Espagne : Communiqué de la compagnonne Lisa en solidarité avec les compas en grève de la faim en Italie

Anarquia.info / dimanche 16 juin 2019

Barcelone, fin 2018 – début 2019

Cher.e.s compas,
Je tiens à envoyer un grand salut solidaire et rebelle aux compas anarchistes emprisonné.e.s qui sont actuellement en grève de la faim dans les prisons italiennes, ainsi qu’à tou.te.s celles/ceux qui sont poursuivi.e.s et aux solidaires dehors.

Il est évidemment nécessaire de lutter contre la prison, l’isolement et toutes les mesures de sécurité de plus en plus dures qui sont appliquées à tou.te.s les détenu.e.s supposé.e.s conflictuel.le.s, dangereux.ses ou socialement inadapté.e.s, particulièrement ceux/celles qui se battent.

Le contrôle (social, physique et psychologique), la punition et l’isolement sont les piliers fondamentaux du système carcéral, ici et dans le monde entier. Les règles du pouvoir sont très simples et quiconque les enfreint, tant à l’extérieur qu’à l’intérieur de la prison, sera puni.e et isolé.e dans un environnement plus socialisé et plus calme….c’est à dire enfermé.e en prison, y compris dans des sections d’isolement, qui ne sont rien d’autre qu’une prison dans la prison. Parfois ce sont des sections à part, qui n’ont aucun contact avec les sections normales ; dans d’autres endroits il s’agit de cellules de punition qui se trouvent dans la section normale, et où les les prisonnier.e.s peuvent interagir, montrer leur solidarité, communiquer mais aussi menacer, ignorer ou stigmatiser les puni.e.s.

Dans l’État espagnol, il y a le système FIES (fichier interne de suivi spécial), un système qui contrôle, enregistre et conditionne l’enfermement des prisonnier.e.s politiques ou conflictuel.le.s. Le FIES III est conçu pour les prisonnier.e.s appartenant.e.s à des groupes armés, il e été pensé à l’origine pour ETA et d’autres groupes organisés, mais on y enferme aussi les anarchistes condamné.e.s, accusé.e.s ou sous enquête pour terrorisme.

Évidemment, l’application des normes du FIES, ainsi que la prison où on est envoyé.e, dépend beaucoup du degré de dangerosité que l’État nous attribue… cela peut être un isolement assez léger et similaire au régime fermé normal ou au contraire un isolement très dur et très strict.

En principe, on passe d’abord par le module d’isolement de Soto del Real (Madrid). Il y a 4 sections – 3 pour les hommes et une pour les femmes. La section des femmes a dix cellules et selon la classification de chacune des prisonnières, on va à la promenade ensemble ou séparément. La cour est minuscule, avec du filet métallique au-dessus. Il n’y a absolument rien d’autre qu’un évier de merde et des déchets.

Dans les cellules, le lit, l’armoire, la table et la douche sont fixés au sol. Seuls quelques effets personnels sont autorisés dans la cellule, notamment 2 livres maximum, qu’on ne peut changer qu’une fois par semaine.

On ne peut avoir d’objets « dangereux », comme des rasoirs, des coupe-ongles ou des pinces à épiler, que pendant une demi-heure au maximum (après ils sont repris). On peut cantiner une fois par jour, mais il a très peu de produits. Les formulaires et les lettres sont collectés une fois par jour, du coup si on veut consulter ou modifier quelque chose, on doit attendre le lendemain. La lumière peut être allumée ou éteinte de l’intérieur de la cellule, mais seulement si les maton.ne.s sont d’accord, autrement ils/elles l’allument ou l’éteignent de l’extérieur.

Le nombre de fouilles dépend des maton.ne.s : l’heure et la raison sont à leur discrétion, mais il y en a beaucoup, comme le sont les contrôles avec détecteur de métaux ou scanners à métaux, de fait chaque fois que l’on quitte la cellule.

La « chose positive », ici – surtout par rapport à l’isolement dans d’autres pays – est qu’ils ont tendance à être plus permissifs avec la communication, tant avec l’extérieur (appels quotidiens, parloirs, cabines téléphoniques aussi dans les sections FIES) qu’entre prisonnier.e.s (on peut parler des heures durant à travers les fenêtres, faire passer des lettres entre prisonnier.e.s…), du coup on ne vit pas son isolement de façon si strict que cela peut être le cas par exemple dans les pays nord-européens.

Mais s’ils veulent punir quelqu’un, ils peuvent le garder dans des modules d’isolement beaucoup plus durs, aménager des sections d’isolement total….

La nourriture passe par un trou à la hauteur de la taille et c’est seulement de là qu’on peut communiquer avec les maton.ne.s – ce qui n’est rien d’autre qu’une humiliation de plus, pour essayer de briser la force de la personne emprisonnée.

Après une période d’observation pendant lequel on est provisoirement isolé.e.s durant quelques mois, généralement on passe à des modules de premier degré, qui sont conçus pour y « vivre » pendant des années. Mais ils peuvent aussi maintenir les prisonnier.e.s particulièrement puni.e.s – généralement ceux accusé.e.s de terrorisme – dans un isolement total, sans aucun contact avec les autres prisonnier.e.s, ou appliquer des articles de sécurité maximale, dans le cas de personnes supposées être particulièrement dangereuses… comme toujours : punir ou prévenir…..

En Allemagne aussi il y a des sections d’isolement. À Cologne par exemple, mais seulement pour les hommes… cependant les femmes aussi peuvent se retrouver isolées dans ces sections ou isolées dans des sections de régime normal. Ensuite, il y a des cellules de punition extrêmes, appelées « bunker », où il est permis d’avoir seulement un vêtement fourni par la prison, où l’on passe 24 heures seul.e, sans fenêtres et sans le moindre contact avec l’extérieur… mais normalement on ne reste pas là plus de quelques jours ou au maximum quelques semaines. Malgré cela, la sensation d’injustice et d’impuissance qui y est vécue est énorme.

L’isolement laisse toujours de fortes séquelles, c’est quelque chose que celle/celui qui l’a vécu n’oubliera jamais, et la folie et la rage de l’avoir vécu ne font qu’augmenter. Il y a beaucoup de gens qui n’y survivent pas. Tout dépend de la force mentale (et physique) de chacun.e mais aussi beaucoup du soutien et de la solidarité de l’extérieur.

Sur le plan politique, il est plus qu’évident qu’on essaye de nous isoler, non seulement de la société extérieure, mais aussi des autres prisonnier.e.s avec lesquel.le.s on pourrait créer des complicités et de la conscience de lutte contre ce système de punition, de prison et d’autorité. Cependant, chaque geste de camaraderie et de solidarité vécu à l’intérieur ou venant de l’extérieur, toute détermination à s’opposer à leur isolement, ainsi qu’à l’ensemble de leur système d’oppression et de misère, prouvent qu’ils ne pourront jamais en finir avec nous, notre combat et notre passion pour la liberté totale.

FORCE, CHALEUR, AFFECTION ET SOLIDARITÉ POUR LES COMPAS EN GRÈVE DE LA FAIM EN ITALIE !
VOUS N’ÊTES PAS SEUL.E.S ! LA LUTTE CONTINUE !
CONTRE LES PUNITIONS, L’ISOLEMENT, LES PRISONS ET TOUTE FORME D’AUTORITÉ !
JUSQU’À CE QUE NOUS SOYONS TOU.TE.S LIBRES !

LISA
C.P Brians 1
juin 2019

Publication: Ricardo Flors Magon, une utopie libertaire dans les révolutions du Mexique

■ Américo NUNES

RICARDO FLORES MAGÓN
Une utopie libertaire dans les Révolutions du Mexique

Paris, Ab irato Éditions, 2019, 274 p., illustrations.

Ce livre, nous prévient d’entrée Américo Nunes, n’est pas une « biographie historique » de Ricardo Flores Magón (1873-1922), mais un « essai politique » sur un acteur emblématique d’un moment inaugural « proprement communiste » qui, de 1900 à 1912 et traversant diverses phases, travailla, sur le front d’un peuple du Mexique fait de divers peuples, à réaliser, dans l’imaginaire et dans la pratique, la « confluence entre révolution paysanne et révolution ouvrière ». Et c’est bien de cela dont il s’agit : une impressionnante plongée historico-critique dans l’imaginaire politique et sensible d’un des personnages les plus profonds et les plus ignorés d’une époque où, en terre mexicaine, la guerre des pauvres accoucha de géants.

Une histoire faite de plusieurs histoires

Fin connaisseur de cette histoire du Mexique insurgé, l’auteur avait, dans un précédent ouvrage [1], brillamment défendu la thèse que ladite révolution mexicaine n’était saisissable que dans sa multiplicité, dans cette constellation d’imbrications des origines qui, sur le temps long et dans un espace historique, géographique et sensible donné, favorisa ou empêcha la convergence de poussées émancipatrices, complémentaires ou contradictoires selon les cas. La grande originalité de son approche, notions-nous alors, pouvait se résumer à deux points : d’une part, la perspective qu’il adoptait, celle des vaincus, si chère à Walter Benjamin ; d’autre part, une lecture du temps et de l’espace de ces « révolutions » mexicaines désencombrée de toute simplification abusive et postulant, plus largement, la pluralité et la complexité des phénomènes révolutionnaires. C’est ainsi que l’auteur affirmait, en marxien conséquent, que ces phénomènes avaient mis en branle des groupes sociaux très différents et porteurs d’intérêts radicalement antagonistes. Au fil du temps, ces groupes conjuguèrent leurs efforts – contre Porfirio Díaz (1830-1915), d’abord, puis contre Victoriano Huerta (1850-1916) – avant de s’affronter au très contrasté mouvement révolutionnaire mexicain dans une guerre civile interne s’achevant, le 1er mai 1917, par la victoire – provisoire – de Venustiano Carranza (1859-1920). Cette approche d’Américo Nunes, qu’il assumait au passage comme gramscienne, avait pour principal mérite de dépasser les clivages interprétatifs traditionnels. Cette révolution, nous disait-il, fut surtout paradoxale, tout à la fois libérale et socialiste, populaire et petite-bourgeoise, agraire et urbaine, restauratrice et moderniste. Elle libéra des forces authentiquement révolutionnaires – zapatistes, villistes, magonistes – qui, elles-mêmes, furent incapables de surmonter leurs propres différences sociales entre paysans-prolétaires, ouvriers de métier et prolétaires industriels. Au terme d’une lutte acharnée, concluait Américo Nunes, anarchiste de cœur pour le coup, la révolution, devenue « une », se militarisa, s’étatisa, mettant un terme, de manière violente, au processus révolutionnaire. En face restèrent les vaincus, ceux qui avaient rêvé de terre et de liberté, avec Emiliano Zapata et Ricardo Flores Magón, ces vaincus dont l’histoire, faite toujours de plusieurs histoires, est infiniment susceptible de « venir trouer la trame linéaire du Temps ». Car, comme l’écrivit Gustav Landauer, « lorsqu’une révolution éclate à nouveau, elle se souvient généralement de tous ses ancêtres » (La Révolution, 1907) qu’elle convoque, sans même le savoir le plus souvent, au nouveau banquet de l’histoire.

Du libéralisme politique à la révolution comme totalité

C’est dans cette même discontinuité historique du surgissement toujours possible que se situe, par sa continuité interprétative, ce nouvel opus d’Américo Nunes, qui est en fait l’œuvre d’une vie, entièrement construit autour de la noble figure de Flores Magón. En précisant que le prisme qu’il adopte est vaste et que sa méthode, encore et toujours dialectique, restitue, de détours en retours, toute l’importance de l’apport de Flores Magón, fils de la Sierra Mazateca (État d’Oaxaca), à la cause de l’émancipation politique, sociale et humaine.

Il est vrai que, dans cette révolution à divers visages, celui de Flores Magón apparaît souvent brouillé ou réduit à l’une de ses expressions, la première surtout, que récupéra la révolution constitutionnaliste de 1917, celle du précurseur libéral-social des origines, fondateur en 1900 du Parti libéral mexicain (PLM) et de son organe Regeneración, celle d’avant son adhésion, donc, pourtant assez rapide, à l’idée de la révolution comme totalité. L’un des principaux mérites de ce livre réside précisément dans l’évaluation du parcours politique de Flores Magón – et plus largement du « magonisme » [2] – saisi dans sa continuité méthodiquement dissensuelle jusque dans son adossement tactique au PLM comme socle d’un mouvement révolutionnaire devant se constituer par en bas sur les bases d’un anarchisme communiste de lutte de classe. Flores Magón fut, en fait, un anarchiste qui ne s’interdit pas la politique, au sens de pensée stratégique. Et ce faisant, il ne choisit pas « la plus mauvaise », comme le dira cruellement Victor Serge des anarchistes qui, par principe, la dédaignaient en la laissant aux autres. L’Espagne de 1936, celui que contemplait Serge quand il lâcha cette saillie, demeure, sur ce plan, un bon exemple. Quand, en recul, les anarchistes acceptèrent le jeu politique, ils ne firent pas leur politique, mais celle que l’État républicain reconstruit attendait qu’ils fissent. Flores Magón, lui, se situe dans une autre manière. S’il faut masquer son appartenance à l’anarchie pour avoir quelque chance de l’atteindre, il le fait. Non par opportunisme, mais par conviction anarchiste, par intelligence tactique du moment historique traversé.

Le libéralisme politique auquel, un temps, il semble sincèrement croire, s’érode, dès 1904, lors de son exil aux États-Unis. Est-il déjà anarcho-communiste ? On ne sait, même si Américo Nunes nous indique qu’il a précocement lu La Conquête du pain, de Kropotkine, et que sa découverte, in vivo, du sort de la classe ouvrière mexicaine immigrée des braceros va substantiellement radicaliser sa conception de la révolution. Changeant souvent de lieu de résidence pour échapper aux persécutions policières, c’est aux États-Unis que Ricardo Flores Magón et ses compagnons du premier cercle [3] vont découvrir, enthousiastes, cette forme spécifique de syndicalisme révolutionnaire offensif que pratiquent les Industrial Workers of the World (IWW), mais aussi fréquenter, désireux d’apprendre, des socialistes nord-américains et des anarchistes espagnols de passage. Ce brassage a son importance dans l’élargissement de l’horizon magoniste qui passe, dès l’automne 1905, par d’évidents « glissements programmatiques », puis par la création de la Junte pour l’organisation du Parti libéral mexicain, d’inspiration assez nettement bakouniniste et dont la visée, nous dit Américo Nunes, est de prendre « définitivement le contrôle du mouvement libéral » contre les libéraux politiques que sont Camilo Arriaga et Francisco I. Madero. Dès lors, Flores Magón s’engage, étape après étape, sur la voie ouverte à divers apports et influences d’une révolution sociale assumée.

Cananea comme point d’orgue

Ce tournant magoniste de 1905-1906, nous dit Américo Nunes, adopte deux voies simultanées, mais non contradictoires : celle du soutien actif à « la première tentative de guérilla insurrectionnelle à l’intérieur du Mexique », expérience dans laquelle les Indiens Yaquis jouèrent, dans l’État de Sonora, un rôle déterminant ; celle d’une participation « éclatante » du PLM, dans le même État de Sonora, à la grève des mineurs de Cananea de 1906, qui intervint comme point d’orgue du travail « de propagande (magoniste) adressée aux “classes ouvrières” naissantes ». Si Cananea fut l’étincelle qui mit le feu à la plaine, c’est que cette grève ouvrière « spontanée » et « totale » pour les huit heures et un salaire minimal digne de ce nom entra en coïncidence historique, en convergence temporelle objective pourrait-on dire, avec la « guerre atroce » que l’armée fédérale mexicaine menait alors contre la communauté Yaqui. Et que, de ce fait, elle révélait combien les « pauvres » avaient de raisons profondes de se coaliser contre le Porfiriat [4] en s’émancipant de leurs propres différences, infiniment ressassées, pour faire « être-en-commun ». C’est ce moment, nous dit Américo Nunes, que choisit le PLM pour publier son nouveau programme social et politique, qu’il adresse « essentiellement à la “classe la plus nombreuse” – et la plus pauvre – du pays (prolétaires, ouvriers, paysans, péones et classe moyenne pauvre ».

Réprimée dans le sang, la grève de Cananea marque également un point de rupture dans le processus de pacification sociale que le Porfiriat prétendait instaurer par la capitalisation de la société mexicaine et l’extension progressive du domaine du salariat. Elle révèle la vraie nature répressive d’un système proto-industriel en formation sous contrôle étranger, principalement nord-américain. L’année suivante – 1907 – verra les ouvriers de Río Blanco entrer en action en bloquant les manufactures textiles locales, sous capitaux français, dans la zone comprise entre Puebla et Veracruz. Avec le même résultat : une levée en masse suivie d’une répression provoquant la mort de centaines de grévistes. Du côté du « magonisme » militant, l’évolution s’accentue « vers un approfondissement des idées anarchistes et communautaires sous l’influence de Pierre Kropotkine, surtout par son idée centrale d’un anarcho-communisme centré sur les idées essentielles d’ “appui mutuel”, d’insurrection et de commune libertaire ».

Désir d’utopie et dialectique du dépassement

Si le « magonisme » relève d’un anarchisme dynamique, hétérodoxe, libre de toute fixité idéologique, c’est que, de 1906 à 1911, le temps d’élaboration de l’idée de révolution comme totalité, il s’articule à une dialectique du dépassement permanent, ouverte au vaste champ des possibles émancipateurs, intégrant sans chercher le point de synthèse des traditions aussi anciennes au Mexique que celle du communalisme indien et aussi modernes que celle de l’action directe ouvrière, de forme syndicaliste ou pas. C’est sans doute là ce qui fait la singularité du « magonisme » et, d’une certaine manière, son actualité intempestive. Car il faut bien admettre que cette curiosité pratique qui le caractérisa et cette aptitude qui fut la sienne à capter, dans le tréfonds des consciences parcellaires et séparées, ce qui pouvait faire imaginaire commun d’une utopie en construction n’étaient pas, c’est le moins qu’on puisse dire, les qualités les plus partagées dans le vaste monde idéologisée du progressisme révolutionnaire de son temps. La leçon vaut toujours pour aujourd’hui, et peut-être davantage même que pour hier, en ces temps d’effondrement. Comme vaut l’approche de Flores Magón et de ses amis, qui ne préjuge de rien mais décèle, dans le monde des exploités et des dominés tel qu’il va, les points de convergence nécessaires pour le subvertir. L’actualité de notre époque est encore fertile en dépassements que la Théorie ignore, mais que la praxis conjugue sans savoir le plus souvent qu’elle renoue, ce faisant, avec un très ancien projet d’émancipation.

Cette tentative d’articulation entre l’ « utopie communiste primitive » directement liée au mythe communautaire indien, à son rapport à la Terre Mère, et le socialisme libertaire des temps nouveaux s’élaborant dans les pratiques d’organisation et d’action des « classes ouvrières » naissantes, bien des progressistes de l’époque, anarchistes compris, la jugèrent à tort contradictoire. À tort parce qu’elle contenait, dans sa méthodologie même, une promesse inédite de conciliation entre l’ancienne cosmogonie indienne et la nouvelle puissance d’un prolétariat en formation, et que, poétisée, cette convergence d’imaginaires apparemment antithétiques pouvait agir, révolutionnairement et de facto, comme une « réserve utopique » en devenir où s’accorderaient, enfin, la nostalgie d’un âge d’or et la dynamique d’un temps historique à venir, celui de « l’arrêt messianique du présent », pour reprendre la belle référence benjaminienne.

Sur cette thématique d’exception, Américo Nunes apporte des lumières indispensables pour saisir en quoi le « désir de révolution » si pleinement incarné par Flores Magón n’est pas séparable d’une dialectique de réélaboration, ouverte à l’ancien et au nouveau, du projet communiste libertaire d’émancipation défini comme « retour à la communauté » humaine et au « travail social en commun ». C’est en ce sens, nous dit l’auteur, « que ce qui le taraudait, c’était la possibilité, ou non, d’articuler une histoire sociale passée-présente, où le passé et le présent s’entrecroiseraient, afin de changer et transformer une réalité insupportable pour les masses ».

Entre « passé passé » et « passé futur », la révolution

Dans un article paru le 2 septembre 1911 dans Regeneración, Ricardo Flores Magón affirmait que « le peuple mexicain [était] apte pour le communisme ». Il s’agissait alors, pour lui, de laisser ouverte, désirable et possible la perspective d’un dépassement nécessaire de la révolution politique qui avait provoqué la démission de Porfirio Diaz le 25 mai 1911 et allait permettre l’élection du libéral Francisco I. Madero le 15 octobre. Plus que de circonstance, ce texte, subtilement analysé par Américo Nunes, fait surtout preuve de l’intime conviction de Flores Magón que la révolution sociale constitue la seule issue possible à la révolution politique, le seul chemin vers l’émancipation collective. Intimement, il sent que, dans son être profond, dans son étrangeté, dans sa quête d’un sens commun à son existence, la multitude des déshérités et des humiliés doit désormais chercher dans le communisme – perçu comme abolition des anciennes formes de possession capitaliste de la terre – la forme réelle de son émancipation. Le « passé futur » est là, précisément là, dans cette réappropriation imaginaire du « passé passé » inabouti et dans son prolongement possible. La révolution sociale, c’est en somme ce temps où la radicalité se nourrit des mythes anciens et y puise l’essentiel de sa force d’impulsion.

« Presque toujours, écrivit Octavio Paz, l’utopie suppose l’existence préalable, dans un passé lointain, d’un âge d’or qui justifie et rend possible son action révolutionnaire. [5] » Au long cours des « révolutions mexicaines », le zapatisme représenta sans doute, mieux que tout autre, la quintessence de cette aspiration du retour au « passé passé » d’un âge d’or qui, du reste, n’exista jamais que comme idée qu’il n’y avait de réalité mexicaine possible que mythique. Le « magonisme », lui, se situait dans un autre devenir, une perspective anarcho-communiste de rupture soucieuse d’emprunter au passé du rêve d’émancipation les raisons de construire un autre futur pour les pauvres, tous les pauvres – qu’ils fussent paysans, prolétaires, sous-prolétaires ou un peu les trois à la fois. C’est en cela que la vision de Flores Magón relève d’une cosmogonie où tout fermente d’une radicalité – plébéienne plus que prolétarienne –, constamment soucieuse d’imaginer, de susciter, de tisser des convergences d’imaginaires social et combattant entre pauvres, ces pauvres qui sont pour lui, et à l’évidence, le sel de la terre. Cette aptitude à chercher en permanence, en l’inventant si nécessaire – et au risque de se tromper parfois –, cette voie non tracée de l’émancipation des pauvres, c’est ce qui fait sans doute du « magonisme », hors cadre historique précis et quelques que soient les idées de l’époque, une manière toujours actuelle d’imaginer la révolution comme un devenir qui se nourrit d’un passé à rejouer infiniment.

Une vie comme œuvre

On reprendra, pour finir, par le début, car toujours le début est à reprendre. Si ce livre est bien un « essai politique », puissant et de grande ampleur, il atteste aussi qu’il faut voir la vie de Flores Magón comme œuvre, œuvre de vie précisément où le présent et l’absolu de l’idée de révolution empruntèrent des chemins difficiles qui engagèrent l’existence sensible, intime de ce rêveur éveillé que fut ce fils de la Sierra Mazateca. C’est même en ce sens que cette existence fait histoire inspirante. Ici, il n’est pas vain de rappeler que cet homme vécut quarante-six ans, dont un tiers aux États-Unis, avec de fréquentes périodes d’incarcération, et mourut, le 21 novembre 1922, dans des conditions qui demeurent suspectes au pénitencier de Leavenworth (Kansas) où il purgeait, depuis 1918, une peine de vingt ans de bagne pour « défaitisme » et « sabotage de l’effort de guerre » étatsunien.

Au vu de cette condition de déplacé, recevable est l’hypothèse d’un certain décentrement magonien par rapport au réel mexicain, d’autant plus recevable, pourrions-nous dire, qu’elle fait sienne deux données inséparables de la vie et de l’œuvre des révolutionnaires de ces temps où l’adhésion au « principe espérance » se payait souvent au prix du destierro. On a beaucoup reproché, en effet, à Flores Magón d’avoir vu le Mexique de loin et de l’avoir pensé, à partir de 1906, en exilé. On a beaucoup glosé, de même, sur ses penchants internationalistes, sur son refus de rallier Madero au début du processus révolutionnaire, sur ses contacts infructueux avec Villa, sur sa rencontre sans prolongements avec Zapata et surtout sur sa tentative « flibustière », un peu aventureuse il est vrai, d’instaurer, en janvier 1911, et pour cinq mois sur quelques kilomètres carrés, la Commune libre de Basse-Californie, avec le soutien actif d’anarchistes de diverses nationalités et de militants des IWW. Si toute critique est recevable, il n’en demeure pas moins que le projet de Flores Magón se décentra également pour le meilleur, comme pressentiment, comme anticipation dialectique, comme possibilité effective d’un ici et maintenant d’une utopie libertaire refusant tout verrouillage conceptuel, dégagée de toute nécessité objective et produite comme mouvement ascendant d’un imaginaire d’émancipation.

En cela, Flores Magón incarna plus que tout autre, et jusque dans ses limites, l’esprit même de l’utopie active nécessairement méfiante envers tout pouvoir institué ou en voie d’institution. Malgré les avanies, les déceptions, les doutes, ce révolutionnaire d’exception paya de sa vie ce que Ernst Bloch, que cite souvent et à juste titre Américo Nunes, définissait comme « l’espérance scrutatrice », à savoir « l’attente active du rêve éveillé », de « l’espoir concret », du « non-encore-conscient », du « non-encore-advenu », du « rêve vers l’avant » [6]. Ce fut précisément sa grandeur, et cela demeure sa force.

Car rien ne doit se perdre de ce qui, dans le passé du désir-révolution, a fait quintessence. Ce livre, qui fera date, nous le rappelle page après page.

Freddy GOMEZ

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Valence, Drôme: le 26 juin à 18h30″ rompons les rangs » discussion rompons les rangs, contre la Servitude Nationale Universelle

 © FACL

Contre le S.N.U

,Discussions  au Laboratoire anarchiste  le mercredi 26 juin à 18h30.C’est là que ça va se passer et ça va être génial !Car il faut bien continuer à ‘inventer « pour »cette lutte.
Et c’est tellement important de se rencontrer!

« Jamais peut être n’a eu plus besoin du souffle vivifiant de l’anarchisme ; jamais la nécessité de briser la règle, la discipline, la loi, n’est apparue plus grande qu’aujourd’hui « écrivait un compagnon à la veille de la deuxième guerre mondiale. Aujourd’hui, les guerres , l’autre face de la paix ensanglantée des marchés, du progrès et de la production, continuent à ravager le monde, et peut être aujourd’hui aussi, ce dont il y a besoin, c’est le crie strident de l’anarchie qui s’oppose à tous pouvoir, qui rompe les rangs des états totalitaires et démocratiques, qui scrute l’horizon pour arrêter le massacre là où il est produit.

La guerre, le contrôle , la répression, l’exploitation, la militarisation des esprits, la aine sectaire, le maelstrom technologique sont tous des aspects de cette domination en incessante restructuration, que ce cahier se propose d’analyser , en s’aventurant en même temps sur les chemins de l’action d’hier et d’aujourd’hui contre leur guerre …. et contre leur paix.

la quatrième de couverture  du livre Rompre les rangs contre la guerre , contre la paix , pour la révolution sociale . hourriya N°5

 

De quoi « Nantes Révoltée » est-il le nom ?

Nantes Révoltée et « le complot fasciste »

Depuis plusieurs mois, bon nombre de tags contre les flics, les frontières et les papiers viennent fleurissent au sommet des montagnes des Hautes-Alpes. Des bagnoles personnelles de flics de la PAF ont elles aussi été pris pour cible en mai dernier.

D’après les reporters de Nantes Révoltée, il y a de grande chance qu’il s’agisse en réalité d’un coup monté par les fascistes pour décrédibiliser les vrais anarchistes. Vous savez, ces mêmes personnes qui ont pleuré les vitres d’une institution de l’État qui soigne, brisées par quelques « égarés pavloviens » en juin 2016 à Paris ; qui ont fait le coup de poing lors de l’émeute à Rennes pour la ZAD, alors que le comité organisateur avait décrété toute attaque contre le capital interdite.

Les derniers tags en date réalisés à Névache ont eu une large couverture médiatique. Ces révoltés nantais autoritaires, qui commentent tout type d’infos des médias par avidité de cliques et de reconnaissance du monde virtuel, n’ont pas tardé à réagir lorsqu’ils ont appris qu’une stèle en hommage à un bataillon d’antifascistes ayant combattu les nazis avait été recouverte de tags contre les flics. Et, pire que tout pour nos vrais « anarchistes », une chapelle affichait des messages contre les frontières et en solidarité avec les migrants.

Merde, les anarchistes seraient en fait des blasphémateurs. Ils n’auraient même pas de parti, même imaginaire. Le comité plus du tout invisible m’aurait donc menti.

Il a suffi de quelques slogans tracés à la peinture noire sur des lieux sacrés appartenant à des institutions telles que l’église et l’État pour se lancer dans une rhétorique des plus dégueulasses : celle qui consiste à y voir un complot de l’ennemi, forcément fasciste, pour décrédibiliser La Cause.

Ce qui est défendu ici par Nantes Révoltée, ce sont les vieilles théories complotistes de la gauche et de l’extrême-gauche.

Depuis 1933 et l’incendie du Reichstag par un communiste conseilliste, Marinus Van der Lubbe, présenté par le parti communiste allemand comme « agent provocateur des nazis », les thèses de complot visant à jeter l’opprobre sur des actes de révolte individuelle sont monnaie courantes chez les gauchistes (à chaque mouvement social de révolte, on a droit à cette théorie diffusée par les staliniens, trotskistes et autres gauchistes…)

Par ailleurs, Nantes Révoltée participe à la martyrologie des personnes ayant combattu le fascisme. Ce collectif n’est pourtant pas censé ignorer que ces monuments d’hommage sont érigés et entretenus par l’État, cette Nation tricolore sanguinaire. Ce sont des sanctuaires de l’État visant à glorifier la Résistance, qui a toujours été synonyme de patriotisme : gaullistes et PCF ont construit ce mythe d’une Nation antifasciste opposée à l’occupant allemand : à partir de la rupture du pacte germano-soviétique, le Parti Communiste appellera à saboter les infrastructures et intérêts de l’Occupant allemand (pas nazi), sans jamais s’attaquer directement aux collaborationnistes du régime de Vichy. Par patriotisme justement.

On n’oublie pas non plus les antifascistes anti-autoritaires et anarchistes qui seront fusillés par ces staliniens dans divers groupes de lutte contre les fascistes.

Répandre de telles affirmations concernant des compagnons et camarades qui agissent contre les frontières depuis plusieurs années dans les Alpes est purement dégueulasse.

Cette nouvelle réaction de dissociation et de complotisme vient compléter la liste d’immondices commises depuis plusieurs années par ces autoritaires, soucieux de leur image médiatique, qui font sans cesse le tri entre les bons et les méchants révoltés.

Plus que jamais, à bas l’État, le patriotisme, les flics et les frontières !

[Publié sur indymedia nantes, 15.06.2019]

Nouvelle parution : Sabaté. Guérilla urbaine en Espagne (1945-1960) Antonio Telléz Solá

Un nouveau livre vient de paraître chez les éditions Tumult. c’est une réédition d’un livre déjà paru à l’édition         Repères – Silena en 1990 avec une nouvelle introduction et  une postface .

Antonio Telléz Solá
SABATÉ. GUERILLA URBAINE EN ESPAGNE (1945-1960)Après que l’insurrection révolutionnaire de 1936 ait été étouffée dans
une guerre civile, les troupes franquistes prennent possession de
l’ensemble du territoire espagnol en 1939. Afin d’échapper à cette
réaction meurtrière, de nombreux rebelles prennent le chemin de l’exil
forcé ou de la clandestinité. Envers et contre tout, des groupes
d’action et de guérilla décident alors de relancer la lutte subversive
contre un ennemi implacable.À travers le récit de la vie de Francisco Llopart Sabaté, un de ceux qui
empoignera les armes pour tenter d’abattre le nouveau régime, c’est le
portrait de toute une génération de combattants anarchistes qui est
dressé ici. Sabaté fut de ces hommes et femmes qui mirent leurs vies en
jeu au cours d’un long combat courageux contre la dictature de Franco,
pour la liberté et la révolution sociale.130 x 190 mm – Couverture sérigraphiée – 400 pages
10 euros
7 euros pour distros

Pour commander, il suffit de se mettre en contact via le mail
tumult_anarchie@riseup.net

D’autres livres sur:
tumult.noblogs.org

Italie : La solidarité avec les anarchistes en grève de la faim continue

L’Aquila : Des banderoles accrochées et la salle communale occupée

Round Robin / lundi 17 juin 2019
Ce matin, un groupe de personnes solidaires avec Anna, Silvia, Giova Stecco, Leo, Alfredo, Marco et Ghespe en grève de la faim est monté sur une grue haute de 60 mètres, en Piazza del Duomo, à L’Aquila. Au même temps, un autre groupe a occupé la mairie. Silvia et Anna sont à leur vingtième jour de grève de la faim. Rompre le train-traintrain quotidien c’est le minimum.

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Bologne : Occupation de la Tour Asinelli, contre la section AS2 de la prison de L’Aquila

Round Robin / lundi 17 juin 2019

Vers 19h, des compas ont occupé la tour Asinelli [une des deux tours médiévales qui se trouvent dans le centre de Bologne et en sont un peu le symbole; NdAtt.]. Ils/elles ont exposé une banderole en solidarité avec les anarchistes en grève de la faim en prison, contre la section AS2 de L’Aquila.
En dessous, il y a eu un gros rassemblement solidaire. Les flics aussi étaient au rendez-vous. Il y a eu des prises de parole et la circulation a été bloquée.

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Rendez-vous devant la prison de Terni : Un bonjour pour Juan et un cri de lutte pour les compagnonnes anarchistes emprisonnées en grève de la faim

Anarhija.info / lundi 17 juin 2019

Un bonjour pour Juan et un cri de lutte pour les compagnonnes anarchistes emprisonnées en grève de la faim.

Le 19 juin, à 18h, nous nous rassemblerons devant la prison de Terni, en Via delle Campore, 32, pour passer le bonjour à Juan, anarchiste arrêté le 22 mai dans la région de Brescia et récemment transféré dans cette prison, où il y a une section AS2 et plusieurs sections 41bis.

Nous hurlerons notre haine des prisons, en solidarité avec Juan, avec Anna et Silvia, qui sont en grève de la faim dans la prison de L’Aquila depuis le 29 mai, et avec les autres anarchistes emprisonnés en grève de la faim dans d’autres prisons.

 

 

| Une question énergique |

Aborder la question de l’énergie, ou plutôt des ressources énergétiques dont dépendent le bon fonctionnement de l’exploitation capitaliste et le pouvoir étatique, n’est pas facile. Surtout, précisons-le d’emblée, s’il ne s’agit pas de faire une énumération de données techniques sur telle ou telle source énergétique, d’énumérer les nuisances que provoque la voracité énergétique du système industriel, les ravages qu’elle implique au niveau environnemental. Ce que nous souhaitons proposer ici, est de tenter une analyse plus vaste, plus profonde, de ce que signifie l’énergie dans ce monde-ci. Que celle-ci demeure en partie lacunaire est difficilement évitable, mais l’objectif est d’arriver à une compréhension, à une appréhension générale de l’importance de cette question énergétique.

Partons d’un simple constat : depuis plusieurs décennies, avec l’imposition massive du nucléaire par l’État et la croissance exponentielle des besoins énergétiques de la production industrielle, de la guerre et du modèle sociétal de consommation de masse, de très nombreux conflits ont été liés aux ressources énergétiques, à la production et au transport d’énergie. D’un côté, on voit comment les États ont déclenché des guerres sanglantes pour conquérir certaines ressources, comme le pétrole ou les mines d’uranium, pour donner un exemple évident, ou s’en assurer l’approvisionnement continu. D’un autre côté, il y a aussi eu de nombreux conflits disons sociaux, tantôt plutôt écologiques, tantôt radicalement anti-capitalistes, tantôt de refus d’une ultérieure dévastation du territoire ou encore refus de l’imposition de certains rapports sociaux que ces projets impliquent : opposition à l’exploitation d’une mine, à la construction d’une centrale nucléaire, aux nuisances provoquées par une centrale électrique à charbon. La longue liste de luttes et de guerres nous donne déjà une idée de l’importance que revêt l’énergie, sa production et son contrôle.

Aujourd’hui, en ces temps où toute perspective révolutionnaire d’une transformation totale des rapports existants, d’une destruction de la domination, semblent avoir presque disparu, au moins dans les contrées européennes, il existe cependant pas mal de luttes et de conflits qui s’opposent aux infrastructures énergétiques. Que l’on pense à la gigantesque mine à ciel ouvert de lignite à Hambach en Allemagne, où la lutte contre son extension est ponctuée de sabotages divers et variés en-rayant le fonctionnement de la mine existante ; à la lutte contre la construction du gazoduc TAP qui se heurte à une opposition dans le sud de l’Italie ; aux luttes ici en France qui ont eu lieu contre la construction de nouvelles lignes à haute tension dans la Durance (pour augmenter la capacité d’exportation d’électricité nucléaire française) ou en Normandie (pour raccorder la nouvelle centrale nucléaire de Flamanville au réseau) ; sans oublier celles contre l’implantation de nouvelles éoliennes ou contre les permis d’exploration et d’exploitation du gaz de schiste… Certes, tous ces conflits ne relèvent pas toujours d’aspirations révolutionnaires, et on retrouve souvent en leur sein non seulement le citoyennisme, l’écologisme cogestionnaire, la recherche de dialogue (et donc de reconnaissance) avec les institutions, mais aussi une fâcheuse confusion – dans le meilleur des cas – voire d’opportunisme politique – dans le pire –, du côté des autoproclamés radicaux. A l’instar par exemple de ce que les comités invisibles et les stratèges populistes de service théorisent sous forme de stratégies de la composition, ce qui revient à réunir tout ce qui est incompatible sous la direction d’un haut commandement politique qu’ils cherchent à imposer, avec plus ou moins de succès. Mais n’entrons pas dans le vif de ce sujet qui a déjà été abordé ici.

[…]

La suite ici :

https://avisdetempetes.noblogs.org/files/2019/06/Avisdetempetes18.pdf

Grenoble : Pour dire pourquoi on a bruler des véicules de EDF

Indymedia Nantes / lundi 17 juin 2019

action directe

moi et ma soeur on en a eu diablement mare. notre père y bosse à EDF depuis plus de 30 ans, déja bien avant qu’on sois né. y nous a toujours parler de l’électricité comme le truc le plus important pour l’humanité. mais moi et ma soeur on a jamais aimer sa, on a toujours préférer jouer dehors faire les fous courir partout grimper au arbres se rouler dans l’herbe faire les indiens contre les cowboys se cacher dans la forêt pour observer tout les animaux et faire plein d’autres trucs. on a dailleurs toujours préférer les animaux au humains et au moin y peuves pas être alcolique comme notre père qu’on déteste. lui il a battu notre mère jusqu’a qu’elle parte de la maison et il nous hurle dessus quand on est ché lui mais on s’enfuis quand y veux nous fraper et on va se cacher la ou personne peux nous trouver.

moi et ma soeur on déteste l’électricité passque pour nous sa représente notre père et sa violence et son autorité puis la société et tout les trucs que les humains y doives brancher pour exister et pas s’ennuyer. moi et ma soeur on a pas besoin d’électricité pour jouer dans la nature et on adore faire du feu et alumer des bougis. on déteste voir les imence potos en fer avec les super long files électrique qui traverse les prés et les forêts puis sur les montagnes. sa nous énerve diablement. et aussi on déteste les imence élices blanche qui tourne pour faire de l’électricité. c’est trop moche et sa gache nos rêveries quand on regarde le ciel loin et qu’on les vois. sa rend laid les paysages et notre père y dis que sa sert juste pour que les gens y critique moin EDF. car lui y dis tout le temps que c’est le nucléaire qui est super et qui va sauver l’humanité et le système de la catastrophe climatique que les gens y parles souvent à la télé, alors notre père y crille sur la télé pour dire que le nucléaire sa va tout sauver.

heureusement que notre mère elle nous a tout expliquer sur l’électricité le nucléaire et la connerie des humains. c’est grace a elle qu’on adore la nature. elle nous a toujours enmener jouer dans la forêt et les prés et elle nous a appris a faire plein de trucs pour se débrouiller dans la nature et pour pas avoir besoin de l’électricité. elle a toujours dis a moi et ma soeur que les problèmes les plus grand qui ont rendu fou les humains et qui détruit tout ce qui vis, c’est les villes et tout le béton, tout les voitures camions et avions et tout les trucs qui on besoin de pétrol. et aussi le travaille que tout les gens y doives faire tout les jours pour fabriquer tout les trucs qu’on a même pas besoin. notre mère elle dis aussi que c’est les hommes qui dirige le monde et que les femmes elles sont presque tout le temps obliger d’écouter les hommes, même si ya plein de femmes comme elle qui se révolte. alors elle ma toujours appris a l’écouter elle et ma soeur. et elle dis que ya le racisme aussi et la peur des étrangés et le massacre des animaux et toute la violence, encore plus avec l’alcol.

moi et ma soeur on a voulu montrer a notre père qu’on le déteste vraiment, alors dans la nuit du 16 au 17 juin 2019 on a bruler des véicules de EDF a Grenoble, la ou il travaille. on a repenser que quand des voitures de ENEDIS avais bruler en 2017 à Grenoble, notre père il avais été tellement en colère qu’il arrètais pas d’en parler. il disais que s’était des arnarquos libère terre qui avais fait sa. pas longtemps après notre mère elle nous avais dit que des anarchistes avais bruler un batiment de ENEDIS pas très loin de Grenoble. moi et ma soeur on navet vu que sa avais fait plaisir à notre mère ces 2 grand feux contre l’électricité. alors on a fais pareille pour faire soufrir notre père et faire plaisir a notre mère. et pour se marer moi et ma soeur on c’est dis qu’on étais des

Energumènes Diablement Furax

et on c’est sauver sous la lune pleinement souriante.

Gap, Hautes-Alpes: Le18/06/19 Verdict procès du Césaï à 14h au Tribunal


Salut les ami.e.s l'été arrive à grand pas. La ville de Gap va laisser
place aux nocturnes commercial et aux flux touristiques. De notre maison
nous ressentons déjà les prémices, cette semaine nous avons reçu
plusieurs coup de pression de la police allant jusqu'à essayer de nous
voler à deux reprises notre banderole ou est inscrit nos modestes
revendications "pas d'expulsion, au CESAi on y est et on y reste".
Monsieur le Maire est pressé de nous voir dégager du paysage : c'est
vrai que montrer à des touristes qu'ici il y a des gens qui luttent
contre les frontières ça ne vends pas du rêve mais ça remet sûrement les
pieds sur terre. Mardi 18 nous allons recevoir notre verdict et plus que
jamais nous avons besoin votre présence et de tout votre soutien pour
montrer que nous sommes pas seuls et qu'aucune expulsion ne pourra
effacer le combat que nous menons.

Rendez-vous Mardi 18 à 14h devant le tribunal de Gap.

Grenoble : Huit véhicules en moins pour EDF

Le Dauphiné Libéré / lundi 17 juin 2019

Huit véhicules (voitures et utilitaires) ont été détruits ce lundi vers 3 heures par incendie survenu sur un parking de la Division technique générale d’EDF, avenue de l’Europe à Grenoble, a-t-on appris ce lundi.
Cet incendie, très probablement volontaire, fait écho à un autre sinistre qui avait provoqué la destruction d’une douzaine de véhicules techniques sur un parking d’Enedis, en mai 2017.

L’incendie avait été revendiqué par des activistes libertaires, ainsi, d’ailleurs, que de nombreux autres incendies dans la région grenobloise, parmi lesquels deux incendies de gendarmerie [la caserne Vigny-Musset à Grenoble et celle de Meylan; NdAtt.].