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De nouveau le terrorisme islamiste lié à Daesh a frappé l’hexagone avec une violence rare. Ces « fous d’Allah » comme certains les appellent ont voulu punir l’État français pour son implication militaire dans un conflit syrien qui fait quotidiennement des dizaines et des dizaines de morts. Mais il y a plus que cela, plus que ce dent pour dent et œil pour œil.
Le grand drame des djihadistes, c’est que dans leur immense majorité, les musulmans, les pratiquants comme les plus distanciés à l’égard de la religion, ne se reconnaissent pas dans leur lecture anhistorique, littérale du Coran, dans leur sectarisme qui fait d’eux les seuls vrais et respectables musulmans. Leur seul espoir de conquérir les musulmans de France est dans l’exacerbation des tensions inter-religieuses ici-même. Jouer sur le racisme et l’islamophobie, rendre insécure la situation des musulmans de France pour prouver que la place des vrais musulmans n’est pas ici, au milieu des infidèles, mais dans ce califat auto-proclamé qui émerge au coeur du Moyen-Orient.
Vous l’aurez peut-être remarqué mais les djihadistes ne s’attaquent pas à l’extrême droite raciste et islamophobe parce qu’ils partagent avec elle la même idée centrale : le vivre ensemble est impossible, ou plutôt, le vivre ensemble ne doit pas être possible. Les djihadistes attaquent Paris la cosmopolite et tire indifféremment sur la population, sans se soucier le moins du monde de la couleur de sa peau ou de sa confession. Nos jihadistes, par leurs idées et leurs méthodes, sont d’extrême droite, même si parler d’islamo-fascisme n’a pas de sens, à moins de réduire le fascisme à une forme de totalitarisme et de mépris de la vie humaine, et d’oublier que le fascisme fut un paganisme.
En septembre 1990, Georges Bush, le père de l’autre, déclare devant le congrès : « Nous nous trouvons aujourd’hui à un moment exceptionnel et extraordinaire. La crise dans le golfe Persique, malgré sa gravité, offre une occasion rare pour s’orienter vers une période historique de coopération. De cette période difficile, notre cinquième objectif, un nouvel ordre mondial, peut voir le jour : une nouvelle ère, moins menacée par la terreur, plus forte dans la recherche de la justice et plus sûre dans la quête de la paix. »
Vingt-cinq ans plus tard, le monde est plus convulsif que jamais. Les Etats-Unis ont voulu exporter la démocratie, ou plutôt leur conception de la démocratie, celle qui a pour pilier le marché libre et non la justice sociale. Ils ont joué, seuls ou accompagnés, aux apprentis sorciers en Afghanistan, en Irak, en Libye, en Syrie, comme si ces territoires étaient sans Histoire, sans structures sociales, sans rapports de force interne, et donc malléables à merci. Chacun sait pourtant que l’extrémisme religieux fleurit sur la désespérance sociale, la corruption, la violence étatique et les politiques discriminatoires. Ramener l’eau courante et l’électricité dans les foyers, remettre en état des services publics, rouvrir les écoles, faire que ce soit la justice et non l’arbitraire qui soit la règle… voilà en somme ce que demandent essentiellement des populations usées par des décennies d’autoritarisme politique et de guerre. Au lieu de cela, les néo-conservateurs ont joué les uns contre les autres, les chiites contre les sunnites par exemple, puni les uns et récompensé les autres. Ces pays sont devenus des poudrières sur lesquelles règnent des politiciens affairistes, des seigneurs de la guerre, des fanatiques religieux et le Big business.
Daesh a déclaré la guerre au monde libre disent certains. Non, Daesh a déclaré la guerre à tout le monde, aux musulmans tout d’abord qu’ils massacrent sans pitié, et à notre insouciance, autrement dit à notre souhait de vivre paisiblement à l’écart des tourments du monde qui doivent tant à l’action de ceux que l’on a porté au pouvoir. Reste à savoir si, pour pouvoir jouir paisiblement des bienfaits de la société de consommation et de la démocratie représentative sans saveur qui est la nôtre, nous accepterons sans ciller de voir nos libertés être mises sous surveillance et nos indignations sociales être mises sous éteignoir au nom de l’Union sacrée.