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Russie : Affaire « Réseau » – Arrestation d’anarchistes

Attaque

Anarchy Today / avril 2018

Automne 2017. L’État russe participe activement à la guerre en Syrie. Ses relations internationales sont réduites à néant après l’annexion de la Crimée, les interventions militaires et les menaces. La société civile se rappelle de l’assassinat de l’important politicien d’opposition Nemtsov. Des centaines d’exilés politiques et des dizaines de prisonniers politiques. Les sanctions commerciales à l’importation et la chute des prix de l’énergie sont en train de dévaster l’économie. Des protestations de masse contre la corruption et la grève des transporteurs de fret, la guérilla islamiste dans le sud – voilà la situation de la Russie. En quelques mois, il y aura les élections présidentielles [elle ont eu lieu le 18 mars 2018 et ont été gagnée, sans surprise, par le tsar Poutine ; NdAtt.].

Courant octobre, des rumeurs courent à propos de nombreux anarchistes arrêtés à Penza [grosse ville à 600 km au sud-est de Moscou ; NdAtt.]. Mais aucune information n’est disponible sur internet. C’est difficile d’avoir des nouvelles. Même le nombre des personnes détenues n’est pas connu. Seuls quelques fragments de fuites d’infos font état du fait que la section anti-terroriste du FSB (les services secrets) a pris part aux arrestations. Cela est difficile à croire, puisqu’il n’y a pas eu d’actions radicales à Penza depuis de nombreuses années. Il paraît que ces rumeurs ne sont pas fiables, exagérés.

Tout à coup, dans les milieux anarchistes arrivent des nouvelles de l’un des arrêtés. Il demande à tous.te.s celleux qu’il connaît de s’enfuir et assure que « le FSB possède des méthodes efficaces ». Les camarades qui s’attendaient au pire se sont mis au vert à l’avance.

Pendant trois mois, l’affaire a été couverte de zones d’ombre, jusqu’à ce qu’une nouvelle vague d’arrestations débute. A Saint-Pétersbourg, Victor Filinkov, Igor Shishkin et Julian Boyarshin ont été emprisonnés. Ilya Kapustin également, un collègue de travail de l’un des arrêtés, a été incarcéré. Après l’interrogatoire, il a été relâché. Il a parlé des tortures et est parti en Finlande, où il a demandé l’asile politique. A ce moment-là, les nouvelles sur l’affaire s’est largement répandues et des détails sont ressortis, notamment à propos des tortures.

Aksenova Alexandra, la femme de Filinkov, a, elle aussi, demandé l’asile politique en Finlande. Les enquêteurs la considèrent comme une idéologue du « Réseau » [« сеть » en russe : en anglais, le mot est traduit par « network »; NdAtt] et disent qu’elle aurait eu un entraînement militaire en Ukraine.

Clandestin

Selon le FSB, les personnes arrêtées appartiennent à l’organisation anarchiste clandestine « Réseau », qui se composerait de plusieurs groupes autonomes. Les buts du « Réseau » seraient la radicalisation des gens durant des protestations de masse, des attaques contre des autorités publiques lors les élections présidentielles et la Coupe du monde de football, l’élimination physique des chefs des administrations locales, de chefs de « Russie unie » [le parti de Poutine ; NdAtt.] et des chef de filiales d’agences des affaires internes, et le renversement de l’ordre constitutionnel.

La seule chose certaine est que les anarchistes ont suivi des entraînements militaires dans la forêt. Celleux qui y ont participé y ont appris des tactiques d’affrontements, la pyrotechnie, des techniques de survie, de premier secours. Le vidéo de cet entraînement est à disposition du FSB. Toutefois, il n’y a aucune preuve concernant la commission d’action directes et les personnes emprisonnées ne sont même pas accusées d’en avoir réalisées.

Chronologie des arrestations

En octobre-novembre 2017, des membres supposés du groupe local du « Réseau » ont été arrêtés à Penza :

Egor Zorin
Ilya Shakursky
Vasily Kuksov
Dmitry Pchelintsev
Andrey Chernov
Arman Sagynbaev

d’âges compris entre 21 et 27 ans.

Selon le dossier, deux autres membres du groupe « 5.11 », de Penza, ont réussi à s’enfuir. Pendant les perquisitions dans des appartements et des voitures, les agents du FSB ont saisi des pistolets, des grenades, des la poudre noire et du matériel pouvant servir à confectionner des explosifs. Les arrestations n’ont pas eu lieu toutes au même moment, mais ont été effectuées pendant deux semaines. Cependant, peu de monde en a profité pour s’échapper.

Toujours selon le même dossier des enquêteurs, Filinkov et Shishkin, incarcérés à la fin janvier 2018, étaient des membres de deux groupes de Saint-Pétersbourg, respectivement «Champs de Mars » et « Jordan ». Quant à savoir à quel groupe ils rattachent Boyarshin, ça reste un mystère. En plus des trois arrêtés, le FSB pense qu’il y a au moins 8 autres membres des groupes de Saint-Pétersbourg. De plus, deux autres personnes sont nommées en relation avec le groupe « MSK », de Moscou. Le FSB a aussi parlé de l’existence d’une branche du « Réseau » en Biélorussie. Plus tard, le KGB [les services secrets biélorusses ; NdAtt.] a arrêté un anarchiste biélorusse, mais pour l’instant on ne sait pas si cela est en lien avec « l’affaire Réseau » ou pas.

Témoignages

Les preuves principales sont les témoignages des personnes arrêtées. Malheureusement, parmi les neuf personnes arrêtées, seuls Vasily Kuksov et Julian Boyiarshin ont refusé de parler. Tous les autres ont donné des témoignages sur eux-mêmes et leurs camarades.

« Un homme masqué est entré, il avait un mouchoir couvert de sang dans sa main, c’est quand j’ai entendu le nom de Kuksov. C’est là que j’ai compris ce qu’étaient ces gémissements venant de l’autre pièce. » (Shakursky)

Les agents du FSB ont tout de suite fait recours, en plus des tabassages classiques, à la torture avec des décharges électriques, mais dans certains cas ils ont utilisé des électrodes.
« Ils m’ont bandé les yeux et m’ont mis une chaussette dans la bouche. Ensuite, une sorte de fils métalliques a été attaché à mes orteils et j’ai ressenti la première décharge de courant et je n’ai pas pu m’empêcher de gémir et de trembler. Ils ont répété ce processus jusqu’à ce que je promette de dire ce qu’ils allaient me dire de dire. Depuis lors, j’ai oublié le mot « non » et j’ai dit tout ce que les flics m’ont dit de dire ». (Shakursky)

Les choques électriques ont été appliqués des dizaines de fois partout sur le corps, y compris les zones génitales.
« Il alternait des coups sur la jambe avec des décharges électriques dans les menottes. Parfois il frappait dans le dos ou le cou… J’ai capitulé presque immédiatement, après les dix premières minutes. J’ai ciré : « Dites-moi quoi dire, je dirais tout ce que vous voulez ! » mais la violence ne s’arrêtait pas ». (Filinkov)

Il est important de remarquer que les flics ont utilisé la torture aussi après que les personnes arrêtées ont été visitées par la Commission de supervision publique (PMC) [une commission étatique censée contrôler le respect des droits humains en prison ; NdAtt.]. Pendant la visite à Filinkov, les contrôleurs des droits humains ont trouvé des traces récentes de coups, ecchymoses, traces de brûlure par électrocution. Mais cela n’a pas arrêté les tortures.

Les agents des services secrets les ont forcés à apprendre les « témoignages » qu’ils voulaient entendre, les mauvaises réponses portant de nouveaux coups. Ils ont distribué les rôles eux-mêmes et sélectionné les faits de manière aléatoire, les modifiant à plusieurs reprises.
« On m’a posé des questions, si je ne connaissais pas les réponses j’étais frappé, si ma réponse ne coïncidait pas avec leurs expectatives j’étais frappé, si je prenais du temps pour y penser ou pour formuler la réponse j’étais frappé, si j’oubliais ce qu’ils avaient dit j’étais frappé ». (Filinkov)
« Quelque fois, les enquêteurs ont amené les feuilles avec mon « témoignage » en dehors de la pièce. Il devenait évident que toute cette histoire, fabriquée par le FSB, a des commanditaires qui s’assurent que rien ne sorte du cadre général »

Il n’y a pas uniquement les accusés qui ont été torturés, mais aussi les témoins. Les agents ont pris Ilya Kaputsin, un collègue de travail de Shishkin.
« Je veux présenter mes plus profondes excuses aux personnes qui ont été touchées par mon problème, excusez-moi, les gars ! » (Shishkin).

« Quand je ne connaissais pas la réponse à une question, par exemple quand je ne comprenais pas de qui ou de quoi j’étais en train de parler, ils me frappaient avec des décharges électriques dans la zone de l’aine ou sur le côté de l’estomac. J’étais frappé par une décharge électrique pour que je dise que cet ami ou tel autre serait en train de préparer quelque chose de dangereux ». (Kapustin)

Pchelintsev Dmitry a été pendu la tête en bas avec une dynamo attachée à ses doigts. Ils m’ont mis dans un tel état qu’« ils touchaient mon cou et vérifiaient que je n’étais pas en train de mourir…». Plus tard, Dmitry a dénoncé les tortures, grâce à un avocat. Après, il a été de nouveau torturé et il a été prévenu que s’il « y restait », les agents auraient mis en scène son suicide et montré une vidéo à ses proches.

Andrei Chernov, en plus de la torture, a aussi été menacé du fait que son frère allait aussi être emprisonné.

Boyarshin a été tabassé après avoir été incarcéré pour avoir refusé de parler. Plus tard, il a été transféré dans le centre de détention « Gorelovo », où il a été durement tabassé dans sa cellule par des prisonniers qui collaborent avec l’AP. Cette prison est connue pour ses mauvaises conditions : les prisonniers y sont tabassés, violés, torturés et les autorités publiques en ont connaissance. Le processus de torture est contrôlé par des agents du FSB. Ils sont venus à nouveau pour demander à Julian de témoigner, mais pour le moment il reste fort.

La solidarité sous le coup de la répression

Le FSB ne s’est pas limité aux figurants de l’ « affaire Réseau ». De façon inattendue, il a commencé à faire arrêter les critiques et aussi la solidarité avec les arrêtés. Le premier coup a été porté aux activistes des droits de l’homme qui ont fait des déclarations critiques. Dinar Idrisov, qui a dit qu’avant les élections présidentielles il allait y avoir le « balayage programmé » de personnes fichées par le Centre « Extrémisme » (une autre agence publique de sécurité), a été tabassé devant chez lui. D’autres journalistes qui ont couvert des actions de solidarité ont été perquisitionnés.

Le FSB a interrogé l’anarchiste Sofiko Arifjanova ; ils voulaient qu’elle témoigne sur le fait que les anarchistes soutiennent le mouvement Artpodgotovka (« Bombardement d’artillerie») du nationaliste Maltsev [Vyacheslav Maltsev, politicien nationaliste et bloggueur russe qui avait appelé à une « révolution » contre Poutine pour le 5 novembre 2017, anniversaire de la révolution d’Octobre ; des centaines de manifestants convenus ont été interpellés – et Artpodgotovka déclaré illégal ; NdAtt.], dont les militants ont été massivement incarcérés en novembre 2017. Peu avant les arrestations, Maltsev s’est tout à coup déclaré lui-même anarchiste, ce qui peut difficilement être une coïncidence.

En janvier 2018, des anarchistes de Moscou ont mené des actions de solidarité dans la rue, y compris le fait de briser la fenêtre du bureau du parti « Russie unie » et jeter à l’intérieur des feux d’artifice. Quelques jours après, les forces spéciales ont débarqué dans les appartements d’Elena Gorban et d’Alexei Kobaidze, qui ont été interpellé.e.s et amené.e.s au commissariat pour y être interrogé.e.s.

En février 2018, il y a eu une action de solidarité à Cheliabinsk [à l’est de l’Oural, à 1500 km de Moscou ; NdAtt.] : une banderole avec le slogan « FSB – les plus grands terroristes » a été posée devant les locaux du FSB. Quelques jours plus tard, les forces spéciales de la police ont arrêté l’anarchiste Dmitry Tsibukovsky, directement à l’usine où il travaillait. Trois autres personnes ont également été interpellées. Tsibukovsky et Maxim Anfalov ont été tabassés et torturés avec des décharges électriques. Ils ont été forcés de se déclarer coupables de l’action et de témoigner là-dessus.

« Ils frappaient avec un shocker électrique sur la poitrine, sur les jambes, sur les mains – ça sentait comme s’ils y mettaient quelque chose de très chaud. La chose la plus désagréable était quand ils frappaient sur les menottes, c’était très douloureux et puisque je tremblais, cela faisait mal aussi à cause de la compression des menottes. Les coups les plus douloureux étaient ceux portés sur les mains – ils me disaient de tenir le shocker à deux mains et l’allumaient. C’était très douloureux. » (Anfalov)

« Puisque je n’ai rien déclaré pendant un long moment, le flic m’a appliqué un shocker électrique. Il m’a infligé au moins cinq décharges sur les jambes, dans les cuisses. Après chaque décharge, il me demandait si j’avais décidé quoi dire. La douleur due au courant électrique était insupportable et j’ai décidé « d’avouer», de donner le témoignage dont le flics avaient besoin pour m’enfermer, moi et les autres. Pour moi, en ce moment, c’était important de sortir vivant de cette situation. Pendant l’interrogatoire, le flic a écrit le témoignage lui-même et il me l’a tendu pour que je le signe ». (Tsibukovsky)

Anastasia Safonova n’a pas été torturée, mais a été obligée d’écouter les tortures subies par Tsibukovsky, son copain.
« Pendant l’interrogatoire, ils m’ont donné la possibilité de parler avec Safonova à travers le téléphone interne. Safonova était enfermée dans le bureau d’à côté. On m’avait dit que je devais la convaincre de confirmer mon témoignage et qu’ainsi ils nous mettraient ensemble. » (Tsibukovsky)

Les flics se sont moqués de Dimitry Semenov, l’obligeant à rester pendant longtemps dans une position mi-accroupie.
« Ils ont amené une sorte d’objet, ils m’ont dit que c’était une sorte de shocker électrique, ils m’ont attaché à une chaise et m’ont dit que c’était ma dernière possibilité d’écrire une confession, mais je ne l’ai pas écrite. » (Semenov)
Il a été sauvé de la torture par un avocat, qui est arrivé rapidement.

En février, l’anarchiste Yevgeny Karakashev a été arrêté à Yevpatoria, en Crimée. Il a été accusé d’incitation à la haine et d’appel public au terrorisme. La base de ces accusations était une vidéo des « Partisans de Prymorie », un groupe de combat de l’extrême-orient russe, qui a été actif en 2010.

Début mars, à Sébastopol (Crimée), des membres des structures répressives ont débarqué dans la maison de l’anarchiste Alexei Shestakov pour une perquisition. Ils lui ont mis un sachet plastique sur la tête et l’ont amené dans la camionnette, où il a été jeté a terre.
« J’ai perdu mes chaussures – ils avaient enlevé les lacets. Ils ont serré le sachet sur ma tête, l’air est sorti et j’ai commencé à suffoquer. J’ai essayé de respirer, ils ont de nouveau serré. Dix ou vingt minutes se sont écoulées. A ce moment-là, ils ont levé mes bras derrière mon dos, tirant sur les menottes, les tordant. Ils m’ont dit « Crie : je suis un animal ! ». J’ai crié. Ils ont laissé mes bras. Ils ont pris mon pouce et commencé à le tordre, lentement. Maintenant il est cassé. Quand ça allait vraiment mal, ils demandaient :  « Ça ne te plaît pas, ici ? » » (Shestakov).
Shestakov a été condamné à 11 jours de détention pour avoir publié des chansons interdites sur des réseaux sociaux. Après, il est parti en Ukraine.

En mars, plusieurs personnes ont été arrêtées à Moscou, l’anarchiste Svyatoslav Rechkalov et son colocataire et aussi plusieurs personnes de gauche qui ont été relâchées par la suite.
« Ma main et celle de mon coloc’ ont été attachées ensemble, derrière nos dos, puis ils nous ont couvert les yeux avec du ruban adhésif noir et nous ont placés dans le coffre d’un micro-van. Ils m’ont dit que c’est une erreur d’agir comme un criminel dans la lutte contre le crime. Qu’il faut coopérer avec les autorités publiques et s’engager dans des activité socialement utiles. Un d’eux a dit, avec un ricanement : « Bon, je pense qu’un révolutionnaire si déterminé dans ses idées supportera toute douleur ». Deux autres ont commencé à me frapper. Les coups n’étaient pas forts, mais la force des décharges électriques augmentait jusqu’à devenir assez douloureuse. Quelqu’un de l’extérieur m’a attrapé par le pantalon, ils ont commencé à tirer et crier qu’ils n’y seraient pas allés de main morte. J’ai dit ensuite que j’étais prêt à parler [il a témoigné contre soi-même, mais pas contre d’autres personnes] » (Rechkalov)

La couverture de l’affaire en Russie

De nombreux anarchistes ou journalistes russes interprètent cette affaire à leur manière. Les anarchistes arrêtés sont appelés avec des définitions amorphes « d’antifascistes » ou « activistes de gauche », niant complètement l’existence d’un mouvement anarchiste, au-delà des fantaisies du FSB. Quel est le but d’un tel comportement ?

Tout d’abord, le désir d’influencer la société civile proche de l’opposition, de façon que cette affaire puisse avoir la plus grande résonance et sympathie, ainsi que de trouver l’argent pour les avocats. Le but a été atteint, la répression est largement documentée, les activistes des droits de l’homme ont rejoint la campagne de solidarité.

Évidemment, lors du procès, quelques unes des personnes arrêtées récuseront les accusations et certains activistes supposent que l’opinion publique aidera à obtenir des sentences plus légères… Les familles des compagnons veulent y croire, ils ne peuvent pas encore accepter l’inévitable.

Mais est-ce qu’on peut vraiment y croire ? Est-ce que la faveur de l’opinion publique a évité la condamnation des Pussy Riot ? A-t-elle protégé les manifestants condamnés en 2012 ? A-t-elle aidé Dmitry Buchenkov [anarchiste, arrêté le 2 décembre 2015 car accusé d’avoir participé aux heurts entre la police et les manifestants à Moscou, en mai 2012, lors des protestations qui ont suivi la réélection de Poutine ; NdAtt.] à éviter des accusations évidemment fausses ? Dans un ou deux ans, la société civile aura oublié les prisonniers, et tout ce qui leur restera sera quelques proches et leur propre conviction, pour leur éviter de sombrer dans l’abîme d’années de désespoir. Compter sur l’opinion publique en tant que levier de pression sur l’autorité russe, sourde, est une illusion dangereuse.

Il est impossible de ne pas comprendre que nos compagnons seront emprisonnés de façon exemplaire et cruelle. La réalité objective ne changera pas par le fait que des personnes veulent aider les prisonniers de cette manière ou s’auto-persuader de l’inexistence du « réseau ». Et la majorité des anarchistes, ainsi que le FSB, savent que le mouvement clandestin anarchiste n’est pas une fiction.

Jusqu’à présent, les anarchistes ont perdu leur identité à cause de leur propre retenue. Cela génère la fausse impression que le FSB a attrapé des activistes de gauche au hasard, qui se limitaient à jouer à l’airsoft et partageaient des vagues vues « antifascistes ». Le mot « anarchistes », en référence aux compagnons, apparaît de moins en moins dans les médias du pouvoir, nous sommes perdu dans un « antifascisme » anonyme. Les anarchistes apparaissent comme les victimes de la terreur d’État, n’ayant aucune volonté de combattre le système, ce qui devrait pourtant être ce qui les caractérise. On doit payer le prix de l’impersonnalité quand on veut obtenir la sympathie de la majorité.

Et au fait, la majorité ? Avec le durcissement du régime, la désillusion de la population quant aux méthodes de lutte libérales et légales grandit. L’affrontement direct avec les autorités publiques gagne de plus en plus de sympathies. La Russie a déjà traversé un moment semblable, au début du 20ème siècle, quand les révolutionnaires jouissaient d’une large sympathie dans la société.

Les anarchistes ne doivent pas avoir honte d’eux-mêmes. Nous pouvons, à la rigueur, nier toute « culpabilité » au tribunal. Cependant, un anarchiste qui récuse les accusations, ne doit pas laisser tomber son identité, ses idées. Personne ne pourrait condamner les faits contestés : il n’y a rien de honteux dans des attaques contre l’autorité, dont on devrait être embarrassés ou qu’on devrait éviter. C’est cela que les autorités publiques désirent le plus : que pour quelques chances illusoires dans la court d’un tribunal, les anarchistes eux-mêmes dénoncent les méthodes radicales. Tout ce que les compagnons détenus peuvent faire c’est de rompre l’arrangement de la repentance et du déni de soi mis au point par le FSB, afin de passer le procès qui viendra avec dignité. C’est à cela que nous tous devons contribuer.

La couverture de l’affaire à l’étranger

Nous ne savons pas si cela a été fait de façon intentionnelle ou pas, mais le mouvement anarchiste international s’est fait induire en erreur. Par exemple Crimethinc répète la version droit-de-l’hommiste, selon laquelle le FSB « a utilisé la torture pour les obliger à signer de fausses déclarations par lesquelles ils admettent de participer à un réseau terroriste bien évidemment inventé ».
Le 20 avril, la télé russe a montré une vidéo de propagande sur l’affaire, qui contient aussi la vidéo d’un entraînement militaire, qui ne ressemble pas du tout à de l’air soft.

Un telle approche, comme celle de remplacer la réalité par une interprétation arbitraire (quoique avec de meilleurs intentions) détruit la confiance à l’intérieur du mouvement. Si on ne peut pas dire la vérité, qu’on garde le silence, mais qu’on ne mente pas.
La vérité est que les personnes arrêtées sont des anarchistes ou des personnes qui se considèrent d’abord antifa ; il n’y a pas d’antifas non-anarchistes parmi eux. En outre, le FSB n’est pas en train de taper au hasard, mais il vise les anarchistes appartenant à un certain courant social-révolutionnaire.
Cependant, cela signifie-t-il qu’il n’y a pas de falsification ? Bien sûr que non.

Falsifications

Évidemment, les instructions internes adressées au FSB ont laissé aux flics la possibilité de recourir à leur gré à un certain panel de torture, le but principal étant d’atteindre le résultat voulu. Auparavant, le fait que les tortures aient été rendues publique les a, en général, fait arrêter. Les flics de base ont préféré ne pas prendre de risques. Maintenant, la publicité de ces faits ne les dérange plus et les flics affichent impertinemment leur pouvoir sans limites.

Selon les compagnons, les flics sont en train de suivre des pistes délirantes, comme celle des financements venant de l’Iran ou des liens avec le mouvement nationaliste  Artpodgotovka . les flics surestiment donc de manière voulue l’importance de l’organisation anarchiste clandestine. Avec de telles méthodes d’investigation, personne peut dire de manière sûre où est la vérité et où se trouve la fiction. Des telles méthodes permettent de créer des affaires complètement bidons, comme cela a été le cas pendant longtemps pour ce qui concerne les immigrés.

De telles falsifications rappellent les bien connues pratiques des tribunaux de Staline. Dans les années 30, la violence à l’encontre des personnes arrêtées grandissait d’une année à l’autre, jusqu’à atteindre le niveau de tortures médiévales sophistiquées. Des antifascistes européens qui avaient été interrogés par la Gestapo et ont par la suite été arrêtés par la NKVD (l’ancêtre du KGB) dans l’Union Soviétique ont témoigné de l’emprunt évident de l’arsenal des techniques de torture aux nazis. En même temps, il y avait un niveau grandissant de falsification des investigations, jusqu’à celles complètement inventées, au hasard des personnes qui étaient jugées.

Il n’y a pas de garanties : à savoir si les personnes arrêtées n’ont rien à voir avec l’affaire, si les armes ont été mises là [pour être trouvées par les flics ; NdAtt.] et lesquelles, si les buts de l’organisation ne sont pas fictifs. Avec de telles méthodes d’investigation, les falsifications cessent de différer de la réalité : sous torture, presque tout le monde fournira les témoignages demandés.

Conclusions

Un des buts de la torture était son aspect démonstratif. L’ordre à ce propos est arrivé d’en haut, ça n’a pas été simplement une méthode pour mettre des gens hors-jeu ou pour fabriquer des témoignages. Le FSB voulait convaincre les anarchistes et les mouvements anti-régime que même un comportement loyal collaboratif avec les forces répressives] après l’arrestation ne garantirait pas le fait d’échapper à la torture. Ces tortures sont prophylactiques et ont le but d’intimider.

Le gouvernement russe, comme tout régime autoritaire, ne peut pas exister sans l’image de l’ennemi, extérieur ou intérieur. Mais les gens, depuis l’époque de l’Union soviétique, ont été habitués à l’éternelle « menace venant de l’Ouest » avec ses espions. Par conséquent, la société est de plus en plus poussée vers le massacre brutal des « ennemis publiques». Pour parvenir à cette fin, le sujet de l’extrémisme est activement promu et de nouveaux « ennemis » sont détruits.

Maintenant c’est au tour des anarchistes de jouer le rôle de l’ « ennemi ». Cela est manifeste depuis plusieurs années, depuis que la répression a commencé à créer de fausses affaires « extrémisme ». Le FSB se fout des actions radicales réelles, maintenant les personnes sont sélectionnées simplement pour leurs intentions, pour leur idéologie. Dans la Russie moderne, être appelé un anarchiste révolutionnaire est devenu un crime. Nous sommes revenu aux temps du tsarisme.

La Russie se dirige vers le fascisme, le pire est devant nous.

Saint-Jean-du-Gard, France : Le Monument aux Morts repeint par des anarchistes –

 

Samedi 9 juin, des individus ont tagué le monument aux morts de la place Carnot à Saint-Jean-du-Gard, avec différentes inscriptions (« no nation, no border ; la police assassine »…) et des A cerclés. D’autres bâtiments bien moins sacralisés ont aussi été décorés d’inscriptions similaires.

[Reformulé de leur presse, 10.06.2018]

Contre l’isolement carcéral et en solidarité avec Fabrice Boromé

note:On a décidé de faire des ateliers d’écritures Quelques let­tres pour faire le lien avec les pri­son­niers de la guerre de classe  pour briser un peu les murs des pri­sons. Ils nous racontent leur dedans et on leur raconte notre dehors ou tout autre chose. Du texte , du dessin, amène tes crayons et tes feu­tres le prochain c’est à vendredi 15 juin à 17h30  jusqu’à la fin de la dernière lettre c’est: au laboratoire anarchiste  8 place saint jean valence.


 

[reçu par mail]

Contre l’isolement carcéral et en solidarité avec Fabrice Boromée, rdv le jeudi 21 juin à 16h au 1 cours Albert Thomas 3èmeme arrondissement de Lyon, non loin de la direction interrégionale des services pénitentiaires.
Et le vendredi 22, dés 19h30, table de presse, apéro, représentation de  »Pisser dans l’herbe… » et discussion à Moulins (03) salle de quartier des Chartreux.
Actions à Paris en cours d’organisation … et toutes celles que vous organiserez dans tous les coins. Faites tourner !

Et je te joins le communiqué avec, à diffuser tous azimuts, des anars radicaux aux cathos droit de l’hommiste, peu importe tant que ça revient aux oreilles de l’AP.
Bises !

[ Appel 21 juin Boromée v2.pdf (31.2 Ko) ]

Du son qui met la pression contre toutes les prisons.

10 ans après l’incendie à Vincennes de la plus grande prison pour étranger de France,
retrouvons nous, contre toutes les prisons et le monde qui les produit.

21juin2018-1-medium

Alors qu’on est toujours plus nombreu.ses à être confronté.es à la prison, que l’Etat planifie la construction de nouvelles taules et qu’il étend toujours plus hors les murs son contrôle sur nos vies grâce aux contraintes judiciaires et aux peines « alternatives », affirmons notre désir de ne jamais voir une autorité décider de notre liberté !

10 ans après l’incendie à Vincennes de la plus grande prison pour étranger de France,
retrouvons nous, contre toutes les prisons et le monde qui les produit,

le 21 juin sur la place des fêtes (Paris 19ème)
rassemblement à 19h
déambulation à 21h

trouvé sur indymedia Nantes

En attendant Astrid

note:

Note  c’est Astrid : le surgénérateur , qui est en question dans le titre . Mais . l’inquiétude est grande  car   » Les piscines de La Hague   (Manche), où sont entreposés les combustibles usés des réacteurs nucléaires, débordent ? Pas de problème, EDF prépare actuellement, une  piscine de déchets nucléaire à Belleville  sur Loire ».. cf courant alternatif  n°281

 


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Après l’annonce du PDG d’EDF Jean-Bernard Lévy en visite surle site du tricastin,« Prolonger l’ensemble du parc nucléaire français jusqu’à 50 ans »
Après l’annonce  du patron d’EDF le président de la Région Auvergne Rhône Alpes a voulu visiter la plateforme d’Orano (ex-Areva) sur le site du Tricastin . Pourtant la centrale du sud de la Drôme est présentée comme la « pire » de l’hexagone dans « Nucléaire : danger immédiat », qui dresse un sombre tableau du parc français
Mais en cette période de propagande pour le travail :
« Des difficultés financières ont contraint Areva, aujourd’hui devenu Orano, à supprimer des postes sur ses sites du Tricastin et de Marcoule, à cheval sur la Drôme, le Vaucluse et le Gard.
Près de 400 postes supprimés dans le cadre d’un plan de départs volontaires en 2015. Aujourd’hui, Orano met la main à la poche pour aider à la création de près de 400 emplois dans d’autres entreprises. Une convention de revitalisation a été signée avec l’Etat.  »
Le nucléaire fait de ce département un laboratoire d’acceptation et de soumission.. certain-e-s se vantent d’être les meilleurs accompagnateur-e-s des décisions de l’état :  » le château Pergaud à Alex n’est pas un centre d’accueil comme un autre : c’est un véritable lieu de vie et de rencontres ; les personnes hébergées y vivent sereinement, nouent des liens avec les habitants des environs et peuvent retrouver un temps de respiration nécessaire après les mois éprouvants d’exil qu’elles ont traversés. »on est les deux pieds dans la merde. Une perspective qui est aussi de ne pas s’en prendre uniquement au nucléaire, mais de le relier à ce qui lui permet d’exister, la domination capitaliste comme la domestication étatique.des pistes à creuser, cette courte description constitue surtout une invitation à affronter tout ce qui nous détruit, ici et maintenant.

 

 

 

Besançon : Entre musée à ciel ouvert et ville de riches

Cela fait maintenant huit ans que Bien Urbain participe à l’aseptisation de cette ville. Ce festival vient mettre sa pierre à l’édifice de la ville des riches et du contrôle, accompagne le pouvoir dans ses multiples projets de vidéo-surveillance, de tramway et de transports « fluides », d’écoquartiers et autres complexes de logement de luxe qui fleurissent un peu partout…

 

Ce recueil de textes a pour but, en partant d’un exemple concret de la gentrification par l’art, d’élargir la critique à l’ensemble des politiques urbanistes. Il ne cherche pas uniquement à rappeler quelques signes d’opposition a ce rendez-vous annuel du gratin de designers hipsters qui se sont produits dans le passé, mais de faire en sorte que ses traces d’hostilité se multiplient et se répandent a travers la ville, et ce dès ce mois de juin, en ciblant les fresques du festival qui seront l’objet de visites guidées pendant un mois a partir du 8.

Pour cette année 2018, le festival a établi son QG a l’Arsenal, dans les anciens bâtiments de la fac de Médecine, a deux pas de la mairie. Se faisant appeler « Hop hop hop », il bénéficie désormais de centaines de mètres carrés supplémentaires.

Que tous les vandales s’y mettent, tagueurs et graffeurs irrécupérables, marginaux et opposants a cette ville aseptisée qui pue le fric, enrages contre cette société de misère et d’exploitation… Notre créativité est grande : a la bombe, a l’extincteur ou aux œufs de peinture, huile de vidange, saccage de leurs locaux et leurs installations sonores, etc…

S’attaquer a Bien Urbain, c’est s’en prendre aux riches, au tourisme, à l’embourgeoisement, à la mairie et sa guerre aux pauvres et aux étrangers, aux multiples mécènes et institutions qui lui remplissent les poches pour réaliser leur sale besogne.

PDF - 2.7 Mo
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[Repris de Sans attendre demain.]

 

talie – Opération Scripta Manent : La demande de mise en liberté de deux compagnons rejetée

Anarhija.info / vendredi 8 juin 2018

Le 5 juin, le tribunal a rejeté la demande de mise en liberté pour les compagnons anarchistes Alessandro Mercogliano et Marco Bisesti, en détention préventive depuis septembre 2016 pour l’opération Scripta Manent.

Solidarité affine avec Alessandro et Marco et avec les autres compas prisonnier.

Pour écrire aux compas actuellement en prison suite à cette affaire :

ANNA BENIAMINO
Casa circondariale Rebibbia Femminile
Via Bartolo Longo, 92
00156 – Roma

MARCO BISESTI
Casa circondariale
Strada Statale per Casale, 50/A
15121 – Alessandria

NICOLA GAI
ALFREDO COSPITO
DANILO CREMONESE
ALESSANDRO MERCOGLIANO

Casa circondariale
Via Arginone, 327
44122 – Ferrara

traduit par attaque.noblogs..org

Paroles claires – La « bonne guerre » des anarchistes italiens immigrés aux Etats-Unis (1914-1920)

  a lire la page intégralement  et les passages surlignés.  annonce le vendredi15 juin on se voit et on écrit aux prisonniers( prison CRA HP) de la guerre de classe .

« Et dites, dites ! Que seriez-vous sans dieu, sans roi, sans patrons, sans bûches, sans larmes ? – Il finimondo [1] ! »“MATRICOLATI !”
Cronaca Sovversiva, 26 mai 1917.

 

Si les anarchistes ne font pas leur histoire, ce sont leurs ennemis qui la feront.
Cette observation – par ailleurs valable au-delà du seul cadre historiographique –, formulée par un célèbre historien italien vers la moitié du siècle passé, précède et accompagne tout le débat autour de ce que l’on appelle l’histoire d’en bas. Le fait concret, matériel, a une vie courte en soi. Ce qu’il en reste, c’est l’interprétation, qui ne peut qu’être partisane, selon des critères et des intérêts précis. Parce que faire l’histoire ne signifie pas uniquement prendre part aux grandes entreprises qui changent le cours des événements, cela signifie aussi, et parfois surtout, participer à leur reconstruction dans le but de les transmettre.
Ce que nous connaissons sous le nom d’Histoire n’est jamais – et il ne peut en être autrement – un ensemble de faits objectifs, neutres, clairs et sans équivoque. C’est avant tout le fruit de leur sélection, de leur interprétation, de leur ordonnancement et enfin de leur présentation. Ce processus est élaboré en haut, par une académie au service du pouvoir qui la façonne. L’Histoire devient ainsi histoire de ce qui est Etat  [2] : ce qui confirme Sa raison, ce qui est fonctionnel à Ses intérêts, ce qui correspond à Ses exigences.
D’où ce franc conseil adressé aux anarchistes de rédiger leurs mémoires, si l’on ne souhaite pas que son histoire tombe entre les mains de ceux qui ne peuvent l’écrire qu’à leur façon et pour leur propre profit. Mais combien de révolutionnaires ont-ils prévu de laisser des traces écrites de leur passage sur cette terre ? Ceux qui veulent agir ici et maintenant n’ont pas le temps de s’arrêter pour enlever la poussière des jours passés , et puis, tous n’ont pas la vanité nécessaire pour justifier une autobiographie.
Toutefois, le risque signalé dans cet avertissement existe et il faudrait le déjouer dès que l’occasion s’en présente. Ne laisser parler que l’académie, en se limitant à la maudire et à la contredire de temps en temps, ne revient qu’à en léguer le servilisme aux générations futures. L’alternative ne peut pas être entre l’ignorance du passé (qui oblige à toujours tout recommencer à zéro, en se privant de précieuses leçons et expériences), ou son apprentissage à travers les seuls manuels scolaires. Si la mémoire de la révolte – quand elle ne s’est pas entièrement perdue – est devenue l’otage du savoir institutionnel, séquestrée dans des archives que tous n’ont pas la possibilité de consulter, dans des lieux fréquentés par des historiens qui, quoique mus par les meilleures intentions, ne peuvent que réduire à une matière pour spécialiste ce qui est source d’énergie rebelle à répandre … alors il ne nous reste qu’une seule chose à faire. Attendre ces historiens au tournant pour les alléger de leur précieux butin. Piller les trésors qu’ils emportent avec eux en vue d’un simple catalogage et les délivrer des lieux communs qui les dénaturent. Arracher du passé le plus incandescent l’uniforme institutionnel dont l’a revêtu l’académie historiographique, pour enfin donner vie à une histoire qui ne connaisse ni autorité ni obéissance.
Parce qu’à l’Histoire d’en-haut, on ne peut opposer que l’histoire surgissant d’en bas.

Aux Etats-Unis, entre 1914 et 1920, s’est déchaînée la plus grande offensive révolutionnaire armée jamais advenue au 20ème siècle contre les institutions gouvernementales, judiciaires, religieuses, industrielles et financières du plus important pays capitaliste de la planète. Ces actions directes ne furent pas accomplies par les organisations combattantes d’un quelconque parti politique ou de quelque mouvement de masse plus ou moins radical, mais par une poignée d’anarchistes italiens émigrés là-bas au début du 20ème siècle. Et c’est justement de leurs rangs que provenaient Nicola Sacco et Bartolomeo Vanzetti, devenus malheureusement célèbres pour avoir été exécutés sur la chaise électrique en 1927, au terme d’une affaire judiciaire qui eut un fort retentissement dans le monde entier.
Ces anarchistes italiens avaient une ville, Boston, pour épicentre et un hebdomadaire comme voix publique. Ce journal était la Cronaca Sovversiva, et il avait pour principal animateur Luigi Galleani.
Si le nom de Galleani était connu chez les anarchistes en Italie, les faits dans lesquels il fut impliqué l’étaient moins. La biographie de plus d’une centaine de pages, publiée en 1956 et réimprimée en 1984, qu’Ugo Fedeli lui a consacrée ne retient de son séjour en Amérique et de la Cronaca Sovversiva que les polémiques théoriques : le litige furibond avec Giacinto Menotti Serrati, la discussion sereine avec Francesco Saverio Merlino sur la prétendue « fin de l’anarchisme », l’affrontement général au sujet de la révolution mexicaine, la critique de l’interventionnisme pendant la première guerre mondiale. Comme si Galleani s’était limité à la parole et à brandir exclusivement l’arme de la critique. A l’intérieur de cette édifiante reconstruction (bien évidemment due à la discrétion de Fedeli vis-à-vis de certains protagonistes de ces faits lointains, encore vivants à l’époque de la rédaction de son livre), les figures de Salsedo et de Sacco et Vanzetti apparaissaient dans les costumes de martyrs innocents. Nous savons aujourd’hui que cela ne s’est pas déroulé exactement ainsi.
Pendant de nombreuses décennies, la mémoire de Galleani n’est restée imprimée que chez celles et ceux qui en partageaient les aspirations à la liberté, au moins dans les intentions si ce n’est dans les méthodes, transmise aux nouvelles générations rebelles afin que celles-ci en chérissent les enseignements. Un legs assez partiel, plus symbolique qu’autre chose, étant donné que sa volumineuse œuvre écrite est, elle aussi, restée inconnue (laissée à jaunir dans les bibliothèques, son langage archaïque, fleuri et plein de rhétorique la rendant bien souvent peu attractive).
Mais par la suite, les historiens professionnels ont ravagé cet héritage. L’embarras que l’on peut ressentir devant certaines hagiographies du mouvement devient insignifiant face à la gêne que provoquent les reconstructions de l’académie. Les premières peuvent être aussi aveugles que des actes d’amour, mais les secondes sont renseignées comme des procès-verbaux de police !
Les premiers à s’être penchés sur ces lointains événements ont été des historiens plus ou moins sympathisants des idées libertaires, qui d’un côté ont permis de découvrir un peu d’histoire là où ne régnaient que le silence ou la légende, mais de l’autre en ont réduit la portée à des critères plus médiocres.
Paul Avrich a abordé l’arrière-plan de l’affaire Sacco et Vanzetti, Nunzio Pernicone a reparcouru la vie de Carlo Tresca, mais aucun des deux n’a pu éviter de se heurter à la figure de Galleani (« mentor » des premiers, « rival » du second), ayant trop d’importance dans ces faits lointains pour être passée sous silence. Sauf que, ce qui pour Galleani et ses compagnons était une raison d’être, ce qui donnait un sens à leur existence, une immense idée pour laquelle vivre et mourir, devient pour les historiens un sujet de recherche bibliothécaire, un thème de conférences, une matière originale sur laquelle écrire un beau volume. Ce n’est pas une tension libératrice à incarner, mais une opportunité éditoriale à exploiter. Comment des personnages habitués à chauffer une chaire universitaire dans l’unique souci d’empocher le salaire de l’Etat, pourraient-ils ne serait-ce que pressentir ce qui tourmentait ceux qui ont combattu l’Etat toute leur vie durant, et ont été persécutés ou tués pour cela ? Comment peuvent-ils en comprendre les nécessités, les problèmes à résoudre, les difficultés à surmonter, les tentatives à réaliser ? Comment peuvent-ils en supporter la force débordante ?
Ils ne le peuvent pas. Voilà pourquoi ils tendent à lire la vie aventureuse d’autrui (pensant, par ailleurs, pouvoir l’extraire des documents judiciaires qu’ils prennent pour des révélations authentiques) avec les lunettes opaques de leur paisible survie. Ne comprenant rien de la substance de l’anarchisme, les historiens font la grimace face à la manière dont il s’incarne parfois dans ses partisans en chair et en os. De ces « chevaliers errants de l’Idée », ils ne voient que la merde que leurs chevaux ont laissée ici et là. Le résultat est atroce. L’inflexibilité de ces anarchistes est terrifiante pour ceux qui n’arrivent pas à se soustraire entièrement à la pratique de la génuflexion. Leur passion pour leurs idées est abominable pour ceux qui expriment des opinions indifférentes. Leur recours à la violence est exagéré pour ceux qui ne visent qu’ à une bonne retraite.
Il est stupéfiant de constater à quel point ces historiens qui pâlissent face aux polémiques de Galleani, dans lesquelles ils ne voient qu’une rustre intolérance, ignorent que la bataille des idées a préparé et accompagné toutes les révolutions de l’histoire (affrontements entre girondins, cordeliers et enragés dans la révolution française ; entre socialistes républicains, communistes blanquistes et fédéralistes proudhoniens dans la Commune de Paris ; entre bolcheviques, mencheviques, socialistes révolutionnaires et anarchistes dans la révolution russe, entre anarchistes, staliniens et républicains dans la révolution espagnole).
Le vieux monde est assailli de toutes parts, de nouvelles idées du bonheur se fraient un chemin, se heurtant les unes aux autres, s’affrontant parfois âprement, dégageant des étincelles : pour s’affiner, pour croître, pour émerger. Il en a toujours été ainsi, il n’y a rien de monstrueux dans tout ça.
C’est ainsi qu’Avrich, bien que désireux de reconnaître la dimension anarchiste de l’histoire de Sacco et Vanzetti, finit par l’enterrer sous une montagne de détails inutiles – de l’énumération des métiers pratiqués pour survivre à celle des déménagements, en passant par les histoires de cœur – qui, à force d’être accumulés, risquent d’occuper tout l’horizon (quant à l’anarchisme, il se borne à en fournir un puéril catalogage scolaire).
Du côté de Pernicone, enchanté par l’ « éclectisme » funambuliste de quelqu’un comme Tresca, il ne comprend pas que l’on puisse mettre en pratique ce que l’on théorise, et son incapacité à saisir le sens de certaines décisions revêt parfois des traits humoristiques. Non seulement il se moque de l’ « autosacrifice » de Galleani, qui comme beaucoup d’autres anarchistes préféra le confino  [3] à une liberté obtenue par l’élection au Parlement, mais il juge prétentieux le choix des « galleanistes » (terme dépréciatif utilisé habituellement par ceux qui leur étaient hostiles) d’éloigner l’avocat Moore… du seul fait qu’il voulait disculper Sacco et Vanzetti en livrant quelqu’un d’autre au bourreau.
Mais si ces anarchistes italiens – à peine l’absence d’innocence découverte – ont été catalogués comme des sectaires, des intolérants, des fanatiques, par les historiens les mieux prédisposés à leurs idées de liberté, il n’est pas difficile d’imaginer comment ils ont été décrits par les chercheurs plus réactionnaires, qui se sont intéressés à eux suite à l’onde de choc du 11 septembre 2001. La panique semée jusque chez les puissants et leurs serviteurs ce jour-là ayant pour unique précédent celle provoquée le 16 septembre 1920 par l’attentat de Wall Street d’origine anarchiste, le terrorisme djihadiste a involontairement fait ressurgir de la mémoire publique celui qui avait osé défier le pouvoir états-unien quatre-vingt ans auparavant, au point de pousser certains journalistes et « experts » à affirmer qu’en 1919 le Oussama Ben Laden italien de l’anarchisme avait vécu à Boston (« c’est profond ! », commenta Galleani lorsqu’il entendit un procureur soutenir que l’on fait des journaux subversifs simplement parce qu’on n’a pas envie de travailler).
La lecture de ce genre de considérations nous laisse à la bouche l’amère impression que ce que nous voudrions le plus connaître de ces faits lointains n’est qu’à peine effleuré, au mieux laissé de côté car jugé peu significatif, au pire mystifié car considéré comme trop significatif. Mais comment renverser cette histoire d’Etat, la seule que l’académie sache raconter, pour aussi en changer la saveur ?

Voilà comment est née l’idée de ce livre. Pour le réaliser, nous sommes partis d’une présupposition. Les historiens états-uniens se sont surtout basés sur des rapports de police, ne consultant et ne rapportant qu’une infime partie des articles parus à l’époque dans la Cronaca Sovversiva – la différence de langue y a probablement contribué en bonne partie, constituant dans de nombreux cas un obstacle insurmontable –, alors que ce journal accorda souvent de l’espace à ces événements, exprimant les raisons qui motivaient ces anarchistes italiens. A l’inverse, il est plus facile pour nous d’entreprendre le parcours opposé, en corrigeant les documents officiels des uns avec les mots des premiers intéressés.
Pillant les recherches d’Avrich et d’autres historiens qui l’ont suivi, nous avons donc écrit une contre-histoire de cette offensive armée, en cherchant à la regarder avec les yeux des anarchistes qui la menèrent. Dans les limites de nos capacités et possibilités, nous avons effectué des recherches ultérieures. Elles n’ont pas été vaines, puisque certains faits et détails, selon nous d’une grande importance, que nous rapportons ici pour la première fois, avaient été négligés.
Ce que vous vous apprêtez à lire est donc une histoire partisane, subdivisée chronologiquement en chapitres, tous accompagnés par une iconographie plus ou moins riche.
Le premier, qui dans un certain sens introduit et annonce les événements qui suivent, est consacré à la publication de La Salute è in voi ! [Le Salut est en vous !], manuel pratique édité par Galleani en 1906, dont l’importance se fera ressentir à plusieurs reprises par la suite, alors que le dernier chapitre qui précède l’épilogue aborde ce qui (n’) arriva (pas) avant et après l’exécution de Sacco et Vanzetti. Entre les deux, de nombreux épisodes de la « bonne guerre » contre toute autorité que les anarchistes italiens menèrent aux Etats-Unis entre 1914 et 1920. Une guerre parfois féroce, pleine de tragédies, car ces immigrés sans Dieu ni patrie ne léchèrent pas la main de ceux qui les avaient accueillis dans le Nouveau Monde avec le fouet de l’exploitation et la matraque de la répression, en exigeant qu’ils abaissent leur drapeau noir – ils la mordirent jusqu’au sang. Et ils en affrontèrent toutes les conséquences.
Ce n’étaient ni des héros surhumains ni des fous criminels. C’étaient des hommes et des femmes en chair et en os, de muscles et de nerfs. Mais dans leur tête, mais dans leur cœur, brûlait un feu inextinguible, ce qu’ils appelaient l’Idée. Au-delà des faits relatés, au-delà des noms rappelés, cette idée, qui caractérise l’anarchisme autonome, est la véritable protagoniste des pages qui suivent. La révolte contre la société n’est pas simplement le résultat de rapports sociaux objectifs, elle est en même temps l’expression directe de l’individualité, qui n’accepte aucune muselière collective.
Pour certains, l’anarchie pourrait aussi être la promesse d’un lointain lendemain à vendre, mais l’anarchisme est un principe (dans son double sens de valeur et de commencement) à vivre, à mettre en œuvre, dès maintenant. Pensée et action. En effet, s’il ne s’agissait que de pallier l’urgence de la nécessité économique, de sécher la sueur sur le front ou de soulager un estomac trop souvent vide, le réformisme serait une solution plus que suffisante, capable de trouver une réponse tactique à n’importe quel problème. Mais une transformation radicale de la condition humaine a besoin de bien d’autres choses : d’une révolution sociale animée par une aspiration éternelle que le désespoir quotidien ne parvient pas à anéantir. Une vision, un désir, l’Idée, ce qui incite jour et nuit à briser les inhibitions matérielles et idéologiques qui enseignent à l’être humain de se soumettre aux puissants de ce monde.
Existe-t-il un exemple plus hostile et scandaleux que celui offert il y a un siècle par ces anarchistes ? Contre tout réalisme politique, ils attaquèrent l’autorité sous toutes ses formes malgré leur nombre relativement réduit. Voulant croître, ils cherchèrent inlassablement des complices parmi les pauvres et les exploités, sans jamais se renfermer dans le mépris rancunier de l’autre, mais sans jamais subordonner leur lutte à des critères quantitatifs. Une grande armée organisée n’est pas invincible, ce qui l’est c’est un ordre dispersé de forte volonté et de grande détermination.
Contre toute impuissance désespérée, ils ne se résignèrent pas à leur manque de moyens, mais s’efforcèrent de le dépasser. Si leur boîte à outils était presque vide, leur arsenal mental était inépuisable. Après avoir pris acte de la situation dramatique à affronter, ils ne se laissèrent pas submerger. D’abord ils l’étudièrent, puis ils firent ce que personne avant eux n’avait jamais pensé faire.
Contre tout idéalisme illusoire, ils n’hésitèrent pas à verser le sang. La parole est un mensonge, l’éthique une lâcheté, quand elles ne poussent pas et n’accompagnent pas l’action téméraire, et la remplacent par la vertu candide. La guerre sociale ne se contente pas de déclarations fracassantes, elle a aussi besoin de faits matériels qui cherchent à frapper l’ennemi, y compris durement.
Contre tout compromis stratégique, ils ne vendirent pas leurs rêves. Leur amour pour leurs idées, leur orgueil, leur dignité, ne connurent ni transactions ni transitions sur le marché du consensus. Ne devant signer de pactes avec personne, leurs mains restèrent libres pour prendre les armes. Et après 1927, certains d’eux regrettèrent amèrement d’avoir négligé l’idée pour conclure une alliance.
Contre tout lieu commun, ils n’opposèrent jamais la liberté de l’individu et les nécessités de l’association, la soif de savoir et l’envie de faire, la joie de vivre et le risque de la mort, les mots à porter et l’action à réaliser.
Ils donnèrent corps aux idées et les idées au corps. C’est là que l’amour de la liberté et la haine du pouvoir se fondent en une véritable éthique de vie – jamais dans une idéologie politique –, que surgit cette correspondance entre rêve et réalité, entre amour et révolte, entre baisers et dynamite, entre roses et barricades, telle que l’a décrite Vanzetti dans une de ses lettres : « Oh mon amie, pour moi l’anarchisme est beau comme une femme, peut-être même plus car il comprend tout le reste, et moi et elle. Calme, serein, honnête, naturel, viril, boueux et céleste en même temps, austère, héroïque, téméraire, fatal, généreux et implacable – c’est tout cela et bien d’autres choses encore ».
Oui, bien d’autres encore. Allez, commençons.

[Introduction au livre Paroles claires – La « bonne guerre » des anarchistes italiens immigrés aux Etats-Unis (1914-1920), 303 pages, format A5, L’assoiffé.]

Suggestions de lecture :

titre documents joints

Notes

[1Terme difficilement traduisible en français sans l’amputer de sa polysémie. Finimondo désigne à la fois le bouleversement, le tumulte, le chaos, le cataclysme, la fin-du-monde et un désordre qui échappe à l’imagination.

[2Jeu de mots avec stato qui signifie à la fois « Etat » et « a été » tous deux par le même mot.

[3Le confino est une mesure de police, qui contraignait les personnes visées à demeurer dans un lieu isolé, loin de leur résidence, et sous surveillance policière.

 

La belle vie c’est fini…

article 13

Pour les clandestins, la belle vie c’est fini» – M. Salvini, ministre de l’intérieur (Ligue du nord)

S. a été tué d’une balle dans la tête la nuit du 3 mai 2018, il vivait en Calabre dans un camp près de Gioia Tauro et travaillait dans les champs du sud de l’Italie. Une manifestation spontanée a eu lieu le jour même vers la mairie de San Ferdinando. Comme lui plus d’un demi-million d’ouvriers travaillent dans les camps en Italie, à 50 centimes la caisse (agrumes, kiwis, tomates principalement) pour environ 20 à 35 € par jour. L’État projette l’évacuation du campement de San Ferdinando et la multiplication des contrôles.

 « La main-d’œuvre extra-européenne légale est une ressource essentielle.

Sans elle,  l’activité agricole ne grossirait pas ainsi ».

Pietro Sianni, syndicat agricole Coldirettià

Après Florence, Macerata et tant d’autres, le ministre de l’intérieur justifie la violence à l’égard des personnes étranger.es comme légitime défense.

Pour Soumayla et pour tous.tes les morts du racisme et de l’exploitation.

 

https://www.francetvinfo.fr/monde/europe/migrants/en-italie-un-drame-en-trop-endeuille-les-migrants-africains-pourtant-ressource-essentielle-en-calabre_2791935.html 

https://intellivoire.net/des-travailleurs-migrants-du-sud-de-litalie-en-greve-apres-la-mort-du-malien-soumaila-sacko/

Villeurbanne(69100) : action et communiqué du groupe ECRAN TOTAL

[[reçu par mail]

COMPTE RENDU DE L’ACTION DU GROUPE ECRAN TOTAL

Le collectif a affiché des slogans écrits sur des cartons à l’entrée de l’agence . Photo Yves Billy

le lundi 4 juin

 

à l’agence Pôle emploi de Villeurbanne

 

Rendez-vous était donné à 10h où un groupe d’une quinzaine de personnes composé de membres du collectif Ecran total et leurs soutiens ont investi l’agence. La volonté était de discuter avec les chômeu.rs.ses et les salarié.e.s en distribuant un texte de 4 pages et un tract d’une page (en pièces jointes) ; fruits d’une enquête de plusieurs mois sur la « dématérialisation » made in Pôle emploi.

 

L’occupation a été mise en scène autour de 3 personnes jouant le rôle (ou pas) de chômeu.r.se.s. ne souhaitant pas utiliser l’outil informatique et un autre trio se faisant passer (ou pas) pour des chercheurs d’universités envoyés par l’Observatoire national du Numérique pour mener une enquête sur l’impact de la numérisation.

 

Pendant ce temps-là, les autres membres du groupe discutaient avec les chômeu.r.se.s, et ont entendu ceci : « Toutes les personnes qui sont là ont un problème avec Pôle emploi sinon elles ne seraient pas là »,

 

« C’est pas l’équipement informatique qui manque aux gens, c’est de comprendre comment ça marche ».

 

À une dame à qu’il était demandé si l’action l’avait dérangée : « Non, ce qui me dérange c’est le calcul des allocations chômage où je me retrouve avec 169€/mois. »

 

De la part d’une manager qui explique que les normes informatiques changent toutes les semaines : « On court après le progrès ». « Ce n’est pas le lieu pour discuter et informer les chômeu.r.se.s, vous pouvez le faire à l’extérieur de l’agence, dans la rue » unanimement relayé par les managers-vigiles.

 

Cette action s’est clôt par la chanson Ya Basta entonnée dans l’agence et qui a fait surgir un essaim de managers énervés que l’action se soit déroulée à leur insu et nous poussant vers la sortie. En sortant nous avons crié : « Travaille, cotise (ou consomme) et ferme ta gueule ».

 

La distribution des textes et les discussions ont continué à l’extérieur.

 

Nous avons été surpri.se.s par l’importance de l’équipement informatique répartis dans deux salles. Par contre, aucun stylo n’était mis à disposition.

 

Les informations contenues dans nos textes ont été confirmées par un manager en chef.

 

Par contre, pour les chômeu.r.se.s, comprendre qui traitait leurs justificatifs et comment étaient calculées leurs allocations chômage a été une découverte. Nous serons vigilant.e.s à mieux nous faire comprendre à l’oral par des personnes qui ne maitrisent pas la lecture, voire à traduire les textes dans des langues étrangères.

 

 

Le rendez-vous de la prochaine réunion Ecran total à Lyon a été transmis à des chômeu.r.se.s.

2 pièces jointes

précarité 2. 0 version courte

un 4 pages Précarité 2.0