De la maternelle à l’université, jusqu’au tombeau, l’école cherche à nous adapter à ce monde, à nous faire accepter la place qui nous y est réservée, à nous caser là où on sera le plus rentable. Cet objectif, on voudrait nous le faire intégrer sous le nom de réussite. Et pour qu’on réussisse, on nous oriente. Pour ne pas perdre de temps et d’argent, on nous sélectionne et on veille à nous éviter l’échec et le redoublement. L’État et ses algorithmes savent ce qui est bon pour nous. C’est bien ça la réforme des universités : faire passer sans douleur un pas de plus dans la bonne gestion du matériel humain que constitue une « population » à mettre au travail et à domestiquer, en rentabilisant tous les moments de la vie. ça s’appelle aussi « valoriser les compétences de la maternelle à l’insertion dans le monde du travail » (comme l’indique le Livret de compétences).
Contre cette logique, depuis le mouvement contre la loi Devaquet en 1986, divers mouvements lycéens et étudiants ont eu lieu, qui ont été sans doute les plus vivants de ces dernières décennies. Des formes de refus et de révoltes se manifestent au quotidien de manière diffuse dans le contexte tendu où l’état d’urgence a été inscrit dans le droit commun.
Aujourd’hui on voudrait tous croire qu’il va se passer quelque chose. Les gauchistes s’agitent, les syndicats étudiants se mettent en ordre pour une bataille qu’ils s’apprêtent encore une fois à ne pas mener. D’autres commencent à nous seriner que l’insurrection vient en nous faisant croire que l’insurrection, c’est affronter la police deux fois par semaine dans des rituels vains.
Soyons à la hauteur de la situation. Ne nous laissons pas orienter, gérer, que ce soit par l’État, par les syndicats ou par les vendeurs de soupe insurrectionnelle.
Comprendre enfin que ce qu’il se passe autour de ces questions concerne tout le monde, qu’on soit à l’école ou pas.
Cesser de valider les catégories qui nous étouffent et ont perdu leur sens depuis longtemps (comme la séparation absurde entre étudiants, travailleurs, chômeurs, précaires…).
Ne pas s’en tenir à un affrontement spectaculaire et ritualisé avec la police.
Puiser dans le mouvement qui va peut-être commencer de quoi dépasser tout ça et rendre effectif notre refus commun de ce monde.
Voilà ce qu’on propose de discuter le 23 novembre.
Restons inorientables et ingérables !
Jeudi 23 novembre 2017 à 19h aux Fleurs Arctiques, une bibliothèque pour la révolution, Paris 19e.
[Repris du blog des Fleurs Arctiques.]
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