A valence ,aux alentour du 22 novembre 1947 , la CGT avait décidé de déposer dans tous les bureaux, usines et chantiers, une demande d’augmentation de salaire de 25 % pour répondre à l’inflation. Les travailleurs sont également consultés en vue d’une grève. Le 24, le socialiste jules Moch est nommé ministre de l’intérieur.Il a été député de la Drôme de 1928 à 1936.On compte sur lui pour écraser la grève sans état d’âme.
Les cheminots ouvrent le bal le 25 novembre. L’intervention des forces de l’ordre pour forcer un départ de train ramène les métallurgistes dans la bataille;ils entrent en grève, rapidement suivi par les ouvriers du bois et du textile, tous solidaires des cheminots : la gare occupée va devenir l’épicentre du conflit.Outre valence c’est l’ensemble de la Drôme qui est rentrée dans la grève
Le 4 décembre en début d’après-midi, 2000 grévistes partent en manifestation et convergent vers la gare, évacuée dans la matinée par la police qui les attend de pied ferme.
« Les manifestants furent accueillis par la gendarmerie, la police et l’armée de l’air qui les reçurent à coup de grenades lacrymogènes. devant une telle réception[ils]] brisèrent les cordons de police, pénétrèrent dans la cour de la gare par la »petite vitesse », tandis que la police se repliait à travers les quais. Voyant l’attitude résolue des grévistes,Duperrier, préfet criminel, donna l’ordre de tirer sur le foule »
( Le travailleur transalpin, 5 décembre 1947)
» Jules Moch a demandé l’intervention d’une compagnie de CRS de Pierrelatte.
Dans le même temps, un détachement de l’armée venu de la caserne Baquet de Valence a été dépêché pour faire évacuer la gare, devenue noire de monde. » témoignage d’ Albert Thivolle
« Au cours de la lutte, il y eut trois mort et 14 blessés graves du côté des manifestants, tous touchés par balles de 7, 65(pistolets automatique ou pistolet mitrailleur MAS. »
Joseph Chaléat, métallurgiste, Henri Justet, ouvrier du bâtiment et Raymond Penel, cheminot, sont ainsi les premières victimes du triste règne de jules Moch et du gouvernement Shuman.
La bataille est rude : la foule est déchaînée à cause des victimes. Elle s’empare de deux officiers de police, Tardieu et Terrasse.ils sont désarmés et interrogés.. une délégation s’achemine ensuite vers la préfecture , où un député communiste présente le revolver de Tardieu en l’accompagnant de ces mots : »voilà une arme qui a tué un ouvrier »..
le 7 décembre un cortège de 20000 personnes accompagnent Justet et Penel. Le 8 décembre , ce sont prés de 8000 personnes qui assisteront à l’enterrement de joseph Chaléat.
Ce même jour, à Marseille où le mouvement s’est aussi étendu, Silvain Bettini sera mortellement blessé.
On publiera prochainement l’histoire de cet homme tué par la police à Marseille
ce texte a été publié das le livre « 100 portraits contre l’état policier »