Rovereto (Italie) : Incendie du portail d’une église, repaire des anti-IVG

Anarhija.info / vendredi 25 janvier 2019

La nuit du 9 au 10 janvier, le portail de l’église San Rocco, à Rovereto, a été incendié. Cette église est le lieu où se réunit un groupe d’intégristes catholiques. Devant l’église, avait été installée une crèche dans laquelle les femmes qui ont recours à l’IVG étaient comparées au Roi Hérode qui transperce un fœtus avec son épée.
Voici l’affiche à propos de l’incendie de l’église de S. Rocco, collée à Rovereto et Trento.

Un fil logique
Sur l’incendie de l’église de San Rocco

Étant donné que tous les journaux nous ont mêlés à cette histoire, personne ne se vexera si nous aussi on dit ce qu’on en pense.
Sur le journal l’Adige du 11 janvier, dans un article à propos de ce qui s’est passé en Corso Bettini [une des rues principales de Rovereto, où est située l’église de S. Rocco ; NdAtt.], la journaliste Luisa Pizzini écrit : « Ce n’est pas facile de trouver un fil logique, s’il y en a, derrière cette attaque ».
Cela ne nous intéresse pas de savoir qui a allumé l’incendie de ce portail. Mais le « fil logique » nous paraît évident. A un tel point que tout le monde l’a pigé. Même les journalistes.

L’église de S. Rocco est le lieu de réunion d’un groupe d’intégristes catholiques et de militants anti-IVG. Le même des Sentinelle in piedi [« Sentinelles débout », militants cathos qui font des « happenings » silencieux pour défendre la « famille », s’opposant aux lois condamnant l’homophobie, en 2014, contre l’avortement, etc. ; ils s’inspirent explicitement de la Manif pour Tous; NdAtt.], le même des rosaires récités devant l’hôpital de Rovereto, contre les femmes qui ont recours à l’IVG. Pas seulement. C’est à ce groupe là, à don Matteo Graziola, qui en est pivot, qu’on doit l’installation de la crèche appelée « le massacre des innocents » : une rangée de fœtus d’enfants, avec le roi Hérode qui en transperce un avec son épée.
Les femmes qui avortent comparées à un tyran qui ordonne le massacre d’enfants nouveaux-nés. Une infamie qui peut être tolérée seulement dans une époque dans laquelle les mots et les images semblent ne plus avoir aucun poids. Don Graziola affirme qu’il ne s’agit pas d’une attaque contre les femmes, mais contre un « système » dont les femmes sont des victimes inconscientes. Les femmes qui ont recours à l’IVG ne seraient donc seulement des assassines, donc, mais aussi des êtres inconscients et manipulés, sans aucune autonomie. Et en effet, les fanatiques de S. Rocco s’en prennent aussi au divorce et aux méthodes anticonceptionnelles. Ça ne pourrait paraître rien d’autre que du folklore lugubre. Au contraire, ces groupes réactionnaires sont le secteur le plus militant de Comunione e Liberazione [mouvement catholique, externe à l’église, visant à « porter le message chrétien dans tout aspect de la vie » ; né dans les années 70 comme mouvement étudiant, CL a toujours eu des positions très conservatrices, par exemple, à l’époque, contre le divorce, toujours contre l’IVG et récemment contre l’extension du droit à recourir à la PMA ; NdAtt.], une puissance économique qui contrôle de plus en plus d’hôpitaux et de médecins. Et en effet l’actuel « ministre de la famille » Fontana [Lorenzo Fontana, cadre supérieur de la Lega Nord, opposé à l’avortement, explicitement homophobe, anti-immigration et admirateur de Poutine ; NdAtt.] est précisément un représentant de ces groupes cléricaux-fascistes.

Un tag posé à côté du portail de S. Rocco disait : « Les vrais martyrs sont en mer ». Dans un monde où des milliers de pauvres meurent dans la Méditerranée ou sous des bombes, où le travail salarié fait plus de mille morts chaque année rien qu’en Italie, où des femmes sont violées et tuées chaque jour, pour ces intégristes la « vie » à sauvegarder est… celle de qui n’est pas encore né.

Nous ne parlerons pas du chœur des condamnations qui a suivi l’acte incendiaire, quand journalistes, politiciens, prêtres et syndicalistes ont encore une fois joué à qui arrive à mieux mystifier les concepts de dialogue, d’un côté, et de violence de l’autre. Cependant, il y a une mensonge particulièrement abjecte que nous ne pouvons pas laisser passer : la comparaison, faite par l’archevêque Tisi, entre l’incendie du portail de l’église S. Rocco et ceux contre les centres d’hébergement pour les migrants. Non ! Les groupes racistes, fascistes et de la Lega Nord sont justement ceux qui participent aux Sentinelle in piedi ! Sans compter le fait que quelqu’un qui brûle le portail d’une église vide ne met en danger personne. Le seul « terrorisme », dans cette histoire, est celui exercé contre les femmes par la crèche anti-avortement.

On peut bien évidemment ne pas partager certaines actions, mais une révolte contre cette crèche et l’idéologie qu’elle porte était… sacro-sainte.
Une infamie pesait sur « notre communauté » (apparemment certaines expressions sont tellement appréciées). Une réponse est arrivée. Claire comme le feu. Très bien.

Rovereto, 12 janvier
Anarchistes

repris  d’ Attaque