Archives mensuelles : juin 2017

Lyon: expulsion du squat du GUD

fr.squat.net

L’immeuble squatté par les fachos de merde du GUD, situé rue du Port-du-Temple, dans le 2e arrondissement, a été expulsé par la police dans l’après-midi du mardi 13 juin 2017.

Le bâtiment était occupé depuis fin mai avec le prétendu objectif tout à fait charmant d’héberger des «Français de souche» en difficulté, «pour aider les nôtres avant les autres» (on notera le «avant» qui signifie en réalité «plutôt que»), comme si la solidarité pouvait être sélective, précédée d’un contrôle d’identité (nationalité et «race» en plus ?).

La «préférence nationale» est une connerie monstrueuse dans tous les cas ; elle est d’autant plus stupide et absurde qu’en France, il y a largement plus de logements vides que de personnes à la rue (migrant-e-s y compris). La solidarité n’a pas de couleur, ou alors elle a toutes les couleurs !

C’est la Ville de Lyon, propriétaire des lieux, qui a avait réclamé devant la Justice l’expulsion sans délai du squat, comme elle sait le faire par ailleurs pour toutes les autres sortes de squats.

D’après un article publié sur le site de France 3, «un huissier est venu sur place mardi matin pour faire connaître la décision de justice aux membres du GUD. Une quarantaine de policiers et CRS est intervenue vers 16 heures pour faire céder les portes de l’immeuble et en déloger les occupants.»

Selon un article de Libération, ceux-ci n’étaient qu’au nombre de huit au moment de l’expulsion.

Besançon Un peu de rage contre la machine à expulser et à enfermer

Nantes indymedia

Ces dernières nuits de forte chaleur, on tenait plus en place et la rage suscitée par la condamnation de la compagnonne à Aachen et le refus de libération conditionnelle de Damien, toujours incarcéré à Fleury, nous a incité à sillonner les rues à la recherche de cibles appropriées.

 

Nous avons repensé aussi à celles et ceux qui vont passer devant les tribunaux pour s’en être pris à la machine à expulser et ses responsables.

C’est donc tout naturellement que deux véhicules de Securitas (qui assurent la sécurité dans les camps) se sont retrouvés à plat. Comme quoi, ils sont pas si verisure en réalité^^

Notre deuxième attaque s’est porté sur un véhicule de la mairie, toujours prête à rendre cette ville propre, aseptisée, accordant toujours plus d’espace à la consommation, à l’abrutissement de masse. Elle s’est dernièrement manifestée en refoulant les migrants toujours plus loin du centre-ville, à coups de flics ou de mobilier anti-squat: que ce soit ceux qui dormaient sur la place Granvelle, ou ceux qui trouvaient un abri à Chamars. Alors que touristes et consommateurs commencent à affluer, il s’agit de refouler les indésirables que les bourgeois pourraient voir…

 

Alors qu’on rentrait de notre balade, une agence immobilière a vu sa serrure engluée. Cela s’est fini pareil pour une agence intérim ADECCO, réputée pour exploiter les sans-pap et les balancer aux flics. Et puis bon, faut dire qu’on déteste le travail et la propriété, et vu que la ville regorge de leurs promoteurs…

Montélimar(Drôme)Manifestation 19 juin en marche contre les ordonances

La composition du nouveau gouvernement et ses premières déclarations montrent que la politique de régression sociale menée ces dernières années va être poursuivie et amplifiée.

Macron vogue vers le pouvoir total. Le quinquennat Hollande lègue un arsenal juridique et sécuritaire hors norme, une police militarisée et radicalisée, une violence sociale quotidienne et une banalisation des procédures d’exception voire du passage en force. Le nouveau gouvernement dispose à présent d’un pouvoir presque total sans véritable opposition. Pouvoir qu’il compte utiliser immédiatement, dès les prochains jours, pour attaquer les droits sociaux et renforcer encore d’avantage l’état d’exception. La résistance est donc à construire d’urgence, en agrégeant les forces qui ont pris la rue ces dernières années, en occupant de nouveaux espaces qui serviront de foyers d’organisation, en investissant les villes. Avec le Front Social et la CNT26 prenons la rue le 19 juin à 18h au théâtre municipal

S.T.P. DE LA DRÔME le  tract de la CNT26 en PDFici
07 82 05 14 50
 Mais pour nous (certaines et certains) la phrase  et l’émission de radio  sur le mandat impératif est importante:
En cette période dʼélections et dʼappels au « devoir citoyen », on veut nous faire croire que le régime représentatif en place, garant de la continuité de lʼÉtat-nation, est le modèle indépassable de la démocratie. Pourtant, aussi bien dans des périodes historiques révolutionnaires que dans les mouvements sociaux actuels, des propositions de contrôle et de révocabilité des mandatés ressurgissent régulièrement. Notre invité est Pierre-Henri Zaidman, auteur du livre Le mandat impératif – De la révolution française à le Commune de Paris« .

L’émission sera ensuite accessible sur le site :

Le 17 /06 JOURNÉE DE MOBILISATION CONTRE CENTER PARCS À POLIGNY (JURA) !

Reçu par Mail:

À Poligny, à Roybon comme au Rousset : Non à Center Parcs !

A diffuser largement autour de vous ! Soyons nombreuses et nombreux pour faire face à la voracité de Pierre & Vacances !

//// Samedi 17 juin 2017 \\\\
JOURNÉE DE MOBILISATION CONTRE CENTER PARCS !

Si la multinationale Pierre & Vacances ne s’est toujours pas
prononcée définitivement sur l’implantation de son infrastructure,
l’Etat, la Région, le Département coordonnent la mise en œuvre du
projet de Center Parcs et lui déroulent le tapis rouge. Depuis des
mois, tout se passe en coulisses et il est temps de réaffirmer notre
opposition à ce projet destructeur.

Rappelons qu’il s’agit pour Pierre et Vacances de raser une partie
des 100 hectares de forêt publique qu’il veut s’approprier pour y
bétonner des parkings et y construire l’équivalent d’une ville de 2000
habitants composée de bungalows et bâtiments que le capitalisme
industriel a pensé pour nous, que l’on soit salariés en vacances,
travailleurs et travailleuses précaires à son service ou habitant-e-s
des zones convoitées. Alors privatisée, cette forêt serait réduite
à une bulle géante avec piscine chauffée à 29°C toute l’année et
espèces végétales tropicales. Le tout financé avec l’argent public
que les élus et les collectivités territoriales sont en l’occurrence
prêts à accorder à cette multinationale dont les dividendes reposent
sur l’exploitation des hommes, des femmes  et de la Nature : conditions
de travail déplorables, temps partiel subi, horaires flexibles,
salaires de misère, privatisation et destruction de la forêt … Bref,
que ce soit d’un point de vue écologique, social ou démocratique, ce projet est une
aberration complète, et il nous empêcherait tout simplement d’accéder
et de déambuler dans la forêt jurassienne.

À Roybon en Isère où un projet de Center Parcs est actuellement
stoppé par une ZAD et des recours en justice.

Au Rousset en Saône-et-Loire, où la menace plane comme à Poligny dans le Jura, les
rêves des bétonneurs sont nos cauchemars. Nous ne voulons, ni ici, ni
ailleurs, la mise en concurrence des territoires et des êtres humains.

C’est pourquoi nous appelons toutes celles et ceux qui ne se
résignent pas à confier aux promoteurs de la misère, aux managers de
territoires et à leurs bulldozers le soin d’aménager et « gérer » nos
forêts, notre travail, nos vies,à manifester le samedi 17 juin
prochain à 10 h place des Déportés à Poligny.

Envisagée dans un esprit festif et populaire, la manifestation doit
permettre à chacun et chacune d’exprimer son opposition à la Bulle
Center Parcs, et pourquoi pas de façon poétique et imagée (par
exemple avec des bulles de savon, ballons de baudruche, …).

L’Assemblée d’Opposant-e-s à Center Parcs.

PROGRAMME

Samedi matin

Manifestation à 10 h.

Rdv place des déportés à Poligny pour manifester notre opposition au projet de Center Parcs.
Envisagée dans un esprit festif et populaire, la manifestation doit permettre à chacun et chacune d’exprimer son opposition à la Bulle Center Parcs, et pourquoi pas de façon poétique et imagée (par exemple avec des bulles de savon, ballons de baudruche, …).

Repas de midi tiré du sac
Après-midi

activités et animations pour petits et grands (balades à pied, en âne, jeux, photos …) et des stands… au coeur de la forêt de Tartaroz

-> Deux tables rondes se tiendront entre 16h et 18h :

– Center Parcs: « Travail, consomme, tais-toi et nage ! »

– La nature époustouflante selon « Pierre et Vacances »

Soirée

Repas à prix libre puis en musique avec plusieurs groupes dont le chœur ouvrier de la Fraternelle et les « René Binamé ».

ACCÈS

Pour se rendre sur le site : accès fléché par la D68 entre Plasne et
Le Fied

 

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### Infos / contact :
https://stopcenterparcs.
assembleecontrecenterparc@

Pour celles et ceux qui voudraient imprimer ou faire suivre des tracts et affiches pour la journée du 17 juin à Poligny, tous les fichiers nécessaires à la diffusion sont dans une archive zip disponible ici :
https://dl.poivron.org/

MERCI de votre soutien et à bientôt !

 

 

Jour après jour le 14 juin, le procès en appel de la mutinerie,s’approche

note: ce texte circule   et  de la colle permet de l’afficher . On ne peut pas diviser le centre pénitentiaire et le QuartierMaisonCentrale et il est téléchargeable ici

Au Tribunal de Grenoble, aura lieu le 14 juin prochain, à 13h

le procès en appel de la mutinerie des prisonniers à Valence

« Quand les écrits ne font rien que reste-t-il à part les actes ? »

dira Romain Leroy, devant le tribunal de valence

Jour après jour, les portes des cellules se referment . Jour après jour, la taule dévore une nouvelle part d’homme . Jour après jour, la taule isole. Elle isole les individus pour les contraindre à accepter la réalité de cette société. Une réalité fondée sur deux principes : l’exploitation et la domination.

Ces principes sont la base des oppositions irréconciliables de cette société : l’opposition entre riche et pauvre, entre chef et subordonné, entre ceux qui risquent de tout perdre et ceux qui ont tout à gagner.Et ils existent aussi tous ceux qui n’acceptent pas d’avoir une telle autorité au-dessus de leur tête, tous ceux qui n’acceptent pas d’être privés de la richesse de la société, qui n’acceptent pas d’être aliénés, isolés et surveillés à travers la technologie, pendant qu’on nous vend l’illusion d’unité, de bonheur et de possibilités illimitées.

Les tribunaux et les prisons n’ont rien à voir avec ce qui est juste ou injuste. Les tribunaux ne servent qu’à retirer de la société et du conflit social ceux qui brisent les règles de l’ordre en place. Telle est la fonction de la prison.La prison tente de mastiquer le contenu de son estomac , pour le régurgiter ensuite , la conscience tranquille, à la société ( c’est ce qui s’appelle la réinsertion)Par ailleurs, elle sert à enterrer et broyer vivants ceux pour qui cela ne marche pas

Les barreaux ne connaissent pas d’intérieur. Non seulement parce que la prison joue un rôle essentiel dans la maîtrise des conflits sociaux , mais surtout parce que sa logique de privation de liberté est la norme de l’ensemble de la société. Nous reconnaissons la prison dans la caméra au coin de la rue, et tout oppresseur dans la liste interminable d’institutions qui nous accueillent aimablement pour mieux nous détruire.

Lorsque la prison cherche à isoler les prisonniers et les conflits sociaux dont ils font partie, une confrontation consiste pour nous à refuser cet isolement. A construire des solidarités avec les prisonniers qui luttent contre la situation qui leur est faite. A tenter par tous les moyens qu’on estime opportuns d’ouvrir des brèches dans les murs gris et silencieux qui disent tant sur le monde dans lequel nous vivons . Cette solidarité ne nous est pas extérieure , elle fait entièrement partie de la lutte que nous menons est étroitement liée à un combat plus vaste, pour un monde autre .

Les matons se chargent de traquer la moindre parcelle de liberté dans tous les gestes de la vie quotidienne

Pour toutes ces raisons , nous serons le 14 juin à Grenoble aux côtés de Romain Leroy qui lutte avec d’autres inlassablement contre le régime mortifère d’isolement des QHS., pour affirmer en parole et en acte le rejet de ce qui participe précisément de l’oppression et de l’enfermement en leur opposant la seule perspective possible : celle de la liberté

Sous l’ombre du centre pénitentiaire et du Quartier Haute Sécurité de valence le 11/06/2017

L

Misère du « subversivisme »

reçu par mail:http://acontretemps.org/spip.php?article630

COMITÉ INVISIBLE
MAINTENANT
Paris, La Fabrique, 2017, 160 p.

« Ce qui s’est passé au printemps 2016 en France n’était pas un mouvement social, mais un conflit politique au même titre que 1968 » (p. 60). Fanion nostalgique, la phrase claque au vent, comme sentence, pour finir par flotter, comme évidence, sur une subjectivité résolument assumée qui n’a rien à justifier de cette curieuse comparaison. Tout est dans la suite : « Cela se repère, nous dit-on, à ses effets, aux irréversibilités qu’il a produites, aux vies qu’il a fait bifurquer, aux désertions qu’il a déterminées, à la sensibilité commune qui s’affirme depuis lors dans toute une partie de la jeunesse, et au-delà. Une génération pourrait bel et bien se rendre ingouvernable. » Ces voyants-là ne voient que ce qu’ils veulent voir : un monde qui s’inventerait, dans les décombres du négatif, au pas de course des « émeutiers » d’un printemps héroïsés jusqu’à l’enflure.

On ne niera pas que ce « comité » à l’invisibilité relative est doué d’un certain savoir-faire. Il a fréquenté les textes des maîtres anciens, appris quelques techniques basiques de disqualification, cultivé ses fascinations pour le débordement, mixé ses apports sur la destitution, réduit le tout à la portion congrue de cette basse époque « fragmentée » et vendu sa seyante prose avec le succès qu’on sait. Dans les « open space » du commentaire chic, L’insurrection qui vient (2007) et À nos amis (2014) suscitèrent une curiosité (littéraire) évidente mais de mauvais présage quand on sait la nullité critique de ce petit monde. Dans les coursives de la « radicalité » choc, prompte à se chercher des manageurs conceptuels, l’enthousiasme fut, lui, majeur, ce qui n’est somme toute pas étonnant quand on connaît l’imaginaire qui la nourrit – et qui l’empêchera toujours d’envisager que l’activisme sans autre cause que la sienne propre n’est que l’autre face du spectacle, son grotesque contrepoint, sa pantomime.

Ab initio, l’affaire sembla, pour nous, entendue. Le temps le confirma : sur le toboggan vertigineux de la confusion contemporaine, cette prose à giclée fixe, déclinée comme une série à saisons, nous laissa les yeux vides et l’esprit distrait. Elle ne cultivait, avec grandiloquence, que la pose. Qu’elle eût des adeptes, esthétiques ou frénétiques, ne nous étonna pas. Dans un monde où tout est déconstruit des anciens repères de la pensée et de l’action, le quelconque devient valeur d’usage. Et le succès s’impose, qui sanctifie ce trait d’époque.

Naturellement, la question se pose du pourquoi s’intéresser à cette troisième saison alors que les deux premières nous ont laissés de marbre ? Les raisons sont de deux types : la première, c’est que nous avons nous-mêmes, directement ou indirectement, tenté d’analyser les limites de ce curieux printemps 2016 [1] ; la seconde, c’est que la manière purement avant-gardiste dont les experts du « comité » jugent de sa faillite atteste, d’une part, d’une arrogante courte vue dans l’exposé des motifs et révèle, de l’autre, une pathétique prédisposition à faire du geste émeutier la seule réalité à laquelle devrait dorénavant se mesurer la justesse d’un combat. D’où la référence à « 68 »… ou plutôt à ses suites, son automne infini, dernière saison avant l’hiver des illusions et des renoncements.

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« Les corps sont devant les écrans » (p. 7)… Autrement dit, la révolution attendrait qu’on la pousse, mais les corps manqueraient. Ça commence comme ça. Mal. Par un constat qu’on suppose axiomatique, mais qui ne fonctionne pas. Car, désormais, les corps ne sont pas seulement devant les écrans, mais dans le spectacle, à leur place, y compris quand ils s’agitent en tête des cortèges, cortèges que plus aucun appareil de contrôle ne contrôle réellement, c’est-à-dire physiquement. D’où cet espace ouvert aux apparences où se joue le grand jeu des fantasmagories. D’où, du même coup, la difficulté à saisir ce mouvement de balancier entre une offensive qui refuse l’affrontement et une retenue qui ne condamne pas l’acte de la pseudo-émeute. D’un côté, des « émeutiers » extatiques s’adonnant, à grandes lampées de selfies, à l’autocélébration de leur propre importance iconique ; de l’autre, des manifestants théoriquement pacifiques captant frénétiquement des images de casse pour les envoyer aux copains. En clair, il suffisait de voir pour comprendre que les corps étaient bien devant les écrans, mais au cœur du spectacle. Et, accessoirement, pour se convaincre que, « dans le monde réellement renversé, le vrai est un moment du faux » [2].

Si le mouvement du printemps 2016 ne déborda jamais de son impuissance, c’est cette incapacité qui fait, nous semble-t-il, question – et à tous les niveaux d’un dispositif où les manifestations, leurs « cortèges de tête » et « Nuit debout » parièrent, chacun à leur façon, sur sa supposée dynamique. Là, pourtant, n’est pas le sujet du « comité », qui s’en tient, de manière toujours subjectivement assumée, à une certaine « perception » qu’il a « du monde », son monde (p. 12). Visiblement, ce mouvement ne l’intéresse, sur ses marges, que comme élément de légitimation de sa propre stratégie discursive déclinée de livre en livre. Dit autrement, il ne s’agit pas, pour « le comité », de capter ce qui, peut-être, fit sa singularité – limitée, mais réelle – de mise en branle d’une résistance, mais d’intégrer à son imaginaire « insurrectionnaliste » ce qui, en son sein, peut l’alimenter. Trop autocentrée pour être honnête, la démarche apparaît surtout révélatrice d’une « radicalité » si entichée d’elle-même que sa « perception » du monde ne saurait être invalidée par aucune défaite, même instructive. Si, plus qu’un sens, les mots ont une fonction, pour « le comité », c’est de faire leçon au « peuple » manquant, aux syndiqués, à ceux « qui goûtent autour d’un canon de rouge le plaisir amer d’être toujours défaits » (p. 13), aux « esprits rationnels », aux « angoissés », à ceux qui « ont choisi de sauter du train, mais [qui] se tiennent sur le marchepied » (p. 17), à tous ceux qui furent là, mais comme morts. Ce léninisme du verbe, « le comité » le pratique avec cette morgue si caractéristique de l’avant-garde. Sûr d’avoir appris des situationnistes l’art de déplaire, il n’en a retenu que ce qu’il pouvait recycler, stylistiquement, comme procédé : une forme sans fond où le sens de la formule dissimule à peine, pour qui sait lire, un aristocratisme de la pire espèce.

Donc l’émeute : les « vivants » d’un côté ; les mort-vivants de l’autre… Le « subversivisme » d’époque fonde sa ligne sur son culte réitéré. Définie comme « intelligente », c’est-à-dire capable, « d’un même geste », de « désertion » et d’ « attaque », d’ « élaboration » (le « graffiti ») et de « saccage » (la destruction du symbolique publicitaire-marchand) (p. 85), cette émeute tant vantée relève d’un corps-à-corps sans frottement, d’une dialectique de l’avancée et de l’esquive, de la construction d’un monde réduit à une zone d’autonomie temporaire où tout est possible dans l’éphémère d’un instant. N’ayant d’autre but que de tenir l’espace du conflit, comme « Nuit debout » tenait la place, le principal caractère de ce simulacre d’émeute, fougueusement ritualisé, est de faire spectacle et, ce faisant, de substituer une impuissance singulière à l’impuissance générale. En s’inventant un supplément d’âme, en somme, au prétexte que le « parti de la rue » serait « tout » (p.63). Mais tout, c’est quoi ? Précisément quoi ? D’un côté, nous fûmes en présence, en ce printemps d’intensité somme toute variable, d’une dérive pseudo-émeutière cantonnée, et c’est heureux, à l’évitement, au refus de l’affrontement et à la théâtralisation. De l’autre, du côté de l’ordre, à la mise en place d’une technique de contrôle déjà utilisée ailleurs – la « nasse » – suffisamment efficace, non seulement pour isoler les « émeutiers », mais pour prévenir les mort-vivants de l’arrière que le jeu devait cesser. Et il cessa avec cette pathétique démonstration de juin où, encadrés comme jamais, des manifestants ravalant leur honte tournèrent en rond autour de leur impuissance en arpentant tristement un parcours ultra-fliqué et nettoyé de tout incontrôlable. Une humiliation finale.

Alors ? Alors, « le comité » l’affirme : « Le long printemps français de 2016 aura établi cette évidence : l’émeute, le blocage et l’occupation forment la grammaire politique élémentaire de l’époque » (p. 31). Admettons l’évidence, en se méfiant des présupposés qui la fonde. Admettons, de même, que ce code grammatical mériterait d’être décliné autrement que comme consigne. Admettons surtout que, quelle que soit l’acuité du désir des « vivants », le blocage et l’occupation ne se commandent pas davantage que l’émeute. Ajoutons-y que la caractérisation de ce mouvement comme « une suite ininterrompue de débordements » (p. 61) est légitimante, mais sujette à caution, surtout quand ce débordement inclut, malgré les critiques pas toujours justes qu’on lui adresse, « Nuit debout » et même les hardis cégétistes de Douai-Armentières ou du Havre – ce qui ne va pas sans quelque indécence quand, page après page, on s’est employé à renvoyer le « Travailleur » (avec majuscule) et son obsolescente lutte de classe au musée des antiquités. Une fois cela admis ou précisé, tout reste à dire des intentions.

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Quand on s’abandonne par trop au « contemplatif », au « sublime » et à la « subjectivité », toujours vient un temps où « la mystique se dégrade en bluff » [3]. C’est ce que Debord reprocha, en son temps et non sans raison, à Vaneigem. Il y de cela dans le prophétisme de bazar de Maintenant : la véhémence des jugements qu’il émet est à l’exacte mesure du creux des analyses qu’il produit et des penchants qui la porte. Si la dialectique peut casser des briques en carton-pâte, le « subversivisme » contemporain ne casse pas trois pattes à un canard. Dans l’esprit du temps, il en cultive les mantras : l’éternel présent – « Il n’y a jamais eu, il n’y a et il n’y aura jamais que du maintenant » (p. 16) ; la confusion des sentiments – « S’organiser véritablement n’a jamais été autre chose que s’aimer » (p. 47) ; le nihilisme – « La perte de tout espoir fonde aussi bien la condition de la pure révolte – celle qui ne cherche plus d’appui dans ce qu’elle nie et ne s’autorise que d’elle-même » (p. 110) ; le jeunisme – « Ne dites plus “Les jeunes ne croient plus en rien.” Dites : “Merde ! Ils ne gobent plus nos mensonges” » (p. 10) ; un certain relativisme – « Il faut tordre le coup au sens commun : les vérités sont multiples, mais le mensonge est un, car il est universellement ligué contre la moindre petite vérité qui fait surface » (p. 12). On pourrait encore citer, comme gages d’une certaine adéquation à l’époque, les allusions à South Park, à Koh-Lanta ou aux « punchline de rappeurs » et la qualification de « tags » pour désigner les graffitis primairement imaginatifs de ce printemps de la jeunesse « ingouvernable ». Maintenant, c’est comme ça

Sur le fond, l’inspiration dudit « comité » peut apparaître diversifiée. On y trouve un renvoi à la revue Invariance, au Livre des Psaumes et, en plus des inévitables Foucault, Deleuze et Lyotard, des citations, des références au jeune Lukács, à Walter Benjamin, à Alberto Caeiro (hétéronyme de Fernando Pessoa) et à Franco Fortuni. Jamais cité mais immensément présent, le très prolifique Giorgio Agamben demeure, cela dit, la principale source d’inspiration du « comité ». Au point que tout ce qui, dans ce Maintenant, peut faire illusion de nouveauté ou d’originalité est emprunté à l’auteur d’Homo Sacer (et, plus occasionnellement, à Paolo Virno, lui non plus jamais cité). Corps, fragmentation, êtres vivants, destitution, exode, désertion : autant de pièces provenant du même agencement conceptuel et remises en état de marche politico-stratégique dans une perspective métaphysique de déprise, de disjonction, de désidentification. Avec, pour toile de fond, l’idée messianique de cette « communauté qui vient » (Agamben), et qui viendra d’autant que « la fragmentation du monde trouve un reflet fidèle dans le miroir en morceaux des subjectivités » (p. 137). Éloge de l’émeute, de l’indifférencié et du retrait dans un « toujours à reprendre » (p. 151) vers la création de nouvelles « situations » dont on assure par avance qu’elles seront « destituantes ». Partant du constat, un rien grotesque, que ce pays serait « un crève-cœur pour les âmes sincères » (p. 52), mais visiblement peu convaincue de ses déjà longues errances, l’avant-garde se rassure en mode mineur : « Une force politique véritable ne peut se construire que de proche en proche et de moment en moment, et non par la simple énonciation de finalités » (p. 64). « Sabotage de grand style » mis à part, on n’est pas loin, cela dit, de cette mystique de la grâce « communiste » charpentant une certaine Théorie du Bloom [4] qui s’achevait, il y a treize ans, sur ces mots : « Ce texte est un pacte. Le protocole d’une expérimentation qui s’ouvre entre déserteurs. Sans qu’il n’y paraisse, sortez du rang. Maintenant. » Invariance quand tu nous tiens ! En ce temps-là, Tiqqun citait ses sources, les mêmes que celles du « comité », son épigone et prolongement.

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Il y aura toujours comme une limite dans la croyance que le bonheur – communautaire – éprouvé un moment, dans une lutte, suffirait à la rendre inoubliable. La communauté exige d’avantage que du simulacre pour rester dans les mémoires et, au-delà, favoriser le dépassement. Dans le cas qui nous occupe – ce soulèvement printanier de 2016 –, la question reste d’abord posée des faiblesses, puis des impuissances, d’un mouvement massif mais fragmenté, incapable de se penser en « nous » et, ce faisant, inapte par nécessité à se saisir du fil rouge de l’histoire des anciennes révoltes. Faire effort de lucidité, ce n’est pas survaloriser les aventures incertaines de l’excès (partiel) ou de la voie de sortie (obligatoire), mais admettre, une fois pour toutes, que cette « fragmentation » qu’on s’acharne à nous vendre, dans des adresses « aux amis », comme un bienfait est, en fait, la cause même d’un éclatement du collectif et d’une prolifération du tribalisme. Si tout reste à imaginer d’une convergence efficiente des refus dans un commun souhaitable, tout reste surtout à reconstruire des anciennes solidarités détruites, des anciens réflexes perdus, des anciennes aspirations à l’autonomie réelle.

À partir du moment où plus personne n’est capable d’occuper une usine, un lieu de travail à fonction identifiable (et pas même une fac), à partir du moment où disparaît ce levier essentiel de la seule destitution qui vaille, et avec lui toute possibilité d’extension d’un mouvement (social, et non politique) dont la force ne peut évidemment s’exprimer que de cette façon, à partir de ce moment-là, l’espace se fragmente en une infinité de « ZAD » où chacun joue, dans l’entre-soi, sa partition, démocratique ou « subversiviste ». Ce morcellement, cette conjonction d’individualismes en action, cette attirance pour le non-ensemble, ce refus pathologique de toute centralité causale, cette fuite vers l’incertain et l’indéterminé, cette prédisposition au clanisme désirant, furent autant de caractéristiques de ce printemps qui ne pouvait accoucher d’aucun lendemain.

Aucune grève générale n’a jamais été décrétée. On peut l’annoncer, on peut la souhaiter – comme on continue de la craindre, du côté des maîtres –, mais on ne la décrète pas plus qu’on ne l’enterre au prétexte imbécile que la « figure du Travailleur » (p. 89) (avec majuscule) aurait sombré avec « l’idée de précariat » (p. 19). Il faut être résolument postmoderne – et largement ignorant – pour faire fi de la multiplicité des « statuts » et des nombreuses formes de précarité que subissait le prolétariat à l’époque, très ancienne il est vrai, où il commença d’exister comme sujet, mais aussi comme force unifiante. Ce qui manque, ce qui s’est largement perdu, ce qui surnage à peine, dans cette grande fragmentation du monde, c’est la figure de l’ouvrier conscient et, du même coup et corrélativement, le travail patient, quotidien, infini, de minorités agissantes capables, avec le temps, de faire prendre conscience à leurs frères de peine et d’exploitation – les travailleurs (sans majuscule) – qu’ils peuvent faire force commune, et davantage encore. Rien ne dit, même si l’hypothèse du déclin définitif est recevable, que, du désastre à venir, ne surgisse, un jour, du sein de ce prolétariat morcelé et aujourd’hui défait, une nouvelle conscience de sa force et de ses capacités résistantes. Car les tours et les détours de l’histoire sont infinis.

À défaut, il faudra admettre, comme les invisibles, que « l’essentiel se pass[ant] au niveau de l’infime » (p. 140), on pourra toujours potasser Agamben en cultivant son « communiste » jardin dans l’attente d’une prochaine « émeute », aussi stérile que la précédente. Et la « radicalité » continuera de tourner en rond en se consumant dans sa nuit.

Freddy GOMEZ

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[1Voir « Un printemps en France ? », texte de Temps critiques repris sur notre site et « Le balancier de l’illusoire »

[2Guy Debord, La Société du spectacle, Folio Gallimard, p. 19.

[3Internationale situationniste, La Véritable Scission, Fayard, 1998, p. 148.

[4Tiqqun, Théorie du Bloom, La Fabrique, 2004.

Crest (Drôme) : A propos de dialogue, de solidarité et d’attaque( mise à jour)

 

Indymedia Grenoble / dimanche 11 juin 2017

En tant qu’individualistes il est difficile de parler de solidarité parce que nous ne voulons pas l’exprimer à un groupe mais à des individualités desquelles nous nous sentirions suffisamment proches pour vouloir établir un dialogue.

Nous nous sentons solidaires des personnes qui de part leurs actes et leurs discours nous semblent transmettre une volonté de combattre ici et maintenant le pouvoir sous toutes ses formes.Pour nous la manière la plus sincère de soutenir des individu.es en révolte c’est de se révolter soi-même et d’attaquer. Que des personnes qui s’envisagent comme potentiellement complices se transmettent de la force peut permettre que se soit nos éthiques et nos passions qui guident nos actes et non pas la peur et la résignation qu’amène la répression.

Au travers de l’attaque nous voulons briser l’isolement et exprimer nos colères et nos tristesses. Dans des moments où l’on ne compte plus les prises de distances, nous réaffirmons des positions offensives et irrécupérables.

Nous pensons que si nous voulons aiguiser des pratiques et critiques il peut être intéressant de partager, de se confronter aux autres. Nous ne sommes pas intéressé·e·s par l’idée de produire des idées labellisées « anarchistes » que tout le monde pourrait accepter et adapter à son discours ou contexte local. Nous aimons le dissensus et le conflit qui nous permettent de prendre position. Nous sommes autant dégouté·e·s de l’apathie omniprésente que profondément touché.es par la beauté de celle et ceux qui se révoltent sans attendre ni les conditions objectives ni le terrain social favorable ni le moment stratégique. Nos choix ne seront jamais opportuns puisque toujours en décalage. Nous n’avons personne à convaincre, ni à attendre nous n’avons qu’un milliers de plan, l’envie de rencontrer d’autres complices dans l’impatience et l’irrépressible besoin d’en découdre.

L’attaque peut prendre de multiples formes et pour nous les dominations interpersonnelles doivent être au moins autant attaquées que cet existant qui nous étouffe. Nous ne voulons pas privilégier l’un sur l’autre. Nous refusons cette logique et voulons visibiliser chaque aspect de notre insoumission. En soutien donc avec celle et  ceux qui se mettent en jeu face à la répression, dans leurs affects, leurs amitiés, leurs sexualités.

Nous ne vivons pas dans le passé, nous ne voulons rien espérer du futur, nos révoltes n’ont pas d’avenir, elles ne peuvent donc pas être repoussées à demain.

Même si nous prônons la conflictualité, nous pensons que les débats sur la praxis se sont trop souvent cristallisés autour de positions polarisées qui ne permettent pas de refléter la complexité des points de vues. Nous refusons le consensus à tous prix mais ne voulons pas participer à un combat dogmatique. Nous trouvons réellement enthousiasmante l’idée que les attaques soient variées et nous ne nous contentons pas de certains clivages (signatures récurrentes ou non par exemple). Même s’il nous semble vraiment important de communiquer sur nos actes et que nous ne nous retrouvons pas pas des perspectives insurrectionnelles nous ne ressentons pas pour autant l’envie de faire rupture avec des personnes dont les attaques s’inscrivent dans cette finalité.

Nous répondons à l’appel d’un mois de Juin dangereux parce qu’il exprime bien ces nuances.

Dans la nuit de jeudi nous avons pénétré dans l’enceinte du bâtiment ENEDIS à Crest, fournisseur de l’énergie qui permet notamment à ce monde de merde de tourner. Nous avons déversé 10 litres d’essence à l’intérieur et allumé avec des feux à mains (avoir un plan B au cas où les feux à mains seraient défaillants). 10 litres d’essence ça fait un sacrée souffle. Quand on a repassé la grille, le bâtiment était en proie aux flammes. Nous apprîmes plus tard qu’elles l’avaient en grande partie ravagé.

Une petite pensée pour les incendiaires de Grenoble, on a trouvé particulièrement pertinente votre manière d’attaquer et de communiquer. Votre critique est très justement articulée, on aurait pas pu faire aussi bien. Mais on a envie de profiter de l’occasion pour soulever quelques points, et par là participer à la création d’un dialogue au travers de l’attaque.

Nous partageons votre constat sur les nuisances de la technologie. Néanmoins elle n’est qu’une facette des nouvelles formes de domination. Pour nous, à la genèse de ces nuisances il y a la civilisation même. Nous ne voulons donc pas attaquer la technologie comme étant un des excès du système, que nous pourrions transformer/remplacer mais bien comme étant un des aspect de la domestication du vivant. Nous ne voulons pas nous contenter d’une critique du capitalisme mais bien remettre en cause le concept même de société (aussi juste et égalitaire soit-elle). Nous sommes contre toutes les sociétés parce qu’elles ne peuvent exister sans la soumission des êtres vivants qui la compose. Que se soit au travers des smartphones, des compteurs Linky mais aussi par le travail, la famille, la culture, la morale, la justice, l’exploitation de la faune et de la flore…

Pour lutter contre la technologie il nous semble nécessaire de remettre en cause le processus de domestication qui fait de nous des êtres civilisé.es. On avait envie que cette critique sorte de discussion interpersonnelle, et de la partager avec vous. Trouvons-nous toujours de nouveaux angles d’attaques, de nouvelles failles, de nouvelles cibles.

La joie que nous avons ressentie cette nuit là, nous voulons la partager avec d’autres.

À Krèm, parce qu’il a toujours su garder le silence.

À Kara, parce que même si elle n’a pas su garder le silence, elle a eu le courage de revenir sur ces déclarations.

À Damien, parce que ces mots et sa détermination nous donne de la force.

Aux anarchistes de Bruxelles qui font face à un procès anti-terroriste pour avoir lutté sans médiation contre toutes les prisons.

Aux inculpé.es de Scripta Manent, qui refusent d’endosser un rôle de victimes.

À Nicolas Gai et Alfredo Cospito qui ont su assumer des positions fermes malgrè les risques, et qui se sont donné les moyens de leurs ambitions.

À celleux qui veulent s’envoler quitte à se brûler les ailes.

Konspiration d’Individualités Complices et Kaotiques

K.I.C.K.

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Le Dauphine / vendredi 9 juin 2017

Un incendie qui s’est déclaré dans la nuit de jeudi à vendredi, a détruit une grande partie des locaux du site Enedis (ex ERDF) rue quai Pied-Gai. Les bureaux et locaux techniques ont été la proie des flammes. Le sinistre a nécessité l’intervention d’une dizaine de sapeurs-pompiers du centre de Crest. L’alerte a été donnée vers 3 heures du matin par un passant qui a senti une odeur de brûlé. Huit personnes travaillent sur le site qui abrite le service d’entretien du réseau 20.000 volts. Le garage abritant plusieurs véhicules a été épargné. Il n’y a aucun blessé.

dauphiné.;com le 14/06/2017 à 12:04

Crest : L’incendie d’Enedis revendiqué par des activistes

Un texte de revendication a été publié sur une plate-forme Internet proche des milieux libertaires et anticapitalistes après l’incendie qui a détruit en grande partie des locaux du site Enedis (ex ERDF) rue quai Pied-Gai à Crest dans la nuit du 8 au 9 juin dernier. Selon nos informations, cette revendication est prise très au sérieux par la gendarmerie, un lien pouvant être établi avec plusieurs autres affaires de dégradations qui ont eu lieu récemment à Grenoble où onze véhicules avaient été incendiés sur un parking d’Enedis…

 

Paris : Un 2e procès de la lutte contre la machine à expulser

reçu par mail

On ne sait pas si tu as vu, mais il y aura un second procès on ne sait pas quand : https://nantes.indymedia.org/articles/37969

 

Le 30 mai 2017, la juge d’instruction Gendre a rendu sa propre ordonnance de renvoi contre sept nouveaux compagnons et camarades devant le tribunal suite à la lutte contre la machine à expulser à Paris.

Un premier procès concernant une des instructions judiciaires sur la lutte contre la machine à expulser se déroulera le 23 juin 2017 à Paris, contre quatre personnes. Après diverses requalifications et autres non-lieu, trois sont accusées d’avoir « tracé en réunion des inscriptions sur des façades et mobiliers urbains » (soit des tags) en janvier 2011, et deux d’avoir « volontairement détérioré un distributeur bancaire au préjudice de la Banque Postale » (un collage d’affiches) en février 2010 lors d’une balade.

Parallèlement à cela, le 30 mai 2017, la juge d’instruction Gendre a rendu sa propre ordonnance de renvoi contre sept nouveaux compagnons et camarades devant le tribunal. Si la date de ce procès-là sera fixée ultérieurement (peut-être ces prochaines semaines), on peut d’ores et déjà en dire quelques mots.

Ce deuxième procès concerne la seconde instruction judiciaire qui avait abouti aux cinq perquisitions de juin 2010, puis à l’arrestation de deux personnes supplémentaires les 28 octobre 2010 et 19 janvier 2011 (l’une d’elle effectuant une semaine de prison préventive). Les chefs d’inculpation allaient de « dégradations ou destructions volontaires graves de bien commises en réunion » aux refus ADN et d’empreintes, en passant par des « violences volontaires en réunion », suite aux visites inamicales à l’agence Air France de Bastille et à la boutique SNCF de Belleville, ainsi que d’une pauvre vitrine d’un magasin Bouygues redécorée dans un même élan. Ces deux actions se sont produites le 17 mars 2010, quelques heures après la condamnation de dix sans-papiers à des années de prison ferme pour l’incendie du centre de rétention de Vincennes.

Plus largement, elles s’inscrivent au sein d’une lutte contre la machine à expulser qui, de 2006 à 2011, a touché des centaines d’objectifs de manière variée, par le feu ou le marteau, le sabotage à l’acide ou à la colle, sans compter les balades sauvages, les manifestations et les discussions publiques, les collages d’affiches ou la diffusion de tracts et autres propositions de lutte adressées à la rue. Une lutte sans sujet ni centre politique, qui proposait à chacun l’auto-organisation sans médiation et l’action directe diffuse à partir d’un angle particulier, la machine à expulser, une lutte au nom de la «  liberté pour tous et toutes, avec ou sans papiers ».

Désormais, après cinq années d’instruction (2009-2014) et des contrôles judiciaires levés en octobre 2015, alors que les recherches des petits soldats de la section anti-terroriste de la brigade criminelle sont restées vaines contre les auteur-e-s de toutes ces attaques, c’est surtout une lutte avec ses contenus et ses propositions sans concession qui seront jugés lors de ce second procès, sept ans après les faits. Après une série de non-lieu partiels rendus en bout de course, les sept camarades et compagnon-ne-s sont finalement tous renvoyé-e-s en procès pour les refus ADN et de signalétique (dont quatre uniquement pour cela), deux pour avoir « volontairement dégradé ou détérioré des locaux professionnels de la société Air France » et un pour avoir « volontairement dégradé ou détérioré des locaux professionnels de la SNCF et de Bouygues Télécom ». D’autres informations et textes suivront plus tard.

De la Méditerranée devenue un gigantesque cimetière marin à la mise en camps des migrants qui forcent les frontières terrestres, de la construction de 33 nouvelles prisons aux technologies de la ville-prison et à l’extension du contrôle et des frontières intérieures,…
… saboter la machine à expulser et à enfermer reste plus que jamais d’actualité.

Liberté pour toutes et tous, avec ou sans papiers,
La solidarité c’est l’attaque,

Quelques anarchistes,
10 juin 2017

La fête est déjà terminée ?

01/09/2016Numéro 1

Extrait d’une affiche vue ces derniers mois dans les rues de Paris ]

Ces derniers mois on s’est bien amusé à courir dans les rues, à essayer de subvertir un peu notre existant et ces villes modernes et aseptisées, vitrines du capitalisme et de la société de contrôle.

Cette loi on s’en foutait comme des résultats d’une élection présidentielle ou d’un match de foot, parce que le travail on n’en veut pas tout court, et notre exploitation, qu’elle soit facilitée par une loi ou pas, nous est toujours plus insupportable.

Alors pourquoi attendre le prochain « mouvement » pour s’amuser, alors que nous n’avons qu’à continuer ce que nous avons démarré ces derniers mois ?
Pourquoi retourner chacun dans notre isolement, noyés dans les diverses aliénations qui servent à tromper notre ennui et solitude autodestructrice, alors que nous avons vu que nous sommes nombreux à avoir envie de s’en prendre à l’existant, à une société qui chaque jour tente de nous réduire un peu plus en bouillie et d’instaurer la peur chez ceux qui ont décidé de ne plus accepter cette comédie, de ne plus suivre bêtement des cortèges syndicaux et des mots d’ordre citoyens, et de ne plus accepter les états d’urgence ou les États tout court.

On a découvert ou redécouvert ce que c’est que de courir sur le bitume, de jouer dans des espaces policés destinés à contrôler nos faits et gestes. On savait que cette société de misère repose sur notre servitude, et la peur du flic, mais on a appris qu’on est assez forts pour tenter de la renverser, et qu’ils ne pourront pas nous empêcher de nous amuser comme des enfants sauvages qui saccagent tout sur leur passage.

Nous avions si bien commencé, alors ne troquons pas une part de maintenant pour une part fictive de demain, et ne cédons en rien du présent pour le vent de l’avenir !

SOLIDARITÉ AVEC CEUX ET CELLES ARRÊTÉS CES DERNIERS MOIS !