Archives mensuelles : octobre 2014

Du 13 au 26 octobre, attention aux rafles de sans-papiers dans toute l’Europe

Du lundi 13 au dimanche 26 octobre 2014, une grande opération policière à l’échelle européenne va avoir lieu contre les migrant.e.s. Sous le nom de « opération Mos Maiorum », son objectif est d’arrêter et de contrôler des centaines de personnes afin de collecter diverses informations en vue de renforcer leurs politiques contre l’immigration.

Le nom « Mos Majorum » en dit long sur la philosophie qui sous-tend cette opération : du latin « mœurs des anciens » ou « coutumes des ancêtres » Mos Majorum désigne dans la Rome antique le mode de vie et le système des valeurs ancestrales. Ses cinq fondements sont : – fides : fidélité, respect de la parole donnée, loyauté, foi ; – pietas : piété, dévotion, patriotisme, devoir ; – majestas : sentiment de supériorité naturelle d’appartenance à un peuple élu ; – virtus : qualité propre au citoyen romain, courage, activité politique ; – gravitas : ensemble des règles de conduite du Romain traditionnel, respect de la tradition, sérieux, dignité, autorité. De quoi plaire aux fachos et adeptes de théories sur l’invasion.

L’opération Mos Maiorum est conjointement menée par l’Union européenne (UE), les États membres de l’espace Schengen et les agences européennes Frontex et Europol.

Frontex (Agence européenne pour la gestion de la coopération opérationnelle aux frontières extérieures) est une agence européenne qui depuis octobre 2005 (date de sa première opération) se charge de mener divers opérations de surveillance et de contrôle aux frontières extérieures de l’Europe (principalement au Sud et à l’Est). Des moyens militaires, technologiques et policiers sont mis à sa disposition (navires, hélicos, radars, détecteurs, etc.) par les États membres de l’UE et un budget de plusieurs dizaines de millions d’euros chaque année lui est alloué. C’est le bras armé de la politique migratoire européenne : Frontex organise le blindage militaire et technologique des frontières. L’agence intervient aussi en dehors de l’UE, principalement dans les pays aux frontières extérieurs, pour externaliser les politiques migratoires européennes. Elle organise également des vols charters pour les expulsions conjointes entre plusieurs pays. Des dizaines d’organismes européen et internationaux travaillent avec Frontex : agences internationales de police et de justice, organismes de gestion des migrations et des réfugiés, centres de recherche et de développement en matière de sécurité, etc. (voir deux textes sur Frontex ici et là, et des cartes sur les opérations Frontex ici)

Europol c’est l’office de police criminelle intergouvernemental de l’UE qui coordonne le travail des polices nationales en matière de terrorisme, trafic de stupéfiant et de criminalité organisée. De plus en plus Europol participe aux opérations européennes menées contre les migrant.e.s avec pour objectif affiché de « démanteler les réseaux de passeurs, de trafiquants et les groupes terroristes », fameux triptyque “immigrés, trafiquants, terroristes” qui sous-tend toute la politique européenne dans sa lutte contre l’immigration et qui sert d’épouvantail pour légitimer ses actions. La situation politique actuelle en Irak et en Syrie n’en est que plus profitable pour eux. Une autre opération menée par Europol du 15 au 23 septembre 2014 sous le nom de « Archimède » (à laquelle Frontex participait) et qui visait les groupes criminels internationaux a également mené au contrôle de plus de 10 000 migrant.e.s et aux arrestation de 170 passeurs.

La zone de contrôle va donc s’étendre sur les territoires de 32 pays (les 28 de l’UE plus 4 non membres de l’UE mais de l’espace Schengen) ainsi qu’en mer : de la Norvège à l’Espagne, de l’Islande à Chypre, du Portugal à l’Estonie en passant par la Roumanie. Pour ça pas moins de 18 000 flics et gardes-côtes vont être mobilisés et les coûts de l’opération seront couverts a posteriori par les États et Frontex.
Les zones de contrôle sont laissées à l’appréciation des participants et peuvent donc être très larges : les eaux territoriales, les ports et aéroports, les frontières extérieures et intérieures de l’UE et de Schengen, les gares et les trains, les autoroutes, les transports en commun et la rue, les lieux de travail et les administrations, etc.

Chaque contrôle donnera lieu à une procédure recensant : des informations sur le contrôle (lieu, date, heure, moyen de transport) ; sur les personnes arrêtées (nationalité, sexe, âge, lieu et date d’entrée en Europe) ; sur les routes empruntées, les moyens de transports et la destination finale ; sur les documents en possession, les démarches administratives entreprises et les paiements de passeurs. Un bureau de coordination de l’opération va être mis en place en Italie et chaque procédure lui sera transmise via une adresse mail (gruppo.frontiere@interno.it). Il semblerait que ce genre d’opération devrait avoir lieu tous les 6 mois, sous la coordination du pays qui assure la présidence de l’UE.
En octobre et novembre 2012, une opération similaire avait eu lieu : « l’opération Aphrodite » au terme de laquelle 5 298 personnes avait été arrêtées à travers l’Europe.

C’est à la fois une opération de fichage/recensement puisque des centaines de personnes vont être contrôlées (avec prise d’empreintes, inscription sur les fichiers européens, etc.) mais également une sorte d’enquête à l’échelle Afrique/Asie/Europe pour connaître les nouvelles routes empruntées par les migrant.e.s, les nouveaux pays de départ et de passage ce qui va permettre aux pays européens, en collaboration avec les pays « voisins », de renforcer leur contrôle et de nouveaux dispositifs.

Depuis des années, l’Union européenne, son agence Frontex et les États membre de l’espace Schengen mettent en œuvre des moyens colossaux pour rendre inaccessible l’Europe à celles et ceux qu’elle ne souhaite pas accueillir, avec la collaboration accrue des pays dits « de départ » ou « de transit », à l’Est de l’Europe, au Maghreb et en Afrique. Du système de VISA de moins en moins accessible aux plus pauvres, au blindage des frontières extérieures, la guerre aux migrant.e.s fait rage. En Atlantique et en Méditerranée, les murs de barbelés et de gadgets technologiques de Ceuta et Melilla et la présence militaire et policière en mer rendent les routes de plus en plus longues et dangereuses pour les harragas. Depuis 26 ans, plus de 21500 personnes sont mortes aux portes de l’Europe et le chiffre ne cessera d’augmenter de jours en jours.

Début 2014 le projet Eurosur a été mis en place. Il permet de mutualiser les moyens de surveillance des frontières maritimes déjà existants et d’en mettre d’autres à disposition (drones, radars, satellites, …). Les infos récoltées 24 heures sur 24 sont à la fois centralisées et diffusées de manière à ce que chaque pays puisse suivre une situation en temps réel et prendre les mesures qui s’imposent, c’est-à-dire intervenir afin de « réduire le nombre d’immigrants illégaux qui rentrent dans l’Union européenne sans être découverts. »
Une nouvelle mission appelée « Frontex Plus » va venir renforcer la surveillance au large des côtes italiennes et maltaises d’ici quelques semaines. Demandée par l’Italie suite aux récentes arrivées de harragas sur ses côtes elle doit remplacer « Mare Nostrum » qui touche à sa fin.

Concrètement avec cette opération Mos Maiorum on peut penser que le nombre de rafles va augmenter en région parisienne et dans les grandes villes, notamment dans les transports.

Chaque année des milliers de personnes sont contrôlées, arrêtées, enfermées dans les centres de rétention et expulsées car elles n’ont pas de papiers (en 2012, 43 746 personnes ont été enfermées en centre de rétention et 36 822 personnes ont été expulsées de France, d’après les associations présentes dans les CRA).

Depuis 2005 et la mise en place d’objectifs chiffrés d’expulsion, le nombre de contrôles faciès n’a cessé d’augmenter : dans les transports en commun, les rues, les gares et les trains, aux aéroports, dans les administrations (caf, préfecture), dans les banques, à la poste, sur les lieux de travail (restaurants, chantiers), dans les foyers, etc.

Régulièrement de grosses opérations sont organisées par la préfecture et la police permettant d’arrêter des dizaines de personnes d’un coup.
En région parisienne les quartiers ciblés sont les quartiers populaires du nord est parisien et de banlieue.
Les flics peuvent agir en civil ou en uniforme, par petits groupes ou en masse. La plupart du temps des camionnettes permettant d’embarquer les personnes contrôlées sont garées pas loin.
Ces rafles passent souvent inaperçues tellement nous sommes habitués à l’occupation policière.
Dans les transports elles sont souvent conjointes avec les contrôleurs, ratp ou sncf.

Depuis plusieurs années des groupes de personnes tentent de s’organiser contre ces rafles dans certains quartiers : chaînes d’alerte sms, affichage et diffusion, rassemblements, assemblées de quartier, perturbations de contrôles, présence aux audiences au tribunal, etc. À plusieurs reprises la solidarité avec des personnes du quartier a permis que la police soit contrainte d’arrêter et de rebrousser chemin.

LA CHASSE EST OUVERTE ? EMPÊCHONS-LA !
OCCUPONS LA RUE, INFORMONS, OPPOSONS-NOUS AUX CONTRÔLES.
PAS DE FRONTIÈRES, PAS DE NATIONS, STOP AUX EXPULSIONS !

Les tracts multilingues en PDF sont téléchargeables sur sanspapiersnifrontieres.]

Syrie : L’intifada de Deir Al-Zour contre l’Etat Islamique

ça n’empêche pas la solidarité avec la révolution au  Rojava

 

Contre le régime, contre les réactionnaires, pour la révolution sociale.

 

La révolution syrienne pour la liberté et la dignité ne se bat aujourd’hui pas seulement contre le régime sanguinaire de Bashar Al Assad, mais aussi contre d’autres forces liberticides comme les djihadistes, et en particulier ceux de l’Etat Islamique, qui essayent d’imposer leur vision réactionnaire à la population. L’Etat Islamique, connu localement sous le nom de « Daech » (ex-Isis), s’est spectaculairement renforcé ces derniers mois, surtout après leur invasion de l’Irak. Cela les a amené à reconstituer un « Califat » [1] dans le nord de la Syrie et dans le nord et l’est de l’Irak. Partout où ils apparaissent, les Daech imposent leur loi, commettent des massacres sectaires et d’autres atrocités, emprisonnent et assassinent des révolutionnaires. Il est aussi important à souligner que les Daech ont peu combattu au front contre le régime d’Assad, préférant s’imposer dans les territoires libérés. Ce n’est d’ailleurs certainement pas un hasard si les positions de Daech ont été peu bombardées par le régime syrien, Assad ayant clairement fait le choix d’alimenter un conflit sectaire afin de pouvoir mieux continuer de régner. Pourtant, la résistance et la lutte contre Daech n’ont pas été des moindres. Dans beaucoup de villes, il y a eu des manifestations et des affrontements, des « vendredis de rage contre Assad et Isis » ; beaucoup de milices anti-régime se battent aujourd’hui également contre les Daech. Mais ici, nous voulons à présent raconter ce qui s’est passé dans la province orientale de Deir Al Zour, près de la frontière irakienne. Là-bas, la population locale elle-même a déclenché une insurrection contre les Daech.

Début juillet, lorsque les rivaux islamistes Jabhat al Nousra et Ahrar Al Sham se retirent de Deir Al Zour, la région est aussitôt occupée par les Daech. Autour de la ville, des combats féroces avaient lieu depuis des mois entre des brigades révolutionnaires, les forces islamistes et le régime de Bashar. A la fin, lorsque les bataillons de l’Armée Syrienne Libre ont dû se retirer par manque d’armes et de provisions, c’est l’Etat Islamique qui s’est jeté dans la brèche…

Rapidement, dans toute la région de Deir Al Zour, des manifestations ont été organisées contre l’Etat Islamique. En même temps, de petits groupes d’action partisane connus sous le nom de Kufn Al Abiyyad (« Le Linceul Blanc ») se sont créés pour assassiner des militants de Daech et lancer des attaques contre leurs positions. Ces groupes disposent d’une autonomie maximale d’action et ne se connaissent même pas forcément entre eux. Ils représentent une autre méthode de lutte pour combattre les Daech et le régime : plutôt que des grandes milices qui libèrent et défendent des zones, il s’agit ici de petits noyaux de partisans qui frappent l’ennemi partout où il se trouve. Leurs actions ont jusqu’ici surtout été l’élimination physique de leaders et de militants de Daech, des attaques à la bombe contre leurs bases, des guets-apens contre leurs convois et des jets de grenades contre des rassemblements de Daech. Plutôt que d’actions complexes, il s’agit d’une diffusion assez importante de petites attaques contre les hommes et les structures de la répression islamiste. Dans un de ses communiqués, Kufn Al Abiyyad s’adresse à l’Etat Islamique dans les termes suivants : « Cassez-vous de notre région. Il n’y a pas de place pour vous parmi le peuple syrien qui s’est insurgé contre l’injustice, et pas pour remplacer un règne tyrannique par un nouvel oppresseur. »

Dès le 30 juin, la résistance contre Daech s’est intensifiée après l’arrestation de trois personnes de la tribu de Shoueitat. Les villageois ont alors pris les quelques armes qu’ils avaient encore et ont lancé un appel à l’insurrection contre Daech dans tous les villages et bourgades alentours. Les affrontements on été très durs, mais ce mouvement a réussi à libérer les villages de Abu Hamam, Kishkiyeh et Granij. Dans de nombreuses localités, les bureaux et les postes de Daech ont été incendiés. La résistance des Shoueitat a inspiré d’autres villages à s’insurger, comme à Mayadin, Souwaydan et Albukamal. Le 4 août, les Daech ont repris les zones libérées. Ces guérillas autonomes se sont alors retirées vers Qalamoun, où elles ont formé de nouveaux bataillons sous le nom de Usud al Sharquia (« Les Lions de l’Est »), avec comme but spécifique de combattre l’Etat Islamique et d’ainsi continuer la révolution syrienne. L’insurrection a aussi eu des échos en Irak, dans la province d’Anbar, où dans quelques bourgs et villages, la population locale aurait également chassé les Daech.

Mais vers la mi-août, les Daech ont réussi à réprimer cette intifada populaire. Comme partout, leur arrivée a été sanguinaire et atroce. Au moins 700 habitants de la région ont été décapités en guise de punition collective. Face aux cris de liberté qui gagnent les coeurs et arment les mains, la réponse ultime de tout pouvoir est toujours la répression féroce et le massacre.

Ce soulèvement nous montre que le désir de liberté qui a inspiré la révolution syrienne ne se laisse pas facilement écraser, ni par le régime, ni par d’autres forces autoritaires. Il montre aussi que mêmes dans les pires conditions, la lutte auto-organisée et autonome reste possible, la lutte révolutionnaire contre tous les autoritaires qui veulent étouffer l’élan de liberté.

Si les Etats du monde entier se disent désormais « contre » les Daech, on ne peut certainement pas oublier que ces mêmes Etats sont aussi d’énormes sources d’oppression et massacre. Le combat étatique qu’ils entendent mener contre Daech n’est évidemment qu’un prélude à l’arrivée d’un autre pouvoir encore, qui sera lui-aussi prêt à incarcérer, torturer et massacrer en masse. La lutte pour la liberté ne peut donc être qu’autant contre les Daech, le régime syrien et les forces autoritaires que contre tous les Etats du monde entier.

[Extrait de Hors Service n*46.]

Notes

[1Le terme « Califat » s’applique historiquement aux Etats islamiques dirigés par un leader politique et religieux suprême, le « calife » (ou « successeur » du prophète Mohammed), et où est appliquée la sharia. Le Califat abbasside (750–1258) est considéré comme l’Age d’Or islamique, son règne s’étendait de l’Iran à l’Algérie. Le « Califat » a donc une signification particulière dans le monde islamique, il s’agit bel et bien d’une référence mythifiée à un règne juste (selon la sharia) et avancé.

 

solidarité avec la révolution au ROJAVA

Aux côtés de la résistance de Kobanê ! Ne laissons plus les Kurdes seuls ! Leur lutte est la nôtre !

Le rêve de la fondation d’un Kurdistan libre et indépendant, pour lequel les kurdes dans différents pays luttent, n’a jamais été aussi proche de la réalité que maintenant.

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Kurdistan revendiqué par le PKK, à cheval sur 4 Etats.

Les kurdes, reconnus comme le plus grand peuple sans État dans le monde, représentent une population d’environ 35 millions de personnes. Répartis entre la Turquie (15 millions), l’Iran (9 millions), l’Irak (8 millions), la Syrie (2 millions) et une diaspora en Europe et Asie (1 million).

Sans indépendance, mais pour combien de temps ? Le rêve de la fondation d’un Kurdistan libre et indépendant, pour lequel les kurdes dans différents pays luttent, n’a jamais été aussi proche de la réalité que maintenant. Déjà depuis la chute de Saddam Hussein et leur soutien aux américains, les Kurdes d’Irak menés par Barzani à la tête des Pesmerga (combattants kurde irakien), ont obtenu le statut de Région Autonome dans le cadre de la République d’Irak. En Turquie, après 30 ans d’un conflit meurtrier, ayant causé plus de 40 000 morts, entre le PKK (Parti des Travailleurs du Kurdistan) et l’armée turque, un accord de paix grandement soutenu par la population kurde est en voie. En Syrie, profitant de la déstabilisation du régime du dictateur Bachar el-Assad, les kurdes du Rojava ont commencé la construction de leur autonomie. Prenant ainsi leur indépendance, même vis à vis du Conseil National Syrien (les rebelles) qui ne souhaite pas les reconnaître.

Depuis plus de 3 ans, nous entendons le mot « révolution » proclamé par les pays occidentaux pour parler de tous les conflits qui se déroulent au Maghreb ou au Moyen-Orient. Les médias occidentaux les suivent de près dans l’intérêt de les amener à leur modèle considéré comme exemplaire, celui de la sociale démocratie, capitaliste et néo-libérale. Dans certain cas, pour obtenir de l’influence sur le pays en se débarrassant des dirigeants qui s’opposaient à leur modèles, comme Kadhafi en Libye ou el-Assad en Syrie. Cependant, ces insurrections aboutissent le plus souvent à un simple remplacement de l’autorité détenant la légitimité du monopole de la violence dans le pays. Ce qui distingue une Insurrection d’une vrai Révolution est en ce que cette dernière apporte un changement social, économique et politique.

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En vert foncé : la zone revendiquée par les kurdes

La Révolution au Rojava

En Syrie, depuis le début du conflit qui oppose le gouvernement d’el-Assad aux rebelles syriens (Armée Syrienne Libre, Front Islamique, État Islamique, … ), une véritable Révolution est en marche dans la partie nord du pays, et pourtant occultée par tous les médias et pays occidentaux.
Dans la région du Rojava, profitant de la déstabilisation du pouvoir, les kurdes ont pris le contrôle de leurs territoires et organisent leur propre défense.

Déjà en conflit avec l’État Syrien d’ el-Assad au sujet de l’autonomie du Kurdistan ainsi que pour les campagnes de colonisations et d’assimilation forcées par l’installation de tribus arabes pour dé-kurdiser la région ; les kurdes ne pouvaient pas non plus compter sur l’ASL ( Armée Syrienne Libre ), contrôlée politiquement par la Turquie et formée par la CIA, deux ennemis de la libération du Kurdistan.
Après la décapitation, le 3 juillet 2012, d’un membre des comités de défense du peuple kurde, le PYD (Parti de l’union démocratique), parti majoritaire des kurdes de Syrie, branche locale du PKK, unis aux autres partis kurdes, annonce la formation du Conseil Suprême Kurde, seul autorité légitime sur le Rojava.
Dénonçant tout acte de violence et les activités visant la déstabilisation de la région kurde, l’accord appelle à la Révolution et à la chute du régime. Le co-président du Conseil du Peuple, Abdoulsalam Ahmed, déclare : « Nous sommes pour une révolution populaire par des moyens pacifiques. Le régime syrien doit être détruit et remplacé par un système démocratique. Les droits du peuple kurdes doivent être reconnus dans la future constitution. ».

Le 19 Juillet 2012, les kurdes, menés par le PYD, s’emparent de toutes les institutions du régime syrien dans la ville de Kobanê. Dans la foulée, le PYD prend le contrôle des institutions de la ville d’Efrîn, puis de plusieurs petites villes. Très rapidement, des Assemblées Populaires sont formées dans toutes les villes, et assurent les services jusque-là sous la responsabilité de l’État syrien. Les YPG, les Unités de Défense du Peuple, branche armée du PYD, sont formées. Les assemblées ouvrent des écoles en langue kurde, interdites auparavant, dans toutes les villes sous leur contrôle. Le Conseil Suprême Kurde, prend aussi en main l’économie en s’emparant de la gestion des ressources naturelles : le pétrole dans la région de Qamişlo.

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En vert kaki : zones tenues par les kurdes, on constate 3 zones séparées. (attention la situation évolue chaque jour, cette carte n’est plus d’actualité l’EI ayant remplacé les rebels sur toute la zone Est)

Réorganisation du Kurdistan syrien : construction de l’autonomie démocratique

Suivant les principes de « Confédération Démocratique » définis par Abdullah Öcalan, leader du PKK, le Rojava est divisé administrativement en 3 cantons :
Qamişlo : région la plus à l’est, à la frontière avec l’Irak et la Turquie. Région la plus grande, la plus peuplée 900 000 d’habitants, et la plus riche en pétrole.
Kobanê : région centrale collée à la frontière turc au nord, cernée par l’État Islamique. C’est une région agricole peuplée de près de 500 000 habitants.
Efrîn : région la plus à l’ouest, cernée par l’ASL, l’EI et la frontière turc. Région la plus pauvre, peuplée par 400 000 habitants.

Information très importante, le Rojava n’est pas seulement peuplé de kurdes, des dizaines de milliers d’arabes, d’assyro-chaldéens, d’arméniens et de syriaques y sont très présents, ainsi que leur histoire : villes chrétiennes, vestiges historique propre… Les minorités non kurdes ont le droit de se doter de leurs propres institutions, de parler leur langue, de l’enseigner et sont intégrés aux institutions diverses :il y a une structure multiculturelle et plurireligieuse.
Il faut, pour être honnête, ajouter que ces région ne forment pas un territoire unifié. Elles sont séparées militairement par des zones contrôlées par l’EI ou l’ASL ou l’armée syrienne. Les ponts qui permettent de les unifier, politiquement et militairement, passent par le Kurdistan turc. (voir carte)

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Panneau d’entré de Kobanê en plusieurs langues

Les cantons ont leurs organisations politiques et administratives propre, désignées et organisées par les « maison du peuple » (les assemblées populaires). Ils ont la gestion des écoles, de l’économie, du travail, de la redistribution des ressources et de la défense du canton. Les femmes ont des commissions non mixtes pour travailler sur l’anti-patriarcat et les jeunes ont leurs associations.
Les cantons détiennent les pouvoir législatif, exécutif et judiciaire. Dans chaque commission, il est imposé un quota minimum de 40% femme ou 40% homme. Dans les commissions sociale ou religieuses, sont représentés de manière égales chaque peuple ou religion. Chaque fonction dans les organisations de la société civile et politique sont systématiquement co-présidées par un homme et une femme.

Exemple : Dans le canton de Kobanê, 3 langues sont officielles ont été adopté, le kurde, l’arabe et le syriaque. Les vice-présidents du canton sont un arabe et une syriaque.

Au niveau fédéral, les cantons sont coordonnées au sein du Conseil Suprême Kurde constitué de 10 personnes. L’accord prévoit également trois comités ; des affaires étrangères, sociales et de la sécurité.

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Clergé de la communauté chrétienne dans la région de Qamişlo

Constatant l’échec des social-démocraties occidentales capitalistes à assurer l’égalité sociale, sexuelle et religieuses, le Conseil Suprême Kurde assurent de garantir les droits humains et les libertés fondamentales en se basant sur les préceptes révolutionnaires progressistes. La constitution garantie :
« l’égalité sans discrimination entre les femmes et les hommes dans tous les domaines de la vie, tandis que le travail des enfants, le mariage forcé des enfants et la torture sont interdis. (…) La sécurité, la stabilité, l’enseignement gratuit pour tous les citoyens sont considérés comme un droit fondamental, tout comme le droit au travail, au logement, à la santé et le droit au congé maternité. L’école primaire devient obligatoire. »

Cependant, malgré tout le travail déjà accompli et la preuve de la capacité d’assurer son autonomie, le Rojava n’a aucune reconnaissance politique, ni aucun soutien, sur le plan international. Beaucoup de temps et d’engagement sont encore nécessaire pour l’obtention d’une réelle autonomie démocratique. Mais le Rojava est prise dans une guerre et la Révolution reste à défendre.

Autodéfense du Rojava

Dès le début du conflit en Syrie, les kurdes se dotent de comités de défenses contre les actes de barbaries de l’armée syrienne. Après la Révolution du 19 Juillet 2012, les YPG sont formées. Yekîneyên Parastina Gel ou Unités de Défense du Peuple, est la branche armée du PYD. Elle devient très rapidement l’organisation militaire de défense du Rojava, sous contrôle des cantons.
Les militant-e-s du YPG sont très discipliné-e-s bien recruté-e-s et formé-e-s idéologiquement, ils et elles sont des militant-e-s armé-es et non pas des soldats. Ils ont en peu de temps prouvé leur supériorité sur les forces syrienne et sur l’État Islamique.
La guérilla du YPG est mixte, mais existe aussi une branche non mixte femme : Yekîneyên Parastina Jin (YPJ). YPG et YPJ opèrent ensemble à égalité sur le terrain et représentent une force de plus de 50 000 combattant-e-s (chiffre vu à la baisse pour ne pas dévoiler les stratégies de terrain). Elles possèdent leur propre camps, formatrices et colonnes ; et constitues 30% des forces de la guérilla. Les djihadistes ont vite appris à les craindre car la rumeur, chez eux, veut qu’en mourant tué par l’une de ces femmes, les portes du Paradis leur restent fermées.
Existe aussi au sein des YPG, des colonnes formées uniquement d’arabes et d’assyro-chaldéens.

A partir de l’été 2013, le Rojava subit plusieurs attaques provenant de certains groupes de l’ASL et du Front Islamique ( groupe rebelle le plus fort, mais aussi ennemi de l’EI ) sous contrôles de l’État turc, pour qui le développement du Kurdistan, sur ses frontières, devient inquiétant. En mai de la même année, plus de 700 civils kurdes sont enlevés dans les villages attaqués par le Front al Nosra. Lors d’une prière les leaders djihadistes appellent à la guerre contre les kurdes et déclarent les biens matériels et les femmes kurdes comme « possessions libres ». Le message est donc d’envahir le Kurdistan.
Le Front Islamique devient, à ce moment, un ennemi en plus, et une forte contre attaque est lancée par le YPG, écrasant les forces djihadistes et libérant de nouvelles villes du Kurdistan.

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Membres des YPJ en formation.

Bilan 2013 des YPG, traduit des sites d’information kurdes :
« Selon un bilan de l’YPG, armée kurde constituées de femmes et d’hommes, au moins 376 soldats du régime syriens et 2.923 membres des groupes d’al-Qaida ont été tués par des combattants kurdes au cours de l’année 2013. L’YPG affirme avoir perdu 379 combattants et combattantes dans ses rangs. 
790 soldats et policiers du régime ont en outre été capturés par des Kurdes, avant d’être libérés ou rendus à leurs familles.

Des combattants kurdes ont saisi de nombreuses armes lors des combats : 12 chars, 145 obus de char, 7 panzers, 68 canons anti-aériens, 240 véhicules, 43 véhicules militaires, 27 obusiers, 560 obus, , 35 lance-roquettes RPG et 980 roquettes pour RPG. Mais aussi (…) 2.900 grenades, 78 missiles de différents calibres, ainsi que 578.000 balles de kalachnikov »

Après la prise de contrôle de la rébellion en Syrie par l’EIIL, ce dernier devient le principal ennemi des kurdes. A l’été 2014, forte de ses victoires contre l’armée irakienne qui a abandonné tout son matériel militaire lourd, l’EIIL lance une nouvelle attaque massive contre le Rojava. Ayant transféré en Syrie ces nouvelles armes, tanks et missiles, les milices de l’EIIL assiègent le canton de Kobanê. Après quelques défaites, le YPG soutenu par les militant-e-s du PKK arrivé-e-s par centaines de Turquie, reprennent le dessus en 2 semaines.
A la suite de cette campagne, les YPG et PKK entrent en Irak pour soutenir le Kurdistan Irakien et porter secours au Ezidis, eux aussi cibles des djihadistes. A partir de ce moment là, les Pesmerga de Barzani, le PKK et le YPG se sont mis a combattre ensemble.

A noter que depuis peu, les groupes rebelles salafistes n’étant plus des alliés solides, l’ASL s’est alliée aux YPG pour combattre l’EI.

Le Kurdistan Syrien existe, envers et contre tout. Sans aucun soutien international, il a prouvé qu’il pouvait acquérir son indépendance sans le devoir aux pays capitalistes et le défendre au beau milieux d’une guerre, et cerné d’ennemis. Sans simplement s’arrêter là, il a compris la nécessité de construire une nouvelle société socialiste, féministe et écologiste. La Révolution au Rojava et le concept de « Confédération Démocratique au Moyen-Orient » d’Öcalan, inspiré par les les pensées communistes libertaires, sont une solution pour le Moyen-Orient. En effet, les frontières tracées par les européens après la chute de l’Empire Ottoman, à la fin de la première guerre mondiale, sont devenues obsolètes. Et pas seulement pour le Kurdistan.
A présent que l’EIIL s’est émancipé de la CIA et que, de venu l’État Islamique, il tente de tracer ses frontières, les occidentaux se sont rendus compte de la nécessité de soutenir un nouvel acteur régional. Le Kurdistan irakien, zone la plus stable d’Irak et le Kurdistan Syrien, zone la plus stable de Syrie, mais surtout à l’abri de toutes velléités belliqueuses au nom de la religion, ne prenant parti ni pour les chiites, ni pour les sunnites.
A présent, le Kurdistan, accepté ou non, devient une réalité dans la bouche des dirigeants internationaux. Le question de son existence se pose sur le plan international. Mais étant actuellement divisé, quelle forme prendra-t-il ? Et quel sera sa place dans ce Moyen-Orient en recomposition ?

« Kürt Halk Önderi devrimi askeri başarı, hatta siyasi başarı olarak da görmüyor. Gerçek devrimi toplumsal devrim ve değişim olarak görüyor. Demokratik toplum yaratmak en büyük siyasi devrimdir. Kadın Özgürlük Hareketi ise en büyük toplumsal devrimdir. Bu her iki devrim radikal, demokratik devrimin gerçekleştiğinin kanıtıdır. Bu devrimler de dünyada görülmemiş düzeyde kapsamlı ve derindir. Rojava’da yaşananlar devrim değilse dünyada tek bir devrim yaşanmamıştır. Rojava devrimi toplumsal ve demokratik siyasi devrim olarak Rus, Çin ve Fransa devrimlerinden daha büyük devrimdir. Sadece coğrafya ve nüfus olarak bunlardan küçüktür »
19 Kasım 2013 KCK’den Barzani’ye ’Rojava ve devrim’ eleştirisi

« Le leader du peuple kurde ne voit pas la révolution comme une réussite militaire ou même comme une réussite politique. La véritable Révolution, il la voit comme une révolution sociale et un changement. Créer une société démocratique est la plus grande révolution politique. Le Mouvement de Libération des Femmes est la plus grande révolution sociale. Ces deux révolutions sont les preuves que la révolution radicale démocratique a eu lieu. Ces Révolutions sont à un niveau et une profondeur encore constatés nul part dans le monde. Si ce qui se construit au Rojava n’est pas une Révolution, alors c’est qu’aucune révolution n’a jamais eu lieu. La Révolution politique du Rojava, en étant sociale et démocratique, est plus grande que les révolutions russe, chinoise et française. C’est seulement sur le plan géographique et démographique qu’elle leur est inférieure. »
19 novembre 2013, déclaration du KCK ( Union des Communautés du Kurdistan )

[Affiche] Contrer la totalité de la domination

Depuis des dizaines d‘années le progrès technologique s‘accélère fortement, amenant de nouvelles nuisances telles le nucléaire, les nanotechnologies et les organismes génétiquement modifiés, menaçant à présent la vie sur terre de diverses manières ; par l‘exploitation effrénée des « matières premières », les contaminations irréversibles par les éléments radioactifs, la pollution génétique et les conséquences des nanotechnologies. Surtout, toutes les technologies partagent le potentiel d‘expansion du contrôle sur le vivant, jusqu‘à la domination totale de la civilisation et de ses innombrables structures de pouvoir qui aliènent déjà quotidiennement nos relations.

La révolution industrielle amena à un accroissement de la spécialisation et de la centralisation. La technologie génétique représente un nouveau saut qualitatif dans le développement du contrôle sur l‘agriculture. Les brevets sur les semences de quelques grandes multinationales poussent l‘agriculture dans une dépendance absolue. Avec la destruction de la biodiversité, tout approvisionnement autonome est rendu impossible. Ce qui empêche fondamentalement une perspective vers des communautés libres et décentralisées. Ce ne sont pas uniquement les multinationales et les états qui en portent la responsabilité mais également tous ceux et celles qui croient à leurs mensonges et ainsi soutiennent leur développement.

Un rôle central dans cette tendance destructrice est à attribuer aux scientifiques paré_es de leurs blouses blanches de la « neutralité ». Caché_es derrière la notion de « recherche fondamentale » illes travaillent à la légitimation de la technologie génétique. Les détails de cette recherche ne nous intéressent pas, tant l‘intention des chercheur_euses nous paraît claire : afin de s‘assurer de l‘approbation de l‘opinion publique, on cache des intérêts économiques ainsi que l‘expansion du contrôle sur le vivant, sous le couvert de la sacro-sainte science.

La résistance contre ces nuisances n‘a pourtant pas pu être brisée par ces mensonges, c‘est donc la répression qui a pris la relève. Le nouveau Protected Site à Reckenholz (Zurich), où ont et auront lieu des essais en plein champ de cultures génétiquement modifiées, est surveillé 24h sur 24 par une entreprise de sécurité avec chien de garde, surveillance vidéo permanente et deux grillages massifs équipés de capteurs de mouvement, ce qui équivaut à une forteresse.

Controns l‘avancée vers la domination totale
Faisons sentir aux responsables qu‘ils_elles se trouvent en travers du chemin vers la libération de toute domination

quelques paysan/nes anarchistes

Institut de biologie végétale, université de Zurich

Le prof. Beat Keller de l‘institut de biologie végétale de l‘université de Zurich est l‘initiateur et le meneur des essais en plein champ de blés OGM. Les frais des recherches actuelles sont pris en charge par l‘université.

Agroscope

Agroscope est, en tant que gérant du Protected Site, responsable pour l‘aspect technique, sous la direction de Michael Winzeler. Les essais ont lieu sur leur terrain à Reckenholz (Affoltern, Zurich).

Bouygues Energies & services

L‘entreprise Bouygues surveille 24h sur 24 le Protected Site avec un garde et un chien. Le groupe Bouygues propose des services allant du nettoyage aux télécommunications en passant par la sécurité et est présent mondialement. En Suisse ils ont plus de 30 filiales.

Office fédéral de l‘environnement – OFEV

L‘OFEV est responsable de l‘autorisation des essais en plein champ et co-responsable de l‘ensemencement des plantes génétiquement modifiées.

[Repris de Contrainfo.]

 

 

Sur la nécessité du sabotage contre le nucléaire et son monde

On voit plus clair dans le noir

Fermer les centrales nucléaires, délester le capitalisme et l’Etat

Deux choses importantes

Deux choses auront au moins été tirées au clair par l’acte de sabotage d’une turbine électrique à la centrale nucléaire de Doel en août 2014*. Deux choses importantes, et qu’on n’a pourtant lu nulle part.

Primo. Que si le nucléaire représente une contamination durable et difficilement résoluble, il est quand-même déjà possible de mettre à l’arrêt la production énergétique de ces centrales de mort. La lutte contre le nucléaire n’est pas seulement une lutte contre le fait qu’il soit à l’origine de catastrophes et d’irradiations permanentes, de l’empoisonnement durable de l’environnement, mais aussi contre le fait que l’existence même du nucléaire hypothèque toute perspective de liberté et d’auto-organisation, parce que son entretien et sa gestion impliquent forcément une structure autoritaire et verticale, une structure militarisée.

Secundo. Que le système économique et étatique en vigueur est totalement dépendant d’un flux constant d’électricité, sous peine de paralysie. Usines, commissariats, ministères, transports, administrations : toutes les structures fondamentales de l’oppression étatique et de l’exploitation capitaliste ont en commun leur dépendance à l’énergie. Et quand les choses sont à l’arrêt, quelque chose d’autre peut enfin commencer à bouger.

Contre le nucléaire

 

Les gestionnaires de l’existant jouent avec la peur des conséquences imprévisibles d’une catastrophe nucléaire depuis la construction des toutes premières centrales. Ceux qui habitent autour de ces centrales (et en Europe, c’est en réalité tout le monde) sont dépendants de ses constructeurs pour se protéger contre le déchaînement d’une telle catastrophe technologique. En effet, face à elle, face aux radiations, face aux « fuites », ce sont encore ces mêmes nucléocrates qui ont rendu la catastrophe possible qui déboulent pour « gérer » la situation : plans d’évacuations, soi-disant décontamination, traitement de la centrale à l’arrêt,… Ces spécialistes et leur structure de commandement fort hiérarchisée deviennent alors incontournables. De plus, toute centrale nucléaire produit également des tonnes de déchets radioactifs que ces spécialistes enfouissent tranquillement sous terre en espérant que tout ira bien. Leur radioactivité est désormais partout (à cause des déchets, des radiations, des « petites » sources comme les laboratoires, les hôpitaux, les usines, les bombes à uranium appauvri…), produisant leucémies et cancers, modifiant les structures génétiques des plantes et des êtres vivants, contaminant la planète de façon irréversible.

Se demander pourquoi le nucléaire existe, c’est comprendre les raisons pour s’y opposer fermement. Les centrales nucléaires produisent l’énergie nécessaire aux technologies du capitalisme. Les centrales produisent l’énergie qui détermine les stratégies géopolitiques (comme le font aussi le pétrole et le gaz), modelant ainsi la concurrence et la collaboration entre Etats. Elles produisent la dépendance des gens envers leurs oppresseurs. Elles produisent la soumission aux hiérarchies qui gèrent et maintiennent ce monde. Elles produisent la paix sociale.

Le nucléaire doit donc être arrêté, dans les centrales comme dans la recherche, dans ses applications militaires comme dans ses applications civiles, c’est un pas nécessaire sur le chemin vers la liberté.

Peur

Depuis le sabotage contre la centrale de Doel, les politiciens ont beaucoup évoqué la menace d’un black-out, d’une panne d’électricité généralisée. A entendre leurs paroles, on se croirait à l’aube d’une apocalypse cauchemardesque. Les appels à une « consommation responsable » fusent, mais aussi à préserver le calme et l’ordre. Afin de faire face à une potentielle pénurie, l’Etat a lancé un plan de délestage qui consiste à couper l’électricité aux gens plutôt qu’aux bureaux, usines, commissariats, ministères. L’économie et la sécurité avant tout, il n’y a pas de surprise là-dedans.

Si les politiciens parlent d’un black-out, ils cherchent sans doute à faire peur à la population afin d’obtenir sa soumission. Evoquer une pénurie électrique, c’est effectuer un travail de préparation mentale pour la construction de, par exemple, une nouvelle centrale nucléaire. Jamais n’est posée la question de pourquoi toute cette production d’énergie serait nécessaire. Pourtant, la voracité moderne du capital pourrait peut-être bien être mesurée à travers sa consommation énergétique. Pour ne donner qu’un simple exemple : amener les riches, les eurocrates et les managers en 1h20 avec un Thalys de Bruxelles jusqu’à Paris nécessite une énergie électrique équivalente à ce que cinq ménages bruxellois consomment en moyenne en une année !

Alors, vaincre la peur que le pouvoir cherche à distiller à propos d’un éventuel black-out ne signifie pas pour autant vouloir court-circuiter les hôpitaux et les maisons de repos comme voudrait nous le faire croire l’Etat. L’Etat désigne toute critique, toute action de sabotage contre la dépendance électrique, comme du « terrorisme », tandis que c’est lui qui sème la peur, qui brandit le spectre de la terreur que représentera une belle coupure dans la normalité, qui bombarde et pille des régions entières pour s’assurer l’accès au pétrole, au gaz, aux matières premières.

Il nous faut percer les mensonges de l’Etat. Il dit que nous sommes tous dans le même bateau et qu’il faut alors tous faire des efforts en prendre soin. Mais ce n’est pas comme cela. Nous nous trouvons sur son bateau contre notre gré, ou en tout cas, sans jamais l’avoir vraiment choisi. Enchaînés comme les esclaves des galères d’antan afin de faire fonctionner la machine. Aliénés de la vraie vie, car vu qu’on naît et qu’on meurt dans la coque du bateau, la coque du travail, de l’obéissance, de la consommation, nos yeux n’ont jamais pu scruter l’horizon ou le ciel. Alors, si le pouvoir dit qu’il est terroriste de vouloir faire couler le bateau, c’est parce qu’il veut justement conserver son pouvoir sur les esclaves enchaînés. Alors, c’est à toi de choisir entre rester enchaîné toute une vie ou te libérer en prenant aussi le risque de devoir nager par toi-même ; à toi de choisir entre la soumission et la révolte, entre l’obéissance et la dignité.

Sabotage et paralysie de l’économie

Qu’est-ce que le capitalisme ? La question est complexe et peut être abordée de mille façons différentes, dont nous distinguerons ici trois aspects fondamentaux.

D’abord, il y a le mode capitaliste de production, la production de marchandises. La production est réalisée à travers des structures (l’usine, l’atelier, les machines,…) et de la main d’œuvre (les ouvriers, employés, salariés,…). Le capitaliste génère du profit en investissant dans les structures et en exploitant la main d’œuvre (c’est-à-dire, en les payant moins que ce qu’ils produisent réellement en termes de valeur capitaliste). La chose importante ici, c’est que la production est donc dépendante de l’obéissance de la main d’œuvre, car si cette dernière ne veut pas travailler, la machine ne tourne pas ; et que cette production est aussi dépendante des structures, car une usine dynamitée ne peut rien produire non plus.

Ensuite, il y a le mode capitaliste d’échange, c’est-à-dire la consommation, le commerce, la circulation des marchandises. Pour cela, le capital doit générer des marchés pour écouler les produits, donc créer des besoins ; il doit faire circuler l’argent à travers les banques, les bourses, les investissements, car un euro investi ici ne génère pas le même rendement qu’un euro investi là-bas ; et surtout, ce qui nous intéresse ici plus particulièrement, il a besoin d’infrastructures pour réaliser cette circulation. Des chemins-de-fer et des ports pour acheminer les marchandises, des réseaux de communication pour organiser l’échange et la circulation, des réseaux électriques pour faire tourner tout cela. Le capitalisme est donc dépendant de flux constants, autant matériels (marchandises, main d’œuvre, matières premières, énergie) qu’immatériels (informations, données, résultats de recherche,…).

Enfin, il y a la reproduction du rapport social capitaliste, et c’est peut-être le cœur de toute la question. Les rapports sociaux déterminent la place et le comportement de chacun dans cette société : du riche comme du pauvre, du capitaliste comme du salarié, du policier comme du prisonnier. Mais ces rapports ne sont pas « idéologiques », ils se réalisent dans un espace concret. Le pauvre a sa place dans une cage à poules, le riche dans sa villa. La prison, avec ses cellules, ses murs et ses barbelés, enferme des individus et crée ainsi les rôles de prisonnier et de gardien. Cette reproduction du rapport social coïncide aujourd’hui presque entièrement avec la continuité de la normalité ; en d’autres mots, tant que le train-train quotidien continue chaque jour d’avancer à l’identique, le pouvoir n’a pas à craindre que nous remettions en en question les rôles qu’il nous impose. Et ce train-train quotidien peut être saboté. Il peut être court-circuité.

Si l’ensemble du contrôle, de l’exploitation, de l’oppression dépendent fortement de l’énergie, il est logique que toutes ces petites infrastructures réparties à travers le territoire sautent aux yeux des révoltés : boîtiers électriques, câbles souterrains, transformateurs, câbles de fibres optiques, relais de téléphones portables,… Ces structures sont si nombreuses et disséminées que le pouvoir ne pourra jamais toutes les protéger efficacement contre des gestes de révolte, contre des sabotages diffus et répétés.

Si la pratique du sabotage ne peut en soi pas transformer le rapport social capitaliste et autoritaire, il est par contre certain que tant que la machine continuera de tourner, on ne pourra espérer aucune remise en question de l’existant. L’omniprésence de la domination exige une première rupture dans le cours normal des choses, car c’est uniquement grâce à cette rupture-là qu’on peut espérer avoir un moment à nous, un moment pour réfléchir où nous en-sommes, et pour imaginer un autre monde. C’est étrange, mais quelque part, on a comme l’intuition qu’on y verra plus clair dans le noir…

NdCNE:

*Voir:

*Doel (Belgique) : ouvrir une vanne pour stopper la centrale nucléaire
*Doel (Belgique) : du sabotage de la centrale nucléaire à l’effet domino vers un black out
*(Belgique) Après Doel 4, le parquet enquête sur le possible sabotage d’autres sites
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Sabotages contre le nucléaire et son monde

Si la lutte contre le nucléaire et son monde n’a plus la même force que dans les années 60 et 70, on note pourtant dans plusieurs régions qu’il y a des luttes en cours contre des matérialisations du monde irradié. On pense notamment à la résistance aux transports de déchets nucléaires en Allemagne et en France, à la lutte contre la construction de nouvelles lignes à haute-tension en Normandie (France) et en Catalogne (Espagne). Si ces luttes vont souvent de pair avec des actions directes et des sabotages, le nucléaire n’est pas non plus toujours laissé en paix ailleurs. Nous en avons répertorié quelques exemples récents.

Catalogne (Espagne), juillet 2014. Dans une lettre, des opposants à la ligne à haute-tension MAT, qui reliera les centrales nucléaires françaises avec le marché énergétique d’Espagne et du Maghreb, rendent public de nombreuses actions diffuses et variées qui ont eu lieu pour saboter les travaux en cours. Destruction et sabotage de grues, de bulldozers, d’excavatrices et de véhicules tout-terrain des entreprises qui effectuent les travaux, blocage des routes menant aux chantiers, déboulonnage des pylônes en construction,…

Bessines-sur-Gartempe (France), avril 2014. Le musée de la Mine, propriété d’AREVA, multinationale française du secteur nucléaire, est touché par un incendie nocturne. Ce musée a précisément été installé là où l’AREVA a exploité pendant des décennies une mine d’uranium. L’action intervient aussi après une énième découverte d’irradiation dans la région. Déjà un an auparavant, le 12 juillet 2013, jour de l’ouverture au public du musée de la Mine, un train habituellement utilisé pour le transport de conteneurs d’uranium appauvri destinés à être stockés à Bessines avait déraillé à Fromental, une commune située à proximité. Une éclisse, pièce métallique reliant deux rails, avait été délibérément enlevée, et le sabotage revendiqué par des antinucléaires.

Contentin-Maine (France), décembre 2013. Des sabotages de pylônes en construction sont revendiqués : « Electricité de France (EDF) érige une nouvelle ligne THT (Cotentin-Maine) en vue d’écouler l’énergie du futur réacteur « EPR » de Flammanville. Ceci marque la poursuite du programme nucléaire français. Nous nous y opposons, agissons et le sabotons en son point faible, son réseau de distribution. Il y a quelques jours, plusieurs pylônes de la ligne ont été déboulonnés. Tant que le nucléaire s’étendra, nous saboterons. »

Saint-Mihiel (France), octobre 2012. Trois portes d’un barrage de régulation de la Meuse ont été sabotées. 40.000 m3 d’eau se sont vidés, laissant deux bateaux de plaisance sur le flanc et faisant une vague de deux mètres de haut. Le ou les saboteurs ont dévissé les flexibles d’huile des énormes vérins hydrauliques qui commandent deux des trois portes du barrage. Après réparation, le niveau d’eau est revenu à la normale. La Meuse est particulièrement surveillée parce que ses eaux en aval servent notamment au refroidissement de la centrale nucléaire de Chooz, dans les Ardennes, qui doit être stoppée dès que le débit n’est plus assez important.

Publiés dans Hors-Service n°46 (septembre 2014)

Le numéro au format PDF

Russie : Mise à jour sur l’ anarchiste Ilya Romanov

Les compagnons de la Croix Noire de Moscou nous ont fait savoir que la santé l’Ilya Romanov s’améliore, surtout que sa main blessée par l’explosion de l’engin ne lui fait plus mal comme ces derniers mois.

 
Par rapport à sa situation judiciaire on ne peut pas en savoir beaucoup étant donné que les enquêteurs n’ont donné les documents de l’instruction ni à Ilya ni au juge. On pourra avoir un compte-rendu complet sur sa situation judiciaire qu’à la fin des investigations. Les enquêteurs sont en train de monter une affaire « terroriste », et pour ce faire ils cherchent à prouver que des textes trouvés sur un ordinateur d’un ami d’Ilya sont les siens, créant ainsi une base à l’accusation de « terrorisme ». Les compagnons tentent de démonter cette accusation avec un expert linguistique qui devrait rechercher la non-appartenance du texte à Ilya. Une autre chose que font les enquêteurs est de reconstruire tout le parcours de lutte d’Ilya pour argumenter leurs thèses, par exemple ils utilisent une déclaration faite par lui suite à la dernière libération en Ukraine après une arrestation il y a quelques années, mais c’est seulement des mois plus tard qu’ils l’utilisent comme « preuve » contre lui par l’intermédiaire des spécialistes qui devraient confirmer son « extrémisme politique ».

Ilya n’a encore fait aucune déclaration par rapport à son affaire, mais il a écrit divers articles en russe que nous essayerons de traduire au plus vite. Les compagnons de Moscou ont beaucoup de difficultés pour communiquer avec lui, mais il nous font savoir qu’il fera une déclaration dès que le procès commencera.
Pa rapport à certains doutes sur l’intégrité de l’idéal anarchiste d’Ilya exprimés par certains compagnons, nous avons demandé des éclaircissements aux compagnons de Moscou. Eh bien ces compagnons ont nié que dans le passé ou le présent de lutte d’Ilya Romanov il y ait eu des positions pro-UE ou nationalistes, au contraire dans ses textes son anarchisme a toujours été clair.

Enfin, nous remercions tou-te-s les compagnons et compagnonnes qui ont participé activement à récolter des fonds ces mois-ci. Notre activité en solidarité avec Ilya Romanov continuera encore.

Des anarchistes de Trento et Rovereto

Le numéro de compte Postepay sur lequel verser l’argent a changé, voilà le nouveau numéro :

4023-6009-0884-9823
au nom de Luigia Cecchin

[Traduit de l’italien par nos soins de Informa-azione.]

Mettons les nucléocrates hors d’état de nuire

le 24 mai 20013 le décret d’utilisation du triflorure de chlore a été signé par le premier ministre et sa ministre de l’écologie
L’installation Eurodif (pour European Gaseous Diffusion Uranium Enrichissement Consortium) rebaptisée après l’assassinat d’un gestionnaire d’Etat « usine Georges Besse », est la propriété du groupe Eurodif Production (filialed’Areva). Elle est située sur le site nucléaire du Tricastin, où elle a été construiteà la fin des années 70 pour produire l’uranium enrichi consommé par les centrales nucléaires françaises ainsi que par une partie des centrales d’Europe occidentale et du monde (Japon, Afrique du sud, Chine, …). Eurodif fournit une centaine de réacteurs, soit à peu près le quart de la production nucléaire mondiale.
Son principe de fonctionnement, que nous allons décrire, est simple mais très
consommateur d’énergie : en moyenne 3 des 4 réacteurs nucléaires de la centrale du
Tricastin servaient à sa consommation électrique, c’est à dire que cette usine était la plus
grosse consommatrice d’électricité de France. Le principe mis en oeuvre à Georges Besse
est basé sur la mise en place d’un grand nombre de barrières poreuses, au travers
desquelles passe du fluorure d’uranium gazeux, de façon à l’enrichir au fur et à mesure. A
l’époque, cependant, une autre technique d’enrichissement de l’uranium avait été
développée, utilisée notamment en Russie, au Pakistan et aux Pays-Bas : la méthode par
centrifugation. Cette technologie, si elle n’avait pas un brevet français, avait néanmoins cet
avantage de consommer 50 fois moins d’électricité. Eurodif Production a fini par racheter ce
brevet il y a quelques années et a construit Georges Besse 2, nouvelle usine à
centrifugeuses sur le site du Tricastin. . Georges Besse a été arrêtée et le démantèlement
de ses structures gigantesques est en préparation. L’usine va être déconstruite, de façon
notamment à récupérer ou recycler ce qui peut l’être : par exemple l’acier utilisé dans les
colonnes de diffusion (soit environ 130 000 tonnes).
Mais voilà le hic : l’uranium étant radioactif les parties de l’usine contaminées par celui-ci sont des déchets radioactifs, et ne peuvent donc pas être recyclées ou mises dans des décharges « normales ». Notamment ces 130 000 tonnes d’acier, ainsi que les barrières poreuses métalliques (pas loin de 30 000 tonnes de métal), sont « imprégnées » par quelques centaines de tonnes d’uranium. Areva cherche donc à récupérer à tout prix cet uranium, pour plusieurs raisons :
– Limiter le volume des déchets
– Récupérer les 300 tonnes d’uranium « coincées » et « partiellement enrichi[es] » dans les cascades et tuyaux des installations.
Le Directeur d’Areva Tricastin souhaiterait même que l’acier, une fois traité, soit recyclé sous forme de clous, de châssis de tracteur ou de poutrelles(construction métallique), par exemple ce qui permettrait de le revendre au lieu de payer pour s’en débarrasser. (Une augmentation déguisée de plus du bruit de fond de la radioactivité naturelle.)
– Enfin il y a un enjeu économique à moyen terme : l’entreprise Areva veut montrer sa soi-disant « expertise » en termes de démantèlement d’installations nucléaires, afin de se placer sur le terrain du démantèlement et des futurs marchés qui se profilent dans le monde entier,compte tenu l’âge de la première génération de centrales.
Pour récupérer cet uranium, Areva va utiliser un produit d’une dangerosité et d’une toxicité peu commune : du trifluorure de Chlore (CIF3). Là dessus les responsables du Tricastin sont très discrets, et pour cause ! Ce produit est très fortement corrosif pour les tissus humains et pénètre par la peau dans l’organisme, où il est extrêmement toxique pour le système nerveux. Il peut aussi produire facilement des acides chlorhydriques et fluorhydriques, qui sont des poisons très agressifs particulièrement pour les poumons. Par ailleurs, le CIF3 explose avec l’eau, et brûle à peu près tout, souvent sans avoir besoin d’ignition. Sa combustion dégage des produits fluorés très toxiques. Comment peut-on faire pour l’éteindre alors ? L’amiante et les produits « étouffants » n’ont pas d’effet. Pire encore, un feu de ClF3 ne peut pas être éteint par du sable car celui-ci brûle aussi ! Il semblerait qu’il n’existe pas de solution à ce problème. Pour citer un chercheur américain qui avait travaillée sur les carburants pour fusée, et notamment sur ce produit : « je ne connais
qu’une solution : prévoir de bonnes chaussures de sport, et courir vite ! ». Enfin le trifluorure de Chlore attaque aussi le béton : lors d’un accident industriel où un fut de ClF3 s’est renversé, le produit a traversé environ 30 cm de béton.
Bien sûr le CIF3 est déjà utilisé dans l’industrie, notamment sur la plate forme comurhex du Tricastin, mais en faible quantité, de l’ordre du kilogramme [1]. Mais là, ce seront environ 50 tonnes par an qui seront produites, pour récupérer l’uranium
Évidemment, on nous promet que tout se passera bien, et les institutions préparent des plans en cas d’accident, qui servent essentiellement à rassurer tout le monde, à commencer par les décideurs et les technocrates eux-mêmes. Mais comment peut-on être sûr d’avoir tout pris en compte ? Que feront les pompiers face à un incendie que rien ne peut éteindre, et qui peut leur brûler les poumons ? C’est la même chose que le sodium utilisé dans les surgénérateurs, qui s’enflamme spontanément à l’air et dont on ne sait pas éteindre le feu. Sa récupération est
extrêmement compliquée, et une explosion de sodium a fait un mort en 1994 lors du démantèlement du premier surgénérateur français.
La seule bonne solution consiste, à notre avis, à se poser la question de l’utilité de toutes ces usines nucléaires afin de stopper leur fuite en avant destructrice. Les usines du Tricastin (comurhex II) manipulent quotidiennement des produits radioactifs, très toxiques (les 50 tonnes annuelles de ClF3n’en sont finalement qu’un exemple extrême), et tout ça pour quoi ? Produire toujours plus d’électricité, pour produire un monde nocif pour ses habitants et la planète entière.
Toute cette énergie vise avant tout à nous soumettre à un mode de vie et à un monde que nous n’avons pas choisis, à nous faire accepter des décisions qui nous ont été imposées, et dont le nucléaire est l’illustration parfaite.
L’énergie atomique sert les intérêts de l’État et des capitalistes, peu importent pour eux les dangers qu’elle fait peser sur nos têtes. Ainsi l’industrie nucléaire s’est toujours illustrée en produisant et utilisant les poisons les plus toxiques jamais inventés par l’humanité, dont le CIF3 fait partie.
Il fallait bien faire à Eurodif un peu de publicité citoyenniste, c’est ainsi que nous avons vus une petite protestation des élus d’EELV dans le quotidien local contre l’utilisation ( dauphiné libéré du 13 mars 2012 ) du CIF3.
Personne ne doit oublier que l’expérience de Fukushima nous montre sans risque d’erreur qu’en cas de catastrophe les autorités ne pourront rien faire d’autre que de nous « aider » à vivre en zone contaminée, c’est-à-dire, de nous empêcher d’en partir [2].
Nous, nous ne sommes pas des lanceurs d’alerte. Nous ne participons pas à l’acceptation d’une décision ni à une quelconque manipulation de l’État pour faire accepter des choix politiques qu’il a déjà faits. On se déferra du nucléaire qu’en s’en prenant aux fondements du monde qui l’a produit.Nous ne serons plus jamais des cobayes . Après les désastres encore en cours de tchernobyl et fukushima une immense colère parcours le monde Bien que nous ne soyons que des fourmis face à leur grandiloquence et leur mégalomanie, nous n’avons pas envie de baisser les bras et tenons, coûte que coûte, à faire savoir que nous ne nous condamnons pas à la soumission et tiendrons, malgré eux, notre liberté et nos rêves.
Nucléocrate sers-toi de ta cravate
Août 2013.

des anarchistes C/O lelabo@riseup.net

[1]. Bien sûr nous sommes opposés à toute utilisation de produits aussi toxiques que le ClF3. Cependant, les
consommations sont en général de l’ordre de quelques kilos, ce qui est très loin des quantités astronomiques prévues au
Tricastin
[2] Voir le documentaire Fukushima une population sacrifiée documentaire de D. Zavaglia visible sur dailymotion