Archives de catégorie : General

Le Carnaval de la Plaine régénère – Dimanche 10 mars 2019

Ce dimanche 10 mars, le carnaval de La Plaine fêtait ses 20 ans dans un contexte de revalorisation urbaine de la place Jean Jaurès, d’effondrement d’immeubles insalubres de la rue d’Aubagne ayant causé la mort de huit personnes. Cette fois, « la fête était mêlée de joie et de colère » (France 3, 10.03.2019).

Le parcours du carnaval a été modifié, passant par la Canebière et la Porte d’Aix. Au niveau de la Porte d’Aix, le « caramantran » à l’effigie du maire, Jean-Claude Gaudin, qui symbolisait toute la protestation des carnavaliers, a été brûlé au milieu de la place.

Un peu plus tard, toujours Porte d’Aix, entre 100 et 150 personnes, selon La Provence, se sont opposés aux forces de l’ordre, l’Arc de Triomphe a été tagué sous tous les angles, des poubelles ont été incendiées, la vitrine d’une banque détruite. Parmi les slogans, on pouvait lire: « On s’occupe de Gaudin, puis on va chercher Macron aussi », « Gaudinflammable« , « Plutôt voyou que poukave » ou encore « Sous les masques, on est sauvages » (cf en fin d’article, et une surprise pour l’Eglise Notre-Dame du Pont…).

C’est plutôt du côté de La Plaine, plus tard dans la soirée, que la situation est devenue sauvage et incontrôlable: alors que plusieurs individus lançaient l’assaut du chantier de la place Jean Jaurès (faisant céder la grille d’entrée) et s’affrontaient aux CRS (arrivés rapidement sur place pour épauler les vigiles) en érigeant et incendiant des barricades et affrontements, d’autres ont saisi l’occasion pour secouer la normalité de ce quartier en proie à toujours plus de spéculation des riches. Des caméras de surveillance de la place ont été sabotées. A un pâté de maison de la place où se déroulaient les affrontements, la devanture d’une banque est défoncée. À proximité immédiate des travaux, en haut de la rue Ferrari, une société d’assurance a quant à elle été saccagée. Les vitres de l’agence ont volé en éclats, tout comme le mobilier à l’intérieur. (« Sans doute l’acte de vandalisme le plus symbolique avant une série de dégradations en tout genre. À commencer par les incendies de containers poubelle », commentera le torchon La Provence, 12 mars 2019).

Au total, entre 7 et 8 personnes ont été interpellées pour « violence contre les forces de l’ordre », d’après plusieurs médias locaux. Toutes ont été placées en garde à vue.

Sur les murs de l’église Notre-Dame du Mont (photos prises lors du Carnaval) …

merci Sans_Attendre

 

Turin (Italie) – Procès Scripta Manent : Déclaration du compagnon Gioacchino Somma

procés scripta manent


Croce Nera Anarchica / vendredi 8 mars 2019

Deux ans après le début de ce procès qui me voit inculpé, avec mes compagnons, frères et sœurs anarchistes, et après avoir laissé parler et raconter, avec une fantaisie maladive qui ne surprend personne, le Procureur ci-présent, aujourd’hui plus que jamais je réaffirme avec plus de force encore le fait que je suis anarchiste, individualiste et pour l’insurrection.
Le fait d’avoir lu des milliers de pages de dossiers judiciaires, écrits à plusieurs mains par les différents inquisiteurs de Turin et Naples, a fait grandir encore plus en moi la conviction qu’il vaut mieux avoir parfois des problèmes avec la justice, plutôt qu’être d’accord avec vous.
Je garde mes idées, que vous n’aimez pas parce qu’elles visent la destruction de tout ce qui a à voir avec votre monde misérable.
Si j’avais pu choisir, je ne serais jamais né, mais d’autres ont choisi pour moi et il ne me reste que vivre dans ce monde à ma façon. Je ne ferai jamais partie du troupeau auquel vous dictez le chemin du pâturage… Je suis diffèrent, je préfère quitter les sentiers et marcher avec les loups.

Coupable ou innocent ?
Non, merci. Je vous laisse ce sale petit jeu.
Je suis anarchiste, donc votre ennemi pour toujours !
Je suis à côté de mes frères et sœurs, que vous gardez enfermés dans vos bagnes d’État. Je suis solidaire et complice d’Alfredo, de Nicola, d’ Alessandro, de Danilo, de Marco, d’Anna, de Valentina et de tous les anarchistes détenus pour d’autres affaires dans tout le monde… de l’Amérique du Sud à la Grèce !
Ça ne sera pas la menace du couperet d’une condamnation qui pend sur ma tête qui m’éloigner d’eux.

Ça m’a blessé de ne pas pouvoir leur écrire pendant ces deux années, mais j’avais décidé de ne plus jeter des perles aux pourceaux… et que ce soit clair que les pourceaux ce ne sont pas mes frères et sœurs prisonniers, mais ceux qui m’ont filé pendant six ans, ceux qui ont ordonné de placer un micro dans ma chambre et ceux qui écoutaient tout ce qui se passait dans cette chambre. Heureusement j’avais bouché l’œil de votre Agent Elena chéri, cette merde qui végète encore aujourd’hui dans mon ordinateur. J’espère de ne vous avoir offert du matériel que pour vos « branlettes mentales » et rien d’autre…
Pour moi, c’est un compliment d’être défini « terroriste » par un État qui, à travers son bras armé, assassine dans ses commissariats, dans ses casernes et dans ses prisons ; qui est, depuis toujours, la façade légale de la Mafia, de la Camorra, de la ‘Ndrangheta et de la Sacra Corona Unita, en plus d’être l’auteur de massacres dans des places, dans des trains, sur les avions et qui, dernièrement, fait couler des bateaux chargés de personnes qui abandonnent les endroits où elles sont nées à cause des guerres que l’Occident a porté dans leurs pays.
Oui, je veux subvertir tout cela !

Comme je l’ai déclaré au début de ce procès, je revendique comme mien et seulement mien le projet de RadioAzione, sur le site duquel j’ai publié tous les textes avec lesquelles je me sens affin, complice et solidaire. Je revendique les textes signés « RadioAzione » comme miens et je confirme que je pense encore aujourd’hui ce que je pensais à cette époque-là. Je revendique chaque mot dit à la radio. Je revendique la volonté de traduire des textes de revendication d’actions directes menées par des compagnons anarchistes dans tout le monde. Parce que je suis pour l’action directe ! Je revendique le fait d’avoir traduit les textes des compagnons anarchistes enfermés dans les bagnes de tout le monde. Je revendique le fait d’avoir soutenu, d’avoir collaboré et d’avoir organisé des rencontres pour Croce Nera Anarchica. Je revendique le fait d’avoir toujours soutenu les compagnons détenus, même avec des initiatives pour leur soutien économique. Je revendique d’être anti-autoritaire, individualiste, pour l’insurrection, pour la destruction de ce monde sale et fétide et pour la destruction de l’État-Capital !

Toujours votre ennemi !
Pour l’Anarchie !

Gioacchino Somma

 traduit par Attaque

Valence , Drôme:Rappel,rencontre discussion autour de l’ouvrage « Ma peste de vie » le 14 mars

A la demande d’un compagnon qui est passé , on publie ce rappel avec l’affiche prête à circuler en pièce jointe


Rencontre & discussion autour du livre Ma peste de vie autobiographie de Claudio Lavazza le jeudi 14 Mars à 19h30 au laboratoire anarchiste 8 place Saint jean 26000

Si au laboratoire anarchiste avec notre intérêt pour toute les montées à l’assaut du ciel, des exploité-e-s qui font l’Histoire c’est bel et bien au présent que nous entendons parler d’une des personnes de l’autonomie italienne

Suite au transfert de l’anarchiste claudio Lavazza vers une prison française en août 2018 devra affronter un procès à Paris pour le braquage de la banque de France à saint Nazaire en 1986 . pour cette inculpation claudio avait été condamné par contumace à 30 ans de prison..

Claudio Lavazza a déjà passé 24 ans derrière les barreaux en Espagne où il a participé activement aux luttes contre les modules d’isolement mortifères Fies

A21h repas avec boissons à prix libre

qui sera suivi d’une projection ,avec la présence de l’interlocuteur de claudio, d’un film réalisé lors d’un interview téléphonique de claudio Lavazza

une caisse de solidarité aux anarchistes incarcérés sera mis en place avec une discussion.

Pour écrire à Claudio (il parle italien, espagnol et français) :

Claudio Lavazza
n° 445097 (D5-2G-₵44)
MAH de Fleury-Mérogis
7, avenue des Peupliers
91700 – Fleury-Mérogis

Affiche prête à circuler en PDF

Munich, Allemagne : Siemens crame en solidarité avec les prisonnier.e.s de Turin et de Zurich – 1er mars 2019

Le 1er mars 2019, deux voitures de Siemens ont été incendiées à l’est de Munich. Destruction totale.

Le rôle de Siemens a déjà été évoqué en détail en d’autres circonstances [1].

Contre la guerre, les frontières, la domination et l’exploitation.
Force et courage aux arrêté.e.s à Turin et à Zurich.

[Traduit de l’allemand de Deutschland Indymedia, 09.03.2019]

NdT:

[1] Divers communiqués ont déjà parlé des activités de Siemens, qui s’implique dans les technologies du contrôle, de la surveillance et de la guerre.  L’un d’eux revendiquera entre autres l’incendie d’une voiture Siemens le 16 décembre 2018 à Bâle, en rappelant que « Tout au long de son histoire, de sa collaboration avec le national-socialisme à la fabrication de matériel de guerre et de contrôle, en passant par le développement des technologies dites « intelligentes », Siemens a toujours été dans le collimateur des insurgé.e.s. Le progrès technologique est tout sauf un processus neutre mais plutôt la prochaine étape de l’histoire de l’expropriation capitaliste« . Un autre revendiquera l’incendie d’une « bagnole des porcs de Siemens » le 1er décembre 2017 à Leipzig, alors que tient au même moment une conférences des ministres de l’intérieur : « […] Ca lui a été fatal de développer des technologies de surveillance et notamment d’en fournir aux régimes dictatoriaux partout dans le monde, mais également de soutenir des projets en Allemagne qui veulent transformer les villes en Smart City. Ainsi, elle participe ici aussi à la surveillance organisée et à l’avènement de la technologie. […] »

 

Traduit de l’allemand par  Sans_Attendre

Acte XVII des Gilets Jaunes, France : Le zbeul aux portes des temples de la consommation – 9 mars 2019

A Montpellier (Hérault), plus de 1500 personnes ont pris les rues pour ce 17e samedi après-midi d’affilée. Une fois encore, le McDonalds qui fait l’angle sur la Comédie avec la rue de la Loge a été attaqué par des individus cagoulés. Ils ont défoncé le rideau de fer à coups de masse. Une fois que les flics ont repoussé le cortège offensif, des CRS se sont positionnés devant l’accès endommagé pour protéger le restaurant durant tout le reste de l’après-midi. Des banques (et leurs dabs), des abribus et distributeurs de la TAM et des panneaux publicitaires ont été détruits. Des affrontements ont eu lieu avec les CRS, notamment sur le cours Gambetta, à Plan Cabanes, aux Arceaux, avenues de Toulouse et Georges Clemenceau, avec à pluseurs endroits des pluies de merde qui sont tombées sur les gendarmes mobiles qui protégeaient le préf ou des groupes de bacqueux aux abords de la manifs.

Ce sont des flics en civil « qui ont infiltré les casseurs et procédé à 15 interpellations, notamment pour « feux volontaires de poubelles, jets de cocktails Molotov et bris de glace d’un abri bus de la TaM », selon un bilan provisoire. Parmi les gardes à vue figure un des présumés auteurs du saccage du McDo ».

Les quinze individus ont été placés en garde à vue (certains d’entre eux y étaient encore ce dimanche 10 mars dans la soirée), tous visés par le délit de « participation volontaire à un groupe en vue d’exercer des violences », et individuellement pour un « jet de cocktail Molotov sur des policiers de la compagnie départementale d’intervention (CDI 34) » , « six tirs tendus d’engins pyrotechniques » en direction des flics, un « jet de cacatov devant la préfecture de l’Hérault sur les gendarmes mobiles« , « outrage et rébellion sur des agents dépositaires de l’autorité publique », « dégradations volontaires de biens publics et privés (vitrines de banques et DAB) », ainsi que « non respect de l’interdiction de participation à la manifestation, à la suite de jugements récemment rendus par le tribunal correctionnel de Montpellier ».

Quatre flics auraient été blessés durant cette manif: l’un d’eux s’est tordu la cheville, d’autres ont été brûlés à l’avant-bras et aux mains par des jets de cocktails Molotov. Tous se porteront partie civile dans les procès à venir et seront présents dans la salle du tribunal pour les audiences de comparution immédiate de lundi après-midi. (Métropolitain, 10 mars 2019)

A Nantes (Loire-Atlantique), les Gilets Jaunes voulaient fuir le centre-ville surprotégé et agir ailleurs: des appels à bloquer des centres commerciaux avait notamment circulé parmi les gilets jaunes. Pour ce samedi, ils ont jeté leur dévolu sur le centre commercial Atlantis, à Saint-Herblain.

Après avoir été évacués du rond-point d’Armor vers 13 h et une brève tentative d’occupation du périphérique, plus de 300 personnes se sont repliées vers le théâtre Onyx, toujours à Saint-Herblain, rue James-Cook. L’établissement culturel fait face au centre commercial Atlantis où les forces de l’ordre protègent les entrées. Quelques affrontements ont eu lieu et des barricades de chariots ont été érigées dans les allées de la zone commerciale. Le jeu du chat et de la souris entre flics et manifestants s’est poursuivi tout l’après-midi, au milieu des consommateurs, imperturbables, qui vaquaient à leurs activités habituelles. La route 2X2voies reliant Nantes à Saint-Nazaire a également été bloquée.

Un petit groupe a réussi à pénétrer dans les allées du centre commercial dans l’après-midi. Les policiers ont rapidement mis fin à cette intrusion, qu’ils cherchaient à éviter depuis le début de la manifestation. Des jets de Cacatov sur les forces de l’ordre auraient été constatés à cette occasion.

À 19 h, selon la préfecture, douze manifestants ont été interpellés par les policiers au fil de ce rassemblement qui a rassemblé environ trois cents personnes. Aucune dégradation majeure n’a été déplorée dans les commerces. Quelques dégâts sont en cours de recensement le long de la quatre-voies vers Saint-Nazaire. À 19 h, la manifestation est complètement terminée. Les forces de l’ordre restent massées en nombre sur le rond-point d’Armor pour éviter son occupation. (Ouest France, 9 et 10.03.2019)


A Quimper (Finistère), plus de 800 personnes ont pris part à la manif régionale non-déclarée.  En tout, selon la préfecture du Finistère, ce sont neuf personnes qui ont été interpellées samedi. Trois d’entre eux étaient toujours en garde à vue dimanche après-midi. À partir de 16 h, les gendarmes mobiles et les policiers du commissariat positionnés devant la préfecture ont été la cible de jets de pierres, de bouteilles, de panneaux de circulation: « des pierres de ballast, prises sur la voie de chemin de fer. Mais aussi des cocktails Molotov, des panneaux de signalisation, des bouteilles, des boulons, de la peinture… énumère la préfecture. Un blessé (à la jambe) et plusieurs contusionnés sont à déplorer parmi les forces de l’ordre. » Le centre-ville, à proximité de la préfecture et sur l’autre rive de l’Odet, a vécu au rythme des charges menées par les forces de l’ordre pour repousser les manifestants agressifs. La vitrine d’une banque (agence de la BNP Paribas) a été brisée.

La préfecture va demander au procureur de la République « d’engager des poursuites contre la personne (identifiée) responsable de l’organisation de cette manifestation non-déclarée » (Ouest France, 9 et 10.03.2019).

A Bordeaux (Gironde), « cinq femmes et dix hommes, dont deux mineurs, ont été placés en garde à vue pour, principalement, « participation à un attroupement en vue de commettre des violences ou dégradations » et « détention de matériel offensif », à savoir des projectiles pouvant être jetés sur les forces de l’ordre, en marge de l’acte 17 des gilets jaunes à Bordeaux, samedi. Plusieurs l’étaient encore ce dimanche matin, le parquet devant décider des suites à donner à ces procédures. La majorité de ces personnes ont été arrêtées à partir de 18h30–19heures, alors que la manifestation, qui s’était déroulée dans le calme et avait évité soigneusement la place Pey-Berland où des heurts avaient éclaté les week-ends précédents, venait de se finir. Un groupe de manifestants, dont certains ne portaient pas de gilets jaunes mais des capuches et cagoules leur masquant le visage, a voulu poursuivre et a tenté de rejoindre l’hyper-centre. Ils ont été rapidement dispersés par les forces de l’ordre dans le quartier des Quinconces. Sur l’un des gardés à vue, une bouteille contenant des excréments a été retrouvée. » (Sud Ouest, dim 10 mars 2019)

A Caen, les flics ont interpellé douze personnes. Sur les douze interpellées, neuf ont été placées en garde à vue. Toutes ont été relâchées avec des mesures alternatives. Les mesures alternatives peuvent être par exemple un rappel à la loi ; une amende ou une demande de réparation en cas de dégâts occasionnés et avérés.

A Rouen (Seine-Maritime), le centre commercial des Docks 76 a été fermé durant une trentaine de minutes samedi après-midi. Trois vitrines et une porte ont été brisées. Plus tard, un cortège est remonté rue Jeanne d’Arc. Les manifestants ont démonté des panneaux de protection installés devant des agences bancaires avant de les incendier. La préfecture dénombre quatre interpellations pour incendie volontaire et six interventions des sapeurs-pompiers, uniquement pour éteindre les divers incendies.

[Repris de divers médias locaux, 09 et 10.3.2019]

Grenoble : Le calme n’est pas encore revenu au Mistral

Le Dauphiné Libéré / dimanche 10 mars 2019

Dans un quartier Mistral encore endormi et où les stigmates des derniers affrontements [cf. par exemple ici, ici ou ici; NdAtt.] sont encore visibles, la pépinière d’entreprises Artis La Pousada est ce dimanche matin placée sous la surveillance de la police et des sapeurs-pompiers. Ce samedi, le bâtiment a été incendié pour la deuxième fois en une semaine. Un sinistre contre lequel les soldats du feu on lutté pendant plusieurs heures avant d’en venir à bout. Dans la nuit de jeudi à vendredi, un premier incendie volontaire avait dévasté le rez-de-chaussée de la structure mettant quelque cent personnes au chômage technique.

Besançon, France : Attaque de l’agence Foncia du quartier Battant – 5 mars 2019

Défonce ta ville et ses promoteurs !

A Besançon comme partout ailleurs, les villes sont en transformation constante. Elles n’ont jamais été (et ne sont pas) des espaces neutres mais plutôt modelées à l’image de l’Etat et du capital. Elles ressemblent de plus en plus à de gigantesques zones commerciales et carcérales à ciel ouvert, où tout pas de côté est durement sanctionné.

Des projets d’urbanisation fleurissent aux quatre coins des villes. Ca bétonne à tout va pour faire place nette à de nouveaux centres commerciaux et quartiers qui seront occupés par des citoyen.ne.s éco-responsables. Desservis  par des transports doux et fluides (vélocités, tram, véhicules d’auto-partage…) et équipés de voies vertes, ils prolifèrent dans les villes et à leurs périphéries.

La domination s’adapte à l’air du temps pour promouvoir ses projets qui puent le fric et le béton.

Au sein des villes, le contrôle et la surveillance ne cessent d’être toujours plus étouffants: prolifération de caméras, de spots d’éclairage public plus puissants et de patrouilles de flics…

Dans ces quartiers ciblés par les urbanistes (à travers leurs PLU) pullulent spéculateurs du logement, recruteurs d’esclaves à patrons, bistrots et restos branchés vegan et bio, magasins et épiceries bio et écolo (sans sac ni plastique). A Besançon, le quartier Battant en fait partie.

Ainsi, dans la nuit de lundi à mardi, nous avons fracassé toutes les vitres de l’agence Foncia (y compris celles de l’entrée), au croisement du quai de Strasbourg et de la rue du Petit Battant.

Un big up aux incendiaires anonymes de la Maison de l’écoquartier des Vaîtes.

Guerre à la ville-prison !

Guerre aux riches !

 

[Publié sur indymedia nantes, 08.03.2019]

Du pareil au même (G. Munis, 1982)

http://mondialisme.org

La sagesse populaire qui se dégage du propos moqueur choisi ici comme titre, devait suffire pour définir la sanglante bagarre israélo-palestiniene. Cependant, par les temps qui courent, une telle sagesse paraît science hermétique, non précisément pour les gens de peu de culture, mais pour l’esprit des savants et de la gent culte, pour toute cette tripotée de partis, syndicats, intellectuels de gauche. La dégradation des idées politiques et sociales est arrivée à un tel point, que les termes et concepts signifient presque toujours de fait le contraire de leur contenu réel, sain. Le cas de la « révolution » palestinienne n’est que le plus récent d’une longue liste d’appâts destinés à recruter de la chair à canon quand il s’agit de la lutte armée ou bien une masse moutonnière la servant.

Dans ce cas également, la préparation de la grande extermination humaine, façonnée sans équivoque possible par les deux grands blocs impérialistes, est implicite.

Un bref rappel : depuis la fin de la dernière guerre mondiale – sans aller plus loin -nous avons assisté à ce qui est arrivé en Chine, au Vietnam et dans le reste de la péninsule indochinoise, à Cuba, en Algérie, en Angola, au Bangladesh, au Yémen, en Ethiopie et autres Nicaragua de moindre importance. Invariablement, les cris de toute cette tripotée de pseudo-gauchistes sont : « indépendance nationale », « révolution » et même « socialisme » ; la nourriture constante est : « à bas l’impérialisme ! » . La réalité, une fois les nouveaux régimes installés, a été diamétralement opposée. Il n’y a eu ni révolution, ni socialisme, et l’indépendance nationale n’a été qu’une dépendance vis-à-vis de l’autre empire et parfois même un retour effronté ou dissimulé au premier. A l’intérieur de chacun de ces pays, exploitation du prolétariat et despotisme politique se sont accrus comme seul moyen d’étayer les pouvoirs résultant de la réorganisation du capitalisme dans sa forme étatique partielle ou complète. De sorte que la foule d’excités qui leur donna la main pour les hisser jusqu’à l’Etat est coupable de complicité. Foule complice de leurs incontestables crimes sanglants, aboutissement de leur crime principal, leur nature réactionnaire tant sur le plan économique que politique.

Ces mêmes excités se pavanent avec leur gauchisme et leur générosité, etc. en répétant leurs cris, c’est-à-dire leur escroquerie qui n’est pas qu’idéologique en faveur d’un futur Etat palestinien. Comme si l’escroquerie n’était pas évidente, ses auteurs apparaissent en plus en compagnie de toute l’ancienne canaille réactionnaire mondiale, exceptée la canaille israélienne. Depuis les dirigeants russes et leurs proches jusqu’aux esclavagistes d’Arabie Saoudite et autres champs pétrolifères, les néo-nazis et l’impérialisme américain en passant par ceux qui se disent de gauche, trotskistes et anarchistes inclus, l’action mondiale est en faveur de la Palestine [1].

Qu’une telle action ait pu se produire s’explique -cause générale -par la situation d’un monde socialement embourbé, avec un grand retard par rapport aux possibilités de transformation radicale qui existent en son sein, par une situation globalement réactionnaire donc. Deuxièmement elle s’explique – cause particulière – par les gisements de pétrole du monde arabe et par l’importance stratégique territoriale des pays ainsi dénommés. Ces deux facteurs sont des enjeux de première importance pour les deux blocs militaires en vue de la troisième guerre mondiale ou en vue d’autres guerres inter-impérialistes secondaires, celles qui ont eu lieu par clients interposés.

Depuis de nombreuses décennies, tout progrès ou développement de la société s’avère impossible par voie nationale. Que les promoteurs de l’indépendance invoquent Allah à quatre pattes, Jéhovah en se tapant la tête contre le mur des lamentations, la version chrétienne ou bien Marx et la révolution athée, cela ne change rien. Et les résultats, en cas de victoire et indépendamment de la bonne foi de ceux qui servent de chair à canon, sont contraires à l’émancipation de la grande masse pauvre. Comme l’a dit le Ferment Ouvrier Révolutionnaire de nombreuses fois, l’existence même de ces luttes présuppose l’inactivité même des exploités, l’élimination de leur lutte de classe, en faveur de leurs exploiteurs. Et voilà pourquoi, du « pareil au même » au singulier et au pluriel, est devenu la première devise de l’alphabet révolutionnaire. Celui qui ne ressent pas un profond mépris – aujourd’hui jusqu’à la nausée – pour tous ces protagonistes et défenseurs de pseudo-indépendantisme, tombe intentionnellement ou inconsciemment dans le camp ennemi.

Il faut le dire sans tergiversation et à plein poumon : les palestiniens n’ont pas le droit de se constituer en nation, à posséder un territoire et un Etat. Le droit capitaliste finira pas les lui concéder d’une manière ou d’une autre, avec même le consentement d’Israël. Mais c’est précisément de droit qu’il s’agit d’abolir pour pouvoir parler sans escroquerie de révolution. La preuve irréfutable de ce qui vient d’être dit est donnée par Israël même, le peuple persécuté par excellence, celui de l’ »holocauste » nazi, le peuple « sans distinction de classe », image du pauvre juif errant battu depuis la domination religieuse du christianisme. A peine constitué en entité nationale, il organise un Etat semi-théocratique, ultra-équipé militairement, comme les grandes puissances, dépendant d’un des blocs impérialistes, et incapable, par exclusivisme nationaliste et étroitesse mentale de « peuple élu », d’offrir à ses cohabitants palestiniens une meilleure situation économico-politique que celle qui existait avant l’établissement de l’Etat israélien. Cela lui aurait été facile sans même rompre avec sa propre étroitesse hebraïco-capitaliste. Le « problème palestinien » aurait cessé d’exister comme tel. Alors serait apparue clairement la possibilité immédiate -expression de la nécessité sociale – d’une lutte a-nationale comme aux travailleurs israéliens et palestiniens contre leurs exploiteurs dont la personnalisation humaine actuelle est celle de Begin et Arafat, et représenté idéologiquement par le judaïsme et l’islamisme.

Eviter que la nécessité sociale ne se transforme en possibilité pratique est ce dont il s’agira toujours et dans tous les cas, pour tous les crieurs concernés : gouvernements, partis et syndicats, unis ou divisés.

Il va de soi, d’après ce qui vient d’être dit, que les juifs non plus n’avaient le droit de vivre où il leur plaisait et particulièrement là où leurs ancêtres habitaient avant la diaspora ; de même que les palestiniens arrivés par la suite sur le même terroir. Créer une Nation, c’est avant tout organiser l’exploitation dans des frontières déterminées et se donner la possibilité d’exploiter en dehors même de ces frontières. Quelle que soit la raison véridique que l’on allègue d’un point de vue national, les conséquences qui en résultent ne sont pas fausses mais contraires au devenir historique, elles sont superlativement réactionnaires. Il n’est d’imaginable que la solution qui consiste à arracher les bornes et supprimer les patries. Et donc arracher les instruments de travail au capital apparaît comme une nécessité simultanée.

Seules ces mesures initiales, et non des agencements ou des trifouillages, constituent ce qui s’appelle révolution. A défaut de révolution, l’escroquerie sociale est permanente, les tueries comme celles de Beyrouth ou de la rue de Rosiers à Paris ne cesseront pas, sauf capitulation d’un des camps. Hormis le degré de répulsion, dans les deux cas la bande des victimes est autant coupable par sa politique réactionnaire, que la bande des victimaires.

Il n’est pas nécessaire d’imaginer la révolution dont parle sans arrêt l’OLP. Les modèles qui lui sont offerts abondent dans et en dehors du monde islamique ou arabe. Le plus draconien et dont on parle le plus, l’Iran, est celui qui possède toutes les caractéristiques négatives des autres dans tous les domaines – politique, économique, culturel. On ne parle comme d’une révolution, et la presse mondiale reproduit l’appellation, alors que son premier pas fut contre-révolutionnaire. L’odieux et sanguinaire régime du Chah suscita un soulèvement général, mais encadré par le sacerdoce islamique et inspiré par le Coran ; Mollahs et Ayatollahs imposèrent sur le champ un régime encore plus odieux et sanguinaire que le précédent. La bestialité théocratique de Khomeiny et de ses bandes de cléricaux, de flics et d’assassins, armature de l’Etat, allie l’ancienne barbarie coranique à la barbarie de la science moderne à son service. Qu’une telle chose ait pu se produire prouve à quel point les « du pareil au même » dominent et manipulent le monde à leur guise. Les soutenir directement ou indirectement, pratiquement ou seulement verbalement, c’est trahir la cause du prolétariat.

Notes

[1] Rappelons-nous : Franco était également un tenant de la « cause » palestinienne et arabe en général, tout comme le sont ses descendants à la sauce européenne.

Sirventès des alliés

Je lutte pour ma propre cause

Car c’est la seule que je connaisse

Car c’est la seule qui n’exige aucun sacrifice

Car c’est la seule que j’ai intérêt à mener

Quand vient le temps de lutter

Il y a des gens qui m’aident

Il y a des gens qui ne m’aident pas

Et il y a des gens qui me nuisent

Je dois trouver ceux qui m’aident

Leur propre cause coïncide avec la mienne

Il faut que je parle haut et fort

Pour qu’ils m’entendent et sachent où je suis

Ceux qui ne m’aident pas ne m’aideront jamais

Même s’ils sont « sincèrement de mon côté »

S’ils veulent à tout prix être « des alliés »

C’est pour soigner leur estime d’eux-mêmes

Ceux qui me nuisent et me font obstacle

Inutile de leur parler inutile d’argumenter

Il faut qu’ils dégagent, c’est tout

Qu’ils me laissent mener ma lutte

Autrement dit :

Débattre est inutile

Personne n’est à convaincre

Les gens qui ne luttent pas à vos côtés

N’ont pas à être gagnés

N’ont pas à être « avec vous »

Vous n’avez pas besoin d’eux

Alors ne vous inquiétez jamais

De ce qu’ils vont penser

N’agissez jamais en pensant à eux

Ne les écoutez pas quand ils vous disent

Que vos gestes « nuisent à votre cause »

Votre cause ils s’en moquent

Tout ce qu’ils veulent

C’est continuer de faire

Comme si vous n’existiez pas

Quant à ceux dont la cause

Correspond à la vôtre

Ils sont déjà convaincus

Ils veulent déjà lutter avec vous

Et ils finiront par vous trouver

Tôt ou tard

 Anne Archet https://flegmatique.net/

 

“La part maudite dans l’œuvre de François Villon” ~ par Alice Becker-Ho

lignesdeforce

avais prévu, et puis comme souvent j’ai oublié de rédiger une recension du livre d’Alice Becker-Ho intitulé La part maudite dans l’œuvre de François Villon, publié par L’Échappée.

Afin de ne pas laisser ignorer l’existence de cet excellent livre à celles et ceux qui consultent ce blogue et n’en ont pas entendu parler, je me suis résolu à piller (une fois de plus!) le «Bulletin de critique bibliographique» hébergé sur le site À Contretemps. Je donne ci-dessous un extrait du papier de Freddy Gomez, auquel je renvoie les personnes intéressées.

Les deux illustrations reproduites ensuite sont de Robert Monet; elles agrémentent une édition des Œuvres de Villon.

Pour les malentendants sous influence, il convient sans doute de préciser que cette « part maudite » dans l’œuvre de François Villon n’a évidemment rien à voir avec un quelconque emprunt à Georges Bataille. L’expression est réitérative – sous cette appellation ou sous celle de « part négative » – dans les écrits d’Alice Becker-Ho. Elle caractérise le jargon spécifique des classes dangereuses et des affranchis, cette langue secrète faite d’emprunts divers et à fonction purement opérationnelle puisque devant servir de code d’usage réservé aux initiés de la maudite vie. Cette thèse, affinée au gré de diverses études faisant désormais référence, s’accompagne d’un corollaire : l’argot qui émergea de cette part maudite est, en quelque sorte, « la somme des jargons de malfaiteurs d’origines très diverses ; ce qui expliquerait [sa] richesse en synonymes ».

Appliquée à cette étude de genre, la méthode d’Alice Becker-Ho se révèle diablement convaincante pour saisir, dans les Ballades en jargon – autrement dit la « part maudite » de l’art poétique du Compagnon de la Coquille François Villon – ce que Clément Marot, premier collationneur de son œuvre en 1533, avait, pour sa « part en clair » d’abord, réservé à sa très instruite et audacieuse postérité. Ici, la tâche paraissait d’autant plus malaisée que ces six ballades – dont on ne connaît pas, comme de juste, la date de composition – font comme un bloc d’abîme où tout fait mystère. Dans la « vaste carrière du temps », comme disait Baltasar Gracián, on les a probablement fredonnées pendant un siècle et demi avant qu’elles ne fussent transcrites en gothique et à l’oreille. Nulle garantie n’est donc acquise, précise Alice Becker-Ho, quant à leur fidélité « aux paroles originelles de l’auteur » (p. 44). Pour oser s’atteler à la besogne, il fallait déjà se pénétrer de l’avertissement de Charles Nodier, rappelé en introduction d’ouvrage, concernant le caractère « factice, mobile » de cette langue « dont le seul objet est de déguiser, sous des métaphores de convention, les idées qu’on ne veut communiquer qu’aux adeptes » et dont le « vocabulaire doit par conséquent changer toutes les fois qu’il est devenu familier au-dehors ». L’exact « opposé de la langue usuelle, qui appelle “un chat, un chat” » (p. 10), résume Alice Becker-Ho. Il fallait de surcroît s’inscrire dans les traces de quelques admirables pionniers, dont l’indispensable Marcel Schwob. Il fallait enfin manifester quelque accointance particulière, affinitaire même, avec les maîtres de l’art de la pinse et du croq dont l’exquis jobelin fut la langue codée.