Au fil de quelques lectures : islamisme, fascisme, choc des civilisations, religions…

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Au fil de quelques lectures : islamisme, fascisme, choc des civilisations, religions…
Feb.4,2016

Depuis qu’ils pensent trouver dans l’islamisme militant un produit de remplacement à leur ancienne eschatologie marxiste, des individus se réclamant de la Gauche ou de l’extrême gauche rejettent toute analyse qui mette en rapport djihadisme offensif et a fortiori terroriste et religion musulmane. Pour eux toutes les causes du phénomène sont extérieures à l’Islam, à ses traditions, à son histoire et à son actualité. Les médias ne sont d’ailleurs pas en reste qui évitent la critique des religions en général, défendent une laïcité ouverte à tous les vents et, pour faire bonne mesure, n’osent même pas, dans leurs articles, écrire le terme « d’État islamique », se contentant de citer l’acronyme arabe Daech suivi des initiales (EI)1. Voyons cela plus en détail.
L’islamisme radical n’est pas un nouveau fascisme

Alain Badiou est interviewé dans le journal Libération daté du 9-10 janvier 2016 sous le titre : « La frustration d’un désir d’Occident ouvre un espace à l’instinct de mort », à propos d’un petit livre sur le 13 novembre 2015 publié chez Fayard sous le titre, Notre mal vient de plus loin. Il y développe l’idée que pour comprendre l’événement et plus généralement le terrorisme djihadiste, il ne faut pas partir de la critique de la religion car dans ce cas on tomberait obligatoirement sur l’hypothèse de Huntington2 du choc des civilisations ; hypothèse que Badiou juge réactionnaire.

Pour lui, il n’y a pas une islamisation qui entraîne fascisation, mais une fascisation qui entraîne islamisation.

C’est une autre version de la formule d’Olivier Roy sur l’extrémisation politico-sociale qui, aujourd’hui, ne trouverait son débouché que dans l’Islam3. On aurait affaire non pas à un Islam radical, mais à une islamisation de la radicalité.

C’est que, pour Badiou et Roy, il ne peut y avoir de radicalisation interne à l’Islam comme si la religion en général et l’Islam en particulier aujourd’hui ne pouvaient jamais poser problème en tant que puissance idéologique ou force politique. Pour eux, de façon évidente, la critique ou l’interprétation des événements ne doit pas se faire à partir de la critique de la religion. En fait, ils ne comprennent pas que dans la figure de Daech coexistent trois éléments : un Islam de la conversion, peu conventionnel4, une allégeance politique à une figure autocratique et une dimension militaire qui authentifie, et consacre, le nouvel adepte.

Faute de reconnaître cela, ils rabattent donc le religieux sur le social pour Badiou, sur le culturel pour Roy. En cela, ils ne font pas preuve d’originalité puisqu’ils opèrent comme la plupart des sociologues et autres spécialistes des sciences humaines5. Ce faisant, ils négligent la force et l’influence wahhabite, la critique de la séparation entre grand djihad quiétiste et petit djihad guerrier faite par Hassan El Banna et les Frères musulmans, l’existence avérée d’une tendance djihadiste au sein du courant salafiste. Tous ces oublis ou occultations entraînent une difficulté à appréhender un phénomène doublé d’une organisation telle Daech. Objectivement, ils ne peuvent le classer dans les États terroristes puisqu’il n’est pas un État et vue leur position, ils sont obligés de lui dénier le qualificatif d’organisation islamiste.

L’EI ne serait qu’un groupe mafieux (Badiou) un peu particulier et ses membres des « pieds nickelés » (Roy). La radicalisation, si radicalisation il y a, proviendrait, dès lors forcément, d’un événement extérieur (l’occupation de la Palestine, la guerre en Syrie6, l’intervention occidentale au Moyen-Orient) et d’un contexte particulier (le chômage des jeunes d’origine immigrée, les discriminations…) qui serait à l’origine de ce qui va être qualifié de dérive ou de folie meurtrière. En tout cas, tout cela doit être ramené à une cause historique dans l’histoire occidentale. La colonisation en toile de fond permet de développer un discours anti-impérialiste qui sied aussi bien à ceux qui ne voient là que de nouveaux « gauchistes » du djihad (pour Roy ils ne seraient que des nouveaux « brigadistes7 », seule la couleur du drapeau changerait passant du rouge au vert), qu’à ceux qui n’y voient que de nouveaux fascistes (pour Badiou, ils réactivent l’image du lumpenprolétariat dont parlait Marx).

Badiou confond ici des actes qui peuvent s’apparenter au squadrisme fasciste avec un fascisme politique qui implique un mouvement de masse… qu’on ne retrouve justement pas aujourd’hui sous les formes de l’islamisme radical. Le courant salafiste offensif et djihadiste reste très minoritaire et procède tout autrement. Il ne cherche pas à se gagner les masses, mais à les effrayer.

Cette mise à toutes les sauces du fascisme est critiquée par Robert Paxton8, l’historien de la Seconde Guerre mondiale à propos de l’amalgame fait entre des phénomènes comme la campagne présidentielle de Donald Trump aux États-Unis, les Tea party, le FN, l’islamisme radical. Paxton y montre de façon convaincante que Trump défend clairement les millionnaires et que son populisme n’a rien d’anti-capitaliste ; que les Tea party sont pour l’État minimal et relèvent plutôt d’une idéologie libérale/libertaire ; que le FN de Marine Le Pen n’est qu’un mouvement de la Droite européenne et n’est pas assimilable à Aube dorée. À l’inverse, la position de Badiou revient à simplifier des situations afin de tracer des signes équivalents pour donner l’impression d’y voir plus clair. Le nouveau ne serait donc jamais que de l’ancien sous un nouveau jour. Cette position aboutit à essentialiser le fascisme comme une forme non historique dont l’invariance, au moins à l’époque contemporaine, lui permettrait de se glisser dans tous les oripeaux, y compris donc dans celui de l’Islam. Cette supposée invariance du fascisme autorise par là même tous les énoncés anti-fascistes mis en avant par divers groupes d’extrême gauche ou libertaires pour ne pas avoir à prendre position sur la question de l’islamisme radical ou sur la radicalisation de certaines de ses fractions. Mais ces énoncés ne sont que des postures et ils ne débouchent sur aucune action pratique anti-fasciste visant les djihadistes. Et pour cause, car alors ces groupes se retrouveraient dans la même situation que la police. Il leur faudrait mener l’enquête dans des quartiers qu’ils ne connaissent pas, faire le tri entre « bons » et « méchants » et, comme dans la guerre des polices, ils ne seraient jamais d’accord entre eux.

Mais Badiou9 est moins gauchiste et plus communiste que le tout-venant. Il sait que la sortie, si sortie il y a, ne peut provenir que du dégagement d’une autre perspective. C’est là qu’intervient sa croyance en l’idée communiste ou plutôt en le communisme comme idée, manifestant en cela, une fois encore, son indéfectible attachement à la philosophie de Platon.

Pour Badiou, le communisme est semblable à une théorie scientifique qui, elle aussi, doit être expérimentée non pas en laboratoire, mais dans les mouvements de l’histoire. Ce n’est donc qu’une « hypothèse10 » qui demande à être validée ou invalidée par l’expérimentation. En conséquence, les échecs manifestes des révolutions qui au XXe siècle se référaient à cette idée n’impliquent pas pour autant que « l’on jette le bébé avec l’eau du bain ». Il n’y a pas de leçons à tirer des dévastations et des catastrophes engendrées par « l’idée communiste » mais seulement à persévérer dans l’affirmation métaphysique de cette idée en cherchant à l’incarner autrement. Qu’est-ce qui fonde « l’idée communiste » ? C’est le contenu de vérité de son énoncé ; vérité qui trouve sa puissance dans… « les idéalités mathématiques » (cf. Jean-Toussaint Desanti). Nous sommes donc loin de l’affirmation de Marx : « le communisme n’est pas un état de choses qu’il convient d’établir, un idéal auquel la réalité devra se conformer […] le communisme est le mouvement réel qui abolit l’état actuel des choses ».

Ce qui est surprenant aussi, c’est que Badiou, qui est un théoricien de l’événement auquel il attache une grande importance, en vient ici à nier la spécificité du phénomène djihadiste. En effet, le capitalisme et l’impérialisme existent depuis des centaines d’années, l’absence de perspectives pour les jeunes remonte déjà à une bonne trentaine d’années. Mais cela n’explique pas pourquoi, maintenant, disons depuis une quinzaine d’années, des milliers de jeunes Occidentaux (musulmans ou convertis) se tournent justement vers l’islam et pas vers le bouddhisme, l’altermondialisme, le gauchisme ou tout autre débouché politique, idéologique ou religieux, pour tenter de trouver des réponses à leur insatisfaction, mal être ou révolte ?

La comparaison avec le fascisme n’a de sens que si l’on pense que le capitalisme mondial se trouve dans une crise comparable à celle des années 1930, produisant les mêmes effets dévastateurs sur le niveau et les conditions de vie des Occidentaux. Des effets qui ont entraîné à l’époque, une contestation massive des formes parlementaires et démocratiques, au sein de mouvements de masse capables d’infléchir la politique de gouvernements ou même de prendre le pouvoir et de développer des logiques à la fois souverainistes, populistes et nationalistes guerrières. Or, ce que l’on appelle aujourd’hui « la crise » ne présente pas les mêmes caractères. Il s’agit, pour le court terme du moins, d’une crise de basse intensité aussi bien au niveau économique que politique, dont les effets, dans les pays les plus riches, sont limités par des amortisseurs sociaux au sein d’ensembles nationaux interconnectés mondialement (globalisation), au niveau politique comme au niveau économique. Le repli protectionniste et a fortiori guerrier n’est donc pas encore de mise, même si des soubresauts souverainistes se font jour çà et là. Par ailleurs, la contestation massive des formes démocratiques, de la part de l’extrême droite comme de la part de l’extrême gauche, laisse place à une simple désaffection11 (montée de l’absentéisme électoral malgré le ralliement des gauchistes au processus électoral) vis-à-vis de la vie politique et de l’action militante. Contrairement aux années 1930, c’est toute la société qui se « droitise » sans éclosion de mouvements d’extrême droite significatifs qui se manifesteraient sur le terrain autre qu’électoral. Seuls certains pays comme l’Allemagne12, dans son ancienne partie de l’Est surtout, l’Autriche, la Hongrie et les Pays-Bas13 semblent connaître un mouvement de telle nature axé sur la lutte contre les immigrés et les réfugiés.

Quant aux pays dits musulmans, ils sont aussi en « crise » et parfois des crises sociales bien plus graves qu’en Europe, mais cela ne déclenche pas forcément partout un essor de l’Islam politique ou a fortiori du djihadisme. Les « printemps arabes » nous ont plutôt montré le contraire et leur issue décevante n’a pas entraîné une quelconque fascisation mais le retour de formes plus traditionnelles, telles la démocratie confisquée (Tunisie), le putsch militaire (Égypte), le démantèlement de l’État (Libye).

Toutefois, il est bien évident que les organisations djihadistes chercheront à profiter de la nouvelle situation, soit en se présentant comme le seul projet alternatif au retour à l’ordre autocratique ou militaire si celui-ci n’arrive pas à remplir sa fonction politique d’unité (entre chiites et sunnites en Irak et Syrie ; entre groupes tribaux en Libye, etc.) ; soit en cherchant à affirmer leur propre puissance concurrente comme Daech l’a déjà entrepris.
Le retour de la religion et sa critique

Dans son tout récent livre (op. cit.), Raphaël Liogier s’oppose d’emblée à la thèse de Huntington. Il ne s’embarrasse pas de questions philosophiques ou anthropologiques autour de la définition de la notion de civilisation14. En effet, il énonce directement qu’il ne peut y avoir de choc entre civilisations à notre époque puisqu’il n’en existerait qu’une ou plus exactement plus qu’une, la civilisation globale et technologique. C’est une sorte d’ajout technologique et connexionniste à la vision politico-militaire et culturelle de Bush-Blair (cf. supra, note 2). Face à un advenu parachevé (déterritorialisation, mise en réseau), deux néo-fondamentalismes se feraient face, celui des Européens nostalgiques15 de leur ancienne domination et celui des néo-fondamentalistes musulmans exprimant leur frustration vis-à-vis de l’Occident. Ces deux néo-fondamentalismes alimenteraient en fait la thèse du choc des civilisations. Cette argumentation paraît peu convaincante. Les néo-fondamentalistes de Liogier sont en fait des conservateurs, pas des « barbares ». Or, ceux qui ont détruit Palmyre ne proposent pas une autre civilisation ! Les djihadistes ne sont pas des « conservateurs » sans pour cela être des révolutionnaires et c’est bien ce qui pose problème si on veut quand même les qualifier en termes politiques.

Roy, Badiou et Liogier ne veulent pas partir de la religion. D’abord parce qu’ils n’en font pas un sujet de critique essentielle en soi ; ensuite parce que celle-ci serait « de moins en moins facteur d’opposition de valeurs » (op. cit., p. 13). Pour Liogier, elle ne serait qu’un produit comme un autre sur un marché spécial qui est celui de la terreur. La différence entre Al-Qaida et Daech tiendrait dans une stratégie marketing différente, indifférenciée pour Al-Qaida qui s’adresse à tous les musulmans ; ciblée pour Daech qui s’adresse aux sunnites, mais en sachant pertinemment qu’ils représentent la plus grande part de marché16. Les sociologues bourdieusiens sont certes tancés par Valls mais les post-modernes relativistes semblent chercher le fer pour se faire battre quand, comme ici, Liogier réduit la concurrence entre groupes djihadistes à une concurrence entre marques.

Dans la sorte de polémique qui se fait jour concernant les termes de « retour » ou de « recours » à la religion, ces trois-là penchent plutôt pour l’idée d’un recours à la religion d’où leur refus, plus ou moins explicite de partir de la religion pour comprendre le terrorisme islamiste. En élèves bornés de Durkheim, ils veulent attribuer à un phénomène qu’ils jugent absolument social, des causes sociales.

C’est méconnaître la religion comme puissance de représentations17 et comme force politique et surtout qu’elle puisse garder cette force encore aujourd’hui dans des sociétés qui sont officiellement, au moins dans une partie de l’Europe, sorties de la religion. Ce qui était auparavant courant, comme pendant les guerres de religion du XVIe siècle, à savoir qu’il n’y avait pas de séparation entre religion et politique, entre public et privé et que finalement, tout était rapporté à Dieu aurait dû être effacé des mémoires et des structures sociales par des siècles de sécularisation. Si le sentiment religieux n’a pas disparu pour autant, c’est premièrement parce que ces institutions ont été intégrées aux formes modernes de l’État à partir du moment où elles devenaient « raisonnables » et froides, et deuxièmement que les croyances des individus ont résisté à cette sécularisation de façon tout à fait irrationnelle et chaude. Elles peuvent donc déboucher, si le contexte s’y prête, sur des pratiques tout aussi irrationnelles puisque la croyance religieuse n’est pas de l’ordre de la raison. D’ailleurs de nombreux salafistes ont des formations scientifiques ce qui les empêchent nullement de « croire ». Il en va de même pour de grands scientifiques, par ailleurs chrétiens, en Europe ou aux États-Unis.

Cette constatation sur une persistance de l’irrationnel à travers les croyances et particulièrement les croyances religieuses ne concernent d’ailleurs pas que l’Islam, mais l’ensemble des religions dans lesquelles s’expriment ces formes chaudes qui mêlent archaïsme et modernité.
Le capitalisme n’a rien « dépassé »

Il est difficile d’admettre aujourd’hui que le capitalisme n’a rien « dépassé » et qu’il est à nouveau de plus en plus difficile de distinguer conflit politique et conflit religieux, d’autant que ceux-ci prospèrent sur des terres qui connaissent certes le capital et la valeur, mais encore mal le capitalisme et surtout « l’esprit du capitalisme »18. C’est particulièrement net dans le conflit israélo-arabe dont l’origine politique s’est de plus en plus imprégnée d’une coloration religieuse de la part des deux protagonistes ; tonalité qui a rejailli sur de nombreux autres conflits, leur faisant prendre progressivement la même voie théocratique.

Ainsi, on est passé du Fatah nationaliste, socialisant et laïc au Hamas, produit d’une scission au sein des Frères musulmans et qui s’est d’abord livré à une action sociale envers les pauvres, puis a développé une stratégie plus politique au cours de la première « guerre des pierres » contre l’occupation israélienne ; guerre qui s’accompagne d’un volet religieux avec campagne pour le hijab obligatoire sur le territoire contrôlé par le Hamas. Pour cette organisation islamiste, les juifs empiètent sur une terre qui n’est ni palestinienne, ni même arabe, mais musulmane. Une donnée ignorée par la majorité des individus occidentaux qui soutiennent la lutte des Palestiniens pour leur indépendance.

Deux conséquences découlent de cette confusion idéologique.

Tout d’abord un glissement de l’antisionisme à l’antisémitisme19, donc de l’analyse en termes politiques à l’analyse en termes religieux. Ce glissement concerne des musulmans, mais aussi une grande partie de l’extrême gauche pourtant athée et jadis critique par rapport à toute religion qui, pourtant, se rallie aujourd’hui à la « religion des pauvres » par absence de principes ou même par opportunisme et flirte parfois avec l’antisémitisme20. Les Israéliens et plus généralement les juifs cèdent aussi à ce glissement, non pas vers l’antisémitisme bien sûr, mais vers l’analyse en termes religieux, les juifs orthodoxes et les nouveaux colons ayant porté le débat en ces termes, pendant que la droite israélienne soutenait en coulisse le Hamas sunnite afin d’affaiblir les laïcs nationalistes du Fatah.
Un nouvel internationalisme ?

Comme le dit Gilbert Achcar dans Marxisme, orientalisme, cosmopolitisme (Actes-Sud, 2015), l’islamisme, c’est-à-dire l’Islam politique, se présente aujourd’hui comme un nouvel internationalisme21 et surtout comme le dernier et le seul en exercice, ce qui n’est pas rien dans des pays à dominante musulmane dont l’État est en voie de dissolution ou se retrouve très affaibli suite à l’éviction de dictatures sanglantes par les puissances occidentales (Irak, Libye) ou par les luttes de forces d’opposition (Libye, Syrie, Égypte).

Ce n’est pas rien non plus pour des individus bi-nationaux, ou récemment ou peu intégrés à la société occidentale dans laquelle ils vivent, et pour qui ce qui se passe en Syrie avive la tendance à se projeter sur une forme concrète de participation à l’Oumma à travers le « djihad offensif ». Mais contrairement à l’internationalisme socialiste universaliste, l’internationalisme ou l’a-nationalisme islamique n’est pas universaliste mais bien particulariste22. Si on veut trouver un point commun avec un autre internationalisme, c’est plutôt du côté de l’internationalisme fasciste qu’il faut tourner son regard. Celui qui donna lieu à des participations de divisions étrangères à la guerre d’Espagne (la légion allemande Condor et le Corpo Truppe volontarie italien par exemple) ; et à la deuxième guerre mondiale aux côtés des nazis (la division espagnole Azul à partir de 1941 et la légion des volontaires français contre le bolchévisme (LVF) créée en 1941 et qui intégrera la division Charlemagne (créée en 1943) en 1944. Mais il faut relativiser cela. Tout d’abord il serait plus juste de parler d’une internationale fasciste que d’un réel internationalisme ; ensuite, ces troupes de choc s’appuyaient quand même directement sur la puissance d’États fascistes et secondairement sur une idéologie politique mise en pratique par ces mêmes États qui servait de référence. Et de toute façon, si l’on veut parler de la tension entre internationalisme, ethnies, religions c’est plutôt sur le congrès de Bakou de 1920 qu’il faudrait se pencher, mais ça dépasserait l’ambition limitée de ce texte23.

Aujourd’hui, si les groupes djihadistes bénéficient du financement de certains États ou s’ils passent des alliances de circonstance (avec ou contre Bachar, par exemple) et si leurs membres s’apparentent plutôt à des mercenaires à qui l’organisation fournit entraînements militaires poussés, armes, soldes et femmes, ils n’en demeurent pas moins indépendants et fonctionnent en réseaux déterritorialisés même si le mini-califat de l’EI constitue un début de territorialisation dont on ne sait s’il est amené à se « nationaliser » ou bien s’il ne constitue qu’une base provisoire pour une extension future « internationaliste ». Ce qui est sûr, c’est que l’EI et d’autres groupes islamo-militaires profitent à plein d’une situation géopolitique particulière caractérisée par la présence d’États sans nation et de nations sans État avec le cas emblématique des Kurdes.
Crise de l’État-nation et résorption des institutions

Les institutions religieuses subissent, au moins en Europe, car il en va différemment aux États-Unis et en Amérique latine, une perte de crédibilité générale. Tout d’abord parce que la crise de toutes les institutions liées à l’État y est générale et les institutions religieuses n’y échappent pas. Ensuite parce que ces institutions religieuses sont remises en cause de tous les côtés : du côté du réveil spiritualiste de tendance quiétiste parmi les classes moyennes, du côté de la recherche charismatique parmi les pauvres ou les « désaffiliés » en mal de communauté et de convivialité, enfin du côté fondamentaliste réactionnel et frustré chez les personnes marginalisées ou en voie d’exclusion.

Face à cet état de fait, la perspective de l’État français de (re)construire un Islam national s’avère non seulement inadéquate avec la tendance générale à la désinstitutionnalisation dans la société capitalisée, mais entre aussi en contradiction avec le fait que le lien traditionnel Église-État est aujourd’hui supplanté par les relations directes que l’islamisme entretient avec le capitalisme mondial (réseaux/internet). En cela, il est résolument néo-moderne dans certaines de ses pratiques même s’il reste conservateur au niveau idéologique.

Pourtant, Olivier Roy reconnaissait cette dimension en 2004 quand il répondait dans la revue Vacarmes, à Foucault et son apologie de la révolution islamique iranienne : « C’est l’insurrection d’hommes aux mains nues qui veulent soulever le poids formidable qui pèse sur chacun de nous, mais, plus particulièrement sur eux, ces laboureurs du pétrole, ces paysans aux frontières des empires : le poids de l’ordre du monde entier. C’est peut-être la première grande insurrection contre les systèmes planétaires, la forme la plus moderne de la révolte et la plus folle [nous n’inventons rien !, Ndlr]) » (Corriere della Sera, 26/11/1978). Et de rajouter, pour faire bonne mesure dans la fausse prédiction : « Il n’y aura pas de parti de Khomeyni, il n’y aura pas de gouvernement Khomeyni ». On comprend qu’il ait pu ensuite faire la critique de l’intellectuel général et se contenter modestement de la parole des « experts ». Olivier Roy lui répond : « Ce que Foucault ne voit pas, c’est l’islamisme, c’est-à-dire la relecture du religieux en termes d’idéologie politique, laquelle réinsère la révolution iranienne dans une tradition révolutionnaire plus large et cette fois bien millénariste24 ». Cette option d’origine a fait long feu. L’Iran ne cherche plus à mettre le monde à feu et à sang et se conduit comme une puissance régionale comme une autre qui défend son pré carré comme actuellement en Syrie.

Cette tendance au déni de la puissance politique et sociale des religions revient, chez Liogier comme bien d’autres, volontairement ou non, à noyer la montée de l’islamisme radical au milieu des autres montées confessionnelles (new age, next age, néo-pentecôtiste, judaïsme ultra-orthodoxe) alors que ces dernières sont, selon les classifications de Liogier lui-même, à dominante spiritualiste pendant que la première est militante mêlant néo-fondamentalisme et radicalisme anti-système.

Pour Liogier il y a trois formes de « retour » à la religion dans les pays occidentaux :

– la forme spiritualiste qui part des textes et correspond aux couches aisées. Elle déborde parfois sur de nouvelles spiritualités mixant diverses religions comme dans le next age ;

– la forme charismatique qui mêle retour aux textes et dimension émotionnelle et conviviale dont les néo-évangélistes fournissent le modèle, en Amérique du Sud surtout, et qui viserait les classes moyennes ;

– la forme fondamentaliste réactionnelle répondant aux frustrations des plus pauvres et dont le djihadisme de l’EI et autres serait un rejeton. Elle ne se réfère qu’abstraitement aux textes (le Coran comme slogan) parce que c’est le combat seul qui permet l’attribution du qualificatif de musulman.

Cela inclut le processus du terrorisme dans ses formes contemporaines spécifiques qui mêlent étroitement individualisme et communautarisme25. Selon les propres critères de Liogier, c’est donc la notion de fondamentalisme qui semble impropre puisque pour ces groupes islamistes, le djihad n’a aucune signification spirituelle. Il ne s’agit que de guerre sainte et de lutte contre les « croisés » occidentaux et leurs soutiens musulmans (cf. les actions de Merah), c’est-à-dire contre l’ensemble des infidèles26.

Même tendance à noyer le poisson quand Liogier compare la montée de l’influence évangéliste dans le « 93 » et les quartiers nord de Marseille au haut niveau de présence musulmane27. Sa vision de l’hypermodernité religieuse s’apparente à celle de Gilles Lipovetsky sur l’hypermodernité en général. Son appréhension du recours au religieux répond à l’approche de l’individualisme méthodologique qui lui permet de développer l’idée du libre « choix » parmi les « branchées » de la capitale qui portent fièrement le voile28 comme un signe de distinction alors qu’il suffit de prendre les transports en commun en banlieue pour voir des têtes baissées, des airs soumis et qu’il suffit de regarder des images d’Irak, d’Iran ou de Syrie et d’Afghanistan pour voir que là-bas, la « distinction » n’est pas à l’ordre du jour, mais bien plutôt l’uniformité et la soumission imposée par la violence. Une uniformité que G. Kepel relève dans son dernier livre (op. cit)29.

Quand on ne cible pas, comme Liogier, l’esthétique islamiste où l’engagement personnel de certaines, qui existe bel et bien, on a plutôt le développement progressif, mais aujourd’hui massif de ce que décrit Gilles Kepel : « Dans les quartiers populaires, où les marqueurs de l’islamisation sont ostensibles, il est devenu socialement difficile, voire impossible, de rompre le jeûne diurne en public durant le ramadan quand on est musulman de faciès ».

S’abandonner à cette vision d’un islamisme individualisé et qui serait noyé dans les nouvelles formes du new age, c’est aussi tenir pour négligeable celles et ceux qui sont victimes quotidiennement de l’ordre islamique ou qui luttent quotidiennement contre cet ordre, sa police et sa justice, dans les pays de confession dominante musulmane et a fortiori dans ceux où la religion musulmane est religion d’État.

Pour Liogier, le retour du religieux n’est pas vraiment un retour car il se fait sur le mode du revival. Il est donc hypermoderne et toutes les religions seraient concernées. Toutes les religions seraient concernées par ce recadrage individualiste des croyances. Tout étant analysé en terme de postures, toutes ont leur place dans le capitalisme globalisé. Al-Qaida est un franchisé du terrorisme et comme Leclerc il a fait figure de pionnier ; alors que Daech c’est Carrefour (p. 150) au concept plus radical, plus ambitieux, plus mondial !

Tout ce qui se met en réseaux serait donc équivalent. Pas de différence de fond entre maillage commercial et diffusion de la terreur. La critique, si critique il y a, s’en trouve comme aplatie même si elle réapparaît au détour du chemin quand Liogier nous dit que toutes les civilisations ont reposé sur l’idée de limite sauf justement la « civilisation globale ». On assisterait donc, d’après lui, à une sorte de réenchantement du monde à l’opposé de la thèse bien connue de Max Weber. Une hypothèse qui ne tient que si on ne s’occupe que de la dimension individualiste/hédoniste du retour de la religion, mais qui ne tient plus du tout si on accorde toute l’attention aux formes radicalisées de ce retour qui nous apparaissent bien plutôt comme en continuité avec le « désenchantement du monde » wébérien, lequel atteint un niveau bien supérieur à ce qu’imaginait son concepteur.
Une manifestation de la tension individu/communauté

Malgré sa connaissance du terrain et sa description des « nouveaux territoires de la République », Gilles Kepel reprend à son compte cette hypothèse d’un « réenchantement » dans son dernier livre Terreur dans l’hexagone (Gallimard, 2015). Il porte d’abord des assertions vides de contenus, mais à portée fortement médiatiques, sur l’effet terrorisant produit par des individus dont la critique du « système » s’effectuerait sur le modèle du délire. Pas un mot donc sur le fait que ce délire n’est pas abstrait mais qu’il repose sur une croyance et en l’occurrence une croyance religieuse, même si on estime qu’elle est ici travestie ou défigurée. Il réunit ensuite deux phénomènes opposés en apparence, salafisme radical d’un côté et tendances islamophobes de l’autre, mais qui auraient en réalité la même cause. Ils seraient produits par la crise sociale qui aurait vu disparaître la classe ouvrière et son tissu social encadré par le « parti des travailleurs ».

Radicalisation salafiste et islamophobie via le FN constitueraient ainsi des formes de réenchantement du monde parce qu’elles viendraient remplir un vide. Comme nous l’avons dit dans notre critique de Liogier, on ne voit pas en quoi des situations de désespérance sociale participeraient d’un quelconque réenchantement du monde, pas plus d’ailleurs qu’à l’inverse elles seraient portées principalement par un instinct de mort comme le pense Badiou30.

À la limite, il est plus juste de dire comme P. Hassner qu’on assiste à un retour des passions31 si ce n’est de l’Histoire. Une situation dans laquelle la tension individu/communauté s’intensifie. Mais ici elle ne s’intensifie pas dans la perspective de la communauté humaine (même incarnée par une classe) comme dans les processus révolutionnaires du passé (Révolution française et Révolution russe) mais au sein d’identités fermées (les « Nous » contre « Eux » ou contre l’Autre). Kepel et d’autres voient cela comme un repli identitaire, mais on peut tout aussi bien y voir un redéploiement. En tout cas il apparaît très difficile de maintenir son hypothèse d’une explication unique des deux phénomènes qu’il assemble : montée du salafisme radical d’un côté et montée de l’islamophobie de l’autre. Il y aurait repli dans les deux cas que si nous nous trouvions dans une situation de guerre froide entre civilisations entraînant, dans un premier temps, une situation de coexistence séparée de deux ensembles homogènes et fermés hermétiquement. Ce n’est le cas nulle part en Europe.

On ne peut donc tout traiter en terme de repli. C’est particulièrement net en ce qui concerne la question du « retour » de la religion.

Même ceux qui prennent au sérieux la religion comme Yvon Quiniou32 n’en prenne pas toute la mesure ou plutôt sous-estiment son retour. Pour lui, en bon disciple du marxisme, la religion ne peut être qu’une « imposture intellectuelle » ou une « illusion idéologique », mais il n’explique pas pourquoi il y a « retour33 ». Il n’explique rien de ces conceptions du monde, de leur sens, de leur pérennité, alors que la critique doit en tenir compte pour s’introduire dans un « monde » qui lui est immédiatement étranger et dont spontanément elle se met à l’écart au mieux, à l’extérieur au pire34. La critique de Quiniou ne permet pas le « dépassement » de l’opposition entre religion et critique de la religion. Or, tenir compte de l’évolution historique de cette opposition pourrait permettre de déboucher sur une perspective de communauté humaine ouverte et loin de toute idée de « communion35 » dans laquelle il ne pourrait s’y exprimer aucune individualité singulière.

Jacques Wajnsztejn, janvier 2016.

Islamisme, fascisme, choc des civilisations, religions_A5

– Bien sûr, que pour l’instant, l’EI n’existe qu’en tant qu’organisation (et encore, certains comme Olivier Roy n’y voient que le produit d’un grand fantasme de l’organisation islamiste elle-même au prétexte que la vision du futur de Daech serait hautement improbable et comme si ça rendait virtuelles ses actions actuelles) et pas en tant qu’État, mais il n’empêche qu’il y a bien là un usage langagier d’euphémisation typique du discours politiquement correct. [↩]
– Dans un article de 1993 dans la revue Foregn Affairs, intitulé The clash of the civilisazions, Huntington déclare « L’axe central de la politique mondiale à l’avenir risque d’être […] le conflit entre “l’Occident et le reste du monde” et les réponses des civilisations non occidentales aux valeurs et aux pouvoirs occidentaux » (1993). Cette thèse sera reprise dans son livre Le choc des civilisations, traduction française en 2000 aux éditions Odile Jacob. Une thèse qui a fait beaucoup de bruit médiatique et idéologique mais n’a pas eu trop d’effets pratiques dans la mesure où les États dominants l’ont rejetée du fait de leurs alliances avec les dictatures saoudiennes et pakistanaises. Bush et Blair ont en effet inclus ces gendarmes locaux dans le camp de « leur civilisation » qui n’est donc plus définie seulement comme occidentale, mais aussi comme celle qui régit « le capitalisme du sommet » (ce que nous appelons le niveau 1 de la domination au niveau mondial, cf. n° 15 de Temps critiques). [↩]
– Cf. les interviews d’Olivier Roy : « Le djihadisme est une révolte générationnelle et nihiliste » (Le Monde daté du 24/11/2015) et « Le djihad est aujourd’hui la seule cause sur le marché » (Libération du 3/10/2014 [↩]
– Il diffère de la conversion traditionnelle qui impliquait l’intermédiaire de l’institution religieuse ou de son représentant, d’être publique et inscrite dans la loi républicaine ou démocratique du pays d’accueil. [↩]
– Le politicien Valls a alors beau jeu de leur reprocher une « sociologie de l’excuse » qui tendrait à sous-estimer la réalité et l’importance des faits en les subordonnant à la recherche des causes. [↩]
– La mauvaise foi ou encore les œillères idéologiques anti-impérialistes vont jusqu’à faire des néo-conservateurs américains et de l’intervention occidentale en Irak et en Syrie — intervention que nous ne défendons pas — la cause des massacres actuels entre sunnites et chiites ! Ainsi s’est bâtie une légende islamophile et anti-impérialiste selon laquelle ces deux branches de l’Islam auraient auparavant vécu en parfaite harmonie au Moyen-Orient. Or, si nous avons participé au mouvement anti-guerre de 1991 (cf. Temps critiques, n° 3) ce n’est pas pour oublier maintenant que Saddam tenait le même discours à l’époque, massacrant et gazant tranquillement les chiites d’Irak. C’est d’ailleurs pour inverser cette tendance que les Américains ont appuyé un gouvernement chiite dans l’Irak de l’après Saddam avec les résultats que l’on sait : développement immédiat d’une résistance sunnite terroriste d’un côté, vengeance politique chiite de l’autre. Oubliée aussi la guerre Iran-Irak et le rôle qu’y ont joué les ayatollahs chiites d’un côté, les wahhabites sunnites de l’autre ! [↩]
– Même chose pour Raphaël Liogier dans La guerre des civilisations n’aura pas lieu, CNRS, 2016, pour qui les terroristes islamistes reprennent les méthodes de la Fraction armée rouge (RAF) et des Brigades rouges (BR)… sans donner un seul exemple de ces prétendues méthodes communes. Son ignorance lui fait confondre les méthodes de la « Bande à Baader » avec celles des Cellules révolutionnaires (RZ) dont, il est vrai, la fixation sur le conflit israélo-palestinien allait entraîner une dérive antisémite ; les méthodes des fascistes italiens des attentats à la bombe de Milan et de Bologne avec les jambisations des BR ou l’assassinat ciblé de Moro. Il serait, si ce n’est plus juste, en tout cas moins faux, d’établir une comparaison avec les méthodes de l’ETA basque ou de l’IRA irlandaise, mais sans rapport de contenu ni dimension messianique ou eschatologique chez ces deux derniers. [↩]
– Cf. le site du journal Project syndicate, 07/01/2016. [↩]
– Ce passage sur Badiou a été écrit en collaboration avec J. Guigou. [↩]
– Alain Badiou, L’hypothèse communiste, Lignes, 2009. [↩]
– Si on excepte, et dans une certaine mesure seulement, l’Espagne et la Grèce. [↩]
– Là encore si on excepte la Grèce. Quant au FN, il est incapable de faire descendre les gens dans la rue et quand par hasard ils y descendent, c’est sans lui, au moins officiellement, comme dans « la Manif pour tous ». [↩]
– il y a déjà eu quatre manifestations de « citoyens concernés » aux Pays-Bas depuis novembre, manifestations violentes un peu noyautées par l’extrême droite mais à Geldermalsen il y avait 50 fascistes pour 2000 « citoyens concernés ». Les flics néerlandais ont dû tirer en l’air et il y a deux semaines les « citoyens concernés » se sont mis à lancer des cocktails Molotov non plus sur les foyers de réfugiés mais sur la mairie qui devait discuter de l’accueil éventuel des réfugiés. Wilders veut que tous les réfugiés masculins soient interdits de sortie de leurs foyers et il fait distribuer gratuitement dans toute la Hollande des bombes lacrymogènes au poivre pour que les Néerlandaises puissent se défendre contre les réfugiés… [↩]
– Bégayant plus que paraphrasant la phrase devenue culte de Badiou à propos de Sarkozy, Liogier ne se pose qu’une question en titre de sa première partie : « De quoi les “civilisations” sont-elles le nom ? ». [↩]
– Dès l’introduction du livre on peut remarquer certaines incohérences. Toute la première partie du raisonnement repose sur l’hypothèse du déclin de l’Europe et donc de son repli, or dans la seconde partie l’auteur nous dit que l’autre base du néo-fondamentalisme occidental ce sont les sectes protestantes d’origine américaine dont l’influence ne cesse de s’étendre en Amérique du Sud et en Asie ! Y aurait-il aussi déclin de « l’empire américain » alors que « sa » religion s’exporte encore mieux que ses marchandises ? [↩]
– Où on peut voir que la micro-sociologie américaine a enfin pénétré dans l’université française ! [↩]
– Pour Durkheim, le « religieux » ne relève pas du fait social, mais il a un rôle social dans la mesure où il permet de canaliser et organiser les faits sociaux. [↩]
– On n’a pas l’impression d’avoir affaire à un débat théologique de haut vol. D’un côté, il y a des utilisations du Coran et des hadiths par des gens très militants mais qui ne sont pas des théologiens et de l’autre côté, des États musulmans qui ne sont pas vraiment en train de mener une guerre pour un objectif théologique, même si bien sûr ils utilisent des arguments religieux dans la lutte entre puissances régionales (Iran et Arabie saoudite). Sur ce point, cf. notre brochure Soubresauts disponible sur le site. [↩]
– Reconnu et dénoncé par Tarek Oubrou, recteur de la mosquée de Bordeaux dans Le Monde daté du 15/01/2016. [↩]
– Cf. les compilations de la revue NPNF sur ce sujet. [↩]
– C’est en 2005 qu’Abou Musab al-Suri lance son « Appel à la résistance islamique mondiale ». Le point le plus discutable du livre d’Achcar (p. 219-220) est qu’il explique ce nouvel internationalisme par ses origines petites bourgeoises, ce qui n’apporte pas grand-chose de nouveau puisque les marxistes interprétaient généralement le nationalisme arabe dans les mêmes termes. Cela n’explique ni le passage du nationalisme à l’islamisme, ni plus globalement l’échec du socialisme. [↩]
– N’en déplaise à Jean Birnbaum qui dans le Monde daté du 24-25 janvier, à propos de son dernier livre Un silence religieux, la gauche face au djihadisme (Seuil, 2016), parle du face à face entre deux universalismes ! Toutefois, sa conclusion reste juste « Partout où il y a de la religion, la gauche ne voit pas trace de politique. Dès que la politique surgit, elle affirme que cela n’a “rien à voir” avec la religion ». [↩]
– Un résumé critique du congrès et de ces tensions peut être consulté sur : http://www.solidariteirak.org/spip.php?article146 (« Les miasmes de Bakou »). [↩]
– Negri, qui a pourtant un bagage politique et militant plus important, en rajoute en déclarant : « Dans la mesure où la révolution iranienne a exprimé un profond rejet du marché mondial, elle pourrait être considérée comme la première révolution post-moderne » (cf. www.lemonde.fr/idées/article/2015/05/08/cette-gauche-qui-n-ose-pas-critiquer-l-islam_4630280_3232.html. La « multitude » a bon et large dos ! [↩]
– Comme le dit Samir Amgar dans M le magazine du Monde du 23 janvier 2016, les djihadistes européens ne sont pas des « fous de Dieu » : « Ils ont le sentiment d’appartenir à une avant-garde éclairée, d’être les acteurs de leur propre histoire, de la grande histoire du réveil islamique ». Il s’agit de changer le monde non pas en partant de sa condition comme dans la vision prolétarienne classiste, mais en changeant de condition comme le montre le cas extrême des convertis et aussi celui des petits délinquants « qui ne fréquentaient pas la mosquée, fumaient et buvaient de l’alcool » comme le racontent souvent leurs voisins ou parents. [↩]
– Considérant que la situation actuelle n’est pas différente de celle de l’époque des anciens Califats, l’EI et les différentes branches d’Al-Qaida ne distinguent pas grand djihad spirituel, petit djihad sur terres musulmanes et djihad offensif/djihad terres non musulmanes. Cette position met dans l’embarras ceux qui maintiennent ces distinctions, à savoir, d’un côté les tenants de l’Islam politique (Hezbollah, Hamas) et de l’autre les réformateurs de l’Islam qui ont peur d’être accusés d’apostasie. [↩]
– Sans doute pense-t-il que c’est à cause de cette présence évangéliste que le directeur du consistoire juif de Marseille a demandé aux juifs marseillais de ne plus porter de signes visibles de judaïté devant la forte croissance des actes antisémites dans cette ville ; sans doute pense-t-il encore que c’est à cause des évangélistes que la cafétéria de l’université Paris VIII de Saint-Denis est maintenant « hallal »… On pourrait égrainer les exemples. [↩]
– De semblables pratiques se retrouvent chez des groupes de féministes allemandes qui non seulement portent régulièrement le voile islamique, puisqu’il est pour elles « un signe d’émancipation » mais pour nombre d’entre elles, la burqua. Cf. « Les événements de Cologne divisent les féministes allemandes », Le Monde, 21/01/2016. [↩]
– Une violence qui gagne les pays occidentaux quand elle s’exerce contre d’autres « choix », d’autres comportements, modes de vie et symboles comme au cours des dernières violences à caractère machiste et sexuel exercées par des migrants à Cologne, Stockholm, Vienne et Helsinki, la nuit de la Saint Sylvestre. [↩]
– Le fait que M. Merah ait proféré un tel discours dans son dernier « échange » avec la police ne nous paraît pas un élément suffisant en ce sens. Se sacrifier pour une cause, aussi bonne ou indigne soit-elle n’a pas grand-chose à voir avec « l’instinct de mort », concept déjà fort discutable en soi. [↩]
– Dans son dernier livre : La revanche des passions (Fayard, 2015), il cite R. Aron : « Ceux qui croient que les peuples suivront leurs intérêts plutôt que leurs passions n’ont rien compris au XXe siècle » et Hassner de rajouter : « Ni au XXIe ». [↩]
– Y. Quiniou, Critique de la religion, La ville brûle, 2014. [↩]
– Cf. la critique qu’en fait André Tosel in contretempslarevuepapier.blogspot.com/2015/01compte-rendu.html. Pour lui, il n’y a pas retour de la religion mais recours à… Nous avons déjà abordé cette question dans notre précédente brochure L’angle mort du 13 novembre http://tempscritiques.free.fr/spip.php?article336. Finalement, aucune des deux notions ne s’avère suffisante. Le recours est trop unilatéral et de nature fonctionnaliste ; le retour n’est lui pas un véritable retour à ce qui serait une origine ou un ordre immuable encore en place, et auquel des individus ou groupes adhéreraient. Le « retour » est aussi le signe d’une crise du religieux traditionnel tel qu’il apparaît dans la baisse de fréquentation des lieux du culte et tel qu’il est encore porté et légitimé par les Églises sécularisées. Ces dernières qui sont à la fois le fruit d’une évolution au sein des États modernes et des différentes formes de laïcisation de la vie publique d’une part, de la tendance à la résorption générale des institutions dans la société capitalisée d’autre part, se conduisent maintenant comme des associations habilitées à donner leur opinion sur les grands problèmes de société (avortement, manipulation génétique, euthanasie, mariage homosexuel, etc.). [↩]
– « Il est en effet plus facile de trouver par l’analyse le contenu, le noyau terrestre des conceptions nuageuses des religions que de faire voir par voie inverse comment les conditions réelles de la vie revêtent peu à peu une forme éthérée ». Marx : note dans Le Capital, Livre I, chapitre XV. [↩]
– Que développe Régis Debray dans Les communions humaines. Pour en finir avec les religions (Fayard, 2005). Il a bien conscience de la dimension communautaire de la religion mais au lieu de tenter de comprendre la tension individu/communauté quand elle s’exprime pas ce biais, il la réduit à l’affect de la « communion » au sein d’une sorte de groupe fusionnel autour d’une expérience commune intensément ressentie. Il semble confondre communion et émotion et son argumentation ne permet pas de comprendre la pérennité millénaire des religions. Cela ne vaut, à la limite, que pour la fraction du salafisme qui prône le petit djihad, dans la mesure où il offre une expérience religieuse
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[Italie] Des nouvelles du procès contre Billy, Sylvia et Costa [+ Sabotage en solidarité] ( +mise à jour)

source le Chat Noir émeutier

DES NOUVELLES DU PROCÈS CONTRE BILLY, SILVIA ET COSTA

Le 13 janvier à Turin a eu lieu la première audience du procès contre Billy, Silvia et Costa, accusés de possession, transport et recel d’explosif et de tentative de sabotage contre le centre de recherche international sur les nanotechnologies d’IBM à Zurich.
Dans la salle il y a eu une présence solidaire de compagnons et compagnonnes venus de différentes parties d’Italie.
Pour appuyer l’accusation, le Parquet a présenté deux témoins : des inspecteurs de la DIGOS [la police politique ; NdT] de Turin qui ont mené les enquêtes ouvertes juste après l’arrestation des compagnons en Suisse. Seulement l’un de ces deux témoins a été interrogé par l’accusation et la défense.
Apparemment, le procès sera plus rapide que ce à quoi on s’attendait, la prochaine audience a été fixée au 2 mars, et y parleront le Proc’ et la défense.
Pour un compte rendu complet de cette audience, voir ici.
Des rencontres de solidarité en vue du procès est ressortie une forte volonté de continuer un parcours de critique radicale et de lutte contre les technosciences. Du 22 au 28 février aura lieu une semaine d’agitation dans toute l’Italie contre les technosciences et le monde qui les produit. Pour le 26 février est prévu un rassemblement contre l’EFSA (Autorité européenne de sécurité des aliments) devant son siège, à Parme. De nombreux rendez-vous sont programmés dans différentes villes d’Italie.

Pour lire l’appel à la semaine d’agitation et pour contact :

silviabillycostaliberi.noblogs.org

[Traduit de l’italien d’informa-azione]

*****
Trente: relais téléphoniques incendiés en solidarité avec Billy, Sylvia et Costa

“Le 14 janvier nous avons incendié et détruit deux relais à Trente. Nous arrêtons le contrôle télématique (télécommunications et informatique, dT) et la pollution électromagnétique. Pour Silvia Costa et Billy encore sous procès.”

[traduit d’informa-azione, ven, 29/01/2016 – 17:28]

[Allemagne]. Changer la nationalité des migrants pour mieux les expulser

source courrier international le 2//02/2016

Face aux difficultés de renvoyer les migrants de certains pays, les autorités allemandes n’hésitent pas à solliciter l’aide des ambassades africaines. Moyennant finances, ces dernières attribuent aux migrants des origines, la plupart du temps fictives, révèle l’hebdomadaire allemand Der Freitag.

Joseph Koroma est Sierra-Léonais. Il a fui son pays en 2006 pour l’Allemagne. Là, après que sa demande d’asile a été rejetée, il a été renvoyé en 2013 vers… le Nigeria. Joseph Koroma est l’un de ces Africains qui a fait les frais d’une politique de coopération entre les autorités allemandes et le personnel de certaines ambassades, qui consiste à attribuer à des individus passibles d’expulsion une nationalité qui facilite cette démarche, révèle Der Freitag.

Beaucoup de migrants n’ont pas de papiers quand ils arrivent en Allemagne, rappelle l’hebdomadaire berlinois, soit parce qu’ils n’en possèdent pas, soit parce qu’ils s’en débarrassent afin de ne pas être renvoyés dans leur pays. “Une nationalité non établie est l’obstacle le plus fréquent à une expulsion”, souligne Der Freitag, qui explique dans son enquête comment s’est mis en place, il y a quelques années, un système d’auditions en masse de migrants par le personnel d’ambassades des pays dont ils pourraient être originaires.

Les auditions ne durent que quelques minutes. A l’issue de l’entretien, le personnel étranger décide si la personne est un ressortissant de son pays ou non. “Quand ils le pensent, ils émettent un passeport de substitution, un ‘certificat de voyage d’urgence’” – ouvrant ainsi la voie à l’expulsion.

Les personnes concernées n’ont le droit d’être accompagnées ni d’un avocat ni d’un interprète. Avant de rencontrer la délégation, elles sont fouillées et leurs affaires saisies. L’audition dure entre trois et cinq minutes en moyenne, et il n’existe pas de compte rendu de l’entretien. (…) Beaucoup de migrants quittent la salle sans même comprendre ce qui vient de se passer.”

“La procédure est tout sauf sérieuse”, dénonce Der Freitag, et pourtant elle est défendue par la police fédérale et même par le gouvernement.

L’hebdomadaire pointe également les conflits d’intérêt – car le personnel des ambassades est payé. Dans le cas du Nigeria, ils touchent 250 euros par entretien et 250 euros supplémentaires en cas d’identification. Pour le Bénin, le tarif est de 300 euros. “Pour l’Allemagne, cela revient moins cher qu’une autorisation provisoire de séjour de plusieurs mois pour ces migrants.”

Et maintenant ( chanson populaire)

voici un extrait d’un livre « Du Progrès Dans La Domestication » écrit par René Riesel paru en 2003 chez l’encyclopédie des nuisances ce livre suit 2 autres livres : »Aveux complets des véritables mobiles du crime commis au CIRAD le 5 juin 1999″- « Déclarations sur l’agriculture transgénique et ceux qui prétendent s’y opposer » en (2000)

« L’histoire des hommes, cette marche erratique qui a déjà si souvent perdu le fil de l’humanisation , a vu naître et s’effondrer de multiples manières des formes d’organisation sociale diverses . La société industrielle, au stade où elle est parvenue, n’est sûrement pas la première à se donner pour achevée, à se montrer obsédée d’elle même , inapte à se représenter ou se concevoir différemment.. Finalement, on ne la dit moderne ( certains prétendent étrangement que cela aussi est achevé) que parce qu’elle présente sur les sociétés traditionnelles et les civilisations « immobiles » la supériorité de prétendre les connaître et cette autre de les dissoudre toutes à son contact. Elle est la première à fonder sa remuante immuabilité non sur l’oubli final ou la mystification du passé, mais sur son dédain , persuadée qu’elle est d’avoir recueilli et réalisé tout ce qui valait dans le legs, unique, indépassable et perpétuel aboutissement ..La société totale ne sait rien voir d’autre que sa préhistoire dans les sociétés qui l’ont précédée
Quant à sa propre histoire , elle préfère l’ignorer , ne sachant au mieux la saisir que comme histoire immédiate, histoire morte précipitamment embaumée. Elle sait que ce travail bâclé1 devra être fréquemment restauré ( remastérisé se comprend peut -être mieux aujourd’hui) et qu’il est par nature promis à la relecture au reconditionnement, à la révision
Ces considérations seront jugées bien emphatiques, mesurées à la réalité somme toute triviale qu’elles embrassent , ou inaptes à éclairer l’étonnante indifférence dont font montre les contemporains envers ce qu’ils vivent au présent.. C’est pourtant la même chose . La société du mouvement , que subjugue l’innovation, qui rêve de jeunesse éternisée, est plus statique qu’aucun autre avant elle ; elle a foncièrement besoin d’écraser le temps .Elle ne sait en faire qu’un espace parallèle à celui de de son présent permanent.Il devient un temps magmatique comme dans l’heroic fantasy, un non lieu halluciné où tout se vaut , le fameux «temps réel »auquel seule l’électronique donne enfin accès.D’autres l’ont déjà montré mieux que je ne le ferais.. Mais c’est de là que provient la pénible impression de ne croiser partout que le plus terrifiant chaos mental.

Dans je ne sais quelle ville chinoise, abritée des vents dominants par une haute colline et asphyxiée par sa pollution industrielle, les experts locaux ont conçu l’an dernier le projet, logique, de raboter de quelque centaines de mètres la colline gênante..Cette démence prête à rire . Soit. Mais qu’on imagine de répandre de la limaille de fer à la surface des océans pour inciter le plancton à collaborer plus activement à la réduction de l’effet de serre, de remorquer l’eau douce des icebergs jusqu’au golfe Persique, de dresser des montagnes de polystyrène expansé pour accrocher les nuages sur le Rub al- Kali, ou bien qu’on projette effectivement l’érection d’un gratte-ciel d’un kilomètre de hauteur, flanqué d’un champ de capteurs de cinq cents hectares , au sud ouest de Sidney, cette babélienne centrale solaire étant destinée à fournir aux citadins d’Australie deux cents mégawatts de confort domestique , on n’a manifestement pas fini de vouloir creuser le Bielmorkanal dont rêvait la bureaucratie stalinienne.

C’est bien la même démesure, reposant sur d’identiques certitudes techniciennes détraquées, fondées ou pas sur des postulats scientistes plus ou moins vérifiables qui donne leur air de parenté à ces délires enroue libre2La démesure demeure donc- lors même qu’elle nourrit des ambitions plus microscopiquement exorbitantes , bio et nanotechnologiques par exemple, pour ne pas citer que les plus voyantes-, et il semble à première vue n’être question que de reconduire le projet moderne de maîtriser , égaler ou asservir les forces ou les ressources naturelles .
Mais la stratégie spontanée de la guerre-éclair a déjà rencontré ses limites.. Deux siècles de terre brûlée et de dégâts collatéraux, humains en particulier ont rendu toute retraite matériellement inconcevable et ne laissent d’autre issue à la coalition industrielle de l’économie et de la technologie que de poursuivre l’offensive . Cette poursuite lui commande de produire dorénavant par elle- même l’intégralité des conditions qui y paraissent indispensable s, quitte à bricoler autant de dispositifs qu’il faudra pour se convaincre qu’en posant une prothèse devant l’autre on pourrait encore clopiner vers un avenir possible. Sans jamais cesser de guetter les chocs en retour du moindre battement d’aile du papillon industriel.

On admet fréquemment que , directes ou indirectes méthodiquement négligées ou seulement imprévues, les conséquences de l’industrialisation ont commencé à dresser un obstacle devant certain excès de l’impavidité techno scientifique et la trop grande idolâtrie du progrès qui rabote les montagnes .. Il demeure en me temps parfaitement hérétique d’avancer que les connaissances ou les réalisations technologiques pourraient rencontrer des limites autres que provisoires, ou que ces limites renseigneraient sur un obstacle qui le contient déjà. C’est ce que manifestent lourdement , chacun à sa manière, ce projet de tour solaire australienne ou la relance du programme international ITER de fusion thermonucléaire: l’optimisme scientiste reste bien vivace , et pas eulement dans des discours de propagande. Pour l’heure l’obstacle qu’on va tenter de contourner , c’est la rébellion déconcertante, le profond dérèglement du soubassement fonctionnel à quoi la société industrielle a réduit la nature en n’y voyant qu’un stock de ressources et un collecteur pour ses effluents et déchets .. Le stock menace épuisement , l’égout déborde..

Ce qu’on a appelé la « prise de conscience écologique » naît bien de la nausée provoquée par ce débordement ,tôt pressenti par Élisée Reclus : « Là où le sol s’est enlaidi , là où toute poésie a disparu du paysage, les imaginations s’éteignent, les esprits s’appauvrissent, la routine et la servilité s’emparent des âmes et les disposent à la torpeur et à la mort3 »Elle se fait jour il y a une quarantaine d’années, dans les pays industriels, quand on découvre la menace du printemps silencieux4 sur la planète malade.. Elle est d’abord une sensibilité mais qui sait percevoir la montée, poussée par ces eaux puantes, de obscénités des nouveaux conformismes, de l’isolement stérile, de la solitude hygiénique des multitudes désodorisées et gavées .On n’a pas encore appris à distinguer l’épuisement des ressources de l’épuisement de l’humanité, éreinté par les injonctions de la société de masse, spirituellement bridée par la rationalité instrumentale, physiquement séparé du monde naturel tenue en laisse par les commodités de la pauvreté marchande , internée dans le système spectaculaire des apparences.C’est aussi contre tout cela que se dressera la dernière insurrection de la perception sensible , le dernier grand assaut frontal lancé contre les capitalismes réels, le « Mai français » en étant l’expression la plus aboutie, à travers le rejet simultané du socialisme de caserne et du Welfare State auquel parviennent alors les pays occidentaux.

L’écologisme proprement dit n’est qu’un produit de la débandade qui suivra la défaite, un des nombreux « terrains de luttes » parcellaires et succédanés de rébellion ( féminisme , homophilisme, droguisme, terrorisme, consumérisme, etc) à longue demi vie qui vont contribuer à moderniser l’ordre restauré ; un pacifisme intégral du sauve- qui -peut collectif revendiquant pour tous , comme un droit , l’accès gratuit à la capot, au masque à gaz et à la pastille d’iode. L’écologisme s’illustrera tout particulièrement par ses nuisibles contributions aux oppositions au « nucléaire civil  », comptabilisant les Becquerels lançant ses contre-experts dans d’ineptes évaluations du coup des KW/h, responsable, déjà, au point de préférer à la« psychose »l’hébétude craintive des populations, mendiant la sécurité des mesures fiables, s’indignant bien haut du supposé secret en vérité insolemment public5, entretenu sur leurs activités par les nucléaristes ; et s’interdisant toujours d’articuler la seule question directement pratique : quels étranges besoins avaient conduit les hommes à l’état dans lequel ils se trouvaient, à subir la nucléarisation du monde ? Sur ce seul terrain , d’élection, l’écologisme résumait déjà à lui seul toute la dérobade machinale de l’homme contemporain qui «  dans son angoisse face à l’angoisse 6 », persiste à se persuader ,après la bombe, et Tchernobyl, Seveso, Bhopal, vingt marées noires, un trou dans l’ozone, des milliers de kilomètres carrés de flocages amiantés, des millions d’hectares de forêt primaire nettoyés, et toute la litanie morbide des lamentations écologistes, qu’il pourrait être humainement possible de continuer à ne faire que se demander comment sortir de l’enfer en y restant.

L’écologisme n’a d’ailleurs pas tardé à se faire politique : de si bonnes dispositions ne pouvaient demeurer sans emploi.. Elles furent relayées , dés 1972, par quantité de « sommets  » et de rapports, raisonnablement spécialisés et alarmistes7 , à la coproduction desquels n’ont cessé de rivaliser , depuis, les bureaucraties internationales de développement et leurs interlocuteurs , organisations néo- gouvernementales et lobbies de la « société civile ».. On y constate invariablement que le progrès a déraillé, que la plupart des objectifs inscrits au programme des grandes organisations internationales après la seconde guerre mondiale demeurent hors de portée, que les conflits armés se succèdent , que la pénurie alimentaire et la malnutrition sont endémiques, que le développement demeure inégal , que les pays riche s l’ont certainement trop subordonné à la croissance économique , à l’accroissement illimité des forces productives, sans en mesurer les « externalités négatives ».. On y détaille les nouvelles menaces , pollution , réchauffement climatique , tarissement des ressources en eau dont la caractéristique est qu’elles ne sont pas circonstrites aux régions du globe où elles sont provoquées. A quoi s’ajoutent, comme l’illetrisme s’ajoute à l’analphabétisme, divers pandémies, le retour (favorisé parla pauvreté , la guerre et la surpopulation) de fléaux qu’on avait cru jugulés, la multiplication des «  maladies de civilisation  » et de nouvelles pathologies sociales, le développement du crime organisé , le chaos géopolitique , l’insécurité et l’insalubrité des mégapoles et, pour tout dire , une baisse préoccupante de nombreux paramètres de l’index de développement humain.. On tient néanmoins à nuancer cet état des lieux démoralisant en relevant que les indicateurs économiques confirment , ce dont on se serait douté, que la quantité globale de « richesse » n’a cessé de s’accroître dans l’intervalle.. C’est ainsi que dés 1987, la communauté internationale commence à parler de s’engager sur la voie d’un développement durable 8 , inepte chimère dont le succès universel résume à lui seul les progrès de l’enfermement dans la mentalité industrielle.

Rien ne l’illustre lus clairement que les bienfaits attendus de certains travaux de biologie moléculaire.. Ils offriraient une solution élégante, écologique pour tout dire, au problème malaisément gérable de la contamination des sols par certains résidus , les métaux lourds en particulier, permettant ainsi de rendre « soutenable » l’activité de nombreux secteurs industriels. Cette jeune spécialité se nomme la phytoremédiation. Partant du constat que quelques plantes sauvages toxiques composés organiques, métalloïdes et métaux lourds, elle se propose d’en dresser l’inventaire , d’isoler leur gêne d’intérêt , de les doper par manipulation ou de transférer directement certains gènes «  hyper accumulateurs »à es végétaux mieux acclimatés et en produisant davantage de biomasse. On disposerait ainsi d’un moyen naturel et d’autant moins onéreux que , les pantes étaient incinérées après récolte , on extrairait de leurs cendres une matière première recyclable9
Bien mieux, rapporte encore le journal le Monde : « Dans la fourmillante famille des extrêmophiles, ces bactéries capables de résister aux conditions de température , de pression , d’acidité ou de toxicité les plus épouvantables, Deinococcus radiodurans est un être à part : cette étrange bactérie capable de résister aux radiations selon sa dénomination savante, peut survivre à des niveaux de irradiation 1500 fois plus élevés que la dose mortelle pour tous les autres organismes[…] Certain s espèrent faire de radiodurans , ou d’autres bactéries transgéniques ayant hérité de ses facultés , d’habiles fossoyeurs des décharges nucléaires »10

Des travaux si utiles paraissent en mesure de donner satisfaction à tous les partisans du développement durable . L’économie soutenable y trouverait évidemment son compte. Les amis de l’environnement auraient lieu d’être satisfait s pour peu qu’on adjoigne à ses chimères, lorsqu’elles seront disponibles, les fonctionnalités nécessaires à interdire la dissémination.. Les amis de l’égalité n’auraient plus qu’à veiller à ce que non brevetabilité du vivant en autorise l’accès aux plus démunis..

Les incivilités que déploie la nature pour se rappeler au souvenir de la première société qui ait jamais songé à la traiter en barbare, à la reléguer dans un lointain arrière- plan de la civilisation, ne font que s’accroître. A juste titre , on ne l’en tient que davantage pour une menace omniprésente, aux portes , planant au -dessus des têtes, menaçant , à la façon du « nuage brun » du sud est asiatique, d’obscurcir le ciel de la techno sphère sociale.celle-ci découvre qu’elle n’a pas les moyens de son indépendance , que sa survie dépend toujours de cet en-dehors hostile.. lle craint de ne pouvoir y substituer assez vite le monde totalement artificialisé qui lui permettrait de s’en émanciper définitivement. Mais elle s’y emploie. Un nommé Philippe Malière , fondateur et directeur scientifique d’Evologie, société où travaillent une vingtaine de chercheurs «  en collaboration avec le Génoscope à Evry et le Scripps Research Institute à la jolla ( Californie) », présente ainsi fièrement ses projets : « l’objectif est de reprogrammer les organismes vivants pour les doter d’un alphabet génétique , soit élargi, soit rétréci.. Nous comptons relancer les processus de l’évolution dans des directions qui n’ont pas été spontanément explorées par la nature. Il s’agit d’engendrer des descendant s de bactéries adaptés aux besoins de l’industrie et de environnement .[…] Les risques liés au développement technologique ne doivent jamais être écartés à priori. Nous nous employons activement à les contenir . […] Le naturalisme est le carcan de la science biologique.Ce n’est pas en scrutant , angström après angström, l’existant que nous progresseront mais en fabriquant des bio diversités artificielles et alternatives11 »

On guetterait en vain la moindre objection à l’expérimentation pathologique de ces fantasmes totalitaires. Silence das les rangs .. a moins de prendre au sérieux les bouffées de fièvre symptomatique qui affectent quelque tenants d’un naturisme ultra- on pense à la deep ecology, à l’hypothèse Gaïa de James Lovelock, ou au « primitivisme » d’un John Zerzan – dont on voit vite , au de-là des différences superficielles de ce qui leur tient de pensée, comment ils vont au bout d’une très moderne haine de l’histoire humaine finalement peu éloignée des élucubration d’un Fukuyama.. Mais pas un média-philosophe des sciences, pas un techno-perplexe, pas un sociologue de l’intervention, pas un échangiste des savoirs , pas gâte-sauce éthique , pas le moindre pense-petit universitaire , tous évidemment accaparés par de plus brûlants sujets , pour sonner le tocsin .. Chacun joue des coudes pour se tailler un domaine de compétence, vaque à sa quête généalogique des sources de la modernité ( la faute à Moïse, à Platon, à Descartes , aux lumières??), piste les métamorphoses du sentiment de la nature , cherchent l’outil épistémologique qui les hissera au moins jusqu’aux guêtres de Heidegger. Et, parce qu’il faut bien sortir pour montre le masque à gaz ne dépare pas leur livrée, ces humanistes munichois plaident pour le moindre mal, suggèrent dans leur pathos spécial qu’il est urgent de réfléchir aux conditions dans lesquelles on pourrait tenter de reconsidérer, non la guerre mais les modalités de la guerre que mène la société industrielle contre la nature et la nature humaine , et ne proposent rien de moins que « d’aller chercher la société dans ses fondements juridiques, de faire bouger le droit 12»  »

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[Italie]Semaine d’agitation contre la techno- science et le monde qui la produit du 22 au 28 février, le 26/02 Rassemblement contre l’EFSA

NDT: l’original peut être lu là

Solidarité et action

Du 22 au 28 février
Semaine d’agitation dans toute l’Italie contre la technoscience et le monde qui la produit
26 février: rassemblement contre l’EFSA- Autorité européenne de sécurité des aliments
De 12h à 17h devant le siège de l’EFSA rue Piacenza – Parme

« Changer le monde ne suffit pas. Nous le faisons de toute façon. Et, principalement, ce changement se produit sans même notre collaboration. Notre tâche est aussi d’interpréter ce changement. Pour précisément le modifier. Afin que le monde ne continue pas à changer sans nous. Pour que finalement, le monde ne change pas sans nous. »
Gunther Anders

S’occuper du pouvoir technoscientifique dans ses principales manifestations (la biotechnologie, les nanotechnologies, l’informatique, les neurosciences) ce n’est pas seulement attirer l’attention sur quelques aspects de cette société particulièrement nocive. Comme écrivait Ellul il y a cinquante ans, la technologie s’est faite système et moyens de nos vies au-delà d’une quelconque volonté. En ceci que même les autres animaux et l’entière planète sont écrasés et manipulés selon les exigences du moment par l’impératif technique. Les technosciences se transforment et convergent vers ce qui a toujours été leur but ultime: un contrôle total des êtres vivants.

Beaucoup se demandent pourquoi s’occuper tant de technologie, alors qu’il y a tant de problèmes qui nous entourent. Dans le système technique actuel, où tout est rythmé par les machines, la technologie représente le moment, le lieu, l’espace où toute forme d’exploitation se déploie. Parfois on l’appelle green economy, d’autres fois progrès scientifique et d’autres fois encore gestion de la catastrophe, formant des milieux qui une fois conçus élargissent la toile où, sur chaque fil, se développent tous les rapports de domination, tels ceux dont on ne revient pas en arrière, comme le lancement d’un OGM ou la manipulation de la ligne germinale.

Une lutte contre les nuisances ne peut se séparer du contexte social qui les a produites, voulues et rendues nécessaire pour tous. Ceci signifie que notre critique ne peut qu’aller sous la superficie du soit-disant bon sens ou de l’imposteuse protection de l’environnement jusqu’à atteindre le vrai problème. Le pouvoir est présent dans chaque appareil technologique qui nous entoure, une techno-démocratie qui apparaît à chaque angle, régule chaque croisement, contrôle chaque aspect de notre survie jusqu’à entrer dans les corps tandis que son essence totalitaire reste fondamentalement non perçue. Un pouvoir technologique qui, grâce à des équipements toujours plus à dimension nanométrique, devient plus que ce qu’il semble être, en commençant par ne plus être visible.

Nous souhaitons que ces journées en inaugurent de nouvelles ou renforcent les précédentes avec une nouvelle détermination et une volonté d’agir. Nous avons pensé que chacun sur son propre territoire pourrait utiliser ces journées pour concentrer des initiatives liées au thème des nuisances, surtout celles liées aux sciences convergentes qui prennent toujours plus possession de la Terre et des corps.

Le 26 février se tiendra une initiative collective à caractère national: un rassemblement contre l’EFSA (Autorité européenne de sécurité des aliments) , dont le siège est à Parme.
L’EFSA est une agence, reconnue internationalement, à laquelle la Commission européenne fait référence au sujet de nombreuses nuisances, comme les OGM, les pesticides, les produits chimiques et les nanotechnologies. Elle peut autoriser le commerce de produits OGM et le semis en plein champ à but commercial et/ou expérimental.

Comme le FDA (Food and Drugs Administration) États-unien, enne , ce n’est rien d’autre que le bras de « gouvernance » des multinationales, surtout biotechnologiques, dont les liens très étroits permettent un échange continu d’administrateurs, de scientifiques, de manager et l’immanquable personnel technique: quel meilleur moyen pour permettre une diffusion capilaire des OGM en Europe également.

Grâce aux seuils de contaminisation tolérée dans les aliments et les semences, l’alimentation OGM, les cultures transgéniques en plein champ… le travail de diffusion est en cours depuis trop longtemps déjà. Aligné sur la mauvaise ligne du FDA américain, l’Europe s’est dotée d’un organe devant garantir la « sureté » des nocivités. Des intérêts des multinationales biotechchimique-pharmaceutique sont protégés comme l’est un système économique, politique et social qui s’agrippe à la nouvelle révolution bionanotechnologique produisant toujours plus de désastres environnementaux et sociaux qui sont à la base du développement techno-industriel, dont la manipulation du vivant est la pointe mortifère.

Nous ne sommes pas favorables à la création d’un EFSA plus sûr, transparent et démocratique, car même en le voulant, il ne pourrait jamais être réalisé. Un organe de sécurité comme l’EFSA suppose qu’il puisse être créée, d’une façon constante, des substances nocives à diffuser sur la planète en mettant en risque sa propre survie. Ainsi un centre de stockage de déchets radioactifs nécessite toujours des implantations nucléaires et une économie de guerre.
Nous refusons tout ce techno-système et toutes ses manifestations mortifaires avec la même détermination et conviction que celles-ci sont destinées à des missions pacifiques ou à créer la guerre: leur paix est déjà une guerre perpétuelle envers la planète et toutes ses formes de vie: c’est suffisant pour y opposer une résistance sans répit.

Le 2 mars se tiendra au tribunal de Turin la nouvelle audience contre Silvia, Billy et Costa accusés de tentative de sabotage à l’explosif pour l’Earth Liberation Front contre un centre de recherche international sur les nanotechnologies en Suisse pour la multinationale IBM.
Continuer cette solidarité signifie pour nous continuer à écouter ce hurlement d’une planète mourante, qui, comme l’écrivit l’ Earth Liberation Front des Etats-Unis, les avait motivé dans leur chemin de résistance, à ne pas se confondre avec la passivité, mais avec la colère brûlante durant la lutte.

Assemblea solidale
Contacts:
info@resistenzealnanomondo.org
www.resistenzealnanomondo.org
aussi HTTP:silviabillycostaliberi.noblogs.org

Espagne : la police arrête 9 membres présumés du PKK

source le figaro.info
La police espagnole a arrêté ce mercredi 27/01 neuf personnes accusées d’être associées au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), a annoncé le ministère de l’Intérieur dans un communiqué.

Le PKK, qui lutte pour l’autonomie des Kurdes de Turquie, est considéré commune une organisation terroriste par la Turquie, les Etats-Unis et l’Union européenne. Le conflit, qui dure depuis plus de 30 ans, avec quelques interruptions, a fait 40.000 morts.

Dans le cadre de cette opération qui a eu lieu à l’aube, 11 perquisitions ont été effectuées dans des logements à Madrid, Valence et Bilbao, précise le ministère de l’Intérieur.

Vigneux-sur-Seine (Essonne) : les caméras de surveillance ne font pas long feu

repris Brèves du désordre
A Vigneux, les caméras de surveillance ne font pas long feu

Le Parisien | 03 Févr. 2016, 20h00

Elles ne sont pas les bienvenues dans le quartier. Dans la cité de l’Oly, à Vigneux-sur-Seine, deux nouvelles caméras de vidéosurveillance ont été dégradées, rue des Edelweiss, ce mardi soir. Pour venir à bout de ces regards indiscrets, les malfaiteurs n’ont pas hésité à faire tomber le poteau sur lequel elles étaient accrochées.

Les deux objets ont été retrouvés à proximité dans un local poubelle.

« C’est la troisième fois en un mois dans ce quartier et la deuxième fois à cet endroit , indique Serge Poinsot, le maire (LR) de Vigneux-sur-Seine. A chaque fois, cela nous coûte 5 000 à 6 000€ » Au-delà du préjudice financier que cela représente pour la commune, c’est le message envoyé aux autorités qui interpelle.

Ce mercredi après-midi, rue des Edelweiss, juste en face de la zone où étaient installées les deux caméras, deux jeunes patientent. Le secteur est connu comme un lieu de trafics de stupéfiants. « Il n’y a plus de poteau, plus de caméra », lance un jeune sur son scooter, le visage entièrement camouflé par une cagoule. Il s’approche dès que quelqu’un d’inconnu arrive dans la rue, tel un guetteur. Il poursuit d’un air de défi : « C’est à l’endroit où il y a de la terre qu’il était avant. Mais il n’y en aura plus, on ne veut pas de ça chez nous ».

La municipalité, elle, a lancé un vaste programme d’installation de caméras de vidéosurveillance sur toute la commune. « Une cinquantaine au total sur 2015-2016, précise le maire. Ces événements sont troublants. On va essayer de réfléchir où et comment poser ces caméras de manière à les protéger. Pour l’instant, on va poser les autres caméras sur les autres quartiers. Pour l’Oly, on verra après. Il faut trouver le meilleur endroit possible ».

Valence [drome] action péage gratuit en soutien de la ZAD

reçu par mail
Résumé :

Samedi 30 janvier 2016, une soixantaine de manifestant-E-s venu-e-s principalement d’Ardèche et de la Drôme ont réalisé une opération « péage gratuit » à la sortie Valence Sud de l’Autoroute A7, en opposition au projet d’aéroport de Notre Dame des Landes.

Une ambiance chaleureuse, mais déterminée :

Cette opération s’est déroulée samedi matin de 9h45 à 10h45. Dans une ambiance chaleureuse mais déterminée, les personnes présentes ont pu échanger avec les automobilistes sur l’actualité du projet d’aéroport de Notre Dame des Landes tout en maintenant les barrières de l’échangeur ouvertes. L’action s’est déroulée symboliquement sur un péage géré par VINCI, maître d’œuvre retenu pour la construction de l’aéroport. Les automobilistes ont été pour la plupart très réceptifs.

Des motivations multiples, et rassembleuses :

Les arguments sont nombreux et cristallisent les tensions autour du projet d’aéroport. Lors de la manifestation du 9 janvier à Nantes, ce sont 20 000 personnes et 500 tracteurs qui ont manifesté, rassemblant le milieu agricole, les citoyens de Nantes et environ les habitant-E-s occupant-E-s de la ZAD (Zone A Défendre), ainsi que de nombreux sympathisant-E-s venus de tout l’hexagone pour l’occasion.
Ce samedi 30 janvier à Valence, la soixantaine de 60 manifestants partageaient tous une forte préoccupation face à la tournure que prend la situation à Notre Dame des Landes.

Retour sur le contexte qui a mené à cette opération :

Depuis le procès du 13 janvier, dont le rendu a été prononcé le 25 janvier 2016, les opposantEs historiques au projet d’aéroport de Notre Dame des Landes sont expulsables de la zone prévue pour la construction de l’aéroport. 11 familles et 4 agriculteurs avaient encore jusqu’à ce jour des baux leur permettant de vivre et de travailler sur la zone. C’est un tournant dans l’histoire de 30 années de lutte contre l’aéroport. Tandis que le gouvernement réitère sa détermination de lancer les travaux pour la construction du grand projet (alors même que le chef de l’Etat s’était engagé en janvier 2015 à ne pas les lancer tant que tous les recours européens n’auraient pas eu lieu), et que Vinci lance ces appels d’offre, de nombreux opposants à l’aéroport se mobilisent dans toute la France et au-delà.

Parmi les principaux arguments :

– Un aéroport (Nantes Atlantique) existe déjà à proximité et pourrait faire l’objet de rénovation afin d’éviter la construction d’un nouvel aéroport
– 2000 hectares de terres seraient artificialisées avec la construction de ce nouvel aéroport, alors que tous les 7 ans, l’équivalent d’un département de terre agricoles disparait en France au profit de l’urbanisation.
– Loi eau : Le site de NDDL, formidable réservoir de biodiversité et véritable château d’eau (tête de deux bassins versants), a été choisi il y a plus de 50 ans à un moment où l’on remblayait sans état d’âme les zones humides. Depuis, les directives européennes et la loi française sur l’eau interdisent de détruire ce type de zone ou, en cas d’absence d’alternative avérée, soumettent le projet à des règles très sévères de compensation. La commission d’experts scientifiques nommée en 2012 a invalidé la méthode de compensation proposée.

Pour plus d’information sur les arguments : https://www.acipa-ndl.fr , zad.nadir.org
Contact Presse : amicaledromoisenddl@riseup.net

L’ineffablab imprimante 3D

le texte pris sur indymedia grenoble ce texte nous permet d’annoncer la semaine de solidarité et action le 22 – 28 févrie contre  les technosciences  avant le procès de  Billy  Costa et  Silvia  le procés se tiendra le 2 Mars a Turin

voici un texte écrit sur les imprimantes 3D et les fab labs que nous souhaiterions partager et transmettre afin d’apporter une critique bienveillante sur les conséquences de la généralisation des techniques de fabrication additive dans la société.

Nous vous encourageons lire et à faire suivre et partager ce texte à vos contacts susceptibles d’être intéressés par ces questions.

Bien cordialement, Ovnivalence

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Valence [DRÔME]: la voiture percute une devanture, le commerce prend feu

Le dauphiné libéré le 31 janvier

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Le magasin d’alimentation Gros Frais à Fontbarlettes est fermé. Un incendie s’y est déclaré dans la nuit de vendredi à samedi.
Il était 1 heure du matin, dans la nuit de vendredi à samedi, quand les pompiers ont reçu un appel leur signalant qu’un incendie s’était déclaré dans un magasin du quartier des Hauts-de-Valence.

L’enquête de police déterminera s’il s’agit d’un incendie criminel ou consécutif à une perte de contrôle d’un véhicule.

En effet, une voiture a défoncé la devanture du magasin d’alimentation Gros Frais, situé place de l’Europe. Un incendie s’est déclaré. Il a ravagé quelque 600 m² du bâtiment.

Les pompiers ont lutté quatre heures pour en venir à bout. En début d’après-midi, hier, ils retournaient sur les lieux où quelques fumerolles s’échappaient du bâtiment.

Les dégâts sont assez considérables
. Le commerce ne pourra pas rouvrir avant quelque temps. Les cinq employés ont été mis au chômage technique.