St Julien Molin Molette,42:les 3, 4, 5 mai 2019 soutien à la lutte à Bure

Suite à l’intense répression subie à Bure ces dernières années et particulièrement depuis l’expulsion du bois Lejuc en février 2018, nous organisons un évènement de soutien à la lutte Meusienne.
Venez, venez, les 3, 4, 5 mai 2019 à St Julien Molin Molette, on vous attend !!!

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Le temps d’un week-end, à Saint Julien Molin Molette, territoire lui aussi en lutte, nous souhaitons proposer des films documentaires, des discussions, des ateliers, autour du problème nucléaire, des outils pour contester, lutter et s’en émanciper un jour.

Ce week-end aura pour but de parler et de faire parler de cette lutte, d’échanger autour des conséquences de la répression que subissent les habitant.es, de s’informer et d’apporter un soutien financier aux inculpé.e.s de plus en plus nombreux.es.

Il y aura aussi de quoi nous nourrir et nous réjouir avec cantines et concerts de camarades à prix libres.

Programme à venir…

Nous exigeons un monde anti-nucléaire , anti-capitaliste, anti-patriarcat, anti-raciste…

lenumerozero.lautre.net

Gumières 42560:le 22/04 à19h préparation concrète du marché du 5 mai 2019

Lundi 22 avril à 19 salle de la mairie, commune de Gumières ( 42) préparation concrète  du marché é-normes avec les producteur- trices  intéressées mais aussi bricoleur-es ,   ouvrier- es qui veulent vendre quelques surplus  et surtout discuter  avec des mangeur-ses de la situation avec les normes indus et administratives. Ce marché aura lieu le 5 mai

faites tourner l’info à lundi

[reçu par électronique]

 

Limoges : Libération de l’inculpé dans l’affaire de la caserne Jourdan

Indymedia Nantes / samedi 20 avril 2019

S. inculpé dans l’affaire de l’incendie des véhicules de gendarmerie de la Caserne Jourdan à Limoges est sorti le 8 avril 2019 sous Assignation à Résidence en Surveillance Electronique (ARSE).
L’enquête est toujours en cours. La fin des investigations est estimée à 6 mois.
Le 27 mars 2019, après un an de détention provisoire, a eu lieu l’audience de renouvellement du mandat de dépot criminel de S. devant la Juge des Libertés et de la Détention de Limoges.
Cette dernière a refusé de le remettre immédiatement en liberté sous contrôle judiciaire, jugeant la mesure pas assez contraignante et préférant attendre qu’un bracelet électronique puissent être posé, ce qui n’était possible techniquement que le 9 avril selon l’enquête de faisabilité du Service Pénitentiaire d’Insertion et de Probation d’Amiens. Elle a donc renouvelé le mandat de dépot de 6 mois.
Ce n’est donc que quelques jours plus tard, le 8 avril 2019, suite à une demande de mise en liberté que S. a été libéré sous Bracelet électronique.

Il est assigné à résidence sous surveillance électronique à Amiens pour une durée de 6 mois renouvelable.
Le temps effectué sous bracelet électronique compte comme de la prison.
Il a le droit de sortir de son domicile uniquement le matin de 8h45 à 13h et doit signer deux fois par semaine au Commissariat.
Il a interdiction de sortir du département de la Somme.
Il a interdiction d’entrer en relation avec trois personnes dont les deux de Toulouse qui avaient été mis en garde à vue en même temps que lui le 27 mars 2018.
L’enquête est toujours en cours. La fin des investigations est estimée à 6 mois.
Une commission rogatoire de personnalité est notament en cours. Elle consiste à convoquer à la Gendarmerie des proche de S. pour leur poser des questions sur sa personalité.

La Feuille d’infos du CIRA de Marseille #215AVRIL 2019

Marseille : Samedi 11 mai à 17 heures
Les causeries mensuelles du CIRA

Coopérateurs ? Les enfants des révolutions, par Olivier Houle

Pourquoi Antoine refuse-t-il de dénouer ce colis entouré d’un drapeau rouge ? Qui est ce Carlos dont on murmure le nom à l’ombre des bouches ? Venez revivre l’incroyable aventure du mouvement coopératif à travers l’histoire de ces deux hommes que tout semble opposer.
Chacun à sa façon, ils vont mener des révolutions, affronter leurs peurs, grandir sous les bombes de la guerre d’Espagne, errer en héros anonymes durant la Seconde Guerre mondiale, franchir des frontières, espérer la haine et l’amour et dépasser l’utopie pour découvrir un monde égalitaire, entreprenant et fraternel.
Avec son roman Vous n’en avez pas fini avec le bonheur Olivier Houles fait revivre l’étrange destin de cette économie solidaire méconnue, centrée sur les coopérateurs. Les « petits hommes » comme ils s’appellent eux-mêmes. S’enracinant dans la Révolution française, s’émancipant en 1848 et au cours du XIXe siècle, le mouvement coopératif raconte la bataille pour l’égalité des hommes et… pour le bonheur !

« Et là-dessus, il pointa son fusil sur nous. Pourtant, aux portes de la ville, tout le Levant était en marche, sifflant, soulevant la poussière et semant au passage les graines de la collectivisation… »

Si Olivier Houles a souhaité placer le début du roman durant la guerre d’Espagne, c’est parce que cette bataille fut aussi celle des idées et que, selon lui, elle fut le point d’orgue des mouvements anticapitalistes dont la coopération est une branche pacifiste.

Téléchargez ici la Feuille #215 au format pdf.

 

 

Le Scandale de Notre- Dame de Paris

L’INCENDIE ~ par Louis ***

La charpente de la cathédrale de Paris n’a pas encore fini de se consumer que déjà le ban et l’arrière-ban de tous les pouvoirs institués appellent à resserrer les rangs autour de ce symbole de la soumission. Tout de suite a été rappelé en boucle que ce monument a vu passer dans sa nef depuis des siècles rois, papes, empereurs et autres présidents de toute l’Europe, voire du monde.

En pleine crise sociale, alors que depuis des mois on nous serine que les caisses sont vides, que le traitement homéopathique de l’injustice, de la pauvreté et de la misère coûte décidément trop cher, les cendres étant encore chaudes, voilà que les millions pleuvent à foison en toute indécence. Tout le beau monde s’ébaudit devant la soi-disant générosité de quelques milliardaires: ramenées au montant du smic, leur obole ne vaut pas dix euros! Et rapportée à l’utilité réelle de ces dix euros pour un smicard, leur obole vaut-elle seulement quelques centimes? Sans compter que l’on ne peut absolument pas les dédouaner d’arrière-pensées d’optimisations fiscales et publicitaires.

Mais le plus grave est qu’à travers cette propagande faite au nom du «patrimoine», de l’«art» ou de la «culture», c’est bien l’image universelle de tous les puissants qu’il s’agit de réaffirmer: puissances politiques, religieuses, économiques, technologiques, financières, médiatiques… Ce n’est pas un hasard si tous les puissants, ou presque, de la planète se sont émus. Ce qu’il s’agit de reconstruire au plus vite, ce n’est qu’accessoirement un témoin passé de notre histoire commune, mais un symbole présent de leur pouvoir. Ce témoignage du passé, pour important qu’il soit à certains égards, n’est pourtant ici jamais mis en perspective critique : la révolution française ou la Commune ne sont que des pages noires de l’histoire de la cathédrale, et donc par conséquence des pages sombres de l’Histoire elle-même. Ce qui a brûlé c’est avant tout un mythe, et c’est lui qu’il s’agit de pleurer et de restaurer.

Comme l’a très bien dit Macron lors de son allocution du 16 avril, «chacun à sa place, chacun dans son rôle», et le monde continuera de pouvoir croire aux miracles. Et c’est bien ce qu’il a essayé de nous vendre: «Ne nous laissons pas prendre au piège de la hâte» pour avancer dans la résolution de la crise sociale. L’important est de restaurer l’image touristique de l’unité nationale et de la puissance de l’État. Cette puissance est d’ailleurs si extraordinaire qu’elle est capable de sécher des chênes centenaires pendant largement plus d’une dizaine d’années tout en reconstruisant avec eux une charpente monumentale dans les soixante prochains mois.

Ce que le pouvoir français n’a pas vraiment réussi à faire avec le saccage symbolique de quelques boutiques de luxe sur les Champs-Élysées, à savoir faire condamner les émeutiers au nom du prétendu rêve universel des consommateurs de pouvoir accéder «un jour» au mythe de la richesse, il est en train d’essayer de le faire avec cet incendie tout à fait providentiel pour lui. Sa priorité est de restaurer l’image de l’unité nationale mise à mal par cinq mois de crise sociale majeure: «Il nous revient de retrouver le fil de notre projet national, celui qui nous a fait, qui nous unit, un projet humain, passionnément français (sic)». Face à un tel défi, qui ne comprendra pas la mesquinerie, la petitesse, l’égoïsme même, de la contestation sociétale si elle continuait à vouloir re-définir le sens perdu d’un vivre-ensemble à réinventer.

Dans l’intervention de Macron, il s’agit très expressément de faire passer le sens de l’histoire devant une «fausse impatience» nécessairement illégitime de la contestation. «Demain la politique et ses tumultes reprendront leur droit, nous le savons tous, mais le moment n’est pas encore venu». Pourquoi faut-il donc que la vie réellement vécue vienne toujours gâcher son image idyllique que les puissants fignolent si patiemment pour notre bien? Affirmer la permanence et la continuité de la France et de ses symboles, c’est automatiquement tenter d’autolégitimer un pouvoir qui se veut son incarnation. C’est symétriquement tenter de jeter l’anathème sur les contestataires du pouvoir au nom d’une histoire prétendument impérissable, tellement plus grande que les petits soucis quotidiens des uns et des autres.

L’avantage de ce genre de discours, c’est qu’il va finir par rendre palpable que la critique du pouvoir devient de moins en moins dissociable de la critique de son histoire: l’histoire telle que nous la connaissons n’est toujours que l’histoire racontée par le pouvoir. Il ne s’agit bien entendu pas de raconter autrement la même histoire, avec le regard des vaincus, mais de casser leur histoire, de briser le référentiel mental qui leur permet de croire qu’ils sont l’histoire. À tout le moins, puisque pour eux cela me paraît désespéré, il faut surtout que les dominés, ces gens qui ne sont rien, changent d’histoire, sortent du cadre mental et national qui seul légitime les puissants de ce monde. Ce n’est qu’en changeant d’histoire qu’ils pourront faire leur propre histoire, ce n’est qu’en cassant les repères temporels et géographiques du pouvoir qu’ils arriveront, que nous arriverons à le briser lui-même.

Passons sur le fait que l’État français qui se voudrait le chantre de la laïcité se fasse, dans cette histoire de cathédrale, le héraut de «Notre-Dame» et d’une chrétienté pleinement assumée. Je préfère quant à moi me souvenir du jour de Pâques de 1950, le 9 avril, à la cathédrale de Paris justement, où Michel Mourre et ses amis proclamèrent en plein office la mort de Dieu.

«Lignes de force

Le scandale de Notre-Dame de Paris

Le scandale de Notre-Dame est un acte d’agitation anticléricale effectué le 9 avril 1950 (jour de Pâques), durant une messe à la cathédrale Notre-Dame de Paris, par quelques membres du mouvement lettriste (Michel Mourre, Serge Berna, Ghislain Desnoyers de Marbaix et Jean Rullier). Michel Mourre (habillé en moine dominicain et assisté par ses confrères) profita d’un intervalle dans l’office pascal pour monter en chaire et proclamer devant toute la congrégation un anti-sermon blasphématoire sur la mort de Dieu, écrit par Serge Berna. Cela fut un grand scandale à l’époque, atteignant non seulement les quelque mille fidèles présents dans l’église, mais aussi les milliers de téléspectateurs de la francophonie et ailleurs qui jouissaient de la nouveauté d’un service ecclésiastique télévisé. L’événement fut rapporté le lendemain dans les principaux journaux de toutes langues, et à Paris suscita un intense débat aussi bien dans la presse que dans les cafés. Les auteurs de l’action, des jeunes étudiants liés au mouvement lettrisme, furent tous arrêtés par la police, se sauvant effectivement des sacristains et de la foule enragée qui les chassaient de l’église. Le seul à être détenu plus longtemps fut Michel Mourre qui sera interné, puis relâché sous la pression des anticléricaux. Voici la déclaration de Michel Mourre (rédigée par Serge Berna) :

Aujourd’hui, jour de Pâques en l’Année sainte,
Ici, dans l’insigne Basilique de Notre-Dame de Paris,
J’accuse l’Église Catholique Universelle du détournement mortel de nos forces vives en faveur d’un ciel vide ;
J’accuse l’Église Catholique d’escroquerie ;
J’accuse l’Église Catholique d’infecter le monde de sa morale mortuaire,
d’être le chancre de l’Occident décomposé.
En vérité je vous le dis : Dieu est mort.
Nous vomissons la fadeur agonisante de vos prières,
car vos prières ont grassement fumé les champs de bataille de notre Europe.
Allez dans le désert tragique et exaltant d’une terre où Dieu est mort
et brassez à nouveau cette terre de vos mains nues,
de vos mains d’orgueil,
de vos mains sans prière.
Aujourd’hui, jour de Pâques en l’Année sainte,
Ici, dans l’insigne Basilique de Notre-Dame de France,
nous clamons la mort du Christ-Dieu pour qu’enfin vive l’Homme.

Cathédrale Notre-Dame de Paris, le 9 avril 1950  lu sur .non fides

Grèce : Le compagnon anarchiste Panagiotis Argirou est sorti de prison

Mpalothia / dimanche 14 avril 2019

Panagiotis Argirou a été arrêté le 1er novembre 2010, après plus d’un an de vie en clandestinité, pendant qu’il participait à une campagne d’attaques de la Conspiration des Cellules de Feu, l’envoi de colis piégés à des dirigeants européens, à des bureaux d’institutions européennes et à des ambassades de pays étrangers.

Il a de suite revendiqué sa pleine responsabilité politique pour sa participation à la Conspiration des Cellules de Feu et il est resté en prison huit ans et cinq mois, avec plusieurs condamnations, qui ont atteint un total de 220 avant le procès en appel (les sentences initiales sont : 37 ans pour l’affaire « Halandri » , 10 ans pour l’affaire « des bombes », 21 ans pour l’affaire du « Projet Phoenix », 23 ans dans le procès pour toutes les actions de la CCF, 115 ans pour la tentative d’évasion, 7 ans pour l’incendie d’un bus). Après avoir purgé un tiers de sa condamnations (après confusion des peines il avait écopé de 25 ans), le compagnon a été relâché le 8 avril 2019.

Liberté pour tou.te.s !
Jusqu’à la destruction de la dernière prison.
Nous soutenons moralement, matériellement et politiquement les combattant.e.s emprisonné.e.s.

Valence, Drôme: le 24/04 discussion :Gilets jaune Au laboratoire à 18h30

Un court texte a été distribué,  lors du rassemblement des gilets jaune un appel  d’une réunion.  Mais tout de suite la critique a frappé : « texte non signé« .La préférence de renvoyer les lectrices, lecteur vers un texte signé déjà publié ici

On continue de publier pour cette discussion du 24 Avril

Gilets jaunes : Sur la ligne de crête

Une ligne de crête qui accom­pa­gne tous les soulèvements car, par défini­tion, on ne sait pas quand et com­ment va se faire la bas­cule. Ce qui nous fait entre­voir cette phase, c’est que le mou­ve­ment des Gilets jaunes s’échoue aujourd’hui sur plu­sieurs écueils qui ont pour­tant fait sa force hier.

S’il ne se laisse pas définir, il ne se définit pas lui-même

2 Si le mou­ve­ment des Gilets jaunes ne se définit pas par ce qu’il n’est pas (antisémite, anti-migrant, sexiste, homo­phobe), ce qui serait se mettre dans la contre-dépen­dance des atta­ques de ses enne­mis ou des médias, il ne se définit pas non plus par ce qu’il est. Comme dans tout mou­ve­ment qui possède une vérita­ble dyna­mi­que propre, des cli­va­ges présentés comme une réalité incontour­na­ble par l’État, les socio­lo­gues et les médias, n’en sont plus pour lui. Pour « les gens d’en bas » qui se soulèvent contre l’ordre des domi­nants, les frac­tion­ne­ments entre « quar­tiers sen­si­bles » et com­mu­nes périur­bai­nes sont rela­ti­visés lors­que les lycéens de Mantes-la-Jolie mon­trent qu’en ban­lieue aussi la survie n’est plus sup­por­ta­ble ; frac­tion­ne­ment réduit entre assistés et chômeurs ciblés par la phrase assas­sine de Macron « il n’y a qu’à tra­ver­ser la rue pour trou­ver un emploi » puis­que de nom­breux chômeurs, présents sur les ronds-points, dévelop­pent soli­da­rité et convi­via­lité ; frac­tion­ne­ment effacé entre tra­vailleurs pau­vres (l’emploi n’est plus gage de vie décente) et petits salariés, arti­sans ou auto-entre­pre­neurs.

3 Par sa dyna­mi­que propre, par l’action directe, le mou­ve­ment des Gilets jaunes a réfuté pra­ti­que­ment les repro­ches idéolo­gi­ques que lui adres­sent abs­trai­te­ment les milieux poli­tico-média­ti­ques domi­nants. 

4 Au sein d’une frange de la popu­la­tion, qui n’a pas tou­jours été la plus active dans les mou­ve­ments sociaux précédents, parce qu’elle a à la fois voulu et subi les pro­ces­sus d’indi­vi­dua­li­sa­tion, se fait jour la bonne vieille idée redécou­verte dans chaque lutte d’impor­tance, celle que le pou­voir divise pour mieux régner. Mais force est de reconnaître qu’après trois mois de lutte, ces avancées poli­ti­ques sont insuf­fi­san­tes. En effet, alors qu’il a aussi connu une cer­taine matu­ra­tion dans le dis­cer­ne­ment de ses objec­tifs (de la lutte anti­fis­cale à la lutte pour la jus­tice sociale, par exem­ple), le mou­ve­ment ne par­vient tou­jours pas à vérita­ble­ment se définir. Cela nuit non seu­le­ment à son exten­sion vers les marges de sym­pa­thi­sants hésitants, mais rend abs­traite l’idée sou­vent mal com­prise à l’extérieur du « Tous Gilets jaunes » puis­que sans défini­tion plus précise de ce qu’il est, toutes ces fran­ges pro­ches devraient l’intégrer et, à l’inverse, au nom de qui ou à partir de quel prin­cipe pour­rait-il dire : « non, vous, vous n’êtes pas Gilets jaunes » ? Ni l‘appel de l’assemblée des assemblées à Commercy ni les com­mu­niqués du groupe Gilets jaunes Lyon-centre n’ont réussi à lever cette équi­vo­que par rap­port, par exem­ple, à la présence de l’extrême droite à l’intérieur du mou­ve­ment.

5 C’est que la com­mu­nauté de lutte pose comme première valeur poli­ti­que la soli­da­rité dans le désac­cord, c’est-à-dire l’inverse de l’appréhen­sion tra­di­tion­nelle de la poli­ti­que, y com­pris à l’extrême gauche qui, quant à elle, pose au contraire le désac­cord comme prin­cipe pre­mier et « ligne » de par­tage. Cette dis­po­si­tion première, en faveur de la com­mu­nauté de lutte et de la soli­da­rité qui en découle, amène le mou­ve­ment à ne pas abor­der ou à reléguer au second plan « les sujets qui fâchent ». Ne pas trop en dire pour pou­voir conti­nuer à se dire les choses. Ainsi, alors que les Gilets jaunes par­lent beau­coup de votes et les uti­li­sent pour pren­dre des décisions, alors que nom­breux sont ceux qui, parmi eux, met­tent en avant le vote par RIC, la ques­tion du droit de vote n’est abso­lu­ment pas abordée, car elle frac­tion­ne­rait la soli­da­rité des Gilets jaunes à partir du moment où il fau­drait pren­dre une posi­tion sur le qui est citoyen et sur­tout qui ne l’est pas, au risque du désac­cord.

6 Dans les AG, il est ainsi sou­vent néces­saire d’inter­ve­nir déjà pour faire cor­ri­ger l’appel­la­tion « assemblée citoyenne » sou­vent utilisée dans les assemblées issues de ronds-points pour coor­don­ner action et réflexion entre com­mu­nes périur­bai­nes. Car le flou per­siste sou­vent sur les contours de la citoyen­neté d’autant que dans ces actions, les Gilets jaunes n’hésitent pas à faire appel à des salles de mairie et à y accep­ter des élus muni­ci­paux ou même des députés, ce qui fait qu’on a par­fois du mal à dis­tin­guer ces débats du « Grand débat ».

7 Ce n’est peut-être qu’un pis-aller, mais en l’état actuel des choses la notion « d’assemblée popu­laire » utilisée dans les assemblées de Commercy et celles (plus urbai­nes) qui les ont rejoin­tes reste dans le vague. Malgré tout, cette dénomi­na­tion d’assemblée popu­laire prête moins à confu­sion tout en étant fort para­doxale. En effet, les « assemblées citoyen­nes » sont d’une com­po­si­tion sociale bien plus popu­laire que les « assemblées popu­lai­res » qui sont, elles plus « citoyen­nes » au sens Révolu­tion française du terme. Pourtant, à l’ori­gine, sur le ter­rain des ronds-points, la ques­tion ne s’était pas posée abs­trai­te­ment, mais de façon pra­ti­que, car il parais­sait dif­fi­cile d’être sur un bar­rage ou un rond-point avec un « étran­ger » qui se bat contre l’injus­tice fis­cale à côté de vous et de lui dire que le RIC ce n’est pas pour lui… parce qu’il n’a pas la natio­na­lité française et qu’il ne peut pas voter ! La référence à la Révolu­tion française devrait ici encore servir : est « citoyen » celui qui par­ti­cipe à la « révolu­tion », quelle que soit sa natio­na­lité.

8 Si, pour beau­coup de Gilets jaunes, la référence à la Révolu­tion française est réelle et pro­fonde, alors il faut que le mou­ve­ment assume sa part de sans-culot­te­rie sans qu’elle soit sans cesse rabat­tue sur celle d’un citoyen juste conçu comme sujet du pou­voir d’État en rem­plis­sant des devoirs qui don­nent lieu à des droits. Par ailleurs, cela met­trait fin pra­ti­que­ment à cette idée sau­gre­nue, partagée par cer­tains Gilets jaunes, d’un vote considéré comme obli­ga­toire et donc comme un devoir plus qu’un droit. Mais ce serait faire preuve d’opti­misme de penser que le mou­ve­ment pour­rait en quatre mois acquérir une cons­cience de la com­mu­nauté (humaine) qui efface toute frontière. La com­mu­nauté de lutte trace, cons­ciem­ment ou non, ses frontières dans la lutte. L’exem­ple frap­pant en est de la dis­tinc­tion qui apparaît dans des dis­cus­sions entre Gilets jaunes « de base » sur la ques­tion des migrants1. Si les immigrés sont bien reconnus et acceptés par les Gilets jaunes — d’autant qu’il s’en trouve un nombre non négli­gea­ble parmi eux — ils le sont sur la base de l’ancienne figure du tra­vailleur immigré. Des des­cen­dants de tra­vailleurs immigrés et qui sont Gilets jaunes par ailleurs, considèrent que leurs parents et eux sont deve­nus ou sont français parce qu’ils ont contribué à la cons­truc­tion et à la prospérité du pays, alors qu’à leurs yeux les migrants d’aujourd’hui ne cher­chent pas à se fixer et s’établir (cf. Calais et tous ceux qui veu­lent abso­lu­ment passer en Angleterre) et relèveraient d’une ges­tion inter­na­tio­nale de crise qui échappe à la com­mu­nauté de lutte2. En conséquence, cela res­treint considérable­ment le champ de sa ten­sion vers la com­mu­nauté humaine. Plus concrètement, c’est aussi une situa­tion à courte vue, car si la force de tra­vail est glo­ba­le­ment surnuméraire aujourd’hui dans le procès de valo­ri­sa­tion du capi­tal, le sur­nom­bre n’est pas tou­jours là où on le croît, comme le mon­trent les efforts actuels d’entre­pri­ses comme MacDo, Starbucks et autres gros­siums de l’hôtel­le­rie-res­tau­ra­tion ou du BTP, qui vont jusqu’à pro­po­ser à des migrants fraîche­ment arrivés3, des cours accélérés de français parce qu’elles recher­chent des « peti­tes mains » à des condi­tions tel­le­ment à la marge du droit du tra­vail que per­sonne ne les accep­tent.

Un discours plus protestataire que révolutionnaire ou réformiste

9 Si l’expres­sion d’une juste colère a fait la force du mou­ve­ment à ses débuts, il cher­che aujourd’hui un second souf­fle qui le trans­for­me­rait en une lutte sociale plus glo­bale contre un ensem­ble struc­turé par l’État et le capi­tal. Ce qu’il a ten­dance à résumer par les termes de lutte contre le « système », sans cher­cher à davan­tage le définir. Faute d’y par­ve­nir, cette colère a ten­dance à se trans­for­mer en haine contre l’oli­gar­chie (le « je vous hais com­pris » écrit par­fois sur des gilets jaunes dénote en pas­sant d’une cer­taine culture poli­ti­que et d’un humour de bon aloi), elle-même réduite à quel­ques gran­des entre­pri­ses ou ban­ques et à quel­ques indi­vi­dus (poli­ti­ques, jour­na­lis­tes influents) « que l’on va aller cher­cher » comme le disent les mani­fes­tants. C’est comme s’il fal­lait leur faire payer indi­vi­duel­le­ment leur for­fai­ture, alors pour­tant que les Gilets jaunes ont pris cons­cience pro­gres­si­ve­ment qu’ils ont affaire à un « Système ». En cela Macron est vic­time de son propre « dégagisme ». Il croyait avoir fait le plus dur en se débar­ras­sant de l’ancien monde poli­ti­que et c’est l’ancien monde popu­laire qui lui tombe sur le dos ; un monde net­te­ment plus dif­fi­cile à faire dis­paraître.

10 Cette colère anti-Système des Gilets jaunes est confortée par une vision oli­gar­chi­que du pou­voir, vouant à la vin­dicte popu­laire seu­le­ment les 1 % les plus riches qui oppri­me­raient les 99 % autres, alors que tous les rap­ports sociaux sont tra­versés par des hiérar­chies et des inégalités qui divi­sent et frag­men­tent ; le procès de domi­na­tion par­court l’ensem­ble du rap­port social. Reconnaître cela, ou au moins en tenir compte, serait reconnaître que la notion de peuple n’existe pas en soi, qu’elle se cons­truit dans le conflit et la ten­sion entre ceux qui diri­gent, à quel­que titre que ce soit (écono­mi­que, poli­ti­que, cultu­rel) et ceux qui n’ont aucun titre pour le faire. Mais il n’y a pas non plus de raison de faire porter aux Gilets jaunes le poids d’une supposée inexpérience poli­ti­que alors que c’est une opi­nion bien partagée, aussi bien par les Occupy Wall Street américains que par un parti poli­ti­que comme La France insou­mise ! 

  Il s’ensuit que le mou­ve­ment est sou­vent guetté par la recher­che du bouc émis­saire ou par les thèses com­plo­tis­tes d’autant que les réseaux sociaux culti­vent faci­le­ment l’entre-soi et par­ti­culièrement Facebook qui est leur relais le plus utilisé. Cela a été le cas, plu­sieurs fois, quand, dans cer­tai­nes villes, le mou­ve­ment a projeté de lancer des actions contre la banque Rothschild, une cible privilégiée parce qu’elle serait un sym­bole du capi­ta­lisme mon­dia­lisé et aussi parce que Macron y a été associé-gérant. Que ce type d’action soit repris par un groupe spon­tané comme Article 35–Insurrection est une chose, puis­que sa révolte se situe dans l’immédia­tisme et l’action directe. Mais que l’on en arrive à devoir expli­quer en AG, où des représen­tants des divers grou­pes de Gilets jaunes sont présents, qu’il faut arrêter avec les sym­bo­les et regar­der plutôt la réalité du système ban­caire dans le fonc­tion­ne­ment global du capi­ta­lisme est le signe d’une réelle fai­blesse théorique. Sur ce point comme sur le rôle des action­nai­res dans la for­ma­tion du capi­tal, la cri­ti­que du « système » est biaisée par le fan­tasme d’une finance qui représen­te­rait le mal absolu. 

12 Nous l’avons déjà dit, on ne peut repro­cher aux Gilets jaunes dont la matu­rité poli­ti­que est de quatre mois de com­met­tre les mêmes sim­pli­fi­ca­tions que celles pro­dui­tes par des orga­ni­sa­tions poli­ti­ques d’extrême gauche confirmées ou par des jour­naux comme Le Monde diplo­ma­ti­que. La dif­fi­culté consiste à essayer de cor­ri­ger le tir sans jouer aux experts… et en tenant compte du fait que l’ana­lyse des Gilets jaunes est limitée d’entrée de jeu par le fait qu’elle isole le procès de cir­cu­la­tion du capi­tal du procès de pro­duc­tion alors que le capi­tal jus­te­ment tente, à tra­vers les réformes libérales, de l’uni­fier.

13 Pour rester concrets les Gilets jaunes ont par­fois ten­dance à se rat­ta­cher à des chif­fres censés parler par eux-mêmes, mais qui don­nent lieu à une surin­terprétation proche du contre­sens. Par exem­ple dans un tract Gilets jaunes sur la finance, dont une partie est consacrée aux action­nai­res et aux divi­den­des. La présen­ta­tion qui en est faite pour la France tend à accréditer l’idée que c’est en France que les divi­den­des attei­gnent la meilleure rémunération en pour­cen­tage pour les action­nai­res, ce qui serait abso­lu­ment scan­da­leux et ferait de celle-ci un modèle de capi­ta­lisme spo­lia­teur. Or, c’est jus­te­ment parce que jusqu’à main­te­nant la France a mieux résisté au modèle anglo-saxon de capi­ta­lisme et à ses exi­gen­ces, que la France a plus besoin d’atti­rer de capi­taux. Ainsi, elle a refusé le pas­sage aux retrai­tes par capi­ta­li­sa­tion, ce qui la prive de ses pro­pres fonds de pen­sions et l’amène à rétri­buer davan­tage les pla­ce­ments. Le problème n’est pas tant que cette appro­che est fausse, mais qu’elle empêche de com­pren­dre le fonc­tion­ne­ment d’ensem­ble du capi­ta­lisme au niveau théorique et au niveau pra­ti­que, ce qui bloque sou­vent les dis­cus­sions. Le mou­ve­ment ayant ten­dance à porter une atta­que « morale » plus que poli­ti­que cela inclut l’idée d’une mora­li­sa­tion pos­si­ble des choses et des rap­ports sociaux. Cette ten­dance ne peut être contre­carrée que par des actions qui com­men­cent juste, mais se dévelop­pent en sou­tien à des conflits sociaux, dans des sec­teurs qui sont deman­deurs parce que les syn­di­cats y sont peu présents, comme les entre­pri­ses de sous-trai­tance de la grande dis­tri­bu­tion. Elles complètent les actions premières de blo­cage de la cir­cu­la­tion en direc­tion des pla­te­for­mes en ce qu’elles met­tent l’accent sur la dénon­cia­tion de l’exploi­ta­tion et qu’elles peu­vent jouer dans un sens favo­ra­ble sur le rap­port de force.

Un universalisme contradictoire au risque de l’isolement

  Après avoir élargi ses reven­di­ca­tions de départ et continué à refu­ser de négocier, ce point étant essen­tiel dans le main­tien d’un rap­port de force anta­go­ni­que avec les pou­voirs en place, le mou­ve­ment ren­contre des dif­fi­cultés à s’étendre sur cette base ini­tiale. Difficultés ren­contrées dans la jonc­tion du 5 février et avec l’échec de la liai­son avec le mou­ve­ment lycéen en décembre, qui condui­sent le mou­ve­ment à faire retour sur lui-même, dans des reven­di­ca­tions qui font peut-être son ori­gi­na­lité, mais qui ne sont plus que les sien­nes pro­pres. Le mou­ve­ment des Gilets jaunes a certes raison de vou­loir affir­mer à la fois sa préséance dans la lutte et son auto­no­mie par rap­port aux autres forces. Par là, il s’est placé comme une sorte d’avant-garde de masse (« Tous Gilets jaunes ») dans la mesure où le fait d’enfi­ler le gilet jaune deve­nait tout à coup un acte de résis­tance en lui-même, un signe de reconnais­sance ensuite et enfin le pre­mier pas vers autre chose. De ce fait, il n’avait rien à atten­dre de l’appel tra­di­tion­nel et le plus sou­vent « bidon », à une « conver­gence des luttes », tarte à la crème des années 2000 ayant succédé au « Tous ensem­ble » des années 1990. Le fiasco de la mani­fes­ta­tion com­mune du 16 mars entre Climat et Gilets jaunes montre que le chemin sera long avant que tout le monde devienne « Gilets jaunes » où que les Gilets jaunes se fon­dent dans la révolu­tion ou la Républi­que du genre humain ». Mais il n’est pas dit que cer­tains de ceux-là ne se retrou­vent pas plus faci­le­ment sur des actions de blo­cage de l’écono­mie (énergie) ou dans des actions de sou­tien aux salariés en lutte ; autant d’inter­ven­tions qui peu­vent pro­fi­ter de la désta­bi­li­sa­tion générale des pou­voirs en place. Le problème est alors de savoir quel rôle y jouer. Sans vou­loir tran­cher défini­ti­ve­ment, notre expérience actuelle de la chose nous montre qu’il serait dom­mage qu’on y rejoue le sou­tien aux luttes du peuple tenu par les maos dans les années 1970. Les Gilets jaunes, sous prétexte qu’ils sont mobi­lisés et déterminés ne doi­vent pas être une sorte de bras armé (même sans arme) des salariés ou de n’importe quelle autre lutte.

15 C’est quand on agit ensem­ble contre la société capi­ta­lisée qu’on converge et non pas en agis­sant séparément d’abord, pour conver­ger éven­tuel­le­ment ensuite (cf. à ce sujet, le contre-exem­ple des « stylos rouges4 »).

16 Si les Gilets jaunes font res­sor­tir aujourd’hui un autre « Tous ensem­ble », il n’est pas de même nature que celui de 1995. Le pre­mier était un appel à toutes les frac­tions de salariés, mais avec l’idée que la classe ouvrière et des catégories par­ti­culières comme les che­mi­nots, en étaient la pointe avancée ; avec le second celui des Gilets jaunes, le « Tous ensem­ble » est posé au-delà du frac­tion­ne­ment. Étant poten­tiel­le­ment tout le monde, on ne voit pas qui pour­rait les rejoin­dre, mais la conséquence en est que ce sont les Gilets jaunes qui fina­le­ment se posent ou sont perçus comme cette pointe avancée, ce qui évidem­ment n’est pas fait pour plaire à tout le monde et expli­que en partie les ater­moie­ments de la CGT et de ses différentes frac­tions par rap­port au mou­ve­ment, chose qui est appa­rue encore plus clai­re­ment le 19 mars que le 5 février.

  Ce « Tous ensem­ble » est donc plus poten­tiel que réel et ajouté à la répétiti­vité usante des mani­fes­ta­tions du samedi avec leur cortège de blessés, de condam­na­tions et d’arres­ta­tions préven­ti­ves, le mou­ve­ment a été amené à se tour­ner davan­tage vers des actions ins­ti­tu­tion­nel­les. Des actions qui visent d’un côté l’affir­ma­tion de la nécessité du RIC, non pas, comme à l’ori­gine, une reven­di­ca­tion parmi d’autres, mais comme remède mira­cle à la crise de la représen­ta­tion poli­ti­que, modèle de démocra­tie directe ; et de l’autre côté, la ten­ta­tive de répondre au « Grand débat » du gou­ver­ne­ment par la supposée alter­na­tive que représen­te­rait un « Vrai débat », animé cette fois par les Gilets jaunes. Pour nous une fausse alter­na­tive car fina­le­ment elle reste dans une sorte de contre-dépen­dance avec le Grand débat, puis­que concrètement et même si les formes en sont plus libres, l’idée d’ori­gine des Cahiers de doléances se retrouve bel et bien retournée, à son profit, par le pou­voir poli­ti­que.

  C’est bien au recul d’une action directe appuyée sur la base la plus large et la plus compréhen­si­ble pour tous du slogan « Macron-démis­sion » auquel nous assis­tons. Un recul par rap­port au défi à l’État que représen­taient les blo­ca­ges des ronds-points et les mani­fes­ta­tions non déclarées. Dans cette mesure, le RIC semble main­te­nant représenter l’espoir d’une loin­taine des­ti­tu­tion venant rem­pla­cer la croyance en une démis­sion immédiate.

  Une référence appuyée au RIC qui pour­tant ne trouve grâce dans aucune autre frac­tion de la popu­la­tion et qui, par ailleurs, n’est pas vérita­ble­ment discutée au sein des différents grou­pes de Gilets jaunes. Par exem­ple, il n’y a pas vérita­ble­ment accord sur le fait de savoir si le RIC est une reven­di­ca­tion et dans ce cas là à quelle place il se trouve dans le vaste cata­lo­gue des reven­di­ca­tions ou des pro­po­si­tions par­cel­lai­res que sont sou­vent cha­cune des 42 pro­po­si­tions d’ori­gine ; ou bien s’il n’est qu’un outil per­met­tant de satis­faire les reven­di­ca­tions ou les pro­po­si­tions cons­ti­tuan­tes. Or, le RIC est censé régler tous les problèmes à partir du moment où il serait com­pris par tous après une popu­la­ri­sa­tion de ses prin­ci­pes (cf. Les « mar­cheurs » du RIC). Ce qui apparaît ici, c’est la contra­dic­tion entre l’action col­lec­tive des Gilets jaunes et un RIC qui repose sur l’acte indi­vi­duel du vote dans l’iso­loir ou même d’un simple clic d’ordi­na­teur à effec­tuer chez soi les pieds dans les pan­tou­fles.

20 Et sur­tout, avec le RIC en tête d’affi­che, on aurait une cou­pure entre révolu­tion poli­ti­que et révolu­tion sociale, une cou­pure déjà présente au moment de la Révolu­tion française5.

21 Le pou­voir lui-même n’est pas ques­tionné, ni d’ailleurs la nature de l’État. C’est comme si toute la problémati­que ren­dant pos­si­ble le RIC fai­sait oublier aux Gilets jaunes la nature de l’État qu’ils ont pour­tant décou­verte, ou redécou­verte, pen­dant leur mou­ve­ment. Il s’ensuit un danger qui est de trop per­son­na­li­ser la fonc­tion poli­ti­que et de ne pas tenir compte du lien contra­dic­toire qui existe entre per­son­na­lité indi­vi­duelle et fonc­tion publi­que. Pour une majo­rité des Gilets jaunes, per­son­nel poli­ti­que et oli­gar­chie font « Système » et ne sont donc pas dis­so­cia­bles. Il semble alors peu cohérent de ne s’atta­quer qu’au per­son­nel poli­ti­que (Macron, Castaner) et à ses sous-fifres (Benalla, etc.), comme s’il fal­lait les punir en tant qu’indi­vi­dus plutôt que de lutter contre le fait même qu’il existe un per­son­nel poli­ti­que pro­fes­sion­nel dont la fonc­tion est séparée, cette sépara­tion des acti­vités, une parmi tant d’autres, étant une caractéris­ti­que du « Système »… capi­ta­liste. Il en est de même quand le RIC veut réaliser son opération mains pro­pres en deman­dant à ce que les casiers judi­ciai­res des représen­tants du peuple soient vier­ges. Or, cette pro­po­si­tion risque de conduire à la situa­tion ita­lienne d’aujourd’hui sur­ve­nue en partie grâce à l’opération « main propre » (mani pulite), même si le mou­ve­ment est très différent du Cinq étoiles.

  Certes les Gilets jaunes deman­dent l’amnis­tie pour les Gilets jaunes condamnés, mais ils ne pen­sent pas à étendre cela à des faits préala­bles, commis au cours des mani­fes­ta­tions contre la loi-tra­vail, alors qu’ils étaient un peu du même ordre avec arres­ta­tions préven­ti­ves, inter­dic­tions de mani­fes­ter et peines dis­pro­por­tionnées. Même si beau­coup de Gilets jaunes disent regret­ter leur pas­si­vité de l’époque, ils ne sem­blent pas vou­loir rac­cor­der les événements et sont peut-être vic­ti­mes de leur « présen­tisme ».

  Dans leur colère ciblée sur les per­son­nes, même si ce ne sont plus les mêmes, les Gilets jaunes mar­chent tou­jours sur les traces de la Révolu­tion française. En effet, si la prise de la Bastille fut suivie d’une ouver­ture de la prison, elle fut très vite rem­plie à nou­veau et même sur-rem­plie par ceux qui ne furent pas guillo­tinés. D’ailleurs, sur les ronds-points des Gilets jaunes, on pou­vait trou­ver, pen­dant tout un temps, des pan­neaux figu­rants des guillo­ti­nes et des mani­fes­tants ont même été tra­duits en jus­tice pour avoir mimés, par figu­ri­nes inter­posées, l’exécution publi­que de Macron. Toujours la sym­bo­li­que de la Révolu­tion française. Le problème est quand même qu’aujourd’hui, le « Système » est un peu plus détaché de ses « por­teurs » qu’à l’époque. Cela est vrai aussi bien du point de vue d’une struc­ture capi­ta­lis­ti­que tou­jours plus abs­traite que du côté d’un État qui passe de la forme nation à la forme réseau. Mais c’est peut-être ça aussi qui pro­duit la brèche par laquelle s’engouf­frer. En effet, par rap­port au temps de la Révolu­tion française pen­dant laquelle ses ins­ti­tu­tions soli­des n’étaient pas encore en place, les Troisième et Quatrième Républi­que vont reléguer les hommes poli­ti­ques à des posi­tions subor­données à leur fonc­tion et aux ins­ti­tu­tions de l’État-nation. Or, la Cinquième Républi­que et sur­tout l’élec­tion au suf­frage uni­ver­sel ont inversé la ten­dance. La per­son­na­li­sa­tion du pou­voir qui s’en est suivi a été ren­forcée indi­rec­te­ment depuis par la résorp­tion rela­tive des ins­ti­tu­tions au sein de l’État dans sa forme réseau.

24 Il y a là tempête dans la tête des Gilets jaunes car com­ment résoudre la contra­dic­tion entre, d’un côté la ten­dance uni­ver­sa­liste à la Républi­que du genre humain6 qui apparaît comme la pers­pec­tive stratégique du mou­ve­ment et de l’autre un sou­ve­rai­nisme popu­laire qui semble redon­ner des cou­leurs et du vernis à la forme nation  ?

La difficulté à trouver une forme d’organisation

  La générali­sa­tion de l’occu­pa­tion des ronds-points que nous appe­lions de nos vœux dans notre bro­chure « Une tenue jaune qui fait com­mu­nauté7 » est aujourd’hui battue en brèche par la répres­sion de l’État qui y a vu une dis­lo­ca­tion de son espace capi­ta­liste intégré (un danger pour son contrôle des flux de per­son­nes et de mar­chan­di­ses) et les prémisses d’une autre repro­duc­tion des rap­ports sociaux, qui sans attein­dre un point de fixa­tion impor­tant et orga­nisé comme Notre-Dame-des-Landes, n’en cons­ti­tuait pas moins une ten­dance à la prolifération de caba­nes, considérées comme autant de sco­ries dans un pay­sage à lisser. La situa­tion est aujourd’hui au repli sur des ter­rains privés ou à des actions coups de poing sur des péages avec une dif­fi­culté, semble-t-il, bien plus grande en périphérie des gran­des villes, par rap­port à la situa­tion dans les vil­la­ges et autour des peti­tes villes, où toutes les formes intermédiai­res de lutte sem­blent pou­voir coexis­ter et per­du­rer tant bien que mal.

  Les assemblées se sont par contre développées dans de nom­breu­ses villes, mais sur des bases plus tra­di­tion­nel­les et des modes d’orga­ni­sa­tion plus pro­ches de ce qu’ils furent au moment de Nuit debout, c’est-à-dire avec une fixa­tion sur le for­ma­lisme démocra­ti­que bien sou­vent en contra­dic­tion avec l’idée d’une libre prise de parole. Avec aussi des ten­dan­ces à vou­loir « orga­ni­ser l’orga­ni­sa­tion » ou bien à faire voter pour savoir si on va voter et autres joyeu­setés procédurières. Cela abou­tit par­fois à une inver­sion des choses dans laquelle l’AG croit faire le mou­ve­ment, alors que c’est le mou­ve­ment qui fait l’AG. Alors que sur les ronds-points on pou­vait passer de la dis­cus­sion à l’action et inver­se­ment sans le moin­dre problème, l’orga­ni­sa­tion étant éven­tuel­le­ment au niveau d’une coor­di­na­tion de ronds-points, la forme assemblée s’est trouvée for­te­ment démunie devant le décalage entre l’avancée de sa forme orga­ni­sa­tion­nelle et le peu de réalité de sa forme décision­nelle, par exem­ple au niveau de l’orga­ni­sa­tion de mani­fes­ta­tions dont le dérou­le­ment, de fait, a continué à lui échap­per.

Tout n’est pas joué

L’action col­lec­tive, qu’elle soit sur les ronds-points ou dans la rue res­soude sans arrêt le corps poli­ti­que et social des Gilets jaunes parce que c’est à ces occa­sions qu’il se confronte au pou­voir de l’État, y com­pris phy­si­que­ment, là où se joue un tout ou rien, bien au-delà des « Vrais débats » et autres RIC. D’ailleurs les thèmes postés sur les réseaux sociaux par les Gilets jaunes et traités dans une enquête du jour­nal Le Monde, en font foi puisqu’ils lais­sent apparaître que c’est celui de la mobi­li­sa­tion qui revient le plus sou­vent suivi par celui de la répres­sion, puis la cri­ti­que des élites, deux fois moins utilisé que le pre­mier et enfin celui des reven­di­ca­tions, quatre fois moins utilisé que le pre­mier8.

  C’est dans cette action col­lec­tive que le mou­ve­ment fait l’expérience pra­ti­que d’un monde que tout à coup il ne semble plus subir, parce qu’il a com­mencé à en trans­for­mer cer­tai­nes condi­tions (socia­lité, fra­ter­nité et soli­da­rité, entraide), tout en per­met­tant à chacun de se décou­vrir et se trans­for­mer dans le même mou­ve­ment, à tra­vers cette action-là.

  L’action directe est cons­ti­tu­tive du mou­ve­ment et les mani­fes­ta­tions, comme celle de samedi 16 mars, en mon­trent la nécessité. En dehors de la satis­fac­tion sub­jec­tive de la casse ciblée, pour la première fois les Gilets jaunes se sont assumés « cas­seurs » ou pro-cas­seurs, posant sans honte au milieu des dégâts. Mais pas sûr que cela fasse avan­cer les choses à partir du moment où la base du mou­ve­ment se rétrécit, que de plus en plus une autre colère monte… mais contre les Gilets jaunes et qu’à la limite, la pro­chaine fois le pou­voir pourra « mar­quer » les mani­fes­tants avec des pro­duits indélébiles et pour­quoi pas faire tirer dans le tas9.

  Aucune solu­tion immédiate ne se présente à nous parce que le mou­ve­ment a épuisé une partie de sa dyna­mi­que première. Force est de cons­ta­ter que c’est dans le moment de sa plus grande vio­lence que le mou­ve­ment s’aperçoit qu’il est mis à nu… et à la merci des décisions du pou­voir. La prise au sérieux du désir de révolu­tion de la part des Gilets jaunes, chose ini­ma­gi­na­ble au début du mou­ve­ment, le pousse, pour l’ins­tant, vers une suc­ces­sion alternée de ten­ta­ti­ves d’ins­ti­tu­tion­na­li­sa­tion et de poli­ti­que du tout ou rien jusqu’à des pra­ti­ques émeutières (Paris, Bordeaux, Toulouse à un degré moin­dre). « L’ulti­ma­tum » du 16 mars est un acte fort, mais qui est aussi au risque d’un saut dans le vide si le mou­ve­ment ne réagit pas immédia­te­ment et en diver­si­fiant ses modes d’action ; en fuyant momen­tanément une nou­velle épreuve de force par exem­ple ou en la pro­vo­quant ailleurs, mais de façon inopinée10. Il s’agit de créer un lien entre tous ces modes d’action sans les oppo­ser. Des actions menées depuis le début de la semaine mon­trent que le pou­voir a peur. Contrairement à ce qu’il cher­che à faire croire, tout attrou­pe­ment n’est pas inter­dit et sur­tout pas quand il a affaire aux Gilets jaunes, la nou­velle peste sociale. Il ne peut donc inter­ve­nir par­tout à condi­tion qu’on le harcèle par­tout jus­te­ment. La survie du mou­ve­ment est à ce prix. En avant !

 

Temps cri­ti­ques, 22 mars 2019

Notes

1 – Nous ne par­lons donc pas ici des assemblées de Gilets jaunes style Commercy ou Maison du Peuple de Saint-Nazaire qui, de fait, regrou­pent des per­son­nes poli­tisées par un pas­sage à Nuit debout ou des mili­tants plus ou moins en phase avec LFI ou le NPA qui affir­ment la libre cir­cu­la­tion des per­son­nes, l’accueil des migrants et se préoccu­pent peu de l’appro­che des « gens d’en bas » dont ils ne font pas vrai­ment partie ; leur adhésion au mou­ve­ment étant le plus sou­vent motivée par du prosélytisme poli­ti­que.

2 – C’est sans doute pour cela que des pan­car­tes contre le Pacte de Marrakech ont pu apparaître par­fois et de façon fina­le­ment subrep­tice, dans les cortèges de Gilets jaunes, via des mani­fes­tants d’extrême droite.

3 – Cf. l’arti­cle : « Les réfugiés sont les bien­ve­nus sur les métiers en ten­sion ». Le Monde, 21 mars 2019, p. 20.

4 – C’est comme si les Gilets jaunes avaient tiré, intui­ti­ve­ment les leçons du 13 mai 1968 quand les étudiants ont remis le deve­nir du mou­ve­ment dans les mains de la CGT alors que dans le contexte actuel cette même CGT ne serait de toute façon pas capa­ble de faire face à cette demande vu le rap­port de force capi­tal/tra­vail et son influence décrois­sante.

5 – Cf. notre tract : « Dans les rets du RIC : remar­ques sur les fai­bles­ses poli­ti­ques d’une reven­di­ca­tion », février 2019 :
http://temps­cri­ti­ques.free.fr/spip.php?arti­cle397

6 – http://blog.temps­cri­ti­ques.net/archi­ves/2614

7 – http://temps­cri­ti­ques.free.fr/spip.php?arti­cle392

8 – Bien sûr ce ne sont que des enquêtes et des sta­tis­ti­ques, mais c’est à se deman­der qui a intro­duit le RIC dans le fruit ?

9 – Cf. le tract du syn­di­cat poli­cier Synergie-Officiers (https://twit­ter.com/PoliceSynergie/status/1107662000291753985/photo/1).

10 – Cette situa­tion, les plus anciens d’entre nous l’on connue le 25 mai 1968 au petit matin… sans avoir la pos­si­bi­lité d’y trou­ver une issue favo­ra­ble. Mais l’Histoire ne se répète jamais…

 

 

 

Italie : Dernières nouvelles des prisons et tribunaux

Depuis plus d’une semaine, Silvia, Agnese et Anna ont été transférées de la section AS2 (de haute sécurité) de la prison de Rebibbia à la section de L’Aquila. Une prison, celle du chef-lieu des Abruzzes, où la quasi-totalité de la population carcérale est soumise au 41 bis. Un régime d’isolement carcéral qui prévoit l’isolement 23 heures par jour, la réduction des heures de promenade, l’impossibilité de cuisiner dans la cellule, où l’entrée de la lumière est limitée par la présence de panneaux opaques de plexiglas, où il n’y a qu’une heure de parloir avec la famille, qui plus est se fait à travers des cloisons vitrées sans aucune possibilité de contact. Il n’est en outre pas possible de conserver plus de quatre livres dans la cellule, la correspondance est toujours soumise à la censure, il est impossible de participer aux procès sauf par vidéoconférence. Dans les prisons où le 41 bis est présent, l’ombre de ce régime s’étend bien au-delà de ces sections, ce qui va changer les conditions de détention des autres détenus.

Silvia, Agnese et Anna sont donc dans des cellules individuelles, dans une section fermé [blindi chiusi: avec les portes fermés en permanence, ndt], dans l’espace qui était l’ancienne section féminine 41bis. Leur journée est ponctuée par un réveil à 7h avec l’ouverture du judas, à 8h les gardes passent pour battre les barreaux des fenêtres pour tester leur résistance, elles ont deux heures de promenade le matin et deux l’après-midi. Tout déplacement de l’extérieur vers l’intérieur de la cellule est rythmé par une contrôle avec le détecteur de métaux, elles sont scannées en moyenne 12 fois par jour,  elles subissent aussi chaque jour une fouille personnelle générale. Elles n’ont qu’une heure de sociabilité dans une pièce étroite. Leurs cellules sont équipées d’une télévision et d’une salle de bain, mais elles ne disposent pas de placard pour ranger vêtements, nourriture, livres et objets. Elles ont un casier à l’extérieur de la cellule dans lequel elles peuvent stocker jusqu’à 7 articles de chaque type de vêtements, quand elles enlèvent ou posent quelque chose c’est vérifié et ce qui reste est recompté. Elles ne peuvent garder que trois livres dans leur cellule. Leurs radios ont été soudées, sur les télévisions le moniteur avec l’heure a été obscurci de l’écran de télévision. Il est pratiquement impossible de savoir quelle heure il est. Les matonnes qui les surveillent proviennent du corps du Gom*, femmes abruties de la section spéciale des gros bras de la pénitencière. En un peu plus d’une semaine, les compagnonnes ont reçu neuf avertissements disciplinaires. L’une d’elle pour avoir posé un pied sur le mur de la salle de sociabilité, une autre est sorti en promenade avec un stylo.

La prison a immédiatement bloqué le courrier pour toutes les trois, qu’ils soient entrants ou sortants. À ce jour, cela reste en vigueur que pour Silvia, depuis le jour de leur transfert, le samedi 6 avril, elle s’est vu couper ce lien – déjà faible à cause de la censure – de communications composées de lettres, télégrammes et livres envoyés par l’extérieur. Un lien fondamental pour rompre l’isolement auquel contraint la prison, à plus forte raison dans une section de l’AS2 où il y a quatre détenus.

Il y a quelques jours, Agnese, par vidéoconférence depuis la prison de L’Aquila lors d’une audience du procès pour la manifestation au Brennero, a décrit les conditions auxquelles elles sont soumises, définissant la section As2 comme une tombe.

L’usage de la vidéoconférence également s’étend de plus en plus à différents types de détenus. Initialement réservé aux seuls prisonniers en 41 bis, donc automatique, il a ensuite été appliqué aux personnes accusées de terrorisme et ensuite à tous ceux considérés comme dangereux, quels que soient les crimes reprochés lors des procès. Un instrument particulièrement lourd, celui de la vidéoconférence, qui, en plus de rendre la défense juridique plus difficile et de limiter la possibilité de faire des déclarations dans la salle d’audience, supprime la possibilité pour ceux qui sont détenus de rencontrer, même dans une salle d’audience, un visage ami et de rompre la routine carcérale.

Pour en venir à des questions plus strictement judiciaires, il semble important de souligner les raisons pour lesquelles les compagnons arrêtés dans le cadre de l’opération Scintilla restent toujours en prison. Après que l’accusation d’association subversive soit tombée, Beppe et Antonio restent en prison pour la publication de la brochure « I cieli bruciano ». Puisqu’il s’agit d’une liste de sujets, responsables à divers titres de l’existence des Centres de Rétention à l’époque C.i.e, adressée à un domaine tel que l’anarchiste dont on peut s’attendre à un mauvais usage, le simple fait de la publier justifie cette charge pour le juge du Réexamen. À cela s’ajoute le refus d’assignation à résidence parce que le curriculum des deux compagnons rend très probable le risque de récidive. Silvia reste en prison parce que son profil anthropométrique, vis à vis de sa démarche, sa stature et sa carrure, est compatible avec celui de la personne filmée par les caméras tout en déposant un bidon de liquide inflammable devant un bureau de poste italien. Une discipline, l’anthropométrie, destinée à devenir une béquille toujours plus importante dans un avenir proche pour le travail d’enquête et ce sera certainement le cas d’y revenir, avec des réflexions et des perspectives plus précises. Nous concluons cette mise à jour des nouvelles des tribunaux en rappelant qu’aux trois compagnons a été confirmé censure du courrier, les raisons pour le juge sont attribuables à la solidarité large et durable développée à partir de leurs arrestations et l’expulsion de l’Asilo.

En attendant, il est urgent de trouver un moyen de briser l’isolement, auquel Silvia en particulier est soumise, un moyen de saper la brutalité de la prison.

Pour écrire aux compagnonnes détenues à la prison de L’Aquila :

Silvia Ruggeri
Anna Beniamino
Agnese Trentin

Via Amiternina 3
Località Costarelle di Preturo
67100
L’Aquila

cracher dans la soupe depuis www.autistici.org/macerie

 

* Le Groupe Opérationnel Mobile (GOM) est un service mobile de la police pénitentiaire. Il relève directement du chef du Département de l’administration pénitentiaire.

Dijon,Côte-d’Or: Mardi 30 Avril à8h30. Procès d’un éleveur au tribunal de grande instance,

 

Michel a d’abord été aide familial puis éleveur à son compte dans une
ferme qu’il a monté lui même. Son activité d’élevage de vaches
charolaises et d’ovins quoi que trop chargée en heures de boulot et très
importante en nombre d’animaux et d’hectares, s’est déroulée
correctement pendant 10 ans avant que les baisses des prix agricoles ne
fassent plonger ses comptes trop fragiles à cause entre autre des
dépenses de mises aux normes obligatoires et qu’adviennent, en
conséquences, des difficultés familiales en 2015. Des systèmes agricoles
comme le sien ne supportent pas d’obstacles.

Rapidement Michel se rend compte que cela devient trop compliqué de
maintenir le même rythme, il demande donc de l’aide à la MSA (Mutualité
sociale agricole : la sécu agricole), à qui il, et nous aussi, payons
des cotisations pour être soutenus en cas de difficulté. Il n’y aura non
seulement pas de réponse de la Msa mais à la place d’une aide c’est un
signalement que fait cet organisme « qui est au service des
agriculteur-trices », signalement qui pour « répondre aux difficultés » va
engendrer des contrôles administratifs sur la ferme de Michel !!

Comme à chaque fois que l’administration arrive dans une ferme en
difficulté qui n’est sous la « protection » d’aucun syndicat et dont les
terres intéressent nombre de potentats agricoles locaux, des premiers
contrôles on va très vite arriver à l’acharnement administratif, aux
descentes de gendarmes. L’objectif est clair : faire disparaître une
ferme et ainsi « libérer de la surface » pour permettre de concentrer un
peu plus la production et au passage se payer sur la bête.
Mais heureusement Michel et sa compagne pourtant affaiblis sont révoltés
et combatifs face à ces méthodes. Ils connaissaient Jérôme Laronze et
ont suivi sa lutte puis son assassinat le 18 mai 2017. Ils ont compris
petit à petit le jeu pervers, les méthodes et les objectifs de
l’administration agricole et de l’Etat.

Ils vont subir un acharnement de la part de l’administration, du
vétérinaire sanitaire et d’une association de surveillance animale
jusqu’à la saisie des troupeaux le 3 mars 2017 puis l’obstruction
illégale à la poursuite d’une activité agricole et enfin la convocation
au tribunal pour nombre de délits imaginaires.

L’administration a clairement décidé de broyer cette ferme et ses
habitants, elle s’acharne pour faire craquer mentalement Michel et sa
compagne et les vautours sont prêts pour les dépecer et encaisser au
passage amendes, indemités et dommages (la DDPP, l’agente DDPP, l’OABA
(Oeuvre d’assistance aux bêtes d’abattoirs), ces derniers vivant
d’ailleurs du racket des éleveurs.Tous ces organismes auront chacun un
avocat au procès pour demander des indemnités.

Une situation d’acharnement étatique comme celle que vit Michel n’est
pas une injustice mais un traitement systématique qui se déploie dans le
sillage de la détresse des fermes, parfois industrielles parfois
paysannes, dépossédées puis liquidées par les normes administratives et
industrielles qui sont conjointe a l’étranglement financier. Souvent
cela fini par une reconversion forcée, trop souvent aussi par un suicide
et de plus en plus, et c’est tant mieux, par une révolte et des
solidarités qui renaissent, de la dignité qui revient grace à la lutte.
Les méthodes de l’Etat : culpabiliser et criminaliser au titre par
exemple du délit de maltraitance animale qui s’applique aussi aux non
déclarations sanitaires obligatoires, au défaut de bouclages
auriculaires des animaux (la fameuse traçabilité dont Gabriel Dufils
vient de nous prouver le mensonge), au refus de payer le racket de
l’équarissage, au refus de donner des antibiotiques à ses animaux...

Nous dénonçons avec Michel ces doubles et triples peines qui détruisent
des vies, des activités et passent sous silence la poursuite de
l’organisation planifiée de la disparition des fermes pour concentrer la
production agricole de masse capitaliste sous couvert depuis 20 ans de
normes sanitaires et environnementales trompeuses. Après avoir liquidé
la vie paysanne, l’Etat et les industriels veulent en finir avec
l’activité agricole paysanne elle même et avec toutes les fermes qui ne
sont pas encore assez industrielles ou compétitives. Ce n’est pas qu’une
question agricole : les gilets jaunes dénoncent aussi ce mépris, cette
dépossession, ces mensonges, ce racket et cette répression des prolos
qui se vit comme celle des paysans.

Michel passe en procès Mardi 30 Avril 2019 au tribunal de grande
instance de Dijon, à 8 h 30. Michel est debout et nous serons là aussi
avec lui.

Nous appelons à soutenir cet éleveur en venant à son procès, en lui
écrivant, en parlant de sa situation autour de vous.

Nous ne serons plus seul.e.s dans nos activités et nos vies face à
l’administration et à la justice.

N’hésitez pas à nous contacter pour des covoiturages.Hors-norme hors.norme@riseup.net

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