Buenos Aires, Argentine : Tout nous motive, rien ne nous satisfait – Quelques mots au sujet des journées de révolte des 14 et 18 décembre 2017

Tout nous motive, rien ne nous satisfait.

Et la rage déborda.

Il est nécessaire de préciser que nombreux sont ceux se retrouvant impliqués dans les révoltes des jeudi 14 et lundi 18 décembre 2017 n’étaient pas là pour arrêter les réformes des retraites en soutenant des mesures légalistes, et encore moins en défendant les droits de la citoyenneté. Nous étions là pour tout, nous étions là pour rien.

Je n’étais pas là pour exprimer mon rejet de la réforme des retraites parce que je rejette les réformes, parce que je rejette toute loi. Je n’étais pas là pour les retraités, parce que je déteste le fait qu’une vie sans bosser et d’accès libre aux loisirs ne nous soient donné que lorsque les rides abondent et que les os se brisent.

J’étais là parce que je voulais en être. Par haine de la police et de toute autorité. Dois-je tout dire ? Que je cherche à rompre avec les formes de rapports existants et à en créer d’autres ? Que je cherche à me développer et à être plus autonome dans l’auto-détermination de mes désirs ? Avez-vous besoin davantage de raisons ? La misère, la thune, la faim, la fume, les usines, l’ennui, les dogmes, les drogues, la politique, les politiciens, les dettes, les devoirs, le travail, l’école, bref : l’État, le capital, l’autorité… Est-ce nécessaire de le dire ?

En même temps et au même endroit

Lors de ces deux journées, nous nous sommes rencontrés en face à face, le visage masqué, affrontant la police, érigeant des barricades, en sachant que le lendemain tout redeviendra comme avant mais que le moment vécu était un de ceux qui apparaissent dans les esprits insurgés qui dorment.

Entre des compagnons et des autonomes, des personnes auto-organisées ayant une haine profonde de la police, nous avons affronté, couru et résisté à l’attaque de la police, des voitures et des containers à poubelle ont été allumés, des carreaux, du verre et des vitrines ont été brisés ; des murs ont été peints de phrases contre l’État, le gouvernement et même en mémoire de Rafael et du compagnon Santiago ; des attaques spontanées ont été coordonnées, des barricades ont été improvisées et des cocktails Molotov ont été lancés ; les laquais de la presse d’État ont été attaqués ; les personnes qui étouffaient à cause des gaz lacrymogènes et qui ont même été blessées dans les affrontements ont été secourues par ces mêmes dissidents ; il y a aussi eu des vols dans certains bâtiments ; nous avons sauté et chanté contre la police, mais aussi pour que tous les gouvernants s’en aillent et ne reviennent pas ; nous avons vu d’excellentes formes d’affrontements et une excellente capacité insurrectionnelle qui n’était pas préméditée. Nous avons aperçu une lueur de vie en désobéissant et en voyant la rage déborder.

Toujours de notre côté et non du côté des partis de gauche, nous avons vécu des moments qui resteront les plus beaux et les plus intenses de notre vie, et non une beauté rose, une beauté avec toutes ses complexités, faite de pleurs et de tristesses pourvues de joie sauvage et de tension, beaucoup de tensions.

Aujourd’hui comme hier nous étions là, aiguisons le conflit

Sans générer une analyse de comparaison entre les révoltes de 2001 et ce qui vient de se passer durant ce mois de décembre 2017 et sans chercher le pour et le contre pour aiguiser ce conflit ou proposer certaines formes d’organisation afin de ne pas retomber dans les échecs du passé, nous ravivons la mémoire et acceptons les échecs.

L’échec de 2001 se reproduira certainement à travers ce pseudo-processus de destitution (si ce n’est peut-être par inaction du « peuple » en voyant les réformes approuvées) mais échouera peut-être davantage par toute révolte ou insurrection, même la mieux réalisée, avec des fondements solides et des projets aiguisés, visant à organiser la vie sociale.

Nous ne plaçons aucune attente dans la société et sa capacité à se rebeller, même si nous refusons le faux espoir que les gens puissent vivre sans gouvernement, nous ne cherchons pas à consolider ou à établir de nouvelles conditions d’organisations populaires comme celles prévues en 2001.

Nous avons beaucoup de raisons de chercher et de générer des conflits dans la société. Nous proposons la destruction et la propagation du chaos dans toutes ses étincelles. Nous voulons la révolte contre toutes les institutions, en sachant malgré tout que celle-ci n’apportera pas à elle-seule des réponses ou de solution à la forme de vie misérable à laquelle nous sommes confrontés.

Sans attendre la prochaine grande manifestation, la révolte anarchique est amenée à être constante.

Combattre la police est une des nombreuses choses à accomplir si nous voulons vivre en étant débarrassé des engrenages de la domination. Être présent dans ce conflit, hormis le fait que c’est amusant, est nécessaire à la fois en tant que démonstration de notre force collective, mais aussi en tant que satisfaction individuelle.

Mais l’invitation est venue d’un autre côté, d’un côté qui sympathise avec les anarchistes seulement lorsque ça leur convient. Et ce n’est pas agréable d’être motivé par les propositions des autres, surtout lorsque nous avons la créativité et la détermination de notre côté.

Cela peut être préoccupant de ne pas avoir la capacité incisive et décisive afin d’aiguiser des moments de tension mais lorsque la foule ne va pas dans notre sens, le groupe affinitaire devient présent, sans oublier que nous pouvons compter sur notre force individuelle.

Il n’existe pas de réponse ou de solution, seulement des mots qui prétendent être action.

Cette petite analyse incomplète est une courte publication incomplète de ce qui s’est passé (ou non) ces derniers jours. Alors que le poids de l’angoisse est présent à cause des compagnons qui restent emprisonnés pour cette même raison, nous prenons quelques instants pour réfléchir, car la révolte a besoin de tout mais il y a des analyses fondamentales à propos de l’anarchie, il y en a trop qui parlent sans jamais agir, et n’abordent jamais cette colère … qui continue de déborder, qui continue d’exploser.

Et notre projectualité continuera à affirmer nos convictions sans tomber dans des textes théoriques déprimants ou des populismes bon marché, et vous savez: les anarchistes étaient là, sachant que nous traversons un Décembre noir, nous sommes toujours présents, aux côtés de nos compagnons tombés; Nous étions présents pour tout. Pour tout ce qui nous aspire, sans rien demander.

Que la rage se répande et continue à déborder!

[Source – Traduit via Insurrection News]

Un aperçu en images de ces deux journées de révolte à Buenos Aires qui ont eu lieu dans le cadre des protestations des syndicats contre la réforme des retraites du gouvernement Macri. D’après les médias, ces deux journées se sont soldées par une centaine d’arrestations. Rien que pour la journée du 18 décembre, qui a vu des milliers de personnes tenter de se rendre au Congresso Avenida 9 de Julio, entre 109 et 162 personnes ont été blessées, dont la moitié d’entre elles serait des flics.

Buenos Aires, jeudi 14 décembre:

Buenos Aires, lundi 18 décembre:


Ci-dessous le texte d’un tract diffusé à Buenos Aires en solidarité avec trois compagnons (Diego, Pablo et Pilar) arrêtés lors de la révolte du 14 décembre 2017.

LES JUSTICIERS

Demander justice dans cette société policière, c’est uniquement demander de la prison. C’est déléguer le fouet, la torture et la guillotine. Demander à son tour jugement et punition à l’Etat, ça revient à demander à Dieu de purifier par les flammes les pécheurs. C’est demander aux juges d’ordonner de réprimer et ensuite de réclamer justice pour l’assassinat d’un manifestant par la police (ou une quelconque autre force) qui a elle-même réprimé en suivant les ordres des juges. C’est une hypocrisie totale et une infâmie. Un président, un politicien, un religieux, un patron, un homme d’affaires, un capitaliste, un juge, un policier, un maton, un travailleur conformiste ou aspirant au pouvoir n’attaquera jamais son travail, mais le défendra et le justifiera. Croire cela reflète seulement le bon travail réalisé par le système pour domestiquer, immerger et rendre conforme à ses croyances.

La loi et l’ordre sont inventés et soutenus afin de justifier les privilèges du capital, de l’Etat et de la religion qui nous oppriment tous les jours. Le justicier veut se venger du vol de ses biens, de l’humiliation et de la pensée différente de sa religion, du fait de ne pas respecter son pouvoir, de se rebeller contre son autorité, de ne pas s’adapter à son système terrestre et divin. Le citoyen dévolu à la justice réclame, qu’en payant ses impôts chaque jour, est maître des forces de sécurité qui méritent le respect et réagissent immédiatement contre ceux qui violent la propriété et attentent à leurs vies ou à celles de quelqu’un qui les intéressent. Ils pensent toujours (en bons patrons) qu’ils serait de meilleurs vengeurs et feraient mieux le sale boulot que ses employés payés par leur impôts. Et s’ils n’obtiennent pa cela, ils se sentent usés et frustrés. Mais ils gardent malgré tout confiance en la loi et espèrent qu’un jour il y aura une justice terrestre ou divine.

Le juge: le bourreau, l’exécutant de la loi, le correcteur de comportements anti-sociaux, le roi de la punition et de la condamnation. Il n’y a pas de bon juge, car ce sont tous des criminels légaux. C’est la main de Dieu. Le fusil de la patrie. Le geôlier de la propriété privée. Le défenseur et le représentant du pouvoir. Le pouvoir. Dans un procès portant sur un conflit au travail, il manie le fouet salarial. Dans un procès pour vol ou atteinte à la propriété, il manie le fouet de la prison. Dans un procès religieux, il manie la lapidation morale. Dans un procès contre l’humanité, il est et restera toujours le plus inhumain. La réponse serait très simple si les racines du problème étaient comprises. Si l’on regarde de ses yeux et ouvre notre esprit à la nature, à la nature des choses et à l’humanité qui en fait aussi partie. Les arbres ont des racines comme toute l’humanité.

Les incendies causés intentionnellement ou par la foudre ont tout dévasté, brûlant des hectares et des hectares de forêt. La même chose que ce que l’autorité a fait dans l’humanité, à travers l’histoire. Mais si les racines de la vie restent intactes à l’intérieur de ces arbres, la vie se développe à nouveau. L’autorité peut être brûlée, incendiée, rasée, mais si sa racine autoritaire continue d’exister, elle sera seulement remplacée de façon continue et tant de destruction aura été vaine. De même, comparer un arbre avec une personne dans cette société serait injuste envers l’arbre. Depuis, ils ont toujours poursuivi leur objectif solidaire et fraternel dans le processus vers la vie. L’humanité ne le fait pas.

Il fut absorbé par le pouvoir, l’autorité, l’inégalité, l’ambition, le contrôle, l’indifférence. Les arbres poussent selon le climat où leurs graines ont été dispersées par le vent, donc ils n’ont pas de frontières. Mais l’humain croit qu’il a été intentionnellement planté par un être parfait et supérieur dans le seul but de le servir et de l’adorer. En divisant les humains par des races, des genres et des lignes imaginaires. Les arbres dansent avec le vent, ils se nourrissent du soleil et de la pluie. L’humain les combat, les craint et les utilise comme profit. Les arbres convertissent le dioxyde de carbone et l’énergie solaire en oxygène, c’est-à-dire en richesse, pour fournir de l’air pur aux autres habitants qui les entourent. L’humain se sent propriétaire de tout ce qui l’entoure, et pour cette raison, seulement pour son propre bénéfice, il partage un peu sa richesse.

La forêt créé une énorme source inépuisable de faune et de flore, de possibilités illimitées de vie, d’espèces multiples, de protection contre les agressions climatiques. Les sociétés actuelles représentent une compétition constante, une exploitation, une soumission, un égoïsme et une dévastation par la pollution de tous ceux qui y vivent. C’est précisément pour cette raison que je ne peux pas faire partie de cette injustice. Je ne le peux pas, parce que je suis conscient de l’origine de cette injustice, qu’ils appellent justice. Je préfère participer à la révolution sociale, détruire et supprimer le pouvoir à la racine, l’autorité (humaine et divine)et les lois qui le justifient, aux côtés de leurs défenseurs assassins. Je connais la racine de tant d’agonie et c’est pourquoi je comprends toute action directe contre l’autorité dans la société actuelle, qu’elle soit individuelle, groupée ou collective. Parce que je sais que c’est seulement de cette manière qu’il y aura une vraie justice pour l’humanité et pour le monde vivant.

Pour la liberté de tou.te.s les prisonnier.e.s !

Pour la destruction de toutes les prisons !

Pour l’anarchie !

                                                                                                                       Le 20 Décembre 2017

Errico Malatesta .Umanità nova – 21 juin 1922 «Anarchistes, socialistes et communistes»

lu sur http://www.antimythes.fr

MOSCOU ET MILAN…

Le procès des «socialistes révolutionnaires»se poursuit à Moscou, et on a une nouvelle preuve de ce qu’est la justice d’État, que le pouvoir soit aux mains de Robespierre, de Thiers, de Lénine ou de… Mussolini.

A l’ouverture du procès, le président du tribunal a déclaré que«le gouvernement des soviets rejetait la fiction d’une justice qui prétend se placer au-dessus des classes»

et comme si cela ne suffisait pas à révéler l’état d’esprit et les intentions des dirigeants bolchéviques, il a ajouté: «la seule impartialité que reconnaîtra le tribunal est celle qui s’impose dans l’intérêt du pouvoir soviétique dont il est l’organe».

Les accusés ayant protesté contre la composition du tribunal car la plupart des juges sont de ceux qui ont le plus férocement persécuté les socialistes antibolchéviques, le président ajoute:«La demande des accusés est sans objet et doit être rejetée, car personne ne nie que le tribunal doit être considéré comme un instrument politique du gouvernement des soviets».

Voilà un président qui ne pourra au moins pas être accusé d’hypocrisie!Toute l’ambiance dans laquelle se déroule le procès correspond aux intentions clairement exprimées ainsi par le président.Sentant le besoin de ne pas trop heurter les sentiments des socialistes européens, le gouvernement russe avait autorisé la présence de défenseurs étrangers pour assister les accusés. Mais quand les avocats Vandervelde, Rosenfeld et Théodore Liebknecht arrivèrent à Moscou, ils se trouvèrent en butte aux insultes et aux menaces, et c’est de justesse qu’ils furent soustrait au lynchage des communistes. Ils furent ensuite relégués dans une maison gardée par la police et mis dans l’impossibilité de communiquer avec les détenus et avec les défenseurs locaux. Il semble qu’on leur ait même refusé de voir les actes de l’instruction.La presse russe excite l’opinion publique contre les avocats en les présentant comme des ennemis de la Russie et on chante dans les rues des chansons injurieuses à leur égard.

Les noyaux communistes des organisations ouvrières font voter des motions demandant la peine de mort contre les accusés.On pousse au lynchage.On sait que nous n’avons guère de sympathie pour ceux de ces accusés qui sont pour une part des hommes de gouvernement et qui, s’ils réussissent à aller au pouvoir, seraient peut-être moins violents et moins sanguinaires que les bolchéviks mais tout aussi liberticides. Et nous avons encore moins de sympathie pour l’avocat Vandervelde qui a été ministre du Roi de Belgique et qui ne peut continuer à se dire socialiste que parce que le socialisme est devenu une tromperie pour cacher aux yeux de la masse ouvrière toutes les capitulations et toutes les trahisons.Mais nous n’en sommes pas pour autant moins indignés – indignés mais pas étonnés – par cette façon de fouler aux pieds, dans la Russie révolutionnaire», tout sens de la justice, par cet assassinat judiciaire éhonté, par cette infâme comédie par laquelle le gouvernement russe couronne dans le déshonneur la terrible tragédie née de la rivalité des fractions, peut-être sincèrement révolutionnaires, qui se disputent le pouvoir et qui, par soif du pouvoir, s’entre-tuent et tuent la révolution.

Et nous souhaitons que, là encore, l’exemple russe serve de leçon et d’avertissement pour les futures révolutions.

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[Fleury-Mérogis, 91] Tentative d’évasion à la maison d’arrêt des hommes

le parisien libéré   31 12 2017

Il a réussi à sortir de la cour  de promenade passer le premier cordon de sécurité, mais il a été repris en quelques dizaines de minutes. Ce dimanche matin, un détenu a tenté de s’évader de la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis ce dimanche vers 9h30.

D’après Thibault Capelle, du syndicat FO Pénitentiaire (beurk), le prisonnier « se trouvait dans la cour de promenade et il a réussi à en sortir (…) ». Puis, une équipe d’intervention armée (des ERIS ) a finalement « récupéré le détenu sur le chemin de ronde, interne à la prison, environ 20 minutes plus tard et sans difficultés ». Le jeune prisonnier aurait déjà fait plusieurs passages en quartier disciplinaire( au mitard), faisant ainsi l’objet de strictes consignes de sécurité, notamment lors de l’ouverture de sa cellule, située dans le bâtiment D5.

A cause de cette tentative d’évasion, toute la maison d’arrêt a été bloquée. Une trentaine de détenus ont refusé quelque temps de réintégrer leur cellule pour protester contre le fait qu’ils aient été privés de leurs deux heures de promenade.

La situation est redevenue totalement calme ce dimanche vers 13 heures

 

crève la taule

Besançon : Actes gratuits en cette fin d’année

indymedia Nantes

attaques contre des rouages de la technologie de surveillance et du travail

Ce monde nous donne la gerbe. On nous domestique par le travail, on sacralise la marchandise et la consommation de masse pendant que des millions de personnes galèrent à se déplacer, à se loger ou à se nourrir. Certaines ne se résignent pas à cet état de fait et tentent de survivre tant bien que mal en squattant des immeubles abandonnés ou en chapardant dans les magasins. Ce monde d’exploitation et d’oppression saute aux yeux de toutes les personnes qui le subissent et/ou veulent bien le regarder tel qu’il est, en particulier à l’approche des fêtes de fin d’année, où cette domination des riches s’exhibe peut-être même davantage.

Une nuit de fin décembre, nous nous sommes décidé.e.s à rendre quelques coups à cette société et à briser, pour un court moment, la pacification sociale, cette normalité si insupportable à tout esprit rebelle.

Parce que dans leur monde, le fric et la marchandise sont supérieurs à toute vie humaine et non-humaine.

Parce que les riches et les puissants peuvent compter sur d’innombrables institutions et entreprises pour protéger leurs biens,

Nous avons détruit les vitres du siège social de SDF – Franche-Comté Communications, au 42, rue du Chasnot. Des slogans inscrits sur la façade en verre sont venus rappeler notre rejet de l’autorité et notre solidarité avec les émeutier.e.s et pilleur.e.s du contre sommet du G20, qui pour certain.e.s sont toujours en taule. On n’oublie pas les innombrables personnes accusées d’avoir participé à cette révolte, dont leur tête est mise à prix par l’État allemand sur le portail internet de la police, qui continue à avoir recours à des balances pour les identifier.

Sécurité De France est réputée pour fournir du matériel aux entreprises et aux institutions afin d’assurer la sécurité de leurs biens. Outre des alarmes anti-intrusion et des gadgets anti-cambriolage, cette boîte propose entre autres des traceurs GPS miniaturisés, baptisés au nom de NIGITRACK, conçus par la société Nigilog, pour parer aux expropriations de marchandise, promeut des systèmes de vidéo-surveillance – analogique, HD et IP – fournis par hikvision, videcon, ALHUA Technology, : ces trois fournisseurs mettent en place un système permettant aux patrons ou proprios de surveiller à distance, depuis leurs mobiles ou tablettes, ce qui se passe en temps réel dans leurs magasins ou dans leurs demeures. Nombreuses sont les entreprises et institutions à se fournir auprès d’elle : le concessionnaire BMW, les magasins Intermarché, Bricomarché ou Super U, mais aussi et surtout la Ville de Besançon, le Département du Doubs, la région Bourgogne Franche-Comté…

Plus loin, notre rage s’est portée sur une agence intérim Adéquat, dont une vitre a été brisée et l’autre tagué d’un « ESCLAVAGISTE ».

Si nous faisons part de ces deux attaques, c’est pour inciter d’autres révolté.e.s à faire de même, pour se donner de la force afin d’affronter cette société apathique et mortifère que nous subissons toutes et tous chaque jour.

Courage et force à Krem, toujours incarcéré à Fleury pour cette foutue bagnole de keuf cramée sur le quai de Valmy, aux anarchistes incarcérées et inculpées en Italie, à Lisa, enfermée à Cologne pour une expropriation de banque à Aachen…

DesIndividus Sans Foi Ni Loi

repris d’attaque.noblogs.org

Pas d’oubli! ( mise à jour)

 Kamel BOUABDALLAH le procès en appel  a eu lien les 20, 21 et 22 juin 2016 à la cour d’assises  de Grenoble. Elle   a décidé de la continuation du supplice de la  prison  , il a été  condamné en première instance par la cour d’assises de Valence(1) à vingt-cinq ans de prison. A Grenoble la cour d’appel a mis la barre à 15 ans

Kamel est toujours en prison (à la Maison d’Arrêt de Varces, quand il n’est pas à l’UHSA du Vinatier – hôpital psychiatrique pénitentiaire).

Il a toujours besoin de toute notre solidarité.

Des nouvelles de Kamel sont parfois données dans les émissions L’Envolée et Passe-Muraille.

Pour casser l’oubli et dépasser les combinazione on peut  aussi  lui écrire à cette adresse

Maison d’Arrêt de Grenoble-Varces
               B.P. 15
 Kamel BOUABDALLAH  N° 41057
38763   VARCES  Cedex

 

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message parvenu de la prison de Varces  33 rue du Lavoir

« Bonjour Aujourd’hui je m’adresse à vous pour un sujet important qui me tiens à cœur à moi ainsi que les autre détenu de la prison(maison d’arrêt de Varces( 2):les téléphones en prison sont interdit ce qui empêche tout lien de communication avec ces proches (Mère,père,frère,enfant, femme…)ainsi la solitude est amplifier.vous me direz«oui mais bon il y a des parloir»mais sachez que cela sont difficile a obtenir et pas autoriser à tous donc aujourd’hui j’attends de vous une grande attention et compréhension de tous merci de partager (ce message est écris par un frère de détenu condamner à 25ans de prison ferme). »

(2) note du laboratoire: le centre pénitentiaire de Varces est dirigé parValérie Mousseeff  depuis mai 2017 ancienne du lGroupement étudiant national d’enseignement aux personnes incarcérées (Genepi)  connaît toutes les roueries associatives.. »’elle s’est imposée, elle a placé la lutte contre les violences. Et les faits de violence entre détenus et envers le personnel pénitentiaire sont donc désormais plus régulièrement poursuivis –disciplinairement ou pénalement– « pour le bien-être des agents comme des détenus », analyse la directrice. » le dauphiné libéré du 01/05/2017

1 note historique:Depuis Le procès du « capitaine général des contrebandiers ». La cour de valence justifie sa réputation historique. LLe procès de Mandrin a été bâclé (11 jours) et la procédure systématiquement violée. Les fermiers généraux exigent un châtiment exemplaire. Mais, scandalisé par la violation de son territoire, le duc de Savoie réclame au même moment la restitution du prisonnier. Louis XV, soucieux de ne pas se brouiller avec un allié précieux, cède. Or, la lettre d’extradition envoyée de Versailles n’arrive,bloquée aux portes de la ville  qu’après la mort de Mandrin. A coups de menaces et de pots de vin, les fermiers ont en effet obtenu du président de la commission l’exécution immédiate de la sentence.
Durant la durée de son procès, Mandrin subit  huit heures d’interrogatoires quotidiens. Le brigand reconnaît les faits, mais refuse de donner les noms de ses complices. Le 24 mai 1755, le tribunal de Valence le condamne à la question ordinaire et extraordinaire, puis au supplice de la roue; supplice réservé aux homicides et crimes de lèse-majesté. Mandrin reçoit la sentence sans broncher. L’exécution intervient deux jours plus tard.

Le calvaire de Mandrin attire les foules et ce sont 6000 personnes qui assistent au spectacle. Les curieux se pressent aux balcons et fenêtres donnant sur la place des Clercs, tandis que les gradins édifiés pour l’occasion se louent à prix d’or.
Mandrin endure d’abord la torture des brodequins qui consiste à broyer ses jambes entre deux planches. Sur le chemin qui le conduit à l’échafaud, le brigand prononce la formule rituelle de l’amende honorable devant la cathédrale Saint-Apollinaire ( place des clercs): « je demande pardon à Dieu, au roi et à la justice de tous mes crimes et attentats… »
Le condamné est attaché sur le dos à une croix de Saint-André situé sur l’emplacement de la place de l’université  , avant d’être roué vif. Le bourreau lui fracasse les membres à l’aide d’une barre de fer, puis l’attache à une roue de carrosse hissée sur un mât. Le bourreau l’étrangle à l’aide d’une corde. Tout au long du supplice, Mandrin conserve un air fier et martial.

Les Baumettes[Marseille] une lettre de Samy prisonnier actuellement en grève de la faim

|reçu par mail]
Vous connaissez Samy par le texte qu’on a écrit dans L’Envolée sur lui, Trazie-Bi et les Baumettes et aussi par les « évènements » de septembre ici à Marseille, et surtout parce que Samy a appelé Passe-Muraille le 28 aout….
Après un longue période au mitard (on lui a pris tous ses papiers, donc il a perdu mon adresse..) Samy a repris contact avec nous ici. Il a écrit une SUPER LETTRE ! en demandant de diffuser ses textes 
Toutes ses demandes sont été refusées à cause des « incidents » (il a fait blocage, a brulé sa cellule, a fait grève de la faim en solidarité avec Abdelhalim Trazie-Bi, a appelé la radio etc etc)
Actuellement il fait la grève de la faim  depuis le 20 décembre, et il ne reçoit pas d’assistance médicale et il n’était pas transféré à l’hôpital…..
Je vous demande : Est-ce que vous pourriez lui envoyer juste une petite carte postale avec juste un petit mot de « COURAGE » etc… ? ça coûte pas beaucoup…et ainsi il sait qu’il n’est pas seul, et l’AP aussi saura que Samy n’est pas seul….
Voici l’écrit de Samy —- à diffuser !
« Ils peuvent tuer le révolutionnaire mais pas la révolution
Ils peuvent contrer mes actions mais pas mes intentions
Ils peuvent bâillonner ma bouche mais pas mes idées
Ils peuvent censurer l’expression mais pas la liberté
Ils peuvent stopper la musique mais pas mes récits
Ils peuvent prendre le poète mais pas la poésie
Ils peuvent enchainer mes mains mais jamais ma conscience
Ils peuvent asservir nos proches mais pas nos idéaux
Ils peuvent effacer nos mémoires mais jamais notre Histoire
Ils peuvent me prendre la victoire mais pas mon espoir
Ils peuvent assassiner le rebelle mais pas la rébellion !  »
 

— et encore ça de la lettre qu’l a écrit:  

Et voici son adresse pour lui envoyer une carte postale….:  « …..je suis actuellement en train d’écrire pas mal de choses sur les Baumettes, et je reprendrai mon combat a fin de faire savoir à la France entier les conditions de détention, les mensonge du personnel à mon égard etc…..  ….j’ai des projets concrets qui vont toucher la France entier, ils ne récolteront que ce qu’ils ont semé, je te le promet !!    « LA MANO EN EL CORAZON » Résultat de recherche d'images pour "gaviota sale de la mano dibujo"

SAMY :
Centre Pénitentiaire des Baumettes Historique 
 Samy MIOUT  N° 184030   Bat A cellule 2105
 
213, chemin de Morgiou
 
13404 MARSEILLE Cedex 20
  note:-AP:L’Administration Pénitentiaire.
il y a un appel international pour que la nuit du 31 décembre soit turbulente en solidarité aux  prisonnier-e-s  entre autre sur robin.infos

Publication (en langue espagnole) : La Ira de Behelial

Contra Madriz

La Ira de Behelial
Ils pourront nous enfermer, mais ne pourrons pas nous arrêter (II)

Voilà dans la rue et sur la Toile le deuxième numéro monographique à propos de la répression contre l’anarchisme dans l’État espagnol. La revue analyse et donne des mises à jour sur la période répressive vécue par l’anarchisme ibérique entre 2013 et 2016, depuis l’ »opération Facebook » et l’ »opération Columna/caso Mateo Morral », jusqu’à l’opération « Los titriteros », en passant pour les opérations Pandora, Pinata et Ice, elle parcourt aussi le contexte international, la façon dont a été et est menée la répression dans des pays avoisinants (en particulier en Italie et en Grèce) et continue en abordant le sujet de la solidarité et la réponse arrive depuis le milieu anarchiste.
On a commencé à le distribuer dans différents locaux, centre sociaux et distributions affines, il y a aura aussi des présentations, dans les prochains temps.

Table des matières :

-Arquitectura, mitología, folclore y operaciones antiterroristas 1
-Desarrollo de un intento por justificar lo injustificable 5
-El fenómeno terrorista como arte de gobernar: la Paz en nuestros tiempos 8
-La Ley es el crimen 14
-El origen de las prisiones. Genealogía de un castigo civilizado 17
-Cuando las barbas de tu vecino veas cortar: crónica de una represión anunciada 23
-Operación Columna. Unas palabras sobre el Caso de Mónica y Francisco 26
-El caso de los atracos de Aachen 29
-El trasfondo de la soliraridad 31

 

Pour télécharger la revue en format PDF.

repris d’attaque.noblogs.org

Caen ( calvados) Le programme de la pétroleuse de janvier 2018.

[reçu par mail]

En Pièce jointe le programme de la pétroleuse de janvier. A noter que nous avons eu la
visite des flics, et que par conséquent les activités de ces prochaines
semaines se tiendront peut-être davantage sous pression.

Le 27 janvier, nous organisons une causerie avec un compagnon communiste
libertaire, autour de mai 68, notamment de son versant ouvrier.

Anarchistement,
un rétif.

le programme de janvier 2018  à  la pétroleuse: en Pièce jointe

Poitiers [86000] COMMUNIQUÉ DES 10 INCULPÉ-E-S,procès de la gare de Poitiers

POITIERS : Nous aussi nous y étions ou nous aurions pu y être ! ( voir ici)

 

COMMUNIQUÉ DES 10 INCULPÉ-E-S

APRÈS L’OCCUPATION DES VOIES À POITIERS LE 19 MAI 2016

Pour avoir participé avec des centaines d’autres personnes, dans le cadre de la mobilisation contre la loi travail, à une action en soutien aux cheminots alors en grève, nous avons été assignés devant le tribunal correctionnel le 17 novembre dernier.

Le verdict est tombé aujourd’hui : la relaxe que nous réclamions n’a pas été obtenue et nous sommes déclarés coupables, ce qui constitue autant d’attaques, contre le droit de manifester et contre le mouvement social, que nous dénonçons et auxquelles nous ne céderons pas.

Cependant, si les peines prononcées ont été inférieures (100 euros, avec ou sans sursis) à celles que nous encourions théoriquement et à celles que le procureur réclamait (1 000 ou 1 500 euros), c’est bien grâce à la solidarité qui nous a été manifestée ces derniers mois, et nous en remercions notre comité de soutien à Poitiers ainsi que toutes les personnes qui se sont mobilisées plus largement pour nous en France.

Les multiples actions collectives réalisées afin de dénoncer le ciblage politique dont nous étions l’objet ont créé un rapport de force qui a pesé en notre faveur. C’est la grande leçon que nous devons tirer de cet épisode : il ne faut pas reculer, mais revendiquer collectivement et toujours être solidaires face au patronat et à son Etat.

repris d’indymedia Nantes

Romans et le coup d’État du 2 décembre 1851

: » Chaque présent est visé par un passé en lequel il doit se reconnaître. L’historien ne décrit pas le passé, il s’arrête devant l’image qui surgit à l’improviste. Cette image, qui est celle des ancêtres enchaînés, peut le sauver d’un danger suprême (ne pas avoir d’avenir). Il ne s’agit pas de recueillir un héritage – car ce ne serait que l’héritage des vainqueurs. » Walter Benjamin , thèse sur le concept d’histoire

Décembre 1848 – décembre 1851 : la mise au pas

Pour les Français, la révolution de février 1848 doit ouvrir des temps de libertés et de démocratie. Mais, le 10 décembre 1848, l’élection de Louis Napoléon Bonaparte à la présidence de la République ruine ces espoirs. En quelques semaines, le conservatisme fige la jeune république.

Dans la Drôme, le nouveau préfet Ferlay, farouche adversaire des libertés, est nommé pour mater un département trop agité. Il met aussitôt en place un réseau administratif à son service et fait attribuer au département 700 soldats supplémentaires. Les Républicains les plus avancés s’organisent alors autour du député de Romans Mathieu de la Drôme et, aux élections législatives du 13 ami 1849, triomphent dans le département en enlevant les sept sièges, alors que la majorité nationale reste conservatrice.

Une insurrection de Lyon sert de prétexte à la mise en état de siège de la Drôme dont est chargé le général Lapenne : journaux et affiches sont censurés, cafés surveillés, discours et chants  » séditieux  » réprimés, réunions publiques interdites, des fonctionnaires sont arrêtés ou renvoyés. Le maire de Romans, le franc-maçon Maurice Rochas est révoqué le 10 juin 1850, l’administration municipale est confiée au conservateur Eloy Bouzon, âgé de 60 ans, proche du préfet bonapartiste.

Pour lutter contre étouffement de la liberté, tout un réseau de  » sociétés secrètes  » se met en place. Les mauvaises récoltes de grains, la maladie de la vigne, la faible production de cocons rendent les années 1850-1851 difficiles et portent l’exaspération à son comble. À ce mécontentement, Ferlay répond par une sévérité accentuée.

Le prince-président est élu pour quatre ans, mais il se fixe bientôt comme objectif d’obtenir sa rééligibilité. Il introduit, en octobre 1850 une demande de révision de la Constitution tout en demandant l’abrogation de la loi du 31 mai 1850 qui restreint le droit de vote. Mais il n’obtient pas les trois quarts des suffrages de l’Assemblée, quorum nécessaire à cette révision constitutionnelle.

Le 6 janvier 1851, le préfet Ferlay, accompagné du général commandant le département et de deux conseillers de préfecture vient à Romans pour installer le nouveau conseil municipal et le maire Eloy Bouzon.

C’est au cours de l’été 1851 que Louis-Napoléon se décide à tenter un coup d’État. La date du coup est fixée au mardi 2 décembre, anniversaire du sacre de l’Empereur, son oncle, et de la victoire d’Austerlitz

 

Du 2 décembre à la mi-décembre 1851 : l’insurrection

 

Dans la Drôme, la nouvelle du coup d’État tombe dans un contexte de loi martiale et de répression.

C’est à 4 heures de l’après-midi, le 2 décembre que le préfet Ferlay reçoit du ministère de l’Intérieur une dépêche datée de 8 h du matin annonçant le coup d’état :  » le ministre de l’Intérieur à messieurs les préfets. Le repos de la France était menacé par l’assemblée, elle a été dissoute. Le président de la République fait appel à la nation. Il maintient la République et remet loyalement au pays le droit de décider de son sort. La population de Paris a accueilli avec enthousiasme cet événement devenu indispensable « .

Huit heures seulement se sont écoulées. La réussite du coup d’état résulte aussi la diffusion rapide des informations en provenance de Paris dans tous les départements, ce qui permet au préfet Ferlay de réagir en conséquence. Cette rapidité est due à l’utilisation du télégraphe Chappe. Cependant, dans les heures qui suivent, le brouillard qui s’installe dans la région lyonnaise perturbe, et même interrompt, la transmission des dépêches de Paris qui arrivent cependant dans la Drôme par Bordeaux.

Ferlay communique la dépêche à son complice, le maire de Romans, à 11 h du soir :  » J’ai d’abord concerté avec le général (Lapenne), les mesures que nous avons cru devoir prendre dans l’intérêt de la tranquillité publique. J’ai ensuite envoyé à l’impression la dépêche dont vous avez dû recevoir plusieurs exemplaires « . La ville de Romans est importante dans le dispositif de répression puisque tient garnison dans les casernes de la Presle et St-Nicolas, le 52è (32è) régiment de ligne.

Le mercredi 3 décembre, à 7 heures du matin, Bouzon convoque en réunion extraordinaire le conseil municipal. Le maire donne lecture de la dépêche et présente aux conseillers les mesures qu’il a prises à partir de minuit, pour assurer et maintenir la tranquillité de concert avec le chef de bataillon Ollivier, commandant de l’état de siège dans la ville de Romans et Bourg-de-Péage. Des piquets en armes sont installés dans les casernes, les agents de police et la gendarmerie sont en permanence à l’Hôtel de Ville. Un poste placé sur le pont vieux.  » Rien n’annonce néanmoins que la tranquillité puisse être troublée ; toutes les précautions sont prises « . Le conseil municipal approuve toutes les mesures prises par le maire et désigne 3 de ses membres pour rester à la mairie.

Dans la matinée, le maire fait placarder une proclamation :  » Chers concitoyens. De graves événements viennent d’avoir lieu dans la capitale. La République est maintenue. Nous devons attendre avec calme que la nation ait répondue à l’appel qui va lui être fait. L’administration s’appuyant sur le patriotisme et le concours de tous les citoyens a pris de concert avec l’autorité militaire toutes les mesures nécessaires pour assurer l’ordre et faire respecter les personnes et les propriétés. Romanais ! Dans les temps les plus difficiles, notre ville est restée pure de tout excès. Personne, j’en suis sûr, ne portera atteinte à d’aussi glorieux antécédents « .

Au même moment Bouzon reçoit du préfet une nouvelle dépêche.  » La nuit a été très calme à Valence, la troupe a bien fait son service. Les bons citoyens ont montré les meilleures dispositions. J’ai reçu du ministre une seconde dépêche datée d’hier 11 h du matin. Il m’annonce des instructions et m’invite à le tenir exactement informé des moindres incidents qui pourraient survenir dans le département. Je tire la conséquence de cette dépêche que Paris était tranquille, hier à 11 h (du matin). L’état de l’atmosphère ne nous permettra peut-être pas d’en recevoir aujourd’hui, cependant si, contre toute apparence, je reçois quelque chose, je vous en ferais part. Les dépêches d’hier nous sont parvenues par la voie télégraphique de Bordeaux, et l’état de l’atmosphère ne nous a pas permis hier de communiquer avec Lyon : il se peut que nous le puissions aujourd’hui « .

À 4 h du soir, le préfet conforte le maire de Romans dans ces décisions pour tenir les Romanais :  » Vous comprendrez qu’ayant à l’adresser à 362 communes, je ne pouvais leur adresser en même temps une instruction particulière, n’en ayant moi-même reçu aucune du gouvernement. Notre programme, monsieur le maire est comme le vôtre : respect aux personnes, respect aux propriétés, maintien de l’ordre public. On me communique à l’instant un commencement de dépêches intercepté par les brouillards ; elle est de Parsi, d’hier 1 h du soir. Le président passait en revue divers régiments, ce qui prouvait que le nouveau gouvernement fonctionnait à cette heure-là. J’approuve très fort la mesure que vous avez prise de vous entourer du conseil municipal. Restez en permanence. Veillez au maintien de l’ordre, réprimez énergiquement toute tentative de désordre ; faites arrêter ceux qui le tenteraient et comptez sur mon appui et sur celui de l’autorité militaire. Valence et toutes les communes qui heureusement sont parfaitement tranquilles. Le général est installé à la Préfecture. Nous sommes bien décidés à faire respecter la tranquillité envers contre tous. La troupe est excellente. Les bons citoyens se montrent, qu’on en fasse autant à Romans. Veuillez communiquer cette dépêche à votre collègue de Bourg-de-Péage. Nous ne communiquons pas par le télégraphe avec Lyon à cause des brouillards « .

À l’instant même où Ferlay s’ouvre au maire de Romans de son soulagement de constater la tranquillité du département, les ouvriers de Crest, grand centre textile du département, manifestent à la sortie des usines et assaillent à coups de pierres la gendarmerie où s’est réfugié le maire. Des attroupements se forment à Aouste, Saillans ; le lendemain à Piégros, Autichamp, Suze, Die, Saillans.

Le 6 décembre, en prévision des incarcérations qu’il espère, Ferlay fait savoir à Bouzon, en qui il a confiance, “je fais transférer dans la prison de Romans, 11 condamnés détenus actuellement dans celles de Valence” .

Le lendemain, en début d’après-midi, c’est un torrent de trois à quatre mille insurgés qui arrive au sud de Crest. La troupe, que le préfet a rapidement fait renforcer, utilise ses armes. Une véritable bataille s’engage. Mais les fusils de chasse et les faux emmanchées à l’envers ne peuvent rien face aux tirs à mitraille des canons. Le préfet Ferlay et le général Lapenne savent réagir et arrêtent que  » tout individu qui sera saisi les armes à la main sera fusillé. Tous individu qui aura sonné le tocsin ou battu le rappel sera traité comme les insurgés pris les armes à la main. Les maires des communes où l’on aura sonné le tocsin ou battu le rappel sans qu’ils s’y soient opposés, seront arrêtés et traduits devant les conseils de guerre, pour y être jugés comme complices des insurgés. Les communes où les insurgés se rassembleront seront responsables des dommages qu’ils auront causés, et soumis à l’action en dommages-intérêts de la part des familles dont les membres auraient été tués ou blessés par les insurgés « .

Au même moment, ce 7 décembre, Ferlay adresse une nouvelle dépêche à Bouzon afin de le rassurer, et ne l’informe pas de la situation à Crest :  » Valence est très tranquille. On a parlé d’une attaque pour ce soir, nous l’attendons sans crainte. On a arrêté diverses personnes. Je dirai aussi que je suis sans inquiétude (pour Romans) puisque vous êtes à la tête de l’administration et que vous êtes entouré d’adjoints et d’un conseil municipal qui nous inspirent toute confiance. Dans la journée d’hier (il y a eu) un petit engagement à St-Marcel (les-Sauzet ?), un capitaine de la garnison a tué de sa main un insurgé et plusieurs de ces derniers ont été blessés. On est parti ce matin pour aller les châtier. Je ne saurais trop vous le dire, nous sommes sans inquiétude ici, soyez également sans inquiétude à Romans, mais il faut que les amis de l’ordre se montrent partout pour faire voir que la société a encore d’énergiques défenseurs « .

Le 8 décembre, le regroupement de quelques centaines d’insurgés à Loriol n’a pas de suite. Dans le Diois et dans le sud de la Drôme, comme autour de Valence et de Romans comme à Chanos ou Chavannes, les plans de marche avortent.  Mal organisé, mal commandé, le soulèvement drômois se solde partout par un échec.

Le 9 décembre, à 2 h du soir, Bouzon fait connaître au conseil municipal, les dernières dépêches reçues, annonçant que la tranquillité se rétablit presque partout, que Paris et les grands centres de population sont tranquilles, il lui fait part ensuite des mesures qu’il a prises pour le maintien de l’ordre  » qui n’a pas été un instant troublé « . Enfin Bouzon soumet au conseil le projet d’adresse qu’il se propose de présenter au président de la République :  » monsieur le président de la République, au nom de la ville de Romans, la fureur des factions allait précipiter la France dans l’abîme de l’anarchie où le hideux socialisme s’apprêtait à la dévorer. D’un coup d’œil rapide, vous avez mesuré la profondeur du mal, et avec la promptitude de l’éclair, vous y avez apporté le seul remède qui put la sauver. Prince, poursuivez la mission que vous vous êtes imposée, perfectionnez vos institutions, affermissez le pouvoir, donnez lui la stabilité et la France reconnaissante qui vous devra son repos, sa prospérité, son bonheur, bénira à jamais votre nom « .

Le 10 décembre 1851, au cours d’un nouveau conseil municipal extraordinaire, Bouzon rappelle que dans plusieurs villes, notamment Valence et Montélimar, a été organisée une garde civique pour le maintien de l’ordre et de la tranquillité qu’il pense qu’il est convenable de nommer une commission de 5 membres qui désigneront les habitants qui devront en faire partie. Le conseil adopte la proposition et désigne messieurs Sibilat, Giraud, Louis Nugues, Nicolas et Julhiet. Décision devenue inutile puisque la menace de troubles n’existe plus.

 

De la mi-décembre 1851 au 2 décembre 1852 : la victoire bonapartiste

 

Sur les insurgés s’abat alors une terrible répression organisée par le préfet Ferlay. Deux bataillons affectés à la Drôme commencent un ratissage systématique des secteurs insurgés, aidés par la gendarmerie et les troupes déjà en place.

Les prisons sont pleines quand se déroule le plébiscite des 20 et 21 décembre destiné à entériner le coup d’État. Le scrutin, ouvert pour le plébiscite concerne le consulat à vie à conférer à Louis-Napoléon Bonaparte. La peur savamment entretenue par la propagande officielle, le trucage éhonté du scrutin (non secret), les menaces contre ceux qui oseraient voter  » non  » assurent le succès du prince, moins net cependant dans la Drôme qu’ailleurs : le taux d’abstentions est supérieur, et près de 14% de  » non  » contre 8,1% en France.

À Romans, le résultat est surprenant : 1462 oui (70 %) et 632 non (30%). Certes la population n’avait pas bougé après le coup d’état, notamment en raison de la présence d’une garnison et d’un maire farouchement bonapartiste, mais cela ne signifiait une acceptation unanime du coup de force de Bonaparte : le plébiscite en est la preuve.

La chasse aux fugitifs se poursuit. Dans les sombres et froides cellules de la tour de Crest, on arrive à entasser plus de 450 détenus. Les prisons de Valence et Romans débordent aussi. Dans un simulacre de jugement, sont examinés plus de 1600 dossiers. Sept Drômois sont envoyés au bagne de la Guyane. De nombreux autres connaissent les bagnes et enceintes fortifiées de Toulon, Belle-Île et Riom. Plus de 200, sur 496 prévenus, sont déportés dans les camps en Algérie. Pour beaucoup d’autres, ce sera l’exil obligatoire à l’étranger, Mathieu de la Drôme se retrouve à Chambéry, l’assignation à résidence hors du département et, dans le meilleur des cas, une mise sous surveillance après quelques mois d’emprisonnement.

Les fondements de la république sont aussi sapés. Le 7 janvier 1852, c’est une circulaire de Ferlay qui dissout des  » sociétés fraternelles « , la franc-maçonnerie. Le lendemain, le même préfet arrête que  » la devise Liberté-Egalité-Fraternité ne sera plus écrite dans les actes publics, l’inscription de cette devise et de toute autre qui rappellerait les temps révolutionnaires sera effacée « . Pour le dimanche 11 janvier, le gouvernement demande qu’un Te Deum soit chanté dans toutes les églises paroissiales et que des secours soient  » distribués aux indigents  » : à Romans, ce sont  » 800 livres  » de pain qui sont délivrées.

Les conservateurs romanais se félicitent du coup d’état et de la répression qui frappe la gauche républicaine. Le 17 février 1852, l’ancien maire et député Paul-Emile Giraud, écrit à un de ses amis, Le Prévost, : «  Romans a heureusement échappé à cette tentative (d’insurrection) , mais nous avons couru de grands dangers, et, sans la garnison notre ville était livrée au pillage. Les doctrines socialistes ont infecté pour longtemps notre pays. Que nos provinces du nord de la France sont plus sages et plus civilisées, les mœurs y sont plus douces et les masses plus éclairées « . Le Prévost partage cette opinion :  » J’ai vu avec du plaisir que les insurrections socialistes n’ont point atteint la portion du département de la Drôme que vous habitez. Quelle que puisse être l’opinion sur la nature du nouveau gouvernement (de L.-N. Bonaparte), nous lui avons toujours une immense obligation, c’est de nous avoir débarrassé de la République et des exécrables rouges « . Pour le docteur Ulysse Chevalier, c’est aussi un soulagement d’avoir constaté qu’à Romans  » ces jours difficiles se sont passés sans le plus petit désordre « .

Eloy Bouzon (est-ce une forme de remerciement pour son zèle bonapartiste ?) reçoit dans sa ville, le 23 septembre 1852, le prince président qui doit alors préparer l’opinion à la restauration de l’empire. Il l’obtient par un nouveau plébiscite le 21 novembre 1852 (plus de 7 800 000 oui contre 253 000 non). À Romans, ses partisans ont fait du bon travail : 1869 oui contre 37 non.

 

Laurent JACQUOT

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