Archives mensuelles : novembre 2015

Perquisitions et arrestations en Italie et en Grèce suite à la manif émeutière “No Expo” du 1er mai 2015 à Milan( mise à jour)

Italie/Grèce : Arrestations suite à la manif émeutière du 1er mai 2015 à Milan

Le matin du 12 novembre a eu lieu une opération répressive pour les faits du 1er mai (manif No Expo à Milan). Pour l’instant il est difficile d’en tirer un bilan complet, étant donné la présence de plusieurs enquêtes et le fait que l’opération a aussi eu lieu à l’étranger.

Il y a eu plusieurs perquisitions dans des habitations, 5 arrestations, dont 4 à Milan (et une qui n’a pas réussi : l’inculpé n’a pas été trouvé), 5 arrestations en Grèce et 3 personnes inculpées mais pas incarcérées. Les accusations sont “dévastation” et “pillage”, “résistance aggravée à agent de police” et “dissimulation du visage”.

Les enquêtes, menées par la Digos [police politique italienne ; NdT], ont exploité des vidéos et des traces ADN : les flics sont donc en train d’essayer de prélever des échantillons d’ADN aux arrêtés de ce matin. Pour les arrestations à l’étranger on suppose qu’il y a eu la collaboration de l’agence répressive européenne Eurojust.

Mise à jour :

Les arrêtés sont à la prison de San Vittore (Milan).

Pour leur écrire :

Alessio Dell’Acqua
Niccolò Ripani
Edoardo Algardi
Andrea Casieri
C.C. San Vittore
Piazza Filangieri, 2
20123 Milano

Les compagnons arrêtés en Grèce sont sortis avec l’obligation de pointer au commissariat 3 fois par semaine.Un appel international en solidarité aux inculpés circule actuellement .A Gênes une action directe contre une entreprise de dévastation de la terre
source de les informationsenn italien informaazione et la traduction par Non fides
source le chat noir émeutier

NdCNE:

[1] Quelques textes autour de l’émeute du 1er mai 2015 à Milan contre l’exposition universelle et son monde:

Milan : Un peu de possible, ou nous suffoquerons

Italie : Notes en marge de la manifestation No Expo du 1er mai à Milan

Sans demander pardon

Le sale air de la peur!

Dans cette ambiance après les attentats de Paris, on ne peut que rappeler l’existence de l’excellente émission de radio Le sale air de la peur, en plusieurs épisodes, créée après les attentats de Charlie Hebdo.
ces émissions de radio peuvent être écoutées
http://lalocale.ckdevelop.org/media/media.php?id=1271

On ne pas oublier que l’industrie nucléaire est à nos portes, mais cette affirmation mérite un débat au laboratoire en dehors de la parole des ONG .

Paris-17e : une barbarie de plus à combattre… et c’est moins loin !

On pourra aussi relire :
– Paris : une (petite) raison de plus pour s’opposer à la construction du nouveau Palais de Justice (11 mai 2015)
– Paris : avis aux amateurs, pose de la première pierre pour le chantier du nouveau Palais de Justice (8 mai 2015)
– Paris : avis aux amateurs, le flux fragile de la construction du nouveau Palais de Justice (23 mars 2015)
– Paris : les travaux du monstre nommé « cité judiciaire » (90 salles d’audience) vont commencer (13 janvier 2013)

La future Cité Judiciaire de Paris s’élève déjà à 100 mètres

Le Parisien | 17 Nov. 2015, 23h20

A 100 m de haut, au sommet de la tour de la future Cité Judiciaire de Paris (qui culminera au final à 160 m), porte de Clichy (XVIIe), les rafales de vent sont incessantes. Casque orange obligatoire, lunettes et gants de protection, les cinquante hommes vêtus d’orange travaillent entourés d’une forêt de ferrailles plantée dans le sol.

La concentration est maximum. « Ici, on n’a pas le droit à la routine. Il faut assurer un contrôle de qualité en continue », indique Claude Thiebault, un gaillard de 56 ans et 35 ans de métier chez Bouygues. Secondé par une brigade d’adjoints, il est le chef de l’ensemble du chantier.

Les 100 m (soit le 28e étage) ont été franchis il y a tout juste une semaine. Et la montée du noyau central du bâtiment se poursuit sans cesse jusqu’à atteindre les 160 m (38 étages) en janvier prochain, selon le calendrier des opérations. La technique du coffrage glissant est étonnante. C’est une véritable petite usine à trois étages qui s’élève au fur et à mesure de la coulée du béton. Pendant que les premiers posent les ferrailles verticales, en dessous, les compagnons du coulage parcourent le plateau pour déplacer le tuyau qui crache ses 80 m3 de béton chaque jour. Encore en dessous, la troisième équipe assure les finitions. Ces cinquante hommes ont tous en tête le rythme à respecter. « La progression est de 20 cm par heure pour monter les murs d’un 1,80 m par jour » lancent Carl et Hadrien, les deux responsables du « village » en activité de 6 heures du matin à 21 heures.

C’est désormais le nouveau repère de l’ouest parisien, incontournable sur le périphérique tant l’étendue des travaux est impressionnante. « Nous sommes en train de réaliser le plus gros chantier de France et sans doute l’un des plus compliqué parce qu’il combine toutes les contraintes. Celles d’un immeuble de grande hauteur pour la tour qui abritera les 1 200 bureaux des magistrats ; les exigences d’un immeuble recevant du public pour le socle, avec sa salle des pas perdus et ses 92 salles d’audience. Et enfin les mesures de sécurité qui s’imposent pour le bastion, où seront placées les 200 cellules », explique Christophe Couvras, directeur des travaux pour Bouygues bâtiment Ile-de-France.

Aujourd’hui, même sous l’Arc de Triomphe, les 450 ouvriers (ils seront 1 500 en avril 2016) et les onze grues qui tournent toute la journée sur l’ensemble du site, assurent l’édification d’un palais de justice ultramoderne qui sera achevé en juin 2017 et qui n’accueillera pas moins de 9 000 personnes, public et magistrats. « Si notre bâtiment doit permettre au citoyen d’appréhender la justice avec une certaine sérénité, ce sera parce qu’il est clair, léger, transparent, lumineux et ouvert sur la ville », promet Renzo Piano, l’architecte de renom, auteur de centre Pompidou (IVe). Il sera aussi l’un des plus sûrs, avec ses verrières capables de résister au souffle d’une détonation, ses 1 395 caméras (intérieures et extérieures), 1 400 contrôles d’accès et ses 700 détecteurs d’intrusion.

80 places de parking seulement

La future cité judiciaire regroupera les services du tribunal de grande instance (TGI) de Paris, ceux du tribunal de police ainsi que tous les tribunaux d’instance des arrondissements… Le ministère de la Justice a prévu le déménagement du palais de Justice, de l’île de la Cité à la porte de Clichy (XVIIe), à partir du deuxième trimestre 2017. Quelque 4 000 magistrats et auxiliaires de justice ainsi que 5 000 usagers le fréquenteront quotidiennement. Or, il n’y aura que… 80 places de parking, réservées aux hauts magistrats. « Il a fallu respecter la volonté de la Ville de Paris qui veut favoriser les transports en commun dans une logique de développement durable », indique Bouygues. Il faudra donc venir en transports en commun. La ligne 13 du métro y conduit. Il y aura en 2017 le tramway parisien. En revanche, la prolongation de la ligne 14, elle, a déjà deux ans de retard et n’ouvrira pas avant 2019.
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Ce que la CGT a à en dire…

Paris : des militants CGT bloquent le chantier de la cité judiciaire

RTL, 09/06/2015 à 14:02 (extrait)

Calmes et déterminés. Quelque 200 militants CGT de Bouygues Construction ont bloqué l’activité du chantier du futur palais de justice de Paris ce mardi 9 juin. Ils entendent ainsi protester contre la discrimination syndicale dont ils s’estiment victimes dans l’entreprise.

« Le chantier est arrêté depuis qu’on est arrivé vers 10h00 », a indiqué Philippe Christmann, de la CGT Construction, à l’AFP. « Nos revendications portent sur les discriminations de tous nos élus mandatés », victimes de « licenciements déguisés » ou de « multiples pressions » à la démission, explique le syndicaliste.

… Au-delà du combat syndical qu’ils entendent mener, les militants veulent sensibiliser leurs collègues au fait que « les dividendes ne font qu’exploser » chez le géant du BTP, alors que « les salariés ont 0% d’augmentation ».
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A Poitiers aussi
Les bulldozers à l’oeuvre dans la future cité judiciaire

La Nouvelle République, 22/10/2015 05:38

Le chantier de la future cité judiciaire s’anime. Premiers coups de pelleteuse pour une prise de possession des lieux prévue en 2019.

Ceux qui empruntent régulièrement le boulevard de Tassigny l’auront peut-être remarqué, il y a du nouveau du côté de l’ancien lycée jésuite des Feuillants. Depuis peu, pelleteuses et petits bulldozers sont à l’œuvre pour effectuer les premières opérations de déblaiement, préfigurant ainsi la future cité judiciaire.

Ce chantier d’envergure, aujourd’hui directement piloté par la chancellerie et son agence publique pour l’immobilier de la justice (APIJ) devrait durer de 28 à 30 mois pour une « prise de possession » des locaux en 2019.

Une enveloppe de 55 millions d’euros

Confiée au cabinet d’architectes Brossy et Associés et au groupe Vinci pour la construction, la cité judiciaire de Poitiers s’étendra sur un site de 7.800 m2 où travailleront plus de 300 magistrats et fonctionnaires.

L’enveloppe prévue pour la réalisation de cette cité reste pour l’heure inchangée. Elle avoisine les 55 millions d’euros.

Au final, cette construction regroupera sur un lieu unique des juridictions aujourd’hui réparties sur 5 sites. Demain, la cour d’appel, la cour d’assises, le tribunal de grande instance, le tribunal d’instance, le conseil de prud’hommes et le tribunal de commerce prendront place dans ces bâtiments du XIXe siècle entièrement restaurés. « Ils offriront, précisent à l’envi ses promoteurs, une réponse adaptée aux enjeux du fonctionnement de la justice du XXIe siècle ».

Le groupe Vinci est déjà présent sur Poitiers. Directement ou avec ses filiales, il a construit le viaduc Léon-Blum, gère la ligne à grande vitesse Sud Europe Atlantique et l’aéroport de Biard.
source: brèves du désordre

Turin (Italie) : révolte incendiaire au centre de rétention

Samedi 14 novembre, les enfermés du centre de rétention (Cie) de Turin situé Corso Brunelleschi, ont à nouveau lancé une révolte qui a détruit une grande partie du centre. L’étincelle a été le refus du parloir à un retenu avec sa femme, même si en réalité l’air était déjà tendu dans le centre depuis des semaines, où se produisaient de fréquentes expulsions violentes. Hier, les retenus se sont donc organisés pour protester contre les conditions d’enfermement et ont mis le feu à des vêtements, mettant hors d’usage la zone rouge et la seule chambre ouverte dans la zone jaune : dans la zone blanche, il ne reste que deux chambres.

Depuis peu, les travaux de restructuration de la structure avaient commencés, afin d’atteindre une capacité de 180 postes.

[Traduit de l’italien de macerie @ Novembre 15, 2015]

source Brèves du désordre

Fanatisme religieux et néo-conservatisme

reçu par mail:

De nouveau le terrorisme islamiste lié à Daesh a frappé l’hexagone avec une violence rare. Ces « fous d’Allah » comme certains les appellent ont voulu punir l’État français pour son implication militaire dans un conflit syrien qui fait quotidiennement des dizaines et des dizaines de morts. Mais il y a plus que cela, plus que ce dent pour dent et œil pour œil.

Le grand drame des djihadistes, c’est que dans leur immense majorité, les musulmans, les pratiquants comme les plus distanciés à l’égard de la religion, ne se reconnaissent pas dans leur lecture anhistorique, littérale du Coran, dans leur sectarisme qui fait d’eux les seuls vrais et respectables musulmans. Leur seul espoir de conquérir les musulmans de France est dans l’exacerbation des tensions inter-religieuses ici-même. Jouer sur le racisme et l’islamophobie, rendre insécure la situation des musulmans de France pour prouver que la place des vrais musulmans n’est pas ici, au milieu des infidèles, mais dans ce califat auto-proclamé qui émerge au coeur du Moyen-Orient.
Vous l’aurez peut-être remarqué mais les djihadistes ne s’attaquent pas à l’extrême droite raciste et islamophobe parce qu’ils partagent avec elle la même idée centrale : le vivre ensemble est impossible, ou plutôt, le vivre ensemble ne doit pas être possible. Les djihadistes attaquent Paris la cosmopolite et tire indifféremment sur la population, sans se soucier le moins du monde de la couleur de sa peau ou de sa confession. Nos jihadistes, par leurs idées et leurs méthodes, sont d’extrême droite, même si parler d’islamo-fascisme n’a pas de sens, à moins de réduire le fascisme à une forme de totalitarisme et de mépris de la vie humaine, et d’oublier que le fascisme fut un paganisme.

En septembre 1990, Georges Bush, le père de l’autre, déclare devant le congrès : « Nous nous trouvons aujourd’hui à un moment exceptionnel et extraordinaire. La crise dans le golfe Persique, malgré sa gravité, offre une occasion rare pour s’orienter vers une période historique de coopération. De cette période difficile, notre cinquième objectif, un nouvel ordre mondial, peut voir le jour : une nouvelle ère, moins menacée par la terreur, plus forte dans la recherche de la justice et plus sûre dans la quête de la paix. »
Vingt-cinq ans plus tard, le monde est plus convulsif que jamais. Les Etats-Unis ont voulu exporter la démocratie, ou plutôt leur conception de la démocratie, celle qui a pour pilier le marché libre et non la justice sociale. Ils ont joué, seuls ou accompagnés, aux apprentis sorciers en Afghanistan, en Irak, en Libye, en Syrie, comme si ces territoires étaient sans Histoire, sans structures sociales, sans rapports de force interne, et donc malléables à merci. Chacun sait pourtant que l’extrémisme religieux fleurit sur la désespérance sociale, la corruption, la violence étatique et les politiques discriminatoires. Ramener l’eau courante et l’électricité dans les foyers, remettre en état des services publics, rouvrir les écoles, faire que ce soit la justice et non l’arbitraire qui soit la règle… voilà en somme ce que demandent essentiellement des populations usées par des décennies d’autoritarisme politique et de guerre. Au lieu de cela, les néo-conservateurs ont joué les uns contre les autres, les chiites contre les sunnites par exemple, puni les uns et récompensé les autres. Ces pays sont devenus des poudrières sur lesquelles règnent des politiciens affairistes, des seigneurs de la guerre, des fanatiques religieux et le Big business.

Daesh a déclaré la guerre au monde libre disent certains. Non, Daesh a déclaré la guerre à tout le monde, aux musulmans tout d’abord qu’ils massacrent sans pitié, et à notre insouciance, autrement dit à notre souhait de vivre paisiblement à l’écart des tourments du monde qui doivent tant à l’action de ceux que l’on a porté au pouvoir. Reste à savoir si, pour pouvoir jouir paisiblement des bienfaits de la société de consommation et de la démocratie représentative sans saveur qui est la nôtre, nous accepterons sans ciller de voir nos libertés être mises sous surveillance et nos indignations sociales être mises sous éteignoir au nom de l’Union sacrée.

Faut vivre…

blog de: claude guillon
Avec les larmes aux yeux

Avec une pensée pour ces humains assassinés, à Paris, à Ankara ou sur un marché africain, ces jeunes gens souvent, ces jeunes filles dont les sourires adorables fleurissent sur Twittter et nous transpercent le cœur

Avec mille pensées pour celles et ceux qui se tordent d’angoisse, déchiré(e)s entre l’espoir, si tenace, et la tentation de commencer un deuil sans cadavre

Parce qu’il n’est pas raisonnable de penser sérieusement à mourir quand les balles sifflent, même si cela aussi est une tentation, oh! combien excusable (ça n’est pas moi qui…)

Parce que c’est le meilleur moyen, pour l’heure, de faire la nique aux assassins, nos assassins…

… et de témoigner contre leurs concurrents, hommes d’État, idéologues du patronat, politiciens moisis, philosophes au rancard, tortionnaires à cravate ou à turban, violeurs en Syrie, théologiens hallucinés, nostalgiques du troisième Reich, fanatiques minables de tous les bords, en surdose permanente de refoulements et d’aigreurs

Parce qu’il est bon, parfois, d’être aussi — comme disait Balzac — de cette opposition qui s’appelle la vie

Ni de leur Guerre, Ni de leur Paix !

« Nous devons anéantir les ennemis de la République… et déchoir de la nationalité ceux qui bafouent ce qu’est l’âme française »
Manuels Valls, Premier ministre,
14 novembre 2015

S’il faut reconnaître une certaine continuité à la République française, c’est bien celle des assassinats de masse. De la Terreur d’Etat de 1793-94 qui a justement donné naissance au mot terrorisme jusqu’à l’écrasement des insurgés de 1848 et de ceux de la Commune de 1871 ; de la colonisation ou la déportation des Juifs permise par des fichiers antérieurs jusqu’aux massacres de manifestants algériens en 1961 en plein coeur de Paris, toutes les Républiques françaises ont massacré sans compter pour que des puissants continuent de dominer et d’exploiter tout le monde. La République française est une montagne de cadavres dont l’ordure qui en constitue le sommet n’a pu se maintenir en place qu’en écrasant ses véritables ennemis, les révoltés et les révolutionnaires qui se sont battus pour un monde de justice et de liberté. L’ « âme française », si cette connerie sans nom pouvait jamais exister, serait un placard bourré à craquer de voix criant vengeance contre les bourgeois, les politiciens, les flics, les militaires et les curés qui les ont piétinées pour asseoir leur pouvoir.

Ah, mais tout ça c’est du passé. Non ? Des décennies de participation citoyenne, d’intégration marchande et de dépossession généralisée ont-elles vraiment fait oublier à ceux qui gardent encore un brin de sensibilité, que tirer dans le tas n’est pas l’exclusivité de lointains terroristes ? Que depuis quelques années l’Etat français a fait son grand retour sur la scène internationale du terrorisme étatique, en multipliant ses attaques militaires aux quatre coins de la planète (Libye, Mali, Afghanistan, Côte d’Ivoire, Somalie, Centrafrique, Irak, Syrie) ? Le prétexte change à chaque fois, mais les raisons restent les mêmes : garder le contrôle de ressources stratégiques, gagner de nouveaux marchés et zones d’influence, préserver ses intérêts face à ses concurrents, éviter que des insurrections ne se transforment en expérimentations de liberté. Et s’il en était encore besoin, des avertissements sont même lancés pour prévenir les indolents que cette logique de guerre ne connaîtra pas de limites territoriales : la mort d’un manifestant l’an dernier à Sivens ou les corps criblés d’éclats de ceux de Notre-Dame-des-Landes et de Montabot rappellent que les grenades offensives en kaki n’hésitent pas, ici non plus, à être lancées contre des foules pour semer la terreur.

Car qu’est-ce que le terrorisme, sinon frapper dans le tas de manière indiscriminée pour tenter de préserver ou conquérir le pouvoir ? Un peu comme le font les riches en tuant et mutilant quotidiennement des millions d’êtres humains au travail au nom du fric qu’ils tirent de leur exploitation. Un peu comme le font les industriels et leurs laquais en blouses blanches en empoisonnant durablement toute vie sur terre. Un peu comme tous les Etats qui enferment et torturent à petit feu les exclus de leurs paradis marchands et les rebelles à leurs lois en les enfermant entre quatre murs pendant des années. Un peu comme ces grrrandes démocraties qui ont fait de la Méditerranée un cimetière peuplé de milliers d’indésirables ayant eu le tort de ne pas disposer du petit bout de papier adéquat. Mais la paix de l’Etat et du capitalisme est à ce prix. La paix des puissants, c’est la guerre contre les dominés, à l’intérieur comme à l’extérieur de ses frontières.

Le 13 novembre à Paris, la règle du jeu a été respectée. Qu’il se baptise islamique ou république, califat ou démocratie, l’Etat reste l’Etat, c’est-à-dire une puissance autoritaire dont la violence de masse s’applique contre tous ceux qui ne se soumettent pas à son ordre souverain. L’un des principes de tout Etat est de ne reconnaître que des sujets. Des sujets qui doivent obéir à des lois dictées d’en haut, c’est-à-dire tout le contraire d’individus libres qui peuvent s’auto-organiser sans dirigés ni dirigeants. Des bombardements de Dresde et Hiroshima jusqu’aux villages du Vietnam passés au napalm ou ceux de Syrie sous des barils de TNT, les Etats n’ont jamais hésité dans leurs sales guerres à sacrifier une partie de leur propre population, ou celles de leurs concurrents. En frappant des passants parisiens au hasard pour punir leur Etat, les petits soldats de Daech n’ont fait que reproduire l’implacable logique de leurs concurrents. Une logique terrible, aussi terrible que peut l’être tout pouvoir étatique.

L’état d’urgence décrété en France depuis hier, mesure de guerre intérieure d’un gouvernement qui place le pays en adéquation avec sa politique de terrorisme international, n’est qu’un pas de plus dans la praxis de base de n’importe quel gouvernement, visant à la normalisation forcée de la vie, à sa codification institutionnelle, à sa standardisation technologique. Parce que si l’Etat regarde le futur, que voit-il ? Des cracks économiques, un chômage de masse, un épuisement des ressources, des conflits militaires internationaux, des guerres civiles, des catastrophes écologiques, des exodes de population… Il voit en somme un monde toujours plus instable, où les pauvres sont toujours plus nombreux et concentrés, un monde suintant de désespoir, qui se transforme en énorme poudrière, en proie à des tensions en tous genres (sociales, identitaires, religieuses). Un monde où l’allumage de la moindre étincelle, quelle qu’elle soit, ne doit pas être tolérée par une démocratie toujours plus totalitaire. Alors, tout comme « citoyen » est l’autre mot pour « flic », la « guerre au terrorisme » signifie avant tout la guerre contre tous ceux qui rompent les rangs du pouvoir. A tous les insoumis de la pacification sociale, à tous les déserteurs des guerres entre puissants et autoritaires, sabotons l’Union nationale…

Un mauvais sujet,
ennemi de la République et de tous les Etats
Paris, 14 novembre 2015

source la cavale contre la
prison et son monde

Tract PDF

[Grèce]Un appel pour soutenir la lutte des travailleurs de VIO.ME

Alors que le gouvernement de Syriza se lave les mains de leur sort après ses bruyantes promesses électorales de les soutenir, les travailleurs de l’entreprise autogérée VIO.ME (Viomichaniki Metaleftiki) de Thessalonique dénoncent la complicité entre le pouvoir judiciaire et leurs ex-patrons et lancent un appel à la mobilisation le 26 novembre prochain, date de la mise en vente aux enchères du terrain où se trouve l’usine, une vente qui menace directement l’expérience de résistance ouvrière en cours depuis début 2013.

Chers amis de la solidarité,

Nous tenons à vous informer des derniers développements de la lutte des travailleurs de VIO.ME.

Comme vous le savez, depuis maintenant quatre ans nous nous battons pour notre vie et notre dignité. Nous, travailleurs, avons choisi de créer des alliances sociales. Nous avons rejeté les propositions faites par diverses organisations politiques d’avoir des relations ‟exclusives” avec notre lutte et de la mener selon des critères partisans étroits. Néanmoins, nous avons toujours accepté toutes les invitations à parler et à communiquer.

Lorsque de grandes parties de la société ont décidé de se tenir à nos côtés et de nous soutenir avec les moyens dont elles disposaient, un vaste réseau de solidarité a été créé. En conséquence de quoi, nous avons réussi à construire des relations de confiance, à travers des assemblées communes dans lesquelles des communautés les plus larges peuvent s’impliquer, et où, ensemble, nous prenons des décisions sur le cours politique de la lutte, ainsi que sur de nombreuses autres questions.

Beaucoup d’organisations politiques étaient d’accord avec le cadre politique que nous, ensemble, avec la communauté la plus large, avions fixé. Jusqu’à ce jour, ils soutiennent notre effort pour faire fonctionner l’usine par le contrôle ouvrier de la production et l’autogestion par l’assemblée des travailleurs.

Parmi les forces politiques qui ont soutenu notre lutte, il y avait SYRIZA, à travers des déclarations et des engagements, effectués par le premier ministre actuel lui-même, pour une solution immédiate sur la question du fonctionnement de l’usine.

Bien sûr, après l’arrivée de SYRIZA au pouvoir, les déclarations et les engagements sont devenus de plus en plus vagues. La détermination qu’ils démontraient lorsqu’ils étaient dans l’opposition a été remplacée par la timidité et par des propositions pour que nous fassions des compromis dans un cadre différent de ce que nous avions précédemment convenu.

Leur grande ‟réalisation” après huit mois de gouvernement est d’abandonner la lutte des VIOME aux machinations du système judiciaire. Le même système judiciaire qui, malgré avoir condamné l’ancienne propriétaire de VIOME, Christina Philippou, à des dizaines de mois de prison, lui permet d’être libre, soi-disant pour effectuer des travaux d’intérêt général dans une municipalité où elle a de fortes ‟connexions”. À ce jour, elle n’a jamais révélé l’endroit où elle est censée faire ses travaux d’intérêt général.

Un système judiciaire qui permet à ceux qui ont abusé de la société grecque et l’ont détruite depuis cinq ans maintenant de marcher librement, en ne prenant jamais aucune décision pour les punir. Le ‟premier gouvernement de gauche de notre histoire” nous laisse entre les mains de ce système judiciaire.

Le point de vue politique des juges est clair d’après les décisions qu’ils ont prises jusqu’à maintenant : ils sont allés jusqu’à dire que nous n’avons pas le droit légitime de réclamer l’argent dû par nos anciens employeurs ! Dans toutes nos tentatives pour réclamer notre argent, que ce soit par l’intervention des propriétaires de Philkeram, ou en exigeant la remise en fonctionnement de l’usine, nous avons reçu les mêmes réponses.

Et bien sûr, ils ne prennent aucune mesure pour trouver une solution sur le fonctionnement de l’usine, afin que nous, les travailleurs qui ont décidé de rester dedans, puissions échapper au chômage.

Selon les décisions de justice, l’ensemble des parcelles du terrain où sont situés les locaux de VIO.ME sera vendu aux enchères le jeudi 26 novembre 2015, et ensuite pendant les trois jeudis consécutifs. Si aucun acheteur intéressé ne se manifeste, ils poursuivront le processus jusqu’à ce qu’ils réussissent à vendre le terrain, et donc de nous expulser de l’usine.

Ce terrain se compose de quatorze parcelles distinctes, dont certaines ont été directement ou indirectement données par le gouvernement grec à l’ancien propriétaire Phillipou en reconnaissance de la ‟contribution sociale” de la création d’emplois. Maintenant, elles sont vendus aux enchères pour satisfaire les créanciers de la société mère de VIO.ME, Philkeram : les services fiscaux, la sécurité sociale, des anciens travailleurs de Philkeram, des banques et les fournisseurs.

Les locaux de VIO.ME occupent environ 1/7 de la superficie totale, et la zone dans laquelle ils se trouvent pourrait facilement être séparée du reste de la propriété foncière de Philkeram. Mais les employés de VIO.ME ne sont jamais mentionnés dans les procédures de faillite, alors que VIO.ME était une filiale de Philkeram, conduite à la destruction par la faillite de la société mère. VIOME est totalement négligée, alors que la mauvaise gestion de la famille Phillipou, qui a transféré des fonds depuis VIO.ME et l’a surchargé de dettes pour son profit personnel, a été en grande partie responsable de la faillite. C’est là un fait avéré, car une étude faite par les consultants du groupe Deloit a conclu qu’il y avait la capacité pour un fonctionnement normal des deux sociétés. Une fois de plus, le système judiciaire est du côté des forces du capital et rend des décisions contre les travailleurs qui font valoir leur droit de travailler. Et bien sûr, l’Etat ne se confronte pas au défi de fournir des solutions.

C’est pour cette raison que nous, travailleurs de VIO.ME, vous invitons tous, vous qui avez été à nos côtés pendant toute la durée de cette lutte, à être présents le jeudi 26 novembre à la vente aux enchères du terrain, pour faire échouer leur plan de nous expulser de l’usine de VIO.ME. Un espace que nous avons, depuis deux ans maintenant, réussi à transformer en un lieu de travail et un lieu de liberté.

Nous vous invitons à vous tenir à nos côtés, à soutenir tous les efforts des travailleurs pour rendre les forces de production autonomes de la classe capitaliste, une classe qui a de toute façon délocalisé toute la production à l’étranger. Nous vous invitons à soutenir le fonctionnement de l’usine, puisque nous, les travailleurs, avons déclaré que nous ne partirons pas, que nos vies sont maintenant liées à cette usine.

Nous vous invitons à vous mobiliser à nos côtés, pour qu’ainsi nous puissions affirmer tous ensemble qu’il existe une solution au-delà des conseils des ‟experts” : cette fois-ci, la solution se trouve avec ceux qui sont directement impliqués dans la lutte, et pas avec des sommités.

Solidairement.

L’assemblée générale des travailleurs de VIO.ME

Traduction : MP / OCLibertaire
Source : http://www.viome.org/2015/10/a-call-for-support-of-struggle-of-viome.html
(Version en italien ici : http://www.dinamopress.it/news/la-viome-va-allasta-i-lavoratori-rilanciano-la-lotta )

Publication: Débat « une société sans argent » et quelques remarques préalables

A la suite, le contenu préparé à l’occasion du débat du 3 octobre 2015 à la Parole Errante sur Montreuil mais aussi les commentaires préparatoires de J.Wajnsztejn. La question de la rupture avec l’argent a souvent été débattue dans les années 70/80 par des groupes de l’ultragauche. Comme Temps critiques l’a ensuite exprimé dans « Crise financière et capital fictif » le développement du capital fictif s’exprime d’une façon structurelle et non conjoncturelle.
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La communauté humaine : une société sans argent ?

Définir d’une façon quelque peu précise ce que serait concrètement une société sans domination, sans argent que j’appelle « communauté humaine », a toujours constitué une tâche délicate.

Néanmoins, Je vais essayer d’ exprimer ce avec quoi je veux rompre pour en finir avec la société capitaliste que je définis par les termes « société capitalisée »1. Selon moi, il y a des points qui sont fondamentaux pour rompre avec la société capitalisée, ceux-ci seraient :

En finir avec la domination
En finir avec le rapport social basé sur la subordination, le travail/ ou le non travail
Retrouver un lien avec la nature/ remettre en question la société techno-industrielle
En finir avec l’échange marchand, ou avec tout autre équivalent général.

C’est sur ce dernier point, que nous allons centrer notre, réflexion.

Pour définir le monde auquel j’aspire, il y a très longtemps , je disais en premier abord qu’il fallait rompre de suite avec le salariat sans phase de transition. Je peux aussi ajouter que ce qui pourrait jaillir avec ce processus d’abolition du salariat serait un profond changement du rapport social, par conséquent sa fin, amenant les êtres humains à prendre en charge leur vie et bouleversant les fondements de celle-ci. Quelles sont les perspectives aujourd’hui qui pourraient nous permettre d’envisager un dépassement de ce monde. Comment pourrait naître la critique par rapport à celui-ci. Car aujourd’hui, le capital est total , dans le sens où il tend à capitaliser toutes les activités humaines y compris celles qui y échappaient en partie (cf.les sciences du vivant)..

Avec la fin des luttes prolétariennes s’inscrivant dans une perspective révolutionnaire, c’est le capital qui se fit révolution en cherchant à réaliser l’unité de son procès (cognitif, productif, commercial et financier). Par le biais de la révolution technologique et particulièrement des NTIC, il a envahi tous les aspects de notre vie, en miniaturisant les forces productives et en les rendant dans le même mouvement des objets techniques à consommer. Toujours le procès de totalisation du capital ! L’adhésion des dominés à ce système s’est confirmée avec le développement du « consumérisme », de la société de consommation. Du new deal aux 30 glorieuses, la vision du capital a été de ne plus considérer le dit prolétaire en tant que producteur mais aussi et surtout en tant qu’usager et consommateur dans la société capitalisée. L’ère du consumérisme, avec le mode de régulation fordiste des rapports sociaux s’effectue dans la phase de domination réelle du capital. Quelques mots sur ce concept, Invariance a développé à partir de l’analyse du sixième chapitre inédit du capital, une analyse des rapports entre domination formelle et domination réelle. Dans la domination formelle, le procès de travail est déjà soumis au procès de valorisation du capital (ce qui n’est pas le cas dans la phase antérieure de la petite production marchande). Le procès de travail est soumis au capital et le capitaliste entre comme dirigeant dans ce procès (Marx, un chapitre inédit du capital ed. 10/18 p.191) Le stade de production y est déjà proprement capitaliste, mais pas encore celui de la reproduction. Dans le cadre de l’analyse de Marx, c’est une phase de production de plus value absolue qui est au cœur de cette phase. Tout n’est donc pas capital dans cette phase .Cette phase peut être datée de la révolution industrielle jusqu’aux années 20 du 20ème siècle. Dans la phase de la domination réelle, la subordination directe du procès du travail au capital subsiste mais ce procès de travail perd progressivement sa prédominance au profit d’un procès de plus en plus abstrait et rendu indifférent à toute forme particulière de travail ce qui bien sûr modifie la structure et les conditions de ce dernier. Un processus qui va atteindre son plein développement dans la restructuration entrepreneuriale des années 80. La domination du capital devient totale dans le sens où tendanciellement tout à vocation à devenir capital. Dans cette forme, c’est le capital fixe qui devient dominant à travers, entre autres, l’intégration de la techno-science au procès de production. Le capital se présente comme la source de la survaleur : le profit efface la plus value. C’est donc une phase de développement de la techno/science. Le travail devient « inessentiel » dans le procès de valorisation, un maillon de la chaîne parmi d’autres du processus d’ensemble.

Sur la théorie de valeur/travail

La théorie de la valeur/travail de Marx ne voyait la richesse que dans le travail, alors qu’aujourd’hui c’est la valeur en tant qu’abstraction qui prédomine. Le capital est valeur qui s’auto valorise . La valeur s’autonomise de plus en plus du travail vivant ( tendance à l’inessentialisation du travail vivant dans le procès de valorisation). La dynamique du capital n’est plus tirée principalement par une dialectique des rapports antagonistes capital/travail mais par la place prépondérante prise par le travail mort (machines, robotisation, informatique) sur le travail vivant et par l’intégration de la techno-science dans le procès de production. La précarité, le chômage, la flexibilité, confirment l’inessentialisation de la force de travail car la force de travail est en « trop » dans la mesure où elle n’est plus au centre de la valorisation. Par ailleurs, on assiste à une création d’activité nécessaire pour le développement du capital (notamment dans les »services ») ne constituant pas du travail productif au sens de l’économie classique de Marx. Il n’empêche que l’autonomisation de la valeur par rapport au travail vivant ne peut que déboucher vers la créations d’activités nouvelles mais nécessaires qui brouillent les sources de la valorisation. Tout le travail devient productif… pour le capital ! et la valeur semble de plus en plus évanescente2. Il y a donc désubstantialisation de la valeur. La valeur tend à n’être plus qu’une forme, une représentation, c’est le capital qui la domine en devenant totalitaire , dans le sens où il a tendance à tout réduire à lui-même. Il n’y a pas opposition entre capital abstrait (financier) et concret (industriel comme le voient les altermondialistes ou autres dits « anti capitalistes » mais bien unité entre ces deux formes du capital). Il n’y a pas de dissociation entre économie réelle et économie financière mais un procès de totalisation du capital avec des réseaux de puissance consistant à faire fluidifier les capitaux de par le monde. De par sa capacité de fluidité de par le monde, la monnaie se désubstantialise au même titre que la valeur.

L’emprise de la techno/science

Avec l’emprise de la techno/science, le capital devenant « total », il se fait totalitaire au sens où il réduit toutes les activités à une activité de capitalisation alors même qu’il se présente comme la source de nouvelles libertés/possibilités, des plus insignifiantes jusqu’à celles plus fondamentales, qui pourraient conduire à l’utopie d’une sortie de la nature. Le capital se reproduit de plus en plus vite, il devient fictif, virtuel ; il remodèle la nature et l’activité humaine dans tous ses aspects. Financiarisation et fictivisation du capital sont les caractéristiques du mode de fonctionnement actuel du capital. Le capital fictif devient un élément majeur dans l’apport de liquidités et de flux financiers servant à relancer l’économie comme on a pu le voir dans le new deal. L’ère keynésienne a eu recours au capital fictif provoquant aussi l’endettement des états, des entreprises, des banques d’affaires par rapport aux banques centrales mais aussi le redémarrage des économies. A partir des années 80, l’augmentation de la dette des états a été concomitante du développement du capital fictif. La dette des états est un moyen par lequel les états les plus puissants font « fonctionner » leur économie. En effet, plus un état emprunte plus il est riche car il capte de la richesse par ce biais. Les Etats-Unis en sont un exemple concret, pays le plus endetté parce qu’il est le plus puissant. Le capital utilise donc le crédit d’une façon structurelle ! L’utilisation de la monnaie fiduciaire ainsi que le crédit ont accentué la dématérialisation de l’argent. La création du capital fictif n’est pas conjoncturelle mais structurelle. Le capital, c’est la valeur en procès, et la valeur c’est du capital en procès. L’accumulation se fait bien en dehors de la sphère productive et celle-ci correspond à de la valeur fictive.

Le capital n’épargne rien, ni personne. Jacques Camatte à la fin des années 70, parlait d’anthropomorphose du capital, le capital se faisant homme ; et aussi l’homme est « capitalisé ». Cela signifie que la société du capital ne se caractérise par seulement par le fait de « marchandiser » mais aussi par imposer ses propres « valeurs » qui ne sont pas uniquement celles de « l’avoir plus en argent ». A titre d’exemple, il ne s’agit pas simplement d’avoir plus d’argent, mais aussi et surtout d’avoir plus de puissance. En particulier, pour le capital global sa puissance se démontre par ses tentatives de gagner plus en fluidité et rapidité de circulation même s’il doit pour cela faire des coupes dans toutes les activités qui l’immobilisent avec pour démonstrations actuelles les constantes délocalisations et la flexibilité du travail qui accompagne la mobilité accrue du capital. avec pour démonstrations actuelles les constantes délocalisations et la flexibilité du travail rendant la force de travail de moins en moins essentielle dans le procès de production.

Dans la mesure où le capital est « tout » et s’accapare de tout, de quelle façon pourra t-on entrevoir une rupture avec cette société capitalisée ? Dans l’immédiat, je parlerai en termes de rupture théorique, c’est-à-dire qu’il est important que sur le plan théorique on sache de quelle façon on envisage la rupture. Des mesures radicales sont primordiales pour mettre fin au capital et ceci sans période de transition sinon on retombe encore dans les vieux schémas (gestion de la transition, autogestion, bureaucratisation, état).

N’étant pas le fruit d’une classe ayant une mission à effectuer, la révolution ne se ferait non pas au nom d’une classe, mais à « titre humain ».

Je voudrais citer quelques passages de Moses Hess sur l’argent (datant de 1844/ Catéchisme communiste) :

_Qu’est ce que l’argent ? c’est la valeur exprimée en chiffres de l’activité humaine, la valeur d’échange de notre vie.

L’activité des hommes peut-elle être exprimée en chiffres ? L’activité humaine, pas plus que l’homme lui-même n’a de prix, car l’activité humaine est la vie humaine que ne peut compenser aucune somme d’argent, elle est inestimable

Que devons déduire de l’existence de l’argent ? Nous devons en déduire l’existence de l’esclavage de l’homme ; l’argent est le signe de l’esclavage de l’homme puisqu’il est la valeur de l’homme exprimée en chiffres.

Combien de temps les hommes resteront-ils encore esclaves et se vendront-ils avec toutes leurs facultés pour de l’argent ?

Ils le demeureront jusqu’à ce que la société offre et garantisse à chacun les moyens dont il a besoin pour vivre et agir humainement, de telle sorte que l’individu ne soit plus contraint à se procurer ces moyens par sa propre initiative et dans ce but à vendre son activité pour acheter en contre partie l’activité d’autres hommes. Ce commerce des hommes, cette exploitation réciproque, cette industrie qu’on dit privée, ne peuvent être aboli par aucun décret, ils ne peuvent l’être que par l’instauration de la société communautaire, au sein de laquelle les moyens seront offerts à chacun de développer et d’utiliser ses facultés humaines.

Ceci dénote qu’au 19ème siècle, chez nombres d’éléments que l’on peut qualifier de radicaux pour l’époque, la question de la rupture avec l’argent était cruciale.

Avec la généralisation des rapports marchands et le développement du capitalisme, les rapports humains furent déterminés par l’argent. L’argent engendre des états de conflits, de concurrence entre les individus dont la frustration par rapport à la pauvreté des relations humaines est compensée par l’envie de consommer. Avec la mercantilisation des activités humaines, les rapports humains ne semblent plus dépendre des hommes mais sont déterminés par un symbole : l’argent. Cependant, aujourd’hui la société du capital est allé au delà des rapports de consommateurs (achat/vente) en intensifiant les flux, les « connectés » de par le monde ; elle œuvre davantage vers un monde où les individus sont atomisés, fascinés aussi par un monde virtuel (développement de l’image) où des machines remplacent les humains (voir développement des robots). La techno-science contribue à bouleverser les rapports sociaux et crée un monde de « connectés » où l’être humain perd le lien avec la communauté. Les NTIC obsédés par leurs volontés d’accroître leur flux et leur vitesse de par le monde participent à la destruction du lien social opéré depuis quelques décennies.

La communauté humaine auquel j’aspire, ne serait selon moi une société de production dans le sens où l’activité humaine serait certes basée sur l’assouvissement de nos besoins alimentaires mais serait aussi et surtout l’expression de nos créations, au sein de la communauté. L’échange de produits ne serait pas fondamental. Ce qui est crée n’est pas forcément échangeable (s’il y a échange, je parle d’échange non marchands) mais cependant pourra être utilisé ou pas utilisé en fonction des intentions de chacun.

Avec la fin du rapport marchand, disparait la domination du produit sur la production. Le fait de créer n’entraine pas de possession sur un objet, l’activité de la communauté humaine ne serait basée sur la production/consommation. L’attrait de tel ou tel objet proviendra de sa « nécessité « mais non d’une valeur. C’est aussi la disparition du producteur/consommateur. En finir avec l’argent et la domination, c’est aussi en finir avec les séparations qui sectionnent nos vies : producteur ou improductif, chômeur, consommateur ; en finir la notion de temps de travail/temps de loisirs. En étant partie prenante de l’activité humaine, on ne se sentirait ni producteur, ni consommateur mais acteur dans la transformation de l’activité humaine. Les individus s’associeraient en fonction de leurs affinités, pour des tâches communes sans parcellisation.

En finir avec la domination, c’est en finir avec les antagonismes / rivalités, compétitions entre individus où l’autre serait une complémentarité, un enrichissement mutuel. La fin de la domination, de l’argent permettra des relations plus fraternelles entre les êtres ou chacun pourra être seul ou avec les autres. Aujourd’hui l’échange, la valeur, le mouvement de reproduction du capital uniformisent nos vies : alimentation aussi « globalisée de par le monde », similarité de l’urbanisme à travers le monde, culture globale, enseignement de plus en plus identique dans différents pays. L’aspect de la culture nationale ne correspond plus à grand-chose. A un moment de son histoire, le capitalisme a trouvé en la nation le cadre le plus approprié pour son développement (c’est avec ce cadre, que des millions de dominés ont été mystifiés et sacrifiés par des guerres mondiales, nationalistes ou autres) cependant aujourd’hui, la situation est toute autre, le capital tend à s’en débarasser car ce qu’il lui importe c’est sa fluidité, sa propagation, ses réseaux…bref son caractère global !

La communauté humaine, avec la révolution à titre humain serait donc universelle et locale aussi par son mode de vie. Concrètement, on se doit de rompre avec les notions de territoires, de nation et évidemment de l’état. La communauté humaine mondiale nous permettrait de nous déplacer où l’on veut sans avoir à présenter de papier. Il n’y aurait plus de frontières culturelles ou étatiques, les différences entre communautés constitueraient une ouverture vers l’autre ; l’individu pourrait rejoindre un lieu de vie sans que l’origine de sa naissance soit une entrave à son intégration.

L’aspiration à la communauté humaine à un monde sans argent pourrait naître de l’envie de vivre d’autres rapports entre les êtres qui ne supporteraient plus d’être réduit à la fonction de producteur ou non producteur du capital. Les êtres humains ne seraient plus appelés producteurs car la société ne serait déterminée par des fonctions sociales. Il y aurait une utilisation collective ou personnelle de ce que produit la communauté. La priorité du partage remplacerait la constante de l’échange. Les êtres humains s’associent pour accomplir telle ou telle action, partager tel plaisir ou telle émotion ou répondre à une aspiration de la communauté sans qu’il y ait une structure hiérarchisée qui régente cela. Avec l’abolition de l’argent et de la marchandise, il existerait un contrôle conscient des êtres humains sur leur propre activité, au travers des relations et interactions existant entre eux et le reste de la nature.

La communauté humaine serait une société où la première richesse résiderait dans les relations humaines basées sur la convivialité et l’entraide.

Juin 2015
Bruno Signorelli
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Quelques remarques sur le projet de débat autour de la question d’un monde sans argent

Cette question a déjà fait l’objet de nombreux textes et débats au début des années 1970 sous l’impulsion de revues-groupes comme Quatre millions de jeunes travailleurs puis La guerre sociale pour ne citer qu’elles. Sans me prononcer directement sur les idées exprimées à l’époque on peut tout de même noter que le contexte de révolte avancée contre l’ordre général des choses, à un niveau international qui plus est, permettait au moins de ne pas poser une abstraite puisqu’elle pouvait même apparaître comme dans l’air du temps avec la critique idéologique de la « société de consommation » qui rencontrait un écho certain dans de larges couches de la population et particulièrement chez les jeunes.

Il faut toutefois reconnaître que cette critique était le plus souvent bornée par son horizon théorique de classe qui la conduisait à ne concevoir la question qu’à l’intérieur du « programme prolétarien » révolutionnaire, par exemple en exhumant les vieux textes conseillistes sur les bons de travail ou La critique du Programme de Gotha de Marx ou en essayant de sauver la valeur d’usage au détriment de la valeur d’échange cause de tous les maux ; une perspective que l’on retrouve encore dans des textes libertaires contre l’argent où le terme d’utilité semble servir de recette miracle pour la production et celui de distribution des richesse (« tout est à nous, rien n’est à eux ») de sésame pour l’échange. D’ailleurs, les plus extrêmes dans ce qui reste de gauche communiste en restent souvent à l’idée d’un communisme réalisant la suppression de l’échange et des échanges sous-entendant plus ou moins que tout échange est marchand, ce qui est pourtant un credo libéral et pour le coup signale une méconnaissance absolue des premières formes d’échanges3.

Bref la réflexion portait encore sur ce qui se passerait dans une phase de transition au communisme, dans le « socialisme inférieur » comme disent les marxistes orthodoxes. Certains, moins orthodoxes ou moins ouvriéristes en tout cas, couplaient ça avec une référence marquée au « communisme primitif » qui aurait été pratiqué dans des premières formes de société (les « sociétés primitives »). C’était un peu notre eschatologie à nous digne pendant de l’amour qu’éprouvaient nos ethnologues et anthropologues pour leur objet d’étude (cf. les gentils Arapesh de Margareth Mead), Ces références étaient en tout cas plus réjouissantes que celles défendues par les différentes catégories de staliniens sur la patrie du socialisme ou l’orient rouge et permettaient de maintenir une perspective utopique pour qui le socialisme réel faisait figure de repoussoir. Mais cette référence au « communisme primitif » relevait d’une incantation politique optimiste dans un contexte où tout semblait pouvoir changer sans que l’on puisse ou doive exactement plaquer « le programme » et permettait aussi de donner une note un peu hédoniste à la chose qui tranchait avec les slogans triviaux des maos du style « la révolution ne se fait pas en tenue de gala » ou autres métaphores du même tonneau. Mais bien vite des chercheurs militants comme Clastres montrèrent que même des « sociétés contre l’État » pouvaient être féroces et n’avoir rien d’égalitaire ou de communiste alors que d’autres (MAUSS) dénoncèrent la légende du troc fabriquée par les économistes et relativisèrent les pratiques du don transformées en idéologie anti-capitaliste avant la lettre.

Le retour aujourd’hui de cette vieille antienne sur les sociétés primitives est d’ailleurs étonnante et elle me semble se situer dans la même absence de références aptes à affronter le cours actuel des choses qu’il y a plus de quarante ans. Mais dans un tout autre contexte qui est celui de notre défaite et d’un grand pessimisme par rapport à nos possibilités d’agir sur ce cours actuel. L’intérêt pour les sociétés primitives fonctionne alors dans la gauche radicale et chez les libertaires comme un passé-futur sans présent. En attendant, poser aujourd’hui la question de la possibilité d’un monde sans argent me paraît à la fois daté et une façon complètement abstraite d’aborder les questions de la valeur, des prix, de la gratuité … et celle de la monnaie qui doit, à mon avis être distinguée de celle de l’argent au niveau théorique mais distinction qui ne pourra être mise au grand jour et mise ensuite en pratique que dans le cadre d’une gigantesque crise monétaire (et non pas financière) dont on est encore loin tant la position du dollar est solide à court et moyen terme. En attendant, tout cela est brouillé par le fait que la monnaie n’apparaît plus directement sous sa forme argent mais avant tout comme un instrument de communication sociale (la monnaie est un langage dit Aglietta). Une circulation d’information censée garantir le passage du présent au futur.

Ce qui se passe en Grèce est d’ailleurs symptomatique de cette stabilisation monétaire quand les institutions européennes pourtant très réfractaires au projet du nouveau gouvernement grec, ont empêché un écroulement d’une monnaie commune internationale alors que le repassage à la monnaie nationale aurait rapidement fait perdre toute valeur à la drachme, ce qui aurait alors posé le problème d’une Grèce sans argent mais isolée et sans perspective communiste (la Grèce actuelle n’est pas la Catalogne ou l’Andalousie d’hier ; elle n’est pas non plus « le monde »). La conséquence n’en est pas la même. Dans le premier cas, celui qui s’est produit pour le moment, le maintien de l’euro et donc de la monnaie-argent a conduit à une forte hausse des prix mais pas à sa mise hors jeu. Dans le second cas, qui n’est pas inenvisageable à terme, l’écroulement de la valeur argent de la monnaie conduirait forcément à sa remise en cause partielle ou totale.

C’est a contrario cette absence d’élément stabilisateur qui a permis que se développe en Argentine, au début des années 1980, des « clubs de troc ». « Monnaies fondantes » et monnaies locales sont de même ordre. Elles sont de l’ordre de la reproduction immédiate de rapports sociaux marchands traditionnels qui ne sont plus reproduits pour une raison quelconque. Ainsi, le développement des SEL indique que le procès global de valorisation tendant de plus en plus à secondariser le procès de travail vivant (inessentialisation de la force de travail), sa réalisation sous forme monétaire n’irrigue plus suffisamment le rapport social dans son ensemble. La demande non solvable (une catégorie virtuelle de l’économie politique à laquelle le crédit et la société de consommation a donné corps depuis) s’invente de nouvelles médiations et instruments d’échanges.

D’une manière générale, avec la « révolution du capital » il s’agit bien d’une sorte de réalisation du « socialisme inférieur », non pas par la suppression de l’argent pour réaliser le « De à chacun selon ses capacités à chacun selon ses besoins », mais par sa généralisation et sa banalisation sous des formes de plus en plus abstraites : dématérialisation de la monnaie qui ouvre la voie à la consommation de masse et en masse en masquant la valeur du prix, crédit à vie (et non pas « crédit à mort » !) qui permet de reproduire le tout, revenus sociaux intégrés comme leur nom l’indique, etc.

On est bien loin du fétichisme de l’argent quand la consommation apparaît comme une manne de produits disponibles qui se déversent quasi automatiquement, certes de façon très inégale mais sur une base minimum toujours plus haute. À la limite, on pourrait dire que le fétichisme ne réapparaît que dans le manque de ceux qui sont poussés dans les marges par le rouleau compresseur des restructurations économiques, la crise du travail, les nouvelles situations sociales créées par l’éclatement du modèle familial et les nouvelles mesures d’intervention de l’État qui se déplacent de l’assurance vers l’assistance.

J.Wajnsztejn
Cf.Temps critiques n°15 et le vol IV de l’anthologie des textes de la revue La société capitalisée L’Harmattan 2014. [↩]
Cf. J.Guigou et J.Wajnsztejn L’évanescence de la valeur, l’Harmattan , 2004. [↩]
Sur ce point, on peut se reporter à l’article de B. Pasobrola « Remarques sur le procès d’objectivation marchand » dans le n°15 de la revue Temps critiques, 2010, p. 125 à 136, disponible sur le site de la revue à l’article … Cf. aussi les thèses de Testard sur la valeur non marchande, les fonctions symboliques de la monnaie etc. [↩]

source de l’article blog temps critique

on peut signaler sur ce blog un autre texte:Retour sur le débat « une société sans argent ? »

Temps de guerre & terrorisme d’Etat : mise en place d’un dispositif

Lors d’une allocution prononcée en direct à la télévision, François Hollande a annoncé la fermeture des frontières et l’instauration de l’état d’urgence sur le sol français après les attaques qui ont frappé l’agglomération parisienne, vendredi 13 novembre, et à un peu plus de deux semaines de l’ouverture de la conférence sur le climat (COP21) au Bourget, au nord de Paris, où sont attendus des dizaines de chefs d’Etat et de gouvernement. :

Communiqué officiel à l’issue du Conseil des ministres
(extrait, site de l’Elysée, 14 novembre)

Le Conseil des ministres, convoqué par le Président de la République, s’est réuni le 14 novembre à 00h. Sur le rapport du Premier ministre, du ministre de l’Intérieur et de la Garde des sceaux, ministre de la justice, un décret déclarant l’Etat d’urgence a été adopté. Il prend effet immédiatement sur l’ensemble du territoire métropolitain et en Corse. Il permet notamment d’interdire la circulation des personnes et d’instituer des zones de protection et de sécurité.

Un second décret a également été adopté pour mettre en œuvre des mesures renforcées dans l’ensemble des communes d’Ile-de-France. Ces dispositions permettent l’assignation à résidence de toute personne dont l’activité est dangereuse, la fermeture provisoire des salles de spectacles et des lieux de réunion, la remise des armes et la possibilité de procéder à des perquisitions administratives.

Par ailleurs, le Président de la République a décidé le rétablissement immédiat des contrôles aux frontières. Les services des douanes sont également mobilisés à cet effet.

Les écoles, lycées et établissements scolaires et universitaires seront fermés ce samedi en Ile-de-France et les voyages scolaires annulés. (…)
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Des moyens renforcés en Ile-de-France

Le Parisien, 14 Nov. 2015, 01h55

A l’issue d’un conseil des ministres exceptionnel réuni cette nuit à l’Elysée, auquel participaient tous les membres du gouvernement sauf trois -dont le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian-, plusieurs mesures de sécurité ont été prises. Au-delà de l’état d’urgence, décrété pour la troisième fois dans l’histoire de la Ve République, un décret prévoit des moyens renforcées en Ile-de-France. Tous les établissements scolaires et universitaires seront fermés ce samedi dans la région. Les voyages scolaires sont annulés. 1 500 militaires supplémentaires ont d’ores et déjà été mobilisés.

Ce décret permet également d’assigner à résidence toutes les personnes considérées comme dangereuses. En cas de nécessité, les salles de spectacle et de réunion de la région pourraient également être fermées. Le décret autorise également les perquisitions administratives. Pour faire face au carnage, le plan blanc a été deployé dans les hôpitaux. Les cellules d’aide aux victimes des ministères de la justice, de la santé et des affaires étrangères ont été activées.
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Attaques à Paris : ce que veut dire la déclaration d’« état d’urgence » en France

Le Monde | 14.11.2015 à 00h33

Instauré par par la loi du 3 avril 1955, révisée par la loi de renseignement de mars 2015,

« l’état d’urgence peut être déclaré sur tout ou partie du territoire métropolitain ou des départements d’outre-mer, soit en cas de péril imminent résultant d’atteintes graves à l’ordre public, soit en cas d’événements présentant, par leur nature et leur gravité, le caractère de calamité publique ».

L’état d’urgence est déclaré par décret en conseil des ministres et ne peut être prolongé au-delà de douze jours que par la loi.

La déclaration de l’état d’urgence donne pouvoir aux préfets de département :

d’interdire la circulation des personnes ou des véhicules dans les lieux et aux heures fixés par arrêté ;
d’instituer, par arrêté, des zones de protection ou de sécurité où le séjour des personnes est réglementé ;
d’interdire le séjour dans tout ou partie du département à toute personne cherchant à entraver, de quelque manière que ce soit, l’action des pouvoirs publics ;

Le ministre de l’intérieur, pour l’ensemble du territoire, et le préfet, dans le département, peuvent :

ordonner la fermeture provisoire des salles de spectacles, débits de boissons et lieux de réunion de toute nature ;
interdire à titre général ou particulier les réunions de nature à provoquer ou à entretenir le désordre.

Le décret déclarant ou la loi prorogeant l’état d’urgence peuvent :

conférer aux autorités administratives le pouvoir d’ordonner des perquisitions à domicile de jour et de nuit ;
habiliter les mêmes autorités à prendre toutes mesures pour assurer le contrôle de la presse et des publications de toute nature ainsi que celui des émissions radiophoniques, des projections cinématographiques et des représentations théâtrales.

Les précédentes déclarations d’état d’urgence

Appliqué en Algérie après la promulgation de cette loi, l’état d’urgence a été prorogé par la loi du 7 août 1955 pour six autres mois. Il n’avait été appliqué en métropole qu’à trois reprises jusqu’à présent : après le retour au pouvoir du général de Gaulle, le 13 mai 1958, pour faire face à un éventuel coup de force ; en 1961, après le « putsch des généraux » ; et en novembre 2005, deux semaines après le début des émeutes urbaines.

Le gouvernement de Laurent Fabius a décrété l’état d’urgence en Nouvelle-Calédonie en décembre 1984. Une loi a conféré au Haut-commissaire de la République de ce territoire, jusqu’au 30 juin 1985, les pouvoirs dont dispose le préfet en France métropolitaine.
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Paris, nuit du 13 au 14 novembre 2015 : mise en place d’un dispositif

(Le parisien, 20Minutes&Figaro)

5h46. Des stations de métros restent fermées ce samedi matin sur L3,4,5,8,9,11

03:43 : 61 point de passages transfrontaliers dont 15 des principaux aéroports français font désormais d’un contrôle systématique.
[Rappel : dans le cadre de la COP21, le ministère de l’Intérieur avait déjà annoncé le rétablissement des frontières du 13 novembre au 13 décembre, décrit ainsi (Le Parisien 07 Nov. 2015, 08h19) : 285 points de passage autorisés (PPA), qu’ils soient terrestres (202), aériens (82 aéroports et aérodromes) ou maritime (1), tous situés en métropole, seront surveillés par la police aux frontières et les douanes, en particulier sur les frontières nord (axes en provenance du Benelux) et sud-est (près de l’Italie). Ceux-ci ont été choisis en concertation avec les pays limitrophes. La terminologie policière est trompeuse : les points de passage autorisés ne relèvent pas nécessairement de lieux fixes tenus de jour et de nuit, à l’image des anciennes barrières des douanes. Il s’agit souvent de zones ou de sites surveillés ponctuellement par des patrouilles mobiles, chargées d’effectuer des contrôles aléatoires ou ciblés, dans des créneaux horaires sensibles. »

03h40 : Le commerce avant tout
. Air France maintien ses vols de et vers la France

03h20 : La totalité des effectifs du 36 quai des Orfèvres a été rappelée afin de procéder aux constations et témoignages, soit 200 personnes. À cela s’ajoutent 800 policiers de voie publique de la préfecture de police et 46 équipages, soit environ 150 personnes venant des effectifs de la grande couronne venus en renfort pour assurer la sécurisation, la protection et les patrouilles de voie publique dans la capitale. Trois escadrons de gendarmerie mobile ont été projetés soit en tout 200 personnes, ainsi que trois compagnies de CRS, en tout 300 personnes sont également présentes afin de tenir les axes autoroutiers entrants et sortants de l’A6 et l’A4.
450 hommes de la Brigade des sapeurs pompiers de Paris (rappel : ce sont des militaires) sont en action épaulés par 4 colonnes – soit 280 personnes – issues de brigades hors de Paris.

02h45 Plus de 1.500 militaires sont désormais déployés dans les rues de Paris, en renfort des forces de police qui sont déjà très mobilisées.

02h29 : Les mariages sacrés de mairie de Paris. La mairie de Paris vient d’indiquer sur Twitter la fermeture, samedi, de tous les équipements de la ville : Ecoles, musées, bibliothèques, gymnases, piscines, marchés alimentaires. « Annulation des manifestations et fermeture de toutes les mairies d’arrondissements, seules les permanences E.Civil et Mariage seront ouverts » (Mairie de Paris)

2h17. « Rétablissement des contrôles aux frontières » mais pas de « fermeture », comme l’avait annoncé Hollande. L’Elysée vient de rectifier le tir. Autrement dit les citoyens européens pourront continuer à circuler en France s’ils viennent d’un pays de l’espace Schengen, mais ils seront soumis à un contrôle. A propos du rétablissement des contrôles aux frontières (et non la fermeture comme d’abord annoncé par François Hollande), le quai d’Orsay précise que « les aéroports continuent de fonctionner. Les liaisons aériennes et ferroviaires sont assurées ».

1h53. Un bilan plus précis fait état de 70 victimes au Bataclan. 120 morts en tout. Un bilan provisoire.

01h50 Alors que la situation est encore très floue à Paris, la préfecture de police maintiens ses consignes de sécurité : « rester chez soi ».

1h50. Une dizaine de bus RATP ont été réquisitionnés.

01h47 : Les députés appellent à l’union nationale. « Nous en appelons solennellement à l’union nationale pour permettre à notre pays de se rassembler et faire face à cette terrible épreuve », ont écrit Claude Bartolone, Bruno Le Roux (PS), Christian Jacob (LR), Philippe Vigier (UDI), Roger-Gérard Schwartzenberg (PRG), Cécile Duflot et Barbara Pompili (écologiste), André Chassaigne (Front de Gauche)

01h32 : « Toutes les manifestations de voie publique sont suspendues jusqu’à nouvel ordre » (Préfecture de police).

1h30. Plusieurs lignes de bus de nuit sont interrompues en Ile-de-France. RATP Noctilien interrompu : N11, 12, 13, 14, 15, 16. La préfecture annonce également que les lignes de métro 3, 5, 8, 9 et 11 sont « coupées ». Le trafic est très perturbé sur de nombreuses autres lignes, notamment sur le RER B, indique le site de la RATP.

01:17 La préfecture de police met en place des numéros pour recueillir des appels à témoins.

01h05. Facebook vient de lancer une fonctionnalité spéciale à destination de ses utilisateurs se trouvant à Paris. Chaque personne située dans la zone à risque peut indiquer si elle est en sécurité, ce qui envoie automatiquement une notification à ses amis. Cette fonction avait été lancée à l’occasion du séisme qui s’est produit en avril au Népal.

00h40 : Le PS et le FN annoncent qu’ils suspendent leurs campagnes aux élections régionales

00h36. Les établissements scolaires fermés demain. En Ile-de-France établissements scolaires et universitaires fermés samedi, annonce le rectorat de Paris.

23h58. 200 militaires sont envoyés en renfort dans le Xe et le XIe arrondissement de Paris. La préfecture de police recommande sur Twitter aux personnes qui se trouvent en Ile-de-France « d’éviter de sortir sauf nécessité absolue » après les attaques simultanées à Paris. « Fusillades à Paris, nous vous invitons à ne pas sortir de chez vous en attendant les instructions des autorités » (mairie de Paris sur les panneaux publics d’affichage électronique)

23h55. Le président Hollande déclare l’état d’urgence et la fermeture des frontières françaises : « Deux décisions seront prises au cours d’un conseil des ministres extraordinaire. D’abord, l’état d’urgence sera décrété. Certains lieux seront fermés, la circulation pourra être interdite et des perquisitions seront ordonnées. Deuxième décision, la fermeture des frontières. Nous devons nous assurer que personne ne pourra rentrer [dans le pays] ».

23:51 La Mairie de Paris appelle les habitants à rester chez eux

23:49 Le parquet antiterroriste se saisit de l’enquête

23:42 Le plan Rouge Alpha en cas de multi-attaques a été déclenché. Tous les lieux sensibles sont placés en alerte.

22h20-22h50 : six attaques coordonnées contre des foules à St Denis (devant le stade de France contre les clients de McDonald’s) et dans l’est parisien (terrasses de bars, restaurants, salle de concert, voitures en circulation des 10e et 11e arrondissements) : rue de Charonne (un bar), rue Alibert/Bichat (un bar et un resto), rue de la Fontaine-au-Roi (une pizzeria), bd Beaumarchais (le Bataclan). Plus de 120 morts et 200 blessés.

source Brèves du désordre