Grenoble: le 4 avril: un après midi ordinaire dans la cuvette( mise à jour)

Grenoble :un après midi ordinaire la tête dans la cuvette

note complémentaire:cette page a été réalisée après  notre passage au tribunal  correctionnel lors du procès des huit. Le choix du texte indymedia  fait suite ce que j’ai entendu à la porte de la salle d’audience.. Les personnes ont pris l’habitude de défendre,   de discuter avec les polices  Est ce que  Le texte   témoignage d’un policier …, c’est un canular ou une opération psychologique ???

la citation de charles Bbukowski  a sa place après avoir entendu  les déclarations des jeunes inculpés qui regrettaient leur consommation excessive d’alcool (  celle -ci peut être insufflé par leur avocats d’office)

« Quand un homme s’angoisse pour son loyer, les traites de sa voiture, le réveille-matin, l’éducation du gosse, un dîner à dix dollars avec sa petite amie, l’opinion du voisin, le prestige du drapeau ou les malheurs de Brenda Starr, une pilule de LSD a toutes les chances de le rendre fou parce qu’il est déjà fou en un sens, écrabouillé par les interdits sociaux et rendu inapte à toute réflexion personnelle. » Charles Bukowski »

le dauphiné libéréle 4/4/20h58
GRENOBLE Incidents après la manifestation : prison avec sursis

Le tribunal correctionnel de Grenoble a jugé, en comparution immédiate, huit personnes prévenues d’avoir commis des violences sur les forces de l’ordre et, pour certaines d’entre elles, d’avoir participé, le visage dissimulé, à un rassemblement illégal, le 31 mars, en marge de la manifestation contre la loi Travail.

Les huit ont été condamnés à des peines de quatre à huit mois d’emprisonnement avec sursis, assortis d’une obligation d’effectuer 170 heures de travaux d’intérêt général.

Tous ont été condamnés à verser plusieurs centaines d’euros aux policiers victimes des violences, au titre de préjudice moral. Tous ont été laissés libres.


 

indymedia grenoble le 5/04

témoignage d’un policier présent à Grenoble le 31/03

dimanche 3 avril 2016 par les amies de Gideon

Nous faisons paraître ici un mail reçu ce jour, samedi 2 avril. Un policier se livre pour soutenir le mouvement et tenter de rétablir quelques vérités sur la fonction de la police, la bêtise qui s’installe dans son corps de métier depuis ces dernières années et la violence qu’il côtoie au quotidien.

De nombreux débats émanent autour de cette grande manifestation ce flic mérite toute notre attention, loin d’espérer que lui ou ses collègues ne désertent leur fonction il propose un nouvel éclairage sur la situation.

Voici le contenu de nos échange mis légèrement en forme, c’est pas non plus une flèche niveau syntaxe :

« Bonjour, ce qui suit vous semblera certainement étonnant mais je vous contacte aujourd’hui pour faire sortir un malaise que je ne peux ni garder pour moi, ni partager autour de moi. Il s’agit ici de revenir sur la manifestation du 31.

Il se dégage, dans le mouvement contre la loi travail en train de prendre, une forme d’affirmation qui dépasse de loin se qui se déploie autour de moi comme perspective de joie, dans le sens où je sais maintenant que je me suis trompé, que je ne veux plus servir ni le maintien de l’ordre ni aucun drapeau. Mon uniforme me provoque de l’urticaire et ma matraque frappe avec la seule force de mon dépit. Comment servir un pays qui bafoue les valeurs dans lesquelles je me reconnaissais ? Une république post-coloniale raciste et menteuse qui ne maintient ses citoyens qu’à grand coup de propagande et répression ? Qui ose encore appeler démocratie ce régime de gouvernance basée sur le contrôle maximum de sa population et proposant comme unique horizon l’idée d’un peuple docile et policé ?

Jeudi à Grenoble j’ai cru perdre pied lorsqu’une boule de pétanque m’est passée très proche du casque. Je me suis vraiment posé la question comme je ne me la suis jamais posée avant : pourquoi ? Quel est mon rôle et qu’est ce qui pousse une jeunesse à vouloir en découdre aussi violemment ? Lorsque je tente de répondre à cette question c’est une sorte de joie ineffable qui ne désempli plus au sein d’un moi retrouvé : il me faut déserter.

Empêcher la casse c’est notre mot d’ordre à nous, on est là pour couper à la racine tout dépassement de ce que la forme manifestation classique ne peut contenir, car c’est déjà une forme de maintien de l’ordre une manif, c’est pas pour rien que la cgt et les préfet s’organise, on appelle aussi ça le spectacle de la contestation. Alors évidemment dans un cadre aussi contenu rien ne risque d’effleurer la réalité ou changer vraiment grand-chose, je le sais car on nous l’a apprit. La moindre sortie des clous est jugée comme une atteinte à l’intégrité de l’état et est reprochable pénalement. Le plus risible c’est que c’est accepté de tous et que les français s’en accommodent bien, ils préfèrent se mettre des œillères sur les yeux que de risquer de perdre le confort bourgeois qu’ils ont mérité après des années de servitudes, le tout pour mourir d’un cancer une fois la retraite atteinte. De cette perspective là je n’en puis plus, être le bras sclérosé et injustement armé de l’état n’anime plus l’enfant qui rêvait que la paix passait par la police.

Pour revenir sur la casse qui s’est produit dans cette manif, il est évident qu’elle provient d’un groupe qui fait communauté spontanément pour marquer un geste fort contre l’état qui opprime mais aussi contre une époque où le rêve de vivre mieux passe par l’argent et non plus par l’envie.

Pas besoin de faire un dessin pour prouver que même dans un monde globalisé, l’argent ne sera jamais un vecteur de bien-être réparti équitablement. Alors je me pose la question, qu’est ce qui tend plus que l’argent à rendre égayées nos existences. Certainement pas péter des trucs dans une manif, c’est évident. Mais après ce constat ,peut être que s’attaquer aux banques et, je suis navré de devoir l’admettre, à la police, est nécessaire pour débrider la situation et permettre de trouver dans le chaos la justesse du déploiements de forces collectives et la puissance nécessaire pour mettre à bas un système qui se meurt dessus et dont la répression n’est qu’une réaction auto-immune insoluble. Si l’état confiait plus de pouvoir au peuple voila bien longtemps qu’il n’y aurait plus d’état. Si le pouvoir confiait plus les moyens de sa subsistance au peuple voilà longtemps que la question du travail aurait était bien plus approfondit et que de salariat ou même d’emploi nous n’entendrions plus parler.

A l’heure d’aujourd’hui j’ai tabassé à sang nombres de manifestants, jeunes et autres déviants c’est monnaie courante et le système nous y incite car derrière on palpe des jour de congés et des indemnités payées par nos victimes, il suffit de dire qu’il y a outrage et rébellion ensuite on ne peut plus rien contre nous vu qu’on est assermenté. J’ai envoyé pas mal de types en taule aussi, c’est le taff, faut faire du chiffre, alors ya des trucs pratiques comme le shit. Dans plein de pays européens c’est toléré mais ici c’est notre baguette magique, tout le monde fume, alors ça permet de contrôler qui on veut et de clore des affaires rapidement. Souvent je rêve que je fume un joint en ville et que je part en taule pour 6 mois parce que je suis en récidive, ça me réveille la nuit et je pense à tout ces types que j’ai éclaté ou à qui j’ai pourri la vie pour des histoire sordide. Je comprend que des formes de violences se mêlent au manifs pour nous rendre la monnaie de notre pièce.

Certains disent que les manifs sont infiltrées par des casseurs, mais je pense surtout que c’est l’expression de la détermination d’une jeunesse qui en a marre des humiliations et qui tente de l’exprimer à la hauteur de ce qu’ils éprouvent contre la machine. Celle qui nous individualise et n’offre de commun que des fêtes sordides ou des participations citoyennes abscons.

Ceux qui pensent que des flics ou des fascistes intègre les manifs pour les faire dégénérer auront put voire que chaque attaques portées dans cette manif était joint d’un message, bref soit-il. Il semble donc que le choix des cibles a été penser pour être comprit. Qui ne méprise pas le pouvoir qu’ont les banques aujourd’hui ? Comment tolérer la présence de magasin en centre ville qui dans son arrière boutique dissimule une salle de réunion pour des groupes néo-nazi et organise depuis longtemps des réunions et débats entre identitaires. Défendre ce type d’étale est une insulte, depuis des années elle se fait péter et j’espère que cela dure jusqu’à fermeture, que les fachos n’aient plus pignon sur rue.

Si la manif fut marquée de quelques coups d’éclat qui montèrent un peu le ton comme la mise en fuite de collègues infiltrés justement, à coup d’œufs de peinture et de poursuites déterminées, elle brilla également dans la manière de se protéger et d’éviter les arrestations pendant tout le parcourt. Les différents cortèges, syndicaux, autonomes et lycéens surent se serrer les coudes lorsqu’un escouade de crs tenta de la diviser diviser pour isoler le bloc le plus préparé à la riposte collective du reste de la manif. Un fort sentiment de force se dégageait et les clowns étaient là pour finir de décrédibiliser les fauteur de troubles en uniforme prit dans cet étaux. Cette solidarité concrète permit de continuer la marche jusqu’au parc Paul Mistral. En effet quelques dizaines de fumigènes plus loin c’est dans un panache de fumé que le cortège se retrouve à l’anneau de vitesse, stands et prises de paroles. C’est la fin de la trêve hivernale et beaucoup se demande quoi faire à la suite de la manif en lien avec ce contexte particulier. Le programme de l’après-midi est un peu vide jusqu’à la projection d’un film militant à 21h censé galvaniser la foule. Il semble que l’idée d’occupation traîne dans l’air mais une certaine apathie semble bloquer un peu la masse de manifestant qui commence déjà à s’amoindrir. Surtout depuis que la préfecture, suite à une demande ministérielle, a demandé l’évacuation de toute les places de occupées après 16h.La France ne souhaite pas que la colère prenne place et trouve des lieux d’organisation et d’offensive populaire. Alors ça bricole des petites barricades pour limiter l’avancer des troupes républicaines, l’ambiance est électrique mais le combat qui vient s’annonce perdu d’avance.

C’était sans compter sur la fougue que la manif du matin a donné aux ultimes résistants qui se transforment bientôt en un cortège dynamique poussé par les lacrymogènes et la bac en nombre jusque dans les rues du centre ville. Dans le parc et l’air vicié par les gazes, une dizaine d’arrestation à eut lieu. 8 finiront en préventive en attendant leur comparution cette semaine, lundi pour certains. On note quelques blessées. Le cortège spontané écrémé de ses drapeaux arpentera pendant plus de 4h les pavés du centre à vive allure en scandant « Grenoble, Grenoble, soulève-toi » et de voir que pas mal de gens rejoignent cette petite sauterie peu inquiétés par la bac qui la suit de loin consciente qu’elle a suffisamment échauffé les esprits pour recevoir un bon retour de bâton si elle pousse le bouchon, elle gaze et tape pourtant sur la place notre dame où le cortège a fait une halte avant de repartir de plus belle. On voit des banque attaquées au marteau par des jeunes filles démasquée oubliant quelques bases de sécurité prisent dans l’intensité du moment. La rue s’étoffe de barricades rapidement constituées de poubelles pour freiner l’avancée des fonctionnaires de la force public. Par la suite, porté par la colère de savoir des camarades injustement arêtées plus tôt, le groupe de quelques centaines d’individus se dirige jusqu’au commissariat centrale sans oublier de bloquer certains carrefours névralgiques.

Devant le commissariat c’est plusieurs camions de gendarmes et policiers qui se mettent en ordre de bataille. La foule, forte de 4h d’impunité, se lance à l’assaut mais les gazes lancés la contraignent à prendre une petite ruelle qui s’avérera être un guet-apens que la bac fermera. Après de nombreux coups de matraques et autres grenades la nasse sera totalement verrouillée, fouillée, puis libérée. Pas mal de blessures, certainement l’amère impression de s’être jeté dans la gueule du loup mais aussi la grande satisfaction de n’avoir pas était les moutons que les journée de grèves habituelles invitent à demeurer. Le lendemain, devant la préfecture où je suis en poste pour encadrer le rassemblement de soutien pour les arrêtés et les blessés je me fait la remarque que si le dispositif policier déployé ce-jour est démesuré ( canons à eaux, flics en civil, renfort de bac, crs et gm d’ailleurs, physionomistes)pour 300 personnes c’est peut être que cette journée du 31 à ébranlé le pouvoir de manière surprenante et sûrement irréversible. Combien de fonctionnaires et de lacrymogènes, de matraques et de garde-à-vue faut-il pour contenir une rage qui tente de s’organiser, de déborder ?

Je serai à côté de mes collègues pour les prochaines manifestations appelées le 5 et 9 avril, j’assumerai être la cible de la vindicte populaire qui semble désormais inévitable mais n’hésiterai pas à faire quelques croche-pieds à mes collègues lors de ces rendez-vous.

Salutation, Gideon.

Ps : je cherche un plan vendange. »