GAP, hautes Alpes Soutien financier au CESAI, mais pas seulement!

 

“Au Cesai, on y est et on y reste", peut-on lire sur cette banderole à proximité du tribunal. Photo Le DL/Gérald LUCAS

Bonjour,

Le CESAI, bâtiment occupé depuis octobre 2018 en plein centre-ville de
Gap accueille une 60aine de sans abris de tous pays.

Les frais du quotidien sont minimisés grâce à la récupération d’invendus
notamment.
Néanmoins, les dépenses minimales frôlent les 500€ /mois pour le gaz,
les bases alimentaires, voire quelques travaux de rénovation.

En plus de COUP DE MAINS (tout le monde est la bienvenue !), ce lieu
indépendant a besoin de SOUTIEN FINANCIER.
On a donc mis en place un pot commun sur la toile pour couvrir ces
dépenses mensuelles:
https://www.lepotcommun.fr/pot/t9rafseh

On compte sur vous tou.tes ! Parlez-en !
Une idée: donner peu mais régulièrement.

Merci à vous !

Pour plus d’informations : https://cesai.noblogs.org/

[reçu par mail]

Uta (Italie) : Maddalena aussi a fait une grève de la faim

Round Robin / samedi 15 juin 2019

Extraits d’une lettre de Maddalena, datée du 8 juin, depuis la prison de Uta (la lettre est arrivée le 14 juin à la Cassa Antirepressione delle Alpi Occidentali) :
Moi aussi j’envoie une accolade à Anna et Silvia, en faisant une grève de la faim pendant les journées du 10, 11 et 12 juin, en solidarité avec leur protestation contre les conditions de détention auxquelles elles sont soumises.
Contre les régimes différenciés et toute forme d’isolement!
Une accolade de cœur à tous les rebelles de partout, avec ceux qui essayent de garder leur dignité et ceux qui se battent pour la vraie liberté!
Une salutation à tou.te.s les compas!
Une accolade pour la liberté!

Madda


Pour lui écrire :

Maddalena Calore
Casa Circondariale di Cagliari « Ettore Scalas »
Zona Industriale Macchiareddu
Seconda Strada Ovest
09010 – Uta (Italie)

Camping et paillettes – Autour de la repression du 1er mai parisien

Ces derniers mois, la multiplication d’actes contre l’ordre existant a réchauffé autant le climat de guerre sociale que nos cœurs de révolté-e-s. Des sabotages d’infrastructures, des attaques de lieux ou de responsables du pouvoir, des émeutes et pillages dans les quartiers riches, des actions qui sont menées, de nuit comme de jour, seul-e-s ou à plusieurs.

Face à cet élan le pouvoir affûte ses armes. La volonté des puissants d’un retour à la normale fait travailler un peu plus législateurs, juges, flics, matons ou autres journalistes pour essayer d’éteindre le feu. Chaque nouvelle journée de manifestation est pour l’État et ses larbins le moment d’essayer de contenir et réprimer celles et ceux qui veulent continuer à se retrouver et à exprimer leur rage en prenant la rue.
Des « lois scélérates » de la fin du 19e siècle, dont est issue le délit d’ »association de malfaiteurs », aux lois contre les cagoules de 2019 en passant par celles anti-casseurs, lorsque la carotte de la démocratie et de la libre expression ne fonctionne plus, le pouvoir brandit le bâton contre celles et ceux qui agissent contre la bonne marche de ce monde. Mutilations, contrôles et arrestations préventives, mises au trou, sont le revers de la médaille du vote, de la délégation, du maintien de l’ordre.

1er mai 2019. 17 700 contrôles préventifs, 330 interpellations à Paris, dont plus de 250 GAV.
Parmi les personnes arrêtées ce jour-là, certaines ont été mises en détention provisoire ou sous contrôle judiciaire, suite à leur refus de comparaître immédiatement pour mieux préparer leur défense ou pour refuser le jeu de la justice.

De toutes ces affaires certaines sont parvenues à nos oreilles. Parmi elles il y a X, arrêté place d’Italie en fin de manifestation et inculpé de « participation à un groupement en vue de… », rébellion, menaces sur flics, refus d’alimenter les fichiers de la police et port d’arme (ici un masque à gaz) et qui sera finalement condamné à 4 mois avec maintien en taule, payant notamment le fait de n’avoir rien voulu lâcher, pas même son identité.

Quatre personnes ont été arrêtées vers midi dans une rue de Paris. En les fouillant les flics mettent la main sur 3 marteaux et un bâton ainsi que du « matériel de protection ». Poursuivi-e-s pour « participation à un groupement en vue de… », et refus de donner ADN et empreintes digitales, le procès aura lieu le 27 septembre au TGI de Paris.

Il y a aussi 5 personnes qui ont été arrêtées à 7 heures du matin dans leur camion garé au bois de Vincennes. En fouillant le véhicule la police trouve divers objets dont des masques, gants coqués, lance pierre, et une bonbonne de gaz à rechaud qui aux yeux du procureur servirait « à fabriquer des molotovs ». Après avoir refusé la comparution immédiate, 3 d’entre elles ont été mises au trou et 2 sous contrôle judiciairee toujours pour participation à un groupement en vue de… Le 3 juin, les dernières personnes incarcérées ont été relâchées et toutes sont interdites de Paris jusqu’au procès reporté au 1er juillet au TGI de Paris.

Enfin, un.e espagnol.e et deux allemands, ont aussi été arrêtés durant la nuit précédente vers 2h près de la gare du Nord à Paris. Les flics ont procédé à une perquisition de la voiture qui les avait conduits à Paris. Dès 2h40 le syndicat de flics VIGI (CGT-police) publie une photo mettant en scène ce qui aurait été pris dans le coffre de la voiture. Ce qui ressemble à des outils et du matériel de cuisine, devient dans la bouche des journaflics un « arsenal comprenant des éléments pour constituer des engins incendiaires », saisi dans un « véhicule d’écolos-anarchistes ». On apprendra par la suite qu’ils sont mis en examen pour « détention et transports d’armes de catégorie A » (armes dites de guerre, ici des masques à gaz intégraux…) et « association de malfaiteurs en vue de la commission de crime ou délit ».

Ce dernier chef d’inculpation ouvre systématiquement une instruction qui permet aux juges d’employer tout l’arsenal policier pour enquêter et enfermer pour de longs mois les mis-e-s en examen. D’ailleurs, pas besoin d’être plusieurs pour être poursuivi pour « association » comme c’est le cas pour R., arrêté le 2 février à Toulouse, et qui est incarcéré depuis.

Suite à une demande de mise en liberté, un des trois inculpé-e-s de la gare du Nord a été relâché et mis sous contrôle judiciaire. Le procureur a fait appel de la décision et très prochainement un juge décidera de confirmer ou non sa mise en liberté.

Face au sale travail de la justice qui plaque son langage et ses griffes sur nos révoltes pour mieux les écraser, ne laissons pas la répression nous isoler. Une de nos armes est la solidarité que chacun-e peut employer selon les moyens qui lui sembleront les plus adéquats.
De nombreux procès ont déjà eu lieu et de nombreux autres vont se dérouler ces prochains mois. Autant d’occasions de venir manifester notre appui aux révolté-e-s et notre rage à la face des juges.

Crève la justice et ses taules !
Liberté pour toutes !

Des complices

campingetpaillettes at riseup.net

Note

(des traductions en allemand et en espagnol sont en cours. D’autres traductions sont bienvenues !)

Kalimero, caisse de solidarité avec les prisonnier-es de la guerre sociale, envoie, entre autres, des mandats à certain-es des incarcéré-es. Pour contact, renflouer la caisse, solidarité, kalimeroparis chez riseup point net.

[Publié sur indy nantes, 16.06.2019]

«Défense collective» ? – Mais quelle  » défense »

Ce mercredi 19 juin 2019 à 19h se déroulera aux Fleurs arctiques une
discussion sur le thème de la défense collective, ci-dessous l’appel à
discussion.«Défense collective» ? – Mais quelle « défense » et quelle « collective
» ?Dans les situations de répression judiciaire, il devient rapidement
difficile de s’extraire de la temporalité imposée par la justice : on
réagit dans l’urgence pour se préparer aux dates et délais imposés de
manière irrévocable, on fournit une quantité d’énergie impressionnante
pour soutirer quelques informations à un standard, à un avocat, on est
trimballé d’un jargon technique à un silence, et pourtant toute cette
précipitation a des conséquences énormes sur l’issue des procès.
S’ajoutent bien trop souvent à cette urgence des mesures judiciaires qui
mettent des bâtons dans les roues à l’élaboration de la défense :
contrôles judiciaires qui limitent les déplacements, interdictions de se
voir qui rendent difficile de penser ensemble la défense, prison
préventive qui isole complètement la personne. Partant de ce constat, de
la volonté de sortir de la précipitation à laquelle la justice nous
accule, nous proposons un moment de discussion aux Fleurs Arctiques pour
réfléchir, échanger, en partant du principe que c’est plutôt en
s’appuyant sur des analyses conséquentes de la nature et du
fonctionnement de la justice et de la répression que nous pourrons
éviter de nous enfermer dans une position de faiblesse absolue. C’est
pourquoi on ne se limitera pas à des aspects strictement techniques de
l’anti-répression. Nous choisissons de proposer une discussion générale
qui puisse librement explorer autant de pistes que chacun sera prêt à en
amener. La répression dans le contexte actuel, c’est aussi, avant les
cours de justice, les techniques policières de contrôle qui se
renouvellent à grande vitesse, l’expérimentation grandeur nature de
méthodes contre-insurectionnelles faisant de nous de perpétuels cobayes
(drones, gestion préventive des risques de désordres urbains, et
intensification de l’utilisation des images, vidéos, avec toujours plus
de pression quant à la démocratisation d’un fichage de la population à
plusieurs niveaux – entre autres par les prises d’empreintes digitales
et d’ADN), puis le passage du dispositif policier à sa traduction en
justice, qui, de plus en plus souvent, incrimine les intentions et des
formes de complicité présumée. La répression ne se limite pas au rapport
à la justice, et on pourrait lui donner un sens beaucoup plus large
touchant bien d’autres aspects de la vie sociale. Mais c’est plus
particulièrement son aspect judiciaire et policier que nous allons
aborder. Tous ces débuts d’analyses (à poursuivre) nous amènent à nous
demander quelle place et quel contenu nous pourrions donner à
l’anti-répression : s’agit-il d’un domaine purement technique qui ne
demanderait entre nous que des échange de «bons procédés» ? Ou alors,
comment pouvons-nous agir en cohérence avec nos idées devant un
tribunal, que ce soit par le refus de tout dialogue, ou par l’expression
de convictions politiques ? La justice est-elle un champ où il est
opportun de lutter politiquement, de ne pas tomber dans un rapport
purement instrumental ? Comment dépasser la position du soutien ? Quel
contenu donner à la notion de solidarité, dans la défense comme dans
l’attaque, qui loin d’être une dette, pourrait tout aussi bien être la
poursuite et la continuation des luttes et des pratiques incriminées ?
Ce sera aussi l’occasion de revenir sur les propositions concrètes de
s’opposer au fonctionnement normal de la justice, telles que les
défenses collectives comme refus de l’isolement et de la séparation des
cas. Nous devons bien faire avec (et souvent contre) des situations qui
comportent différents niveaux d’interlocuteurs (avocats, inculpés,
proches, familles et autres personnes solidaires…), des choix parfois
différents de défenses individuelles ; nous devons faire avec les
difficultés liées à la question technique du droit, dans un contexte qui
encourage à adopter des discours et positionnements connivents,
innocentistes, voir dissociatifs, avec les pressions pour obtenir nos
empreintes, ADN, codes, voire des vidéos, des images de nous ou
d’autres, supposées permettre de mieux s’en sortir sur un terrain que
nous ne choisissons jamais… Tout cela nécessite d’être sérieusement
discuté pour que nous puissions, éventuellement sur un plus long terme,
refuser cette connivence qui nous coûte si cher à tous, et trouver des
possibilités de défense tangibles et appropriables par tous. Nous
espérons que cette discussion pourra contribuer à aller dans ce sens, à
rebrousse-poil des attentes des magistrats.
[reçu par mail]

Parution du Bulletin anarchiste pour la guerre sociale, Avis de tempêtes #18 ( juin 2019)

 

Avis de tempêtes – bulletin anarchiste pour la guerre sociale n°18 (juin
2019) vient de sortir.

Pour lire, imprimer et diffuser ce petit bulletin autour de soi (il est
en format A5, et celui-ci fait 16 pages), on pourra retrouver chaque
nouveau numéro tous les 15 du mois, ainsi que les précédents, sur le
blog :

https://avisdetempetes.noblogs.org

« Se défaire des embarras qui accompagnent assez souvent les débats entre
révolutionnaires quand il s’agit de couper le jus de ce monde. Oser
affronter la question de la projectualité pour s’émanciper du triste
sort d’anarchistes trop souvent à la remorque d’autrui. Ce qui peut
s’ouvrir, c’est la possibilité de milliers de sabotages diffus frappant
l’approvisionnement énergétique du monstre qu’il faut abattre. Personne
ne peut prévoir ce que ça peut donner, mais une chose est sûre : c’est
une pratique de la liberté. »

Télécharger Avis de tempêtes #18 en PDF

 

note du Laboratoire:on  vous rappelle que les Bulletins anarchiste  de la guerre sociale en version papier au laboratoire à l’info-kiosque.

 

Italie – opération Prometeo : Natascia transférée à a prison de Rebibbia

Insuscettibile di ravvedimento / samedi 15 juin 2019

Natascia a été transférée de la prison de Bordeaux-Grandignan à celle de Rebibbia, à Rome.

Voici son adresse :

Natascia Savio
Casa Circondariale di Roma Rebibbia femminile
Via Bartolo Longo 92
00156 – Roma (Italie)

Natascia, Giuseppe et Robert ont été arrêtés mardi 21 mai lors d’une opération répressive nommée « Prometeo » et menée par les Carabinieri du ROS [brigade des Carabinieri qui « s’occupe » de criminalité organisée et de terrorisme; NdAtt.]. Il y a eu aussi des perquisitions. L’accusation principale est « attentat avec finalité de terrorisme ou de subversion », parce qu’ils sont considérés responsables de l’envoi de trois colis piégés, en juin 2017, aux Procureurs Rinaudo (Proc’ dans plusieurs procès contre le mouvement subversif et contre des anarchistes) et Sparagna (Proc’ dans le procès qui a suivi l’opération Scripta Manent), ainsi qu’à Santi Consolo, à l’époque directeur du DAP (l’Administration Pénitentiaire italienne). Ils ne sont accusés d’aucun délit « associatif » (comme les art. 270 ou 27bis du Code pénal).

Les adresses des autres deux compagnons :

Robert Firozpoor
C. C. – C. R. di Opera
Via Camporgnago 40
20090 – Opera (Italie)

Giuseppe Bruna
C. C. – C. R. di Opera
Via Camporgnago 40
20090 – Opera (Italie)

Opération Prometeo : Quelques mots de plus sur l’arrestation de Natasha à Bordeaux

note du Laboratoire:lors de la soirée No G7 au laboratoire anarchiste le  5 juillet 2019 . Celui-ci eneffet quise tiendra à Biarritz les 25, 26 et 27 août 2019.  , On s’en souviendra que  déjà le 21 mai la police française était  en accord  complet  avec Matteo Salvini

A l’aube du 21 mai, la police française défonce la porte d’entrée de la maison où se trouve Natasha avec son compagnon et l’arrête avec des méthodes sanglantes. Alors qu’ils l’emmènent à la prison de Bordeaux, et aussi bien son avocate, que ses compagnons, ses amis et sa famille tenteront de contacter toute personne au courant de la situation, nous ne saurons où elle se trouve et qu’elle se porte bien que le 27 mai, soit 6 jours après son arrestation. 6 jours pendant lesquels personne n’a eu de nouvelles d’elle. Ni son compagnon, ni ses amis les plus proches, ni ses parents, ni son avocat à Turin. Nous avons tout appris des journaux, à savoir que le matin du 21 mai, l’opération Prometeo des ROS [Service antiterroriste des Carabiniers] a été lancée, ce qui a permis au procureur Piero Basilone et au chef du service antiterroriste Alberto Nobili d’arrêter deux compagnons et une compagnonne anarchiste. Robert a été arrêté à Modène, Beppe à Ferrare, Natasha à Bordeaux. Les accusations pour les trois sont « attentats à finalité terroriste » et les faits contestés sont l’envoi de 3 colis explosifs à Roberto Maria Sparagna et Antonio Rinaudo, procureurs de Turin engagés depuis des années dans la répression des anarchistes, et Santi Consolo, ancien directeur du Département de l’administration pénitentiaire, responsable de faire des prisons italiennes de véritables lieux de torture.

Natascia est à la prison de Bordeaux depuis 22 jours. Elle n’a pas le droit aux parloirs, pas même avec ses parents. Son courrier est censuré. L’avocate officielle française qui lui a été attribué, en plus de ne jamais s’être trop intéressé à elle, n’a non seulement pas donné de nouvelles sur elle ni à sa famille ni à ses amis les plus proches, et pas même à son collègue qui assiste Natascia à Turin. Sauf dans un courriel envoyé aujourd’hui dans lequel elle écrit que Nat sera probablement transférée en Italie demain, le 13 juin.

Tout cela ne nous surprend clairement pas, mais cela ne peut certainement que renouveler notre dégoût et notre haine envers les tribunaux, les prisons et tous les appareils répressifs qui les produisent et les remplissent, où qu’ils se trouvent.

Ceux qui souhaitent contribuer financièrement aux frais de justice et à ceux dans la prison (pour cantiner etc.) de Natascia peuvent le faire par virement bancaire en utilisant les données suivantes :

Iban IT89W089461661640100000024400978 (compte au nom de Vanessa Ferrara)

Avec le motif : participation aux frais de justice Natasha

Depuis roundrobin.inf

Valence, france:Spahis Race, je vous hais!

Photo Le DL /Clarisse ABATTU

note du laboratoire: l’armée des sportifs envahis la ville.Cette course d’obstacles, mêlant trail et parcours du combattant, le 15 /06, 16/:06..La propagande militariste en courant.; Contre le bétail patriotique texte de D’ Albert Libertad


 

Sportifs, je vous hais !

Par Arthur Cravan (1887-1918)

lundi 20 mai 2019

Parallèlement à la vieille exaltation religieuse du sacrifice qui, aujourd’hui désacralisé, n’en reste pas moins une éternelle apologie du renoncement, il est conforme à la morale de nos maîtres de vouloir remettre au goût du jour la non moins ancienne exaltation de l’effort.

On aurait pourtant tort de ne voir dans cette insistante invitation à l’effort qu’une forme modernisée de la traditionnelle sollicitation au labeur. Elle est plus que cela. Et d’abord pour cette raison qu’elle s’adresse à tous, et donc également à ceux qui, pour le meilleur ou pour le pire, sont justement privés de ce labeur (ou s’en sont privés eux-mêmes). Il faut ainsi comprendre cette exaltation comme une pressante invitation à l’oubli : de soi, de la perception que l’on a du monde, de ce que l’on est et de ce que l’on pourrait être. A tous égards, le sport et l’idéologie du dépassement de soi qu’il véhicule répondent à cette finalité. Aussi le mot connu d’un de ses plus fameux propagandistes est-il devenu la principale rhétorique de la domination : l’essentiel est de participer, participation qu’il faut bien évidemment considérer aujourd’hui dans son sens le plus large. Active au travail, sur le stade, au bureau de vote… ou passive devant son téléviseur. La pratique d’un sport est évidemment un exutoire (donc participe à l’oubli) des frustrations les plus diverses, et l’encouragement à son développement est ainsi un des fers de lance de la stratégie d’intégration de toutes les révoltes que notre époque ne manque pas de susciter. Aussi la tentative de mise au pas de la jeunesse rebelle des banlieues passe-t-elle d’abord par un encadrement sportif, le sport étant ici compris comme une forme de communication et d’expression admissible par une jeunesse qui n’a comme seul langage que celui de la révolte désespérée. On connaissait déjà les stages sportifs organisés dans le cadre des opérations « anti-étés chauds » ; on construit maintenant des écoles de police au cœur des cités, et la pratique sportive consensuelle est présentée comme élément central de la réconciliation, un dialogue possible entre jeunes et police, l’essentiel était comme précédemment de participer.

D‘un autre côté, la mise en spectacle du sport, sa vedettisation, permet également de maintenir la fiction d’une possible ascension sociale, démocratiquement accessible à tous, et transcendant les critères d’origine sociale ou ethnique (les footballeurs les plus connus ne sont-ils pas d’origine modeste ? et les meilleurs d’entre eux ne sont-ils pas noirs ?). En devenant idéologique, le sport est ainsi devenue pédagogie civique, participant en cela à l’élaboration du mythe de la réussite individuelle et de la réalisation de soi-même. Car dans ce même mouvement il suscite et permet une identification aux modèles dominants auxquels il convient d’adhérer : ceux des battants et des gagneurs, hors desquels il n’y a point de salut. Passive ou active, avec ou sans illusion sur sa finalité, l’adhésion à cette idéologie passe évidemment par la négation de sa propre liberté. Car si elle exalte le « dépassement de soi-même », c’est avant toute chose, pour ceux qui s’y adonnent, au prix d’un renoncement à soi et d’une contrition permanente. Qu’il suffise par exemple de voir un joggeur en plein effort pour comprendre à quelles flagellations il se condamne en expiation d’une fausse conscience toujours plus envahissante (on sait qu’en matière d’aliénation, fût-elle la plus moderne, les vieux réflexes religieux ne sont jamais très loin).

Alors, dans la rue, ne verrons-nous bientôt plus que des sportifs ? Nous avions appris à cracher sur les curés (ou leurs homologues musulmans, israélites ou autres) et sur tous les tenants de quelque ordre que ce soit, il convient désormais de ne pas oublier les sportifs !

Arthur Cravan (1887-1918).

non fides.

 

italie:Un dispositif de surveillance découvert lors d’un rassemblement à Cueno

des oreilles et des yeux

Macerie / mercredi 12 juin 2019

Les voix qui, depuis le rassemblements de samedi 8 juin devant la prison de Coni, dans le cadre de la campagne contre le 41bis, ont  remonté le moral des détenus, n’ont pas été écoutées seulement par les oreille attentives des prisonniers, mais aussi par celles, jamais distraites, de l’État.

En déplaçant quelques pierres d’un petit mur qui longe le sentier, à l’endroit le plus proche de là où se trouve la section 41bis de la prison, et là où habituellement on met la sono lors des rassemblements, un compagnon attentif a remarqué un paquet bizarre, enveloppé dans un sac poubelle noir. Dedans, on a trouvé un dispositif d’enregistrement d’images et de sons (il était constitué d’un écran et d’une porte pour carte SD, d’une batterie, d’un micro et d’une caméra cachée derrière une pierre où on avait fait un trou).

Ce dispositif ne pouvait pas envoyer les données, mais il les stockait sur la carte SD. Les flics pensaient récupérer le tout après le rassemblement et regarder tranquillement les images dans leurs bureau au comico. En regardant les heures d’images déjà enregistrées, on a découvert que la mémoire avait été « activée » le 3 juin et que la caméra avait été installée dans l’après-midi du 7, la veille du rassemblement.

N’en déplaise à juges et enquêteurs, la rage contre ces lieux d’enfermement ne s’est pas apaisée, comme en témoigne le battage fait par les prisonniers en cognant sur les barreaux des cellules, pendant le rassemblement, comme en témoigne le gars qui, le lendemain, a incendié sa cellule et agressé des matons et comme le montrent les révoltes éclatées dans différentes prisons italiennes ces derniers mois.

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Italie : 46 personnes mises en examen dans le cadre de la lutte contre le TAP

Résultat de recherche d'images pour "gazoduc tap"46 personnes sont mises en cause pour toute une série d’accusations concernant des épisodes de lutte dans le Salento (région des Pouilles, sud-est) courant 2017 et 2018, allant des manifestations sauvages, au blocage du chantier de San Basilio, à Melendugno début 2018, ou encore des dégradations du siège du TAP*.

Les accusations sont entre autres, outrage et rébellion, menaces ou violence envers un agent public, interruption de service publique, tags, jet de peinture, violences et dégradations, ou encore d’avoir voulu empêcher un photographe de prendre des photos lors d’une manifestation (au total 78 chefs d’inculpation sont tombés). L’enquête a été clôturé par le procureur adjoint Guglielmo Cataldi et la substitut du procureur Maria Consolata Moschettini.

Les journaux locaux fidèles à leurs habitudes n’ont pas attendu une seconde pour balancer les noms, prénoms, âges et lieux de résidence des personnes accusées avant même que les tribunaux ne commencent leur sale travail.

Reformulé depuis leur presse

* Le TAP (Trans Adriatic Pipeline), est un projet de gazoduc ayant pour objet de transporter vers le marché européen le gaz naturel de la mer Caspienne (Azerbaïdjan), vers les marchés occidentaux en passant par la Grèce, l’Albanie et la mer Adriatique jusqu’en Italie.

lu et copié cracher la soupe


Voir aussi la brochure : Saboter l’énergie recueil de textes italiens autour de la lutte contre la construction du gazoduc TAP dans le Salento https://grenoble.indymedia.org/IMG/pdf/TAPbrochCorrect.pdf