Archives mensuelles : octobre 2016

De Verdun à Alep, le capitalisme et le nationalisme, c’est la guerre !

reçu par mail:

encart 11 11 2016

 

De Verdun à Alep, le capitalisme et le nationalisme, c’est la guerre !

Les chorales révolutionnaires de Nancy et de Verdun organisent deux concerts de chants antimilitaristes, de luttes et d’espoirs le 11 novembre 2016.
Elles seront accompagnées d’autres choristes ami.e.s d’autres chorales de France et d’Europe.
Après un concert à Nancy – Place Stanislas (Porte Héré)  à 11 h 11, le concert « Crosses en l’air ! » réunira plus de 120 choristes à 17 h 30 à Verdun au pied du monument à la victoire pour dénoncer les va-t-en guerre et l’hypocrisie de leurs commémorations annuelles.
En attendant de vous rencontrer à ces concerts, pouvez-vous, svp, faire circuler l’information dans vos réseaux, sur vos blogs, dans vos journaux  ?

Merci d’avance

Pas de guerre entre les peuples, pas de paix entre les classes !

Pour en savoir plus : www.sans-nom.net
Salutations fraternelles,

Pour les Sans-Nom,

Marseille : “Tout le monde dehors”

lu sur Brèves du Désordre

Tout le monde dehors !

La prison n’est pas seulement ce bâtiment glauque à la lisière de la ville et attaquable en tant que tel. Elle représente le degré d’enfermement le plus abouti et la continuité des autres institutions (patriarcat, école, religion, travail, justice..) qui tendent à soumettre et formater les individus.

Alors que plusieurs mutineries viennent de briser la routine mortifère des taules de Valence, Aiton et Poitiers, l’État annonce la création de 16 000 nouvelles places de prison. Dans le sud-est, ce sont six nouvelles maisons d’arrêt qui se rajoutent aux chantiers déjà en cours (Marseille, Draguignan, Aix-Luynes 2…). Dans un premier temps à proximité de Nice, Nîmes, Avignon (sites considérés comme prioritaires) puis, à plus long terme, autour de Marseille, Toulon et Fréjus.

La « diminution de la surpopulation carcérale- » et les « -conditions dignes d’enfermement » mises en avant par les porte-voix du pouvoir ne sont que des prétextes sordides destinés à faire passer la pilule. De quelle dignité osent parler ces charognard-es qui enterrent des milliers d’ individus sous des mètres cubes de béton, les séparant de leurs proches, les privant d’air et de lumière, tentant de contrôler chacun de leurs gestes ? Alors que 70 000 personnes croupissent derrière les barreaux, que les mesures dites « alternatives » à l’enfermement se multiplient (contrôles judiciaires, bracelets électroniques, semi-libertés…) et que les conditions de (sur)vie sont toujours plus dures, nul doute que ces 33 nouvelles prisons se rempliront aussi vite que les précédentes.

Qu’elles soient vétustes ou modernes, les cages du pouvoir ont la même fonction : tenter de briser certains individus et imposer aux pauvres et révoltées potentiel-les, par la peur et la résignation, ce monde basé sur la domination et l’exploitation, la compétition et le fric.
En réduisant encore les contacts entre détenu-es, en utilisant vidéo-surveillance et informatique pour « sécuriser » la prison et protéger davantage les maton-nes, l’État tente de bannir les évasions, actes de rébellions et mutineries susceptibles de saper son autorité et de nourrir des chemins de révolte de chaque côté du mur.

Dans ce monde d’un cynisme débridé, l’enfermement est une manne de fric considérable pour de nombreux vautours. Architectes, banques, boîtes du BTP, agences d’intérim (…) se font de la maille en finançant, construisant, assurant la gestion quotidienne des taules, sans compter les boîtes qui exploitent les prisonnier-ères pour des salaires encore plus insultants que ceux pratiqués dehors. (Vinci, Bouygues, Eiffage, Spie Batignoles, Appave, Sodexo, Yves rocher, Orange… )

Dans ce monde d’un cynisme débridé, qui voudrait voir chacun-e piétiner la gueule des autres pour ramasser des miettes et sortir la tête de l’eau, de nombreux-ses galérien-nes sont poussé-es à endosser l’uniforme ou construire leurs propres cachots, entre chantage à la survie et harcèlement exercé par des travailleurs sociaux. Mais pourquoi accepterions-nous de vivre à l’étroit dans ce qui ressemble toujours plus à une prison à ciel ouvert, à slalomer entre les gardien-nes de l’ordre établi et les multiples yeux -caméras, citoyens zélés- du pouvoir ?

Refuser de constituer un rouage, si petit soit-il, de cette machine à broyer et mutiler les individus est la moindre des choses pour quiconque garde au cœur des rêves de liberté. Il se pourrait bien que le pas suivant, incertain et passionnant, soit d’attaquer toutes celles et ceux qui tirent profit de notre mise au pas forcée ainsi que les institutions qui maintiennent leur pouvoir sur nos vies… Il y a autant de raisons que de manières de (tenter de) saboter cet ordre mortifère.

NOUS NE SUBIRONS PAS CE NOUVEL AFFRONT EN BAISSANT LA TÊTE !
DÉTRUISONS TOUTES LES TAULES ET LE MONDE QUI EN A BESOIN !

[Tract diffusé ces jours-ci dans les rues de Marseille, 22 octobre 2016]

Association Nuclear Transparency Watch : démission de Michèle Rivasi ? (mise à jour)

Le texte  ci-dessous a  été  reçu par mail, il  fait  partie d’un débat apparu après l’annonce de la démission de Michèle Rivasi ( présidente fondatrice) de l’association européenne Nuclear Transparency Watch , après la diffusion d‘une lettre  de Thierry Ribault.. Nous publions ce texte car la position de la CRIIRAD lisible ici est critiqué d’une manière conséquente. Nous partageons cette dénonciation de la CRIIRAD et  de sa position de contre expert. Bonne lecture.


La sorte de caractériologie provisoirement conclusive établie par Jean-Jacques Delfour cache la contradiction révélée à la fin de la table ronde de Tcherno23. Thierry Ribault quitte la table parce que Michel Guéritte interdit d’affranchir le public, qu’il nomme « les Champenois », quant à la collusion entre NTW et la bureaucratie européenne. Cette collaboration a un contenu bien précis que reconnaît Michèle Rivasi en avouant que son NTW n’est pas une organisation anti-nucléaire et que révèlent à l’auditeur le rôle et le passé de son secrétaire Gilles Hériard-Dubreuil rappelés par Ribault puis, à propos de la pectine, par Wladimir Tcherkoff. Ceux qui soutiennent qu’il faut cacher ce contenu orientent les actions prétendument anti-nucléaires vers la gestion post-accidentelle.

 

Une fois de plus c’est la collaboration entre experts et contre-experts qui est en cause. Tcherkoff rappelle le refus par Hériard-Dubreuil de recourir au remède improvisé que constitua la pectine que l’organisateur des débats, Guéritte, aurait voulu garder secret. Ce faisant Tcherkoff dévoila que cette contre-expertise gestionnaire ne se souciait pas même de soigner les victimes tout en restant dans le cadre de la gestion post-accidentelle, au point de vue de l’expérience. Ce que dénonce Ribault est plus général, c’est l’orientation gestionnaire post-accidentelle des contre-experts prétendument anti-nucléaires au point de vue de leurs perspectives éthiques et quant à leur rôle politique. Celle-là même qui les poussent à se réunir avec les bureaucraties étatiques au titre de leur contre-expertise citoyenne au motif de recueillir des informations, comme le défend Rivasi. Que révéleront-ils aux béotiens ? Juste ce qu’il faut pour maintenir leur position d’intermédiaire incontournable.

 

Nous avons un exemple sous les yeux en ce moment même. La Criirad se scandalise de l’élévation de la norme de 20 à 100 mSv pour tous. Elle « lutte » juridiquement, et à coups de pétitions, pour que cette norme ne soit pas universalisée. Elle oriente ainsi le mouvement vers la satisfaction d’une existence contaminée à 19 mSv. Avec l’accumulation des catastrophes nucléaires, la fougue de la Criirad se déclenche désormais à partir de 20 mSv et sa modération est de mise en deçà. La Criirad dépasse ainsi le mensonge de la norme précédente à 1 mSv qui aura fini par être « acceptable ». Thierry Ribault avait entendu, à un autre moment de Tcherno23, le lapsus de Rivasi confondant « Mutadis » et « Mutandis ». Les contre-experts poursuivent leur mutation, ils s’adaptent eux-mêmes à leurs contradicteurs. À mesure qu’ils s’institutionnalisent, ils accoutument les populations. Ils participent de l’assuétude mentale généralisée.

 

Il n’y a aucune folie à lutter contre le nucléaire, sauf à confondre cette lutte avec la schizophrénie des contre-experts, laquelle d’ailleurs n’est pas l’apanage du nucléaire. La vraie jouissance est ailleurs.

Les constats indignés sont nécessaires, le progrès l’implique. Le citoyen s’indigne et collabore.

Association contre le nucléaire et son monde,

21 octobre 2016

texte en lien de Jean-Jacques Delfour en PDF qui fait parti du débat en cours, on a mis ce texte pour permettre aux  lectrices et  lecteurs pour comprendre le début du texte de l’ACNM

Grenoble: Rassemblement , hommage à Rémi Fraisse et contre l’expulsion de la ZAD

lu  sur Zad.nadir.org

Mercredi 26 octobre à 18h, place Notre-Dame à Grenoble

ll y a deux ans, dans la nuit du 25 au 26 octobre sur la Zone À Défendre de Sivens, Rémi Fraisse était tué par un tir de grenades de gendarmes. Accident, homicide ou homicide involontaire ? L’enquête sur les circonstances précises de cette mort se poursuit toujours, avec de multiples rebondissements depuis deux ans et de nombreuses zones d’ombre qui restent à éclaircir. Pour rendre hommage à Rémi Fraisse, exprimer la colère face aux violences policières, la colère face aux « Grands Projets Inutiles et Imposés », un rassemblement s’organise ce mercredi 26 octobre.

Voici le texte d’appel à manifestation :

 » Rémi Fraisse était un étudiant botaniste de 21 ans, qui menait ses études sur le terrain tout en s’opposant au projet de barrage sur la zone à défendre de Sivens. Dans la nuit du 25 au 26 octobre, la police tua Rémi en envoyant une grenade offensive qui resta coincée entre son sac et son dos. Cette grenade est aujourd’hui toujours  utilisée par les CRS.

Réunissons-nous pour un rassemblement et une manifestation afin de montrer notre détermination à poursuivre son combat contre tous les grands projets inutiles et imposés qui nous pourrissent la vie ,et affirmer notre solidarité face aux menaces d’expulsion, que ce soit sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, dans la « jungle » de Calais, ou dans tous les autres espaces en lutte qui échappent au contrôle de l’État.

Dans un climat nauséabond où les menaces d’expulsion de la zone à défendre de Notre-Dame-Des-Landes sont régulières et à prendre au sérieux, où la frange la plus radicale de la police organise des grèves sauvages pour demander un droit qu’elle s’accorde déjà, c’est-à-dire le droit de pouvoir utiliser leur arme à feu pour « se défendre », où un syndicat de police appelle à manifester pour soutenir cette institution mortifère le jour de la mort de Rémi, nous ne voyons qu’une seule solution, qui est de se rassembler pour rendre hommage à Rémi et toutes les victimes des violences policières.

Pour Rémi, Zyed et Bouna, Adama et toutes les autres personnes assassinées par la police, convergeons place Notre-Dame ce mercredi 26 octobre..

Nous défendrons la Zad de NDDL et les toutes les autres en l’honneur de Rémi et pour que d’autres possibles s’ouvrent !

Nous appelons l’ensemble des personnes qui répondront présentes à ramener des pancartes, banderoles et tout ce qui pourra permettre de passer un message pour rendre hommage à Rémi, ainsi que les autres victimes de la police.

Nous appelons toutes les organisations et tous les collectifs à se greffer à cet appel, à le relayer et à produire leur propre appel que nous relayerons.

Nous appelons toutes les villes à organiser des rassemblements en hommage à Rémi Fraisse.


indymedia grenoble

Appel à venir manifester en hommage à Rémi Fraisse

par anonyme

meredi 26 Octobre 2016 à 18:00

Place Notre-Dame

En hommage à Rémi Fraisse, mort dans la nuit du 25 au 26 Octobre 2014 sur la Zone A Défendre de Sivens.

Réunissons nous pour un rassemblement et une manifestation ce mercredi afin de montrer notre détermination à poursuivre son combat contre tous les grands projets inutiles et imposés qui nous pourrissent la vie, et affirmer notre solidarité face aux menaces d’expulsion, que ce soit sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes dans la jungle de Calais,ou dans tous les autres espaces en lutte qui échappent au contrôle de l’État.

Et puisque que les policiers font maintenant eux aussi leurs manifestations sauvages, pourquoi ne ferions pas de même ?

Parler en à vos amis-es et emmenez avec vous votre créativité,que ce soit sous forme de banderoles, pancartes, musiques…

Parce-que nos vies valent plus que leurs bétons.

Parce-que la rue nous appartient.

Le 26 octobre, perturbe ta ville !

Tract: Sur-mesure Pour en finir avec la mise en mesure du monde

 lu sur oclibertaire.lautre.net

Flamanville en IN et en OFF

Du 30 09 au 1 10 2016 s’est tenu à Siouville non loin de Flamanville, un camp de résistance anti nucléaire : « NON au Nucléaire, NON au rafistolage des vieux réacteurs, Arrêt du nucléaire énergie de destruction massive. »
Parmi les quelques tracts diffusés, le texte « Sur Mesure » signé par un « Groupe sanguin » ce texte on  l’a déjà évoqué lors de la présentation de la lettre de Thierry Ribault à Michèle Rivasi  personnage des médias   et aussi on publie en lien encore un  texte de thierry Ribault qui  mérite une  plus ample diffusion.pour que les contre experts arrêtent de donner la mesure

 

Sur-mesure
Pour en finir avec
la mise en mesure du monde

Dans les forêts de Tchernobyl ou les plaines de la région de Fukushima, il ne suffit pas d’être attentif pour percevoir le danger. Quand la pluie tombe quand le vent se lève, quand on chute, la figure à même le sol, ce qui nous vient à la gueule, ce n’est pas une nature brute, mais l’effet d’une technologie qui nous pénètre. Nous ne sentons pas plus notre peau brûler que nos vêtements mouillés, nous ne voyons pas de loin un nuage de poussière s’approcher, nous ne respirons pas l’odeur d’un incendie.

En territoire contaminé, c’est l’invisible qui porte le danger pour qui n’a pas les moyens de lire les signes de cet imperceptible. Notre relation est dénaturée. Le paysan qui connaît la terre qu’il travaille, sait lire son acidité, sa fertilité, tandis que l’ignorant ne voit que de la terre indistinctement. L’ami sait lire dans les traits de l’autre son inquiétude ou son mensonge. Nous pouvons apprendre à lire les nuages, à reconnaître ceux qui portent la pluie de ceux qui apportent le beau temps.

Rien de tout cela en territoire contaminé, vous aurez beau plisser les yeux, rester des mois entiers à renifler l’air, vous ne percevrez jamais rien, n’apprendrez jamais rien : votre corps et votre expérience ne suffiront jamais à vous faire comprendre ce qui vous environne. Vous marchez dans un monde en étranger, en tumeur que la nature viciée s’efforce de répandre.
Pour comprendre ce monde dans lequel vous errez, il faut se mettre à sa mesure. À la mesure d’un monde qui est créé par la technologie dans laquelle vous êtes sommé de devenir un de ses outils, un produit de sa production. Agir selon les instructions d’une machine ou bien être maudit par l’imperceptible : voici ce qu’offre la vie en territoire contaminé.
Depuis quelque temps, le monde médiatique régurgite le thème de la vie en territoire contaminé, films et livres se font ainsi l’écho de territoires fascinants. Entre retours de notre monde à un état sauvage post-apocalyptique et témoignages selon lesquels on survit tout de même dans ces territoires, les représentations morbides nous inondent.

Depuis Fukushima, l’heure n’est plus à cacher toutes les conséquences de la catastrophe pour les apôtres du nucléaire, il s’agit maintenant d’approfondir cyniquement les effets de son extension. Nous ne verrons plus des blouses blanches nous assurer à la télé, sans sourciller et légèrement déconfites, qu’il n’y a pas de catastrophe tout en organisant notre évacuation. Mais des experts nous inviteront tout sourires à regagner nos foyers, puisque le pire est prévu.

Si, à Fukushima, il existe effectivement des zones interdites au retour, le gouvernement incite néanmoins leurs exilés à retrouver leurs maisons et la population japonaise à consommer à nouveau les produits de la région. Dès les premières semaines, l’État japonais avait présenté la catastrophe nucléaire sur le registre du séisme qui l’avait précédée : celui d’une catastrophe naturelle. À ce titre, il fallait aider provisoirement les victimes en rendant leurs foyers habitables au plus vite. Mais la différence est de taille.
Si le séisme et le tsunami dévastent les terres et les corps, cette eau s’en retourne dans l’océan et la culture humaine peut s’établir à nouveau, tandis que les explosions des réacteurs engendrent un dégagement radioactif qui perdure et se fiche dans les terres, dans les corps et dans l’océan en les empoisonnant pour des millénaires. C’est pourquoi la culture humaine appelée à retourner sur ces terres s’en voit elle aussi radicalement transformée. S’adapter en subissant ou subir en s’adaptant, choisis ton camp citoyen !

La contamination du territoire, c’est bien là l’entreprise nucléaire. Nous ne pouvons pas la comprendre sans les structures qui permettent une technologie si poussée, une spécialisation des tâches où certains et certaines peuvent être des physiciens nucléaires, d’autres des ingénieurs, et d’autres encore des exploités de l’industrie et des mines de cobalt, d’or, d’uranium, de coltan, etc… qui permettent aux appareils de mesure et aux laboratoires d’exister. On peut vivre dans un territoire contaminé. L’État y organise notre quotidien et s’occupe de notre santé. La catastrophe ne gêne pas l’État, bien au contraire, elle le rend incontournable.

Et il nous faut accepter, comme dans les villes japonaises, de croiser des dosimètres plantés dans les rues, d’entendre les consignes quotidiennes rythmant les ramassages de salades et les moments où il est recommandé d’étendre son linge.

Il faut accepter de faire analyser régulièrement son urine, de craindre la pluie porteuse de radioactivité, d’écouter les préconisations gouvernementales, de nous fier au dosimètre qu’on porte autour du cou. Oui ! Vous pourrez rire et aimer en zone contaminée, mais à la merci d’un savoir qui vous dépasse comme jamais. La médiation scientifique devient le tissu de toute expérience. Vous pourrez boire un verre là où le bar n’est pas trop soumis aux radiations selon les mesures rendues publiques par les autorités civiles ce soir-là. Vous pourrez manger au restaurant, mais vous éviterez les champignons puisque vous avez mangé de la salade à midi, ce que votre « dosimaître » n’a pas aimé. Quand vous embrasserez quelqu’un sous la pluie vous aurez peut-être un instant de frayeur en entendant biper vos dosimètres. « Pure radiophobie », dira votre coach en développement personnel. L’expertise d’autrui dominera toute votre existence. Sans elle vous n’oserez pas sortir. Et qui se risquerait à la remettre en cause ?

L’entreprise nucléaire est claire, d’une certaine transparence… Nous présenter la vie en territoire contaminé c’est nous habituer à l’état de catastrophe. Ne sommes-nous pas déjà habitués à vivre en territoire où la mesure élabore la norme ? À calculer la qualité de l’air ? De l’eau dans laquelle on nage ou que l’on boit, l’empreinte carbone de nos achats, le débit d’électricité que nous consommons ? À pucer nos poubelles pour contrôler le tri des déchets, les animaux pour vérifier leur conformité sanitaire ? La transparence pour le contrôle, c’est la mesure du conforme, de l’ordre, de la norme.

Et cette norme nous échappera toujours, elle n’est que ce que la science peut mesurer. Un poisson normal doit mesurer tant, n’avoir pas plus de tant en métaux lourds. Une eau normale ne dépasse pas tel seuil de pollution. Comment pourrions-nous, sans ces intermédiaires, reconnaître la pollution de l’eau du robinet que nous buvons si son goût n’en est pas altéré ? Quoi répondre au scientifique qui nous dit de cette eau : « C’est normal qu’elle ait trop de bidule mais en termes du trucs, elle est dans la norme : y-a-pas-d’souci ! » ?

Nous avons appris à laisser d’autres avoir prise sur notre environnement. Cette dépossession résulte du capitalisme et de l’État. Ce couple permet la réalisation de cette mise en mesure du monde et s’y déploie sans limite. La représentation a avancé d’un pas. Le monde ne se regarde plus, il se mesure. En territoire contaminé cet énoncé ne relève ni de la théorie ni de l’idéologie, mais de la réalité quotidienne la plus commune. Au fond, ce que le désastre permet c’est d’en arriver directement au moment où la mise en mesure du monde est la nécessité dictée par l’État pour « survivre ». La gestion du nucléaire aura révélé l’essence même du monde qui l’aura rendu possible. Nucléarisé, le capitalisme ne laisse exister le monde qu’au travers de la mesure, il n’offre pas de choix entre une existence dans une société ou une autre, par exemple primitiviste ou communiste. Il est univoque. Le nucléaire est un signal de l’expansion continue de l’économie à tous les aspects de l’existence. « Soyez, en toutes choses, les petits comptables de vos existences et de vos productions ! » nous dit l’économie. C’est ainsi que Rifkin, le parangon de l’économie connectée, a beau jeu de prédire la fin capitaliste du capitalisme. Il propose aux gouvernements son modèle social, horizontalement démocratique, où chacun sera libre de vendre l’énergie électrique de son éolienne et pourra louer sa friteuse et ses chemises, son puits, son potager et son poumon droit, nous libérant ainsi – en mode BlaBla Car – d’EDF, de H&M et de Veolia puisque nous serons devenus nous-mêmes des entreprises à visage humain. Le monde connecté de l’hyper-horizontalité n’est jamais que le monde où tous les rapports sont médiés par un référentiel universel auquel nous serions tous étrangers. Après le temps de travail pour le capital, après le temps de travail et le temps de loisir, pour le capital, toute la vie au service du capital. Tous les rapports sont désormais perçus sous l’angle de la rentabilité. Quel argent perdu quand je sors de chez moi sans louer mon appartement, et à quoi me servent ces pantalons si je ne les porte pas, et ma voiture, mon savoir ? Dans ce monde hyperconnecté, seuls le sont ceux et celles qui ont quelque chose à étaler sur le plan de la mesure, les autres restent en dehors. La vie au stade technologique est une vie sous assistance numérique, basée sur l’anticipation des comportements et la programmation du devenir. Ce qui est absent de cette communauté interconnectée, c’est la vie avec ses inutilités, son désordre et ses frictions de la vie même. L’étalage universel de la mesure est le schème du monde de l’économie. Le maillage du vivant.

Nous reste-t-il à nous morfondre de notre défaite totale en comptant les derniers soubresauts d’une vie abandonnée ? Certainement pas. Nous croyons au contraire que la vie ne peut pas se laisser enserrer dans les cages de la mesure et qu’il nous est possible d’attaquer ces dernières. Que nous ayons à faire avec les désastres nucléaires pour des millénaires est un fait, et nous n’entendons pas les autogérer. Ce que pourront faire les individus libérés de l’économie et de l’État leur appartiendra. Préservation des connaissances nucléaires en vue de son éradication ? Signalement des zones néfastes pour la vie ? Les idées ne manqueront pas, et s’il faut mettre des nucléocrates à la piscine pour qu’ils se mouillent dans le démantèlement nous saurons leur trouver un maillot.

Dénoncer ces instruments pour ce qu’ils sont. Saboter les machines. Détruire leurs relais de comptabilité. Quand les puces de poubelles sont désactivées, quand les pointeuses sont brisées à coups de masses, quand les capteurs d’air sont détruits, l’emprise se relâche. Quand on refuse le puçage des brebis ou les normes d’hygiène, les normes sanitaires et les pesticides, quand on refuse d’être évalués, quand on brûle les piquets de repère à la construction d’un pylône THT ou d’une prison, l’emprise se relâche.

La mesure est partout, chacun saura où la trouver.

Septembre 2016 Groupe sanguin.

un texte en lien LAISSER MOURIR, C’EST TUER
COGÉRER, C’EST CO-­‐DÉTRUIRE

Grenoble [Isère] Après le rassemblements de soutien aux expulsé·e·s de Calais

  dauphiné Libéré

GRENOBLE Plus de 200 personnes rassemblées hier soir pour soutenir les migrants de Calais

Les quelque 200 manifestants ont défilé hier soir dans les rues grenobloises.

Associations, collectifs, personnes de la société civile, ils étaient plus de 200 place Notre-Dame à Grenoble hier soir pour crier leur mécontentement vis-à-vis du démantèlement de la Jungle de Calais.

«C’est une situation inacceptable. Je suis allé à Calais en février dernier et j’ai vu ce que fait le gouvernement là-bas. La manière dont ces personnes sont jetées dehors est inhumaine. On sait très bien qu’ils retourneront à Calais.» confiait l’un deux.

Echanges et discussions ont alimenté la place. « Je vis sur le campus et je trouve navrant les conditions d’accueil qu’on propose aux migrants. Ils devraient pouvoir circuler librement et même étudier s’ils le souhaitent.» lançait un étudiant.

Les quelque 250 manifestants ont ensuite défilé dans les rues grenobloises rejoignant la place Victor Hugo ainsi que le cours Berriat au son des « Calais, la honte » ou encore « Tout le monde détestent les frontières ».

Au croisement du cours Berriat et du cours Jean Jaurès, la police a pris le relais en encadrant la manifestation qui s’est poursuivie dans la soirée.

Ni ici, ni à Calais : des expulsions de la « Jungle »

Calais : Emmanuelle Cosse(Ministre du Logement et de l’Habitat durable) déterminée à vider ce « camp indigne »

Le contrôleur des prisons, Adeline Hazan, annonce l’envoi d’une équipe de contrôleurs pour suivre l’évacuation de la « Jungle » de Calais Pourquoi?

Heureusement le démantèlement du camp  ne se passe pas  comme tous les médias racontent

Calais (Nord) : Début de révolte contre le démantèlement imminent de la “jungle”

Ci-joint un appel pour ce lundi 24 octobre 2016, suite au début du démantèlement du camp de Calais :

Grenoble : lundi 24/10 rassemblement 19h place Notre Dame

http://zad.nadir.org/spip.php?article4139

 

une analyse de l’accueil à la française et des liens entre système capitaliste, phénomène migratoire et monter du racisme

http://zad.nadir.org/spip.php?article4118

note:nous n’irons pas manifester à Alex devant un château au dire d’un élu centriste « qui va servir à accueillir  les personnes qui ont droit  à l’asile politique, mais les autres , il faudra les exclure du territoire » *

 

Calais( pas de calais 62): l’expulsion de la jungle a commencé aujourd’hui

calais solidarity

Suite à la réunion du 20 octobre entre la sous-préfecture de Calais et les associations sur les CAO, nous savons désormais comment la préfecture organise l’expulsion de la jungle.
L’expulsion va commencer lundi 24 octobre. La destruction commencera mardi 25.

La création du hangar de tri rue des Garennes est confirmée. Les personnes passeront par le hangar de tri avant d’être répartis dans les bus qui partiront en continu vers les CAO. Le périmètre contrôlé annoncé est bien plus large que le bidonville, des équipes de gendarmes mobiles contrôleront les entrées et les sorties.
La préfecture placera en CRA toutes les personnes encore présentes sur la jungle qui refuseront d’aller en CAO. Des CRA viennent d’ouvrir spécialement pour l’opération, d’autres ont été vidés pour recevoir les personnes déportées depuis Calais. Il est probableque l’aéroport de Marck soit utilisé pour envoyer les personnes vers les différents centres de rétention à travers la France.

Le hangar de tri sera ouvert de 8h à 20h. Il est déjà fortement gardé par la police.
Les personnes seront amenées et séparées en différentes files indiquées par des « pictogrammes représentatifs » : les hommes seuls, les familles, les mineurs ou personnes prouvant être “vulnérables”.

Toutes les personnes, à part les mineurs, auront le choix entre deux régions de départ en CAO. Les personnes devront porter un bracelet de couleur correspondant à leur région de destination, elles seront ensuite triées et regroupées par destination dans des tentes de 50 places. Elles devront déclarer leur identité (nom, prénom, date de naissance).
Chaque fois qu’une tente sera pleine, un bus partira vers les CAO avec à leur bord deux associatifs, un pompier et une personne de la sécurité civile. Salam et la Vie Active seront également présents dans les bus.
Il y aura soixante bus lundi, quarante mardi et trente mercredi.
Les personnes devraient pouvoir rester un mois en CAO, ensuite elles devront confirmer leur demande d’asile en France, ou fuir à nouveau.
Alors que l’OFII promet aux personnes, dont les empreintes ont été prises dans d’autres pays, qu’elles ne seront pas dublinées, nous n’avons toujours aucune garantie écrite de cela. Il y a déjà eu des cas de personnes dublinées, déportées après un départ en CAO.

Les mineurs seront interrogés pour vérifier leur âge. Ces entretiens vont être menés par des binômes associations/ organisations gouvernementales : France Terre D’Asile y participe avec l’OFPRA ainsi que la Direction Générale des étrangers en France et Home Office (UK)
Les personnes reconnues comme mineures à l’issue des entretiens passeront par le Camp d’Accueil Provisoire afin de « traiter leur situation », notamment concernant la réunification familiale. Les mineurs qui seraient obligés ou qui voudraient rester en France seront dirigés vers des CAO mineurs. Aucune info n’est donnée sur la date de leur mise en fonctionnement ni leur localisation.

Des associations collaborent à ce processus. France Terre d’Asile participe à la sélection des mineurs, Salam et la Vie Active seront présentes pour monter dans les bus.

La PASS et La Vie Active continueront leurs activités pendant l’expulsion.
L’entrée du bidonville sera contrôlée, seules les associations accrédités par la préfecture y auront accès. Un point presse sera mis à la disposition des journaliste à l’intérieur du centre de tri, ils/elles ne savent pas encore s’ils/elles pourront accéder au camp.Les associations ont remis des listes de leurs membres.
Les personne ne figurant pas sur ces listes n’auront pas accès à la jungle et sont susceptibles d’êtres arrêtées. Quatre anglais ont déjà reçu des OQTF. Les arrestations des personnes non reconnues par les ONG et les OQTF pour les européens vont sans doute se généraliser. Nous remercions chaleureusement tou.te.s les professeurs qui, sollicités par le ministère de l’intérieur pour aider les forces de police à la traduction lors des garde à vue, ont refusé.

La pression policière augmente de jour en jour sur la zone. Des gazages massifs ont ponctué ces dernières nuits. Il semblerait que des nouveaux gaz (type incapacitant) soient utilisés, provoquant nausées, vomissements, migraines et ayant des effets persistants plusieurs heures, et un nouveau fusil aveuglant, le LDI (« Laser de dissuasion et d’interception »), a fait discrètement son apparition dans l’arsenal des CRS qui seront à la manœuvre à Calais.

Il n’y a pas de destruction de lieux de vie qui soit “humanitaire”. Il n’y a pas tri humain respectant la “dignité humaine.
Choisir entre un centre de rétention et un CAO n’est pas un choix.

 

/ prisonniers/ Espagne Communiqué:Mise à jour concernant Claudio Lavazza

note:dans le numéro Zero de la revue nunatak le texte » le chemin de la frontière » Claudio raconte un instant de liberté  au cours d’un passage de frontière dans les montagnes des Alpes


lu sur informa-azione

Bonjour à tout le monde, une brève communication sur la situation du compagnon anarchiste Claudio Lavazza (détenu depuis 1996 dans les prisons de l’État espagnol). De la prison de Teixeiro, Claudio a été transféré temporairement à celle de Valdemoro (Madrid) où, sur demande,  il sera transporté en France pour l’ouverture du procès sur les infractions (principalement l’ assaut d’ une succursale de la Banque de France) contestées par les tribunaux de Paris. Dans le temps Claudio a été condamné à la peine maximale pour les infractions (tel que requis par la loi française dans le cas de condamnation par contumace pour empêcher la prescription des infractions), dans les prochains mois afin que nous célébrerons le procès réel et sa conclusion sera Claudio renvoyé en Espagne de continuer à affronter  au-delà des condamnations accumulées.
En attendant d’être en mesure de fournir l’adresse pour lui écrire une fois arrivé en France, Claudio une nouvelle fois remercié tous * i / le compagnon-e-s et les situations qui n’ ont jamais échoué au cours des dernières années pour lui faire entendre la solidarité et de l’affection révolutionnaire!

Biblioteca Popolare Rebeldies

Pestifera la mia vita, autobiographie de Claudio Lavazza

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 Note: la Brochure est à bibliothèque anarchiste Libertad, 19 rue Burnouf, 75019 Paris  est disponible aussi sur demande au Laboratoire anarchiste
PRÉSENTATION de Pestifera la mia vita
AUTOBIOGRAPHIE de Claudio Lavazza
« J’ai réalisé presque tous les rêves que j’avais, et souvent je fais la comparai-
son entre mon existence et l’ouvrier que j’aurais été si j’étais resté au village.
Comme mes vieux camarades d’école, je serais aujourd’hui certainement
marié et avec des enfants, obligé de travailler dix heures par jour pour faire
vivre une famille. Crevé après le travail, je resterais là à fixer cette boîte idiote,
confortablement assis en pantoufles, pour ensuite m’en aller au lit, mort de
fatigue et détruit… Aujourd’hui, je ne serais probablement pas en prison.
Mais même s’il était possible de revenir en arrière, je ne changerais pas d’un
millimètre la route que j’ai choisie. Que serait-il advenu de moi si la lumière
de la lutte n’avait pas éclairé mon chemin ? »

On devine qui est Claudio Lavazza dès la première page de ce livre :les actions dont il est accusé parlent clairement. Un rebelle, un guerrier qui a participé, avec tant de jeunes de sa génération, à la tentative de changer la société et le monde, assumant toute la responsabilité de le faire avec les instruments qu’il estimait adéquats.

Sa biographie n’est pas seulement un témoignage de plus sur la lutte arméede la fin des années 70 au début des années 80, mais c’est aussi le portait d’un homme qui, fait plutôt rare, dans la saison d’impitoyable répressiondu soulèvement armé en Italie, ne se réfugie pas à l’étranger pour s’arran-ger avec les promesses des gouvernements plus ou moins garantistes (qui garantissent les droits civils), n’accepte pas la condition de réfugié politique, mais poursuit sa lutte de l’autre côté des Alpes, en mettant en pratique avec une cohérence lucide, les principes de l’internationalisme prolétarien et en démontrant que, tout comme l’injustice et l’inégalité, l’urgence de les combattre ne connaît pas non plus de frontières.Avec une discipline de fer et une détermination consciente, il ne pense pas à s’enrichir et à s’installer, bien que les expropriations pour lesquelles il a étécondamné aient rapporté des butins plus qu’attrayants. Il poursuit sa lutteen affrontant les difficultés de chaque exilé et de tout individu pourchassé.Claudio ne veut pas que soit tiré un trait sur son expérience qu’il ne considère jamais comme terminée, même quand, en décembre 1996 à Cordoue(Espagne), il est blessé dans une fusillade sur un braquage puis arrêté : son combat continue aussi à l’intérieur des murs. Dans cette « prison à l’intérieur de la prison » qu’est le régime FIES de l’État espagnol auquel il est soumis pendant une très longue période.Une expérience plus que trentenaire qui unit sans revirements les luttes d’hier à celles d’aujourd’hui, avec une vision concrètement internationaliste et obstinément radicale. Radicale comme ces valeurs et ces désirs qui, malgré la peur et la résignation qui semblent régner en maîtres dans notre partie du monde, restent aujourd’hui encore indispensables, et chaque jour plus urgentes à réaliser.A travers ses récits, encore une fois, Claudio nous transmet la force qui a animé ses combats, mise à rude épreuve d’abord par l’exil et par la prison ensuite, jusqu’à aujourd’hui, sans perdre cet enthousiasme qui lui a permis d’affronter, jour après jour, l’isolement et la torture de l’enfermement.Un enfant pestiféré, Claudio. Un rebelle, anarchiste, guerrier, expropriateur,qui dans l’ardeur d’une bataille sans trêve, a su conjuguer ses qualités aux temps difficiles qui ont cours.

Avant propos

Ce n’est pas une tache aisée que de s’occuper de l’édition de l’autobiogra-phie d’une autre personne. Du moins c’est notre cas, nous qui nous som-es sentis souvent mal à l’aise en y mettant la main, en en interprétant lesphrases, les passages, cherchant à saisir de la manière la plus précise, c’est-à-dire celle de l’auteur, la clarté des concepts exprimés et la signification deschoix narratifs. Une tache rendue encore plus compliquée par la traduction à plusieurs personnes du texte original, que Claudio a rédigé en castillan,auquel il a semblé nécessaire d’apporter une révision générale qui permettede relier les parties sur lesquelles chaque traducteur et traductrice est inter-venu, et rendre donc le texte homogène et cohérent dans son intégrité.En fin de compte, Claudio parle de lui dans ce livre, de comment il a grandi et s’est formé, des sentiments, des amertumes, des multiples facettes qui façonnent sa personnalité… pas uniquement des choix, des événements et de certains épisodes qui ont marqué son parcours extraordinaire (dans le sens d’hors du commun) de rebelle. Mais à quel point les idées et l’agir d’un révolutionnaire dépendent aussi des situations et des sentiments qui sortent du contexte des luttes ?Nous ne pouvons concevoir l’existence de « fonctionnaires de la révolte »qui réussiraient à tenir séparés vie privée et engagement pour changer le monde. Et Claudio nous en donne une confirmation. Cela est donc utile pour ceux qui ont la curiosité de connaître moins superficiellement la personnalité et le vécu de celui qui écrit, de se plonger un minimum dans l’intimité des aspects caractéristiques et des expériences qui ne sont pas secondaires dans le parcours d’une vie. Par ailleurs, c’est Claudio qui, à travers son autobiographie, nous permet d’entrer dans sa vie, ou du moins jusqu’à la profondeur qu’il a jugé opportune, et qui nous révèle ses mondes bien sûr mieux que ne peuvent le faire les dossiers des tribunaux qui le concernent,l’image qu’ont dessinée de lui les médias, ou encore sa réputation par on-dit qui circule parmi les compagnons.Il s’agit d’une biographie qui couvre un laps de temps fortement significatif pour les transformations sociales, économiques et politiques qui nous ont amenées jusqu’à notre présent : des décennies que Claudio traverse dans l’enfance de l’après-guerre, dans la découverte de l’exploitation salariale lors des années du boom industriel, dans la jeunesse de la saison des grands mouvements de classe et de l’engagement à travers la guérilla de rue et la clandestinité. En s’enfonçant ensuite, après l’épuisement de l’expérience des organisations combattantes (ou du moins de celles auxquelles Claudio a participé), dans les années du soi-disant reflux, avec la quête obstinée et sans retour en arrière de nouveaux chemins de liberté, d’affirmation personnelle et de ses principes, à parcourir, le regard toujours tourné vers ceux qui combattent encore, un monde dans lequel semble avoir disparu le cri de révolte collective avec lequel Claudio a grandi et a entièrement mis sa vie en jeu.Pour arriver aux années de l’enfermement, à l’énième terrain sur lequel,cette fois malgré lui, Claudio se trouve à s’investir tout entier, pas seulement pour ne pas succomber, mais au contraire pour se battre à la conquête dechaque goutte de dignité, de revendication théorique et pratique des idéaux d’une vie. Une captivité que Claudio rompt en se projetant dans l’interprétation du contexte actuel des mouvements sociaux et révolutionnaires, et pas seulement de façon limitée à leurs spécificités de critique de la prison, se mesurant avec les dynamiques de lutte et avec les camarades qui y participent,en imaginant quelles voies nous pouvons finalement encore emprunter pour concrétiser, maintenant et dans les jours à venir, les rêves et les hypothèses de l’idéal anarchiste.Claudio accompagne la narration d’une chronologie -du moins nous la définirions ainsi- réfléchie des événements, principalement relatifs aux mouvements de classe et à la lutte armée en Italie, qui insèrent ses vicissitudes personnelles dans le contexte plus général de la période pendant laquelle celles-ci ont eu lieu. Ce choix est dû au fait d’avoir principalement adressé cette autobiographie au mouvement antiautoritaire de la péninsule ibérique,un contexte dans lequel Claudio a rencontré un important manque de connaissance par rapport aux événements historiques de notre pays à cheval entre les années 60 et les années 80, et en particulier à propos des soi-disant années de plomb et du phénomène armé diffus dont il a lui même été protagoniste. Avec les mêmes motivations, étant donné qu’ici aussi on a tout fait pour mystifier les événements de ces années, il nous semble utile de profiter aussi de cette chronologie pour l’édition italienne.

Une autre raison qui motive la priorité de l’auteur à se tourner vers le mouvement espagnol réside dans le fait que –en-dehors du fait que Claudio soit enfermé dans les prisons de l’Etat espagnol depuis presque quinze ans– les circonstances mêmes de l’arrestation, la sienne et celle des trois autres compagnons en Andalousie, et les luttes successives dont il sera l’un des protaonistes contre le régime pénitentiaire FIES, peuvent être considérées, sansaucun doute, comme des étapes décisives dans le parcours du mouvement anarchiste de la péninsule ibérique. Ces événements et l’apport également théorique de Claudio depuis la prison ont certainement été déterminants tant dans la mise en discussion de l’anarchisme historique représenté par des organisations comme la FAI et la CNT, que dans la contribution au débat impétueux qui s’est déchaîné dans ces années en Espagne –souvent, il faut l’admettre, avec des malentendus, des interprétations et des prises de position maladroites– autour de l’apport théorique et pratique de l’insurrectionnalisme. Des moments qui ont assurément offert des occasions de mûrir à une génération de jeunes militants libertaires avides d’action, d’idées moins poussiéreuses que les habituels sermons sur l’Espagne de 36.L’état d’esprit de Claudio qui se révèle dans la confrontation avec l’expérience de la lutte armée représente peut-être une des caractéristiques de son texte qui nous ont convaincu de proposer une édition en italien. Souvent,avec évidemment des exceptions notables, les textes qui circulent en Italie à propos des années de plomb, et surtout les écrits mis en circulation par ceux qui ont été partie intégrante de cette période, sont imprégnés d’une atmosphère de défaite. Une reddition si ce n’est sur le terrain à cette époque mais au moins a posteriori face à un système social, à un modus vivendi contre lequel ils s’étaient levés en armes. Il arrive ainsi fréquemment de tomber sur des bribes du passé d’hommes et de femmes, sur des souvenirs (aussi émouvants ou poignants soient-ils) pourtant lointains, qui resurgissent dans les paroles de celui qui se sent le rescapé d’une guerre qu’on a perdue.Soyons clairs, chacun fait les comptes de son passé comme il le veut tant qu’il ne balance pas les camarades de l’époque sur les bancs d’un tribunal,ou les idéaux et expériences qui font partie du patrimoine collectif du mouvement révolutionnaire– mais, comme le démontrent Claudio et d’autres compagnons, ceux qui sont encore en prison depuis ces années-là et ceux qui sont dehors et se sont replongés avec entrain dans les luttes du présent, il serait erroné de considérer ces expériences comme un chapitre clos de la vie de quelqu’un. Il nous a paru au contraire enthousiasmant de lire comment un homme traqué par la Loi et qui a perdu une grande partie des pointsde référence humains, projectuels et organisationnels autour desquels il a précédemment fait graviter son existence, s’évertue à trouver des chemins pour continuer à vivre et à lutter dans des temps qui ont changé, dans des conditions qui, autant qu’on puisse les prendre en compte, sont plutôt difficiles à prévoir. Et puis, pour conclure, un dernier mais non moins important point de l’engagement de Claudio à raconter sa vie nous concerne, en tant que femmes et hommes qui haïssent les prisons et une société qui les considère comme nécessaires : la voix d’un reclus, d’un révolutionnaire qu’on voudrait condamner au silence et à l’oubli, fait irruption avec son vécu et ses messages dans la réalité que nous nous trouvons à vivre ici dehors, et revendique avec force que les compagnons derrière les barreaux ne sont pas enterrés vivants mais font partie de nos affects, des parcours auxquels nous nous dédions, des espoirs de liberté auxquels nous devons déblayer le passage.Bien sûr Claudio reste, comme il aime lui-même à le dire, un homme pestiféré, plus prompt à l’action qu’à la plume, et la biographie qu’il nous livre est peut-être, essentiellement, une exhortation à ne jamais se rendre à la résignation, à faire siens les succès et les erreurs des autres, à s’avancer sans hésitation sur les traces d’une vie qui mérite d’être vécue

l’interview de claudio Lavazza est écoutable ici