Archives mensuelles : février 2019

Valence, Drôme, Des prisonniers particulièrement cadenassés

Depuis début janvier a ce qu’on sait le centre pénitentiaire applique une nouvelle pratique d’enfermement.. Pour appuyer le propos . Yann inculpé sur une action gilets jaune qui est resté 20 jours sans possibilité de contact (hormis son avocat) et maintenant Laurent inculpé sur des actions gilet jaune Les services pénitentiaires : c’est à dire le SPIP soit celui de centre ville ou celui pénitentiaire a refusé de donner le numéro d’écrou. Ce numéro est indispensable pour demander un permis de visite, soit pour le courrier. soit pour les livres et les virement postaux  . Ces jours ci on entend des voix qui s’élèvent pour demander la libération de Laurent( prisonnier depuis le 24 janvier) avant son procès dont on ne connaît pas la date . Une affiche commence à apparaître sur les murs de valence ou d’autres villes de la Drôme

affiche à diffuser

si jamais tu as connaissance de cas similaire, contactez le syndicat  voir l’adresse au bas de l’affiche

Ce que le mouvement des Gilets jaunes nous dit de notre époque

Salut à toutes et tous,

A l’Amicale laïque de Saint-Sébastien-sur-Loire (Foyer Poupard), ce soir à 20h, j’aurais le plaisir de présenter le très beau film de Ken Loach Moi, Daniel Blake dans le cadre de Cinétik. C’est gratuit ou pas cher (mais ce sera sans doute, malheureusement, en version française).

Sur le blog, je me suis fendu d’une présentation d’un livre tout récent d’un universitaire canadien (un supporter de Trudeau, pas un gauchiste !) sur Donald Trump. Si cela vous intéresse, c’est ici : http://patsy.blog.free.fr/

Enfin, une organisation syndicale m’a demandé d’intervenir sur les Gilets jaunes. Vous trouverez le fruit de mes cogitations en pièce jointe.

Bonne lecture (si le coeur vous en dit)

Suisse : Affiche en solidarité avec le compagnon arrêté à Zurich

Solidarité avec le compagnon anarchiste arrêté à Zurich

Le 29 janvier, un compagnon anarchiste a été arrêté à Zurich, à qui il est reproché d’avoir incendié des véhicules de l’armée et une station-radio de la police, ainsi que d’avoir appelé, en accrochant une affiche à l’intérieur de la bibliothèque anarchiste Fermento, à commettre des délits contre le centre de rétention de Bässlergut actuellement en chantier à Bâle et contre le centre de Police et de Justice à Zurich. Après avoir pénétré dans l’appartement du compagnon, les flics ont forcé l’accès à la bibliothèque Fermento, en emportant des ordinateurs avec eux. Le compagnon se trouve en ce moment à la prison de la police provisoire et le juge d’instruction décidera de son possible placement en détention provisoire.

Ce qui importe n’est pas de savoir s’il est responsable ou non des faits qui lui sont reprochés mais le fait que cela représente une attaque contre nous tou.te.s et contre les idées anarchistes qui sont clairement exprimées à Fermento : c’est une tentative de semer la peur et le silence, face à quoi nous devrions rester isolé.e.s et incapables de se mouvoir, car tout individu qui se solidarise avec des idées potentiellement inflammables – que ce soient par des mots ou par des actes – pourrait être le prochain dans le viseur.

Ne nous laissons pas accepter cela et continuons, et ce de manière catégorique, à porter dans les rues la révolte contre cette existant d’oppression.

Car chaque texte, chaque journal, chaque slogan sur les murs, chaque pierre, chaque incendie, chaque rébellion contre les autoritaires montre que les idées s’opposant à la logique de domination ne peuvent pas être enfermées !


« La supériorité numérique, ainsi que celles des armes, ne compte pas beaucoup face à l’intelligence et l’ingéniosité pratique de l’humain. Quelques câbles incendiés au bon endroit et au moment opportun par une seule personne offrent la possibilité de plonger une armée entière dans le chaos, de transformer une situation qui semble figée en quelque chose de nouveau, de différent et d’imprévisible. »

L’affiche mise en page en français (cliquer sur l’image pour la télécharger au format PDF):

[Traduit de l’allemand d’indymedia, 06.02.2019]

Brèves, France : Attaquer ce monde, du centre à la périphérie – Du 28 janvier au 5 février 2019 [Mis-à-jour le 7/02]

mardi 5 février 2019 la voiture de la  la préféte de l’Ardèche a  eu un pneu crevé, la voiture rayée. Une voiture qui l’escortait a eu deux pneus crevés et décorée.une personne est en garde à vue et Il sera présenté au parquet jeudi matin et pourrait être jugé en comparution immédiate par le tribunal correctionnel de Privas jeudi après-midi.Il a demandé un délai pour préparer sa défense. En attendant le procès, il a été placé sous contrôle judiciaire et devra pointer une fois par semaine au commissariat d’Aubenas.


Vincennes (Val-de-Marne), 5 février 2019 : sabotage incendiaire du RER A

Dans la nuit de lundi à mardi, vers 2h30, des câbles de signalisation disposés au sol le long des voies ont été incendiés à l’aide d’un « liquide inflammable ». Les interventions des équipes techniques de la RATP sont à pied d’oeuvre pour rétablir la circulation et elles devraient se poursuivre au moins jusqu’à la nuit prochaine. Ce petit geste visant à paralyser les flux d’humains-marchandises à la veille d’une journée de grève a causé des perturbations sur le trafic de la ligne A du RER. Ce mardi matin, il n’y avait qu’un train sur deux. Les perturbations sur le réseau sont localisées notamment entre Vincennes et Nation.

« Les protections des câbles d’alimentation ont bien été soulevées volontairement. La piste criminelle ne faisait aucun doute ce mardi pour les policiers qui enquêtent sur [cet] incendie. […] C’est le conducteur d’un train d’essai de nuit qui a donné l’alerte vers 2 heures du matin. « C’était déjà en train de brûler de part et d’autre des voies quand il est passé, note une source policière. Il n’a vu personne s’enfuir. » […] Le feu a par ailleurs provoqué un autre incendie dans un local technique de signalisation situé à proximité. « Il s’agit cette fois d’une surchauffe électrique liée au premier sinistre », nous dit Le Parisien (05.02.2019).


Mont-de-Marsan (Landes), 5 février 2019 : Les pecepteurs de l’Etat dans le viseur des incendiaires !

Les bâtiments de l’URSSAF et des Finances publiques ont été incendiés dans la nuit de lundi à mardi à Mont-de-Marsan. Les dégats sont élevés. Pour ce faire, les incendiaires ont déposé des pneus imbibés d’essence devant l’entrée avant de les allumer. A l’URSSAF, les murs ont été abîmés et les vitres du sas d’entrée ont explosé sous l’effet de la chaleur. Un agent de sécurité est vite intervenu pour éteindre l’incendie. Toutefois, « quelque 60 personnes travaillant dans les bureaux attenants, où les fumées se sont propagées, ont dû être relogées dans d’autres bureaux mardi ». « Des pneus allumés sous un arbre le long des murs de la Direction Départementale des Finances Publiques ont également pu être éteints par un gardien. Aucun graffiti n’a été relevé sur place. » (Europe 1, 05.02.2019)


Dunkerque (Nord), 3 février 2019: L’accueil de la mairie dévasté par un incendie. Et le fonctionnement de ses différents services à l’arrêt !

Dimanche vers 18h30, le bâtiment de la mairie du quartier de Petite-Synthe, a été en partie détruit par un incendie, dont l’origine volontaire ne semble guère faire de doute.

Les flammes ont dévasté l’accueil de la mairie. « Une épaisse fumée noire s’est dégagée de plusieurs endroits, depuis l’entrée située face à la salle de la Concorde et de portes sur le côté et à l’arrière de ce bâtiment composé d’un rez-de-chaussée et de deux étages. Ce sont des agents de la police municipale qui, en rentrant de patrouille, ont aperçu des flammes à l’intérieur, au niveau de l’accueil ».

Les enquêteurs de la police technique et scientifique ont photographié un trou dans l’une des vitres de la façade. Ils supposent que ce trou ait pu être utilisé par le(s) assaillant(s) pour jeter un engin incendiaire à l’intérieur des locaux.
De trente à quarante personnes (agents municipaux, police municipale, centre communal d’action sociale…) travaillent habituellement ici. Mais ce lundi, l’ensemble du personnel sera prié de rester à la maison, faute de locaux disponibles.


Bordeaux, 2 février 2019 : Saccager le lycée, usine à produire les exploité.e.s et citoyen.ne.s de demain

Un ou des individus, ne supportant pas de rester inactif(s) plus longtemps contre cette routine morbide, se sont décidés à aller saccager leur bahut au cours du week-end, brisant ainsi  un tant soit peu les chaînes de ce monde d’autorité et de rentabilité. Une ou plusieurs personnes ont pénétré dans le lycée professionnel Beau-de-Rochas situé rue Jean-Hameau, entre les Chartrons et Bacalan. Une fois à l’intérieur elles ont brisé des vitres, détruit des ordinateurs et vandalisé des salles de cours à l’aide d’extincteurs. Plusieurs véhicules ont aussi été endommagés dans un atelier.


Manosque (Alpes de Haute-Provence), 2 février 2019 : On ne débat pas avec le pouvoir assassin et ses complices

La permanence de la députée Emmanuelle Fontaine-Domeizel a été attaquée samedi matin. La façade a reçu des projectiles de peinture rouge (mais aussi jaune). Cette attaque intervient non seulement au moment où la présence de la députée des Alpes de Haute-Provence dans les rangs des Foulards Rouges dimanche 27 janvier à Paris a été rendue public dans les médias locaux, mais aussi le jour-même où elle entamait le premier rendez-vous de son cycle de réunions consacrées au Grand Débat National.

Après que la députée accueillait une trentaine de citoyens au sein de sa permanence manosquine qui, selon elle, fut un « Beau moment d’échanges démocratiques », elle s’est ensuite rendue au sein de l’assemblée générale de l’association départementale des anciens combattants. C’est à ce moment-là que « des gilets jaunes se sont attaqués au bâtiment ».

« Il s’agit du troisième acte de vandalisme sur le bâtiment qui héberge la permanence de la Parlementaire. » Par contre, la presse locale ne nous dit pas depuis quand.

La politicarde va déposer plainte et accuse les gilets jaunes d’être les auteurs de ces dégradations.


Indre-et-Loire, 28 janvier 2019 : A quelques minutes près …

Ca devient banal que l’on découvre l’existence de certains actes de sabotage et de destruction uniquement lorsque les résultats répressifs sont au rendez-vous. C’est ce qui s’est produit récemment en Indre-et-Loire. Deux péages de l’autoroute A10 (Monnaie et Autrèche) ont été sabotés dans la nuit de dimanche à lundi 28 janvier aux alentours de minuit: « Barrières cassées, caméras arrachées et taguées, postes de réglements CB détruits par intrusion de colle »…

Malheureusement, trois hommes et une femme ont été « pris en flagrant délit pour des dégradations de bien d’utilité publique en réunion » sur les péages de Monnaie et Autrèche.

« Alertés par la société Cofiroute, les militaires du peloton de Monnaie décident de se diriger immédiatement sur le péage de Monnaie. Mais le temps d’y arriver, il est déjà trop tard. Plus personne n’est présent sur les lieux. Seuls les actes de vandalisme sont observés.
Un brin frustrés mais pas découragés, les gendarmes décident de se rendre au péage d’Autrèche, où des dégradations ont également été signalées. Cette fois-ci, racontent les gendarmes d’Indre-et-Loire, « à leur arrivée, plusieurs individus prennent la fuite, certains en véhicule, d’autres à pied dans un bois« . L’un des quatre suspects est alors interpellé quelques minutes plus tard. Une patrouille de Château-Renault, engagée en renfort, va intercepter le véhicule correspondant à celui en fuite et interpeller les trois autres membres du groupe. « La perquisition effectuée dans le véhicule permet de découvrir des pistolets à colle ayant servi à obstruer les bornes des péages« , rapporte les militaires. Ils ont également reçu une convocation devant le tribunal correctionnel de Tours pour le 3 octobre prochain. » (France 3 Indre-et-Loire, 05.02.2019)

[Reformulé de divers articles de presse]

repris le de Sans_Attendre

texte:Le 17 juin 1953 en RDA

après les manifestations à Valence du 2, 5 février 2019  un texte:

repris de non-fides.fr

Le 17 juin 1965, c’était jour de vacances en Allemagne de l’Ouest ; comme chaque année depuis onze ans, on profite du soleil (quand il y en a) pour aller saucissonner à la campagne. A peine écoute-t-on au transistor les discours officiels tant il est bon de se promener sous les arbres, et le soir on rentre à la maison. Sur les routes de l’Ouest, on aura laissé beaucoup plus de morts dans les voitures calcinées qu’il n’y en eut en tout, au cours du soulèvement de l’Allemagne de l’Est, le 17 juin 1953, jour, que cette fête nationale est censée commémorer. Selon l’auteur de ce récent petit livre, ce chiffre est estimé à vingt et un morts connus pour les 16 et 17 juin 1953.

Arnulf Baring a voulu dissiper certaines légendes sur cet événement. En effet, en Allemagne de l’Ouest, les discours officiels proclament rituellement que le soulèvement fut une levée en masse de tout un peuple, avide de liberté, de démocratie et de réunification allemande. C’est faux, et les documents le montrent bien. Les cadres, les petits-bourgeois (commerçants, artisans) et les paysans restèrent à l’écart du mouvement (en tout cas à l’échelle de masse). Le soulèvement eut un caractère strictement ouvrier et limité à certaines villes et branches professionnelles. Selon les sources, on estime le nombre des participants à la grève du 17 juin 1953 à 5 % ou 7 % du total des salariés. Certes, il est possible que la proportion réelle fût supérieure ; mais en tout, cas, ce pourcentage exprime un ordre de grandeur très vraisemblable.

Rappelons très brièvement le cadre et le cours des événements [1]. L’un .des problèmes qui ont toujours suscité le plus de difficultés aux dirigeants de l’Est en général, c’est l’élévation de la productivité du travail. Aux champs., à l’usine, les travailleurs n’ont qu’une seule préoccupation : se débrouiller (chaparder, couler les temps..,) et se réserver des forces pour pouvoir ensuite, qui cultiver son lopin personnel, qui travailler au noir. Si la productivité en général, est basse, c’est aussi parce que la production de biens de consommation est (mais la situation commence à changer) basse.

En 1952, les dirigeants de l’Allemagne de l’Est (ci-après RDA) amorcent un tournant. On va réviser les normes, c’est-à-dire augmenter les cadences et la durée du travail, réduire les salaires et comprimer le niveau de vie de la population en général : voilà ce que réclame l’accumulation socialiste (sic) du capital. Cette campagne se poursuit dans la presse, les réunions, etc. Toute l’année 1952 et en 1953, par paliers, la révision est introduite dans les entreprises, non sans rencontrer des résistances dans toutes les couches de la société. Tandis qu’à l’échelle internationale se produit un événement spectaculaire, la mort de Staline (le 5 mars 1953) et que les négociations da paix prennent en Corée un tour décisif, le gouvernement recule et adopte un « cours nouveau » qui favorise quelque peu les paysans, les commerçants et les cadres, etc., mais cependant (comme toujours dans un pays capitaliste) néglige les ouvriers : la révision des normes sera poursuivie.

Cette politique est accueillie de plus en plus mal, en particulier par les ouvriers maçons qui bâtissent à Berlin-Est les immeubles destinés à border une avenue triomphale, la Stalinallee. Ces maçons sont parmi les ouvriers les mieux payés de RDA (5 à 9 marks de l’heure, contre 3 au manœuvre ). On veut leur imposer des normes plus élevées, 10 %, tout de suite, mais bientôt 150 %, 200 % et même 300 %, si l’on en croit le ministre de la construction ( de 1950 à 1953, les coûts de construction ont augmenté de 35 % à 40 % et à Berlin l’entreprise d’Etat fonctionne avec de très grosses pertes ; la pénurie de main-d’œuvre qualifiée est très importante dans ce secteur).

A partir d’ avril, des assemblées de fonctionnaires du parti et du syndicat décident d’augmenter les normes et de réduire les salaires dans le bâtiment ; des brigades de travailleurs le· décident aussi « volontairement », mais l’agitation croît sur les chantiers de l’avenue Staline. Une grève y éclate le 15 juin ; le 16 au matin un cortège·se forme, d’abord d’ouvriers qui veulent aller chercher du travail ailleurs ; mais, bientôt grossi, il vient manifester devant la Maison des Syndicats puis devant le siège du gouvernement. Les ouvriers veulent que le président de la République, Grotewohl, et le président du Conseil, Ulbricht, viennent s’adresser à eux. Mais on leur envoie des sous-fifres ; de calme qu’elle était la manifestation devient de plus en plus houleuse. Finalement, les ouvriers retournent sur les chantiers en appelant à la grève générale. Ils décident de se retrouver le lendemain pour manifester de nouveau. La radio du secteur américain diffuse ces nouvelles à 16 h 30 ; mais les autorités militaires américaines lui recommandent d’en rester là et de n’inciter ni à la grève ni à la manifestation (les occupants français chercheront en vain à interdire aux manifestants de passer par le secteur qu’ils contrôlent).

Le I7 juin, le mouvement gagne un grand nombre de villes, des régions entières. Dans l’ensemble les manifestants sont uniquement des ouvriers et presque toujours des jeunes. La participation des membres des autres classes est exceptionnelle, d’après notre auteur. Le mouvement, de plus, est limité aux grands centres industriels : Berlin-Est (61 000 grévistes), Allemagne centrale (121 000), Magdebourg (38 000), et puissant surtout dans les grandes usines de produits chimique : Leuna (28 000 grévistes) ou Buna (12 000) et certains bassins miniers (Mansfeld).

Les comités de grève sont composés de jeunes ouvriers (25 à 40 ans), et souvent aussi d’anciens militaires, sous-officiers en général ( 8 % à 10 % des membres des comités dans certains cas ). Selon Baring, « au 17 juin, les· ouvriers considéraient – à juste titre – les cadres de leur entreprise comme une fraction de la nouvelle classe dirigeante, que le régime· cherchait à se gagner en “l’achetant” par de fortes incitations matérielles. »

De même , le grand complexe industriel de Stalinstadt (aujourd’hui Eisenhüttenstadt, dans le Brandebourg) sur l’Oder (frontière polonaise), ne se joignit pas au mouvement. Le régime portait tous ses efforts sur ce nouveau centre, monté de toutes pièces et_les travailleurs, des réfugiés de l’Est pour la moitié, y bénéficiaient des salaires les plus élevés du pays ; même les maçons de Stalinstadt ne cessèrent pas le travail (alors qu’ailleurs le bâtiment faisait grève par solidarité avec Berlin-Est). En Saxe, la présence des armées russes, qui effectuaient leurs grandes manœuvres, empêcha les mineurs du charbon et de l’uranium de participer massivement à la grève et aux manifestations. Ces activités entraînèrent donc surtout des travailleurs du bâtiment, des mines et des industries de· base.

A Berlin-Est, les manifestants contrôlaient apparemment la rue. Comme la veille, rassemblés devant le siège du gouvernement, ils réclament l’apparition de Grotewohl et d’Ulbricht réunis en Conseil de cabinet. Un ministre, dit-on, demanda à Ulbricht de prendre la parole pour calmer les grévistes. Ulbricht refusa et comme l’autre insistait, il lui répondit qu’il pleuvait et que par conséquent les manifestants n’allaient pas tarder à se disperser [2].

Quelles sont les revendications de ces masses ? A Berlin-Est comme dans les autres centres, c’est pour l’essentiel :

  1. paiement des salaires d’après les anciennes normes et révisions des contrats collectifs d’entreprise ;
  1. baisse des prix des produits de grande consommation ;
  1. élections libres et au scrutin secret ;
  1. pas de représailles contre les grévistes.

Les manifestants défilent dans les rues, tiennent des meetings où leurs orateurs reprennent les revendications économiques et politiques du mouvement. Dans certaines villes, les délégations ouvrières exigent et obtiennent la libération de prisonniers dont elles donnent le nom ; mais le 17 dans l’après-midi, la tension augmente et des « masses incontrôlées » brisent les portes des prisons et libèrent des détenus de droit commun en même temps que des « politiques ». La propagande officielle exploitera ce fait, de même que de petits pillages (de locaux du PC), incendies (des archives de la justice) ou lynchages (de flics. Mais la subversion n’ira pas plus loin et, les démonstrations terminées, les manifestants rentrent chez eux, ou reviennent sur leurs lieux de travail.

Le gouvernement répond aux « désordres » en faisant appel aux troupes russes. Face à des masses désarmées – contrairement à la Hongrie de 1956 où l’armée nationale passera du côté des grévistes – ces troupes agiront de manière pacifique : tirant en l’air et dispersant les attroupements avec des tanks. En général les policiers est-allemands n’étaient pas disposés à marcher contre les grévistes et, du moins dans la plupart des cas, discutaient avec eux avant de laisser passer leurs cortèges ; mais il semble probable que si le mouvement avait changé de caractère ils auraient participé à la répression.

En bref, au soir du 17 juin, « l’ordre » est rétabli ; certes les discussions vont se poursuivre sur les chantiers et dans les usines, mais elles n’iront plus jusqu’au point d’explosion. Le gouvernement va faire des promesses : amélioration du niveau de vie et retour aux anciennes normes ; · il va tout de suite commencer de les grignoter et finira par imposer ses exigences. Il autorisera aussi l’expédition de colis de vivres occidentaux en RDA à la fois pour calmer le mécontentement et pour obscurcir la volonté de lutte ouvrière. La répression se fera petit à petit : 1 300 condamnations , dont 7 à la peine de mort , 4 à la réclusion à vie et le reste à des peines de prison plus ou moins longues.

A l’Ouest, le ministre des affaires pan-allemandes demanda par radio dès le 16, à la population de RDA « de ne pas se laisser entraîner à des actions irréfléchies… dangereuses. » Les dirigeants sociaux-démocrates et syndicaux de Berlin crurent bon de faire ou de préparer quelques appels radiodiffusés, invitant la population de RDA et les soldats russes à se montrer solidaires des maçons de Berlin-Est. Mais ces appels furent désavoués par la direction du parti socialiste comme des « provocations extrêmement dangereuses et d’une inconcevable irresponsabilité ». D’ailleurs les postes de radio, sous contrôle militaire allié, ne les diffusèrent pas (sauf un, le 16 en fin d’après-midi ) ; et les bonzes socialistes locaux s’en tinrent là. La police militaire alliée et la police allemande de Berlin-Est (aux ordres des socialistes) refoulèrent les curieux venus pour observer les événements (à la lisière des deux Berlin) et peut-être pour y participer. Mais il n’y eut aucune grève de solidarité en Allemagne de l’Ouest. Les seuls groupes à faire preuve d’énergie furent des groupes plus ou moins dans la main de certains services secrets américains. Gros appoint pour la propagande de RDA.

Quant à l’appareil de propagande occidental, qui fit tant de bruit après coup, il se borna pendant l’action à transmettre les informations. Ce faisant il a –semble-t-il – contribué à l’extension du mouvement, mais sans l’encourager par ailleurs.

Notons encore que le chef social-démocrate Willy Brandt a soutenu que « les couches pur-sang du vieux mouvement ouvrier syndicaliste et politique » ont influencé les événements de façon très sensible [3]. Selon Baring, si le fait est possible, les rapports qu’il a eu en mains ne lui permettent pas de conclure en ce sens. Le soulèvement, dit-il, eut lieu dans les régions qui élisaient des députés communistes comme [dans] les autres. En tout cas, dans la rue, la « tradition » incarnée par les « anciens » était absente (il ne faut pas oublier que les sociaux-démocrates de Weimar, puis les nazis, et enfin le Guépéou assassinèrent pratiquement tous les militants ouvriers actifs).

D’après Baring, dont l’exposé a été ici très résumé et un peu complété, les Occidentaux auraient dû intervenir plus efficacement en juin 1953. Cette inaction a mené la population de RDA à se résigner, à chercher à « s’arranger » avec le régime. Maintenant, dit-il, l’heure est passée des révolutions, on en est à l’évolution. Dans sa préface, le Herr Professor Richard Löwenthal [4] déplore lui aussi « l’occasion manquée du 17 juin ». Cette attitude est celle de politiciens qui regrettent de ne pas avoir pu exploiter la faille de l’adversaire. Utopie ! En réalité, les Occidentaux ne tenaient pas à appuyer les grévistes. Certes, ils s’intéressaient au mouvement comme un patron peut rêver d’exploiter les difficultés qu’un patron concurrent éprouve avec son personnel, mais sans ignorer qu’il lui faut être discret et prudent.

En définitive, le soulèvement du 17 juin apparaît comme une immense grève sauvage, instinctive, spontanée, qui s’étend rapidement et se résorbe aussi vite. Elle n’a touché que certains secteurs d’une énorme entreprise, sans entraîner de solidarité au dehors. Elle a ébranlé pendant quelques jours de 300 000 à 400 000 hommes sans armes, qu’aucune grande lutte antérieure n’avait préparé matériellement et spirituellement, et qui ne pouvaient donc s’en tenir qu’à la surface des choses. Le mélange de prudence et de puissance extrêmes dont usa le gouvernement de RDA contribua également à désamorcer l’explosion. Dans d’autres conditions, dans la Hongrie de 1956, une grève sauvage, somme toute analogue au début, prit ensuite un caractère absolument différent.

C. B.

[Cette note de lecture à propos du livre Der 17. Juni 1953 d’Arnulf Baring, Cologne, 1965 est parue dans ICO n° 43, novembre 1965.]


[1La meilleure étude en français sur ce sujet reste celle de Benno Sarel : « Combats ouvriers sur l’avenue Staline », Les Temps modernes, n° 95 (octobre 1953), repris dans La Classe ouvrière en Allemagne orientale, Editions Ouvrières, Paris 1958.

[2Gustave Noske, lui aussi, au début de la Révolution allemande, comptait sur la pluie pour faire rentrer les manifestants chez eux (cf. Noske, Von Kiel bis Kapp, 1920, p.17).

[3Même opinion par exemple, chez Vega, « Signification de la révolte de juin en Allemagne orientale », Socialisme ou Barbarie n° 13 (janvier-mars 1954), qui invoque « l’expérience » des insurrections communistes de 1919 et 1921 !

[4Autrefois théoricien de la « nouvelle classe » sous le nom de Paul Soring, aujourd’hui historien d’Etat, spécialisé dans les études soviétiques.

 

Bure, France : Une personne envoyée trois mois en taule – 4 février 2019 [+ Infos sur la présence des gendarmes, 17 janvier 2019]

J’écris ce message pour informer qu’hier une personne (qui a du scotch bleu sur ses lunettes) s’est faite interpeller et est passée aujourd’hui en comparution immédiate. Elle n’a pas donné son identité en garde à vue.

Les chefs d’inculpations étaient refus de signalétique ainsi que « outrage en réunion » (pour une affaire datant d’il y a une dizaine de jours), c’est-à-dire tapoter sur une voiture de gendarmerie alors qu’il y a des gens autour. Les gendarmes eux mêmes ont pensé intéressant de préciser qu’ils « ne se sont pas sentis particulièrement outragés ».

La partie civile, en l’espèce la voiture, n’est pas venue au procès. Une pétition circule pour adapter les accès du tribunal afin de ne pas discriminer les victimes des sauvages anti-Bure.

Le procureur Olivier Glady ainsi que ses juges associés – Drean Rivette, Kevin Lefur (et une 3ème avec des lunettes rouges), menaient la scène de théâtre. Le procès a commencé avec le procureur qui a pris le rôle de greffier en demandant à tout le monde de se lever pour l’arrivée des juges.

Le public de la scène n’ayant pas obéi, il a suggéré à la juge de bien vouloir évacuer la salle, les flics sont venus faire le nettoyage. Les acteurs ont tout de même joué leur spectacle sans les spectateurices.

La copaine a pris 3 mois de prison ferme avec mandat de dépôt (elle est envoyée directement en taule, à Maxéville, à côté de Nancy).

On tiendra au courant pour la suite.

Demain (mardi) 7 procès liés à Bure auront lieu à 9 heures au tribunal de Bar-le-duc.

Bisous – feu aux prisons

[Publié sur indymedia nantes, 4 février 2019]


Nouvelles de la présence policière à Bure et ses alentours

À Bure et dans les villages autour, la surveillance par la gendarmerie est permanente. Un escadron de gendarmerie mobile est affecté ici sans interruption depuis l’été 2017. Les escadrons viennent de toute la France et tournent régulièrement : un escadron reste rarement plus de trois semaines sur place avant la relève. Du coup, l’intensité de la surveillance et des contrôles varie parfois en fonction de l’escadron présent sur place.

On voulait faire cet article afin de témoigner de la situation sur place et de donner des informations aux personnes qui souhaiteraient se rendre ici.

Les patrouilles des gendarmes dans les villages, sur les routes, et particulièrement devant les domiciles des personnes identifiées comme « opposantes » sont quotidiennes depuis plus d’un an (parfois plusieurs dizaines de passages par jour devant certains lieux).

Depuis un peu moins de deux semaines, l’escadron affecté ici est l’Escadron de Gendarmerie Mobile (EGM) 18/9 basé à Chauny. Depuis leur arrivée, la surveillance et le contrôle exercés par les gendarmes se sont intensifiés, après une période un peu plus tranquille depuis quelques mois. Peut-être à cause d’initiatives personnelles des flics de cet escadron, peut-être à cause d’ordres venus de plus haut, on ne sait pas trop.

Quelques exemples des stratégies utilisées par les flics depuis deux semaines dans le coin (certaines ont déjà été observées dans le coin, d’autres sont plutôt nouvelles) :

  • Il y a environ une semaine, une personne est emmenée en vérification d’identité (lors d’un simple contrôle routier), puis placée en garde-à-vue pour refus de signalétique (refus de donner ses empreintes). La personne en garde-à-vue donne aux flics le numéro d’un.e copaine pour que la copaine soit prévenue du placement en garde-à-vue. Les flics appellent alors la copaine en disant que la personne en garde-à-vue demande à ce que ses papiers d’identité soient amenés au commissariat, alors que cela n’avait pas du tout été demandé. Les flics ont donc visiblement menti pour que les papiers leur soient amenés depuis l’extérieur.
  • Il y a quelques jours, lors d’un contrôle routier, les gendarmes prennent la carte grise de la personne conductrice dès le début du contrôle. Durant tout le contrôle, qui a duré une heure, les flics affirment qu’on ne leur a jamais donné de carte grise, que c’est interdit de rouler sans carte grise, que la personne doit fouiller le véhicule pour la trouver. À la fin du contrôle, un flic de la cellule Bure (les super-flics de Commercy chargés de surveiller les opposant.e.s à Cigéo) rend finalement la fameuse carte grise, pendant qu’un des gendarmes qui affirmaient ne pas avoir reçu la carte fait un grand sourire.
  • Régulièrement, lorsque les flics repèrent que des personnes sont sur le point de partir d’un lieu de vie en voiture, ils attendent la voiture afin de la contrôler. Pour cela, ils peuvent employer plusieurs techniques : faire des demi-tours incessants d’un bout à l’autre de la route qui passe devant le lieu de vie, stationner au bout de la rue pour avoir vue sur le lieu, voir carrément stationner devant l’habitation. Cette situation s’est encore produite le jour de publication de cet article (jeudi 17 janvier) devant une maison collective de Mandres-en-Barrois : les flics se sont arrêtés devant la maison alors qu’une voiture s’apprêtait à sortir du terrain privé collé à la maison. Les flics sont ensuite restés dix minutes campés debouts sur le terrain privé, menaçant de contrôler les personnes présentes.
  • Nombreuses menaces de mettre des amendes pour tout et n’importe quoi lors des contrôles de véhicules (absence de gilet jaune, absence de triangle de signalisation, absence de feux avant/arrière sur un vélo). À noter qu’à notre connaissance, ces amendes n’ont toujours pas été reçues par les personnes concernées, on ne sait donc pas si elles ont vraiment été mises ou pas.

Les flics essaient aussi souvent de contrôler les personnes à pied, dans les villages ou sur les routes. Ces derniers jours à Mandres-en-Barrois, à plusieurs reprises les gendarmes se sont stationnés sur le parking de la salle de fêtes pour contrôler les personnes identifiées comme « opposantes » qui passaient dans la rue. Deux de ces contrôles ont été filmés. On y voit notamment un des gendarmes menacer la personne qui filme : « Si jamais je retrouve [cette vidéo] sur Internet, je viendrai vous chercher » : hxxxs://videos.lescommuns.org/videos/watch/0bab2f30-68c7-467f-918f-8dcdedfd35d9

[Publié sur Bure Bure Bure, 17 janvier 2019]

repris de Sans_Attendre

Parution du journal anarchiste Vetriolo N°3

reçu par mail / lundi 4 février

Vetriolo, journal anarchiste en langue italienne – numéro 3 – hiver 2019

Celui-ci est le quatrième numéro de Vetriolo. Quatre numéros ne sont pas peu, pour une publication comme celle-ci. Un journal qui, à notre avis, plutôt qu’entasser et renforcer des certitudes, essaye de les ronger, de les faire tomber, en créant des nouveaux doutes et en faisant vivre des anciennes questions. Certainement pas pour un pur goût de la rhétorique ou de la polémique, mais parce que nous pensons qu’il y a encore et toujours des nombreuses questions à démêler. Au même temps nous pensons qu’il faut réfléchir et analyser, un travail difficile qui ne s’oppose certes pas à la corrosive démolition des certitudes, mais, au contraire, la complète. Dans ces réflexions et analyses on a toujours affirmé que la réalité n’est pas un énigme incompréhensible, contrairement à ce que maintiennent ceux qui voudraient nous imposer leur renonciation.

Du coup, aussi dans ce numéro on a essayé d’analyser la réalité d’aujourd’hui et, plus précisément, on a voulu le faire en proposant quelques hypothèses, en plus de continuer les réflexions et les analyses qui ont marqué les numéros précédents, avec des articles théoriques, plus ou moins, approfondis et avec d’autres textes d’actualité ou d’agitation. Aux lecteurs d’en tirer leurs considérations.
Nous rappelons encore que ce journal n’est ni un aseptique produit intellectuel, ni un conteneur d’opinions ou d’avis. Justement parce qu’il ne veut pas s’enfermer dans des réponses faciles, crier des solutions déjà prêtes ou brandir des thèses toutes faites, il est un instrument qui peut impliquer un fort engagement dans les idées qui y sont portées, chose que nous souhaitons.

Table des matières :

– L’Idea indicibile
– Azione… e reazione
– L’assalto con l’asta. Un incontro sportivo tra lotte e repressione
– Quale internazionale? Intervista e dialogo con Alfredo Cospito dal carcere di Ferrara. Seconda parte
– La punta dell’iceberg
– A Marco
– Degenerazioni. Tra orgoglio e vittimismo di genere
– Pensieri e parole. A proposito del karaoke su Battisti
– Nazionalismoduepuntozero. Dodici ipotesi su robotica, crisi della globalizzazione e «ritorno» dello Stato-nazione
– Libia: guerra per procura tra Italia e Francia
– La fine dell’insurrezionalismo?
– La morte dello Stato
– I grandi editori
– Una storia sinistra. Terza parte (1962-1982)

 

Une copie : 2 euros. Pour les distros, à partir de 5 copies : 1,50 euros chacune.  Gratuit pour les personnes emprisonnées.

Pour demander des copies et contacts, le mail est : vetriolo@autistici.org

Athènes (Grèce) : Attaque incendiaire contre des véhicules d’un proxénète

325 / vendredi 1er février 2019

Qu’est ce qu’il fait, le repaire d’un proxénète sur l’avenue Heraklion, hein ?
Il brûle !

A l’aube de jeudi 20 décembre 2018, une mauvaise surprise a troublé l’entière famille d’Aggelos Giannakopoulos, le patron des boulangeries « Horiatiko » et « Attica Bakeries », dans leur résidence familiale du 29 avenue Heraklion, dans le quartier athénien d’Ano Patisia. Trois des voitures familiales ont été enveloppées par les flammes, la façade a été endommagée et les fenêtres du rez-de-chaussée ont explosé. Cette résidence est le même bâtiment dans lequel, il y a quelques années, les frères Giannakopoulos emprisonnaient, faisaient chanter et prostituaient des femmes venant de l’Europe de l’Est, cela dans des clubs de lap dance qui leur appartenaient, dans des rendez-vous privés et aussi dans des « bars » sordides à travers toute la Grèce.

Histoires policières…

L’été 2007, les flics, le Procureur et des inspecteurs du Service des délits économiques et financiers débarquent dans cet immeuble. La presse relaye l’information que Angelos Giannakopoulos est à la tête d’un réseau international de traite de femmes. Des maquereaux avec les relations avec ldes agences d’emploi dans des pays de l’Europe de l’Est ramenaient des femmes, leur soustrayaient leurs documents d’identité et vendaient leurs corps à des clients. Malgré l’opération « coordonnée », les deux frères Giannakopoulos ont réussi à s’enfuir, tandis que des dizaines de petits poissons sont arrêtés ; parmi eux, ça se fera remarquer l’ex policier Konstantinos Kyrou. Les bénéfices de ce réseau étaient blanchis dans des dizaines de boulangeries et magasins tous à fait « légaux », de propreté des frères Giannakopoulos par le biais d’une société établie à l’étranger. Les recherchés étaient accusés de la traite de femmes adultes et mineures, d’enlèvement, de lésions, de trafic de drogue, de contrefaçon et de blanchissement d’argent. L’acte suivant de ce théâtre se joue seize mois plus tard, en novembre 2008, quand a lieu une deuxième opération de police, coordonnée avec l’Interpol (tout comme la première fois), qui vise les activités de Giannakopoulos.

Il arrive à nouveau à s’enfuir, malgré des dizaines d’arrestations. Tout au long de la période de sa cavale, les boulangeries ouvrent l’une après l’autre et les activités nocturnes fleurissent.

…et aventures judiciaires

Après des nombreux reports, en février 2015 commence le procès pour la première opération. La Cour d’assise condamne Angelos Giannakopoulos « à un total de 10 ans et six mois de prison, Mihail Kretou à 12 ans et six mois de prison, Eliostor Igor (citoyen moldave) à 10 ans et dix mois de prison, tandis que Konstantinos Kyrou est condamné à 10 ans ». Avec le payement d’un total de 340.000€ de caution, tout le monde est libre de continuer les affaires jusqu’au procès en Appel (qui n’a pas encore eu lieu).
En novembre dernier (2018), les trafiquants passent sous procès pour la deuxième affaire et sont acquittés, grâce aussi au fait qu’ils ont comme avocat principal Babis Lykoudis (impliqué dans les affaires Energa-hellas Power, Tsohatzopoulos et Lavrentiadis). Le réseau a pris soin soit de faire changer les dépositions, soit d’éliminer les femmes qui pouvaient témoigner à charge.

Les intérêts commerciaux (publiquement connus) d’Angelos Giannakopoulos

Giannakopoulos participe aux réseaux d’exploitation de la prostitution depuis les années 90. Au même temps, en 1999 il a ouvert le premier magasin « Horiatiko », dans le but évident d’avoir une couverture légale pour blanchir l’argent de son important chiffre d’affaire nocturne. Avant la première opération policière, ses affaires incluaient des dizaines de magasins « Horiatiko », dont K. Kyrou était chef du personnel, plusieurs club de lap-dance (les plus connus étaient le « Star », sur l’avenue Heraklion, et le « Alcatraz », sur l’avenue Sygrou) et une société offshore à Cypre. Dans le période après les poursuites et jusqu’à aujourd’hui, en plus des magasins « Horatiko », qu’il possède directement, des très nombreuses franchises sont ouvertes aussi, la chaîne « Attica Bakeries » est fondée et Angelos Giannakopoulos devient un acteur majeur dans le marché du pain, avec les magasins en mode « camps de travail » ouverts 24 heures sur 24 dans les centres de plusieurs villes. Au même temps, il ouvre des cafés et aussi l’entreprise d’importation de café « Kimbo », tout en continuant avec des nouvelles activités nocturnes et des participations dans le club « Lohan » à Gazi, ainsi que des nightclubs à Mykonos.

Nipson monan opsin
(note du traducteur anglais : expression dérivée du palindrome, en Grec ancien « Nipson anomēmata mē monan opsin », qui signifie « Lave les péchés, pas seulement le visage » ou « Lave mes transgressions, pas seulement mon visage », paraphrasé ironiquement ici de façon à signifier « Lave seulement le visage »)

Tout mafieux qui se respecte se blanchi, dans son temps libre avec… la charité. Angelos Giannakopoulos finance la ONG « Réseau grec-européen pour les femmes » (!) et parraine des syndicats et des victimes de tremblements de terre, ou du moins c’est ce qu’il prétend dans les tribunaux et sur le site de son entreprise. De plus, il attire les flash des paparazzi quand il roule des mécaniques comme un jeun marié ou se fait photographier avec des politiciens et des VIP dans des galas et des fêtes.

Si une façon de se blanchir est le système des célébrités, l’autre est l’État.
En tant que mafieux, mais aussi en tant qu’employeur, Angelos Giannakopoulos n’aurait pas survécu pendant 30 ans sans la tolérance de l’État, sa couverture et son assistance. Des « échecs » de la police à la capturer, à l’Unité d’investigation des délits financiers / Institut d’assurance sociale qui ont trouvé que ses déclarations étaient ok, tous les contrôleurs d’État et les institutions répressives le tirent d’affaire. Son visage est celui du monde du business nocturne, avec trop de cruauté et le culot. Cependant, on le reconnaît pour son image de self-made vedette de films d’amour, ce qui le rend spécial à nos cœurs. Il est le premier proxénète, trafiquant de drogue et racketteur qu’on connaît qui ne se cache pas, mais qui cherche prestige et publicité.

Des femmes brûlées sur le bûcher

Les migrantes prisonnières d’Angelos Giannakopoulos et de sa mafia sont la pointe de l’iceberg d’une société patriarcale, dans laquelle les femmes doivent être soumises à l’homme, au mari, au père, au copain, au frère, au client, au trafiquant et au client sexuel. Les récents assassinats de Helen à Rhodes et d’Aggeliki à Corfu sont des exemples de cette situation. Avec la même facilité avec laquelle elle pointe le doigt et condamne les assassins, la société grecque fait un clin d’œil aux conditions qui produisent les violeurs de la porte d‘à côté. La violence patriarcale, celle due à la classe, au genre, à la race, à la sexualité, à l’age ou tout autre forme de violence exercée par des autoritaires, ne s’arrête pas avec la punition, mais elle va plus loin : elle sert d’exemple, envoyant un message à toutes les femmes pour qu’elles restent silencieuses, obéissantes, « normales », pour ne pas être les prochaines victimes.

Cette violence est omniprésente dans la réalité d’aujourd’hui. Du regard qui déshabille, les commentaires sexistes et le harcèlement dans la rue, les agressions sexuelles sur les lieu de travail, jusqu’aux viols, les agressions et les assassinats, le patriarcat ouvre des blessures dans nos corps et nos êtres, les délimite avec l’idéologie, les institutions et leurs fonctionnement. La moralité chrétienne définit la femme comme inférieure à l’homme, tout en stigmatisant comme hypocrite, fourbe, malhonnête, sale et menteuse chaque femme qui s’éloigne du modèle de la bonne chrétienne. D’un autre côté, ce style de vie réduit la féminité à une image raffinée et lustrée, existant toujours en fonction de l’homme. Au même temps, le Capital lie les femmes aux chaînes de production, pendant que la famille leur impose le rôle exclusif de la maternité, de la procréation et du ménage.

Des migrantes brûlées sur le bûcher

Après le déclin économique et social qui a eu lieu dans l’Europe de l’Est, le Capital « illégal » a établi des réseaux de traite, à travers des agences d’emploi et aussi à travers des enlèvements. Depuis Athènes jusqu’au plus petit village de la Grèce profonde, il y a plein de bars miteux, où des femmes de l’Europe d l’Est sont réduites à être les esclaves sexuelles des trafiquants et des clients, faisant l’expérience de première main de l’exploitation et du bio-pouvoir masculin.

D’un autre côté, les autres migrantes prennent soin de la petite et moyenne bourgeoisie locale, font les baby-sitters, nettoient les maisons et s’occupent des vieux. Et en plus de la décrépitude patriarcale quotidienne, les migrantes font l’expérience du nationalisme, du racisme et de la xénophobie, de façon que la Russe est identifiée à la prostituée, l’Albanaise à la femme de ménage et la Bulgare à la domestique.

Transformant la nuit la plus longue en jour

Les allées et venues de la famille de Giannakopoulos nous ont fait rester éveillé.e.s jusqu’à tard. Du coup, tard dans la nuit du 19 au 20 décembre, nous sommes allé.e.s à l’ex enfer de l’ avenue Heraklion, on a laissé trois engins incendiaires, assez simples (une bougie, de l’essence, du ruban adhésif), sur trois de leurs véhicules et on les a embrasés, éclairant la nuit.

Pour chaque Natacha, Olga, Maria.
Pour toutes.

Pas un centimètre d’espace pour les proxénètes-violeurs.
Le chemin de la liberté passera sur vos cadavres !
Attaque contre les structures légales et illégales du Capital.

 

Cellule « Sofia Perovskaïa », janvier 2019

Valence, France: La répression au rendez vous après la manifestation du 2 février( mise à jour le 4 février))

dauphiné libéré  4/02

À la suite de la manifestation régionale des gilets jaunes qui s’est déroulée samedi à Valence, deux hommes d’une vingtaine d’années et originaires de Tarare, dans le Rhône, avaient été placés en garde à vue pour “transport d’armes et d’engins incendiaires”. Après prolongation depuis samedi 2, le parquet a décidé de leur présentation, ce lundi 4 février, devant le tribunal correctionnel de Valence, dans le cadre d’une procédure en comparution immédiate.

le blog  du laboratoire a signalé ces deux gardes à vue et  arrestations depuis dimanche voir ici

Donc ça fera 48 heures de garde à vue.. On leur applique la loi antiterroriste?, la réponse est arrivée aujourd’hui au TGI de valence c’est non car il y avait un élu du Rassemblement National

« La liberté des autres étend la mienne à l’infini »
(Michel Bakounine

VALENCE Deux gilets jaunes, dont un élu, condamnés pour détention d’engins explosifs

Deux jeunes de 27 ans étaient jugés en comparution immédiate ce lundi 4 février par le tribunal correctionnel de Valence. Ils ont été interpellé samedi dernier alors qu’ils se rendaient à la manifestation des gilets jaunes à Valence.

Ils ont été condamnés à 2000 euros d’amende avec sursis et interdiction de détention d’une arme durant cinq ans.

Lors du contrôle de leur véhicule, les gendarmes ont découvert des pétards, fumigènes et explosif artisanal.Dans leur coffre de voiture, une hache de 35 centimètres de long, mais aussi un casque de moto et dans leurs sacs à dos des pétards de la  poudre noire ainsi qu’ un engin explosif artisanal Une sorte de mini grenade fabriquée à partir du cylindre en carton contenant des billes de plastique et un pétard.

Ces deux habitants de Tarare (Rhône) ont affirmé qu’il s’agissait d’éléments utilisés pour l’airsoft qu’ils pratiquent dans la région lyonnaise.L’un est un serrurier au chômage L’autre  est conseiller municipal d’opposition (Rassemblement National) à Tarare.

reformulé à partir des médias..

 

 

Publication d’une (deuxième) brochure autour de l’opération Panico

Panico

Pour la télécharger cliquez ici :   Panico


Le 31 Décembre 2016, un engin explosif placé devant la librairie (proche de CasaPound) “Il Bargello” explose dans les mains d’un artificier particulièrement stupide qui tente maladroitement de déminer l’engin sur place, il perdra un œil et une main. La librairie “Il Bargello” et CasaPound Italia se sont portés parties civiles en plus de l’artificier-flic. Trois personnes accusées de « tentative de meurtre », « d’association de malfaiteur » pour deux d’entre elles, ainsi que de « transport, et fabrication d’engin explosif » se retrouvent incarcérées. Une quatrième personne se retrouve également soumise au contrôle judiciaire (pointage régulier au comico, mais la mesure a cessé depuis peu) avec les mêmes chefs d’inculpation. Paska, Ghespe, et Giova sont depuis, toujours incarcérés dans les geôles italiennes.

Pour leur écrire :

– Pierloreto Fallanca : C.C. La Spezia, Piazza Falcone et Borsellino 1, 19125 La Spezia (Paska)

– Salvatore Vespertino : N.C.P. Sollicciano, Via G. Minervini 2/R, 50142 Firenze (FI)

– Giovanni Ghezzi : N.C.P. Sollicciano, Via G. Minervini 2/R, 50142 Firenze (FI)

Manifestations sauvages, rassemblements et actions contre la taule, bordel dans la ville, banderoles et tracts ont depuis été diffusés en solidarité. On ne peut que saluer toutes ces initiatives. Une brochure éditée en juillet 2018, autour de l’opération Panico (https://nantes.indymedia.org/articles/42084) est toujours en ligne, des lettres des personnes incarcérés sont notamment disponibles dans cette brochure.

La présente brochure à pour but de faire un point sur la situation et sera distribué dans le cadre d’une cantine de soutien aux inculpé.es, à Marseille, le 10/02/2019. Ceci afin d’apporter nous aussi, un peu de solidarité aux actions, et face à la répression.

 

repris dans cracherdanslasoupe