Brèves du désordre
Ouverture d’un squat pour migrants à Calais : le procès des huit militants renvoyé à vendredi
La voix du nord, 30/03/2016
Les huit activistes, âgés de 20 à 30 ans, interpellés dimanche après-midi à Calais devaient être jugés au tribunal correctionnel de Boulogne-sur-Mer ce jeudi après-midi, pour avoir participé à l’ouverture d’un squat dimanche à Calais. Ils étaient poursuivis pour dégradation de bien d’autrui et refus de se soumettre aux opérations de relevés signalétiques intégrés dans un fichier de police. En l’absence de certains prévenus, qui n’ont pu être extraits de la maison d’arrêt de Sequedin, l’affaire a été renvoyée à vendredi 14 h.
Trois Français, libérés ce mardi, comparaissaient libres devant le tribunal ; les cinq autres, étrangers, sont restés en détention jusqu’à l’audience : deux jeunes hommes étaient écroués à Longuenesse et trois jeunes femmes à Sequedin. Ce mercredi toutefois, ces trois jeunes femmes n’ont pas pu être extraites de leur maison d’arrêt, faute d’escorte disponible. La présidente du tribunal a donc décidé dans un premier temps de les juger en visioconférence. Vers 17 h 30, le tribunal est monté dans une salle adaptée, accompagné des avocats, des prévenus présents au tribunal, de la presse et des personnes souhaitant y assister (ce type d’audience restant public).
Une soixantaine de personnes (dont au moins une vingtaine de soutiens) était donc présente dans cette petite salle. La connexion a été faite avec la maison d’arrêt de Sequedin, et les trois prévenues incarcérées sont apparues à l’écran, face caméra, accoudées à une table. L’ensemble des prévenus souhaitait être jugé ce mercredi, mais les trois prévenues retenues à Sequedin ont précisé qu’elles ne voulaient pas être jugées par visioconférence. « Je veux être jugée maintenant, mais pas en vidéo : je veux être présente physiquement, aux côtés de mon avocat », ont-elles toutes trois déclaré.
Le substitut du procureur a reconnu que c’était leur droit de refuser d’être jugées en vidéo, tout en rappelant « la carence de l’administration pénitentiaire » qui n’a pas été en mesure de conduire les trois prévenues au tribunal. Il a donc demandé soit le renvoi de l’affaire pour tous les prévenus, avec maintien en détention pour les différentes personnes placées à Longuenesse et à Sequedin, soit la disjonction des dossiers (c’est-à-dire juger uniquement les cinq prévenus présents au tribunal et renvoyer le jugement pour les trois jeunes femmes de Sequedin).
Les huit militants – trois Français qui ne vivent hors du Pas-de-Calais, trois Suisses, une Belge et une Anglaise, tous âgés entre 19 et 30 ans environ – étaient défendus par Maître Calonne, une habituée des dossiers touchant aux squats, Maître Leroy, connu pour avoir défendu, fin janvier, des migrants qui s’était introduits de force dans un ferry, et maître Jennifer Vasseur.
Maître Leroy et ses consœurs ont soutenu que la visioconférence déshumanisait les individus et souhaité que ses clientes soient présentes physiquement devant le tribunal. « Je n’ai pas la solution, mais c’est à vous d’apprécier ». Tous trois se sont opposés à la disjonction du dossier : « Dans l’intérêt de tous, il faut qu’ils soient jugés tous ensemble », a estimé maître Calonne.
Le tribunal s’est retiré pour délibérer. Vers 19 h 30, il a décidé le renvoi de l’affaire à 14 h ce vendredi. Les huit prévenus ont été remis en liberté dans l’attente de leur procès.
Pour rappel, les huit activistes, âgés de 20 à 30 ans environ et de nationalités française, belge, anglaise, suisse et allemande, ont été interpellés dimanche après-midi alors qu’ils venaient d’ouvrir un squat en ville, rues Eustache-de-Saint-Pierre et des Prêtres, à Calais-Nord. Certains étaient montés sur les toits tandis que d’autres avaient barricadé, à l’aide de planches, les deux accès du bâtiment ou distribuaient des tracts dans lesquels ils rappelaient les raisons de leur coup de force : le démantèlement partiel de la « jungle » intervenu durant la première quinzaine de mars. Dans un communiqué intitulé « Un toit pour tout(es) », ils précisaient être « un groupe de personnes de différents pays et horizons politiques qui luttent pour le droit au logement pour tous, peu importe son origine ». Le bâtiment, qui appartient à un propriétaire privé, a par le passé hébergé un foyer pour femmes battues (Le Moulin blanc). Il est inoccupé depuis plusieurs années. Cette action survenait alors que les derniers squats connus à Calais ont été évacués en septembre 2015, le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve s’étant engagé à une politique de « zéro squat » en contrepartie de l’ouverture, en mars 2015, du centre d’accueil de jour Jules-Ferry pour femmes et enfants. Les derniers squats de Calais, ouverts en nombre courant 2014-2015, avaient été évacués en septembre 2015 (hangar Paul-Devot, square Henri-Barbusse, salle du BCMO, parvis couvert de l’église Saint-Pierre-Saint-Paul).
À l’occasion d’un comptage réalisé la semaine dernière, la préfecture a recensé un total de 3 500 migrants à Calais : 1 850 installés dans les structures mises en place par l’État (centre d’accueil de jour, centre d’accueil provisoire ouvert en janvier 2016 et tentes de la Sécurité civile) et 1 650 dans la « jungle » condamnée à disparaître courant 2016. Un chiffre qui se rapproche des objectifs fixés pour 2016 par la préfecture (2 000 migrants maximum accueillis dans le centre d’accueil de jour et le camp d’accueil provisoire).
Squat évacué : les huit interpellés pourraient être jugés mercredi
Nord Littoral, 29/03/2016
Huit militants ont été interpellés sur le toit pendant que d’autres étaient repoussés par les CRS.
Les huit gardes à vue ont été prolongées », a annoncé Nathalie Bany, procureure adjointe, lundi peu après 18h. « Ils seront déférés demain », en vue d’une « comparution immédiate mercredi après-midi », indiquait-elle concernant les interpellations de militants qui étaient sur le toit d’un squat dimanche.
Cinq ans de prison encourus
Ces militants, dont des activistes No Border selon des sources proches, sont en garde à vue pour « dégradation en réunion, violation de domicile et refus de prélèvement » indique le parquet au lendemain de l’évacuation d’un squat ouvert à Calais le matin même, rue des Prêtres et rue Eustache de Saint-Pierre. Ils encourent jusqu’à cinq ans de prison.
Concernant le propriétaire du lieu squaté dimanche, celui-ci n’a pas porté plainte le jour même et qu’il était « recherché », affirmait la sous-préfecture qui gérait l’astreinte, contredisant les propos de Philippe Mignonet, adjoint, qui assurait que la police était en contact avec le propriétaire. Hier, le parquet a confirmé que « le dépôt de plainte est en cours, il fait partie des actes d’enquête sollicités aujourd’hui », indiquant qu’il n’y avait pas eu d’autres interpellations ni de perquisitions.
Le parquet n’a pas confirmé si les militants se revendiquaient No Border : « Ils ne communiquent pas », indique-t-elle, confirmant qu’ils n’étaient pas assistés d’un avocat.
Du côté des activistes, hier, certains s’étonnaient que les gardés à vue n’aient pas contacté leur avocat après l’expulsion, chose qu’ils avaient semble-t-il envisagée. L’avocat de permanence confirmait aussi ne pas avoir été joint. En fin de journée hier, un avocat s’est déplacé.
Squat et mise à l’abri
Ces interpellations sont survenues dimanche après l’ouverture d’un squat à Calais Nord par des militants, du collectif « Salut ô toit » qui revendiquait après le démantèlement de la zone Sud de la Jungle, la mise à l’abri des exilés. Hier, un No Border rappelait qu’ils souhaitaient « rappeler que l’État doit protéger les gens vulnérables. A Calais, il y a beaucoup de bâtiments qui restent vident malgré que des gens vivent dehors. Et je ne parle pas que des migrants ! »,dit-il avant de s’interroger sur la « légalité de l’expulsion » du squat
Ce squat, inoccupé depuis des années, est un lieu symbolique aussi : il abritait un foyer pour femmes battues et avait été envisagé pour mettre à l’abri les femmes et les enfants du squat Victor-Hugo ouvert par No Border après que l’association Solid’R ait repris la gestion.
Calais : Une tentative de squat mène huit No border en garde à vue
AFP, 28.03.2016 à 09:44
Dimanche, huit militants No border ont été interpellés et placés en garde à vue après avoir squatté durant quelques heures un bâtiment situé dans le centre-ville de Calais, a-t-on appris auprès de la préfecture du Pas-de-Calais.
Selon l’AFP, les No border (militants radicaux de l’ultra-gauche prônant l’abolition des frontières) se sont introduits et barricadés à l’intérieur de cette habitation d’environ 500 m2, appartenant à un particulier.
Intervention en force
Vers 14h45, deux compagnies de CRS sont intervenues et ont attaqué à coups de bélier la porte. Les interpellations, qui ont concerné des hommes et des femmes âgés de 18 à 25 ans environ, sont intervenues dans un calme relatif. Il n’y avait aucun migrant présent dans le squat.
« Il y a eu beaucoup de dégradations à l’intérieur », a déclaré Philippe Mignonet, adjoint au maire de Calais en charge de la sécurité. C’est la maire (LR) de la ville, Natacha Bouchart, « qui est intervenue directement auprès du ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve pour lui demander l’intervention immédiate des forces de l’ordre, pour qu’il n’y ait pas de squat à Calais », a-t-il ajouté.
Vers 18H30, une trentaine de militants pro-migrants étaient toujours présents à proximité du bâtiment qui a été brièvement squatté, sous le regard de nombreux CRS.