Reçu par mail:
Il n’y a pas de noms de victimes civiles sur le monument aux morts…. Bonjour à toutes et tous et réciproquement…
Gordes, que ferons-nous ? Aurons-nous point la paix ?
Aurons-nous point la paix quelquefois sur la terre ?
Sur la terre aurons-nous si longuement la guerre,
La guerre qui au peuple est un si pesant faix ? (…)
Première guerre mondiale, des millions de civils sur les routes, dans les trains pour fuir la guerre et son monstrueux lot de destructions de villages, de viols, de déportations, de fusillades arbitraires (entre 5 500 et 6 500 Belges et Français abattus sommairement). Plus de 12 millions d’Européens se trouveront à un moment donné amenés à fuir la guerre, à devenir des « réfugiés ».
Les atrocités commises en Belgique ont jeté un million et demi de civils sur les routes de l’exil. Les Belges sont donc accueillis avec le plus grand égard. Les Français les considèrent comme de véritables martyrs face à la barbarie allemande. Un mouvement de solidarité s’organise un peu partout dans le pays pour les aider. Mais, ensuite, leur présence suscite la convoitise, à cause des bons de ravitaillement privilégiés qui leur sont réservés et des différences culturelles.
Finalement, certains sont vus comme des « Boches du Nord » dans les régions non occupées.
(…) Je ne vois que soudards, que chevaux et harnois,
Je n’ois que deviser d’entreprendre et conquerre,
Je n’ois plus que clairons, que tumulte et tonnerre
Et rien que rage et sang je n’entends et ne vois. (…)
De juillet à Novembre 38, en Espagne c’est la bataille de l’Ebre et avec elle l’accélération du mouvement d’exode des républicains espagnols vers la France. En mars 1939, ce sont 440 000 réfugiés espagnols sur le sol français. Le gouvernement du radical Daladier qui avait auparavant promulgué le décret-loi du 12 novembre 1938 prévoyant l’internement des « indésirables étrangers » jette dans ses camps de concentration les réfugiés exsangues. Saint-Cyprien, Argelès, Barcarès ou le Vernet en Ariège où furent internés 12 000 combattants de la colonne Durruti.
Des mouvements d’extrême droite n’hésitent pas à s’insurger contre les camps de réfugiés à la frontière. Selon eux, point de place en France pour les Espingouins, qu’ils retournent chez Franco.
Mai 1940, des millions de personnes s’enfuient vers le sud. Cet exode jette sur les routes des familles belges, hollandaises et luxembourgeoises (deux millions de personnes) puis françaises (deux millions de personnes également) dès mai 1940, dans un chaos hétéroclite de piétons et de véhicules de toutes sortes, sous la mitraille de l’aviation allemande. Au total, ce sera un quart de la population française qui prendra les routes de l’exil durant la seconde guerre mondiale.
(…) Les princes aujourd’hui se jouent de nos vies,
Et quand elles nous sont après les biens ravies
Ils n’ont pouvoir ni soin de nous les retourner.(…)
Aujourd’hui, pas loin et maintenant, des centaines de milliers, pardon des millions de civils fuient des combats qui ne sont pas les leurs. Dans leurs pays d’origine, de sombres crapules se sont autoproclamés maîtres de la pensée, de la vie et surtout de la mort de toutes et tous. Attisés par l’arrogance des pays occidentaux s’érigeant en gendarmes du monde, fanatisés par ces gourous de la guerre sainte, influencés par des nationalismes revanchards, tentés par l’impunité de leurs crimes, viols et vols, des milliers de combattants ont rejoint le camp de la mort et de l’obscurité. Dans les salons des grandes puissances on se passe le plateau de petits fours en cherchant à tirer le plus de profits possibles de la situation.
Des centaines de milliers, pardon des millions de pauvres bougres se bousculent aux portes de l’Union Européenne. Des colonnes de réfugiés réveillent les vieilles images de 14, 38, 40. Les abrutis sans âge de l’extrême droite, de la droite extrême, des adeptes de la France blanche et chrétienne, des inhumanitaires ressortent les même arguments pour leur refuser l’accès à une sécurité qu’ils n’ont plus.
(…) Malheureux sommes-nous de vivre en un tel âge,
Qui nous laissons ainsi de maux environner,
La coulpe vient d’autrui, mais nostre est le dommage.
Olivier de Magny (1530 – 1561)
La culpabilité vient d’autrui, de tous ces fauteurs de guerre : Etats, religions, nationalismes, capitalisme, impérialisme, … certes.
Mais ne nous disculpons pas pour autant tant que nous acceptons au nom d’un réalisme de survie de refuser d’envisager un autre futur enfin débarrassé de tous ceux qui veulent gouverner nos pensées, nos vies et nos morts.
Ni dieu ni maître. Ouvrons les frontières qu’on respire enfin !