Archives mensuelles : avril 2019

France : chronique du désordre [27 mars – 23 avril 2019; MAJ : Acte 23 des « gilet jaunes »

23 avril 2019, Morteau (Doubs) : Paf le DAB !

On apprend mardi 23 avril via L’Est Républicain que le distributeur de billets de la Société Générale était hors-service depuis quelques temps… L’écran de la machine a en effet été explosé à coups de masse.


22 avril 2019, Quimperlé (Finistère) : Courant d’air chez la charogne humanitaire…

Dans la nuit du dimanche 21 au lundi 22 avril, la devanture du nouveau vestiaire de la Croix-Rouge, boulevard de la Gare, a été cassée. « Rien n’a été volé » , signalent d’emblée des bénévoles de la Croix-Rouge, ce lundi 22 avril, peu avant midi. La vitrine du nouveau vestiaire de l’association situé à l’angle de la rue Frémeur et du boulevard de la Gare est tombée après un lancer de panneau de signalisation qui a fait un gros trou au milieu.

« Ce sont les gendarmes, en faisant leur patrouille ce matin, qui ont vu la vitrine cassée. Ils ont prévenu la Ville » , relate un bénévole. Le panneau de signalisation « déviation » , mis en place il y a près d’une semaine à cause de la maison qui menaçait de s’effondrer plus bas dans la rue Frémeur, a été jeté dans la vitrine. […] La Croix-Rouge, grand spécialiste dans les rafles et les déportations de migrants, a annoncé qu’elle allait porter plainte à la gendarmerie. (Source : Ouest France, 22.04.2019)


22 avril 2019, Landivisiau (Finistère) : « Flics suicidés, à moitié pardonnés »

« Flics suicidé à moitié pardonnés », « suicidez-vous », « la police vous protège sa crève les yeux », ont écrit le ou les auteurs sur la façade. Une enquête a été ouverte après la découverte lundi 22 avril de tags appelant les forces de l’ordre au suicide sur la façade de la gendarmerie de Landivisiau (Finistère), suscitant des réactions indignées dont celle du ministre de l’Intérieur.

C’est le colonel Nicolas Duvinage qui a découvert les tags sur la façade de la caserne vers 7h45… Les réactions de politiques et de chefs sanguinaires au sommet de l’Etat se sont enchaînées tout au long de la journée… Par ailleurs, tous annoncent que de gros moyens seront mis en oeuvre pour retrouver ces vandales inspirés suite aux événements de samedi. A la suite de la manif saccageuse du 20 avril à Paris (cf ci-dessous), une enquête a été ouverte pour des slogans appelant les flics à se suicider (ce qui a valu une dissociation en bonne et due forme par les porte-paroles autoproclamés du mouvement GJ).


20 avril, Paris : Un peu de grabuge, avant la nasse à République (un classique!) …

Dans son ensemble, la presse ne tarit pas d’éloges envers les forces de maintien de l’ordre, se félicitant du fait qu’elles aient « limité la casse ». Pour cet « Ultimatum 2 », la préfecture avait opté pour une tactique offensive avec l’envoi de nombreux voltigeurs sur le cortège, les plus de 60.000 policiers et gendarmes embauchés, les 20.518 « contrôles préventifs » réalisés tout au long de la journée (au total, 227 interpellations et 178 gardes à vue; 219 GAV, dont 6 mineurs selon France 3, ). Parmi les arrestations préventives, on peut parler de celles de six personnes, soupçonnées d’être « affiliées au black bloc », interpellées en possession de feux d’artifice et des cocktails Molotov (parmi elles figurent notamment un pompier du Val-d’Oise).

Réunis à Bercy en milieu de matinée, 9000 personnes (d’après le décompte officiel) ont emprunté les rues entourées d’un fort contingent policier. Les premiers échauffourées ont eu lieu en fin de matinée, lorsque les manifestants ont dévié du parcours déposé par certains gilets. Deux flics isolés ont notamment été pourchassés à coups de projectiles (et même de cacatov)

« Pendant l’après-midi, la place [de la République] a été régulièrement plongée dans un nuage de gaz lacrymogènes tandis que des manifestants jetaient bouteilles et autres projectiles en direction des forces de l’ordre. Plusieurs enseignes ont été vandalisées [comme les vitres de l’agence bancaire de la LCL et ses deux DAB extérieurs rue du Faubourg du Temple (cf photos ci-dessous), ou encore sur la place de la République les vitres du magasin ‘Habitat’ et le magasin Go Sport, qui s’est pour sa part fait piller pendant de courtes minutes, les gendarmes arrivant en masse très rapidement pour protéger l’entrée et la marchandise], a constaté une journaliste de l’AFP. Amplifiant le climat de tension, certains manifestants ont crié « Suicidez-vous, suicidez-vous » aux forces de l’ordre, alors que la police est touchée par une vague de suicides sans précédent. « Honte à ceux qui se sont livrés à une telle ignominie », a twitté le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner. Après plusieurs heures de face-à-face tendu, le rassemblement se dispersait lentement vers 19H sur la place de la République où la circulation automobile avait repris, ont constaté des journalistes de l’AFP.

Photos de la saisie des flics lors d’un contrôle en marge de la manif:


Texte:Sûr comme la mort

Un peuple disposé à renoncer à un peu de sa liberté
en échange d’un peu de sécurité, ne mérite ni l’un ni l’autre »
Benjamin Franklin
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C’est une question dont on parle beaucoup, mais dont le diagnostic formel. À droite comme à gauche, le verdict est unanime : nous vivons dans un « climat d’insécurité ».
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Chaque jour, les medias nous déversent des litres de sang collectés sur les lieux théâtres d’embuscades, de viols et de meurtres. Des faits sanglants décrits et filmés avec une profusion maniaque de détails, afin de faire courir d’horribles frissons le long de notre colonne vertébrale déjà affaiblie par les génuflexions quotidiennes. Regarder les mésaventures d’autrui n’est plus une consolation, on n’arrive plus à pousser un soupir de soulagement à l’idée d’y être échappé. C’est un cauchemar, parce que ces mésaventures semblent pousser les écrans pour se précipiter sur le tapis de notre salon. Et si demain c’était nous les protagonistes de ces journaux télévisés qui désormais transpirent seulement la mort? En proie à la terreur, on commence à verrouiller la porte de la maison trois fois, à ne pas parler au nouveau voisin, à ne plus sortir la nuit. La panique se propage, elle se généralise comme la certitude suivante : l’insécurité est le fléau de notre époque. Si elle était résolue, les portes du paradis s’ouvriraient pour nous.
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À dire vrai, quelque doute subsiste sur la réelle augmentation de la violence. Sur demande explicite, ces mêmes « experts » sont contraints de reconnaître qu’il n’y a pas de différence substantielle par rapport au passé : la montée en flèche des statistiques est le résultat d’un critère comptable différent. Mais aussi de visibilité. C’est comme ça que ça marche. La classe politique place la question de la sécurité au centre de presque toutes ses interventions. Les journalistes, comme d’habitude serviables envers leurs maîtres, répètent les préoccupations des politiciens et les enrichissent en les illustrant de faits divers. Les nouvelles ne manquent pas, il suffit de ne pas les reléguer à un petit article à la quinzième page pour les faire grandir hors de proportion jusqu’à ce qu’elles deviennent exemplaires. Il ne reste plus qu’aux politiciens à commenter et le jeu est fait :  » vous avez vu que nos préoccupations étaient plus que justifiées, qu’elles étaient sacro-saintes ? Il y a vraiment un problème de sécurité ! « Au fond, toute cette anxiété ne serait pas d’une grande importance si elle ne visait pas à semer la terreur parmi la population, l’incitant à se tourner vers ses représentants pour réclamer des remèdes drastiques. Contre qui ? Mais contre ces petits délinquants qui deviennent des géants du crime dès qu’ils se retrouvent sous les feux des projecteurs..

Il va sans dire que les petits délinquants [comme on les appelle généralement, ndt] ne sont pas tout à fait au sommet de la liste des problèmes qui perturbent nos vies. D’autres catastrophes mettent en danger notre survie et celle de cette époque. La planète est menacée par les déséquilibres écologiques, sur les lieux de travail pèsent les coupes et les restructurations, nos maisons sont à la merci des escrocs des banques, la santé est rongée par les poisons que nous mangeons et respirons ….

C’est notre existence tout entière qui est menacée par des dangers imminents (sans parler des guerres en cours et en préparation, avec leurs effets secondaires imprévisibles), dont les conséquences sont bien pires que le vol d’un portefeuille dans l’autobus. L’inventaire des malheurs possibles est si vaste, nos journées s’écoulent si souvent au nom de la précarité et de la misère qu’il est insensé de croire que les petits délinquants sont la cause du malaise social..

Mais alors pourquoi diable nous est-il répété jusqu’à nuos abassourdir que l’agression est au coin de la rue? C’est simple. Pour que l’État puisse porter les vêtements du Grand Protecteur autour duquel se rallier et du Réparateur de Torts vers qui se tourner, ne pouvant être notoirement les braqueurs, les voleurs, les violeurs ou les assassins – occasionnels ou impénitents, réels ou présumés, indigènes ou étrangers – les responsables de la destruction de l’environnement, des licenciements, de la spéculation financière, des escroqueries alimentaires, des accidents du travail, des bombardements des civils, des famines qui sévissent dans le monde et de tout autre problème social majeur. Est-il nécessaire de révéler qui sont les plus directement responsables de tous ces événements? La punition des voleurs de poulets sur la place publique sert l’État et ses subordonnés à détourner l’attention générale des requins en quête de nourriture en privé. Un clou chasse l’autre – c’est pourquoi les institutions ont semé une peur à attribuer à quelqu’un d’autre, en la nourrissant continuellement et l’amplifiant de toutes les manières [possibles]..

La phobie sécuritaire offre un autre avantage significatif à la classe politique, légitimant le recours à des mesures de plus en plus dures et sévères demandées par la population elle-même, pour obtenir avant tout « la certitude de la punition ». (Pour qui ? mais ça c’est une autre affaire). En tout état de cause, une population terrifiée par la possibilité de se faire faire les poches applaudit à l’augmentation des forces de l’ordre, une population effrayée par les infractions commises par les immigrés accueille avec soulagement la présence des centres de rétention, une population effrayée par la possibilité de trouver des intrus chez elle est en faveur de la généralisation de la surveillance, etc. Mais les mesures décrétées au nom de la lutte contre les quelques petits délinquants seront utiles surtout contre les nombreux rebelles potentiels. Plus que la micro-criminalité, les conflits sociaux sont le véritable danger à réprimer. L’exploitation politique du sentiment d’insécurité est un formidable moteur pour des lois répressives. Le climat de terreur dans lequel nous vivons n’est nullement le résultat naturel des conditions sociales actuelles : il a été délibérément créé pour faire glisser le citoyen satisfait dans un régime policier sans précédent. L’Etat identifie le problème de la sécurité publique avec la « micro-criminalité » afin d’imposer sa solution : la Sécurité Publique..

Toutes les mesures de sécurité sont d’authentiques à la liberté individuelle et ne pourraient être prises à la légère si, ces dernières années, il n’y avait pas eu une véritable opération de police de la pensée visant à imposer l’idée que la sécurité est une garantie de liberté, plutôt que son déni préventif. C’est ainsi que la maladie et le remède ont été créés, conciliant la sécurité et la liberté dans une alliance idéologique de fer. Une alliance absurde, impossible entre deux notions contradictoires et qui, comme l’eau et le feu, ne peuvent rester en contact sans se dissoudre..

Les chantiers de la sécurité sont aujourd’hui construits sur les tombes de la liberté. La sécurité vise à écarter tous les dangers, tandis que l’exercice de la liberté implique au contraire de défier tous les dangers. Ce n’est pas un hasard si l’expression « mettre en sécurité » indique généralement de fermer à cler. L’exemple typique est celui d’un animal sauvage arraché à la jungle pour être enfermé dans une cage. De cette façon, assurent les administrateurs du zoo, l’animal est sauvé des dangers de la jungle et mis en sécurité. Derrière les barreaux, il ne court pas le risque d’être abattu par des chasseurs ou dévoré par des bêtes féroces. Eh bien, cet animal est en sécurité, mais à un prix élevé – sa liberté. Il est bien connu qu’en évitant le danger on ne vit pas la vie, on la préserve avec peine ; car c’est seulement en faisant face au danger qu’une vie vient à être vécue dans sa plénitude.
L’union entre sécurité et liberté est donc irrémédiablement incompatible..

« Plus il y a de contrôle, plus nous sommes en sécurité », dit le peuple bovin. Et puis il il en remet une couche : « Les caméras sont utiles parce que rien ne peut arriver sous leurs yeux. Des expressions épouvantables, symptôme d’un amour inconditionnel pour Big Brother. Mais qui voudrait vivre une vie soumise au contrôle et dans laquelle rien ne se passe ? Ce n’est qu’au prix d’un aveuglement complet que l’on peut entrer heureux dans le désert émotionnel dans lequel notre époque se débat.
La liberté, c’est l’autodétermination, le choix de toute possibilité, le hasard, un défi à l’inconnu qui ne peut être réalisé sous une cloche de verre..

Mais de nos jours, la première qualité demandée à une personne « honnête » est de mener sa vie en toute transparence. Une personne transparente n’a rien à cacher, rien à taire de sa vie publique et privée, donc rien à craindre aux yeux des autres. Au nom de la transparence toute intrusion devient légitime, toute volonté de garder le secret un signe de culpabilité. Il est curieux de voir comment ce qui était autrefois entouré de respect et de discrétion, la vie privée des individus, est maintenant considéré avec suspicion. Avec un tour de passe-passe logique et rhétorique, protéger ses secrets est devenu une attitude louche. En banissant la vie privée, il est évident que ce qui permet de la révéler – l’enquête – est consacré à la valeur première. Si c’est ainsi, les moyens employés à cette fin ne sont pas et ne peuvent être remis en question. Apologie de la mise sur écoute !.

Au départ, ce besoin de transparence s’était fait sentir de manière à contenir les abus de ceux qui étaient au pouvoir. Exiger la transparence dans la vie des hommes publics, de ceux qui ont de hautes responsabilités, a une fonction plus que compréhensible. Ils doivent être répondre de la manière dont ils gèrent la « chose publique », c’est-à-dire qu’ils doivent être mis en mesure de ne pas abuser de leurs privilèges. Mais le prétention inverse – que ce soient les gens ordinaires a être transparents aux yeux de ceux qui détiennent le pouvoir – est le plus terrible que l’on puisse imaginer. Sous le prétexte de l’échange d’ »informations » et de réciprocité dans le contrôle, on pose les bases du totalitarisme..

En soi la transparence à tout prix de désagréables répercussions : chez l’être humain, il y a des domaines qui, par nature, échappent à tout regard indiscret. L’intimité d’une personne, […] (1) par exemple, en fait partie. Il fut un temps où ceux qui s’intéressaient à l’intimité des autres étaient accusés de se complaire dans les ragots et regardés avec désapprobation. Rebaptisé « gossip », le commérage est désormais considéré comme le pigment qui donne de la saveur aux conversations autrement insipides. Misère d’un monde qui a transformé les vices privés en vertus publiques..

Mais qui s’arrête pour réfléchir à la cause de ceci [litt. de cet effet, ndt] ? Nos maisons sont devenues des conciergeries, c’est vrai, mais c’est une contre-indication à la thérapie de choc ordonnée contre la liberté de pensée. Pour chasser cette liberté, qui peut toujours être protégée par le secret, on tire dans le tas. L’appel à la transparence est l’honneur funéraire qui précède les funérailles du cadavre de la liberté, dans tous les domaines de la vie humaine..

Et nous, au lieu de nous rebeller devant le peloton d’exécution, nous baissons la tête. Nous vivons en liberté surveillé et chaque jour nous allons assidûment signer le registre de la résignation. Nous – à cause de la crainte que nous éprouvons face à la liberté absolue, sans limites ni barrières ; par le martèlement assourdissant des médias qui nous fait voir des ennemis partout, nous poussant à opter pour le moindre mal du contrôle social ; mais aussi par notre participation partagée à l’abjection – nous nous sentons plutôt soulagés. Au cours de ces dernières années, la télévision nous a non seulement rassurés sur la bonté des policiers, des carabiniers et des magistrats – héros de séries sans fin – mais combien de fois elle nous a invités à espionner directement depuis le trou de serrure ? Les « reality shows » ont eu pour effet de nous familiariser avec l’idée d’une vie transparente, qui se déroule sous les yeux de tous et qui doit être périodiquement jugée, punie ou récompensée..

La protestation contre la dévastation de l’intimité est contrée par une opposition devenue classique : « si on n’a rien à cacher, il n’y a rien à craindre du contrôle ». Raisonnement étonnant de nature policière, qui une fois de plus, par un renversement logique, fait de la discrétion un vice et de l’ingérence une vertu. La vie quotidienne ressemble de plus en plus à une prison, où l’on prend les empreintes digitales de toute personne qui naisse, où l’on passe à travers d’innombrables détecteurs de métaux, où l’on est observé par des yeux électroniques, où la présomption d’innocence a laissé place à la présomption de culpabilité..

C’est une conséquence ultérieure du climat de terreur alimenté par l’idéologie sécuritaire. Si tout le monde ne se sent pas en sécurité, cela signifie que chacun représente une menace pour l’autre, de sorte qu’il n’y a pas de victimes mais seulement des coupables ou potentiellement coupables. Si je veux me protéger de mon voisin, et en même temps mon voisin veut se protéger de moi, il s’ensuit que nous sommes tous deux des agresseurs possibles à qui il serait dangereux de reconnaître une quelconque liberté..

Nous sommes tous devenus méfiant de ce que nous pourrions faire si nous utilisions notre liberté. L’Etat va jusqu’au bout de cette logique et fait valoir son « droit » de punir cette menace dans ses manifestations les plus inoffensives, voire même de la réprimer de manière préventive. Auparavant, au moins, on prétendait que l’individu deviendrait punissable à partir du moment où ses intentions transgressives venaient mises en pratique. Quiconque pouvait rêver de tuer, personne ne pouvait le faire en toute impunité (à moins, bien sûr, de porter un uniforme). La civilisation démocratique occidentale aimait se gargariser de sa « supériorité » sur les autres civilisations, jugées obscurantistes parce qu’elles n’assuraient pas en elles une totale liberté de pensée.

Juste une propagande mensongère, bien sûr, mais il fallait au moins la camoufler pour qu’elle semble plausible. Aujourd’hui, la répression s’est débarrassée de tout embarras et il est clair pour tous que le seul rêve de transgresser, la seule divergence de pensée, est plus que suffisant pour attirer la main de fer de la justice. Un exemple ? Les descentes qui déclenchent périodiquement les menottes à ceux qui ont téléchargé des images « pédopornographiques » sur Internet. Bien qu’un tel comportement soit critiquable, méprisable et haineux, il n’en demeure pas moins que ces personnes sont accusées non pas d’avoir maltraité quelques mineurs, mais d’avoir regardé des photographies dans l’intimité de leur propre foyer. Quand le public brûlera-t-il les œuvres de Sade ? Un autre exemple, d’un autre côté, est ce qui est arrivé à certains amis des personnes arrêtées le 12 février dernier dans le cadre de l’enquête sur les « nouvelles BR [Brigades Rouges, ndt]« . Arrêtés par une patrouille de police pour le fait gravissime d’avoir accroché des affiches, ils ont également été arrêtés. Le fait en soi est déjà indicatif, étant donné qu’un manifeste peut tout au plus exprimer une idée. De plus, l’idée exprimée dans ces affiches n’était même pas une incitation à la lutte armée, mais l’égalisation de la guerre contre le terrorisme. Quand les rafles contre les antimilitaristes et des pacifistes ont-elles commencé ?

L’individu, avec ses idées, ses désirs, ses pulsions, constitue une menace pour l’ordre social, mais aussi pour lui-même et les autres. De la nait le climat de guerre civile qui se propage : couvre-feu nocturne, patrouilles de soldats armés, postes de contrôle. C’est comme si la guerre avait été déclarée à un ennemi imaginaire, qui n’est pas là mais qui pourrait y être. A tous et à personne. Si chaque individu est un délinquant potentiel, et si chaque délinquant est un ennemi de l’État, alors c’est une guerre contre les individus qui doit être menée. Maintenant, il y a une différence substantielle entre le concept de délinquant et celui d’ennemi. Le premier est cependant reconnu comme appartenant à la communauté. Au second, non. L’ennemi n’a pas de circonstances atténuantes, les punitions ne sont pas négociées, et on ne prétend pas non plus prétendu vouloir le racheter : on le détruit. Contre lui, tout est permis. Les guerres sont des opérations policières, les opérations policières sont des guerres..

Il n’y a qu’un seul moyen d’éviter d’être considéré comme un ennemi intérieur à éliminer. Respecter la loi. Mais les prières adressées à cette idole moderne ne protègent pas des dangers, sauf peut-être celui de la colère divine. Chez ceux qui sont athées, cependant, un doute atroce surgit : pourquoi la loi elle-même devrait-elle être synonyme de Bien ? Après tout, pendant le nazisme, la persécution des Juifs était légale. La peine de mort est légale dans de nombreux États, la torture est légale pour extorquer des informations, la fabrication d’ogives nucléaires est légale…. La légalité d’un acte n’indique que sa conformité avec ce qui est prescrit par la loi, c’est-à-dire avec les intérêts de la classe dirigeante qui en est l’auteur, mais elle ne dit rien sur sa valeur, son sens, ses conséquences. La culture de la légalité conduit donc exclusivement à l’ignorance de l’obéissance, qui depuis de nombreuses années a cessé d’être une vertu même pour les prêtres (même si elle reste le doux rêve des tyrans)..

Et ce n’est même pas le pire. Pour voir vers quel abîme conduit l’exaltation de la légalité, il suffit de se poser une question simple : pourquoi ne pas commettre un acte tel que, par exemple, le viol ? Refusons-nous parce que nous le considérons comme un acte répugnant, qui va à l’encontre de nos idées et de nos sentiments, ou parce qu’il y a un article du Code pénal qui l’interdit et le punit ? Dans le premier cas, notre motivation peut être définie comme éthique. Dans le second cas, c’est légal. Prétendre que les êtres humains doivent suivre la légalité de l’État, plutôt que leur éthique singulière, c’est déclarer l’impossibilité pour l’individu de déterminer par lui-même ce qui est bien et ce qui est mal. Après la capitulation du libre arbitre devant l’arbitraire de l’autorité, le code pénal devient la conscience d’un monde qui n’a plus de conscience. Un monde dans lequel l’être humain est considéré comme sans intelligence, sourd aux sentiments, insensible à la souffrance – une bête féroce à mettre en cage, à contrôler et réprimer. C’est le prix à payer pour empêcher l’éthique de s’élever contre la légalité..

Une société qui voit en ses membres ses propres ennemis et confie à l’autorité la tâche de réprimer leurs actions et leurs pensées, une société prête à sacrifier toute liberté en échange d’une once de sécurité, une société qui considère l’obéissance à la loi comme le Bien et la transgression de la loi comme le Mal, ne peut que finir en totalitarisme. Comment définir autrement une société placée sous le régime de la liberté surveillé par un État qui s’est doté de toutes les armes et de tous les moyens policiers pour contrôler chaque détail de la vie des gens ? Comme l’a dit Hannah Arendt, même une démocratie peut être totalitaire. Un État totalitaire est un État qui exige tel un devoir civique non seulement de respecter les lois, mais aussi de penser, ce que ces lois exigent que l’on pense [d’elles]. En d’autres termes, les criminels ne sont pas seulement les insurgés qui ont cassé les vitres des banques de Gênes en 2001, mais aussi ceux qui « se sont psychiquement associés » en ne les arrêtant pas et en ne les dénonçant pas. Cet ordre social ne se limite pas à réprimer l’hostilité envers lui, mais aussi l’indifférence : l’aimer est un devoir et ceux qui ne le font pas doivent être poursuivis..

Malheureusement, il y a un angle mort, une point aveugle dans notre esprit qui nous empêche de comparer le totalitarisme du monde moderne à celui qui a caractérisé la première moitié du siècle dernier. Comme si la gravité de ce qui s’est passé dans le passé certifiait la légèreté de ce qui se passe dans le présent. Comme si les barbelés qui entouraient Auschwitz avaient une épaisseur différente de ceux qui entouraient les camps de concentration actuels, de Guantanamo aux centres de détentions..

Mais ceux qui ne s’arrêtent pas à l’absence de chambres à gaz, ceux qui ne croient pas que l’impitoyabilité d’un régime est donnée par un aspect particulièrement horrible, ne peuvent que saisir les similitudes qui existent entre les deux époques. Il suffit de regarder autour de soi pour voir dans notre comportement quotidien la même banalité du mal, la même aliénation de l’individu, la même perte du Moi par une combinaison d’idéologie et de terreur..

Aujourd’hui, un seul modèle de vie règne de l’orient à l’occident, sans être remis en question nulle part. Cette omniprésence devient sa priorité. Tant que le capitalisme avait un ennemi, il avait aussi un bouc émissaire pour s’acquitter de toute responsabilité (ce qui, soit dit en passant, était réciproque). Mais maintenant, qui blâmer si la planète au bord du précipice ?.

Enfin, le monde à la portée de tous – un immense hypermarché régurgitant des marchandises plastifiées – n’a donné aucun bonheur, aucune paix, aucune égalité. L’ennemi est maintenant devenu qui proteste contre ce monde, c’est-à-dire potentiellement n’importe qui. L’idéologie de la sécurité anticipe le temps, n’attend pas l’explosion de la colère, attribue la terreur des relations sociales actuelles à la liberté des individus – transformant immédiatement quiconque en ennemi, nous rendant suspicieux les uns aux yeux des autres, nous isolant dans notre peur, déclenchant une guerre entre pauvres pour désamorcer une guerre sociale – et prend les mesures législatives et policières nécessaires pour éliminer une telle menace..

En ce sens, ce que certains nomment dérive sécuritaire peut être considérée comme un gigantesque travail de contre-insurrection préventive.

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[Machete, n. 1, janvier 2008]

 

Note : Ici une partie a été coupé, il s’agissait de  »avec ses préférences sexuelle ». Le fait d’exprimer (et donc rendre également visible) une sexualité « autre » que celle de la Majorité (ou la norme), n’est pas ici une question d’exhibition ou de voyeurisme mais bien de revendication pour briser la normalité. En tout état de cause c’est à l’individu qu’incombe la décision de se rendre visible ou non. Il n’est donc pas possible de le silencier sous prétexte « d’intimité » reléguant au  « ragots-potins-voyeurisme » un tel sujet.

lu sur cracher dans la soupe

Landivisiau (Finistère) : Flics suicidés, à moitié pardonnés !

extrait de L’OBS / lundi 22 avril 2019

« Flics suicidé à moitié pardonnés », « suicidez-vous », « la police vous protège sa crève les yeux », ont écrit le ou les auteurs sur la façade. Une enquête a été ouverte après la découverte lundi 22 avril de tags appelant les forces de l’ordre au suicide sur la façade de la gendarmerie de Landivisiau (Finistère), suscitant des réactions indignées dont celle du ministre de l’Intérieur.


[…] Les inscriptions écrites « vraisemblablement à la bombe de peinture » dans la nuit ont été découvertes par des gendarmes vers 7h45, a indiqué le colonel Nicolas Duvinage interrogé par l’AFP. Sur place, les enquêteurs ont effectué sous l’autorité du procureur de la République de Brest des constations photographiques et des prélèvements qui seront envoyés à l’Institut de recherche criminelle de la Gendarmerie nationale (IRCGN).
Après leur passage, les tags ont été effacés très rapidement avec le concours de la mairie, selon un correspondant de l’AFP. […]

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Le murs de Landivisiau ont déjà parlé quelques jours avant…

extrait du Télégramme / 19 avril 2019

Dans la nuit du mercredi 17 au jeudi 18 avril, plusieurs maisons ont été taguées à Landivisiau. Interrogée, la gendarmerie précise que pour l’instant, elle a enregistré cinq plaintes pour des tags effectués chez des particuliers, sur des murs blancs. […]

 

 

Valence, Drôme:Au Laboratoire anarchiste le 24/04 à 18h30 discussion  » Gilet jaune »(mise à jour)

 En forme d’invitation à continuer ce mouvement?

Gilet Jaune

Discussion le 24 avril à 18h 30 au Laboratoire 8 Place Saint jean 26000

« le progrès ne se loge pas dans la continuité

du cours du temps, mais dans ses interférences :

là où quelque chose de véritablement nouveau se fait sentir

pour la première fois avec la sobriété de l’aube »

Walter Benjamin, Paris capitale du XIX siècle (editions-allia)

C’est pourquoi parler à partir de littérature est pour moi, avant tout, une manière de ne pas parler à la place des autres

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si tu peux coller voici l’affiche en PDF

 

Lyon, France:compte-rendu de la manifestation du 20 avril 2019

blog temps critiques

14 h Vieux-Lyon

À l’entrée de la rue Saint-Jean : patrouilles et présence policière à tous les croisements. Que faire ? Plutôt qu’attendre 14 h 30, fondus dans la masse les Gilets jaunes vont aller se regrouper devant la Cathédrale et sortir le gilet. Regroupement de 300 personnes avec les policiers qui bloquent la rue cible.

Tandis qu’à lieu un face à face devant quelques GM manquant de détermination, une pyramide humaine se forme au milieu de la place Saint Jean et une large banderole pour le RIC est déployée. Certains GJ sont bien de l’autre côté du barrage, à l’intérieur de la rue Saint-Jean, mais ce sont eux qui vont finir par être pris en sandwich alors que l’inverse était possible. Devant l’impossibilité de passer dans ce quartier (un autre d’interdit ?) départ direction Bellecour où les rangs gonflent pour être 600 personnes jusqu’à Antonin-Poncet.

Arrivés rue de la Barre nous allons rester au moins 30 minutes là car le pont de la Guillotière est « étrangement » libre, le piège est des plus évident. Départ dans l’autre sens vers le Sofitel même si certains du groupe GJ-Lyon-centre proposent de retourner à Saint-Jean sans les gilets. Cela ne fonctionne pas car à ce moment ont entend « c’est libre » mouvement de reflux dynamique sur le quai Jules-Courmont devant l’Hôtel Dieu où, après un cours moment de flottement, les policiers vont bloquer cette avancée sortant des cars en courant et appuyés par un bon gazage. Une voiture de police qui passe sous la trémie se voit bombarder sans gros dommages. Mais la réaction est immédiate avec un dispositif chargé de nous presser de toute part, depuis l’arrière et même au-dessus de la trémie avec la Bac qui avançant va aussi gazer en dessous les plus téméraires qui voudraient l’emprunter.

Regroupement écœuré devant le pont de la Guillotière pendant un moment, mais le positionnement des forces de l’ordre a évolué et nous avons une ligne CRS/Bac qui va, là aussi, pousser tout le long du pont. Les boucliers des CRS servent à donner le rythme de l’avancée et de notre côté nous entonnons des « ahou » de résistance en frappant dans nos mains. Le tout est assez surréaliste… ou grand-guignolesque, c’est selon l’appréciation de chacun.

15 minutes plus tard, on est sur le quai au niveau de la place Raspail car des fourgons barraient l’accès à la Guillotière, mais avec la moitié moins de la petite manif d’origine. Sans aucun jet de projectiles qui aurait précipité le gazage rituel en ce lieu, stagnation de 20 minutes.

Sommation et avancée de la police dont le dispositif à largement eu le temps d’être bien en place. Dès lors ce ne sera plus que reculade devant un rouleau compresseur de « bleus ».

À partir du square Ollier la manif se coupe en deux un peu avant 17 h avec une partie qui prend sur la gauche par les petites rues du 7e arrondissement. L’hélicoptère est de sortie histoire de bien quadriller le secteur. Quelques gaz puis passage sur la rue de l’Université à contre-sens et nouveau gazage à hauteur de la rue Sébastien-Gryphe. Repoussée par la Bac, une petite centaine de personnes est éclatée en petits groupes dans les rues perpendiculaires. Un groupe d’une vingtaine de personnes est poursuivi par les bacqueux. Une grenade détonante est envoyée et une personne est blessée au bras. La grenade a été délibérément envoyée au niveau du torse des manifestants et l’explosion provoque des acouphènes chez certains. Arrivés avenue Berthelot, ce qui n’est plus qu’un petit groupe remarque que toutes les rues sont bloquées par la police. Certains se réfugient dans les commerces environnants. À 17 h 15, seuls de petits groupes éclatés déambulent dans les rues perpendiculaires à l’avenue Berthelot en cherchant à rejoindre d’autres manifestants.

Pendant ce temps à eu lieu un face à face au pont de l’université entre les manifestants qui scandent « Laissez-nous passer » et les cordons de police. De guerre lasse les manifestants continuent en direction de Berthelot. Tout ce monde va être repoussé jusqu’à Gerland. Nous décrochons avant.

4 interpellations selon la presse. Rien dans les médias à propos des blessés et le tabassage d’une jeune femme ou le malaise d’une autre à Gerland.


note du laboratoire:face aujournalisteflic du daupiné libéré qui a publié le 23avril des témoignages de gilet jaune d’Annonay et saint vallier de la  manifestation du  samedi 20  à lyon

 



Athènes: Attaque à la grenade du consulat de Russie

roundrobin.info

Nous assumons la responsabilité de l’attaque avec une  grenade au consulat de Russie dans la rueTzavella à Halandri ( nord d’Athènes) le 22 mars

Dans tes cauchemars, nos morts avant tout

Nous prenons la responsabilité de l’attaque avec une grenade au consulat de Russie à Via Tzavella à Halandri (au nord d’Athènes) le 22 mars.

Chaque État recherche la continuité, ce qui revêt une importance particulière tant pour son existence que pour la préservation et l’expansion de son espace de vie. Nous définissons l’espace vital d’une structure étatique comme un concept qui regroupe tous les intérêts économiques et spatiaux. L’application de cette politique est pour nous ce que nous appelons communément l’impérialisme. Cette politique n’est pas un choix stratégique d’un État, mais est indissociable de son existence même. Chaque État applique ou suit automatiquement la politique impérialiste d’un pays allié dans ce pays. Cette position met de côté la rhétorique de sanctifier les petits États contre les États les plus forts, ce que la gauche tente de vendre depuis des années et est embrassé par des fragments du mouvement anarchiste. Au fil des ans, de nombreuses alliances ont été nouées et, par conséquent, de nombreuses batailles ont eu lieu, en fonction des intérêts en jeu. Sous le voile de ces contrastes inter-autoritaires, combinés au contexte économique et politique, des divergences sont créées ou ajustées dans la dynamique de chaque État. Les relations entre les États membres ont toujours été une condition dynamique qui a changé sur cette base et non une situation statique.

Sur la base des paramètres ci-dessus, à partir du milieu du siècle dernier, deux États ont dominé l’échiquier mondial, les États-Unis et la Russie (jusqu’en 1991 sous le nom d’URSS). Une erreur commune que nous trouvons dans les approches de gauche est que ces deux États sont les deux pôles d’un conflit continu, ignorant délibérément les stratégies (géo) politiques synthétiques qui ont été menées au cours des années, en divisant les zones d’influence politique lors de la conférence des ministres. Yalta en février 1945, jusqu’au soutien politique pour les interventions militaires en Syrie. Une partie du même récit comporte une critique fortement unilatérale du soi-disant « impérialisme américain », ferme les yeux sur la politique expansionniste de la Russie et enterre bon nombre des crimes de guerre qu’il a commis. Nous ne faisons aucune distinction entre ces deux États, car nous considérons que leurs politiques sont également hostiles.

Rappelez-vous les fantômes du passé

La démocratie bourgeoise en Russie a été fondée en 1991 après la chute du régime communiste. Pendant de nombreuses années, nous avons assisté à une nostalgie omniprésente envers la gestion politique de l’Union soviétique, ce que nous considérons comme totalement stupide car, justifiant tout changement politique dans les régimes, certains semblent ignorer consciemment la même continuité autoritaire qui gouverne l’existence de chaque État. .
En outre, ces nostalgiques ignorent et défendent souvent les ambitions expansionnistes de l’URSS en proposant à nouveau le choix stratégique d’un État ami, car ils la considèrent comme une guerre « rouge » pour l’imposition du régime socialiste.

Ils ont essayé de sauver la politique criminelle d’intervention militaire en Afghanistan en 1979, la répression meurtrière de la révolte en Hongrie (1956), l’ingérence violente et l’implication dans les affaires intérieures de la Tchécoslovaquie (1968) et, surtout, l’invasion de la Pologne 1939, où des millions de personnes ont été massacrées en collaboration avec l’Allemagne nazie. Quelque part ici, nous tenons à souligner que lorsque nous parlons de tactique de guerre et d’interventions militaires, nous entendons par stratégie constante visant à terroriser et à tuer la population civile pour un renforcement plus efficace de l’armée de l’occupation. Il va sans dire qu’une armée qui envahit un autre pays et se confronte directement à des troupes adverses fait le choix politique de semer la peur et l’insécurité parmi la population civile.

Ceci est réalisé grâce à de nombreux bombardements dans divers lieux publics (plusieurs fois des écoles et des hôpitaux), tandis que les structures productives sont détruites avec l’objectif ultime d’un appauvrissement physique des citoyens. Il nous semble ridicule et hypocrite de lire des communiqués de presse rédigés à la suite des attentats à la bombe des États-Unis, tout en ignorant les crimes correspondants commis par la Russie.

Un autre exemple frappant des pratiques de cet État dégoûtant a été la gestion des relations avec l’armée anarchiste noire ukrainienne de Nestor Makhno . Les dirigeants communistes de l’époque ont profité des capacités dynamiques et militaires de cette armée pour organiser des opérations conjointes contre les nationalistes de « l’Armée blanche ». Plus tard, lorsqu’il a estimé qu’il ne pouvait rien obtenir de plus de cette alliance, il s’est rendu compte que les intérêts idéologiques et politiques des deux parties étaient en conflit, car les anarchistes ukrainiens ne soutenaient pas le modèle communiste et les bolcheviks avaient décidé de les détruire politiquement. et physiquement. Les communistes ne voulaient pas permettre l’existence d’une structure anarchiste dans une région aussi rapprochée d’un point de vue spatial en même temps qu’ils devaient gérer leurs adversaires politiques internes.

Le régime lui-même avait mobilisé la CECA (une organisation identique au GUN du parti communiste grec) pour la répression interne de tout type d’opposition politique, qui a initialement assassiné des nationalistes et des défenseurs du régime tsariste, puis des anarchistes et des troïkistes. mais aussi les staliniens qui ne partageaient pas toutes les décisions de la ligne politique centrale, au nom de l’uniformité sociopolitique et du totalitarisme.

Le pouvoir est « régénéré », la pourriture est  perpétuée

La Russie, après la restauration du système de marché libre dans le pays et la chute du totalitarisme communiste, est devenue un nouveau type d’autocratie au manteau démocratique. Pour reconstruire son prestige économique et politique, comme prévu, il a continué et continue aujourd’hui à faire des revendications géopolitiques et à défendre ses intérêts dans des escarmouches transnationales. Au sommet de la direction politique, il y a le président lui-même qui, fidèle à la tradition russe, a pris soin de créer le profil d’un dirigeant qui possède à la fois un tsar glorieux et un solide secrétaire général. Au sommet de l’élite économique se trouve une classe puissante de riches oligarques, qui est une nouvelle version de l’aristocratie.

L’orthodoxie, le conservatisme et les vieilles traditions sont restés intacts au fil du temps, malgré le changement de régime, et sont les piliers de la Nouvelle Russie apparemment réincarnée  . Ces piliers ont été jetés depuis le socialisme et ont été préservés dans un environnement suffocant d’autocratie très intense. Ces concepts constituent le casse-tête d’une éthique sociale fictive, qui conduit à la répression, à l’apathie et à la pacification des groupes sociaux les plus défavorisés à ce jour. Tandis que le nationalisme et le chauvinisme dominent la sphère sociale de la Russie, tout signe d’opposition aux normes dominantes, toute expression radicale, tout type d’activisme, toute attitude agressive à l’égard de l’autorité sont frappés sans merci par un puissant appareil étatique, qui préserve les reflets de la répression socialiste.

Plus précisément, en février 2018, plusieurs anarchistes ont été arrêtés, torturés et emprisonnés pour avoir accroché des banderoles sur lesquelles était écrit: « Le FSB est le principal terroriste » et pour leur appartenance à l’organisation Narodnaya Samooborona. Quelques mois plus tôt, le FSB avait arrêté et torturé 8 anarchistes pour leur faire admettre qu’ils faisaient partie de l’organisation « Network ». La fureur de la répression étatique visant à éliminer l’action anarchiste ne s’est pas arrêtée là. En février dernier, 10 camarades ont été pris en otage, période au cours de laquelle ils ont été battus et électrocutés pour confesser leurs fautes et pour diffamer leurs camarades. Azat Miftahov, accusé d’avoir construit des explosifs et d’avoir participé à Narodnaya Samooborona, est resté aux mains de l’État, contrairement à ses compagnons, qui ont été torturés et finalement relâchés.

Le 31 octobre, l’anarchiste Mikhail Zhlobitsky, âgé de 17 ans, entre dans les bureaux du FSB (agence fédérale de la sécurité et successeur du KGB) d’Archangelsk, déclenchant un engin explosif, causant de graves dommages au bâtiment, blessant trois fonctionnaires et causant sa mort . Lorsque la nouvelle nous est parvenue, un sentiment de profonde tristesse pour la mort de notre frère est née en nous. Nous ne l’avons peut-être jamais su, mais nous avons le sentiment de le savoir depuis des années, car nous faisons les mêmes choix contre les mêmes ennemis détestés. Nos sentiments pour Mikhail ont façonné ces mots, des mots qui ne sont pas seulement vides et de bois, des mots qui sont imprégnés et pleins de colère, des mots qui, lorsque vous versez sur du papier ont jeté des étincelles et ont enflammé notre désir d’extraire la goupille de la grenade. la  lancez dans les bureaux du consulat de Russie, soulignant notre besoin le plus urgent de vengeance.

Le cauchemar que son compagnon, avec son action, a donné naissance à la police fédérale du FSB reviendra à la vie chaque fois que nous ou un autre partenaire déciderons d’attaquer en armes. Mikhail, comme tous les compagnons qui ont donné sa vie pour l’ Anarchie,il  reviendra en chair et en os à travers la guérilla et sèmera la terreur parmi les journalistes de l’information pathétiques , les policiers et les juges inquiets. Comme signe minimum de respect pour notre camarade décédé, nous avons choisi de donner son nom à l’attaque que nous avons menée.

Force et solidarité avec les anarchistes Yuliy Boyarshinov, Vasiliy Kuksov, Dmitriy Pchelintsev, Arman Sagynbaev, Andrey Chernov, Ilya Shakurskiy, Igor Shishkin, Viktor Filinkov, les détenus du 1er février 2019 et Azat Miftahov.

Entendez-vous le bruit venant de loin? Ce sont les cris désespérés des salles de torture. Les coups durs des balles dans les corps. Le son inquiétant que le corps émet lorsque le courant le traverse pendant la torture  électrique. Ils sont proches, demandant où sont leurs compagnons disparus et leur demandant s’ils sont toujours en vie ou s’ils sont dans une cellule secrète. Il est en deuil, en colère mais aussi engourdi pour le garçon qui s’est vengé en donnant sa vie. Ils sont nos compagnons et ils souffrent. Écoute attentivement.

Cellule de vengeance FAI / FRI

noyau « Mikhail Zhlobitsky »

information trouvée : 325.nostate.net e athens.indymedia.org

St Julien Molin Molette,42:les 3, 4, 5 mai 2019 soutien à la lutte à Bure

Suite à l’intense répression subie à Bure ces dernières années et particulièrement depuis l’expulsion du bois Lejuc en février 2018, nous organisons un évènement de soutien à la lutte Meusienne.
Venez, venez, les 3, 4, 5 mai 2019 à St Julien Molin Molette, on vous attend !!!

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Le temps d’un week-end, à Saint Julien Molin Molette, territoire lui aussi en lutte, nous souhaitons proposer des films documentaires, des discussions, des ateliers, autour du problème nucléaire, des outils pour contester, lutter et s’en émanciper un jour.

Ce week-end aura pour but de parler et de faire parler de cette lutte, d’échanger autour des conséquences de la répression que subissent les habitant.es, de s’informer et d’apporter un soutien financier aux inculpé.e.s de plus en plus nombreux.es.

Il y aura aussi de quoi nous nourrir et nous réjouir avec cantines et concerts de camarades à prix libres.

Programme à venir…

Nous exigeons un monde anti-nucléaire , anti-capitaliste, anti-patriarcat, anti-raciste…

lenumerozero.lautre.net

Gumières 42560:le 22/04 à19h préparation concrète du marché du 5 mai 2019

Lundi 22 avril à 19 salle de la mairie, commune de Gumières ( 42) préparation concrète  du marché é-normes avec les producteur- trices  intéressées mais aussi bricoleur-es ,   ouvrier- es qui veulent vendre quelques surplus  et surtout discuter  avec des mangeur-ses de la situation avec les normes indus et administratives. Ce marché aura lieu le 5 mai

faites tourner l’info à lundi

[reçu par électronique]

 

Limoges : Libération de l’inculpé dans l’affaire de la caserne Jourdan

Indymedia Nantes / samedi 20 avril 2019

S. inculpé dans l’affaire de l’incendie des véhicules de gendarmerie de la Caserne Jourdan à Limoges est sorti le 8 avril 2019 sous Assignation à Résidence en Surveillance Electronique (ARSE).
L’enquête est toujours en cours. La fin des investigations est estimée à 6 mois.
Le 27 mars 2019, après un an de détention provisoire, a eu lieu l’audience de renouvellement du mandat de dépot criminel de S. devant la Juge des Libertés et de la Détention de Limoges.
Cette dernière a refusé de le remettre immédiatement en liberté sous contrôle judiciaire, jugeant la mesure pas assez contraignante et préférant attendre qu’un bracelet électronique puissent être posé, ce qui n’était possible techniquement que le 9 avril selon l’enquête de faisabilité du Service Pénitentiaire d’Insertion et de Probation d’Amiens. Elle a donc renouvelé le mandat de dépot de 6 mois.
Ce n’est donc que quelques jours plus tard, le 8 avril 2019, suite à une demande de mise en liberté que S. a été libéré sous Bracelet électronique.

Il est assigné à résidence sous surveillance électronique à Amiens pour une durée de 6 mois renouvelable.
Le temps effectué sous bracelet électronique compte comme de la prison.
Il a le droit de sortir de son domicile uniquement le matin de 8h45 à 13h et doit signer deux fois par semaine au Commissariat.
Il a interdiction de sortir du département de la Somme.
Il a interdiction d’entrer en relation avec trois personnes dont les deux de Toulouse qui avaient été mis en garde à vue en même temps que lui le 27 mars 2018.
L’enquête est toujours en cours. La fin des investigations est estimée à 6 mois.
Une commission rogatoire de personnalité est notament en cours. Elle consiste à convoquer à la Gendarmerie des proche de S. pour leur poser des questions sur sa personalité.

La Feuille d’infos du CIRA de Marseille #215AVRIL 2019

Marseille : Samedi 11 mai à 17 heures
Les causeries mensuelles du CIRA

Coopérateurs ? Les enfants des révolutions, par Olivier Houle

Pourquoi Antoine refuse-t-il de dénouer ce colis entouré d’un drapeau rouge ? Qui est ce Carlos dont on murmure le nom à l’ombre des bouches ? Venez revivre l’incroyable aventure du mouvement coopératif à travers l’histoire de ces deux hommes que tout semble opposer.
Chacun à sa façon, ils vont mener des révolutions, affronter leurs peurs, grandir sous les bombes de la guerre d’Espagne, errer en héros anonymes durant la Seconde Guerre mondiale, franchir des frontières, espérer la haine et l’amour et dépasser l’utopie pour découvrir un monde égalitaire, entreprenant et fraternel.
Avec son roman Vous n’en avez pas fini avec le bonheur Olivier Houles fait revivre l’étrange destin de cette économie solidaire méconnue, centrée sur les coopérateurs. Les « petits hommes » comme ils s’appellent eux-mêmes. S’enracinant dans la Révolution française, s’émancipant en 1848 et au cours du XIXe siècle, le mouvement coopératif raconte la bataille pour l’égalité des hommes et… pour le bonheur !

« Et là-dessus, il pointa son fusil sur nous. Pourtant, aux portes de la ville, tout le Levant était en marche, sifflant, soulevant la poussière et semant au passage les graines de la collectivisation… »

Si Olivier Houles a souhaité placer le début du roman durant la guerre d’Espagne, c’est parce que cette bataille fut aussi celle des idées et que, selon lui, elle fut le point d’orgue des mouvements anticapitalistes dont la coopération est une branche pacifiste.

Téléchargez ici la Feuille #215 au format pdf.