Espagne : gauche radicale (Podemos, IU, CUP) et intellectuels locaux suivent les traces de Dieudonné

lu et recopié sur mondialisme.org

Podemos, Izquierda Unida et la CUP ainsi que des représentants du « monde de la culture » défendent « la liberté d’expression » des antisémites professionnels du magazine El Jueves et marchent sur les traces de Dieudonné et de son « Israheil » de 2003.

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Détenus pour apologie du terrorisme ou Guignol au pilori

Deux marionnettistes du groupe Títeres desde Abajo (= Marionnettes d’en bas, http://titeresdesdeabajo.blogspot.c…) ont été arrêtés le 5 février à Madrid, alors qu’ils présentaient leur spectacle La sorcière et Don Cristobal, durant le carnaval. Ce spectacle, destiné aux adultes, a soulevé la colère de quelques parents… et d’un juge de l’Audiencia Nacional, tribunal d’exception hérité du franquisme – . Les comédiens sont accusés d’apologie du terrorisme. L’un de ces travailleurs du spectacle est militant de la CNT-AIT.

 

L’oeuvre proposée est critique par rapport aux organes de pouvoir, police, justice et autres. Le déroulement de l’action fait qu’à un moment de la pièce, un policier s’oppose à la sorcière et la laisse inconsciente. Il installe alors autour d’elle divers objets constituant un montage policier qu’il prend en photo, objets parmi lesquels figure la pancarte incriminée : « Gora ALKA-ETA ».

Pour plus de précisions sur le contenu du spectacle, lire ci-dessous le communiqué de la CNT de Grenade du 8 février (traduit par la CNT de Montpellier), qui explique en détails la manipulation dont la presse s’est fait écho.

Depuis l’arrivée à la mairie de Madrid de la gauche alternative, une guerre ouverte est déclarée par l’ancien pouvoir municipal du parti populaire (PP) qui n’arrête pas de harceler les nouveaux gestionnaires, notamment dans le domaine culturel, en exploitant certaines maladresses et la liberté prise vis-à-vis de la tradition. Dans cette affaire, comme dans d’autres, la maire de Madrid Manuela Carmena et son équipe, qui avaient commandé le spectacle, ne se sont pas montrés solidaires des marionnettistes qu’ils avaient engagés.
Des dizaines de milliers de signatures et des manifestations importantes ont eu lieu à Madrid et dans plusieurs villes sur le territoire espagnol (une quarantaine) pour exiger la libération des deux marionnettistes.
Le 10 février, les deux comédiens, toujours inculpés, ont été remis en liberté sous contrôle judiciaire.

Communiqué de la CNT-AIT concernant la détention, en Espagne, de marionnettistes accusés d’apologie du terrorisme.

Le vendredi 5 Février 2016, les deux membres de la troupe « Marionnettes d’en bas » (dont l’un est adhérent du syndicat espagnol) ont été arrêtés durant la représentation de leur dernière production, La Sorcière et Don Cristobal sur des accusations d’apologie du terrorisme. La première du spectacle a eu lieu le 29 Janvier dernier et a été reprise le 31 à Grenade, sans incidents et avec un public nombreux. La position défendue, qui se veut humanitaire, face à certains problèmes de l’actualité, pouvait trancher avec celle d’autres positions politiques. L’oeuvre prône la coexistence, la tolérance et l’acceptation des différences.
Lors de la représentation du 5 février à Madrid, une partie du public s’est sentie gênée par cette oeuvre, et loin de se limiter à une question ou des critères esthétiques, a appelé la police pour dénoncer une prétendue apologie du terrorisme. La police a procédé à l’arrestation des membres de « Marionnettes d’en Bas » qui ont été mis au secret. La presse a publié le rapport tel quel, sans y opposer la version des accusés, donnant par là-même une version totalement erronée de l’oeuvre. Les médias soulignaient la glorification du terrorisme qui y était faite par une pancarte portant le slogan « Gora Alka-ETA » (Vive Alka-ETA), jeu de mots à partir de la phrase basque et du mot Al-Qaida), sorti de son contexte. Les médias parlaient aussi d’assassinats et de viols de religieuses et de juges.
En fait, La Sorcière et Don Cristobal veut représenter la « Chasse aux sorcières » dont a été victime le mouvement libertaire ces dernières années, avec des affaires policières du style « opération Pandora », et ceci par les figures récurrentes des contes et du théâtre.
Le personnage principal, une sorcière, représente les personnes de mauvaise réputation, et elle se voit obligée d’affronter les quatre pouvoirs régissant la société, la Propriété, la Religion, la Force de l’Etat et la Loi. L’héroïne est chez elle et sa vie est d’abord interrompue par l’apparition du Propriétaire, qui est le possesseur légal de sa maison. Il n’y a pas de religieuses violées ici, mais une tentative de viol de la sorcière par le propriétaire qu’elle tue au cours de l’agression. Elle se retrouve enceinte, et un enfant naît. Là, apparaît la deuxième figure, une religieuse incarnant la Religion. Celle-ci veut, emmener l’enfant, mais la sorcière s’y oppose, et durant l’affrontement, la religieuse meurt. C’est alors qu’apparaît le Policier représentant la Force de l’Etat ; il frappe la sorcière jusqu’à ce qu’elle tombe inconsciente, puis fabrique un montage policier pour l’accuser devant la Loi en accrochant une pancarte « Gora Alka-ETA » sur son corps, qu’il tente de maintenir debout pour prendre une photo, comme preuve. A la suite vient la quatrième figure, le juge, qui accuse et condamne la protagoniste à la pendaison. La sorcière trompe le juge qui passe la tête dans sa propre corde, et elle en profite pour le pendre, sauvant ainsi sa propre peau…..
On peut estimer que cette oeuvre est ou non pour des enfants ou pour tout public, mais il est surprenant que deux personnes soient détenues au secret pour une question d’âge . Par contre la troue « Marionnettes d’en bas » n’a jamais mentionné que sa dernière création était pour les enfants. Alors que dans son blog, elle présente ses oeuvres à tout public de façon séparée : « théâtre populaire » ou « spectacles pour enfants ». Et La Sorcière et Don Cristobal n’apparaît pas dans cette dernière catégorie, on ne peut donc accuser ses auteurs de tromperie et d’attirer un public déterminé, malgré l’utilisation de poupées. De plus, dans le synopsis présenté, il était clairement question de « matraques » et de « liberté » ; le public connaissait donc le thème du spectacle, évidemment pas le terrorisme, parce que, là, il n’y a pas de terrorisme ni d’apologie du terrorisme (motif de la détention au secret). Une mesure répressive extrêmement paradoxale : c’est précisément ce que dénonce cette oeuvre. Il est surprenant de voir comment les lois anti-terrorises peuvent servir des préjugés politiques bien définis avec autant d’efficacité et peuvent mettre les accusés en situation d’impuissance, à cause de quelques plaintes. Les plaintes de personnes qui confondent le terrorisme avec ce qu’elles n’acceptent ni socialement ni politiquement.
C’est dans ce contexte international de société sécuritaire que notre confédération exprime son soutien à la troupe « Marionnettes d’en bas ». Nous exigeons la remis en liberté immédiate des détenus et revendiquons le droit à la libre expression.

10 février 2016

repris à partir  du site de l’ OCL

Marseille (Bouches-du-Rhône) : Le consulat d’Espagne tagué

a-97417mars-infos.org / samedi 20 février 2016

Dans le cadre de la mobilisation internationale contre les frontières, nous recevons et publions ce compte-rendu en solidarité avec les migrants et contre toutes les frontières.

Le 6 février 2014 la guardia civil a assassiné plusieurs dizaines de migrant.e.s qui tentaient d’entrer en Espagne à la nage. A l’occasion de ce triste anniversaire et en suivant l’appel pour les actes de solidarité envoyé de Rabat, quelques compagnon.ne.s se sont motivé.e.s pour exprimer leur désaccord avec la “forteresse europe” et leur rage contre toutes les violences produitent par les entités meurtrières que sont les états-nations. Donc le consolat s’est fait taggué par “06/02/2014 SPAIN KILLS MIGRANTS” et “KILLER”. La façade et la porte d’entrée se sont en plus pris quelques bombes de peinture.

Solidarity without limits !
Contre les frontières et le monde qui les produit !

c-05aa4 d-27079 b-03f3e

 repris du site attaque

Parution du Bulletin des compagnons de nulle part n°15

reçu par mail et lu sur Marseille infos autonome:

Donc le numéro 15 du « Bulletin des compagnons de nulle part » la revue (officielle) de la bibliothèque-infokiosque de st jean du gard vient de sortir. Il est sous-titré « Récits de l’ordinaire ».
Il est en vente nulle part mais vous pouvez en trouver des exemplaires à la biblothèque-infokiosque, à la Rétive à Alès, au Rémouleur à Bagnolet, à la librairie L’odeur du temps à Marseille et à la librairie Alterlivres à Sauve, très bientôt.

D’autre part, vous pouvez demander un exemplaire (contre 2 timbres) à : Bibliothèque-infokiosque 152 grand-rue 30270 St Jean du Gard.

Documents joints
documentsPDF

Avis aux amateurs : A Calais, un rouage discret de la machine à enfermer

repris de Brèves du Désordre

« La méthode de l’attaque diffuse est une forme de lutte qui porte en soi un monde différent. Agir lorsque tous prêchent l’attente, lorsqu’on ne peut compter sur de nombreux soutiens, lorsqu’on ne sait pas par avance si on obtiendra des résultats – agir ainsi signifie déjà affirmer ce pour quoi on se bat : une société sans mesure. »
A couteaux tirés avec l’Existant, ses défenseurs et ses faux critiques, 1998

Lorsqu’on souhaite s’opposer de façon directe à un aspect particulier de la domination, on a souvent l’impression de se retrouver face à une montagne, sur laquelle il semble presque impossible d’avoir prise. Pourtant, si on abandonne le lieu commun confusionniste et complotiste que le monde serait dirigé par quelques humains planqués à droite à gauche dans des tours de bureaux surprotégées, et qu’on commence à l’analyser comme un rapport social fait de mille collaborations aux responsabilités bien concrètes, on se rend vite compte que chaque aspect de la domination est constitué d’une myriade d’hommes et de structures auxquels tout individu déterminé peut exprimer ce qu’il en pense.

Prenons par exemple la question de la machine à expulser et trier les migrants qui arrivent en brûlant les frontières ou qui survivent dans la « jungle » de Calais. Bien sûr, il y a d’évidence les flics qui tabassent, gazent, couvrent les fachos ou détruisent les campements. Mais lorsqu’ils ne sont pas en train de faire leur sale travail sur place, lorsqu’ils se reposent un peu plus loin en rigolant peut-être de leurs exploits du jour, lorsqu’ils se croient à l’abri des pierres des migrants qui ont pris l’habitude de ne plus se laisser faire pour forcer la frontière qui les sépare de l’Angleterre, ils se retrouvent bien quelque part, non ? Quelque part où il serait bien malveillant de les empêcher de reprendre leurs forces.
Bien sûr, il y a aussi ce camp de confinement et de triage installé depuis décembre, un camp de containers, un camp grillagé, vidéo-surveillé, gardé et à l’accès filtré par reconnaissance palmaire, un camp qui sert d’un côté à gérer une petit partie des réfugiés et surtout à justifier l’expulsion forcée des 3000 autres prévue ces jours-ci et à briser leur auto-organisation. Mais ce camp, il y a bien des entreprises et des associations qui l’ont monté et continuent plus que jamais à en assurer le bon fonctionnement quotidien pour le compte de l’Etat, non ?

Et puis aussi, il y a un autre aspect important de la domination que les ennemis de l’ordre ont parfois tendance à trop négliger. Un aspect qui se niche dans un autre espace que celui des flics ou des entreprises qui construisent les structures matérielles de l’oppression à laquelle on fait face. Un espace directement concerné bien qu’un peu plus discret, celui où sont transmises, reproduites, formées, théorisées et développées les connaissances, techniques et ingénieries de la domination dans chaque domaine : l’université et ses centres de recherche. Si cela est bien connu en matière de sciences appliquées pour l’industrie de l’armement, le nucléaire, la génétique ou les nouveaux matériaux, le rôle des prétendues « sciences sociales » semble toujours un peu à l’écart, alors que la collaboration entre le bras universitaire et le bras policier du pouvoir est structurelle et étroite dans tous les domaines. Aucun n’y échappe. Il n’est même pas étonnant que l’université, qui n’est autre que l’organisation institutionnelle de l’ignorance, puisse servir de vivier pour sa cousine où l’obéissance est érigée en art.
Comme les exemples ne manquent pas, on se contentera ici de quelques-uns à titre illustratif, ceux qui sont justement liés à la machine à trier, enfermer puis déporter. Ainsi, quand les flics doutent de la région d’origine des demandeurs d’asile ou des sans-papiers enfermés en centre de rétention, et lorsque les associations humanitaires qui servent de caution démocratique aux expulsions ne parviennent pas à faire cracher le morceau aux intéressés, à qui la préfecture fait-elle appel ? A une armée d’ethnologues et de linguistes, comme ceux qui se pressent ces derniers temps dans les Hotspots créés à Lesbos, Chios, Leros, Samos et Kos (Grèce) ou à Lampedusa et en Sicile (Italie), afin de trier les migrants entre « demandeurs d’asile » et « exilés économiques ». C’est d’ailleurs un mouvement de fond, puisque le site du ministère de l’Intérieur précise de son côté que sur les 500 agents de la DGSI recrutés pour 2015-2017, sont recherchés des civils spécialisés en sciences humaines comme la « psychologie, géopolitique, sociologie, traducteurs ».
Concrètement aussi, on apprenait de façon anodine en août dernier que 17 élèves de l’Institut national de langues orientales (Inalco) de Paris qui parlent couramment japonais, coréen ou chinois, effectuaient des stages dans les commissariats de la capitale pour lutter contre les vols à la tire de touristes asiatiques dans les beaux quartiers. Il y a quelques jours enfin, un journal local annonçait que le tribunal de Boulogne-sur-Mer venait d’embaucher 3 « assistants de justice » pour une période de deux ans afin d’étudier les « passeurs », et plus généralement de l’aider à lutter dans la région de Calais contre toute « aide à l’entrée et au séjour irrégulier ». Il s’agit d’étudiants en droit de niveau Master choisis dans le cadre d’un partenariat avec l’Université du Littoral (Centre Universitaire Saint Louis à Boulogne et Centre universitaire de la Citadelle à Dunkerque). Des étudiants plutôt que des juges ? Après quelques années à jouer les perroquets dociles du code pénal, la matière molle qui leur sert de cerveau sera on ne peut mieux employée, selon les dires du président du TGI : « réaliser des recherches et produire des synthèses à destination des magistrats » sur l’économie informelle des migrants et ceux qui sont parfois solidaires avec eux.

Alors, l’Université du Littoral, un rouage parmi tant d’autres de la machine à enfermer ? Certes, mais un rouage auquel chacun peut à sa manière adresser ses compliments.

[Paris et sa banlieue] Contre l’état d’urgence, contre le PS

5 permanences du PS ont perdu leurs vitres

Dans les derniers jours 5 locaux du PS ont eu leurs vitres defoncées à Paris et en Seine Saint Denis :

Dans le IIIème (40 rue Charlot), le XVème (36 rue Mathurin Régnier), le Vème (328, rue St Jacques), aux Lilas (rue du 14 Juillet) et au Pré Saint Gervais (33 rue Gabriel Péri).

S’opposer à l’état d’urgence c’est s’opposer à l’Etat tout court et au parti au pouvoir le PS.

Cela ne se fait pas avec des promenades traine-savates aux côtés de partis politiques, syndicats et bigots obscurantistes ni avec des banquets avec des religieux ou juste en se plaignant de la violence policière.

Vive l’action directe!

Ils envoient leurs flics défoncer nos portes, défonçons leurs vitres (ou autre)!

Contre l’Etat!
repris du chat noir émeutier

Metz (Lorraine) : révolte incendiaire au centre de rétention, deux bâtiments HS

recopié de Brèves du Désordre
Metz : incendie au centre de rétention administrative

Républicain lorrain, 18/02/2016 à 09:57

Ce mercredi soir aux alentours de 21h, un feu a été signalé au centre de rétention administrative (CRA) de Metz, situé à proximité de la maison d’arrêt de Queuleu. Trois ambulances, deux fourgons pompe-tonne et une échelle des sapeurs-pompiers se sont rendus sur place. Deux bâtiments, dans lesquels des personnes retenues en attente de quitter le territoire avaient embrasé des matelas, ont été touchés. Parallèlement, les esprits se sont échauffés et les encadrants ont dû faire face à un début d’émeute. Une vingtaine de soldats du feu ainsi que les forces de l’ordre étaient présentes.

Par ailleurs, deux personnes retenues dans le centre ont dû être transférées à l’hôpital de Mercy, à la suite de tentatives de suicide. Les responsables du site, où transitent les sans-papiers, n’ont pas souhaité communiquer la nuit dernière.

Il semblerait que l’état des bâtiments, où le feu a pu être maîtrisé à 22h, ne permettait plus, dans la nuit de mercredi à jeudi, d’accueillir les résidents. Il était question de leur trouver un autre lieu d’hébergement. Le CRA de Metz héberge une cinquantaine de personnes actuellement. La plupart dormaient à l’heure où le feu s’est déclaré. L’origine des incidents était inconnue mercredi soir.
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CRA de Metz : une enquête après l’incendie

Républicain lorrain, 19/02/2016 à 09:56 (extrait)

Vers 22h30, le feu est maîtrisé dans les deux bâtiments où les dégâts matériels sont, toutefois, importants. Tous les hébergés ont ensuite pu regagner les chambres restantes, situées dans les trois constructions encore utilisables.

Au cours de leur intervention, deux sapeurs-pompiers ont été légèrement intoxiqués par le dégagement de fumée. Quant aux deux retenus, qui avaient été conduits à l’hôpital de Mercy, ils en sont ressortis dans la nuit et ont pu réintégrer le CRA.

Hier, « les services techniques de la zone de défense Est ont été mandatés pour une remise en état rapide des deux bâtiments qui ont été endommagés par les fumées importantes », explique Elise Bas, directrice de cabinet à la préfecture de la Moselle. Une enquête a été diligentée par les services de la Police aux frontières (PAF) pour connaître les circonstances et les auteurs des incendies des matelas…

Parution du Ricochets n° 14 – février 2016

Bulletin contre la maxi-prison et le monde qui va avec

ils veulent nous enfermer….
brisons les murs de la société carcérale
le numero 14 en PDF
RICOCHETS
est un bulletin né au sein du combat contre la
construction d’une maxi-prison au nord de Bruxelles. C’est un
combat en dehors de tout parti et organisation officielle, un
combat qui propose d’empêcher directement, concrètement,
par nous-mêmes, la construction de cette nouvelle taule.
C’est un vaste combat, car la maxi-prison est le projet
emblématique des temps qui courent : un serrage de vis général,
une accentuation de la répression, un violent réaménagement de
la ville en fonction des besoins du pouvoir et de l’économie…
RICOCHETS a pour but de partager les nouvelles de cette
lutte, de diffuser ses différentes expressions, de l’approfondir
par des réflexions critiques. Il entend créer un espace autonome
de liaison entre celles et ceux qui se battent directement contre
cette nouvelle prison et ainsi ouvrir une possibilité : celle
que leurs actions puissent faire des ricochets dans un élan
incontrôlable

Karnaval de Rennes : La cantine met les pieds dans le plat…

Communiqué de la cantine suite au Karnaval du 6 février

À peine le Karnaval terminé, toujours dans le vif des événements, les condamnations ont commencé à pleuvoir drues. Sur internet, des anonymes critiquent depuis leur radicalité des organisateurs à l’homogénéité politique fantasmée pour leur volonté parfois maladroite que cet événement fût ce à quoi ils aspiraient qu’il soit. Dans les journaux, on cite vaguement des organisateurs (COPAIN 35), sans nommer de source ni renvoyer à quelque communiqué, qui se félicitent du bon déroulement des choses place du Parlement pour condamner ensuite les dégradations. Au TGI, on fait tomber 11 mois de ferme avec mandat de dépôt, dans l’urgence et sans preuve, et on arrose la BAC pour ses bons et loyaux services.

Le banquet place du Parlement n’a pas été un moment différent par essence du reste de la journée : il a été pensé en commun avec les autres composantes du mouvement, à la fois comme lieu de rencontre et comme amorce pour le carnaval. Il s’agissait dès le repas de nous débarrasser de nos représentations habituelles, de faire entrer le merveilleux, le masque et le renversement au coeur de la ville. Son organisation a impliqué un grand nombre de personnes et collectifs, et nous tenons particulièrement à remercier COPAIN 35 pour leur soutien matériel, et leurs dons de légumes, qui inspirèrent notre « couscous arlequin ». Il ne s’agissait pas simplement de manger ensemble, mais aussi d’affirmer une manière de manger autrement, de manger depuis la ZAD, que ce soit avec un repas et des pâtisseries entièrement végétaux, ou avec l’accueil du banquet des Q de Plomb*. L’importante logistique qu’aura nécessitée l’organisation du carnaval a été l’occasion de s’éprouver ensemble, et, sans mettre de côté nos divergences éthiques – notamment sur la question de la viande -, d’accroître notre force et notre intelligence communes, en rendant la répétition de ce type d’intervention plus simple.

Le banquet et le défilé ne peuvent ni ne doivent être décrits comme moments séparés, car ils participaient d’un même mouvement carnavalesque. Il s’agissait de faire, en place publique, acte de subversion, entendue comme réappropriation par tout un chacun de la possibilité d’un geste autre à celui qui était attendu, d’un usage plus émancipateur des espaces. La réussite d’un carnaval est dure à exprimer, car elle se fait dans le bouleversement de ceux qui ont été pris dans son sillage, mais aussi de ce qu’il laisse, sous les masques, transparaître de puissance réelle. De même que la cantine peut servir un grand banquet raffiné et joyeux, elle saura, en cas d’attaque sur la ZAD, y nourrir des milliers de personnes venues repousser César ; et ainsi des centaines de carnavaliers et carnavalières qui sauront se faire bien plus mordants si l’État persiste à vouloir évacuer la ZAD. Il est en tous cas hors de question de se désolidariser des actes de « casse » et de plaindre quelques vitrines, car le seul reproche ici possible est d’avoir peut-être trop vite, sans considération stratégique, donné un aperçu trop « nu » de ce que produirait une foule enragée par des attaques contre la ZAD. D’autant que dans le même temps, l’Etat s’est montré dans ses atours les plus offusqués, donnant dans l’après-midi même un bilan chiffré de son intervention : 5 interpellations, et 110 tirs de munition (grenades lacrymogènes et flashball confondus). Est-il possible de mettre en balance quelques vitrines brisées et les corps contusionnés, blessés, mutilés que laissent derrière eux les tirs de la police ? ** Doit-on encore rappeler que l’entière responsabilité de l’intervention des flics ne repose en rien sur l’intensité des dégradations (la FNSEA fait bien plus), mais bien qu’elle incombe au seul préfet, et à sa hiérarchie ?

Nous appelons nos alliés, qui qu’ils ou elles soient, à poursuivre le travail de composition autour de la ZAD, de manière intelligente et déterminée. Il s’agit de continuer à construire des infrastructures, nomades et réversibles, comme des machines de guerre pour couvrir les différents champs de l’affrontement présent et à venir (alimentation, soin, défense juridique, médias, logistique…), et à approfondir les liens qui se sont tissés avec ceux pour qui la ZAD résonne comme une brèche ouverte dans les devenirs étouffants de ce monde déjà ruiné. Les mots d’ordre d’instauration de communes partout, de réappropriation des terres, et de construction de l’autonomie politique et matérielle du mouvement révolutionnaire sont ceux qu’inspire la ZAD. Il s’agit maintenant de savoir jouer avec finesse entre l’affirmation protectrice de sa capacité de nuisance, et la poursuite de l’invention des vies nouvelles qu’elle abrite et suscite.

Une large partie des bénéfices issus du banquet a été reversée en soutien aux inculpés. Nous aspirons à voir ce type d’événement se reproduire et gagner en ampleur, pour le plaisir, pour soutenir nos camarades, pour renverser, encore et encore, le cours normal des choses. Retrouvons bientôt dans la rue, pour casser la croûte, et plus si affinités.

A.T.A.B’ – Cantine de lutte

* Depuis 2009, les banquets des Q de Plomb ont lieu au Liminbout, une ferme au coeur de la ZAD. Ils ont été le premier espace de rencontre entre les occupants « illégaux » nouvellement arrivés et les habitants qui résistent. Ils sont nés de la nécessité de partager des moments joyeux ensemble, au-delà de la simple organisation politique.

** De nombreux récits ont afflué ces derniers jours, qui témoignent des violences commises par les flics. Voir par exemple http://zad.nadir.org/spip.php?article3590

la violence anarchiste : libertés ou sécurité ?

On donne cette information car de multiples médias ( presse écrite , sur le web, radio)ont profité des attentats pour parler de terrorisme.Les débats sur la violence anarchiste restent toujours actuelle.Il ne s’agit pas,pour nous d’évoquer des groupes de lutte armée marxiste léniniste .
une émission de radio:
www.franceculture.fr/emissions/concordance-des-temps/la-troisieme-republique-et-la-violence-anarchiste-libertes-ou
La Troisième République et la violence anarchiste : libertés ou sécurité ?
Concordance des temps
Jean-Noël Jeanneney
La Troisième République et la violence anarchiste : libertés ou sécurité ?

La France, confrontée à la menace du terrorisme qui s’est incarnée de façon si dramatique en 2015, se retrouve devant une interrogation touchant à l’essence même de la démocratie : où fixer le curseur entre les exigences de la sécurité collective et la préservation des libertés publiques ? …

La France, confrontée à la menace du terrorisme qui s’est incarnée de façon si dramatique en 2015, se retrouve devant une interrogation touchant à l’essence même de la démocratie : où convient-il de fixer le curseur entre d’un côté les exigences accrues de la sécurité collective et d’autre part la préservation des libertés publiques qui sont au cœur du contrat social depuis 1789 ?

Chacun ressent qu’à trop empiéter sur ces libertés, dans le péril que nous affrontons, notre République risquerait de perdre quelque chose de sa fierté, de ses équilibres et, en somme, de sa raison d’être. En quête de précédents, on pourrait évoquer le temps de la Convention, 1793-1794, tout autant que celui de la guerre d’Algérie. Ce matin, j’ai décidé de braquer l’attention sur le moment des attentats anarchistes sous la Troisième République, dans les années 1890, pour montrer, je le souhaite, qu’aussi différentes qu’aient pu être, par rapport à notre actualité, les menaces ambiantes, les débats qui ont agité le monde politique et celui des intellectuels, on y rencontre bien des traits qui annoncent ceux d’aujourd’hui, dans l’ordre du réalisme, de la morale et du civisme.

Jean Garrigues, qui s’apprête à être mon interlocuteur, est professeur à l’université d’Orléans et il est président du Comité d’histoire parlementaire et politique. Il est un familier de la période qu’il s’agit de restituer et il a manifesté de longue main son goût de distinguer, dans le cours de notre histoire politique, le spécifique et les résurgences. Jean-Noël Jeanneney

Programmation sonore :

Déclaration de l’anarchiste Emile Henry faite lors de son procès, lue par Henri Poirier dans l’émission « Frissons fin de siècle » de Jean-Pierre Rioux, diffusée le 7 août 1990 sur France culture.

Chanson « La Dynamite » de Martenot, écrite en 1893, interprétée ici par Les Quatre Barbus à la fin des années 1960.

Lecture d’un placard collé aux murs de Paris en 1892, par Henri Poirier dans l’émission « Frissons fin de siècle » de Jean-Pierre Rioux, diffusée le 7 août 1990 sur France culture.

Extrait du discours de Manuel Valls, prononcé devant l’Assemblée nationale le 13 janvier 2015.

Lecture d’un texte de Zo d’Axa, par Denis Lavant, dans l’émission « Surpris par la nuit » d’Alain Veinstein, diffusée le 18 janvier 2001 sur France culture.

Chanson « La Ravachol » de Sébastien Faure, écrite en 1893, interprétée par Les Quatre Barbue.

Extrait du discours de Joseph Paul-Boncour, prononcé à l’occasion du centenaire de la naissance de Jean Jaurès, le 1er mai 1959.

Bibliographie :

Jean Garrigues, Le monde selon Clemenceau. Formules assassines, traits d’humour et prophéties, Tallandier, 2014.

Jean Garrigues, La République des hommes d’affaires (1870-1900), Aubier, 1997.

Jean Garrigues, « Les anars contre la République », in : L’Histoire, n°191, septembre 1995.

Vivien Bouhey, Les anarchistes contre la République, contribution à l’histoire des réseaux sous la Troisième République, 1880-1914, Presses universitaires de Rennes, 2008.

Jean-Pierre Machelon, La République contre les libertés ?, Presses de la Fondation nationale des sciences politiques, 1976.

Jean Maitron, Le mouvement anarchiste en France. I. Des origines à 1914, Gallimard, 1975.