Toulouse/Nantes/Rennes/Paris/Marseille : saccager et bloquer les flux du capital

brèves du désordre

(dépêche de journaflics ordinaires, 5 avril au soir)

Les manifestations contre le projet de loi Travail, moins importantes que les précédentes, ont de nouveau dégénéré mardi 5 avril, avec des violences à Paris et en province. Le ministère de l’éducation nationale avait par ailleurs recensé 34 lycées bloqués, contre quelque 170 jeudi, sur les 2 500 que compte la France. Un chiffre très éloigné de celui de l’Union nationale lycéenne (UNL), qui en a répertorié 150. Les chefs d’établissement n’ont fermé mardi aucun lycée par mesure de sécurité, contrairement à jeudi dernier.

Quelque 23.800 personnes ont manifesté dans toute la France, selon le ministère de l’Intérieur, moins que lors des précédentes journées de mobilisation organisées par les seuls mouvements de jeunesse : les 17 et 24 mars, les autorités avaient recensé respectivement 69.000 et 43.000 manifestants.

Au total, 177 personnes ont été interpellées en France, essentiellement pour « vérification d’identité », dont seulement « onze étaient en garde à vue » en fin d’après-midi à Paris, selon la police.


Levallois-Perret (Hauts-de-Seine) : crame lycée, crame !

Le blocus du lycée Léonard-de-Vinci dégénère
AFP, 05 Avril 2016, 09:35

Alors que les lycéens de l’établissement Léonard-de-Vinci à Levallois s’apprêtaient à bloquer leur lycée et à partir en manifestation, le feu a été mis aux poubelles qui en barraient l’accès. Vers 8 heures, les élèves avaient… Mais environ une heure plus tard, la situation a dérapé quand un feu a été allumé dans l’une des poubelles. Une fumée noire s’élevait jusqu’au dessus du bâtiment, rapporte le quotidien. 200 à 300 lycéens étaient présents sur place. Des jeunes se sont ensuite emparés de pierres et de divers objets pour caillasser la façade en verre, qui est marquée par une trentaine d’impacts. Le feu a été maitrisé et la foule dispersée aux alentours de 10h15, lorsque la police et les pompiers sont intervenus.

Blocage du lycée de Levallois : 150 000 € de dégâts

Le Parisien | 05 Avril 2016, 19h04 (extrait)

Une façade noircie par des feux de poubelles, des murs de verre criblés d’impacts de pierres : ce sont les stigmates du blocus du lycée Léonard-de-Vinci, ce mardi matin. Ce mercredi, l’établissement sera donc fermé. Et ce jusqu’à jeudi matin. Le conseil régional, qui évalue à 150 000 € le montant des dégâts, a décidé de porter plainte contre X.


Paris : charges policières, balades sauvages puis manif nocturne

Une journée mouvementée
(un compte-rendu succinct, 06/04/16)

La manif lycéenne part de la place de la Nation à 11h, et s’engage finalement boulevard Diderot. Le bloc de tête est chargé à plusieurs reprises pour le séparer du reste de la manif. Une première fois, la flicaille échoue, et sa charge se retrouve prise en étau et caillassée des deux côtés. La seconde fois, à la hauteur de la caserne de Reuilly (12e), ils réussissent à constituer une nasse de 300 personnes après avoir explosé le bloc de la banderole et défoncé les manifestants tombés à terre. Il y a pas mal de blessés. Le NPA a aussi fait barrage pour qu’une partie des lycéens ne puissent venir délivrer les nassés.
Une bonne partie des manifestants de la nasse s’enfuit par les toits, et rejoindra une rue plus loin, notamment aidée par l’échelle d’ouvriers d’un chantier attenant, et 113 autres (les flics ont choisi des mecs) sont embarqués dans 2 bus et camionnettes au comico de l’Evangile (18e). Ils sortiront quelques heures plus tard après un contrôle d’identité.
Le reste du cortège finit sa route jusqu’à la place de la Bastille sous grosse escorte policière. A 14h démarre de cette place la manif « étudiants-travailleurs-lycéens » (sic) en direction de la place Denfert-Rochereau (14e). Comme d’habitude, le carré de tête officiel est vite dépassé par des inencartés, cette fois derrière une banderole « face à l’état policier, légitime défiance » dont le seul mérite est de changer des horreurs appello-stadesques (1) de type « Ici c’est Paris » & « Paris est magique » des précédentes manifs. Sur le parcours, les civils choppent plusieurs énervés, et se font parfois caillasser.

De la place Denfert où tout le monde est arrivé, 300 personnes repartent vers 16h devant le comico du 18e pour appuyer les nassés du matin, et d’autres prennent le RER B direction le Sénat pour rejoindre un rassemblement citoyenniste contre une loi sécuritaire en cours de vote. Sortis au métro Luxembourg, cela se transforme en manif sauvage dans le 6e arrondissement. Une petite heure plus tard, 40 personnes finissent en nasse rue de Condé à proximité du Sénat, et 22 sont embarquées vers le comico du 18e, où les précédents sont ressortis (sauf 3 en garde-à-vue). Le rassemblement atteint près de 300 personnes devant ce dernier, avec des indignés venus de place de la République (qui pousseront l’audace jusqu’à aller voter pour savoir s’il fallait ou non bloquer le bus de police avec les copain-e-s dedans !). Vers 19h30, ce rassemblement est terminé.
A 21h30, 400 autres personnes partent de la place de la République et se dirigent vers le commissariat du 5e (rue de la Montagne Ste Geneviève) pour réclamer la libération des personnes en garde-à-vue des manifs du matin (lycéenne) et de l’après-midi. A 22h, le boulevard St Germain est bloqué avec des barrières de chantier : « Pas de libération, pas de circulation !« . Après l’arrivée de flics, balade sauvage qui se conclut par une nasse sur le parvis de la cathédrale (40 personnes). Beaucoup de monde continue d’affluer autour du comico du 5e, le carrefour est bloqué.
Vers 1h du matin (mercredi), selon un site de contre-information : « Beaucoup de monde devant le comico. Le deuxième groupe à forcé le barrage policier. Beaucoup de bruit, ça tape sur les poubelles aux cris de « Libérez nos camarades ». La BAC commence à prendre position autour du rassemblement. Des barricades de barrières et de palettes sur tout le boulevard. Il y a 2 lignes de CRS devant les barricades. »

Ce fut donc une journée où le pouvoir a adapté sa tactique à la donne posée lors de la précédente manif du 31 mars, ponctuée d’affrontements avec la police et de casse : d’un côté il a prolongé l’autorisation donnée aux gentils citoyennistes indignés d’occuper l’immonde place policière de la République, pour les aider à recomposer les détritus de gôche ; d’un autre il a rudement chargé et interpellé les manifestants qui contestaient son monopole de la violence, et dégagé fissa nombre de blocus de lycées avec la BAC.
Peut-être que le temps des blocs de stade prévisibles contre la police est enfin terminé, et qu’arrive celui de la multiplication impromptue de manifs sauvages qui ouvrent l’espace à tous pour bloquer et détruire tout ce qui nous détruit. S’enfermer dans une occupation (de place ou de bâtiment) serait alors l’inverse d’une mobilité faisant de la capitale un grand terrain de jeu, comme cela s’est encore notamment passé à Nantes ce mardi 5 avril… Et sans même parler des possibilités de blocages, comme à Rennes ou à Marseille, à plusieurs ou à quelques-uns…

1. Certainement illustratives du fantasme post-karnavalesque des communistes autoritaires cathodiques, d’enfin réussir à « articuler travail de masse et travail d’avant-garde, de créer une unité politique entre la jeunesse et les travailleurs » (Lundimatin, Naissance de notre force, 4 avril 2016).

Et la nuit…

Nuit debout : des tensions boulevard Saint-Germain aboutissent à une manifestation nocturne
Le Monde | 06.04.2016 à 08h41

Ce fut une manifestation d’un peu plus de 200 personnes, hurlant, tantôt à voix nue, tantôt au mégaphone, « Etat d’urgence, état policier ! », « Police partout, justice nulle part ! » ou encore « Paris, soulève-toi ! ». A première vue, rien d’inédit dans la capitale ; sauf que le défilé a relié le boulevard Saint-Germain à la place de la République, en passant par Notre-Dame… entre 3 heures et 4 heures du matin.

Plusieurs petits groupes ont pris le chemin du Quartier latin, pour se rassembler devant le commissariat. Voyant que la situation ne se débloquait pas, certains ont eu l’idée d’ériger des barricades avec tout ce qu’ils trouvaient, bloquant totalement la circulation sur le boulevard avec des tôles vertes et grises de chantier.

Il n’a pas fallu longtemps pour que des dizaines de CRS, casqués, bouclier en main, soient déployés. Il s’ensuivit un moment très chaotique, les manifestants courant vers le quai de Montebello, certains pris en tenaille par les policiers de chaque côté du pont au Double, d’autres repoussés sur le boulevard, et bientôt encerclés par des CRS, le tout, selon les manifestants, avec force gaz lacrymogènes. Une grosse cinquantaine de manifestants, la plupart ayant moins de 25 ans, sont restés entourés deux heures par plus d’une centaine de policiers très tendus.

Une longue négociation entre une représentante des forces de l’ordre et un représentant des manifestants a finalement permis une sortie de crise dans le calme. Les partisans de Nuit debout ont tenu à repartir tous ensemble jusqu’à la République – une décision votée à main levée. La police, craignant qu’ils n’en profitent pour occuper une autre rue du quartier, a fait le choix de les escorter jusqu’à la place. C’est ainsi que les policiers ont ouvert la voie, dans les rues de Paris, au cortège de jeunes manifestants galvanisés rejoints par nombre de leurs camarades, bloquant les automobilistes pour les laisser passer, comme ils l’auraient fait pour n’importe quelle manifestation. Mais… au beau milieu de la nuit. Sous le regard ahuri des riverains à leur fenêtre, se demandant s’ils sont en plein rêve…

Les voilà de retour, triomphant place de la République, accueillis par des vivats. Il est 4 h 30. S’emparant du mégaphone, une jeune femme félicite la petite assemblée d’avoir réussi à démêler la situation tendue du soir sans violence. « Il faut réfléchir à d’autres actions non violentes pour les prochains jours. En AG, à 17 heures ? », propose-t-elle. « Non, discutons-en maintenant ! », lance un autre. « Hé ! Mais vous n’arrêtez jamais ? », s’amuse un troisième.

Comme d’autres au même moment, Manu, 29 ans, jette un œil à sa montre, et pousse un léger soupir : « Je ne serai pas couché avant 5 heures ; lever 7 h 15, je vais dormir deux heures… » Il est instituteur en maternelle. Mais peu lui importe d’être fatigué : « Je vais aller travailler avec la pêche, c’était hyper enthousiasmant ce soir ! » Eriger des barricades sur le boulevard Saint-Germain, « c’est un symbole fort », dit-il, grisé. « Mai 68 a commencé après la nuit des barricades ! » Certains que cette action marquera un temps fort pour le mouvement, il sera de retour place de la République dès sa classe terminée, pour la nouvelle assemblée générale.


Nantes : saccages en règle et blocage de gare

Manif contre la loi Travail : saccages dans le centre ville de Nantes

France Bleu Loire Océan, mardi 5 avril 2016 à 20:13

La manifestation contre la loi Travail a de nouveau dégénéré à Nantes ce mardi. Au moins 1.600 personnes sont parties de la place du Bouffay vers 15h. Mais comme le 31 mars dernier, des casseurs ont infiltré le cortège. Les forces de l’ordre ont déjà fait usage de gaz lacrymogène pour les disperser. Treize personnes ont été interpellées. Et les dégâts au centre ville sont impressionnants. Les casseurs sont dispersés un peu partout au centre ville et ont saccagé plusieurs vitrines, banques et magasins de la ville.

Les banques attaquées et le siège du PS pris pour cible

Les banques du cour des 50 Otages sont prises pour cible par les casseurs, toutes les banques de cette avenue, sans exception. Au siège du Parti socialiste, cours de 50 Otages, le rideau a été attaqué à la meuleuse, puis la vitrine défoncée. Les commerces du centre ville ont été attaqués par les casseurs : le magasin Go Sport a eu sa vitrine brisée, « des magasins ont été pillés« , a dénoncé mardi soir la maire de la Ville Johanna Rolland depuis le Québec où elle est en déplacement. Des policiers sont positionnés rue Crébillon. Les casseurs se sont dispersés un peu partout au centre ville…

Les manifestants gare Sud

Les manifestants se sont dirigés vers la gare SNCF de Nantes, où des casseurs ont envahi les voies et le trafic ferroviaire a été complètement interrompu en fin d’après-midi pendant un eu mois d’une heure. L’électricité a été coupée dans la gare pour des raisons de sécurité. Le trafic a repris à 18h.


Rennes : tentative de pillage et blocage de la gare

Mobilisation à Rennes : 8 interpellations après une tentative de pillage d’un magasin

F3 Bretagne, 05/04/2016 | 19:22 (extrait)

Une fois de plus, les protestations contre la loi El Khomri ont dégénéré. La manifestation a été dispersée vers 17 h, place de Bretagne. Cependant, un groupe de 150 manifestants « radicaux et certains cagoulés », selon la préfecture, ont été repoussés vers le Mail François-Mitterrand. Certains d’entre eux ont tenté de piller le magasin Lidl. Les forces de l’ordre sont intervenues puis se sont fait caillasser. Les forces de l’ordre ont procédé à huit interpellations.

En début d’après-midi, les manifestants ont envahi les voies ferrées, ce qui a provoqué le blocage de 2 000 personnes dans une vingtaine de trains, en Bretagne. Depuis, les voies ferrées ont été dégagées. Le trafic a repris et reviendra à la normale progressivement. Les voies ferrées ont été endomagées et un caténaire a été cassé, provoquant une panne d’électricité temporaire sur le réseau. Les forces de l’ordre présentes tentent de disperser les manifestants et les ont divisés en deux groupes, rue de l’Alma, près de la prison des femmes.


Marseille : siège du PS et blocage d’autoroute

Un peut trouver un long compte-rendu détaillé de la manif sur Marseille Infos Autonomes : « 5 avril, récit d’une belle journée de manifestation sauvage« .

Marseille : Nouveau défilé contre le projet de loi travail
AFP, 05.04.2016 à 14:11 (extrait)

Des dérapages

Après l’arrivée du cortège à la préfecture, un groupe d’une centaine de personnes s’est déplacé en direction du siège de la fédération du Parti socialiste des Bouches-du-Rhône, tout proche. Ils ont dessiné sur la façade du bâtiment des formules comme « socioterroristes », « Nik l’Etat » et dessiné le logo anarchiste « A », renversant des bennes à ordure et lançant des œufs.

Certains manifestants se sont ensuite dirigés vers l’autoroute A7 à hauteur de la gare Saint Charles qu’ils ont bloquée dans les deux sens, en début d’après-midi.


Toulouse : blocage de la gare et manif sauvage

Côté Toiulouse, 05/04/2016 à 15:29 (extrait)

17:49 Les forces de l’ordre bloquent l’accès au centre-ville de Toulouse

Les manifestants sont arrivés à Arnaud Bernard, leur lieu de dispersion.
Les forces de l’ordre bloquent maintenant l’accès au centre-ville de Toulouse.

18:27 La manifestation devient sauvage et les manifestants investissent la gare Matabiau
Après une manifestation qui s’est déroulée dans le calme entre François Verdier et la place Arnaud Bernard, la mobilisation contre la loi Travail a pris une tournure sauvage à Toulouse.
Les manifestants sont partis sur le boulevard Honoré Serres avant d’investir les Chalets, le boulevard Matabiau sur les abords du Canal du Midi puis la gare Matabiau. Tous se sont ensuite rapidement dispersés. Au moins deux personnes auraient été interpellées d’après nos informations sur place.

18:58 Retour au calme dans le centre-ville de Toulouse et début de la « Nuit Debout », place du Capitole

Après une séquence agitée dès la fin de la manifestation contre la loi Travail dans le centre-ville de Toulouse, entre la place Arnaud Bernard et la gare Matabiau, le calme semble revenu.
Les manifestants se sont rapidement dispersés après avoir bloqué la circulation sur le boulevard Matabiau et investi la gare, renversant les poubelles qui se trouvaient sur leur passage.