Valence, France:centre pénitentiaire répression et drogue

.La journée avait été agitée ce 15 novembre à la prison.  Un prisonnier mécontent de ne pas avoir reçu ses cantines a été jugée. Le fonctionnaire avait été frappé à coups de poing au visage et au cou et avait été évacué aux urgences pour y être soigné.le prisonnier est immédiatement conduit au quartier disciplinaire par plusieurs fonctionnaires

Le prisonnier a été condamné à 8 mois ferme et 800 euros de dommages et intérêts

Dauphiné libéré 26/11/2018

De nouvelles projections ont eu lieu à l’intérieur du centre pénitentiaire de Valence ce samedi 24 novembre, indique ce lundi dans un communiqué, le syndicat Ufap-Unsa Justice.Les colis ont été projetés dans un quartier de la maison d’arrêt et sur le terrain de sport de l’établissement. Lors de fouilles, « 250 grammes de résine de cannabis, 7 grammes d’herbe, de la viande, des téléphones portables ont été retrouvés », précise le syndicat qui « demande dans les plus brefs délais la pose de bardages, de concertinas (fil de fer  barbelé) et des filets anti-projection »


Prisons : La drogue et la répression

non -fides.fr

La répression ne se limite pas seulement aux coups de matraques et aux barreaux. La répression consiste aussi d’obéissance, de soumission et de résignation ; des valeurs que le système nous vante jour après jour. En plus, la répression n’est pas le résultat d’un complot diabolique d’une conspiration de quelques dominants, mais bien une dynamique sociale qu’on peut identifier dans des rapports sociaux, des structures et des personnes.

La drogue, légale comme illégale, joue un rôle répressif important. A l’intérieur des mûrs également, la fonction qu’exerce la drogue devient très claire.

Le plus grand trafic de drogue dans la prison est organisé par la prison elle-même. En premier plan, il s’agit des anesthésiants et des calmants, comme le fameux Hadol. Parfois, les médecins prescrivent l’administration des calmants, parfois ce sont les matons eux-mêmes qui décident de droguer un détenu. A côté de cette médication forcée, il y a beaucoup de prisonniers qui demandent ‘eux-mêmes’ des calmants. La perversité de ce système, se cachant derrière le libre choix et la démocratie, devient claire comme de l’eau de roche : d’abord on enlève toute perspective aux gens, on les plonge dans une situation sans issue et ensuite on leur offre la possibilité bien facile d’oublier tout ça. Ceci n’en est pas autrement pour les drogues illégales comme l’héroïne. Dans la majorité des cas, ce sont les matons eux-mêmes qui font entrer l’héroïne et se font une jolie somme. Tous ceux qui travaillent dans la prison le savent très bien : quand quelqu’un est accroché à l’héroïne c’est qu’il y a un trafic – et dans aucune prison ils n’essayent même pas de prétendre vouloir en finir avec ça. Pourquoi ? Parce que l’héroïne réduit les personnes à l’état de plantes ; parce que la drogue enlève une grande partie, sinon la totalité de la force des personnes désirant développer une perspective propre, désirant s’affronter à la réalité et défendre sa propre dignité contre les tentatives d’extermination du système carcéral.

Il est important de refuser al fausse distinction entre la drogue légale et la drogue illégale. Légal et illégal sont des catégories qui appartiennent à la domination, ce qui pour autant ne signifie pas que ce sont des impératives absolue pour l’Etat et ses servants. Ce ne sont que des instruments dont ils font usage, selon la situation et le besoin, pour maintenir et renforcer leur pouvoir.

La drogue n’a pas comme seule fonction d’apaiser ou d’exterminer des prisonniers, mais fournit également aux détenus et aux directions un levier puissant. Lorsqu’ils ont réussi à rendre quelqu’un dépendant d’une drogue, et donc en même temps soumis à son administration, ils le/la gardent presque entièrement sous contrôle. Ils disposent du levier nécessaire pour forcer un prisonnier à obéir en échange de la piquouse quotidienne, ils peuvent obliger un prisonnier à faire ce qu’ils veulent – et pas des moindres comme balancer, passer des informations aux matons, provoquer des bagarre entre détenus et recruter de nouveaux accros.

Exactement comme à l’extérieur, la drogue est un aspect non négligeable de la stratégie du pouvoir pour maintenir la domination. Fin des années 80, plusieurs États ont fait un usage très voyant de la drogue pour casser une dynamique de révolte. C’était la police elle-même qui faisait entrer l’héroïne, qui mettait à sec l’arrivée du cannabis, qui organisait le trafic et qui protégeait les dealers.

Comme dans la rue, une partie de la rébellion dans la prison réside dans le refus de la drogue et dans le combat contre ceux qui rendent possible que la drogue détruise nos amis et amies, nos compagnons et compagnonnes. Il ne s’agit pas de savoir si quelqu’un utilise de la drogue, mais de viser à démasquer la stratégie derrière la diffusion de drogue et à quoi sa sert de rendre les gens accros.

[Extrait de Brique par brique, se battre contre la prison et son monde, Belgique 2006-2011, Ed. Tumult, P137-138.]