Archives mensuelles : novembre 2015

Je/ne/fais/que/mon/travail

« Je puis dire que, conformément à mon serment, j’ai obéi aux ordres que l’on m’a donnés; j’ajoute que durant les premières années, je n’ai eu aucun complexe ni conflit intérieur. J’étais assis devant ma machine à écrire et je faisais mon travail. »

Aucun pouvoir ne pourrait exister s’il n’opprimait pas. Ou mieux formulé, tout pouvoir doit opprimer. C’est dans son essence même d’écraser la liberté de l’homme. Pourtant, ses rouages ne sont pas uniquement composés d’assassins et de dictateurs, de tortionnaires et de militaires. Si l’on convient que la prison, au-delà de toute fonction qu’on pourrait l’attribuer, est un lieu de souffrance où le pouvoir fait peser son plein poids sur l’individu enfermé (personne, même pas le plus tyrannique, ne peut prétendre que la liberté et la dignité de l’homme restent actives à l’intérieur d’une cellule), on doit logiquement la ranger parmi toutes les horreurs très visibles du pouvoir.

C’est l’appareil répressif de l’État : armée, police, frontière, prison.

Mais si on reconnaît le soldat qui exécute les ordres d’aller tuer à son uniforme, les autres rouages du pouvoir ne se distinguent pas forcément en portant le kaki de l’assassin professionnel ou le bleu foncé du défenseur de l’ordre étatique. L’ingénieur, assis derrière son ordinateur, établit des schémas techniques pour un nouveau bâtiment. L’architecte use de toutes ses connaissances en la matière pour créer, depuis le néant, les plans de la nouvelle structure à ériger. Le maître de chantier se charge de l’organisation des travaux, calcule les temps nécessaires, place les équipes des ouvriers. L’ouvrier qui verse le béton, l’électricien qui installe les circuits,… Tous font leur travail. Tous gagnent leur pain. Tous obéissent aux ordres et répondent aux demandes. Tous participeront à la construction de la maxi-prison.

Quelqu’un a posé la formule suivante pour caractériser l’ère contemporaine : « Tout homme a les principes de la chose qu’il possède. » Si on considère que posséder des choses équivaut à l’activité que nous déployons, on comprend que, quelles que soient les circonstances, quels que soient les rapports qui nous entourent et influencent, on ne peut pas se débarrasser définitivement de toute responsabilité dans ce que nous faisons. Ce que je fais caractérise aussi qui je suis. Notre ère mystifie ce rapport entre agir et être. On fait des choses qui ne correspondent, en fin de compte, pas à ce que nous sommes ou voulons être. Cette mystification nous déshumanise, dans le sens où plus on fait des choses qui ne nous correspondent pas, plus on devient comme les choses que nous faisons.

Si on applique ce raisonnement aux attitudes de ceux qui, par leur travail, participent à la construction d’un lieu de souffrance telle que la maxi-prison, on ne peut pas se limiter à tenir les quelques politiciens qui ont décidé qu’il fallait construire la plus grande prison de l’histoire belge comme seuls responsables. Chaque personne qui y participe a sa responsabilité spécifique. De l’architecte jusqu’à l’ouvrier. Oui, même l’ouvrier. Tout en respectant la logique rationnelle, on peut même aller plus loin : si ce que nous faisons nous caractérise, alors celui qui construit une prison prend forcément l’air d’un gardien. La chose qu’il fait, construire une prison, l’influence au point que les principes de la prison (souffrance, torture, privation, dégradation) se reflètent sur lui en tant qu’être.

Si nous combattons la construction de la maxi-prison en proposant de saboter ses rouages, on ne peut donc pas seulement pointer du doigt les engins qui creusent, les bureaux où se font les plans, les camions qui acheminent les barreaux. On ne peut faire autrement qu’établir les responsabilités personnelles si on ne veut pas contribuer, par notre lutte, au renforcement de la mystification déshumanisante dont on parlait. Celui qui participe par son travail à la construction de la maxi-prison sera tenu responsable pour ce qu’il fait. Et cela implique que soit il se décide de refuser d’encore participer à une œuvre qui écrasera des milliers d’êtres humains, soit il prend conscience de sa responsabilité, l’assume et la revendique en continuant à collaborer, s’exposant ainsi à ceux qui sont déterminés à faire tout ce qu’ils estiment cohérent avec leur désir de liberté pour que ce lieu atroce ne voie pas le jour.

D’ailleurs, la citation au début est de Adolf Eichmann, SS Oberstrumbannführer, qui a joué un rôle majeur dans l’organisation des déportations de centaines de milliers d’indésirables (juifs, révolutionnaires, handicapés, tziganes,…) vers les camps de concentration et d’extermination. Un simple bureaucrate qui ne faisait que son travail.
[Ricochets, n. 11, 10/15]

Joyeuse Ardéche : intervention publique devant le monument pacifiste thème [Exodes]….

Reçu par mail:
Il n’y a pas de noms de victimes civiles sur le monument aux morts…. Bonjour à toutes et tous et réciproquement…

Gordes, que ferons-nous ? Aurons-nous point la paix ?
Aurons-nous point la paix quelquefois sur la terre ?
Sur la terre aurons-nous si longuement la guerre,
La guerre qui au peuple est un si pesant faix ? (…)

Première guerre mondiale, des millions de civils sur les routes, dans les trains pour fuir la guerre et son monstrueux lot de destructions de villages, de viols, de déportations, de fusillades arbitraires (entre 5 500 et 6 500 Belges et Français abattus sommairement). Plus de 12 millions d’Européens se trouveront à un moment donné amenés à fuir la guerre, à devenir des « réfugiés ».
Les atrocités commises en Belgique ont jeté un million et demi de civils sur les routes de l’exil. Les Belges sont donc accueillis avec le plus grand égard. Les Français les considèrent comme de véritables martyrs face à la barbarie allemande. Un mouvement de solidarité s’organise un peu partout dans le pays pour les aider. Mais, ensuite, leur présence suscite la convoitise, à cause des bons de ravitaillement privilégiés qui leur sont réservés et des différences culturelles.
Finalement, certains sont vus comme des « Boches du Nord » dans les régions non occupées.

(…) Je ne vois que soudards, que chevaux et harnois,
Je n’ois que deviser d’entreprendre et conquerre,
Je n’ois plus que clairons, que tumulte et tonnerre
Et rien que rage et sang je n’entends et ne vois. (…)

De juillet à Novembre 38, en Espagne c’est la bataille de l’Ebre et avec elle l’accélération du mouvement d’exode des républicains espagnols vers la France. En mars 1939, ce sont 440 000 réfugiés espagnols sur le sol français. Le gouvernement du radical Daladier qui avait auparavant promulgué le décret-loi du 12 novembre 1938 prévoyant l’internement des « indésirables étrangers » jette dans ses camps de concentration les réfugiés exsangues. Saint-Cyprien, Argelès, Barcarès ou le Vernet en Ariège où furent internés 12 000 combattants de la colonne Durruti.
Des mouvements d’extrême droite n’hésitent pas à s’insurger contre les camps de réfugiés à la frontière. Selon eux, point de place en France pour les Espingouins, qu’ils retournent chez Franco.

Mai 1940, des millions de personnes s’enfuient vers le sud. Cet exode jette sur les routes des familles belges, hollandaises et luxembourgeoises (deux millions de personnes) puis françaises (deux millions de personnes également) dès mai 1940, dans un chaos hétéroclite de piétons et de véhicules de toutes sortes, sous la mitraille de l’aviation allemande. Au total, ce sera un quart de la population française qui prendra les routes de l’exil durant la seconde guerre mondiale.

(…) Les princes aujourd’hui se jouent de nos vies,
Et quand elles nous sont après les biens ravies
Ils n’ont pouvoir ni soin de nous les retourner.(…)

Aujourd’hui, pas loin et maintenant, des centaines de milliers, pardon des millions de civils fuient des combats qui ne sont pas les leurs. Dans leurs pays d’origine, de sombres crapules se sont autoproclamés maîtres de la pensée, de la vie et surtout de la mort de toutes et tous. Attisés par l’arrogance des pays occidentaux s’érigeant en gendarmes du monde, fanatisés par ces gourous de la guerre sainte, influencés par des nationalismes revanchards, tentés par l’impunité de leurs crimes, viols et vols, des milliers de combattants ont rejoint le camp de la mort et de l’obscurité. Dans les salons des grandes puissances on se passe le plateau de petits fours en cherchant à tirer le plus de profits possibles de la situation.
Des centaines de milliers, pardon des millions de pauvres bougres se bousculent aux portes de l’Union Européenne. Des colonnes de réfugiés réveillent les vieilles images de 14, 38, 40. Les abrutis sans âge de l’extrême droite, de la droite extrême, des adeptes de la France blanche et chrétienne, des inhumanitaires ressortent les même arguments pour leur refuser l’accès à une sécurité qu’ils n’ont plus.

(…) Malheureux sommes-nous de vivre en un tel âge,
Qui nous laissons ainsi de maux environner,
La coulpe vient d’autrui, mais nostre est le dommage.

Olivier de Magny (1530 – 1561)

La culpabilité vient d’autrui, de tous ces fauteurs de guerre : Etats, religions, nationalismes, capitalisme, impérialisme, … certes.
Mais ne nous disculpons pas pour autant tant que nous acceptons au nom d’un réalisme de survie de refuser d’envisager un autre futur enfin débarrassé de tous ceux qui veulent gouverner nos pensées, nos vies et nos morts.

Ni dieu ni maître. Ouvrons les frontières qu’on respire enfin !

Lutte contre leTAV Lyon Turin. les associations environementalistes sont déboutées par une décision du conseil d’état

lu sur le dauphiné libéré 10/11/2015

Sur la forme, le Conseil d’Etat a estimé que l’enquête publique s’était déroulée dans des conditions régulières, et a écarté toutes les allégations des requérants sur d’éventuels conflits d’intérêt ou défauts d’impartialité de la part des membres de la commission d’enquête. Les juges administratifs confirment aussi que le projet n’avait pas à être soumis à la commission nationale du débat public, puisque ses principales caractéristiques avaient été fixées en 1994 et 1995, avant l’entrée en vigueur de l’obligation d’organiser un tel débat.

La haute juridiction s’est aussi penchée sur la question de fond : le Lyon-Turin est-il pertinent ? Pour elle, la nouvelle liaison améliorera les temps de trajet entre les métropoles lyonnaise et turinoise et permettra le développement du fret ferroviaire, ce qui « se traduira par des gains en termes de sécurité et de réduction de la pollution », indique le communiqué du Conseil d’Etat. « Il ne ressort pas des pièces du dossier que l’aménagement de la ligne existante […] permettrait des résultats comparables », précise l’arrêt.

Plus rien ne s’oppose désormais à la poursuite de cette opération. Quant à la section internationale, entre Saint-Jean-de-Maurienne et Susa, en vallée de Suse, elle est déjà entrée dans une phase opérationnelle, tous les recours devant la justice administrative étant épuisés depuis de nombreuses années. Les travaux se poursuivent, pour l’instant sous le régime des chantiers de reconnaissance, à Saint-Martin-la-Porte, en Maurienne, et à Chiomonte, en vallée de Suse. Le 3 décembre, une nouvelle signature doit intervenir entre l’Union européenne, qui a déjà acté un financement à 40% de cette section, et la France et l’Italie, qui formaliseront à cette occasion leur engagement financier définitif
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la formulation du conseil d’état est claire et nette Ceux qui ont entraîné certaines et certains dans la bataille contre cette nuisance, dans ce chemin avec les environementalistes ( Confédération paysanne, Frapna,FNE,Sud rail….) sont criminelles
A suivre contre le lyon Turin par d’autre voie…, Il nous reste à construire (avec toujours en mémoire les actes des citoyens démocratiquement modifiés) ,et à saboter..L’histoire de la lutte contre le lyon turin de côté ci des Alpes reste toujours à écrire

car peux t’on parler de liberté sans être libre?
contre le Tgv lyon Turin
contre le nucléaire et son monde

Novembre 2015 Attention : l’extrême droite est de sortie !

6 novembre 2015 Ornella Guyet

Ce mois de novembre, beaucoup d’événements d’extrême droite vont avoir lieu sur tout le territoire, avec pour leitmotiv le rejet des migrants. Nous en dressons la liste, qui est appelée à être complétée si nécessaire, ainsi que des initiatives antifascistes qui sont prévues pour les contrer. Nous reviendrons sur les plus importants de ces événements au fil du mois.

Après la manifestation de samedi dernier organisée par des partisans de Poutine d’une part, le rassemblement anti-BHL du Renouveau français devant le Café de Flore le même jour d’autre part1, les actions de Génération identitaire contre un futur village d’insertion pour des Rroms (Lyon, 24 octobre) ou un futur centre d’accueil pour migrants (Arry, Moselle, 27 octobre) ou encore l’attaque d’un meeting du NPA à Angers mercredi dernier, il semble que l’extrême droite tente une nouvelle fois d’occuper le terrain. De nombreux événements liés à ses mouvances les plus dures vont avoir lieu ce mois-ci à Paris, mais aussi en province, en dehors même de l’agitation créée par le FN dans le cadre de sa campagne électorale. Il suffit de se rendre sur le site de Synthèse nationale pour s’en rendre compte.

Week-end des 7 et 8 novembre et jours suivants

Commençons par le week-end à venir, tout d’abord : demain à Paris aura lieu un rassemblement en soutien au gouvernement hongrois de Viktor Orbán, organisé par le Siel. Le même jour, un rassemblement anti-migrants se tiendra à Pouilly-en-Auxois (Côte-d’Or), une ville qui accueille des réfugiés, par le Parti de la France, ainsi qu’à Calais le lendemain à l’initiative du collectif « Sauvons Calais ». Le 11 au soir, c’est l’Action française qui organisera un rassemblement en hommage aux « premiers résistants » en haut des Champs-Élysées, à l’occasion de la journée commémorative de la fin de la Première guerre mondiale.

Samedi 14 novembre

Le samedi 14 novembre sera particulièrement chargé en manifestations et rassemblements de toutes sortes, le plus important de tous étant sans doute le 2e Congrès européen du Gud qui se tiendra à Paris, et qui semble être maintenu en dépit des démélés judiciaires récents du principal leader de cette formation.congrès_européen_gud Comme l’année dernière, y sont attendus des groupes néo-fascistes venus de l’Europe entière et même d’Afrique du Sud. Le même jour, l’impayable Sylvain Baron et sa bande prévoient de manifester devant plusieurs médias dans le cadre d’un « Jubilé des Peuples ». Toujours ce samedi-là, la petite ville de Berzy-le-Sec (Aisne) accueillera un concert de boneheads2 tandis que Pontivy (Morbihan) sera le théâtre d’une manifestation des nationalistes bretons d’Adsav ayant pour mot d’ordre « Immigration : fermons nos frontières ! »

Semaine du 16 au 20 novembre

Le lundi 16, c’est Lyon qui verra débarquer l’archevêque grec-melkite de Homs (Syrie) Jean-Abdo Arbach pour une conférence de SOS chrétiens d’Orient. Le même, qui est sans surprise un partisan de Bachar Al-Assad, sera le lendemain à Versailles. Le 20 ce sera au tour de Toulouse de recevoir un meeting de la Manif pour Tous dans le cadre de sa campagne électorale.

Du 21 novembre à la fin du mois

terre et peuple Un « forum de la dissidence » est prévu le 21 à Paris, à l’initiative de la Fondation Polémia d’Yves Le Gallou, ainsi qu’un colloque « Immigration : stop ou encore » organisé par l’Action française avec le soutien de la Coordination du Pays réel (suivi sans doute d’un autre rendez-vous le lendemain). Le 22, une rencontre avec Carl Lang du Parti de la France aura lieu à Limoges tandis que le 27, Bordeaux verra débarquer le Siel, Riposte laïque, Résistance républicaine et Vigilance halal pour un rassemblement anti-migrants. Le 29, Ce sera au tour de Terre et Peuple d’organiser sa 20e table ronde autour du thème du « Grand Remplacement », de nouveau à Paris.

recopié sous la cendre

Kokopelli ou les illuminés de la petite graine.

L’association écolo Kokopelli, spécialisée dans la vente de semences anciennes, fait l’objet d’une certaine bienveillance dans les milieux de gauche, écologistes et alternatifs. Toutefois, certains propos tenus par son fondateur et président historique, Dominique Guillet, sont pour le moins préoccupants…

En outre, Kokopelli se targue d’être un réservoir génétique accessible à tous. Or la gamme de semences qui figure dans son catalogue ne comporte pas plus de 2300 variétés et pour bon nombre de semences proposées par l’association, l’argument ne tient pas vu qu’elles sont proposées par la concurrence. Et dans ces variétés on trouve majoritairement des tomates des piments et des courges, parfaitement courantes pour la plupart provenant des USA .

A partir de mi-juillet, un communiqué de Kokopelli, association créée en 1999 et engagée dans la protection la biodiversité à travers la vente de semences issues de l’agriculture biologique et biodynamique, a commencé à circuler massivement sur les réseaux sociaux. Il dénonçait une levée de fonds organisée par l’ONG Avaaz pour lutter contre Monsanto qui usurpait, parmi d’autres, le nom de Kokopelli pour légitimer cette campagne. Et en profitait au passage pour appuyer sur le côté plus que douteux de cette organisation entourée de soupçon d’escroquerie. Jusque-là tout va bien. Mais cette mise au point renvoyait à un article plus fouillé intitulé Avaaz : un écran de fumée occultant les bombes libératrices à uranium appauvri, écrit par Dominique Guillet et publié sur le site de l’association le 14 novembre 2012. Si sur le fond certains arguments acerbes envers la très critiquable Avaaz peuvent être recevables et partagés par notre organisation (fatuité de cette forme de «  militantisme  » en ligne et par pétition, motifs discutables des souscriptions, source de financement sujette à caution, salaires mirobolants de ses dirigeants), ce règlement de compte suscite la stupeur en évoquant dès sa première ligne le Graal des complotistes renommé ici «  opération psychologique spéciale dénommé 9/11  » et renvoyant vers le site conspirationniste ReOpen911…

Prose paranoïaque

En poursuivant les yeux écarquillés la lecture de ce salmigondis soi-disant subversif, on tombe sur la prose classique des paranoïaques du complot avec la dénonciation ad nauseam du « Nouvel Ordre Mondial » et l’explication de la guerre en Afghanistan par la volonté de l’Otan de contrôler le marché de l’opium. On n’est pas loin des délires royalo-narcotiques du conspirationniste Lyndon LaRouche et de son préposé français, Jacques Cheminade…

Plus étonnant pour quelqu’un qui se revendique écolo, l’auteur décidément en grande forme s’attaque à «  l’arnaque du réchauffement climatique anthropique  » et nous invite à consulter une série de quatre articles qu’il a rédigés à l’automne 2009 et publiés sur son site liberterre.fr (sic). Mais nous ne sommes pas au bout de nos surprises.


Complotisme et ésotérisme

Circonspect devant tant de divagations, on se penche plus en avant sur le bonhomme  : adepte des théories Gaïa – qui dégénèrent bien souvent en des croyances religieuses New Age débilitantes – Dominique Guillet, qui ne laisse pas de surprendre, se révèle être un fervent disciple et traducteur de John Lamb Lash, gourou américain versant dans l’ésotérisme, inlassable dénonciateur de l’ « intrusion extraterrestre » qui œuvre clandestinement à la destruction de l’humanité et annonciateur d’une menace prophétique qu’il assimile au sionisme en ne ménageant pas ses efforts pour masquer son antisémitisme maladif.

Kokopelli propose également à la vente un ouvrage de Sylvie Simon, écrivaine obscurantiste anti-vaccination décédée en 2013 et de Claire Séverac, auteure antisémite et conspirationniste transitant sur Egalité & Réconciliation d’Alain Soral et que l’on retrouve sans grande surprise également sur le site écolo-confusionniste Mr Mondialisation.

Au début Kokopelli s’appelait Terre de Semences et distribuait des semences issues de l’agriculture biologique à l’intention des jardiniers amateurs. Ces semences n’étant pas inscrites au catalogue officiel cette activité était tolérée, mais illégale. Devant ce fait le législateur a même changé la loi afin de permettre aux jardiniers de se procurer ces semences, en créant « le registre des variétés anciennes pour jardinier amateur ». Mais M.Guillet, le fondateur, ne veut pas de cette loi et créa Kokopelli.

Au passage Kokopelli est soutenue par le professeur Berlan, radicaliste anti-OGM et qui a préfacé le livre de D.Guillet. On trouve comme généreux donateur de cette association « Fondation pour une Terre Humaine » de Jean-Louis Gueydon de Dives, une fondation Suisse qui finance de nombreux projets « écolos » derrière lesquels se cache l’anthroposophie (Demeter, biodynamie, etc,…), à commencer par Terre et Humanisme de Pierre Rabhi. Au passage l’association ne soutient pas plus l’agriculture bio, mais soutient largement l’agriculture biodynamique, suivant la réflexion de l’anthroposophe ésotérique et raciste Rudolf Steiner.

Cette affaire de plus en dit long en tout cas sur le climat politique actuel et la sous-politisation de certains mouvements qui se veulent militants, notamment dans quelques milieux écologistes mystiques, terreau fertile pour le conspirationnisme et porte d’entrée de l’extrême droite.

[Lire la suite sur le site des enragés.]
repris de sous la cendre et de non fides

Maudite soit la guerre.Contre ce monde militarisé , sortons du troupeau

note: A Valence le tract ci dessous circule, malgré cette maudite ville caserne qui accueille lors toutes les cérémonies patriotiques un régiment ( qui a un lourd passé comme a régiment colonialiste) et il y a aussi aussi quelque affiches collées.
Contre tous les nationalismes. Armée hors des écoles publiques.La ville n’est pas un champ de manœuvre pour tous les militaires…. Par bonheur La guerre sociale rugit!
sabotage insoumission totale

contre ce monde militarisé , sortons du troupeau!!

La guerre de 14-18 a commencé des années avant. Bien avant l’ouverture du conflit, il y adéjà une montée de la tension, du nationalisme, du patriotisme, de l’espritva-t-en-guerre, avec un arrière-fond nauséabond de frénésie antiboche. Les temps sont encombrés du soutien à l’armée, et ses « vivelarmistes » défilant dans les rues derrière les bidasses sortant régulièrement des casernes pour parader en cherchant un appui populaire. Un climat délétère instauré bien avant que l’Assemblée nationale ne se colore furieusement de l’unanimisme bleu horizon.

Les libertaires tentent pourtant de batailler contre cette guerre qui vient. Ils prévoient la grève générale pour bloquer l’économie et saboter la logistique d’une déclaration de guerre menaçante. Malgré 600.000 grévistes en 1912, ce sera un fiasco. Le soutien aux désertions, les campagnes antimilitaristes, le financement via le Sou du soldat ont des succès très relatifs. Échec aussi, la campagne contre l’allongement de la conscription, passant de deux à trois ans le temps sous les drapeaux. Durée qui sera, de fait, souvent écourtée sous les bombes, la mitraille ou le gaz moutarde.

Le moins qu’on puisse dire c’est que ces vifs débats internes ont donné lieu à de profondes divisions, voire des plaies impossibles à refermer. Hormis la mort dans les tranchées de nombreux militants mobilisés, l’affaiblissement du mouvement libertaire après la fin de cette première guerre y doit sans doute pas mal. D’autant que ça tombe au moment des procès des « bandits tragiques » et membres de la bande à Bonnot. Ces années n’ont pas brillé par un sens de la solidarité et de franche revendication politique en discréditant au passage les anars individualistes et les illégalistes. Sans parler des choix stratégiques, il y a déjà des dissensions entre réformistes et révolutionnaires, tant chez les anars qu’au sein des syndicalistes révolutionnaires.

Les femmes soient bien peu visibles dans ce travail d’archives puisant dans les journaux et les rapports de police, malgré la grève des ménagères manifestant contre la vie chère sur les marchés lors de l’été 1911.

Trois titres de presse concentrent la trace de ces déchirements, Le Libertaire, La Guerre sociale et La Bataille syndicaliste. On croise ainsi Gustave Hervé, figure du renégat, à la tête du journal La Guerre sociale, anar passé aux socialistes, prônant le « désarmement des haines » qui est en fait le rapprochement de la CGT avec le PS réformiste. Les anars se laissent aussi polluer par le nationalisme, voire l’antisémitisme, la dénonciation des francs-macs qui vire parfois au complotisme.

Ça paraît tomber à pic, ce flashback dans l’histoire, pour repenser le confusionnisme qui baigne notre époque, déjouer les pièges d’un masque « anticapitaliste » bricolé avec un brin d’antisionisme primaire et dévoyé par des Soral et Dieudonné, qui sert en fait la haine antisémite, avec l’extrême droite à la manœuvre. Et l’union sacrée mobilisée contre le terrorisme revêt les mêmes dangers et ardeurs bellicistes que la guerre imminente de ces années du début du siècle dernier.

Paris : 4 mois avec sursis pour l’occupation du centre Emmaüs

brèves du désordre

La solidarité avec les migrant-es condamnée !!

4 mois de prison avec sursis et 1600 euros à verser aux parties civiles ainsi que 200 euros d’amende pour refus de prélèvement ADN, voilà le verdict pour les trois personnes qui étaient venues soutenir des migrant-es en grève de la faim dans un centre d’hébergement Emmaüs et le traducteur . La justice veut faire des exemples et dissuader la solidarité avec les migrant-es.

Depuis plusieurs mois, migrant-es et personnes solidaires luttent pour des logements, des papiers et la liberté de circulation. Manifestations, rassemblements, occupation de bâtiments, de rues, de places… s’enchaînent sans faiblir. En dépit de la répression et des pressions policières, des mensonges médiatiques et des fausses promesses de la Mairie destinées à casser le mouvement, rien ne parvient à enrayer la détermination des migrant-es et des personnes solidaires.

Dans les centres d’hébergement aussi, des mouvements de protestation ont lieu. Le 1er en date, le 4 août dernier, a lieu dans le centre d’hébergement Emmaüs situé dans le centre de rétention de Vincennes. Les migrant-es occupent les locaux et obtiennent satisfaction de leurs revendications : amélioration des conditions d’hébergement et suivi des démarches administratives. Quelques jours plus tard, au centre Pernety le 12 août, les migrant-es sont en grève de la faim car aucune promesse faite par la Mairie, l’Ofpra et FTDA, n’est tenue. Pas de suivi administratif, pas droit de visite, suivi médical aléatoire, pas de cours de français, peu de tickets de métro… Ils et elles prennent contact avec trois personnes solidaires qui viennent constater la situation et tentent de rendre public leur mouvement. Un sit-in dans le hall de l’ancien hôtel a lieu ; le personnel Emmaüs appelle la direction et Bruno Morel (directeur d’Emmaüs) décide qu’il s’agit d’ « une séquestration », appelle la police pour embarquer tout le monde. Deux occupations en quelques jours… pas question de laisser passer. Forces gendarmes mobiles déboulent dans l’immeuble, « sécurisent les lieux » et puis embarquent les 4 personnes extérieures à la structure. Embarquer les migrant-es, ça fait mauvais genre. C’est parti pour 65 heures de privation de liberté et de pressions policières. Pendant ce temps-là, alors même que le personnel d’Emmaüs se refusait à écouter les revendications des migrant-es, le suivi administratif se met miraculeusement en place, la qualité de la nourriture s’améliore. La solidarité n’aura pas été vaine !

A mesure que les campements puis le Lycée Jean Quarré sont expulsés, de plus en plus de migrant-es se retrouvent en centres d’hébergement et en découvrent la réalité. Des lieux où les personnes hébergées sont infantilisées, dépossédées de leur vie où les conditions matérielles sont souvent exécrables. Des lieux de relégation pour disperser, isoler et casser toute organisation collective. Pourtant dans ces centres d’hébergement, les mouvements de protestation se multiplient comme à Place de Clichy ou à Champcueil. Et les travailleurs sociaux y jouent parfois aux flics. Ainsi, au formule 1 de Saint-Ouen géré par le groupe SOS, « entreprise sociale », alors qu’un migrant refuse de quitter le centre et menace de se suicider, un travailleur social ne trouve rien de mieux que d’appeler les flics. Le migrant reçoit deux coups de tazer à bout portant et doit être conduit à l’hôpital.

Place de la république les migrant-es luttent pied à pied contre la pression policière depuis près de 15 jours pour maintenir leur campement. La Mairie voudrait bien les voir disparaître mais ils et elles sont déterminé-es à rester visibles et à se faire entendre. Sur cette belle place toute refaite, leur campement est éminemment dérangeant. Un « désordre visuel » a dit la flicaille. Et bien amplifions donc le désordre ! Et soyons solidaires des migrant-es qui restent debout, ces survivants de la guerre que leur livrent la France et l’Europe, ici à Paris, à Calais, en Méditerranée. Ni la répression et l’intimidation policières ni leurs supplétifs judiciaires n’entameront notre détermination !
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Paris : prison avec sursis pour les trublions du foyer de migrants

Le Parisien | 10 Nov. 2015, 10h08

Les juges ont finalement confirmé qu’il y avait eu « séquestration », le 12 août dernier, dans l’hôtel de la rue Raymond-Losserand (XIVe) transformé pour l’accueil des réfugiés. Trois jeunes militants du collectif de soutien aux migrants La Chapelle en lutte, ainsi qu’un réfugié libyen souvent présent à leurs côtés, notamment pour servir de traducteur, ont été condamnés à 4 mois de prison avec sursis.

Des salariés d’Emmaüs séquestrés

Ce soir-là, le quatuor avait semé la zizanie dans ce foyer accueillant des Soudanais, pris en charge par l’association Emmaüs Solidarité. Appelés par des migrants qui se plaignaient de la lenteur des procédures concernant leur statut de réfugiés et critiquaient leurs conditions d’accueil, les militants avaient empêché l’équipe sociale d’Emmaüs de sortir pendant plus de deux heures.

Interpellés lors d’une opération de police qui avait transformé le quartier en Fort Chabrol, les quatre jeunes risquaient 5 ans de prison pour ce siège improvisé et chaotique, qu’ils contestaient en admettant seulement « un sit-in ». Lors de leur procès, le 9 octobre, le substitut du procureur avait requis huit mois avec sursis pour chacun. « Quatre mois avec sursis, c’est trop pour une simple occupation, mais c’est symbolique et sûrement destiné à faire réfléchir ceux qui envisageraient d’autres actions », estime l’un de leurs avocats. Les quatre jeunes pourraient faire appel. Ils ont deux mois pour en décider.

A propos de Fukushima

A la suite un article de Cécile Asanuma Brice, chercheuse au CNRS. Elle revient sur la situation japonaise depuis la catastrophe de Fukushima, sur les impasses et les options orientées de la recherche, et sur les stratégies criminelles des autorités japonaises qui ne visent qu’à sauver ce monde qui court vers l’abîme. On découvre au passage que bien que le nombre de victimes ne soient véritablement quantifiables, les effets sanitaires sont déjà angoissants, surtout au regard de la chape de plomb dont les autorités nucléaristes, médicales, scientifiques, politiques et économiques tentent de recouvrir la situation. Bien sûr en bon langage expert, rien de tel n’est dit, mais les constats sont là, toujours aussi terrifiants.

Pour rappel et prolonger la réflexion, on peut se reporter au texte de Thierry Ribault, Fukushima : cogérer l’agonie – consultable dans la bibliothèque du laboratoire anarchiste , qui est lui beaucoup plus explicite sur le enjeux politiques de l’après Fukushima. Il s’agit maintenant de définitivement nous apprendre à vivre au milieu de la catastrophe. D’où « l’incitation » au retour des réfugiés en zone contaminées. On peut également jeter un œil sur Les luddites et l’usure du vieux monde, pour saisir à quel point notre soumission durable à un déferlement catastrophique de type Fukushima se prépare bien en amont, dans notre soumission quotidienne à des outils, des gestes et des instruments, comme les compteurs Geiger, la traçabilité, les puces RFID ou la biométrie qui ne visent pas seulement à mesurer les risques que nous encourons quotidiennement, mais également à évaluer notre degrés d’acceptation de ce monde. En nous rendant acteur de la gestion des risques que nous encourons, et qui sont bien évidemment minimisés, nous en venons à effacer les personnes et les processus qui en sont à l’origine. Comme la caméra de vidéo-surveillance gomme l’objet principal de l’insécurité dont elle entend nous protéger, c’est-à-dire le monde qu’elle soutient, pour scruter le suspect ou le déviant, le compteur Geiger, la spectrométrie des rayonnements radioactifs élude la nucléarisation du monde et plonge son analyse et sa culpabilité en chacun et chacune d’entre nous.

Un de sous la cendre.
Fukushima, bilan d’une situation sanitaire inquiétante.

Tant est grand l’irrationnel en cet affaire et par-delà les contradictions qui dépassent l’entendement, simultanément à l’annonce des résultats du groupe de recherche INWORKS (Ionising radiation and risk of death from leukemia and lymphoma in radiation-monitored workers) selon lesquels le risque de mortalité par leucémie ou myélome multiple des travailleurs de centrales nucléaires après exposition à des faibles doses est désormais avéré[1], le gouvernement japonais, avec l’aval de l’AIEA[2], a relevé les doses acceptables pour les travailleurs du nucléaire de 100msv/an à 250 msv/an en cas d’urgence[3].
Pour rappel, cette même norme qui était à 20 msv/an avant l’explosion de la centrale de Tepco – Fukushima Dai ichi a été réhaussée à 100 msv/an après l’accident (pour les travailleurs du nucléaire) et à 20 msv/an pour la population civile. Suite au réhaussement de la norme, lors du seul mois d’août 2015, on compte trois décès parmi les travailleurs de la centrale nucléaire de Fukushima Dai ichi, ce qui porte à 64, selon les chiffres officiels[4], le nombre de travailleurs décèdés des conséquences de leur travail.

Devant la vivacité des prises de position concernant les conséquences sanitaires du nucléaire, nous avons jugé nécessaire de refaire un bref bilan sur le sujet, afin de poser une question des plus candides : le nucléaire est-il dangereux pour l’homme ? Où en sont les enquêtes épidémiologiques sur le sujet ? Qu’avons-nous appris des diverses recherches médicales menées à Fukushima après l’explosion de la centrale en mars 2011 ?

Les effets épidémiologiques du nucléaire : Even INWORKS[5] doesn’t work…

Cette étude, menée par 13 chercheurs en épidémiologie provenant tous de laboratoires distincts, a été rendue publique en juin 2015. Son financement provient du centre de prévention et contrôle des maladies, du Ministère de la santé, du travail et du bien-être du Japon, de l’Institut de Radioprotection et de Sûreté nucléaire (IRSN), d’AREVA, d’électricité de France, de l’institut national pour la sécurité et la santé (USA), du département de l’énergie américain, du service sanitaire et humanitaire des Etats-Unis, de l’université de Caroline du Nord, du ministère de la santé publique anglais. Les financements de cette recherche relèvent donc principalement d’acteurs impliqués directement dans les intérêts du microcosme nucléaire. Néanmoins, les auteurs de cette recherche précisent que les financeurs ne sont à aucun moment intervenus dans la recherche ou dans la rédaction du rapport, leur rôle s’étant limité à l’autorisation d’accès aux données. Cette étude a consisté à suivre non moins de 308 297 travailleurs employés dans un équipement nucléaire depuis au moins un an, pour la France : par la Commission d’Energie Atomique (CEA), AREVA Nuclear Cycle, ou l’entreprise nationale d’électricité (EDF) ; les départements de l’énergie et de la défense pour les USA ; et pour l’Angleterre, les employés de l’industrie nucléaire inscrits au registre national des travailleurs de la radioactivité[6]. La méthode utilisée pour suivre l’état de santé des travailleurs a été la régression de Poisson, ou modèle linéaire de fonctions logarithmiques, qui permet de quantifier les associations entre la dose absorbée par la moëlle épinière, et le taux de mortalité par leucémie, lymphoma (tumeurs qui se développent sur les cellules lymphatiques) ou myelome multiple. Jusqu’à présent les données dont nous disposions provenaient essentiellement de la radiothérapie. On avait par exemple démontré que l’exposition annuelle à des doses de radiations ionisantes était passée de 0,5 mGy par personne en 1982 à 3,0 mGy par personne en 2006 aux Etats-Unis. Ce phénomène a été observé dans la plupart des pays à revenus élevés. D’autres données avaient été accumulées via le suivi épidémiologique des survivants des deux bombes atomiques larguées par les Etats-Unis à Hiroshima et Nagasaki en août 1945. Leur analyse a permis de démontrer le lien de cause à effet entre l’exposition à des radiations ionisantes et le développement de leucémie. Mais ces résultats ne concernaient que l’exposition à des niveaux élevés de radiation. Les auteurs n’évoquent pas les bases de données effectuées et analysées après Tchernobyl. L’étude menée par l’équipe de chercheurs de INWORKS quant à elle, prouve la corrélation entre le risque de mort par leucémie et l’exposition à de faibles doses de radiation, via un suivi des individus concernés sur une période de 60 ans.

La raison au service du devoir de soumission

Mais puisque rien n’arrête ceux qui vont se servir à la boucherie ALARA (As Low As Reasonably Achievable – aussi bas que raisonnablement possible)[7], c’est moins d’évidences épidémiologiques que de « raison » dont nos vies dépendraient. Ainsi, la démagogie en la matière aurait depuis peu remplacé le terme de victime par celui de « personnes affectées » dans ses documents. Ce changement de terminologie, notamment dans les rapports de l’ICRP[8] n’est pas sans conséquence car l’affect, est, en psychologie, ce qui est opposé à l’intellect, et en cela, induirait des comportements qui ne seraient pas rationnellement fondés. En psychologie, l’affectivité est opposée à la cognition, soit aux capacités d’un raisonnement rationnel bien que cette approche dichotomique tende à se nuancer au cours du temps. En outre, l’utilisation du terme d’affect ici renvoie au discours d’une peur irrationnelle d’un danger mal connu (le nucléaire) qui serait à l’origine d’une radio-phobie. Récemment, l’ICRP s’accorde à dire que ce terme de « radio-phobie » dont elle était l’auteur, est déplacé. Il serait, selon leur nouveau discours, normal que les personnes aient peur car elles seraient dans la méconnaissance. Il s’agirait donc de mettre en place un système d’éducation afin de remédier à l’ignorance régnante. Cette logique est néanmoins en contradiction avec celle développée par les mêmes personnes pour appliquer le principe ALARA, soit : « nous ne savons pas, scientifiquement, quels effets sanitaires ont les faibles niveaux de radioactivité, donc on ne peut que faire avec sur place ». Le tout sera donc de trouver la voie pour enseigner ce que l’on ne sait pas… Cela en dit long sur le poids donné à la simple communication en la matière. Par ailleurs, l’étude Inworks a désomrais démontré les conséquences sanitaires concrètes des faibles doses. Ainsi, on peut se demander si la communication mise en place par l’ICRP ne relève pas de l’endoctrinement publicitaire plus que de l’information scientifiquement fondée.

« Faire aussi bas que raisonnablement possible » (ALARA) signifie également, selon Jacques Lochard, que « Le droit au refuge ne peut être une des règles de la radio-protection. Nous devons accepter la situation et faire avec. »[9]. Deborah Oughton (CERAD) complète ces termes prononcés lors du symposium sur l’éthique en radio-protection par « nous devons éduquer les gens aux risques, afin de rendre ce risque plus acceptable ». Le tout est de savoir par qui ce risque devrait être accepté et pourquoi. Ces quelques extraits d’intervention choisis parmi d’autres, nous ont amené à nous interroger sur ce qui est très certainement l’une des préoccupations majeures de nos sociétés aujourd’hui, soit le fait que ceux qui effectuent la prise de risque sont rarement ceux qui reçoivent les bénéfices de cette prise de risque. En cela la situation devient inacceptable pour ceux qui en sont victimes. Cela se reflète concrètement par la déterioration de leur état psychologique et se traduit par un taux de suicide qui augmente de façon exponentielle.

Les effets psychologiques du nucléaire : un retour impossible

Nous avions établi un premier bilan en décembre 2014 du nombre de victimes de cette gestion aussi désastreuse que le désastre lui-même, comptabilisant 1170 décès relatifs à l’explosion de la centrale nucléaire de Tepco[10]. Les résultats d’une enquête récente menée auprès de 16 000 personnes réfugiées par l’équipe du professeur Takuya TSUJIUCHI, directeur de l’institut d’anthropologie médicale sur la reconstruction des désastres de l’université de Waseda[11], montre que plus de 40% d’entre elles sont atteintes de troubles de stress post-traumatique (PTSD). Le professeur Tsujiuchi, interviewé par la NHK le 27 mai 2015, précise que contraindre ces personnes au retour à la vie sur le lieu générateur du désordre psychologique alors même que cet environnement reste instable en raison du taux de contamination et de l’état de la centrale nucléaire en déliquescence, aurait des conséquences dramatiques. Celui-ci précise qu’à la différence des résultats des tests post-traumatiques effectués après des tremblements de terre, il ressort de cette enquête que les victimes ne sont pas confrontées à un simple stress dans la gestion de leur vie quotidienne, mais ressentent une véritable angoisse de mort face à la menace nucléaire. Selon le professeur Tsujiuchi : « aujourd’hui on fait comme si la catastrophe avait pris fin, alors que ça n’est pas le cas. On coupe l’aide au logement, puis, l’indemnité pour préjudice nerveux, puis les compensations financières pour perte de bien… il n’y aura bientôt plus d’aides au refuge. La situation est très dangereuse. »

Les enquêtes épidémiologiques à Fukushima : Il est toujours trop tôt à moins qu’il ne soit déjà trop tard…

Le 8 octobre 2015, lors d’une conférence de presse à Tôkyô au club des correspondants étrangers du Japon, le Professeur Toshihide TSUDA, épidémiologiste de l’université d’Okayama, spécialiste des retombées sanitaires des pollutions environnementales, exprime son désarroi quant à la manière dont les enquêtes épidémiologiques sont actuellement menées à Fukushima. L’université médicale de Fukushima ainsi que la Préfecture elle-même, deux acteurs à la tête des investigations menées depuis 2011, estiment encore aujourd’hui, qu’il est trop tôt pour tirer des conséquences sérieuses des résultats obtenus.

Quels sont ces résultats ?

Le professeur Tsuda et son équipe ont repris la totalité des données rassemblées d’octobre 2011 jusqu’en juin 2015. Soit, l’échographie de la thyroïde d’un échantillon de 370 000 personnes agées de moins de 18 ans au moment des faits. Ils ont mené une étude comparative prenant en compte la moyenne connue de développement de cancer de la thyroïde sur l’ensemble du Japon par classe d’âge par année afin de quantifier le rapport de causes à effets entre la pollution engendrée par les isotopes qui se sont répandus dans l’atmosphère après l’explosion de la centrale et l’accroissement du nombre de cancer de la thyroïde chez les enfants de moins de 18 ans dans la région.

« Si l’on fait une comparaison avec la moyenne nationalement connue, on en déduit, que le taux de cancer de la thyroïde des moins de 18 ans a été multiplié par 50. Dans les endroits où le taux est naturellement faible, on trouve une multiplication par 20 fois du nombre de cancer de la thyroïde. Dans les localités (au plan national) où le taux était le plus faible, nous n’avons pas encore détecté de cas de développement de cancer de la thyroïde. »

Le professeur Tsuda se porte en faux face au rapport de l’organisation mondiale de la santé de 2013 qui sous-estime considérablement les conséquences sanitaires de l’explosion de la centrale de Fukushima. Selon lui, il sera bientôt trop tard pour prendre les mesures qui s’imposent face à une multiplication importante des cancers (il s’agit en particulier de cancers de la thyroïde, de leucémies et de cancers du sein) dans les régions contaminées qui n’ont toujours pas toutes été évacuées, et dans lesquels, bien au contraire, on rappelle les familles réfugiées dites « volontaires » à revenir habiter. Le professeur Toshihide TSUDA a publié le 5 octobre 2015 les résultats de ses recherches dans la revue internationale Epydemiology[12] et les exposera à l’Institut des systèmes complexes (CNRS) à Paris le 9 novembre prochain.

Cécile Asanuma-Brice. (Adjointe au directeur du bureau CNRS Asie du Nord, chercheure associée université Lille-CLERSE, chercheurs associée centre de recherche de la Maison Franco – Japonaise (Tôkyô))

[1] Ionising radiation and risk of death from leukemia and lymphoma in radiation-monitored workers (INWORKS) : an International cohort study, Klervi Leuraud, David B Richardson, Elisabeth Cardis, Robert D Daniels, Michael Gillies, Jacqueline A O’Hagan, Ghassan B Hamra, Richard Haylock, Dominique Laurier, Monika Moissonnier, Mary K Schubauer-Berigan, Isabelle Thierry-Chef, Ausrele Kesminiene, 22 juin 2015.

[2] Agence Internationale à l’Energie Atomique

[3] NHK News, 25 Juillet 2015. 緊急時の被ばく線量 上限引き上げ案を審議

Nikkei, 15 août 2015, 原発作業員の被曝限度上げ、緊急時250ミリシーベルトに 規制委

http://www.nikkei.com/article/DGXLASDG08H1Q_Y5A700C1CR0000/

[4] Journal Nikkan Gendai du 26 août 2015 :

http://www.nikkan-gendai.com/articles/view/news/163113

[5] Ionising radiation and risk of death from leukemia and lymphoma in radiation-monitored workers

[6] dixit : National Registry for Radiation Workers in the UK.

[7] Principe de précaution en matière de radio-protection lorsqu’il y a incertitude sur la relation dose-effet.

[8] Commission internationale de Protection Radiologique. Symposium 2-3 juin 2015 à l’Université Médicale de Fukushima : workshop sur les questions d’éthique dans le domaine de la radio-protection, organisé par l’université médicale de Fukushima et l’ICRP

[9] Prononcé en anglais : « The right of refuge could not be one of radio-protection rules. We have to accept situation and deal with ». Ibid.

[10] Cécile Asanuma-Brice (2014) : Beyond reality: The management of migratory flows in a nuclear catastrophe by a pro-nuclear State, Japan Focus, nov. (en anglais)

[11] Waseda Institute of Medical Anthropology on Disaster Reconstruction.
source: sous la cendre

Calais : pierres vs lacrymogènes, 16 flics blessés près de la jungle

Brèves du Désorde
Calais : 16 policiers blessés dans des affrontements avec des migrants

Francetv info, 09/11/2015 | 11:00

Des heurts entre migrants et forces de l’ordre ont éclaté à proximité de la « jungle », dans la nuit de dimanche à lundi.

Seize policiers ont été blessés dans des affrontements avec des migrants à proximité de la « jungle » de Calais (Pas-de-Calais), dans la nuit du dimanche 8 au lundi 9 novembre. « Vers 23 heures, plusieurs groupes de migrants, jusqu’à 200 personnes, ont tenté de ralentir, voire de bloquer le trafic sur la rocade portuaire de Calais », a indiqué la préfecture du Pas-de-Calais, lundi.

« Ces tentatives se sont poursuivies jusqu’à 1 heure du matin, nécessitant l’adaptation d’un dispositif de sécurité, avec des migrants qui ont jeté divers objets sur la rocade », a ajouté la préfecture.

La police est « inquiète »

Les policiers ont été légèrement blessés par des jets de pierres, auxquels ils ont répliqué en utilisant « presque 300 grenades » lacrymogènes. Le calme est finalement revenu vers 1 heure du matin.

« C’est la première fois que c’est aussi violent et qu’on a malheureusement autant de collègues blessés, a réagi Gilles Debove, responsable du syndicat SGP Police-Force ouvrière dans le Calaisis. On est inquiets. Si un jour on a une révolte au sein du camp, ça va être la folie. »

La « jungle » de Calais accueille environ 6 000 migrants, venus essentiellement d’Afrique de l’Est, du Moyen-Orient et d’Afghanistan. Il leur est devenu extrêmement difficile de rejoindre l’Angleterre en passant par le site Eurotunnel ou par le port, à la suite d’importants travaux de sécurisation.

Laboratoire anarchiste:Après un débat autour de la revue l’inventaire

Note:
Nous avons décidé de publier l’introduction au débat du vendredi 6 novembre 2015 qui a eu lieu au laboratoire…..

« Nous tenons à présenter cette revue aux valentinois-e-s et d’autres personnes de l’agglomération
Ce premier débat va avoir lieu autour de la revue l’inventaire en présence des membres du comité de rédaction
Cela nous permettra de construire un échange et d’échapper à la rhétorique habituelle en opposant ce qui est local à ce qui universel. Il s’agit d’une opposition assez débitrice vis à vis de la logique dominante( la même logique qui sacrifie à un « bien commun », les besoins et les désirs individuels)
Or,ce n’est pas l’universel qu’il faut opposer au local mais plutôt à l’abstrait( « l’abstrait qui objective » disait le graveur poète William Blake)
Dans un monde uniformisé et désertifié par la marchandise et par les infrastructures du pouvoir, habiter et défendre avec orgueil des lieux est devenu une atteinte aux progrès et à ses chantiers infinis.C’est le citoyen (cet être démocratiquement modifié) qui peut vivre partout.Tout comme le « commun » est un mouvement d’attraction entre des individus concrets, l’universel dans la vie des hommes et des femmes est le topique de leurs existences.Dans ce sens , on pourrait dire que les limites de pas mal de luttes, tiennent justement au fait , quelles rien de local, englouties dans les espaces (et les temps ) déterminés par l’État et ses médias.nous sommes faits par les autres, par les arbres et les fleuves, rivières seulement des êtres déracinés peuvent accepter sans bouger toutes les blessures imposées à l terre sur laquelle ils vivent »

Ceci était une courte introduction sur l’actualité des luttes : NDDL, non au TGV Lyon – Turin, contre center parc de Roynon,Non à la THT haute Durance
Mais l’inventaire aborde d’autre sujets par exemple
– critique critique social et critique culturelle
– informatisation à l’oeuvre dans les biblliothéque universitaires
– une usine telle qu’elle pourrait être à partir d’un texte de william Morris
– contre l’école numérique
– contre l’informatisation du service social

En novembre 2015 l’inventaire n°3 la revue l’inventaire disponible
en librairie à la fin novembre 2015
ou à l’Inventaire Quartier la Boissière 07200 Mercuer