Archives mensuelles : août 2018

Prison Nantes – Carquefou: parloir sauvage

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brève sur un parloir sauvage à la prison de Carquefou

Hier soir, jeudi 02 août, vers minuit, nous sommes allés faire un parloir sauvage devant les murs de la prison de Carquefou.

Il y avait déjà des gens de l’intérieur près des fenêtres et d’autres aussi ont répondu quand nous avons commencé à gueuler.

Avant de partir nous avons tiré un feu d’artifice tant réclamé.

Soutien à toustes les prisonnièr.e.s ! Crève la taule et ses maton.ne.s !

indymedia -Nantes

Lesquin et Nîmes : Le désir de liberté restera toujours plus fort que leurs frontières et leurs barreaux !

Sans Attendre Demain / samedi 28 juillet 2018

Dans le centre de rétention de Lesquin, près de l’aéroport de Lille, deux sans-papiers sont parvenus à se faire la belle le 13 juillet, veille d’un week-end de fièvre nationaliste. Si un troisième a été rattrapé au pied des grillages, les deux autres courent toujours. Bonne chance à eux !

Le 17 juillet, cinq autres sans-papiers passaient quant à eux devant le tribunal de Nîmes, pour une tentative d’évasion du centre de rétention de la ville : grillages soulevés et barreaux forcés, en passant par le « jardin intérieur » accessible uniquement au personnel. Sur les 11 présents, le pouvoir en a donc renvoyé 5 au tribunal, puis condamné 4
(deux ont pris deux mois ferme, un a été relaxé, et les deux autres du sursis ou du ferme sans mandat de dépôt). Pas besoin de chercher bien loin pour comprendre leur désir de liberté, comme l’a expliqué l’un d’eux à la barre : « Je ne suis pas venu en France pour être enfermé » !

Feu aux centres de rétention et à toutes les prisons…

lu sur attaque.noblogs.org

Lyon Satola(69125) le 31 /07 /18 :Feu au centre de rétention et le compte rendu du procès des 3 prisonniers

note: aux portes de Lyon juste avant  l’adoption définitive d’encore une loi d’enfermement, de chasse aux » classes dangereuses » “asile-immigration”


  • Le 02/08/2018 à 05:01Un incendie s’est déclaré mardi soir vers 22 heures dans deux cellules du centre de rétention administrative de l’aéroport Lyon-Saint-Exupéry.Les feux ont dégagé beaucoup de fumée qui ont obligé la trentaine de personnes présentes à se réfugier à l’extérieur.

Photo d'archives Maxime Jegat

Le Progrés 03/08/2018 à 07:05

Le feu au centre de rétention cachait une tentative d’évasion collective

Mardi soir, des matelas avaient pris feu dans deux chambres du centre de rétention administrative (CRA) à l’aéroport Saint-Exupéry. Profitant de la fumée, certains avaient tenté de fuir.

Une tentative vite avortée. Deux jours plus tard, trois Algériens se retrouvent à l’audience des comparutions immédiates.

Difficile de nier l’évidence, les caméras ayant filmé les allées et venues des uns et des autres. Un est vu entrant dans une chambre avec un drap enflammé, un autre s’agrippait au filet pour se sauver, le troisième s’était occupé de tartiner une caméra avec du dentifrice.

Leur idée : créer une diversion pour permettre « à tout le monde de sortir du centre ». « Vous n’avez pas eu conscience que votre geste aurait pu avoir des conséquences dramatiques si le CRA avait brûlé ? », interroge la présidente. – Tout le monde était prêt à s’évader et attendait dehors ! – Sauf le personnel ! »

La défense par la voix de Javotte de Brem s’étonne que seulement trois hommes aient été arrêtés : « Il y en a d’autres qui rôdaient et ils sont quatre par chambre ! »

Un des trois prévenus conteste d’ailleurs être un incendiaire. « Quand le feu a pris, j’ai suivi mais je n’étais pas au courant. »

Pour le ministère public, il faut sanctionner « ces comportements inacceptables qui ont mis en danger la vie d’autres personnes ».

Finalement, deux écopent de six mois de prison ferme, le suiveur d’un mois ferme. Des peines très largement en deçà des dix-huit mois ferme requis. Fini le CRA pour eux, le tribunal les a envoyés en détention.


note1: l’association forum réfugié présente ce jour là au CRA de lyon st exupéry a gardé l’information  de cette « tentative »  et aussi en plein été, le jugement en comparution immédiate sans présence de solidaires( peut être le journaliste du progrés a omis  de parler leur présence)

Note2: une réflexion« solidarité avec les révoltes qui avaient lieu alors à l’intérieur [des centres de rétention]». Ni mouvementisme dépendant de la révolte d’autres que soi ni activisme de passage qui prendrait la satisfaction de son propre Moi comme un but détaché de tout contexte (c’est-à-dire sans perspective révolutionnaire ou insurrectionnelle), mais lutte ouverte construite dans la durée en développant sa propre projectualité autonome au sein de la guerre sociale, cette expérience a peut-être encore des choses à nous dire aujourd’hui. » extrait pris dans l’introduction du livre Liberté pour tous avec ou sans papiers Une lutte contre la machine à expulser( Paris, 2006- 2011)mutines sédition juillet 2017,

Prison de Fresnes : Encore des bagnoles de matons en feu

 note:Feu à toutes les prisons et aux biens de ceux qui les font marcher !

 

Le Parisien / mercredi 1er août 2018

C’est le troisième incendie volontaire de véhicules de surveillants qui a lieu en trois mois à la prison de Fresnes. Quatre jeunes interpellés ont été relâchés faute d’éléments.
Les deux premières nuits d’incendie avaient déjà profondément ému les gardiens de la prison de Fresnes. Dans la nuit de mardi à mercredi, de nouveau, le feu a été mis à quatre véhicules sur le parking de l’établissement pénitentiaire. Une cinquième voiture a été dégradée dans une rue toute proche. Une bouteille contenant de l’essence a été retrouvée juste à côté de celle-ci. Pour la première fois, quatre jeunes ont été interpellés juste après les faits, mais ils ont été relâchés dans la journée faute d’éléments probants.

Déjà, dans la nuit du 30 au 31 mai dernier, vers minuit, une dizaine d’hommes encagoulés pénètrent à pied par l’un des deux accès au domaine de la prison de Fresnes. Face au mirador 2, ils incendient une première voiture appartenant à un surveillant. Le feu se propage à deux autres véhicules. La vitre arrière d’une quatrième est également brisée sans doute pour allumer le feu à nouveau. L’équipe d’incendiaires prend alors la fuite.
Trois semaines plus tard, dans la nuit du 18 au 19 juin, quatre véhicules appartenant à des surveillants de la prison avaient été incendiés.

Reste désormais à la police judiciaire du Val-de-Marne à poursuivre son enquête pour savoir qui a décidé de s’en prendre de cette façon, et si régulièrement, aux véhicules des surveillants de la prison.
« Trois fois en si peu de temps, c’est trop, tempête Cédric Boyer, secrétaire local SNP-FO de la prison de Fresnes. Nous avons écrit à notre direction et à la direction interrégionale de Paris. On ne peut pas laisser qui que ce soit s’en prendre aux biens personnels des agents. »
« Les surveillants pénitentiaires ne peuvent pas travailler sereinement et faire respecter la discipline en détention, si leurs biens sont brûlés pendant leurs heures de travail », insiste le syndicat dans un communiqué, où il « exige que des caméras soient dissimulées sur tous les abords du centre pénitentiaire. »

Pays basque sud : marche à Vélo Iruñea-Irurtzun contre le Y ( TGV) basque

AHTaren aurkako Bizi Martxaren hirugarren kronika. Iruñea – Irurtzun.

Bizi Martxaren hirugarren eguneko goiza Iruñerriko auzo zein herrietatik igaro da. Hainbat auzotatik pasatu ahala, gero ta txirrindulari gehiago batu da martxara, tropela kolorez jantziz. Maravillas Gaztetxetik abiatu eta lehenengo geldiunea Piparrika hiri baratzean izan da. Bertan tomate eta piperren artean, hiriaren bihotzean bertan, janari osasuntsu eta arduratsua auzolanaren bidez ekoiz daitekeela gogoratu digute.

Ilusioz beterik Etxabakoitz auzoraino hurbildu gara, nora eta AHTaren Iruñeko geltokia egin nahi duten lekura. Bertako bizilagunak urte askoz jasandako bazterkeriaz mintzo zaizkigu, proiektu suntsitzaile honek dakarren mehatxua nabarmenduz.

Etxabakoiztik atera eta Barañainen hamaiketako oparo eta alaia eskaini digute. Handik Sanduzelaiko tren geltokira hurbildu gara eta auzo elkarteak bertan tren geltokia geratzeko eskaera ezagutu dugu Etxabakoizko tren geltoki berriaren proiektuaren herri zilegitasuna auzitan jarriz.

Pixkanaka pixkanaka hiriburutik aldendu gara Berriozarko herrira hurbiltzeko. Nafarroan gaur egun geratzen diren bi “paso a nivel” etako batean gelditu gara. Urteetan zehar nahita mantendu den pasabide arriskutsu hau aitzaki bihurtu dute iruñerriko tren buklea kentzeko eta Etxabakoitzen inposatu nahi duten geltokia ahalbidetzeko.

Arazurin sekulako harrera beroa izan dugu bertako auzokide eta familien partetik. Haur, gazte zein agureen bizipoza eta indarrak batuz, bailaran AHTak sortuko lituzkeen kalteak ezagutu ditugu paella zoragarri baten inguruan. Bazkal ondoren AHTaren aurkako herri antolakuntzaz eta dinamikez aritu gara, itxaropena egunez egun eta herriz herri suspertu daitekeelakoan. Egunez egun gero eta gehiago garelako eta amalurraren oihartzunak hunkitzen gaituelako.

Oskiako zintzurrerako bidean Arakil ibaiak eskeintzen digun edertasuna AHTak ez digula izorratuko zin egin dugu. Bidea urratuz eta bizikletari eraginez, Irurtzuneko helmugara iritsi gara. Eta bizitza ere ospatzekoa denez, afari zein kontzertu zirraragarriaz alaituta, hirugarren etapa honi amaiera pozgarria eman diogu.

Troisième Chronique de la vie contre TGV. Iruñea – Irurtzun
 on a traversé les quartiers et les villages de Pampelune. En traversant différents quartiers, de plus en plus de cyclistes ont rejoint le marché, vêtus de couleurs éclatantes. À partir de Maravillas Gaztetxe, le premier arrêt était dans le jardin urbain de Piparrika. Là, parmi les tomates et les poivrons, nous pouvons nous rappeler qu’au cœur de la ville, nous pouvons nous rappeler qu’une nourriture saine et responsable peut être produite dans le voisinage.
Nous sommes enthousiasmés par le quartier d’Etxabakoiz, où et où ils veulent faire un arrêt à la gare Haute vitesse de Pampelune. Les voisins locaux parlent d’exclusion de nombreuses années, soulignant la menace que représente ce projet destructeur.
Ils nous ont fait sortir d’Etxabakoiz et nous offrent un délicieux et joyeux apéritif pour Barañain. De là, nous avons approché la gare de Sanduzelai et nous connaissons la demande de l’association de quartier d’arrêter la gare en questionnant la légitimité du projet du nouveau projet de gare d’Etxabakoiz.
Nous avons progressivement déménagé de la capitale vers la ville de Berriozar. Nous sommes restés dans l’une de nos deux étapes «étape par étape» en Navarre aujourd’hui. Ce passage dangereux, qui a été délibérément caché au fil des ans, on a fait une excuse pour le retrait de la ligne de chemin de fer du sud et pour permettre à la gare qu’ils veulent imposer à Etxabako.
A Arazuri nous avons eu un bon accueil de la part de ses voisins et de ses familles. En combinant la vie et la force des enfants, des jeunes et des personnes âgées, nous avons appris les dégâts que causerait TGV dans la vallée autour d’une merveilleuse paella. Après le déjeuner, nous avons travaillé sur l’organisation et la dynamique de l’organisation anti- TGV, cet espoir peut être ravivé jour après jour et populaire. Parce que nous grandissons de plus en plus jour après jour, et l’écho du ventre nous affecte.
La beauté que la rivière Arakil offre à la brousse d’Osaka est que lTGV ne nous avale pas à avaler. En quittant la route et en provoquant la bicyclette, nous avons atteint la destination d’Irurtzun. Et comme la vie est aussi célébrée, avec un dîner et un concert passionnants, nous avons donné une fin encourageante à cette troisième étape.
 r

Peaugres (07340) action contre la Prison..

selon france bleu drome ardèche Le Safari de Peaugres, près d’Annonay en Ardèche, est le plus grand parc animalier de la région Rhône-Alpes.

fteance bleu drome ardèche  2 août 2018 à 7:14

Le Safari de Peaugres sera fermé ce jeudi. En cause : un incendie dans la nuit de mercredi à jeudi, « suite à de graves actes de malveillances » selon la direction du parc.

 

Un incendie au Safari de Peaugres a eu lieu dans la nuit de mercredi à jeudi, en Ardèche. Le parc restera fermé toute la journée au moins. Il n’y pas de blessés, les animaux vont bien.

La direction du Safari  parle « actes de malveillances et d’un incendie volontaire »

Roybon (38940), Isère:Une version du Film : Center Parcs (version XXL)

Centre Parcs fait retailler la loi

A Roybon , dans l’isère , une trentaine de zadistes surveillent , depuis plus de trois ans , les abords  de la forêt des Chambaran, où le leader européen  des loisirs, Pierre §Vacance, veut construire  un Center Parcs. Pas moins  de 1000 cottages autour d’une bulle géante chauffée à 29C toute l’année sur 200 hectares  de forêt ( à dégager) et de zone humide..Lancés en 2014, les premiers  travaux de défrichement ont été stoppés net par les colos, lesquels ont , entre autres actions, saisi les tribunaux.

Le 16 juillet 2015, le tribunal administratif de Grenoble annule l’arrête préfectoral d’autorisation  pour non respect  de la loi sur l’eau. Décision  confirmées, l’année d’après par la cour  administrative de Lyon…Évidemment ,  Pierre§Vacances pose un recours  au conseil d’Etat, afin de reprendre  ses travaux au plus tôt

Mais tous ces retards  ont entrainé quelque des complications . Ainsi , l’autorisation  de défrichement , obtenue en 201o et portant  sur 91,2 ha de forêt, n’était valable  que pour  cinq ans . Un opportun décret  signé le 10 juin 2015, un mois avant l’échéance , par les ministres Manuel Valls et Stéphane  Le foll, a permis  de la prolonger  de trous années. Mais voila : en ce mois de juillet 2018, ce délai  de grâce a pris fin.

A priori , Pierre§Vacances devrait tout reprendre  de zéro : demander une nouvelle  autorisation de défrichement , ce qui nécessite  de nouvelles enquête publiques et d’impact environnemental , obligatoires pour déboiser  une telle surface… Une vrai cata!

                     L’arbre qui cache la forêt

Heureusement , le premier ministre, Edouard Philippe et son ministre de l’AgricultureSstéphane Travert, veillent  au grain. Le 3 juillet, ils ont changé  la loi. L’article  D 341-7-1 du code forestier , qui permettent  de prolonger  une autorisation de défrichement  de trois ans-et pas un jour de plus- a été modifié par décret. Ce délai est prolongé  de deux ans  ça tombe bien!

Deux jours plus tard , le 5 juillet , Pierre§ Vacance sa demandé au préfet  de l’Isère  a bénificié  de cette prolongation. Dés le lendemain, le préfet  lui a donné  satisfaction. Pierre§Vacancesa désormais le droit  de défricher juqu’en 2020

Si jamais  les divers recours  de ces emmerdeurs  d’opposants  continuent de bloquer  les travaux, il y aura  bien  un gouvernement  pour re-rechanger  la loi en faveur de Center Parcs. »

aticle du canard enchaîné du premier Août( page 5

 

 

 

 

 

L’image, la mémoire et l’oubli

note à la  suite d’une conversation avec un ami sur Valence( 26000) et ses déboires : » Et qui devient Seigneur d’une cité accoutumée à vivre libre et ne la détruit point, qu’il s’attende d’être détruit par elle, parce qu’elle a toujours pour refuge en ses rébellions le nom de la liberté et ses vieilles coutumes, lesquelles ni par la longueur du temps ni pour aucun bienfait ne s’oublieront jamais. Et pour chose qu’on y fasse ou qu’on y pourvoie, si ce n’est d’en chasser ou d’en disperser les habitants, ils n’oublieront point ce nom ni ces coutumes….» 

Machiavel (Le Prince).

Cité par Guy Debord, dans la Société du spectacle


 

Rithy Panh a vécu la prise de pouvoir des Khmers Rouges et leur régime de terreur pendant son adolescence. Après un séjour dans un camp de réfugié en Thaïlande, il rejoint la France et fait du cinéma. La majeure partie de ses films traitent à leur manière de cette période, le plus souvent sous la forme du documentaire, et essayent de retrouver et de transmettre une certaine vérité de ce qui s’y est passé, de comprendre ce qu’était et ce qu’impliquait concrètement à l’échelle des vies, ce système qui peut évoquer un camp de travail et de mort à l’échelle d’un pays, y compris du côté des bourreaux. Que ce soit en refaisant faire aux jeunes tortionnaires de l’époque les gestes de la torture dans S21, ou en interrogeant longuement Duch, qui dirigeait S21, le principal centre d’interrogatoires, de tortures et d’exécutions de ceux qui venaient par ces procédures d’être constitués comme « ennemis du peuple ». Ces documentaires sont à la fois des films d’enquête, dans lesquels il filme sa recherche de documents, de faits, ainsi que ce qu’il a pu retrouver, mais aussi des films qui cherchent à comprendre ce qui s’est passé, au-delà des faits et des preuves justement, voire qui construisent eux-mêmes les traces manquantes de la disparition. Car, on y reviendra, l’extermination, qu’elle soit l’œuvre des khmers ou des nazis d’ailleurs, est avant tout une vaste opération d’organisation de la disparition, des gens d’abord, puis du fait même qu’ils ont vécu et enfin des traces mêmes de leur mort.

 

Après la chute de Phnom Penh, à l’aube, dans le nord du pays, les prisonniers du centre M13 reçoivent l’ordre de creuser. Sous le ciel blanc, dans la sueur et la peine, ils préparent une fosse. Combien sont-ils ? Des dizaines ? On ne saura jamais. Ils sont exécutés. De ces charniers peut-être immenses, il ne reste rien. Pendant des années les Khmers rouges ont planté du manioc et des cocotiers qui ont mangé les corps et le souvenir.
Rithy Panh et Christophe Bataille, L’Élimination, p. 43.

C’est contre ce négationnisme qui semble bien inhérent à l’entreprise exterminatrice que Rithy Panh utilise le cinéma pour partir à la recherche des traces de ce qu’a pu être ce régime, ses discours, et sa réalité. Que ce soit dans l’entreprise de propagande du régime, dans la recherche de preuves historiques ou dans le « constat » qu’il en manquerait, sur lequel se fondent les élucubrations négationnistes, l’image se présente comme centrale.

Je crois en l’image, même si, bien sûr, elle est mise en scène, interprétée, retravaillée. Malgré la dictature, on peut filmer une image juste.
Rithy Panh et Christophe Bataille, L’Élimination, p. 102.

Tout en s’inscrivant dans cette démarche, L’image manquante est un film très particulier. C’est la première fois que Rithy Panh produit un récit autour de sa propre expérience du régime khmer rouge et, pour cela, il quitte la forme du documentaire pour fabriquer les traces manquantes de sa propre histoire en proposant une sorte de collage de toutes sortes d’images, qu’elles soient retrouvées ou, au sens propre, reconstruites puisque pour ce film il fabrique une grande partie des images et chacun des éléments qui les composent.
Et en faisant cela, il pose la question de savoir de ce dont on a besoin pour retracer l’histoire d’un événement comme l’extermination en quelques années d’un quart de la population d’un pays, du statut des traces qu’on retrouve, en particulier dans un contexte où la plupart des images qui restent sont des images de propagande, et alors qu’un déni organisé (pouvant aller jusqu’au négationnisme) se développe, de leur nature éventuelle de preuve. De quelles preuves a-t-on besoin pour considérer qu’une entreprise d’extermination a eu lieu ? Et au-delà, d’autres questions : est-ce que ce sont vraiment des images ou des preuves qui manquent ? Quelle vérité cherche-t-on ? De quoi a-t-on besoin pour que le temps ne soit pas une machine qui produit l’oubli, que ce soit à un niveau individuel ou collectif ? Qu’est-ce qui peut aider à se souvenir, à comprendre, à penser, et à son niveau sans doute surtout pour vivre avec, en en faisant quelque chose ? A partir de quoi retrouve-t-on ou élabore-t-on l’histoire, sa propre histoire comme celle de tous ? En quoi les traces de l’histoire de chacun disent-elles l’histoire de tous, en quoi peuvent-elles contribuer à faire histoire commune, en particulier quand il s’agit de l’histoire d’une extermination qui a forcément été, en tant que telle, un sort partagé ?

« Ici chacun disparaît », voix off de L’image manquante

La question centrale autour de laquelle tourne ce film n’est donc pas seulement celle des images ou de ce qu’elles pourraient ou pas montrer ou prouver, c’est aussi plus fondamentalement celle de la possibilité de représenter, voire plus simplement d’expliciter, ce que les termes « extermination » et encore plus sans doute « génocide » ne désignent qu’imparfaitement. La formule prononcée en voix off du film, « Ici chacun disparaît », est une proposition assez simple pour en rendre compte. Car s’il y a extermination, c’est bien qu’il se passe autre chose que l’assassinat d’un grand nombre de personnes. Il s’agit alors de l’entreprise concrète, dans un moment et un lieu, « ici », en l’occurence, de faire « disparaître », ce qui signifie, au-delà de la torture et de la mort, cette volonté de « réduire en poussière » comme le néologisme de l’Angkar le dit — donc de gérer la suppression de la vie mais aussi des traces qu’elle peut avoir laissé, de l’identité, du corps, du souvenir —, « chacun », donc potentiellement tout le monde. Le présent apporte cette durée concrète et actualisée : ça a bien été en train de se passer, et ce que chacun a pu vivre, c’est ce risque imminent de disparaître comme chacun de ceux dont il a pu constater la disparition. Au-delà des pinaillages sur les chiffres, toujours là pour finir par démontrer abjectement que le fait que l’extermination n’ait pas été à son terme est une raison suffisante pour en dénier l’existence, au-delà même du fait que l’extermination se présente toujours comme concernant certaines catégories de la population, il y a toujours centralement cette possibilité imminente, qui contribue à l’horreur vécue par chacun en plus de ce à quoi il assiste, d’être toujours susceptible de subir le sort des autres. Un par un, chacun, donc peut-être tout le monde, disparaît, après avoir vécu comme un fantôme en sursis. Les limites de ce processus ne sont principalement liées qu’aux contraintes techniques de la gestion de la disparition, des vivants qui vont mourir, des corps de ceux qui sont morts, et c’est aussi pour cela que les arguties négationnistes sont insupportables. Non pas qu’il y aurait un caractère sacré aux chiffres, non pas que le travail de l’historien ne réclame pas toujours des réexamens. Mais il y a une différence fondamentale entre affiner une connaissance en comprenant le processus qui a été en marche pour ce qu’il a pu être, et fonder un argumentaire sur les inévitables difficultés matérielles liés à l’organisation et la gestion d’une extermination de masse, pour en théoriser la négation. Ce que cette phrase constate reste irréductible et indéniable et ne dépend d’aucun chiffre.

« Le linguiste de la mort »

C’est donc aussi sur les mots que s’interroge ce film, et c’est un fil qui traverse l’ensemble du travail de Rithy Panh. En même temps qu’il cherche quels mots permettraient de dire ce qui manque aux images, il montre comment le régime de l’Angkar accorde une importance très particulière à la question du langage : forger un homme nouveau passe par le fait de forger un langage nouveau.

La terreur passe d’abord par le langage. Les Khmers Rouges ont commencé par assassiner les mots. A chaque mot était associé un rêve ou un cauchemar.
La parole filmée. Pour vaincre la terreur, Rithy Panh.

Comme ce qui est valorisé, c’est une sorte de retour aux sources mythifiée d’un passé khmer originel, c’est aussi dans ce passé que l’intervention linguistique des Khmers Rouges va puiser son inspiration. Les nouveaux mots qui remplacent les anciens participent de la mise au pas de la population, de la construction d’un imaginaire appauvri et reformaté compatible avec l’idéologie au pouvoir :

Je ne comprenais pas tous les termes utilisés, par les Khmers rouges, souvent inventés à partir de mots existants : ils mêlaient de façon troublante sonorités et significations. Tout semblait glisser. Se déplacer. Pourquoi utilisait-on santebal pour désigner la police, et non pas le traditionnel nokorbal ? Je découvris aussi le mot kamaphibal. Kamak peut se traduire par activité, action. Kamak signifie « ouvrier ». Et phibal « gardien ». Littéralement le kamaphibal était le « gardien du travail », le « gardien de l’action » : nous appelions ainsi les gardes khmers rouges, qui étaient nos maîtres, nos geôliers, et avaient sur nous pouvoir de vie et de mort.  
Rithy Panh et Christophe Bataille, L’Élimination, p. 57-58

Ce langage nouveau change la signification des mots, en particulier de ceux du pouvoir et contribue à rendre possibles les modalités à travers lesquelles il s’exerce. C’est un langage qui impose déni ou transformation de la réalité, en particulier sur ce qui rend possible l’extermination, c’est à dire ce qui a trait à la mort.
KAMTECH qui signifie à l’origine « réduire à la poussière » ou « détruire » devient le terme utilisé pour « tuer ». Ici le sens est transformé et impose la normalité de l’entreprise exterminatrice.
Ailleurs, c’est le déni qui s’institue : KAI TCHOAL qui signifie « abandonner » devient le mot pour dire « exécuter ». Rithy Panh fait l’hypothèse que ces transformations autoritaires du langage, qui le rendent plus imagé, élaborées par le numéro 2 de l’Angkor qu’il surnomme « le linguiste de la mort » sont là pour aider ceux qui sont en charge de tuer à le faire.

Je ne comprenais pas que des adolescents puissent tuer, ce n’est pas un geste facile à faire. Mais les Khmers Rouges ont travaillé comme des linguistes, ils sont allé chercher l’origine du sens des mots (…). Les Khmers Rouges ont forgé un langage, une rhétorique qui a introduit une nouvelle sonorité dans la langue, très étrange, bien compréhensible (…) insuffler la haine, la haine obsédante, qui permet au paysan de commettre l’acte difficile de tuer.
La parole filmée. Pour vaincre la terreur, Rithy Panh.

Ce détournement du langage est aussi utilisé dans le cadre de la torture et des interrogatoires qui l’accompagnent : l’aveu imposé est une étape nécessaire, précédé de son récit mensonger obtenu sous la torture. Il est soigneusement consigné et surjustifie l’exécution en brouillant pour tous définitivement le rapport à la vérité :

 La passion de l’aveu est redoutable. A vous faire douter de la vérité. Pire : à vous faire douter de l’importance de la vérité. Le soir où j’ai fait mon autocritique, après avoir raconté la mission Apollo, je n’ai pas pensé un instant à m’expliquer. J’ai dit ce qui devait être dit. Je me suis conformé aux désirs des Khmers rouges. J’ai parlé pour pouvoir retourner au silence. Etre invisible, c’est être vivant ; presque un individu. (…) A S21 Duch exige un aveu. Peu importe que cet aveu soit incohérent ou absurde. Celui qui raconte et bâtit cette histoire nouvelle est un traître. Il parle en traître. Il reconnaît ses crimes et ses mensonges. Il est condamné par le récit qui est exigé de lui.
Rithy Panh et Christophe Bataille, L’Élimination, p. 93-94

La propagande, qu’elle passe par les mots ou par les images, n’est pas seulement une vision faussée, positivée, de ce qui se passe qui vise à en imposer l’acceptation, elle joue aussi sur des mécanismes fondamentaux comme la possibilité même de la construction du sens et du rapport à la vérité.

Les images qui manquent et celles qui ne manquent pas

Pour retrouver le fil de cette vérité, Rithy Panh choisit de nous montrer des images qui ne manquent pas pour comprendre quelles images manquent ou plutôt pour dessiner le contour des images qui continueront de manquer. Il expérimente la possibilité par le cinéma, le travail, la recherche, la réflexion et l’intelligence, de faire avec, pour et contre ce manque, de constituer quelque chose qui ne remplace pas ou ne se substitue pas mais qui brode y compris avec les manques. Et c’est sans doutes toujours quelque chose comme ça, le travail de l’archive, quand il est actif, vivant et conséquent.
Les images de propagande ne manquent pas, elles sont même en trop pourrait-on dire puisqu’elles mentent et n’ont été là que pour montrer l’inverse de ce qui était en train de se passer. Des images construites, mises en scène, qui sont là pour persuader de la pertinence du régime, contraindre à l’adhésion et produire des preuves d’un présent optimiste. Le titre du film vient d’ailleurs d’autres images qui ont remplacé et occulté la réalité terrible à laquelle on voulait refuser l’accès : « L’image manquante », c’est d’abord le titre d’une chronique de Serge Daney dans le journal Libération, qui désigne ainsi les images inexistantes de Bagdad sous les bombes pendant la première guerre du golfe, occultées par les images de propagande vendant une guerre chirurgicale et quasi inoffensive. En nous montrant ces images de la propagande du régime, ces images en trop, Rithy Panh nous apprend aussi à les regarder.

Les images de propagande ont le mérite d’affirmer l’ambition du régime. A l’évidence, celui-ci veut montrer au monde de jeunes combattants, en pleine santé, souriants et enthousiastes. Film de propagande communiste classique, jusque dans les effets visuels. Mais il y a des images terribles : de petits garçons qui ploient sous la charge, de jeunes enfants décharnés… On devine que les travailleurs, au premier plan, sont en fait des cadres du régime : ils ont de vraies chaussures ; ils sont bien nourris, on le voit à leurs joues, à leurs mains, à leurs avant-bras ; enfin ils portent presque tous un stylo dans leur poche de chemise — comme Pol Pot (…) étonnantes médaille d’un régime qui s’enorgueillit de casser les lunettes et de fermer les écoles.
Rithy Panh et Christophe Bataille, L’Élimination, p. 21

Il nous montre comment un regard du détail peut les faire se trahir elles-mêmes, comment on peut voir, derrière la façade lissée d’une foule enthousiaste au travail la fatigue, le désespoir, le refus même : la réception reprend le pouvoir sur le sens.

Les images du passé d’avant l’Angkar existent. Elles portent la trace d’un souvenir collectif auquel le cinéma peut redonner une sorte de vie. C’est l’image d’une danseuse, de ces plaisirs futiles et urbains que le régime va balayer en vidant la capitale en quelques heures et en donnant à tous la tâche d’édifier le socialisme.

Les images du souvenir intime, même si elles n’ont pas de matérialité, ne manquent pas non plus.

Cet homme assis par terre est trop faible, il ne mange pas, ne se déplace plus. Son image est en moi depuis des années. Je tends la main vers lui.
Voix off de L’image manquante.

Mais les partager demande une reconstruction qui va en l’occurrence se faire grâce au dispositif qui fait la particularité de ce film : des figurines en terre peinte, des maquettes reconstituées à partir de cette matière intime du souvenir qui ne seront animées que par les mouvements de caméra. Elles ne font pas preuve pour qui fait le choix de ne pas vouloir comprendre ce qui a pu se passer, mais elles témoignent avec une espèce de pudeur de ce qui a été vécu, donnent un accès à la vérité de cette extermination et de ce régime.

L’image comme preuve ?

Comme celle des nazis, l’extermination des Khmers Rouges comporte la tentative de faire disparaître les traces de son existence, tentative que le négationnisme ne fait fondamentalement que poursuivre. Pour l’histoire du Cambodge, le refus de prendre en compte la réalité de l’extermination, ou la volonté tenace de la minimiser assumés par certains anti-impérialistes la plupart maoïstes (Rithy Panh cite par exemple Alain Badiou) se sont appuyés sur la critique de la propagande américaine : la critique de la propagande de la guerre froide se fait complotiste et passe d’une critique du discours à une négation des faits que ce discours utilise et met en scène, lié à une défense militante du régime de l’Angkar. Ce passage d’une critique du discours à une négation des faits s’opère à partir du moment où intervient comme cruciale la question des preuves qui, au-delà même du fait que les régimes mis en cause se sont efforcés de les faire disparaître, sont toujours soumises au soupçon et considérées comme insuffisantes.

« Jacques Vergès affirme sans ciller qu’il n’y a pas eu au Kampuchea démocratique de crime « voulu » ; pas de génocide ; pas de famine organisée ; et, de surcroît, pas autant de morts qu’on le prétend. Etait-il présent dans le pays à l’époque ? A-t-il eu accès à des informations particulières par son ami de jeunesse Khieu Samphan, aujourd’hui en procès à Phnom Penh, et dont il est l’avocat ? Alors vraiment, « on n’a qu’à regarder les charniers qu’on a trouvés, on ne trouve pas le nombre de morts qu’on dit » ? Fixer une image ne permet pas d’écrire l’histoire. »
Rithy Panh et Christophe Bataille, L’Élimination, p. 118

Au-delà du refus de ce soupçon qu’aucune « preuve » ne peut venir faire taire, Rithy Panh pose la question de savoir ce qu’on cherche dans les images : les « fixer » pour y chercher des preuves serait l’inverse d’y voir la trace de ce qui s’est passé, « regarder les charniers » n’amène pas forcément à une compréhension de l’histoire ; tout dépend sans doute de comment et pourquoi on les « regarde » et les images qui suffiraient à prouver manqueront toujours. Il est d’ailleurs notable de constater que certains de ceux qui ont suivi cette logique ont été ensuite fortement impliqué dans le développement du négationnisme à propos de l’extermination nazie comme Serge Thion ou l’ont accompagné avec bienveillance comme Noam Chomsky. Au-delà de la défense idéologique d’un camp contre un autre, la logique négationniste possède sa dynamique propre qui n’est pas réductible à une forme d’aveuglement idéologique.

Car quelle image « vraie » pourrait bien faire la preuve d’une entreprise d’extermination ? Que dit une image de mort, une image de torture ? A quoi sert de se contenter de la regarder ou de la montrer ? Que prouvent des registres remplis de noms et de photos ? Face à toute entreprise négationniste, comme face à tout conspirationnisme, la recherche, sans doute néanmoins nécessaire des preuves reste vaine, puisque la question est toujours de savoir ce qu’on leur fait dire, avec quelle intelligence on les regarde, dans quelle mesure on est prêt à considérer la vérité de l’histoire que les documents contiennent.

« Manque-t-on vraiment de preuves ? Non. Il y a des dizaines de photographies prises par des « camarades » de S21. (…) Un tel document doit être analysé, décortiqué, regardé dans son contexte. Ce n’est pas une preuve en soi. C’est l’histoire qu’il contient qui est une preuve, mais cette histoire ne se donne pas. Elle se cherche. Dans La politique de la mémoire, Raul Hilberg écrit : « Je voyais que c’était, avant tout, un objet, dont la qualité de trace tangible était immédiatement reconnaissable : l’original qu’un bureaucrate avait eu un jour en main et signé ou paraphé. Plus encore, les mots figurant sur le papier constituaient, en l’occurrence, une action en soi : l’accompagnement d’une fonction. S’il s’agissait d’une directive, cet original signifiait la totalité de l’action de l’initiateur. »
Rithy Panh et Christophe Bataille, L’Élimination, p. 236

Là encore tout le pouvoir de faire dire ou de faire taire, de produire mémoire ou oubli, l’histoire ou sa négation, réside dans la perspective dans laquelle elle est reçue. On peut trouver dans cette manière de faire une réflexion sur ce qu’il faut toujours faire de l’archive ou du souvenir pour leur donner sens et les partager, il y a toujours à reconstruire si ce qu’on cherche ce n’est pas une trace morte mais un fil pour retrouver ce qui a été vivant.

PDF - 1.6 Mo
L’image, la mémoire et l’oubli
autour de la projection de L’image manquante de Rithy Panh à la Discordia le 24 janvier 2017
source: non- fides..fr

 

Répression du 1er mai : Marco extradé en Italie

résumé de Round Robin / lundi 30 juillet 2018

Marco a été arrêté à Toulouse début juin dernier, accusé d’avoir pris part à la manifestation émeutière du 1er mai 2015 à Milan. Il vient d’être extradé en Italie, où il sera donc jugé sous l’accusation de de « dévastation et pillage » (art. 419 du Code pénal, qui remonte au période de la dictature fasciste), dont les peines vont de 8 à 15 ans.

Solidarité !

Pour lui écrire :

Marco Re Cecconi
C.C. di Roma – Rebibbia
via Raffaele Majetti, 70
00156 Roma

source: attaque.noblogs.org