une drogue, et donc en même temps soumis à son administration, ils le/la gardent presque entièrement sous contrôle. Ils disposent du levier nécessaire pour forcer un prisonnier à obéir en échange de la piquouse quotidienne, ils peuvent obliger un prisonnier à faire ce qu’ils veulent – et pas des moindres comme balancer, passer des informations aux matons, provoquer des bagarre entre détenus et recruter de nouveaux accros.
Exactement comme à l’extérieur, la drogue est un aspect non négligeable de la stratégie du pouvoir pour maintenir la domination. Fin des années 80, plusieurs États ont fait un usage très voyant de la drogue pour casser une dynamique de révolte. C’était la police elle-même qui faisait entrer l’héroïne, qui mettait à sec l’arrivée du cannabis, qui organisait le trafic et qui protégeait les dealers.
Comme dans la rue, une partie de la rébellion dans la prison réside dans le refus de la drogue et dans le combat contre ceux qui rendent possible que la drogue détruise nos amis et amies, nos compagnons et compagnonnes. Il ne s’agit pas de savoir si quelqu’un utilise de la drogue, mais de viser à démasquer la stratégie derrière la diffusion de drogue et à quoi sa sert de rendre les gens accros.
[Extrait de Brique par brique, se battre contre la prison et son monde, Belgique 2006-2011, Ed. Tumult, P137-138.]
La vertu du supplice
non -fides.fr
samedi 3 octobre 2015
Territoire physique distinct et séparé du reste de la vie sociale, la prison et ce qu’elle représente et détermine semblent occuper un espace réservé même dans nos pensées, dans nos réflexions.
La Justice est un concentré des moyens par lesquels la société a choisi de régler ses conflits (par la force et par l’image) : la prison résume en elle-même ce qui nous écrase et nous opprime directement. Pour nous, il s’agit de comprendre comment et où on peut agir pour mettre fin à toutes les laideurs de la survie, en nous posant aussi la question de la destruction de la prison et de la justice. Et pour en finir avec la Justice, il est également essentiel d’arrêter de parler et de penser avec le langage du Droit, celui qui sert en général à dénoncer les « abus » de pouvoir. Ce n’est bien sûr pas pour cela que nous voulons contester au détenu tourmenté par le maton la possibilité de réclamer d’être traité correctement. Mais, en s’enfermant dans le tort partiel (les « abus » de maton) sans considérer la monstruosité représentée par l’existence même de la prison, le prisonnier se trouverait entraîné dans une comptabilité perverse : que signifie demander le droit d’être « traité correctement » ? N’importe quel individu n’aspirerait-il pas plutôt à ne pas être traité « du tout » ?
Les revers du droit
Avec le même mot, on définit le droit d’un individu d’obtenir ou de faire telle ou telle autre chose, et le Droit comme ensemble de textes et de pratiques judiciaires. Le second semble inclure et garantir le premier. Ainsi, le procédé démocratique consiste toujours à remplir le Droit par les droits de l’homme, alors que chaque droit duquel nous pourrions bénéficier est en lui-même une dépossession, une recherche de nous-mêmes dans quelque chose d’autre que nous. Mais les droits, qu’est-ce qu’ils définissent ? Une liberté conçue uniquement en termes négatifs : « Ma liberté s’arrête là où commence celle d’autrui ». Vision limitative de l’individu comme un territoire délimité des autres, vision de petit propriétaire à l’origine du fameux « mon corps m’appartient ». Ce n’est pas un hasard s’il manque à cette conception spatiale la dimension temporelle, une richesse fondamentale de l’homme.
Chaque droit est par nature un principe et un moyen pratique d’exclusion et de privation. Qui dit droit dit échange, car le Droit est là pour organiser une répartition mesurée de droits et de devoirs, et pour prévoir, en cas de dommage, le montant d’un dédommagement. Un droit appartient toujours à un propriétaire malheureux, parce qu’il a besoin d’un titre de propriété sur ce qu’il a peur de perdre ou ce que l’on peut lui soustraire. Le Droit a toujours pour but de gouverner une communauté qui n’arrive pas à vivre en communauté, pour qu’elle n’explose pas totalement.
Le Droit est aussi une idéologie : une construction mentale et rationnelle, qui sert à justifier la réelle fonction sociale de la justice.
Aujourd’hui, le Droit représente un instrument codifié, précis et quantifiant, qui détermine et indique ce que chacun, y compris chaque fonctionnaire de l’État, doit faire. La police est à la fois tenue de faire respecter des règles très sévères et obligée de les transgresser continuellement pour fonctionner. Le contrôle judiciaire de ses actes est une fiction : tout le monde sait que le flic utilise des instruments pour agir et exercer des pressions sur lesquels les magistrats ferment souvent les yeux. Qu’il s’applique à l’enquêteur ou au citoyen commun, le Droit ne sert pas à empêcher les excès, mais à les maintenir dans des limites raisonnables pour ne pas mettre en danger l’ordre social et les institutions. Tout comme la Peine sert à circonscrire la vengeance exacte de la partie lésée en la maintenant dans les limites stables et appliquées par un organisme tiers « au dessus des parties ». Parce que toute société prévoit des normes qui permettent aux dominants de régler leurs litiges, de légitimer leur domination et d’obtenir le consensus des exploités.
La Bible ne définit pas l’être humain : elle énumère, justifiant une telle opération par l’impénétrable et insondable volonté divine, ce qu’il faut et ne faut pas faire. L’époque moderne fournit en plus une définition de l’homme et se base sur celle-ci pour organiser les règles sociales. Il en est de même pour la justice, avec sa prétention d’établir ce qui est bon et ce qui est mauvais. D’où la classification entre « coupables » et « innocents ». Innocence et culpabilité sont des attributs constitutifs du mécanisme judiciaire car ils portent un jugement (que l’intéressé est vivement encouragé à intérioriser). Or, pour être clairs, comprendre et vivre les actes les plus crus (viol, homicide, torture…) ne signifie pas les juger. Qui dit jugement dit appréciation au nom de quelque chose qui va au delà des relations sociales que ces mêmes actes ont déterminées.
Comme le fait la Morale dans les rapports interpersonnels, la Justice applique à un conflit ou à une violence une norme préétablie, extérieure à l’évènement, pour rendre solennel le traumatisme, en le définissant pour l’éliminer. Dans cette logique, il faut qu’il y ait un coupable, et pas seulement un responsable, étant donné que la culpabilité pénètre le coupable, devient son être profond. La boucle est bouclée quand la justice prétend juger non l’action, mais tout l’être à la lumière de l’action, à grand renfort d’analyse des motivations, d’expertises psychiatriques et de tests de la personnalité.
Justice et démocratie
À mesure que les droits s’élargissent, la sphère de contrôle de l’Etat s’étend également, puisqu’il doit les faire respecter et en sanctionner la transgression. La tendance de la société démocratique est de pénaliser tout, de prévoir un texte et une punition pour toute forme de violence, de la gifle du parent sur son enfant au viol. L’extension des droits est synonyme de criminalisation généralisée. Elle a la prétention de bannir la violence directe de tous les rapports sociaux. Mais cela a pour conséquence de renforcer le monopole de la violence « légitime » de l’Etat, qui est infiniment pire que toutes les autres.
La justice ne diminue pas la violence, elle la normalise. Comme la démocratie, elle constitue un filtre à la violence et à l’intolérance.
Comme la démocratie, la justice fonctionne sur la base de la raison, sans recourir à la force. Mais pour que cette raison puisse s’exprimer, pour que la discussion ait lieu dans les termes dans lesquels elle se déroule, la violence brute est pourtant nécessaire. De la même manière, la démocratie se base sur le refus de la violence qui l’a générée et dont elle a besoin pour se perpétuer.
Et ce filtre de la violence filtre également l’action radicale, par exemple quand quelqu’un rentre dans un tribunal et ne parvient à proposer que ce qui est acceptable par la Cour. Cela n’est quand même pas une raison pour ne pas agir, ni pour regretter d’avoir agi, mais plutôt pour le faire consciemment : il ne peut exister d’intervention révolutionnaire à l’intérieur du cadre de la justice. L’appareil sépare l’accusé de la discussion qui le regarde en déléguant son pouvoir, comme on le fait continuellement en démocratie, à certains de ses représentants : dans ce cas aux avocats.
Le comble est qu’à travers la publicité du débat, en tant que « public » on est convaincu de contrôler la justice, alors que c’est la justice qui contrôle le public. L’image qui suinte des tribunaux est porteuse d’un message essentiel, répété hypnotiquement : l’Etat a le monopole de la violence ; et quand les conflits entre les gens rendent la vérité confuse et incertaine, c’est l’Etat qui résout : « j’ai aussi le monopole de la vérité ». La trilogie « police-justice-médias » doit être analysée dans son fonctionnement d’ensemble. Peut-être que le jeu entre ces trois partenaires est parfois perturbé, mais il est en mesure d’absorber tout scandale. Il y a scandale quand on remarque que quelqu’un a transgressé les règles : mais cette dénonciation présuppose que l’on reste à l’intérieur du jeu. La véritable rupture serait d’en sortir.
Aucune dénonciation, aucune lueur aveuglante de vérité n’a en soi la force de remettre en cause des institutions et rapports sociaux.
La prison sociale
Alors pourquoi s’occuper de la répression et de la justice ? Sûrement pas parce qu’il y aurait dans les tribunaux et dans les prisons une horreur exemplaire, primaire, essentielle. Pour remettre en question la société toute entière, nous n’avons pas besoin de chercher un comble de l’horreur qui ne saurait nous fournir d’éléments pour aller aux racines de l’exploitation et de l’aliénation. En outre, une échelle des niveaux d’atrocité est inconcevable. Le détenu en prison, le soldat qui s’entraîne ou qui combat dans la boue d’une tranchée, l’ouvrier qui tombe dans un accident de travail, le paysan qui peine seize heures par jour, ont chacun diverses bonnes raisons de voir dans leur condition un comble de l’horreur.
En réalité, une société solide et efficiente sait recouvrir un rapport d’oppression avec le miel des satisfactions partielles. L’humanisation du travail n’est-il pas un programme constant du capital ? Et puis, dans une société « libre » et démocratique, il ne faut pas seulement produire des richesses, il faut surtout « trouver une occupation ». Finalement maintenant même en prison ils l’ont compris, personne ne doit plus rester oisif : on donnera un travail au prisonnier pour s’accaparer son temps et le mobiliser, en bouchant les trous de son emploi du temps. Comme le soutient également un nouveau ministre – le concept d’une peine infligée et c’est tout, ne réhabilite pas, il est historiquement et culturellement dépassé. Ainsi, ces mêmes sujets qui n’ont pas réussi à remplir et à « ennoblir » de cette façon leur existence quand ils étaient à l’extérieur des murs, se retrouveront à l’intérieur face à une occupation qui offrira vraiment des avantages considérables, à eux et à l’Etat.
Quel que soit le nombre de détenus qu’elle accueille, l’institution pénitentiaire est nécessaire à la société de classes. Sa suppression est une illusion comme le serait l’idée d’une économie gérée par la base, d’entreprises où les salariés pourraient « autogérer » leur propre exploitation (une horreur digne du plus sanguinaire des dictateurs). La prison a une fonction symbolique irremplaçable ; la réclusion de quelques uns réclame l’existence même de la norme continuellement violée, mais qui ne cesse pourtant pas de fonctionner en tant que référence, grossière frontière des limites à ne pas trop dépasser.
La société d’aujourd’hui, société de l’impuissance maximale, est aussi celle de l’assistance généralisée. Désormais, l’existence entière a besoin d’intermédiaires, ainsi prolifèrent les services publics, dont la fonction est assurée par le réseau des besoins qu’ils engendrent. L’État remplit le vide de l’existence avec des instruments qu’il utilise en même temps comme des outils de contrôle, tandis qu’il maintient des structures comme la prison en tant que lieux de décharge sociale. Cette fonction pourrait certes être aussi assurée d’une autre façon ; une société capable de s’auto-réformer s’en occuperait à moindre coût (social et comptable), mais ne cesserait pas pour autant d’entretenir cette fonction d’une façon ou d’une autre.
Les critiques superficielles et intéressées, incapables d’imaginer la fin de la justice, retiennent que celle-ci peut et doit être maintenue, peut-être sans besoin qu’elle intervienne, en imaginant une société future sans violence, en attribuant toute la violence actuelle aux méfaits de la société de classe. Tel a été le rêve de plusieurs penseurs des Lumières et des partisans de toutes ces écoles de pensée qui décrivent un monde « parfait ».
Mécanisme séparé de résolution des conflits à travers la projection d’une image et l’exclusion d’un individu, la justice ne sera pas du tout abolie si ses fonctions sont confiées à une autre entité, placée au dessus des personnes, bien que plus malléable, rénovable, soumise à des élections, contrôlée par des réunions populaires. Une justice spontanée, avec des lois flexibles ou même sans textes du tout, ne cesserait pas pour autant d’être une machine séparant le Bien du Mal, indépendamment des relations sociales, et fatalement contre elles. Que les juges soient des bureaucrates ou non, que les codes soient rigides ou adaptables, pour nous il n’y a pas de différence. C’est la notion même de la Loi que nous voulons détruire. Que la Loi change tous les jours avec « l’évolution des coutumes » ne change pas sa fonction.
Quel que soit le choix des urnes, l’ordre social et démocratique nous gagne à chaque fois que l’on vote. De la même manière, quel que soit le vote du jury, l’existence de la justice construit sa victoire : elle n’a pas besoin d’autre chose.
Seulement de braves garçons ?
L’appareil judiciaire moderne est extrêmement rationnel et scientifique, tandis qu’il affiche sa supérieure « impartialité » à travers l’application de procédures qui sous-pèsent presque au milligramme près les possibles concessions à l’accusation et à la défense. Il peut même se permettre d’être scrupuleux, face à des individus contraints à s’y soumettre : il les contrôle, les dépouille de tout, ayant acquis les pleins pouvoirs sur leur existence. Sa victoire est d’exister, de contraindre tout le monde, y compris ceux qui comme nous le contestent, à jouer selon ses règles.
Seule l’incorrigible gauche bigote et politicienne peut considérer comme une victoire ou une défaite de la justice une condamnation ou un acquittement. Et il n’est pas étrange que justement ceux qui refusent de critiquer la justice en tant que telle ne comprennent ou n’acceptent pas la nature de la démocratie. Pour eux, l’opposition de fond est entre dictature et démocratie, entre fascisme et antifascisme, et ainsi de suite. Tout comme ils participent aux élections ou réclament le droit de vote pour les immigrés, ils opposent au tribunal les jurés « populaires » aux juges « bourgeois ». Leur perspective n’est pas du tout de détruire la justice en tant que telle, mais de la démocratiser, comme tout le reste.
De quelque manière qu’on la voie, tragique ou comique, la reproduction des caractéristiques de la justice et de son corollaire carcéral, souvent par l’action des exploités eux-mêmes, montre la portée effective du problème.
On peut se sentir parfois contraint de passer sur le terrain de l’adversaire et d’argumenter en termes juridiques, peut-être pour « négocier », mais cela ne constitue jamais une victoire. De toute façon, il s’agit aussi toujours d’une tâche qu’il vaut mieux lâcher à l’avocat. Prenons un exemple. Une action publique effectuée de l’extérieur capable de soulever quelques doutes en agitant l’épouvantail d’une incroyable « erreur judiciaire », un bon travail des avocats au cours du débat, peuvent aussi contraindre la magistrature à renoncer à avoir la main lourde sur l’accusé, mais cela n’évitera pas que la justice agisse quand même selon ses règles en plus en nous contraignant à les respecter également. D’ailleurs, une institution qui sait reconnaître ses propres erreurs est une institution qui se renforce.
De la même façon, un tribunal qui acquitte, comme un tribunal qui condamne, reste pourtant toujours un tribunal : il est difficile d’imaginer un lieu où les déshérités ont moins de pouvoir que dans une salle de tribunal. Un cas exceptionnel pourrait être constitué par la pression exercée par un mouvement social sur la magistrature, quand par exemple une foule se rassemble pour exiger un acquittement, tout comme un commissariat peut être assiégé par des centaines de manifestants qui demandent la libération de personnes arrêtées. Mais cette pression est tout de même externe : c’est toujours ailleurs que peut se constituer la force des exploités.
Et il est toutefois très souvent ardu de déraciner la conviction que la seule façon d’obtenir un traitement bienveillant de la part de l’appareil judiciaire serait de se donner de la peine dans son propre cadre pour montrer l’inoffensivité sociale de celui qui est tombé entre ses mains.
Le meilleur moyen pour se solidariser avec un acte de révolte – théoriquement nous en sommes tous convaincus – c’est d’en accomplir un autre. Face à une action réussie, beaucoup sont capables d’applaudir et de faire l’éloge de ce qui est arrivé et les compagnons prêts à mettre en pratique cette maxime ne manquent pas, reproduisant l’action de révolte accomplie d’abord par d’autres, et donc contribuant à sa généralisation. Mais un acte subversif l’est au-delà du résultat final, dans le bien comme dans le mal. Au contraire, régulièrement, quand les choses « vont mal » et que les auteurs du geste de rébellion sont même identifiés ou arrêtés, à plus personne ne vient l’idée d’agir à son tour. La solidarité ne se concrétise plus en action (la nôtre) mais en réaction à l’action d’autrui, dans ce cas, des juges. Alors on préfère attendre, écouter les conseils des avocats, que les compagnons arrêtés se prononcent, l’achèvement des enquêtes. On attend de voir comment tournent les choses.
Si avant ce qui comptait était nos désirs, et nos tentatives de les réaliser, maintenant il s’agit seulement de « faire sortir » les compagnons.
Même sans compter agir de manière instrumentale, même sans vouloir créer de nouveaux « martyres pour la cause », bien qu’arracher des compagnons à la prison soit indubitablement un de nos buts primaires, il faudrait toutefois ne pas oublier d’évaluer les moyens que l’on veut employer et être conscients de leur nature comme de leurs limites.
Il arrive au contraire qu’il paraisse tout à coup plus avantageux de mettre de côté les habituelles critiques de la justice, d’oublier les belliqueuses déclarations de guerre contre la société, pour se limiter à l’inviter à être « juste », et par conséquent à acquitter un « innocent », à relâcher un « malade », à considérer comme des « enfantillages » ce que, en diverses circonstances, nous serions prêts à exalter comme des gestes de révolte. Mais est-ce vraiment ce que nous voulons ? Faire appel aux sentiments humanitaires de ceux que nous méprisons ?
Face à la Justice et à la crainte qu’elle inspire, il semble que nous ne sachions pas faire autre chose que nous contredire nous-mêmes et ce que nous disons désirer.
Rebelles et révolutionnaires quand nous sommes libres, une fois dans les mains de l’ennemi nous ne sommes capables que d’étaler nos problèmes physiques, notre « innocence », ou la substantielle innocuité des actions que nous avons accomplies.
Le pouvoir envoie en prison les subversifs, les anarchistes, parce qu’en tant que tels ils sont « socialement dangereux », et nous, pour les sortir de là, nous ne savons que les dépeindre comme d’inoffensifs agneaux.
Sommes-nous cyniques ? Faisons-nous l’apologie du sacrifice ? Rien de tout cela, nous avons simplement un désagréable souci qui nous assaille : serions-nous seulement de braves garçons ?
Aldo Perego.
[Traduit de l’italien d’Anarchismo n° 74, septembre 1994, dans Des Ruines n°1, décembre 2014.]