Archives mensuelles : avril 2016

Paris : une joyeuse déambulation nocturne et « Nuit debout » fait appel aux keufs

Indy Nantes, 10 avril 2016

A Paris, la révolte et la Nuit Debout ont bien du mal à être canalisées par les citoyennistes de tout poil, qui sont pourtant à la manoeuvre. Les gens ont la rage, et des manifs sauvages s’enchaînent. Hier soir, des caméras de vidéosurveillance, des banques et un comico ont été visés. Une manif est même partie en pleine nuit vers le logement de Manuel Valls, avant d’être repoussée par les flics.

Face à cette détermination difficilement contrôlable, les « leaders » de la Nuit Debout (c’est un mouvement qui se dit sans hiérarchie, mais pas sans porte-paroles et représentant-es, ni Service d’Ordre…) ont fini par appeler les flics, révélant très vite ce qu’ils et elles visent véritablement : maintenir la contestation dans les cadres du pouvoir, contrôler la colère pour la détourner vers des logiques électoralistes comme ce fût le cas avec Syriza et Podemos. Alors que la répression a rarement été aussi intense pour briser une lutte sociale, ces gentils citoyens ont choisi leur camp : travailler avec la police.

Sur la chaîne parlementaire, deux « représentants » de la Nuit Debout félicitaient même la police pour son savoir-faire et son calme. Et ce n’était pas de l’ironie… Faut-il rappeler qu’à Paris, il y a déjà eu des dizaines et des dizaines d’arrestations, parfois des cars entiers remplis de personnes interpellées, et tout autant de blessé-es…

Vive le feu !


Paris, nuit du 9 au 10 avril : visite chez Valls, comico caillassé, Autolib cramée et banques pétées, « Nuit debout » collabos des keufs

(Paris-luttes, 10 avril)

[21h30] Un petit groupe de 200 personnes se sont rendues à Stalingrad pour dégager les grilles empêchant les migrants de s’installer à nouveau en campement.

23h30 Un cortège de plusieurs milliers de manifestants se dirige vers le domicile personnel du premier ministre Manuel Walls, rue Keller dans le 11e

00h20 Le cortège a été gazé par les gendarmes, au niveau de la rue de la Roquette, puis nassé. Des camarades sont venus en soutien.

00h45 Plus de 200 personnes partent en manif sauvage de la place Voltaire à la place de la République. De nombreuses banques se font défoncer au passage et des slogans anti-pub ornent désormais les panneaux JC Decaux.

03h00 : Toujours un gros millier de personnes sur la place, pendant que ça s’enjaille au centre sur du gros son d’autres commencent à bloquer la circulation au niveau de la rue du Temple à l’aide de barrières de chantier et de poubelles. Une caméra de surveillance est taguée sous les acclamations de la foule.

03h45 : Pendant que la fête bat son plein, une autolib est incendiée, les flics commencent à gazer, quelques projectiles en réponse.

04h00 : Ambiance émeutière : charges, grenades de désencerclement et tirs nourris de flashball. Au moins une arrestation sans motif apparent. Des blessé-e-s dont certain-e-s graves pris-e-s en charge par l’infirmerie de garde de la Nuit debout. Certain-e-s évacuées par les secours. Malgré tout du monde reste encore sur la place et la fête continue avec fanfare et batucada.


« Nuit Debout » : des manifestants tentent de prendre « l’apéro chez Valls »

AFP, 10/04/2016 à 08:31

Après avoir décidé de « prendre l’apéro chez Valls », de nombreux participants qui se trouvaient place de la République ont, d’un pas rapide, pris le chemin du domicile parisien du chef du gouvernement. Ils ont d’abord été bloqués non loin de la place de la République, avant de parvenir à poursuivre leur route par un autre chemin. Ils ont ensuite à nouveau été bloqués par un dispositif policier à proximité du domicile de Manuel Valls, dans l’est parisien.

« Paris, soulève-toi ! »

Des projectiles ont été jetés sur le commissariat du XIe arrondissement, par un petit groupe de quelques dizaines de personnes, dont les actions violentes étaient visiblement désapprouvées par la plupart des manifestants. « Paris debout, soulève-toi ! » ont crié des manifestants, ont indiqué des journalistes sur Twitter.

Huit personnes ont été interpellées et placées en garde à vue dans la nuit de samedi à dimanche, a annoncé ce dimanche la PP. Ces personnes ont été arrêtées pour des « jets de projectiles, port d’arme prohibé, vol par effraction, dégradations et dégradations par incendie », a précisé la préfecture dans un communiqué de presse.

« Des projectiles et des pierres ont été jetés sur la façade du commissariat du 11e arrondissement et deux véhicules de police en stationnement ont été fortement endommagés« , explique la préfecture, ajoutant que les manifestants avaient tenté en vain d’entrer dans le commissariat. Vers 0h30, les forces de l’ordre ont procédé à la dispersion des manifestants, avait expliqué samedi soir une source policière à l’AFP.

Une agence d’intérim et des banques visées

Des dégradations – vitrines brisées, distributeurs de billets endommagés, tags – ont été aussi commises boulevard Voltaire dans « six agences bancaires » dont trois ont été victimes d’intrusion. « Une agence d’intérim et une agence de mutuelle » ont également été dégradées.

Place de la République, à 2h50, un responsable de « Nuit Debout » a demandé le concours de la force publique « en raison de la difficulté de son service d’ordre à assurer la sécurité » sur la place, selon la PP. Des policiers ont été envoyés pour sécuriser le rassemblement, et ils ont fait « l’objet de provocations et de nombreux jets de pierres« . Un véhicule Autolib a été « incendié à l’angle de la Place de la République et du boulevard Saint-Martin« , nécessitant l’intervention de sapeurs-pompiers, relève encore la PP.

lu sur Brèves du désordre

Ile-de-France/Montpellier/Vaulx-en-Velin : affrontements et incendies devant les lycées

Brèves du désordre

Vaulx-en-Velin : les arrestations se poursuivent chez les lycéens

MLyon, 08/04/2016 à 10h01

Une vague de caillassage envers les force de l’ordre sévit depuis lundi devant le lycée Robert Doisneau de Vaulx-en-Velin.

Ce ne sont pas moins de 6 mineurs qui ont été interpellés jeudi soir pour avoir lancé des projectiles sur la police à plusieurs reprises. Le commissaire et son adjoint directement pris pour cible ont fait les frais des cailloux aux alentours de 14 heures. L’un des protagonistes, seulement âgé de 11 ans avait un lance-pierre en sa possession lors des attaques.

Le bilan des interpellations s’élève dorénavant à 15, deux des responsables sont présentés ce vendredi en comparution immédiate devant le tribunal, trois autres seront déférés au parquet des enfants.

Mouvement lycéen à Vaulx-en-Velin : quatre interpellations

Le Progrès, 08/04/2016 à 19:04

Le rassemblement contre la loi Travail d’environ 150 lycéens de Vaulx-en-Velin a été parasité, ce vendredi matin, par des casseurs qui ont affronté les forces de l’ordre.

Depuis le début de la semaine, les lycéens manifestent à Vaulx-en-Velin contre le projet de loi El Khomri. Depuis ce vendredi matin, environ 150 jeunes sont rassemblés dans le centre-ville. Ils vont et viennent du lycée Doisneau au lycée des Canuts, suivis par des caillasseurs qui parasitent le mouvement. Ils en profitent pour affronter la police, qui réplique au gaz lacrymogène.

Le bilan final de la journée du mouvement lycéen à Vaulx se monte à quatre interpellations, notamment l’une d’un anarcho-libertaire de 21 ans qui a tenté de s’opposer à l’arrestation d’un caillasseur de 17 ans ; un jeune de 13 ans qui avait mis le feu à une poubelle devant le collège Valdo a également été interpellé ; un majeur qui a caillassé la police devant le commissariat a aussi été arrêté.

Au total, le bilan des interpellations depuis lundi se monte à 19.


De nouveaux incidents dans plusieurs lycées en France

AFP, 08/04/2016 15h02

LOI TRAVAIL – Voiture brûlée, policiers caillassés, feux de poubelles : des incidents ont à nouveau eu lieu matin dans plusieurs lycées d’Ile-de-France, conduisant la police à procéder à 38 interpellations, dont 15 pour contrôle d’identité, a-t-on appris de sources concordantes.

Dans les Hauts-de-Seine, 16 personnes on été interpellées, selon la préfecture de police de Paris. Neuf d’entre elles l’ont été devant le lycée Paul-Lapie, à Courbevoie, pour des jets de projectiles sur les forces de l’ordre et des dégradations.

En Seine-Saint-Denis, la police a recensé 22 interpellations, 15 pour contrôles d’identité et 7 pour des infractions diverses (jets de projectiles, incitation à l’émeute…), selon une source policière.

La tension a été particulièrement forte devant le lycée Hélène-Boucher à Tremblay-en France (Seine-Saint-Denis), où une centaine de lycéens, cagoulés selon une source policière locale, ont fait face à une dizaine de policiers. Un véhicule a été incendié, deux autres retournés, et les policiers « copieusement caillassés« . Une personne a été interpellée.

Pour se dégager, les forces de l’ordre ont fait usage de gaz lacrymogène et, à une reprise, du flash ball, a indiqué la préfecture de police de Paris. Une lycéenne a dit avoir été blessée légèrement au cours de l’affrontement, se plaignant d’un hématome à la jambe. L’établissement a été fermé vers 10h.

Trois interpellations ont également eu lieu à proximité du lycée Voillaume, à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), pour jets de projectiles et incendies de poubelles. Par ailleurs, plusieurs lycées ont été bloqués dans le 11e arrondissement de Paris et à Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne).

Trois lycées mobilisés à Montpellier

Béatrice Gille, rectrice de l’académie de Créteil et chancelière des universités, a « renouvelé » dans un communiqué sa « plus ferme condamnation face à ces nouveaux actes de violence et de dégradation« . « Les atteintes aux personnes et aux biens ne sauraient être tolérées et feront l’objet de poursuites systématiques », a-t-elle ajouté.

A Montpellier, trois établissements (Clémenceau, Mermoz et Guesde) ont connu une certaine agitation, avec quelques débordements avant que des cortèges de lycéens se retrouvent sur l’Esplanade, où des poubelles ont été incendiées, selon Midi Libre.

Jeudi, des feux de poubelles et jets de pierres avaient déjà été recensés dans plusieurs lycées d’Île-de-France, aboutissant à 29 interpellations et 13 gardes à vue. Huit de ces jeunes, interpellés dans les Hauts-de-Seine, ont été présentés vendredi à un juge pour un rappel à la loi.

Mercredi, un jeune majeur a été condamné à Paris à 70 heures de travaux d’intérêt général après des incidents en marge de la manifestation de la veille contre le projet de loi travail qui avait rassemblé plus de 23.000 personnes (selon la police) dans toute la France.

Des tensions entre manifestants et policiers sont récurrentes depuis le début du mouvement contre le projet de loi Travail, dans lequel les lycéens sont en première ligne.

notes:l’illégalisme…

lu  à partir de mondialisme .org

Rien ne sert de le dissimuler, car, qu’on le reconnaisse ou non, il y a des anarchistes qui résolvent leur question économique de façon extralégale, c’est-à-dire par des moyens impliquant atteinte à la propriété, par l’usage constant ou occasionnel de différentes formes de violence ou de ruse, la pratique de métiers ou professions que la police ou les tribunaux désavouent.

C’est en vain que les doctrinaires, anarchistes communistes – et pas tous- veulent se désolidariser des « illégalistes », tonner contre « la reprise individuelle », qui remonte cependant aux temps héroïques de l’anarchisme, à l’époque des Pini, des Schouppe, des Ortiz, des Jacob. C’est en vain que les doctrinaires de l’anarchisme individualiste, tels les Tucker, combattront 1’outlawry anarchiste : il y a eu, il y aura toujours des théoriciens de l’illégalisme anarchiste, spécialement en pays latins.

Avant de nous enquérir de ce que disent ces « théoriciens » qui sont surtout des camarades qui cherchent à expliquer et à s’expliquer la tournure d’esprit de l’illégaliste annarchiste, il convient de faire remarquer que la pratique de l’illégalisme n’est ni à prôner ni à propager ; il offre de redoutables aléas. Il n’affranchit économiquement à aucun point de vue. Il faut des circonstances exceptionnelles pour qu’il n’entrave pas l’épanouissement de la vie individuelle ; il faut un tempérament exceptionnel pour que l’illégalisme ne se laisse pas entraîner et finisse par être réduit au rang de déchet social.

Ces réserves faites et proclamées à son de trompe, s’il le faut, s’ensuit-il que le camarade qui se procure son pain quotidien en recourant à un métier stigmatisé par la coutume, interdit par la loi, puni par « la justice », ne doive pas être traité en « camarade » par celui qui accepte de se faire exploiter par un patron ?
Somme toute, tout anarchiste, adapté ou non, est un illégal, parce qu’il nie la loi. Il est illégal et délinquant toutes les fois qu’il émet et propage des opinions contraires aux lois du milieu humain où il évolue.
Entre l’illégaliste intellectuel et l’illégaliste économique, il n’y a qu’une question d’espèce.

L’anarchiste illégaliste prétend qu’il est tout autant un camarade que le petit commerçant, le secrétaire de mairie ou le maître de danse qui ne modifient en rien, et pas plus que lui, les conditions de vie économique du milieu social actuel. Un avocat, un médecin, un instituteur peuvent envoyer de la copie à un journal libertaire et faire des causeries dans de petits groupes d’éducation anarchistes, ils n’en restent pas moins les soutiens et les soutenus du système archiste, qui leur a délivré le monopole leur permettant d’exercer leur profession et aux réglementations duquel ils sont obligés de se soumettre s’ils veulent continuer leur métier.

La loi protège aussi bien l’exploité que l’exploiteur, le dominé que le dominateur, dans les rapports sociaux qu’ils entretiennent entre eux et, dès lors qu’il se soumet, l’anarchiste est aussi bien protégé dans sa personne et ses biens que l’archiste ; dès lors qu’ils obtempèrent aux injonctions du « contrat social », la loi ne fait pas de distinction entre eux. Qu’ils le veuillent ou non, les anarchistes qui se soumettent, petits artisans, ouvriers, fonctionnaires, employés, ont de leur côté la force publique, les tribunaux, les conventions sociales, les éducateurs officiels. C’est la récompense de leur soumission ; quand elles contraignent l’employeur archiste à payer demi-salaire au salarié anarchiste victime d’un accident de travail, les forces de conservation sociale se soucient peu que le salarié, intérieurement, soit hostile au système du salariat ; et la victime profite de cette insouciance.
Au contraire, l’insoumis, le réfractaire au contrat social, l’anarchiste illégal a contre lui toute l’organisation sociale, quand il se met, pour « vivre sa vie », à brûler les étapes. Il court un risque énorme et il est équitable que ce risque soit compensé par un résultat immédiat, si résultat il y a.

Tout anarchiste, soumis ou non, considère comme un camarade, celui d’entre les siens qui refuse d’accepter la servitude militaire. On ne s’explique pas que cette attitude change quand il s’agit du refus de se laisser exploiter.
On conçoit fort bien qu’il y ait des anarchistes qui ne veuillent pas contribuer à la vie économique d’un pays qui ne leur accorde pas la possibilité de s’exprimer par la plume ou par la parole comme ils le voudraient, qui limite leurs facultés de réalisation ou d’association dans quelque domaine que ce soit. Tout bien considéré, les anarchistes qui consentent à participer au fonctionnement des sociétés où ils ne peuvent vivre à leur gré, sont des inconséquents. Qu’ils le soient, c’est leur affaire, mais qu’ils n’objectent pas aux « réfractaires économiques ».

Le réfractaire à la servitude économique se trouve obligé, par l’instinct de conservation, par le besoin et la volonté de vivre, de s’approprier une parcelle de la propriété d’autrui. Non seulement cet instinct est primordial, mais il est légitime, affirment les illégalistes, comparé à l’accumulation capitaliste, accumulation dont le capitaliste, pris personnellement, n’a pas besoin pour exister, accumulation qui est une superfluité. Maintenant qui est cet « autrui » auquel s’en prendra l’illégaliste raisonné, conscient, l’anarchiste qui exerce une profession illégale ?

Ce ne sera pas aux écrasés de l’état de choses économiques. Ce ne sera pas non plus à ceux qui font valoir par eux-mêmes, sans recours à l’exploitation d’autrui, leur « moyen de production ». Cet « autrui », mais ce sont ceux qui veulent que les majorités dominent ou oppriment les minorités, ce sont les partisans de la domination ou de la dictature d’une classe ou d’une caste sur une autre, ce sont les soutiens de l’Etat, des monopoles et des privilèges qu’il favorise ou maintient. Cet « autrui » est en réalité l’ennemi de tout anarchiste – son irréconciliable adversaire. Au moment où il s’attaque à lui – économiquement – l’anarchiste illégaliste ne voit plus en lui, ne veut plus voir en lui qu’un instrument du régime archiste.

Ces explications fournies, on ne saurait donner tort à l’anarchiste illégaliste qui se considère comme trahi lorsque l’abandonnent ou s’insoucient d’expliquer son attitude les anarchistes qui ont préféré suivre un chemin moins périlleux que celui sur lequel lui-même s’est engagé.

A l’anarchiste révolutionnaire qui lui reproche de chercher tout de suite son bien-être au point de vue économique, l’illégaliste lui rétorque que lui, révolutionnaire, ne fait pas autre chose. Le révolutionnaire économique attend de la révolution une amélioration de sa situation économique personnelle, sinon il ne serait pas révolutionnaire ; la révolution lui donnera ce qu’il espérait ou ne le lui donnera pas, comme une opération illégale fournit ou ne fournit pas à celui qui l’exécute ce qu’il escomptait. C’est une question de date, tout simplement. Même, quand la question économique n’entre pas en jeu, on ne fait une révolution que parce que l’on s’attend personnellement à un bénéfice, à un avantage religieux, politique, intellectuel, éthique peut-être. Tout révolutionnaire est un égoïste.

Quant aux objections de ceux qui font un travail de leur goût, qui exercent une profession qui leur plaît, il suffira de leur opposer cette remarque que me fit personnellement Elisée Reclus un jour qu’à Bruxelles, je discutais la question avec lui : « Je fais un travail qui me plaît, je ne me reconnais pas le droit de porter un jugement sur ceux qui ne veulent pas faire un travail qui ne leur plaît pas. »
L’anarchiste dont l’illégalisme s’attaque à l’Etat – ou à des exploiteurs reconnus – n’a jamais indisposé « l’ouvrier » à l’égard de l’anarchisme. Je me trouvais à Amiens lors du procès Jacob qui s’en prit aux églises, aux châteaux, aux officiers coloniaux ; grâce aux intelligentes explications de l’hebdomadaire Germinal, les travailleurs amiénois se montrèrent très sympathiques à Jacob, récemment libéré du bagne, et aux idées de reprise individuelle. Même non anarchiste, l’illégal qui s’en prend à un banquier, à un gros usinier, à un manufacturier, à une trésorerie, etc., est sympathique aux exploités qui considèrent quelque peu comme des laquais ou des mouchards les salariés qui s’obstinent à défendre les écus ou le papier-monnaie de leur exploiteur, particulier ou Etat. Des centaines de fois, il m’a été donné de le constater.

Bien que je ne possède pas les statistiques voulues, la lecture des journaux révolutionnaires indique que le chiffre des emprisonnés ou des tués, à tort ou à raison, pour faits d’agitation révolutionnaire (dont la « propagande par le fait ») laisse loin derrière lui, le nombre des tués ou emprisonnés pour faits d’illégalisme. Dans ces condamnations, les théoriciens de l’anarchisme, du communisme, du socialisme révolutionnaire ou insurrectionnel ont une large part de responsabilité, car ils n’ont jamais entouré la propagande en faveur du geste révolutionnaire des réserves dont les « explicateurs » sérieux entourent le geste illégaliste.

Dans une société où le système de répression revêt le caractère d’une vindicte, d’une vengeance que poursuivent et exercent les souteneurs de l’ordre social sur et contre ceux qui les menacent dans la situation qu’ils occupent – ou poursuit l’abaissement systématique de la dignité individuelle – il est clair qu’à tout anarchiste « l’enfermé » inspirera plus de sympathie que celui qui le prive de sa liberté ou le maintient en prison. Sans compter que c’est souvent parmi ces « irréguliers », ces mis au ban des milieux fondés sur l’exploitation et l’oppression des producteurs, qu’on trouve un courage, un mépris de l’autorité brutale et de ses représentants, une force de résistance persévérante à un système de compression et d’abrutissement individuels qu’on chercherait en vain parmi les réguliers ou ceux qui s’en tiennent aux métiers tolérés par la police.

Nous nourrissons la conviction profonde que, dans une humanité ou un milieu social où les occasions d’utiliser les énergies individuelles se présenteraient au point de départ de toute évolution personnelle, où elles abonderaient le long de la route de la vie, où les plus irréguliers trouveraient faculté d’expériences multiples et aisance de mouvements, les caractères les plus indisciplinés, les mentalités les moins souples parviendraient à se développer pleinement, joyeusement, sans que ce soit au détriment de n’importe quel autre humain.

E. ARMAND

[Brenner, Autriche] Manif vénère contre les frontières (et leurs gardiens) – 3 avril 2016

"Welcome" is painted to the Austrian Border sign after protests in the village of Brenner on the Italian-Austrian border, Sunday, April 3, 2016. Austria's defense minister said his country will deploy soldiers at a key Alpine pass to stop migrants arriving from Italy. Hans Peter Doskozil told German daily Die Welt that the move anticipates a shift in migrant flows from the Turkey-Greece route to the central Mediterranean. In an interview published Saturday, the newspaper quotes Doskozil saying that the military can provide "considerable support to border security" at the Brenner pass. (AP Photo/Kerstin Joensson)Dimanche 3 avril, environ 1000 personnes se sont rassemblées pour manifester contre les contrôles aux frontières et les frontières à Brenner [1]. Après avoir décoré les passages à la frontière, près de 30 flics avec trois fourgons se sont mis en travers du chemin Nous avons tenté à plusieurs reprises de forcer les lignes policières, ce qui a cependant été empêché par la violence policière. Par vengeance, les flics ont mangé des pierres, des bouteilles et des feux d’artifice. Par ailleurs, la gare a pu être bloquée pendant près d’une heure. Nous nous solidarisons avec tous les réfugiés dans le monde et ferons s’écrouler l’Europe forteresse! D’autres actions sont d’ores et déjà en projet.

NO BORDER – NO NATION – STOP DEPORTATION !

[Traduit de l’allemand de linksunten]

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Un petit complément d’infos de la presse autrichienne:

La circulation des trains a été suspendue pendant une heure. Un groupe entre 30 et 50 personnes masquées ont attaqué les flics autrichiens, en en blessant légèrement trois. En tout, près de 15 personnes ont été blessées. Des véhicules des forces de l’ordre ont également été endommagés. Plusieurs personnes ont été arrêtées et identifiées, dont la majorité serait originaire d’Italie d’après les flics.

A la suite de l’accord entre l’UE et la Turquie et l’accélération des procédures d’expulsion de migrants, l’Etat autrichien a annoncé vouloir renforcer les infrastructures de sécurité (clôtures, containers, etc…), et mener des contrôles drastiques aux frontières à douze endroits différents: en mettant notamment le paquet sur les routes vers la Hongrie, la Slovénie et en l’occurence vers l’Italie.

NdT:

[1] Le col de Brenner est situé en plein coeur de la région paisible et conservatrice du Tyrol, à l’extrême-sud de la ville autrichienne d’Innsbrück, à la frontière avec l’Italie.

traduit par le Chat Noir Emeutier


 

publié sur informa azione

Nuit debout et manif sauvage, récit en photo d’un soir de lutte

 lu sur rebellyon..info

Après la manif contre la loi travail, des centaines de personnes se sont regroupées dans la Croix Rousse, d’abord place Colbert, puis sur l’esplanade. Un groupe est ensuite parti en manif sauvage dans les pentes avant de revenir festoyer en haut.
Récit en photo de la manif sauvage à l’occasion d’une nuit debout dans les pentes de la croix rousse

Comme on pouvait s’y attendre il y a du monde à la manifestation de l’après-midi. La tête de cortège nous a donné la pêche, tenir la police à distance, l’envie de s’arrêter à Bellecour n’étant pas là, rencard est pris à Colbert, 18h.

Besoin de reprendre des forces, on se pose on boit un coup. On discute de ce qui vient de se passer place Bellecour, avec un goût amer dans la bouche, l’envie de bouger se fait sentir. On commence à voir les keufs tourner autour de la place sous les huées de la foule. Finalement on bouge direction l’esplanade, le départ se fait dans la bonne humeur, chants, collages et tags sont au rendez vous.

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Sur l’esplanade de la grande côte, on se pose un peu, mais on ne voit pas vraiment comment réussir à prendre place, à faire en sorte que la journée ne s’arrête pas tout de suite. On galère un peu à discuter de ce qu’on veut faire ensemble. Pendant ce temps les murs sont redécorés. Çà traînes çà hésites, des caddies de bière commence à arriver, elles servent à soutenir des copains en taules. Une partie des personnes présentes n’a pas envie d’en rester là, l’envie d’arpenter les rues, de s’éprouver ensemble, se fait sentir, c’est reparti pour un tour.

Un cortège s’élance derrière une banderole « Nos nuits sont plus belles que vos jours » . Certains décident de rester pour tenir la place. On descend en zigzaguant dans les pentes, assez vite les sprays sont de sorties on laisse diverses traces de notre passage, ce qui permet aux retardataires de retrouver le cortège. On chante « la loi travail on s’en fou on veut pas de boulot du tout » « on est nombreux, on fait ce qu’on veut ». La flicaille se serait-elle vexée des ces chants outranciers ? En tout cas on croise un fourgon rue Burdeau, des pétards leurs sont lancés, mais le cortège semble hésitant on met trop de temps à se décider. Des armées de robocops nous attendent un peu partout. Le cortège explose certains montent d’autres descendent. La banderole s’engouffre alors vers le bas des pentes. Un des fragments du cortège éclaté finit sa course dans les vitres du commissariat rue des capucins. L’autre partie du cortège se fait chasser par la BAC, l’ordre de disperser tout ce petit monde a rapidement été exécuté. Un groupe se fait contrôler place des Terreaux. Il semblerait que deux personnes se soient faites arrêtées.

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De retour sur la place, on s’assure que tout le monde va bien. Assez vite on partage un sentiment d’impuissance, petit échec stratégique, on a envie de repenser ensemble ces moments. L’impression qu’à ce nombre et avec cette énergie on pourrait imaginer une manière de se tenir, de faire bloc.

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Une AG est en cours, beaucoup de monde est encore là à discuter, certains les rejoignent. On finit par quitter la place, on ne lâchera rien, il nous faut juste un peu de sommeil pour imaginer la suite.

Tract] Nous sommes contre le travail

 lu et recopié Brèves du désordre

Nous sommes contre le travail

Parce que nous sommes contre un système qui repose sur l’exploitation de tout et de tou-te-s.
Parce que les administrateurs de ce monde transforment l’ensemble du vivant en marchandises sur toute de la planète.
Parce que cette société n’a d’autres choix à nous proposer que la mise au travail, quelques miettes pour survivre ou l’enfermement pour les indésirables et les récalcitrant-e-s.
Parce que le travail c’est vendre son temps, ses énergies, son corps et son esprit à des patrons, à des chefs, à des machines.
Parce que le capitalisme et l’Etat prétendent avoir la main mise sur tous les aspects de notre vie et nous dépossèdent de plus en plus de toute autonomie et même de nos rêves de quelque chose de profondément autre.
Parce que ce système de production effrénée ne laisse pas d’en-dehors où chacun-e pourrait décider librement de ses activités.
Parce que Papa Etat ne garantit des droits qu’au prix de notre liberté ; c’est le même qui lâche ses chiens de garde dans la rue, crée et militarise les frontières et fait la guerre aux quatre coins du monde.
Parce que les restructurations (qu’ils appellent « crises ») signifient le durcissement de la misère, du cannibalisme social, des techniques et des technologies de contrôle.

Pour toutes ces raisons, et bien d’autres encore, nous sommes non seulement contre le travail mais surtout contre le monde qui en fait un pilier et un horizon indépassable.
Si nous ne voulons pas aménager la longueur de nos chaines mais bel et bien les détruire, il n’y a ni négociation ni dialogue possible avec le pouvoir quel qu’il soit.
Il s’agit donc de mener cette lutte au-delà des limites qu’essaient de nous imposer tous ceux qui ont intérêt à ce qu’elle étouffe dans les cadres existants (dont font partie les politiciens et les co-gestionnaires de tous ordres).
Au lieu de toujours suivre des agendas posés par d’autres la question est d’étendre la révolte en décidant nous-mêmes de ce contre quoi nous voulons l’exprimer, en imaginant mille et une manières pour bouleverser ce monde, en nous associant et en nous auto-organisant sans chefs ni hiérarchie, en prenant l’initiative, individuellement et collectivement et par l’action directe. Ainsi il devient possible d’affronter les puissants qui prétendent nous dicter leur loi, pour en finir avec la guerre permanente qu’ils nous livrent à coup d’autorité, de fric et de flics.
Les grands événements citoyens et médiatiques sont conçus pour réduire la révolte à une simple indignation démocratique et pour la faire rentrer dans les rangs de la politique et de la représentation. A l’inverse, s’attaquer directement à ce qui permet à ce système de fonctionner et de nous faire fonctionner ouvre à des possibilités d’arracher l’espace indispensable pour développer d’autres rapports.

Les blocages et les sabotages ne sont pas de simples mots d’ordre, mais des pratiques bien réelles ouvrant des chemins pour sortir de la routine de l’exploitation et de la logique de consommation, y compris du spectacle de la contestation.
Car, tant que les métros transportent le bétail humain, tant que le courant électrique alimente les usines de mort et les laboratoires du contrôle, tant que l’argent continue à circuler, tant que les écrans continuent de diffuser la propagande, tant que les fibres et les antennes assurent notre dépendance, tant que les artères de la ville impriment leur rythme à nos corps et nos esprits, tant que …

… alors brisons le train-train quotidien !

[Tract distribué à Paris lors de la manifestation du 5 avril.
Indy Nantes, mercredi 6 avril 2016]

Aide la police, tape toi dessus!!

note du 7/4/16 valence : affiche  dédiée aux  bureaucrates  qui prévoient de nous imposer  un service d’ordre à la manif du 9 avril afin de conduire le troupeau  jusqu’à l’arrivée au kiosque Peynet pour le début du rendez vous citoyens de la » nuit debout »

12e arrondissement | BAC | violences policières
Des brigades de police à moto ont été aperçues rue de Reuilly au moment de la répression de la
manifestation lycéenne du 5 avril. C’est le retour des « voltigeurs » de triste mémoire…

Vers midi hier pendant la répression de la manifestation lycéenne, on a pu voir sur les côtés la
présence massive de membres de la bac. Rien de bien neuf nous direz vous. Sauf que cette fois
ci, on a vu des membres de la BAC chevauchant une moto. Un mec devant qui conduit la moto, un
mec derrière avec gazeuse et matraque.

En gros c’est le retour des « brigades motorisées », mises en place par Raymond Marcellin au
lendemain de Mai 68 et arrêtées après l’implication de ces mêmes « voltigeurs » dans la mort de

Malik Oussekine en 1986.

Hier, ils n’ont pas eu à attaquer les lycéens (les classiques CRS ont bien fait le travail), mais à Toulouse, les membres de la BAC sur moto s’en sont donnés à cœur joie. On peut lire un résumé dans cet article de Iaata :

Jeudi 31 mars 2016, Toulouse. Les manifestants contre la Loi Travail et les passants se font gazer abondamment, sur la place Saint Cyprien et autour. Les grenades pleuvent. Je suis les tambours de la batucada, on se retrouve à 40 bloqués entre deux murs de CRS, devant une école. Après négociations, ils nous relâchent par petits groupes de dix, sans contrôle, et sans broncher. On a à peine fait 50 mètres qu’on est de nouveau chargés par les flics. Les motos de la BAC nous traquent et nous matraquent sur tout le chemin des Allées Charles de Fitte à la rue Laganne, le long de la Prairie des Filtres. Brassards sur le bras, le motard de devant conduit, celui de derrière a la gazeuse dans une main, le doigt sur la détente, et la matraque dans l’autre. Ils nous pourchassent pendant une demi-heure en donnant des coups d’accélérateurs et en frappant les gens sur la tête, le dos, avec leur matraque. Ils s’acharnent sur les gens seuls, malgré les cris, et parviennent à casser des instruments de la batucada en donnant de gros coups de matraque. Nous avons dû nous réfugier dans une cage d’escalier, essoufflés, traumatisés, séparés, et pour certains en sang.
Le 5 avril, à Toulouse
Il ne s’agit donc pas d’une stratégie spécifique à la région parisienne mais d’un choix politique de répression.
Cette même gauche qui s’émouvait de la mort de Malik Oussekine à grand renfort de larmes de crocodiles est en train de remettre à l’œuvre les factions les plus sinistres du maintien de l’ordre français.

Comme toutes les troupes de choc, la BAC recrute parmi les afficionados de la violence et les fachos. Comme les voltigeurs il y a 30 ans, ils restent les éléments les plus dangereux pour  les  manifestations .

Incendies solidaires

lu sur la cavale contre la prison et son monde

Mercredi soir, 30-03-2016. Au pied du mur de la prison de saint gilles, deux voitures ont été incendiées : une grosse voiture d’un parlementaire européen et une voiture de luxe d’un employé de l’OTAN.

Contre la militarisation de Bruxelles, pour la liberté.
Solidarité avec les anarchistes Monica et Francisco. »

Publié sur http://bxl.indymedia.org/spip.php?article10515&lang=fr, 1 avril 2016

Toulouse/Nantes/Rennes/Paris/Marseille : saccager et bloquer les flux du capital

brèves du désordre

(dépêche de journaflics ordinaires, 5 avril au soir)

Les manifestations contre le projet de loi Travail, moins importantes que les précédentes, ont de nouveau dégénéré mardi 5 avril, avec des violences à Paris et en province. Le ministère de l’éducation nationale avait par ailleurs recensé 34 lycées bloqués, contre quelque 170 jeudi, sur les 2 500 que compte la France. Un chiffre très éloigné de celui de l’Union nationale lycéenne (UNL), qui en a répertorié 150. Les chefs d’établissement n’ont fermé mardi aucun lycée par mesure de sécurité, contrairement à jeudi dernier.

Quelque 23.800 personnes ont manifesté dans toute la France, selon le ministère de l’Intérieur, moins que lors des précédentes journées de mobilisation organisées par les seuls mouvements de jeunesse : les 17 et 24 mars, les autorités avaient recensé respectivement 69.000 et 43.000 manifestants.

Au total, 177 personnes ont été interpellées en France, essentiellement pour « vérification d’identité », dont seulement « onze étaient en garde à vue » en fin d’après-midi à Paris, selon la police.


Levallois-Perret (Hauts-de-Seine) : crame lycée, crame !

Le blocus du lycée Léonard-de-Vinci dégénère
AFP, 05 Avril 2016, 09:35

Alors que les lycéens de l’établissement Léonard-de-Vinci à Levallois s’apprêtaient à bloquer leur lycée et à partir en manifestation, le feu a été mis aux poubelles qui en barraient l’accès. Vers 8 heures, les élèves avaient… Mais environ une heure plus tard, la situation a dérapé quand un feu a été allumé dans l’une des poubelles. Une fumée noire s’élevait jusqu’au dessus du bâtiment, rapporte le quotidien. 200 à 300 lycéens étaient présents sur place. Des jeunes se sont ensuite emparés de pierres et de divers objets pour caillasser la façade en verre, qui est marquée par une trentaine d’impacts. Le feu a été maitrisé et la foule dispersée aux alentours de 10h15, lorsque la police et les pompiers sont intervenus.

Blocage du lycée de Levallois : 150 000 € de dégâts

Le Parisien | 05 Avril 2016, 19h04 (extrait)

Une façade noircie par des feux de poubelles, des murs de verre criblés d’impacts de pierres : ce sont les stigmates du blocus du lycée Léonard-de-Vinci, ce mardi matin. Ce mercredi, l’établissement sera donc fermé. Et ce jusqu’à jeudi matin. Le conseil régional, qui évalue à 150 000 € le montant des dégâts, a décidé de porter plainte contre X.


Paris : charges policières, balades sauvages puis manif nocturne

Une journée mouvementée
(un compte-rendu succinct, 06/04/16)

La manif lycéenne part de la place de la Nation à 11h, et s’engage finalement boulevard Diderot. Le bloc de tête est chargé à plusieurs reprises pour le séparer du reste de la manif. Une première fois, la flicaille échoue, et sa charge se retrouve prise en étau et caillassée des deux côtés. La seconde fois, à la hauteur de la caserne de Reuilly (12e), ils réussissent à constituer une nasse de 300 personnes après avoir explosé le bloc de la banderole et défoncé les manifestants tombés à terre. Il y a pas mal de blessés. Le NPA a aussi fait barrage pour qu’une partie des lycéens ne puissent venir délivrer les nassés.
Une bonne partie des manifestants de la nasse s’enfuit par les toits, et rejoindra une rue plus loin, notamment aidée par l’échelle d’ouvriers d’un chantier attenant, et 113 autres (les flics ont choisi des mecs) sont embarqués dans 2 bus et camionnettes au comico de l’Evangile (18e). Ils sortiront quelques heures plus tard après un contrôle d’identité.
Le reste du cortège finit sa route jusqu’à la place de la Bastille sous grosse escorte policière. A 14h démarre de cette place la manif « étudiants-travailleurs-lycéens » (sic) en direction de la place Denfert-Rochereau (14e). Comme d’habitude, le carré de tête officiel est vite dépassé par des inencartés, cette fois derrière une banderole « face à l’état policier, légitime défiance » dont le seul mérite est de changer des horreurs appello-stadesques (1) de type « Ici c’est Paris » & « Paris est magique » des précédentes manifs. Sur le parcours, les civils choppent plusieurs énervés, et se font parfois caillasser.

De la place Denfert où tout le monde est arrivé, 300 personnes repartent vers 16h devant le comico du 18e pour appuyer les nassés du matin, et d’autres prennent le RER B direction le Sénat pour rejoindre un rassemblement citoyenniste contre une loi sécuritaire en cours de vote. Sortis au métro Luxembourg, cela se transforme en manif sauvage dans le 6e arrondissement. Une petite heure plus tard, 40 personnes finissent en nasse rue de Condé à proximité du Sénat, et 22 sont embarquées vers le comico du 18e, où les précédents sont ressortis (sauf 3 en garde-à-vue). Le rassemblement atteint près de 300 personnes devant ce dernier, avec des indignés venus de place de la République (qui pousseront l’audace jusqu’à aller voter pour savoir s’il fallait ou non bloquer le bus de police avec les copain-e-s dedans !). Vers 19h30, ce rassemblement est terminé.
A 21h30, 400 autres personnes partent de la place de la République et se dirigent vers le commissariat du 5e (rue de la Montagne Ste Geneviève) pour réclamer la libération des personnes en garde-à-vue des manifs du matin (lycéenne) et de l’après-midi. A 22h, le boulevard St Germain est bloqué avec des barrières de chantier : « Pas de libération, pas de circulation !« . Après l’arrivée de flics, balade sauvage qui se conclut par une nasse sur le parvis de la cathédrale (40 personnes). Beaucoup de monde continue d’affluer autour du comico du 5e, le carrefour est bloqué.
Vers 1h du matin (mercredi), selon un site de contre-information : « Beaucoup de monde devant le comico. Le deuxième groupe à forcé le barrage policier. Beaucoup de bruit, ça tape sur les poubelles aux cris de « Libérez nos camarades ». La BAC commence à prendre position autour du rassemblement. Des barricades de barrières et de palettes sur tout le boulevard. Il y a 2 lignes de CRS devant les barricades. »

Ce fut donc une journée où le pouvoir a adapté sa tactique à la donne posée lors de la précédente manif du 31 mars, ponctuée d’affrontements avec la police et de casse : d’un côté il a prolongé l’autorisation donnée aux gentils citoyennistes indignés d’occuper l’immonde place policière de la République, pour les aider à recomposer les détritus de gôche ; d’un autre il a rudement chargé et interpellé les manifestants qui contestaient son monopole de la violence, et dégagé fissa nombre de blocus de lycées avec la BAC.
Peut-être que le temps des blocs de stade prévisibles contre la police est enfin terminé, et qu’arrive celui de la multiplication impromptue de manifs sauvages qui ouvrent l’espace à tous pour bloquer et détruire tout ce qui nous détruit. S’enfermer dans une occupation (de place ou de bâtiment) serait alors l’inverse d’une mobilité faisant de la capitale un grand terrain de jeu, comme cela s’est encore notamment passé à Nantes ce mardi 5 avril… Et sans même parler des possibilités de blocages, comme à Rennes ou à Marseille, à plusieurs ou à quelques-uns…

1. Certainement illustratives du fantasme post-karnavalesque des communistes autoritaires cathodiques, d’enfin réussir à « articuler travail de masse et travail d’avant-garde, de créer une unité politique entre la jeunesse et les travailleurs » (Lundimatin, Naissance de notre force, 4 avril 2016).

Et la nuit…

Nuit debout : des tensions boulevard Saint-Germain aboutissent à une manifestation nocturne
Le Monde | 06.04.2016 à 08h41

Ce fut une manifestation d’un peu plus de 200 personnes, hurlant, tantôt à voix nue, tantôt au mégaphone, « Etat d’urgence, état policier ! », « Police partout, justice nulle part ! » ou encore « Paris, soulève-toi ! ». A première vue, rien d’inédit dans la capitale ; sauf que le défilé a relié le boulevard Saint-Germain à la place de la République, en passant par Notre-Dame… entre 3 heures et 4 heures du matin.

Plusieurs petits groupes ont pris le chemin du Quartier latin, pour se rassembler devant le commissariat. Voyant que la situation ne se débloquait pas, certains ont eu l’idée d’ériger des barricades avec tout ce qu’ils trouvaient, bloquant totalement la circulation sur le boulevard avec des tôles vertes et grises de chantier.

Il n’a pas fallu longtemps pour que des dizaines de CRS, casqués, bouclier en main, soient déployés. Il s’ensuivit un moment très chaotique, les manifestants courant vers le quai de Montebello, certains pris en tenaille par les policiers de chaque côté du pont au Double, d’autres repoussés sur le boulevard, et bientôt encerclés par des CRS, le tout, selon les manifestants, avec force gaz lacrymogènes. Une grosse cinquantaine de manifestants, la plupart ayant moins de 25 ans, sont restés entourés deux heures par plus d’une centaine de policiers très tendus.

Une longue négociation entre une représentante des forces de l’ordre et un représentant des manifestants a finalement permis une sortie de crise dans le calme. Les partisans de Nuit debout ont tenu à repartir tous ensemble jusqu’à la République – une décision votée à main levée. La police, craignant qu’ils n’en profitent pour occuper une autre rue du quartier, a fait le choix de les escorter jusqu’à la place. C’est ainsi que les policiers ont ouvert la voie, dans les rues de Paris, au cortège de jeunes manifestants galvanisés rejoints par nombre de leurs camarades, bloquant les automobilistes pour les laisser passer, comme ils l’auraient fait pour n’importe quelle manifestation. Mais… au beau milieu de la nuit. Sous le regard ahuri des riverains à leur fenêtre, se demandant s’ils sont en plein rêve…

Les voilà de retour, triomphant place de la République, accueillis par des vivats. Il est 4 h 30. S’emparant du mégaphone, une jeune femme félicite la petite assemblée d’avoir réussi à démêler la situation tendue du soir sans violence. « Il faut réfléchir à d’autres actions non violentes pour les prochains jours. En AG, à 17 heures ? », propose-t-elle. « Non, discutons-en maintenant ! », lance un autre. « Hé ! Mais vous n’arrêtez jamais ? », s’amuse un troisième.

Comme d’autres au même moment, Manu, 29 ans, jette un œil à sa montre, et pousse un léger soupir : « Je ne serai pas couché avant 5 heures ; lever 7 h 15, je vais dormir deux heures… » Il est instituteur en maternelle. Mais peu lui importe d’être fatigué : « Je vais aller travailler avec la pêche, c’était hyper enthousiasmant ce soir ! » Eriger des barricades sur le boulevard Saint-Germain, « c’est un symbole fort », dit-il, grisé. « Mai 68 a commencé après la nuit des barricades ! » Certains que cette action marquera un temps fort pour le mouvement, il sera de retour place de la République dès sa classe terminée, pour la nouvelle assemblée générale.


Nantes : saccages en règle et blocage de gare

Manif contre la loi Travail : saccages dans le centre ville de Nantes

France Bleu Loire Océan, mardi 5 avril 2016 à 20:13

La manifestation contre la loi Travail a de nouveau dégénéré à Nantes ce mardi. Au moins 1.600 personnes sont parties de la place du Bouffay vers 15h. Mais comme le 31 mars dernier, des casseurs ont infiltré le cortège. Les forces de l’ordre ont déjà fait usage de gaz lacrymogène pour les disperser. Treize personnes ont été interpellées. Et les dégâts au centre ville sont impressionnants. Les casseurs sont dispersés un peu partout au centre ville et ont saccagé plusieurs vitrines, banques et magasins de la ville.

Les banques attaquées et le siège du PS pris pour cible

Les banques du cour des 50 Otages sont prises pour cible par les casseurs, toutes les banques de cette avenue, sans exception. Au siège du Parti socialiste, cours de 50 Otages, le rideau a été attaqué à la meuleuse, puis la vitrine défoncée. Les commerces du centre ville ont été attaqués par les casseurs : le magasin Go Sport a eu sa vitrine brisée, « des magasins ont été pillés« , a dénoncé mardi soir la maire de la Ville Johanna Rolland depuis le Québec où elle est en déplacement. Des policiers sont positionnés rue Crébillon. Les casseurs se sont dispersés un peu partout au centre ville…

Les manifestants gare Sud

Les manifestants se sont dirigés vers la gare SNCF de Nantes, où des casseurs ont envahi les voies et le trafic ferroviaire a été complètement interrompu en fin d’après-midi pendant un eu mois d’une heure. L’électricité a été coupée dans la gare pour des raisons de sécurité. Le trafic a repris à 18h.


Rennes : tentative de pillage et blocage de la gare

Mobilisation à Rennes : 8 interpellations après une tentative de pillage d’un magasin

F3 Bretagne, 05/04/2016 | 19:22 (extrait)

Une fois de plus, les protestations contre la loi El Khomri ont dégénéré. La manifestation a été dispersée vers 17 h, place de Bretagne. Cependant, un groupe de 150 manifestants « radicaux et certains cagoulés », selon la préfecture, ont été repoussés vers le Mail François-Mitterrand. Certains d’entre eux ont tenté de piller le magasin Lidl. Les forces de l’ordre sont intervenues puis se sont fait caillasser. Les forces de l’ordre ont procédé à huit interpellations.

En début d’après-midi, les manifestants ont envahi les voies ferrées, ce qui a provoqué le blocage de 2 000 personnes dans une vingtaine de trains, en Bretagne. Depuis, les voies ferrées ont été dégagées. Le trafic a repris et reviendra à la normale progressivement. Les voies ferrées ont été endomagées et un caténaire a été cassé, provoquant une panne d’électricité temporaire sur le réseau. Les forces de l’ordre présentes tentent de disperser les manifestants et les ont divisés en deux groupes, rue de l’Alma, près de la prison des femmes.


Marseille : siège du PS et blocage d’autoroute

Un peut trouver un long compte-rendu détaillé de la manif sur Marseille Infos Autonomes : « 5 avril, récit d’une belle journée de manifestation sauvage« .

Marseille : Nouveau défilé contre le projet de loi travail
AFP, 05.04.2016 à 14:11 (extrait)

Des dérapages

Après l’arrivée du cortège à la préfecture, un groupe d’une centaine de personnes s’est déplacé en direction du siège de la fédération du Parti socialiste des Bouches-du-Rhône, tout proche. Ils ont dessiné sur la façade du bâtiment des formules comme « socioterroristes », « Nik l’Etat » et dessiné le logo anarchiste « A », renversant des bennes à ordure et lançant des œufs.

Certains manifestants se sont ensuite dirigés vers l’autoroute A7 à hauteur de la gare Saint Charles qu’ils ont bloquée dans les deux sens, en début d’après-midi.


Toulouse : blocage de la gare et manif sauvage

Côté Toiulouse, 05/04/2016 à 15:29 (extrait)

17:49 Les forces de l’ordre bloquent l’accès au centre-ville de Toulouse

Les manifestants sont arrivés à Arnaud Bernard, leur lieu de dispersion.
Les forces de l’ordre bloquent maintenant l’accès au centre-ville de Toulouse.

18:27 La manifestation devient sauvage et les manifestants investissent la gare Matabiau
Après une manifestation qui s’est déroulée dans le calme entre François Verdier et la place Arnaud Bernard, la mobilisation contre la loi Travail a pris une tournure sauvage à Toulouse.
Les manifestants sont partis sur le boulevard Honoré Serres avant d’investir les Chalets, le boulevard Matabiau sur les abords du Canal du Midi puis la gare Matabiau. Tous se sont ensuite rapidement dispersés. Au moins deux personnes auraient été interpellées d’après nos informations sur place.

18:58 Retour au calme dans le centre-ville de Toulouse et début de la « Nuit Debout », place du Capitole

Après une séquence agitée dès la fin de la manifestation contre la loi Travail dans le centre-ville de Toulouse, entre la place Arnaud Bernard et la gare Matabiau, le calme semble revenu.
Les manifestants se sont rapidement dispersés après avoir bloqué la circulation sur le boulevard Matabiau et investi la gare, renversant les poubelles qui se trouvaient sur leur passage.

Grenoble: le 4 avril: un après midi ordinaire dans la cuvette( mise à jour)

Grenoble :un après midi ordinaire la tête dans la cuvette

note complémentaire:cette page a été réalisée après  notre passage au tribunal  correctionnel lors du procès des huit. Le choix du texte indymedia  fait suite ce que j’ai entendu à la porte de la salle d’audience.. Les personnes ont pris l’habitude de défendre,   de discuter avec les polices  Est ce que  Le texte   témoignage d’un policier …, c’est un canular ou une opération psychologique ???

la citation de charles Bbukowski  a sa place après avoir entendu  les déclarations des jeunes inculpés qui regrettaient leur consommation excessive d’alcool (  celle -ci peut être insufflé par leur avocats d’office)

« Quand un homme s’angoisse pour son loyer, les traites de sa voiture, le réveille-matin, l’éducation du gosse, un dîner à dix dollars avec sa petite amie, l’opinion du voisin, le prestige du drapeau ou les malheurs de Brenda Starr, une pilule de LSD a toutes les chances de le rendre fou parce qu’il est déjà fou en un sens, écrabouillé par les interdits sociaux et rendu inapte à toute réflexion personnelle. » Charles Bukowski »

le dauphiné libéréle 4/4/20h58
GRENOBLE Incidents après la manifestation : prison avec sursis

Le tribunal correctionnel de Grenoble a jugé, en comparution immédiate, huit personnes prévenues d’avoir commis des violences sur les forces de l’ordre et, pour certaines d’entre elles, d’avoir participé, le visage dissimulé, à un rassemblement illégal, le 31 mars, en marge de la manifestation contre la loi Travail.

Les huit ont été condamnés à des peines de quatre à huit mois d’emprisonnement avec sursis, assortis d’une obligation d’effectuer 170 heures de travaux d’intérêt général.

Tous ont été condamnés à verser plusieurs centaines d’euros aux policiers victimes des violences, au titre de préjudice moral. Tous ont été laissés libres.


 

indymedia grenoble le 5/04

témoignage d’un policier présent à Grenoble le 31/03

dimanche 3 avril 2016 par les amies de Gideon

Nous faisons paraître ici un mail reçu ce jour, samedi 2 avril. Un policier se livre pour soutenir le mouvement et tenter de rétablir quelques vérités sur la fonction de la police, la bêtise qui s’installe dans son corps de métier depuis ces dernières années et la violence qu’il côtoie au quotidien.

De nombreux débats émanent autour de cette grande manifestation ce flic mérite toute notre attention, loin d’espérer que lui ou ses collègues ne désertent leur fonction il propose un nouvel éclairage sur la situation.

Voici le contenu de nos échange mis légèrement en forme, c’est pas non plus une flèche niveau syntaxe :

« Bonjour, ce qui suit vous semblera certainement étonnant mais je vous contacte aujourd’hui pour faire sortir un malaise que je ne peux ni garder pour moi, ni partager autour de moi. Il s’agit ici de revenir sur la manifestation du 31.

Il se dégage, dans le mouvement contre la loi travail en train de prendre, une forme d’affirmation qui dépasse de loin se qui se déploie autour de moi comme perspective de joie, dans le sens où je sais maintenant que je me suis trompé, que je ne veux plus servir ni le maintien de l’ordre ni aucun drapeau. Mon uniforme me provoque de l’urticaire et ma matraque frappe avec la seule force de mon dépit. Comment servir un pays qui bafoue les valeurs dans lesquelles je me reconnaissais ? Une république post-coloniale raciste et menteuse qui ne maintient ses citoyens qu’à grand coup de propagande et répression ? Qui ose encore appeler démocratie ce régime de gouvernance basée sur le contrôle maximum de sa population et proposant comme unique horizon l’idée d’un peuple docile et policé ?

Jeudi à Grenoble j’ai cru perdre pied lorsqu’une boule de pétanque m’est passée très proche du casque. Je me suis vraiment posé la question comme je ne me la suis jamais posée avant : pourquoi ? Quel est mon rôle et qu’est ce qui pousse une jeunesse à vouloir en découdre aussi violemment ? Lorsque je tente de répondre à cette question c’est une sorte de joie ineffable qui ne désempli plus au sein d’un moi retrouvé : il me faut déserter.

Empêcher la casse c’est notre mot d’ordre à nous, on est là pour couper à la racine tout dépassement de ce que la forme manifestation classique ne peut contenir, car c’est déjà une forme de maintien de l’ordre une manif, c’est pas pour rien que la cgt et les préfet s’organise, on appelle aussi ça le spectacle de la contestation. Alors évidemment dans un cadre aussi contenu rien ne risque d’effleurer la réalité ou changer vraiment grand-chose, je le sais car on nous l’a apprit. La moindre sortie des clous est jugée comme une atteinte à l’intégrité de l’état et est reprochable pénalement. Le plus risible c’est que c’est accepté de tous et que les français s’en accommodent bien, ils préfèrent se mettre des œillères sur les yeux que de risquer de perdre le confort bourgeois qu’ils ont mérité après des années de servitudes, le tout pour mourir d’un cancer une fois la retraite atteinte. De cette perspective là je n’en puis plus, être le bras sclérosé et injustement armé de l’état n’anime plus l’enfant qui rêvait que la paix passait par la police.

Pour revenir sur la casse qui s’est produit dans cette manif, il est évident qu’elle provient d’un groupe qui fait communauté spontanément pour marquer un geste fort contre l’état qui opprime mais aussi contre une époque où le rêve de vivre mieux passe par l’argent et non plus par l’envie.

Pas besoin de faire un dessin pour prouver que même dans un monde globalisé, l’argent ne sera jamais un vecteur de bien-être réparti équitablement. Alors je me pose la question, qu’est ce qui tend plus que l’argent à rendre égayées nos existences. Certainement pas péter des trucs dans une manif, c’est évident. Mais après ce constat ,peut être que s’attaquer aux banques et, je suis navré de devoir l’admettre, à la police, est nécessaire pour débrider la situation et permettre de trouver dans le chaos la justesse du déploiements de forces collectives et la puissance nécessaire pour mettre à bas un système qui se meurt dessus et dont la répression n’est qu’une réaction auto-immune insoluble. Si l’état confiait plus de pouvoir au peuple voila bien longtemps qu’il n’y aurait plus d’état. Si le pouvoir confiait plus les moyens de sa subsistance au peuple voilà longtemps que la question du travail aurait était bien plus approfondit et que de salariat ou même d’emploi nous n’entendrions plus parler.

A l’heure d’aujourd’hui j’ai tabassé à sang nombres de manifestants, jeunes et autres déviants c’est monnaie courante et le système nous y incite car derrière on palpe des jour de congés et des indemnités payées par nos victimes, il suffit de dire qu’il y a outrage et rébellion ensuite on ne peut plus rien contre nous vu qu’on est assermenté. J’ai envoyé pas mal de types en taule aussi, c’est le taff, faut faire du chiffre, alors ya des trucs pratiques comme le shit. Dans plein de pays européens c’est toléré mais ici c’est notre baguette magique, tout le monde fume, alors ça permet de contrôler qui on veut et de clore des affaires rapidement. Souvent je rêve que je fume un joint en ville et que je part en taule pour 6 mois parce que je suis en récidive, ça me réveille la nuit et je pense à tout ces types que j’ai éclaté ou à qui j’ai pourri la vie pour des histoire sordide. Je comprend que des formes de violences se mêlent au manifs pour nous rendre la monnaie de notre pièce.

Certains disent que les manifs sont infiltrées par des casseurs, mais je pense surtout que c’est l’expression de la détermination d’une jeunesse qui en a marre des humiliations et qui tente de l’exprimer à la hauteur de ce qu’ils éprouvent contre la machine. Celle qui nous individualise et n’offre de commun que des fêtes sordides ou des participations citoyennes abscons.

Ceux qui pensent que des flics ou des fascistes intègre les manifs pour les faire dégénérer auront put voire que chaque attaques portées dans cette manif était joint d’un message, bref soit-il. Il semble donc que le choix des cibles a été penser pour être comprit. Qui ne méprise pas le pouvoir qu’ont les banques aujourd’hui ? Comment tolérer la présence de magasin en centre ville qui dans son arrière boutique dissimule une salle de réunion pour des groupes néo-nazi et organise depuis longtemps des réunions et débats entre identitaires. Défendre ce type d’étale est une insulte, depuis des années elle se fait péter et j’espère que cela dure jusqu’à fermeture, que les fachos n’aient plus pignon sur rue.

Si la manif fut marquée de quelques coups d’éclat qui montèrent un peu le ton comme la mise en fuite de collègues infiltrés justement, à coup d’œufs de peinture et de poursuites déterminées, elle brilla également dans la manière de se protéger et d’éviter les arrestations pendant tout le parcourt. Les différents cortèges, syndicaux, autonomes et lycéens surent se serrer les coudes lorsqu’un escouade de crs tenta de la diviser diviser pour isoler le bloc le plus préparé à la riposte collective du reste de la manif. Un fort sentiment de force se dégageait et les clowns étaient là pour finir de décrédibiliser les fauteur de troubles en uniforme prit dans cet étaux. Cette solidarité concrète permit de continuer la marche jusqu’au parc Paul Mistral. En effet quelques dizaines de fumigènes plus loin c’est dans un panache de fumé que le cortège se retrouve à l’anneau de vitesse, stands et prises de paroles. C’est la fin de la trêve hivernale et beaucoup se demande quoi faire à la suite de la manif en lien avec ce contexte particulier. Le programme de l’après-midi est un peu vide jusqu’à la projection d’un film militant à 21h censé galvaniser la foule. Il semble que l’idée d’occupation traîne dans l’air mais une certaine apathie semble bloquer un peu la masse de manifestant qui commence déjà à s’amoindrir. Surtout depuis que la préfecture, suite à une demande ministérielle, a demandé l’évacuation de toute les places de occupées après 16h.La France ne souhaite pas que la colère prenne place et trouve des lieux d’organisation et d’offensive populaire. Alors ça bricole des petites barricades pour limiter l’avancer des troupes républicaines, l’ambiance est électrique mais le combat qui vient s’annonce perdu d’avance.

C’était sans compter sur la fougue que la manif du matin a donné aux ultimes résistants qui se transforment bientôt en un cortège dynamique poussé par les lacrymogènes et la bac en nombre jusque dans les rues du centre ville. Dans le parc et l’air vicié par les gazes, une dizaine d’arrestation à eut lieu. 8 finiront en préventive en attendant leur comparution cette semaine, lundi pour certains. On note quelques blessées. Le cortège spontané écrémé de ses drapeaux arpentera pendant plus de 4h les pavés du centre à vive allure en scandant « Grenoble, Grenoble, soulève-toi » et de voir que pas mal de gens rejoignent cette petite sauterie peu inquiétés par la bac qui la suit de loin consciente qu’elle a suffisamment échauffé les esprits pour recevoir un bon retour de bâton si elle pousse le bouchon, elle gaze et tape pourtant sur la place notre dame où le cortège a fait une halte avant de repartir de plus belle. On voit des banque attaquées au marteau par des jeunes filles démasquée oubliant quelques bases de sécurité prisent dans l’intensité du moment. La rue s’étoffe de barricades rapidement constituées de poubelles pour freiner l’avancée des fonctionnaires de la force public. Par la suite, porté par la colère de savoir des camarades injustement arêtées plus tôt, le groupe de quelques centaines d’individus se dirige jusqu’au commissariat centrale sans oublier de bloquer certains carrefours névralgiques.

Devant le commissariat c’est plusieurs camions de gendarmes et policiers qui se mettent en ordre de bataille. La foule, forte de 4h d’impunité, se lance à l’assaut mais les gazes lancés la contraignent à prendre une petite ruelle qui s’avérera être un guet-apens que la bac fermera. Après de nombreux coups de matraques et autres grenades la nasse sera totalement verrouillée, fouillée, puis libérée. Pas mal de blessures, certainement l’amère impression de s’être jeté dans la gueule du loup mais aussi la grande satisfaction de n’avoir pas était les moutons que les journée de grèves habituelles invitent à demeurer. Le lendemain, devant la préfecture où je suis en poste pour encadrer le rassemblement de soutien pour les arrêtés et les blessés je me fait la remarque que si le dispositif policier déployé ce-jour est démesuré ( canons à eaux, flics en civil, renfort de bac, crs et gm d’ailleurs, physionomistes)pour 300 personnes c’est peut être que cette journée du 31 à ébranlé le pouvoir de manière surprenante et sûrement irréversible. Combien de fonctionnaires et de lacrymogènes, de matraques et de garde-à-vue faut-il pour contenir une rage qui tente de s’organiser, de déborder ?

Je serai à côté de mes collègues pour les prochaines manifestations appelées le 5 et 9 avril, j’assumerai être la cible de la vindicte populaire qui semble désormais inévitable mais n’hésiterai pas à faire quelques croche-pieds à mes collègues lors de ces rendez-vous.

Salutation, Gideon.

Ps : je cherche un plan vendange. »