Suite à la réunion du 20 octobre entre la sous-préfecture de Calais et les associations sur les CAO, nous savons désormais comment la préfecture organise l’expulsion de la jungle.
L’expulsion va commencer lundi 24 octobre. La destruction commencera mardi 25.
La création du hangar de tri rue des Garennes est confirmée. Les personnes passeront par le hangar de tri avant d’être répartis dans les bus qui partiront en continu vers les CAO. Le périmètre contrôlé annoncé est bien plus large que le bidonville, des équipes de gendarmes mobiles contrôleront les entrées et les sorties.
La préfecture placera en CRA toutes les personnes encore présentes sur la jungle qui refuseront d’aller en CAO. Des CRA viennent d’ouvrir spécialement pour l’opération, d’autres ont été vidés pour recevoir les personnes déportées depuis Calais. Il est probableque l’aéroport de Marck soit utilisé pour envoyer les personnes vers les différents centres de rétention à travers la France.
Le hangar de tri sera ouvert de 8h à 20h. Il est déjà fortement gardé par la police.
Les personnes seront amenées et séparées en différentes files indiquées par des « pictogrammes représentatifs » : les hommes seuls, les familles, les mineurs ou personnes prouvant être “vulnérables”.
Toutes les personnes, à part les mineurs, auront le choix entre deux régions de départ en CAO. Les personnes devront porter un bracelet de couleur correspondant à leur région de destination, elles seront ensuite triées et regroupées par destination dans des tentes de 50 places. Elles devront déclarer leur identité (nom, prénom, date de naissance).
Chaque fois qu’une tente sera pleine, un bus partira vers les CAO avec à leur bord deux associatifs, un pompier et une personne de la sécurité civile. Salam et la Vie Active seront également présents dans les bus.
Il y aura soixante bus lundi, quarante mardi et trente mercredi.
Les personnes devraient pouvoir rester un mois en CAO, ensuite elles devront confirmer leur demande d’asile en France, ou fuir à nouveau.
Alors que l’OFII promet aux personnes, dont les empreintes ont été prises dans d’autres pays, qu’elles ne seront pas dublinées, nous n’avons toujours aucune garantie écrite de cela. Il y a déjà eu des cas de personnes dublinées, déportées après un départ en CAO.
Les mineurs seront interrogés pour vérifier leur âge. Ces entretiens vont être menés par des binômes associations/ organisations gouvernementales : France Terre D’Asile y participe avec l’OFPRA ainsi que la Direction Générale des étrangers en France et Home Office (UK)
Les personnes reconnues comme mineures à l’issue des entretiens passeront par le Camp d’Accueil Provisoire afin de « traiter leur situation », notamment concernant la réunification familiale. Les mineurs qui seraient obligés ou qui voudraient rester en France seront dirigés vers des CAO mineurs. Aucune info n’est donnée sur la date de leur mise en fonctionnement ni leur localisation.
Des associations collaborent à ce processus. France Terre d’Asile participe à la sélection des mineurs, Salam et la Vie Active seront présentes pour monter dans les bus.
La PASS et La Vie Active continueront leurs activités pendant l’expulsion.
L’entrée du bidonville sera contrôlée, seules les associations accrédités par la préfecture y auront accès. Un point presse sera mis à la disposition des journaliste à l’intérieur du centre de tri, ils/elles ne savent pas encore s’ils/elles pourront accéder au camp.Les associations ont remis des listes de leurs membres.
Les personne ne figurant pas sur ces listes n’auront pas accès à la jungle et sont susceptibles d’êtres arrêtées. Quatre anglais ont déjà reçu des OQTF. Les arrestations des personnes non reconnues par les ONG et les OQTF pour les européens vont sans doute se généraliser. Nous remercions chaleureusement tou.te.s les professeurs qui, sollicités par le ministère de l’intérieur pour aider les forces de police à la traduction lors des garde à vue, ont refusé.
La pression policière augmente de jour en jour sur la zone. Des gazages massifs ont ponctué ces dernières nuits. Il semblerait que des nouveaux gaz (type incapacitant) soient utilisés, provoquant nausées, vomissements, migraines et ayant des effets persistants plusieurs heures, et un nouveau fusil aveuglant, le LDI (« Laser de dissuasion et d’interception »), a fait discrètement son apparition dans l’arsenal des CRS qui seront à la manœuvre à Calais.
Il n’y a pas de destruction de lieux de vie qui soit “humanitaire”. Il n’y a pas tri humain respectant la “dignité humaine.
Choisir entre un centre de rétention et un CAO n’est pas un choix.