Ni loi, ni travail : La répression judiciaire travaille

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Nantes : En préventive avec l’accusation de “tentative d’homicide sur” flic

Le Monde / lundi 16 mai 2016

Il a 18 ans et 9 mois. N’avait jamais fait parler de lui. Et s’apprêtait à passer son bac professionnel. Samedi 14 mai, un jeune Nantais, dont le casier judiciaire est vierge, a passé sa première nuit en prison, mis en examen pour « tentative d’homicide sur personne dépositaire de l’autorité publique ». Les faits dont il est accusé sont survenus en marge de la manifestation contre la loi travail, le 3 mai, à Nantes. Se retrouvant isolé de son unité, un commandant de police a été pris pour cible par cinq jeunes. Ces derniers l’ont fait chuter, lui ont enlevé son casque et l’ont roué de coups, au moyen notamment d’une barre de fer. « Sans intervention de renforts, ils allaient le tuer », a déclaré un témoin aux policiers. La procureure parle de « véritable lynchage », et note : « Il y a eu une intention claire d’acharnement, le crâne était visé. » Le policier a eu le nez fracturé et quinze points de suture.

Identifié après exploitation d’images de caméras de surveillance et de photographies postées sur les réseaux sociaux [par des “manifestants” et/ou journaflics amateurs, encore! NdAtt.], le suspect a été interpellé lors d’une autre manifestation, jeudi 12 mai à Nantes. Ce jour-là, il est encore accusé d’avoir lancé des pierres contre des gendarmes, et d’avoir contribué à la mise à sac d’une enseigne mutualiste. Faits qu’il réfute catégoriquement.

Lors de sa garde à vue, il a nié toute participation à l’agression du policier le 3 mai avant de reconnaître avoir provoqué sa chute « en effectuant une balayette ». « Dans un SMS envoyé à sa petite amie, il a dit que s’il avait été chopé, il aurait été dans le caca, pour reprendre ses termes exacts », relève la procureure. Sur les réseaux sociaux, des amis indiquent aussi que le suspect était « bien chaud ».

Pour Me Antoine Barrière, avocat du jeune homme, « les choses sont nettement plus complexes ». De nombreuses investigations restent à mener pour établir le déroulement des faits et cerner l’implication précise de chacun des protagonistes. « Les coups n’ont probablement pas été portés » par son client, explique-t-il : « Les témoins ne vont pas en ce sens. » Plutôt que la prison, l’avocat a proposé « une mesure d’éloignement », voire « une assignation à résidence » du jeune homme chez ses grands-parents à Saint-Nazaire. « Il se retrouve dans une affaire qui est beaucoup trop grande pour lui et on essaie de le mettre dans une boîte, la maison d’arrêt, également bien trop grande pour lui », plaide-t-il.

Face au juge des libertés et de la détention, samedi, le jeune homme, moustache et bouc naissants, n’a quasiment rien dit. A peine a-t-il murmuré un simple « non » quand le magistrat lui a demandé s’il avait des précisions complémentaires à apporter. […]

Quand le juge a annoncé au jeune homme qu’il allait partir en prison, eu égard à « la gravité des faits, de nature criminelle » – « tentative de meurtre », a-t-elle répété plusieurs fois –, le garçon a oscillé la tête, comme pour signifier qu’il réalisait dans quel bourbier monstrueux il était plongé.