Brèves du désordre
Jeudi, la septième journée d’action organisée par l’intersyndicale pour réclamer le projet de loi travail s’est traduite par des grèves, notamment dans les transports, des blocages sur les routes et des manifestations. Celles-ci ont mobilisé 400.000 personnes en France selon la CGT, 128.000 selon le ministère de l’Intérieur, soit environ deux fois plus que lors de la précédente journée mardi, dans un climat nettement moins tendu.
(journaflics quelconques)
Paris : plus de marteaux que d’affrontements
Récit de la manif offensive et solidaire du jeudi 19 mai contre la loi Travail et son monde
Paris-luttes, 19 mai 2016 (extrait)
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Il y a plein de banderoles (parmi lesquelles « Soyons ingouvernables », « Tout le monde déteste le travail et sa police » et « On m’a ordonné de perdre mais j’ai choisi de mordre », citation d’une chanson de Casey – c’est cool, ça change du registre foireux Booba/PNL), plein de pancartes DIY, de slogans criés, le tout dans la joie et la bonne humeur. Très vite, sur le boulevard Diderot, des actions sont effectuées par plein de groupes différents : les pubs sont toutes arrachées et/ou taguées et/ou panneaux pétés (des gros panneaux 4×3 sont ouverts et leurs grandes affiches déchirées). Les banques, agences immobilères/d’intérim/de « gestion » et autres enseignes capitalistes sont également taguées et/ou vitrines pétées. On est tellement nombreux-euses et tout le monde est tellement complice de ce qu’il se passe que les flics et le SO sont à la ramasse : on ne les voit même pas !
Parmi les nombreux tags inscrits au fil de la manif, une banque LCL voit ses planches de protection recouvertes de « Fin du capital » et « Nique l’argent », les panneaux de pub sont décorés par de nombreux « ACAB » et d’autres slogans hostiles aux pubs et au capitalisme, et plusieurs toilettes publiques sont taguées avec des trucs bien sentis (si ont peut dire) du genre « Aux chiottes l’État, les flics et les SO ». Si plusieurs tags sont inscrits contre les flics et le SO, lors de la deuxième partie de manif les slogans des tags se diversifient. Sur le pont d’Austerlitz apparaît un « Flics : sautez ici », puis sur le boulevard de l’Hôpital, « Nos casseurs ont du talent », « Je pense donc je casse », « Nous ne sommes pas en marge », « Quelle révolution s’est faite sans casse ? », etc. Un sex-shop est même tagué : « Vive les plugs anals » (bon, en fait c’est « anaux » au pluriel, mais on va pas chipoter).
Quand des trucs sont pétés (toujours des cibles capitalistes évidentes), la foule soutient joyeusement, par des hourras et des slogans explicites : « Nous sommes tou-te-s des casseurs » et « Haaa / anti / anticapitaliste ».
Le long du boulevard de l’Hôpital, jusqu’à place d’Italie, quelques affrontements éclatent avec les CRS (qui tentent, généralement trop tard, de protéger des banques ou d’autres cibles – tel le comico du XIIIe). Les flics balancent des lacrymos et des grenades de désencerclement mais ne réussissent à aucun moment à couper la manif en deux. Il y toujours un effort de jonction entre les parties séparées momentanément. Caillasses et peinture sont jetées sur la flicaille. Ça tient bon ! Pas loin de ces points de « friction », des tags sont posés : « Atelier lacrymo n°361 », « Atelier caillassage n°1312 », « Qui sème le gaz récolte le pavé ». La foule enchaîne et détourne ses propres slogans : « La police déteste tout le monde » !
🙂
Les actions directes de « casse » ont été quasi permanentes le long de cette manif, avec la protection/complicité de tout le cortège de tête, qui comme je le disais était en nombre super imposant. Le seul hic, je crois, c’est les photographes et autres cameramen, qui eux aussi sont en nombre imposant. On sait très bien que leurs images, qu’ils le veuillent ou non, peuvent être utilisées par les flics et les juges par la suite, contre les personnes arrêtées. Alors faut pas s’étonner si quelques slogans comme « Tout le monde déteste les journalistes » ont fusé (surtout avec le décalage entre la chasse aux sorcières médiatico-politique contre les casseurs et la solidarité de fait au sein des manifestations). Plusieurs caméras se sont pris de la peinture là où il faut (France 3, notamment) et quelques « périscopeurs » se sont fait embrouiller. Cessez de prendre des images des actions en cours, prenez des images des tags et des vitres brisées, mais pas des gens – même masqué-e-s, merci.
Voilà, la manif s’est terminée comme prévu sur la place d’Italie. Mais là, malgré les prévisibles et désormais « traditionnels » affrontements avec les CRS, la place a vite été attaquée par la police (grenades de désencerclement, flash-ball, lacrymos) alors qu’il ne se passait rien et que les gens n’étaient pas encore tou-te-s arrivé-e-s. La place s’est finalement vidée peu à peu, comme souvent lors des fins de manif parisiennes.
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Nantes : braver l’interdiction de manifester
A Nantes, des manifestants bravent l’interdiction préfectorale
Reuters, 19/05/2016 à 20:57
Soixante-six personnes ont été interpellées jeudi à Nantes en marge d’une manifestation contre la loi travail que la préfecture de la Loire-Atlantique avait interdite la veille, ont fait savoir les autorités locales.
Les manifestants arrêtés l’ont été « pour vérification d’identité et éventuels placements en garde à vue« , précise la préfecture dans un communiqué de presse.
Cinq policiers ont été légèrement blessés.
« Cette manifestation n’est pas organisée par un mouvement politique, associatif ou syndical« , avait déclaré la veille le préfet pour justifier son interdiction.
« Plusieurs manifestations ont été organisées dans les mêmes conditions ces dernières semaines, et ont systématiquement donné lieu à des agressions intolérables contre les forces de l’ordre et à des dégradations inacceptables de biens publics et privés« , avait-il ajouté.
Loi travail : plusieurs dizaines d’interpellations à Nantes et à Rennes
AFP, 19/05/2016 à 22:34
À Nantes, ce jeudi, la manifestation contre la loi travail, qui avait été interdite la veille, a donné lieu à près de trois heures de jeu du chat et de la souris entre les quelque 800 manifestants dénombrés par les autorités, et les forces de l’ordre. Les policiers ont chargé à plusieurs reprises avec de très importantes quantités de gaz lacrymogènes, notamment près du château des ducs de Bretagne, mais aussi devant le CHU, puis dans le centre historique.
Soixante-six personnes ont été interpellées « pour des vérifications d’identité puis éventuel placement en garde à vue si les infractions le justifient », selon la préfecture de Loire-Atlantique. Un policier a été légèrement blessé.
Après s’être rassemblés aux cris de « État d’urgence, Etat policier, on nous enlèvera pas le droit de manifester » ou encore « 49.3 ou pas, continuons le combat », les manifestants sont entrés dans les ruelles du centre-ville près de la place Graslin où ils se sont dispersés en plusieurs groupes poursuivis par les forces de l’ordre qui tentaient de les en chasser à l’aide de grenades lacrymogènes et assourdissantes.
Vers 17 heures, la plupart des manifestants ont été repoussés du centre-ville vers les bords de Loire, puis les forces de l’ordre ont de nouveau lancé une charge massive avec d’importantes quantités de lacrymogènes pour les repousser plus à l’Ouest. La circulation n’était pas interrompue et voitures, badauds et manifestants ont été recouverts par le nuage de gaz lacrymogènes pendant de longues minutes. Le gros des incidents a pris fin vers 18 heures.
Dijon : chasse à l’homme pour un molotov sur le comico
Le commissariat central de Dijon visé par un cocktail molotov après les manifestations contre la Loi Travail
France Bleu Bourgogne, 19 mai 2016 à 18:19
Alors que les manifestations avaient pris fin dans le calme, un cocktail molotov a été lancé dans la cour du commissariat central de Dijon peu après 18 heures. Le syndicat de police Alliance dénonce un « acte terroriste ». Près de 1000 personnes ont manifesté plus tôt dans l’après-midi
Le cocktail molotov a été lancé depuis le parking qui jouxte le commissariat. L’engin pyrotechnique a atterri dans la cour, près d’une voiture de police. L’un des pneus du véhicule à commencer à s’enflammer mais un fonctionnaire est rapidement parvenu à maîtriser le début d’incendie. Il n’y a pas de blessés.
« Cette attaque est assimilable pour nous à un acte terroriste. Attaquer un commissariat avec un engin incendiaire ne peut pas être autre chose qu’un acte terroriste. Les policiers ne comprennent plus la situation dans laquelle ils se trouvent« . Frederic Paillard, secrétaire du syndicat de police Alliance en Bourgogne Franche-Comté
D’importants moyens ont été mis en place pour retrouver l’auteur de cet acte (policiers, hélicoptère de la gendarmerie). A 23h ce jeudi soir, les policiers étaient toujours à sa recherche.
Rennes : blocages et affrontements
5 interpellations à Rennes
AFP, 19/05/2016 à 22h01
A Rennes, cinq personnes ont été interpellées, dont deux pour des tirs de projectiles, selon la préfecture d’Ille-et-Vilaine. Un policier a été légèrement blessé. Parti vers 11h30, le défilé avait traversé dans le calme le centre-ville, rassemblant quelque 1.500 personnes selon les organisateurs et la préfecture.
Mais après 13h30, environ 300 manifestants, selon cette dernière, s’en sont désolidarisés pour gagner le stade de football, situé dans l’ouest de la ville, avant de rejoindre le blocage routier mis en place par des salariés des transports sur la route de Lorient. Des groupes de quelques dizaines de manifestants ont bloqué à deux reprises la rocade avant d’en être délogés par les forces de l’ordre. Des affrontements à grand renfort de gaz lacrymogènes ont eu lieu en contrebas sur la route de Lorient.
Rouen : des banques
Loi Travail. Dégradations de vitrines de banques. Un mineur interpellé à Rouen, cet après-midi
Normandie actu,19/05/2016 à 19:42
Après les dégradations de certaines banques de la rue Jeanne-d’Arc à Rouen (Seine-Maritime), un mineur a été interpellé pour détention de substances incendiaires. Il a été placé en garde à vue, jeudi 19 mai 2016. Trois vitrines de banques ont été brisées.