Paris : 4 mois avec sursis pour l’occupation du centre Emmaüs

brèves du désordre

La solidarité avec les migrant-es condamnée !!

4 mois de prison avec sursis et 1600 euros à verser aux parties civiles ainsi que 200 euros d’amende pour refus de prélèvement ADN, voilà le verdict pour les trois personnes qui étaient venues soutenir des migrant-es en grève de la faim dans un centre d’hébergement Emmaüs et le traducteur . La justice veut faire des exemples et dissuader la solidarité avec les migrant-es.

Depuis plusieurs mois, migrant-es et personnes solidaires luttent pour des logements, des papiers et la liberté de circulation. Manifestations, rassemblements, occupation de bâtiments, de rues, de places… s’enchaînent sans faiblir. En dépit de la répression et des pressions policières, des mensonges médiatiques et des fausses promesses de la Mairie destinées à casser le mouvement, rien ne parvient à enrayer la détermination des migrant-es et des personnes solidaires.

Dans les centres d’hébergement aussi, des mouvements de protestation ont lieu. Le 1er en date, le 4 août dernier, a lieu dans le centre d’hébergement Emmaüs situé dans le centre de rétention de Vincennes. Les migrant-es occupent les locaux et obtiennent satisfaction de leurs revendications : amélioration des conditions d’hébergement et suivi des démarches administratives. Quelques jours plus tard, au centre Pernety le 12 août, les migrant-es sont en grève de la faim car aucune promesse faite par la Mairie, l’Ofpra et FTDA, n’est tenue. Pas de suivi administratif, pas droit de visite, suivi médical aléatoire, pas de cours de français, peu de tickets de métro… Ils et elles prennent contact avec trois personnes solidaires qui viennent constater la situation et tentent de rendre public leur mouvement. Un sit-in dans le hall de l’ancien hôtel a lieu ; le personnel Emmaüs appelle la direction et Bruno Morel (directeur d’Emmaüs) décide qu’il s’agit d’ « une séquestration », appelle la police pour embarquer tout le monde. Deux occupations en quelques jours… pas question de laisser passer. Forces gendarmes mobiles déboulent dans l’immeuble, « sécurisent les lieux » et puis embarquent les 4 personnes extérieures à la structure. Embarquer les migrant-es, ça fait mauvais genre. C’est parti pour 65 heures de privation de liberté et de pressions policières. Pendant ce temps-là, alors même que le personnel d’Emmaüs se refusait à écouter les revendications des migrant-es, le suivi administratif se met miraculeusement en place, la qualité de la nourriture s’améliore. La solidarité n’aura pas été vaine !

A mesure que les campements puis le Lycée Jean Quarré sont expulsés, de plus en plus de migrant-es se retrouvent en centres d’hébergement et en découvrent la réalité. Des lieux où les personnes hébergées sont infantilisées, dépossédées de leur vie où les conditions matérielles sont souvent exécrables. Des lieux de relégation pour disperser, isoler et casser toute organisation collective. Pourtant dans ces centres d’hébergement, les mouvements de protestation se multiplient comme à Place de Clichy ou à Champcueil. Et les travailleurs sociaux y jouent parfois aux flics. Ainsi, au formule 1 de Saint-Ouen géré par le groupe SOS, « entreprise sociale », alors qu’un migrant refuse de quitter le centre et menace de se suicider, un travailleur social ne trouve rien de mieux que d’appeler les flics. Le migrant reçoit deux coups de tazer à bout portant et doit être conduit à l’hôpital.

Place de la république les migrant-es luttent pied à pied contre la pression policière depuis près de 15 jours pour maintenir leur campement. La Mairie voudrait bien les voir disparaître mais ils et elles sont déterminé-es à rester visibles et à se faire entendre. Sur cette belle place toute refaite, leur campement est éminemment dérangeant. Un « désordre visuel » a dit la flicaille. Et bien amplifions donc le désordre ! Et soyons solidaires des migrant-es qui restent debout, ces survivants de la guerre que leur livrent la France et l’Europe, ici à Paris, à Calais, en Méditerranée. Ni la répression et l’intimidation policières ni leurs supplétifs judiciaires n’entameront notre détermination !
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Paris : prison avec sursis pour les trublions du foyer de migrants

Le Parisien | 10 Nov. 2015, 10h08

Les juges ont finalement confirmé qu’il y avait eu « séquestration », le 12 août dernier, dans l’hôtel de la rue Raymond-Losserand (XIVe) transformé pour l’accueil des réfugiés. Trois jeunes militants du collectif de soutien aux migrants La Chapelle en lutte, ainsi qu’un réfugié libyen souvent présent à leurs côtés, notamment pour servir de traducteur, ont été condamnés à 4 mois de prison avec sursis.

Des salariés d’Emmaüs séquestrés

Ce soir-là, le quatuor avait semé la zizanie dans ce foyer accueillant des Soudanais, pris en charge par l’association Emmaüs Solidarité. Appelés par des migrants qui se plaignaient de la lenteur des procédures concernant leur statut de réfugiés et critiquaient leurs conditions d’accueil, les militants avaient empêché l’équipe sociale d’Emmaüs de sortir pendant plus de deux heures.

Interpellés lors d’une opération de police qui avait transformé le quartier en Fort Chabrol, les quatre jeunes risquaient 5 ans de prison pour ce siège improvisé et chaotique, qu’ils contestaient en admettant seulement « un sit-in ». Lors de leur procès, le 9 octobre, le substitut du procureur avait requis huit mois avec sursis pour chacun. « Quatre mois avec sursis, c’est trop pour une simple occupation, mais c’est symbolique et sûrement destiné à faire réfléchir ceux qui envisageraient d’autres actions », estime l’un de leurs avocats. Les quatre jeunes pourraient faire appel. Ils ont deux mois pour en décider.