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Le JOURNAL DE LA COMMUNE de Paris le 9 avril 1871

 

reçu ce texte d’ Élie  Reclus par mail

La Révolution de 1848 avait aboli la peine de mort en matière politique. – En 1871, le peuple de Paris veut abolir la peine de mort en matière criminelle.Aujourd’hui le bataillon du faubourg du Temple, quartier essentiellement populaire, s’est présenté tout à coup dans la rue Folie-Méricourt: envahissant la demeure du bourreau, Mon-sieur de Paris, il a «réquisitionné la guillotine»

. La hideuse machine a été enlevée et portée place Voltaire. Là, aux applaudissements d’une foule immense, on l’a brisée à coups de hache et on l’a brûlée au pied de la statue de Voltaire.

Aux pieds de Voltaire, le précurseur de la Révolution française, aux pieds de l’homme dont la doctrine, simple s’il en fut, se résume en deux mots: humanité et bon sens.

En 1848, Rousseau, l’idéaliste du Vicaire Savoyard,était encore en grande faveur. En 1871,on lui préfère Voltaire. Mais, jadis, on eût brûlé la guillotine aux pieds du Crucifix.

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Les nouvelles de la province sont désastreuses pour la Commune.

on peut lire plus ici  en PDF

 

Des nouvelles de Damien

note: toujours: « solidaire  dans les luttes, solidaire face à la répression« . Des nouvelles de la répression (qui continue après les procès du 6/01/2017et du10/03/2017 ) des mutins du Qartier Maison Centrale du centre pénitentiaire de  Valence, commencent à filtrer à travers les barreaux.. On te tiendra informé  lectrice, lecteur du blog du laboratoire afin de prendre acte….


lu  sur attaque.noblogs.org

Le compagnon anarchiste Damien, emprisonné à Fleury-Mérogis, nous informe que deux enquêtes internes lui ont été notifiées. Une concernant un collage d’affiches anti-électorales (« Nous n’irons pas voter » et « Pour en finir avec l’illusion de la démocratie », voir ici) sur le mur de la cour de promenade, une autre concernant un sabotage effectué sur une chaine de production des ateliers de la prison (où, via des prestataires comme Iccub, sont emballés des produits de marques comme Hachette, Bourjois Parfums, Yves Rocher, Post-it..). Trois autres détenus sont également accusés de ce sabotage.
En solidarité avec eux, des tags ont fait apparition sur les murs de la cour de promenade : « Feu aux prisons » et « Maton suicidé à moitié pardonné ».
Le compagnon et les 3 autres saboteurs présumés sont actuellement dans l’attente d’éventuelles poursuites.

Le compagnon nous dit également que les affiches ont suscité un grand intérêt parmi les prisonniers, qui en partagent la démarche subversive.

Depuis un bon moment, le courrier de Damien lui arrive avec un très grand retard. Il reçoit les lettres par vagues, toutes ensemble, au moins trois semaines après leur envoi. De même, les lettres qu’il écrit sortent avec des semaines de retard. Pas inquiétude, donc, si vos lettres n’ont pas de réponse tout de suite. Continuons, au contraire, à lui écrire et à faire de l’agitation contre les prisons, jusqu’à ce qu’il en restent que des décombres.

La solidarité c’est aussi briser le silence, l’isolement et la sensation d’impuissance dans lesquels la répression voudrait nous cantonner.
La solidarité c’est l’attaque.
Feu aux prisons !

Un d’Attaque

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Crest ( Drôme) Le Carnaval est passé: Et Hop des caméras de vidéo- surveillance en moins et des tags

 

Dauphiné libéré   09/04/2017 à 06:04

L’appel à la fête et au carnaval avait été lancé à la population par des militants de “Nuit debout” et le monde associatif ainsi que des intermittents du spectacle. Et il a été entendu. Ils étaient quelques centaines à défiler déguisés, hier après-midi, dans la cité crestoise. Revendiquant haut et fort sur un air de grande fête le retour d’un carnaval à Crest, arrêté il y a 8 ans.

« Plutôt que d’animer la ville, certains professionnels de l’agitation l’ont perturbée »

Les organisateurs avaient décidé de faire du bruit ! Sur le thème “du réveil du monstre”, avec tous les ingrédients de la fête réunis, ils ont tous déambulé dans les rues pour faire passer leur message contestataire.

Et si la fête a bien eu lieu, quelques attitudes ont fâché le député-maire LR de la ville. « Plutôt que d’animer la ville, certains professionnels de l’agitation l’ont perturbée. Certains commerçants ont même dû fermer boutique », a déclaré Hervé Mariton hier soir.

« Certains murs de la ville ont été tagués et des caméras de vidéo-surveillance ont été dégradées. Cela va coûter de l’argent. Nous allons naturellement déposer plainte […] Cette pression par le nombre et le désordre n’est pas drôle et elle n’est pas démocratique », a ajouté le maire de Crest.

La préparation militaire nous conduit tout droit au massacre universel

lu sur .non-fides.fr

Depuis le début de la conflagration européenne, l’humanité a été presque entièrement anesthésiée par la mortelle folie du bellicisme, enivrée par les vapeurs délétères d’un chloroforme imprégné de sang, qui a obscurci sa vision et paralysé son cœur. En effet, à l’exception de quelques tribus sauvages qui ne connaissent ni la religion chrétienne, ni l’amour fraternel, ni les dreadnaughts, les sous-marins, les usines de munitions et les emprunts de guerre, le reste de l’humanité est plongé dans une terrible narcose. L’esprit humain ne semble s’intéresser qu’à une chose, la spéculation sur le meurtre. Toute notre civilisation, toute notre culture est concentrée sur la folle demande d’armes de destruction, si possible les plus perfectionnées.

 

« Munitions ! Munitions ! O, Seigneur, toi qui règnes sur la terre et dans les cieux, toi le Dieu de l’amour, de la pitié et de la justice, procure-nous assez de munitions pour détruire notre ennemi ! » Telle est la prière qui monte chaque jour vers le ciel chrétien. Le bétail, lorsqu’il est épouvanté par le feu se jette dans les flammes. Les peuples européens agissent de la même façon : ils se précipitent dans les flammes dévorantes de la guerre, en s’entre-tuant. Quant à l’Amérique, poussée au bord de l’abîme par des politiciens sans scrupules, des démagogues braillards, et d’avides requins militaires, elle se prépare à un destin funeste identique.

Face à ce désastre qui approche, il appartient aux hommes et aux femmes qui ne sont pas encore emportés par la folie guerrière d’élever la voix, de protester, d’attirer l’attention de la population sur les crimes et les atrocités qui vont être perpétrés contre eux.

L’Amérique est essentiellement un melting-pot. Dans ce pays, aucun groupe national ne peut se vanter d’appartenir à une race pure et supérieure, d’être détenteur d’une mission historique particulière ou d’une culture plus spirituelle. Et pourtant les chauvins et les spéculateurs bellicistes n’arrêtent pas d’ânonner les slogans sentimentaux du nationalisme hypocrite : « L’Amérique aux Américains », « L’Amérique d’abord, avant tout et toujours. » Ces slogans sont populaires partout. A les en croire, pour sauver l’Amérique, il faudrait que tout le monde suive immédiatement une formation militaire. Un million de dollars prélevés sur la sueur et le sang du peuple vont être dépensés pour des dreadnoughts et des sous-marins, pour l’armée et la marine, tout cela pour protéger cette précieuse Amérique.

Ces discours pleins de pathos dissimulent le fait que l’Amérique qui sera protégée par une énorme force militaire ne sera pas l’Amérique du peuple, mais celle des privilégiés ; de la classe qui vole et exploite les masses, et contrôle leur vie, du berceau à la tombe. Il est pathétique que si peu de gens se rendent compte que la préparation militaire ne conduit jamais à la paix, mais mène tout droit au massacre universel.

Avec les méthodes et la ruse qu’emploient les diplomates conspirateurs et les cliques dirigeantes de l’armée allemande pour imposer le militarisme prussien aux masses de leur pays, les cercles bellicistes américains, aidés par les Roosevelt, les Garrison et les Daniels, rejoints maintenant par les Wilson, se dépensent sans compter pour écraser le peuple américain sous le talon de fer du militarisme. S’ils réussissent, ils lanceront l’Amérique dans la tempête de sang et de larmes qui dévaste déjà l’Europe.

Il y a quarante ans, l’Allemagne a entonné les mêmes discours : « L’Allemagne au-dessus de tout, l’Allemagne aux Allemands, l’Allemagne d’abord, avant tout et toujours. Nous voulons la paix, c’est pourquoi nous devons nous préparer à faire la guerre. Seule une nation bien armée et parfaitement préparée peut maintenir la paix, exiger le respect et être sûre de conserver son intégrité nationale. » Et l’Allemagne a continué à se préparer à la guerre, obligeant ainsi les autres nations à l’imiter. La terrible guerre européenne actuelle n’est que la conséquence ultime des prédications de cet Évangile à tête d’hydre : la préparation militaire.

Depuis le commencement de cette guerre mondiale, des kilomètres de papier et des océans d’encre ont été utilisés pour prouver la barbarie, la cruauté, l’oppression du militarisme prussien. A l’unisson, conservateurs et socialistes appuient les Alliés pour une seule raison : écraser ce militarisme qui empêche, selon eux, toute paix et tout progrès en Europe. L’Amérique s’est enrichie en fabriquant des tonnes de munitions et en prêtant de l’argent aux Alliés pour les aider à écraser les Prussiens. Et maintenant les mêmes slogans retentissent en Amérique. Et s’ils se traduisent par une mobilisation nationale, ils créeront un militarisme américain bien plus terrible que le militarisme allemand ou prussien. Pourquoi ? Parce que nulle part dans le monde le capitalisme n’est aussi effrontément avide qu’aux Etats-Unis et nulle part l’État n’est aussi disposé à s’agenouiller aux pieds du Capital.

Comme une épidémie, une vague de folie gagne le pays, le germe mortel du militarisme contamine les esprits les plus lucides et les cœurs les plus braves. Les Ligues de défense de la sécurité nationale, qui arborent un canon sur leurs emblèmes, les sections de la Navy League [1], dont les dirigeantes se sont éparpillées aux quatre coins du pays, des femmes qui se vantent d’appartenir au « sexe faible », des femmes qui donnent la vie dans la souffrance et le danger, eh bien ces femmes sont prêtes à sacrifier leur progéniture au Moloch de la Guerre.
Les sociétés pour l’américanisation [2], auxquelles appartiennent des gens aux idées très libérales, et qui hier encore dénonçaient les âneries patriotiques, acceptent aujourd’hui d’embrouiller l’esprit de l’opinion publique et d’aider à construire les mêmes forces de destruction en Amérique qu’elles essaient, directement et indirectement, de détruire en Allemagne – le militarisme fauche la jeunesse, viole les femmes, extermine le meilleur de l’humanité, anéantit la vie même.

Même Woodrow Wilson [3] qui, il y a peu, déclarait encore : « Une nation est trop fière pour se battre » ; qui, au début de la guerre, a ordonné que l’on prie pour la paix ; lui qui, dans ses discours, parlait de la nécessité d’attendre avec prudence, eh bien, même Woodrow Wilson est rentré dans le rang. Il a maintenant rejoint ses collègues ultra-chauvins, il a fait écho à leurs clameurs pour instaurer la préparation militaire et braille désormais lui aussi : « L’Amérique aux Américains ». La différence entre Wilson et Roosevelt est la suivante : Roosevelt, une brute-née, utilise la matraque. Wilson, l’historien, le professeur, porte le masque soigneusement poli des universitaires, mais sous ce masque, comme Roosevelt, il n’a qu’un seul but : servir les intérêts du grand capital, pour aider ceux qui sont en train de devenir phénoménalement riches en produisant encore davantage de fournitures militaires.

Woodrow Wilson, dans son discours devant les Filles de la Révolution américaine [4] s’est démasqué lorsqu’il s’est écrié : « Je préférerais être tabassé que mis à l’index. »
Effectivement, se dresser contre les fabricants de munitions et d’armes, les Bethlehem, du Pont, Baldwin, Remington, et autres Winchester, mène à l’ostracisme et à la mort politiques. Wilson le sait, donc il trahit sa position originelle, rejette sa prétention passée à être « trop fier pour combattre » et hurle aussi fort que n’importe quel politicien minable qu’il faut généraliser la préparation militaire et porter la nation aux nues. Il va même jusqu’à soutenir la stupide revendication avancée par les femmes de la Navy League qui veulent imposer dans chaque école le serment suivant : « Je m’engage à faire tout ce qui est en mon pouvoir pour servir les intérêts de mon pays, à soutenir ses institutions et à défendre l’honneur de son nom et de son drapeau.

Comme je dois tout à mon pays, je consacrerai mon cœur, mon esprit et mon corps à son service et je promets de travailler à son progrès et à sa sécurité en temps de paix. Je m’engage à n’hésiter devant aucun sacrifice ni aucune privation pour sa cause si j’étais appelé à agir pour défendre la liberté, la paix et le bonheur de notre peuple. »

Défendre les institutions de notre pays, c’est défendre les institutions qui protègent et soutiennent une poignée d’individus pour qu’ils volent et pillent les masses, les institutions qui pompent le sang des autochtones comme celui des étrangers et le transforment en richesses et en pouvoir, les institutions qui dépouillent chaque immigré de la culture originale qu’il a amenée avec lui et lui imposent, en échange, cet américanisme bon marché, dont l’unique gloire est la médiocrité et l’arrogance.

Ceux qui proclament « L’Amérique d’abord ! » ont trahi depuis longtemps les principes fondamentaux des vraies valeurs américaines, celles que Jefferson avait en tête lorsqu’il a déclaré que le meilleur gouvernement est celui qui gouverne le moins possible ; celles pour lesquelles lutta David Thoreau [5] lorsqu’il proclama que le meilleur gouvernement est celui qui ne gouverne pas ; ou celles de tous les grands Américains qui ont voulu faire de ce pays un refuge, en espérant que les déshérités et les opprimés qui y viendraient pourraient lui apporter un peu plus de personnalité, de qualité et de sens. Ce n’est pas l’Amérique des politiciens et des spéculateurs de l’industrie d’armement. Leur Amérique a été puissamment représentée par un jeune sculpteur new-yorkais : une main cruelle aux longs doigts fins qui écrasent sans pitié la tête d’un immigrant, faisant couler le sang pour en faire des dollars et bercer l’immigrant d’espoirs brisés et d’aspirations étouffées.

Étant donné sa position, Woodrow Wilson a raison de défendre ces institutions. Mais quel idéal offre-t-il à la nouvelle génération ? Comment forme-t-on un militaire à défendre la liberté, la paix et le bonheur ? Écoutons le Major-General O’Ryan : « Tout soldat doit être entraîné à devenir un simple automate, privé d’initiative individuelle, transformé en machine. Il doit passer de force la tête dans le nœud coulant militaire, être dynamisé, dirigé par des supérieurs qui ont le pistolet à la main. »

Ce discours n’a pas été prononcé par un junker prussien, ni par un barbare germanique, ni par Treitschke [6] ou Bernhardi [7], mais par un Major General américain ! Et cet homme a raison. On ne peut conduire une guerre avec des hommes égaux, on ne peut imposer le militarisme à des hommes libres. Il faut avoir à sa disposition des esclaves, des automates, des machines, des créatures obéissantes et disciplinées, qui se déplaceront, agiront, tueront et tireront sur l’ordre de leurs supérieurs. Voilà à quoi aboutira la préparation militaire, à rien d’autre.

Il paraît que Samuel Gompers [8] faisait partie des orateurs qui ont pris la parole devant la Navy League. Si cette information est exacte, alors jamais plus grand outrage n’a été infligé au mouvement ouvrier par l’un de ses dirigeants. La préparation militaire n’est pas dirigée principalement contre l’ennemi extérieur, elle vise surtout l’ennemi intérieur, tous les éléments du mouvement ouvrier qui ont appris à ne rien attendre de nos institutions ; les travailleurs conscients qui ont compris que la guerre de classes sous-tend toutes les guerres entre les nations ; ceux qui savent que, si une guerre est justifiée, il s’agit de la guerre contre la dépendance économique et l’esclavage politique, les deux principaux problèmes concernés par la lutte des classes.

Le militarisme a déjà joué son rôle sanguinaire dans chaque conflit économique, avec l’approbation et le soutien de l’Etat. Washington a-t-il protesté lorsque « nos hommes, nos femmes et nos enfants » ont été tués à Ludlow [9] ? La note adressée à l’Allemagne exprimait-elle une protestation virulente ? Ou bien existe-t-il une différence entre tuer « nos hommes, nos femmes et nos enfants » à Ludlow et en haute mer ? Oui, c’est bien le cas. Les hommes, les femmes et les enfants de Ludlow étaient des travailleurs, des déshérités, des damnés de la terre, des immigrants à qui il fallait donner un petit goût des splendeurs de l’américanisme, tandis que les passagers du Lusitania [10] représentaient la richesse et occupaient une haute position sociale – voilà la différence.
La préparation militaire, donc, ne fera que renforcer le pouvoir d’une minorité privilégiée et l’aidera à dominer, réduire en esclavage et écraser le mouvement ouvrier. Samuel Gompers le sait très bien et, s’il se joint aux cris de la clique militaire, il doit être condamné comme un traître au mouvement ouvrier.

Il en est de même pour toutes les autres institutions prétendument créées pour le bien du peuple et qui ont abouti au résultat inverse. Et il en sera de même pour la préparation militaire. L’Amérique prétend se préparer à la paix, mais en réalité la préparation militaire provoquera la guerre. Il en a toujours été ainsi au cours de l’histoire sanglante de l’humanité, et cela continuera jusqu’à ce que chaque nation refuse de combattre contre une autre nation, jusqu’à ce que les peuples du monde cessent de se préparer au massacre. La préparation militaire est comme la graine d’une plante vénéneuse : une fois plantée en terre, elle donnera des fruits empoisonnés. Les massacres en Europe sont le fruit de cette graine vénéneuse. Il faut absolument que les ouvriers américains s’en rendent compte avant qu’ils ne soient emportés par les discours chauvins dans la folie guerrière, folie toujours hantée par le spectre du danger et de l’invasion. Les ouvriers américains doivent savoir que se préparer à la paix signifie inciter à la guerre, laisser se déchaîner les furies de la mort sur terre et sur mer.

Les masses européennes qui se battent dans les tranchées et sur les champs de bataille ne sont pas motivées par un désir profond de faire la guerre ; ce qui les a poussées sur les champs de bataille, c’est la compétition impitoyable entre d’infimes minorités de profiteurs soucieux de développer les équipements militaires, des armées plus efficaces, des bateaux de guerre plus grands, des canons de plus longue portée. On ne peut construire une armée puis la ranger dans une boîte comme on le fait avec des soldats de plomb. Lorsqu’une armée est équipée jusqu’aux dents, avec des outils meurtriers sophistiqués, lorsqu’elle est soutenue par les intérêts d’une clique belliciste, la dynamique devient autonome. Nous devons donc examiner la nature du militarisme pour comprendre pourquoi la préparation militaire est un truisme.

Le militarisme détruit les éléments les plus sains et les plus productifs de chaque nation. Il gaspille la plus grande part du revenu national. L’Etat ne dépense presque rien pour l’enseignement, l’art, la littérature et la science en comparaison avec les sommes considérables qu’il consacre à l’armement en temps de paix. Et en temps de guerre tout le reste n’a aucune importance ; la vie stagne, tous les efforts sont bloqués ; la sueur et le sang des masses servent à nourrir le monstre insatiable du militarisme. Il devient alors de plus en plus arrogant, agressif, imbu de son importance. Pour rester en vie, le militarisme a constamment besoin d’énergie supplémentaire ; c’est pourquoi il cherchera toujours un ennemi ou, s’il en manque, il en créera un artificiellement. Dans ses objectifs et ses méthodes civilisés, il est soutenu par l’État, protégé par les lois, entretenu par les parents et les enseignants, et glorifié par l’opinion publique. En d’autres termes, la fonction du militarisme est de tuer. Il ne peut vivre que grâce au meurtre.

Mais la préparation militaire conduit inévitablement à la guerre pour une autre raison, encore plus fondamentale. Elle encourage la création de groupes d’intérêts, qui travaillent consciemment et délibérément à augmenter la production d’armements et à entretenir une hystérie belliciste. Ce lobby inclut tous ceux qui sont engagés dans la fabrication et la vente de munitions et d’équipements militaires en vue d’accumuler gains et profits personnels. Prenons par exemple le cas de la famille Krupp, qui possède la plus grande usine de munitions du monde ; sa sinistre influence en Allemagne et dans beaucoup d’autres pays s’étend à la presse, aux écoles, aux Églises et aux hommes d’Etat chargés des plus hautes responsabilités. Peu avant la guerre, Karl Liebknecht, le seul homme politique courageux en Allemagne aujourd’hui, attira l’attention du Reichstag : la famille Krupp payait les services de fonctionnaires occupant des fonctions militaires très élevées, non seulement en Allemagne mais en France et dans d’autres pays. Partout ses émissaires s’activaient, et ils attisaient systématiquement les haines et les antagonismes nationaux. Liebknecht a ainsi démasqué un trust international spécialisé dans la fabrication d’armements. Ce trust se moque complètement du patriotisme, de l’amour du peuple, mais utilise ces deux sentiments pour inciter à la guerre et empocher des millions de profits dans le cadre de ce terrible marché.

Il n’est pas du tout impossible que les historiens de la guerre actuelle découvrent un jour que ce trust international du meurtre est à l’origine du conflit mondial en cours. Mais faut-il toujours que chaque génération traverse des océans de sang et édifie des montagnes de cadavres pour que la génération suivante en tire quelques leçons ? Ne pouvons-nous pas, dès aujourd’hui, en profiter pour dévoiler la cause qui a conduit à la guerre européenne ? C’est la préparation militaire qui est la cause de la guerre, au terme d’une préparation approfondie et efficace de la part de l’Allemagne et d’autres pays qui ont cherché à renforcer leurs armées et à en tirer des profits matériels ? La préparation militaire en Amérique doit conduire et conduira au même résultat, à la même barbarie, au même sacrifice absurde de la vie. Si l’Amérique emprunte ce chemin, cela ne profitera-t-il pas uniquement aux Krupp américains, aux cliques militaires américaines ? Cela semble vraisemblable lorsque l’on entend les cris chauvins de la presse, les tirades tonitruantes de Roosevelt, le baratin sentimental de notre universitaire-président.

Raison de plus, pour ceux qui aiment encore la liberté et l’humanité, de protester contre ce crime gigantesque, contre les atrocités qui se préparent aujourd’hui et sont imposées au peuple américain. Il ne suffit pas de se prétendre neutre ; une neutralité qui verse des larmes de crocodile d’un œil et garde l’autre œil rivé sur les profits qu’il tirera des fournitures militaires et des emprunts de guerre, une telle neutralité est une escroquerie, elle ne sert qu’à couvrir d’un manteau hypocrite les crimes des autres pays. Il ne suffit pas de se joindre aux pacifistes bourgeois, qui proclament la paix entre les nations tout en contribuant à perpétuer la guerre entre les classes, guerre qui, en réalité, sous-tend toutes les autres guerres.

C’est sur cette guerre des classes que nous devons nous concentrer. Nous devons dénoncer les fausses valeurs, les institutions malfaisantes et toutes les atrocités commises par la société bourgeoise. Ceux qui sont conscients de la nécessité vitale de participer à de grandes luttes doivent s’opposer à la préparation militaire imposée par l’Etat et le capitalisme pour la destruction des masses. Ils doivent inciter les masses à renverser à la fois le capitalisme et l’Etat. Une préparation syndicale et sociale, voilà ce dont les travailleurs ont besoin. Cela seul mène à la révolution de la base contre la destruction de masse planifiée par les élites. Cela seul renforce le véritable internationalisme du mouvement ouvrier contre les empereurs, les rois, les diplomates, les cliques et bureaucraties militaires. Seule cette préparation donnera au peuple le moyen de sortir les enfants des taudis, des ateliers insalubres et des filatures de coton.

Seule cette préparation leur permettra d’inculquer à la nouvelle génération un idéal de fraternité, de leur apprendre à jouer, à chanter et à apprécier la beauté, à élever des garçons et des filles qui deviendront des adultes libres – pas des automates. Seule cette préparation permettra aux femmes d’être les vraies mères de l’humanité, aux hommes et aux femmes de se montrer créatifs pour la race humaine et non de devenir des soldats qui la détruisent. Seule cette préparation conduira à la liberté économique et sociale, et en mettre un terme à toutes les guerres, tous les crimes et toutes les injustices.

Emma Goldman.

[Extrait de Mother Earth, vol. X, N° 10, décembre 1915. Trad : NPNF.]

Notes

[1Ligues navales (ou Navy League). Fondée en 1902, avec les encouragements du président Theodore Roosevelt, la Navy League existe toujours et compte actuellement 75 000 membres. Le rôle de cette association de bons patriotes est « d’éduquer » leurs concitoyens et de « soutenir le personnel de la Marine », qui regroupe aussi le corps des Marines, les Gardes-côtes et la marine marchande.

[2Société pour l’américanisation : association de bénévoles (ou programme financé par le gouvernement fédéral) enseignant les « valeurs fondamentales » de l’Amérique aux immigrés désirant obtenir la nationalité américaine. Cours d’anglais, d’histoire du pays et de ses institutions, mais aussi cours de cuisine, conseil pour l’éducation des enfants, etc. Ce mouvement assez puissant avant et pendant la Première Guerre mondiale ne résista pas aux lois limitant l’immigration et à la montée de la xénophobie au début des années 1920.

[3Thomas Woodrow Wilson (1856-1924). Avocat, professeur de science politique, gouverneur du New Jersey en 1911, président (démocrate) élu en 1912 et réélu en 1916. En partie à l’origine de la Société des Nations (l’ancêtre de l’ONU actuel) dont il imposa la création après la Première Guerre mondiale en menaçant de conclure une paix séparée avec l’Allemagne. Comme quoi, les problèmes entre la « vieille Europe » et les Etats-Unis ne datent pas d’hier. Il est cocasse que, dans les dictionnaires et les livres d’histoire, Wilson soit toujours présenté comme un grand « anticolonialiste » : en effet, il envoya l’armée américaine à trois reprises contre les peuples haïtien, dominicain et mexicain lorsqu’il était président des Etats-Unis.

[4Filles de la Révolution Américaine : association patriotique et snob créée en 1891. Réservée aux descendants des soldats ou des civils ayant participé à la lutte pour l’indépendance américaine. Dans les années 1980, cette organisation regroupait encore 200 000 membres.

[5Henry David Thoreau (1817-1862). Ecrivain qui, au nom de l’individualisme, s’opposait à toute contrainte abusive de la communauté. Il passa une nuit en prison pour avoir refusé de payer ses impôts car il s’opposait à la guerre contre le Mexique Considéré comme un des précurseurs de la non-violence par Gandhi et Luther King, il défendit le raid de John Brown et ses partisans contre l’arsenal de Harpers Ferry en vue de distribuer des armes aux esclaves noirs. Penseur inclassable, ses textes peuvent être utilisés aussi bien par les écologistes, les milices patriotiques d’extrême droite ou les anarchistes qui oublient qu’il écrivit un jour : « Néanmoins, pour m’exprimer de façon concrète, en citoyen et non à la façon de ceux qui se proclament hostiles à toute forme de gouvernement, je ne réclame pas sur-le-champ sa disparition mais son amélioration immédiate. » (N.d.T)

[6Treitschke (1834-1896). Historien et écrivain politique allemand réactionnaire. Député au Reichstag. Partisan de l’unité allemande sous la coupe de la Prusse, il considérait l’Allemagne comme la véritable héritière du Saint Empire Romain germanique et pensait que son pays devait devenir une grande puissance impérialiste dotée d’un Etat fort, dirigé par une élite qui ne soit pas paralysée par un Parlement pusillanime.

[7Bernhardi, Friedrich von (1849-1930). Général allemand et auteur de deux ouvrages aux titres prophétiques : L’Allemagne et la prochaine guerre (1912) et Notre avenir (1913).

[8Samuel Gompers (1850-1924). A l’origine de l’American Federation of Labor, syndicat fondé sur les métiers et qui s’adresse aux ouvriers qualifiés. Prônait la collaboration avec le patronat en vue d’obtenir de « bons » contrats collectifs. Soutint Wilson pendant la Première Guerre mondiale.

[9Le 20 avril 1914, 20 hommes, femmes et enfants furent assassinés à Ludlow, Colorado. Les mineurs de cet Etat et d’autres États de l’Ouest essayaient d’adhérer à l’UMWA (syndicat des mineurs) depuis plusieurs années. En grève, ils furent expulsés des maisons qu’ils louaient à la société minière. Les mineurs en lutte et leurs familles dormaient donc sous des tentes plantées sur un terrain communal. Un groupe formé de miliciens, de gardiens de la société minière et d’hommes de main engagés au titre de détectives privés et de briseurs de grève jetèrent du kérosène sur les tentes, y mirent le feu et tirèrent sur ceux qui s’échappaient en se servant d’une auto-mitrailleuse blindée. Le jour du massacre, à 10 heures du matin, les mineurs célébraient la Pâques orthodoxe – raison pour laquelle Emma Goldman fait allusion au « bon accueil » que reçoivent les immigrés (sans doute grecs, dans ce cas) en Amérique. Aucun des responsables du massacre ne fut jamais condamné, mais par contre de nombreux mineurs et militants syndicaux furent emprisonnés et licenciés.

[10Lusitania : paquebot coulé par les Allemands. 1100 personnes périrent dont 128 Américains mais Wilson ne déclara pas pour autant la guerre à l’Allemagne.

 

Allex( Drôme) des tags Anarchistes sur les murs du village

 

Dauphiné Libéré 07/04/2017

Le village d’Allex s’est réveillé sous les tags jeudi matin. De nombreux bâtiments publics et privés de la commune ont été touchés. Ce sont les murs des principales rues du centre du village qui ont été visés. Dans les messages aux lettres rondes et inscrits à la peinture noire, on trouve également des appels à l’abstention, « Soyons ingouvernables » ou « Etre indigné, ça va de soi » mais également certaines inscriptions qui visent la police et les banques.« Vote pas, brûle une banque ». Les inscriptions rappellent celles qui avaient été découvertes sur des murs de Crest, début mars, avec notamment des allusions à Elisée Reclus, un écrivain militant et théoricien anarchiste de 19e siècle.

Gérard Crozier, le maire d’Allex, n’a pas souhaité réagir. Une enquête de gendarmerie est ouverte.

[Publication] Blasphegme n°4

le Chat Noir Émeutier

MAIN DE FER OU GANT DE VELOURS ?

« La tyrannie la plus redoutable n’est pas celle qui prend figure d’arbitraire, c’est celle qui vient couverte du masque de la légalité. » (Albert Libertad)

La police, le bras armé de l’État, viole, mutile et tue. Des tragédies s’enchaînent les unes après les autres, et pour y répondre des demandes sont faites à « l’État de droit » contre ces mauvais éléments qui seraient présents dans les rangs de la police (désarmer la police, que la justice juge et punisse les policiers assassins, que la police des polices punisse ses mauvais éléments, qu’il n’y ait plus de bavures, qu’il n’y ait plus de « morts pour rien » … ). Comme si c’était un problème individuel, une poignée de personnes qui agiraient mal et empoisonneraient cette institution de l’État.

Le policier quand il tabasse, viole, tue quelqu’un dans le cadre de son travail, il ne fait que son boulot. Ce ne sont pas des gens nés sadiques, mais bien évidemment que le pouvoir qu’ils ont et qui leur monte à la tête contribue à un certain sadisme. C’est la fonction même de policier qui peut, dans certaines situations, nécessiter qu’ils soient violents, sadiques. Si les gens ne se laissent pas humilier quotidiennement (contrôles d’identités, insultes, etc.) il faut bien que ces fonctionnaires mènent à bien leur sale boulot. Et sans aucun doute qu’ils ont envie de se venger quand ils se sentent humiliés à leur tour, parce que c’était pas forcément leur rêve d’enfance de devenir larbin de l’État, mais pour pouvoir se regarder dans la glace il faut bien qu’ils s’imaginent qu’ils sont tout puissants.

La justice et la police sont de simples gardes-fous, qui veillent à ce que personne ne mette de sable dans les rouages de la machine étatique, et lorsque malgré tout cela arrive, la police est là pour rétablir les choses, pour protéger l’État à tout prix, empêcher que le contrôle sur la société ne soit perdu, même momentanément. Car le plus grand danger pour l’État c’est que les petits gestes de rébellion se diffusent socialement, alors il faut les couper à la racine, de façon radicale parfois, quitte à inventer des histoires pour se justifier lorsque la méthode répressive a dépassé les limites des lois qu’ils créent.

Une police gentille, non-violente, ce n’est pas une utopie, c’est tout à fait réalisable. Mais une telle situation ne pourrait se passer que dans une société totalement pacifiée, où le moindre petit éclat de colère n’existerait pas, où les passions seraient éteintes, la stabilité de la société devenant la valeur suprême, la communauté devenant tout, et l’individu rien.

Pour avoir une police gentille il faudra sacrifier nos individualités à un bien commun et un monde de valeurs qui ne laissent pas de place aux passions; une société basée sur la médiation, la pacification, le sacrifice, l’accommodation et le compromis. Dans ce meilleur des mondes la plus grande punition serait le bannissement, et chaque citoyen revêtirait la responsabilité de défendre l’ordre existant. Et quel rôle aurait alors la police ? Elle aurait toujours le même rôle, celui de veiller à ce que la société fonctionne bien, de débusquer les réfractaires et les empêcher d’inciter les autres à ne pas respecter les règles du jeu. Bien sûr que pour remplir son rôle elle aurait toujours tout un panel de méthodes, mais parfois il y a bien plus efficace que la violence physique.

Nous ne voulons pas de cette société qui engendrerait une police non violente, ni de celle qui produit des flics violents, nous ne voulons pas d’une société qui produit des flics tout court, y compris celui dans notre tête. S’il y a des flics c’est pour protéger ce système capitaliste, ce monde d’exploitation et de misère, et nous empêcher de nous réaliser pleinement en tant qu’individus.

Peu importe que la clôture qui nous entoure ait des barbelés, qu’elle soit électrifiée ou plus ou moins haute. Le problème c’est que nous soyons enfermés, et pas comment nous sommes enfermés. Des flics gentils, des maîtres gentils, cela restera une autorité au dessus de nos têtes, des normes sociales qui dictent nos vies, qui les atrophient; cela restera un État qui contrôlera chaque parcelle de notre existant. Alors que nos rêves sont bien trop grands pour les limites étroites de n’importe quel État, et que la résignation n’est pas une option.

Nous ne voulons ni de la main de fer ni du gant de velours. Nous préférons couper cette main étatique, quelle qu’elle soit, qui ne peut servir qu’à nous étrangler.

CAR NOUS VOULONS DÉTRUIRE LE POUVOIR , CEUX QUI LE DÉTIENNENT , ET CEUX QUI LE DÉFENDENT !

Cliquer sur la photo pour voir tous les articles du quatrième numéro de « Blasphegme »

blasphegme.noblogs.org

Ecran Total sur la ZAD de NotreDameDesLandes le 9 avril

Le groupe Ecran Total de Lyon était intervenu lors d’un débat sur le travail le 2 mai 2015 à Grenoble  organisé par le Collectif grenoblois de soutien à la ZAD des Chambarans.

 

Aujourd’hui le collectif Ecran Total vous invite sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, le 9 avril, à la Wardine, à partir de 16 heures, pour un moment de présentation générale. Il y aura un repas partagé en soirée. (http://zad.nadir.org/spip.php?article4454)

 

 Ce collectif propose également  une soirée le mardi 11 avril, à partir de 19h, au B17 à NANTES (17 rue Paul Bellamy) (apéro-bouffe à 19h, puis présentation suivie d’une discussion à 20h).

 

Vous trouverez quelques documents sur l’objet de ces rencontres, en pièces jointes.

 

  

 

Quelques mois après les grèves qui avaient paralysé le pays en décembre 1995, l’Encyclopédie des nuisances (EdN) publiait une brochure critiquant ce mouvement. A contre courant de l’euphorie  unanime qui considérait  ce qui venait de se passer comme étant « le mouvement sociale le plus important depuis Mai 68 », l’EdN ne saluait pas la réappropriation de certains moyens de production comme pouvait le faire certains groupes libertaires, et regrettait notamment qu’elle n’ait pas été suivie de leurs remises en question. Nous pouvions lire dans les Remarques sur la paralysie de décembre 1995 : « A-t-on jamais entendu, dans ces moments-là, des infermières s’en prendre à la médecine scientifique, des routiers à la croissance démentielle des échanges marchands, ou des marins pêcheurs dénoncer le saccage dont ils sont à la fois les agents et les victimes ? Ou des employés du transport aérien critiquer les flux de l’économie mondialisée qui encombre le ciel de ces gestionnaires pressés et de son tourisme de masse ? Et une fois encore, durant ces grèves de décembre, a-t-on beaucoup entendu parler de l’émotion particulière ressentie en passant à trois cents kilomètres à l’heure devant une centrale nucléaire ? ».

 

Il aura fallu pas moins de 20 ans pour que certaines de ces remarques soient entendues et portées par quelques syndicats comme la CGT de Vinci qui a pris position contre le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes ou comme la fédération SUD-Rail qui s’est déclarée contre la Ligne grande vitesse Lyon-Turin.

 

La critique de ce que nous produisons au travail et des conditions dans lesquelles nous le faisons doit être liée plus globalement à celle de l’économie marchande totalisante qui noue les productions et services entre eux. Nous travaillons pour produire des marchandises – produits ou services – qui sont vendues pour répondre à des besoins – qui peuvent être effectivement nécessaires ou discutables –,  mais également et surtout pour permettre d’acheter d’autres marchandises. C’est pourquoi chaque marchandise contient en elle le moyen d’échange (en valeur sonnante et trébuchante) qui détermine un rapport social particulier. 

 

« Il faut être marxiste au Collège de France pour ignorer que la marchandise par essence est, en tant que rapport social, annihilation de toute particularité qualitative et de toute singularité locale au profit de l’universalité abstraite du marché. Si on accepte la marchandise, on doit accepter son devenir-monde, dont chaque marchandise particulière est un agent, avant même d’être fabriquée à Taïwan » nous signalait très justement l’EdN dans ses Remarques.

 

 

Merci de faire suivre,

Henri Mora

pièces jointes:

« Ne nous libérez pas, on s’en charge ! »(Interview du groupe Ecran total par lui-même, paru dans CQFD de février 2017)en PDF

proposition de rencontre avec le collectif Ecran Total en lutte contre la gestion et l’informatisation de nos vies le dimanche 9 avril à partir de 16h (à la zad, lieu à préciser).en PDF

Ecran total » au Testet enPDF

 

 

Contre le projet de mégatransformateur à Saint-Victor et le développement de champs d’éoliennes industrielles texte collectif de l’Amassada, lu à Rodez

note: solidaire dans les luttes , solidaire face à la répression


source la voie du jaguar

Voilà deux ans, presque jour pour jour, que nous sabrions le champagne sous la neige à La Plaine pour célébrer la naissance et la construction de l’Amassada sur les terres convoitées par RTE (Réseau de transport d’électricité). L’Amassada, cela signifie « l’assemblée » en occitan, mais au-delà de ce simple mot c’est aussi un point central et hautement stratégique qui nous permet de bloquer tout un tas de projets éoliens ;
et c’est surtout une façon au quotidien de se tenir ensemble coûte que coûte, une manière de se rapporter à la lutte contre la mise sous contrainte de nos existences, contre la mise en coupe réglée des territoires.

Ces territoires, les aménageurs, les investisseurs et un grand nombre d’élus les ont crus dociles, malléables et soumis. Bien sûr ils se trompent (comme toujours a-t-on envie de dire) ! Et nous ferons tout pour continuer de leur donner tort ! Il suffit de regarder le nombre que nous sommes aujourd’hui…

Qu’ils le veuillent ou non, nous habitons ces lieux, ces endroits, ces collines, ces plateaux, ces hameaux, ces villages qui nous sont chers. Et pour nous, habiter, ça n’est pas peu dire. Ça n’est pas une petite affaire individuelle qui s’accommode de tristes spéculations économiques.

Habiter, c’est faire corps avec ce qui nous entoure, et c’est pour ça que s’attaquer à notre milieu, c’est s’attaquer à nos vies ; couler un plot de béton dans un champ, c’est nous mettre un parpaing à la place du cerveau. Et ça il n’en est pas question !

Habiter, ce n’est pas seulement se souvenir des croquants qui se révoltent à Villefranche-de-Rouergue, des mineurs de Decazeville, des gantiers en grève de Millau et de tous ceux qui ont eu le courage de résister et de défendre leur forme de vie ; habiter, c’est aussi construire des liens avec d’autres territoires en lutte.

☀ Nous profitons de ce moment pour clamer haut et fort notre solidarité avec les insurgés de l’isthme de Tehuantepec, au Mexique, qui doivent faire face aux promoteurs et aux multinationales, ainsi qu’à leurs milices et autres groupes paramilitaires ; face à un ennemi commun, exprimer notre soutien aux communautés indigènes qui tombent sous les balles pour défendre leur existence.

☀ Nous affirmons que lutter contre un transfo, des éoliennes industrielles ou des lignes THT (à très haute tension), c’est aussi pour nous lutter au côté de ceux qui résistent et qui vivent depuis maintenant des années à Notre-Dame-des-Landes contre l’aéroport, rejoindre les copains lorsqu’il le faut, malgré la distance ;

☀ Lutter ici, c’est partager le combat de ceux qui peuplent d’une façon si belle le Val di Susa et qui s’organisent chaque jour pour contrer l’avancée de la ligne Lyon-Turin ;

☀ Lutter ici, c’est aussi se porter à Bure et faire barrage de nos corps à des ingénieurs qui préparent le cauchemar planétaire pour les dizaines de milliers d’années à venir, à des échelles qui nous échappent, lutter pour faire échec à un complexe électro-industriel qui confond les habitants de la Meuse avec des poubelles publiques.

En un mot lutter ici, c’est lutter contre des formes de gouvernement dont la vocation est d’étendre leurs solutions hégémoniques et désastreuses à toute la planète, au nom de leurs profits et pour notre malheur. C’est lutter contre des gens qui prétendent nous dicter nos comportements, contre des gens qui gouvernent par la peur et font du monde un désert. Ces tristes sires et leur monde techno-économique posent des problèmes dont ils voudraient nous tenir responsables et auxquels, en plus, il faudrait que nous trouvions des solutions ! Des solutions pour que surtout rien ne change.

Mais, face à ce désastre savamment orchestré, la seule réponse que nous devons apporter, porter ensemble, c’est une réponse politique au sens le plus riche que ce terme peut avoir. C’est se réapproprier communément, collectivement nos existences sur tous les plans, c’est l’auto-organisation dans les communes, dans les villages. C’est savoir se ressaisir de savoir-faire dont on nous a dépossédés au fil des siècles, se nourrir de coutumes disparues, inventer de nouvelles formes de vie, déserter massivement le désert qu’on nous prépare. C’est ce que nous vivons depuis deux ans à l’Amassada : festoyer, chanter, danser, construire, remporter des victoires.

Car il est clair que nous n’avons plus rien à attendre des gens qui ont systématiquement et ostensiblement étalé leur mépris et leur arrogance à notre égard, nous, habitants qui voyons nos territoire sacrifiés sans vergogne sur l’autel de leurs visées mercantiles.

Qu’il s’agisse d’élus, d’ingénieurs, de promoteurs, d’investisseurs ou d’aménageurs, ils ont largement fait eux-mêmes la démonstration qu’aucune confiance, aucun crédit ne pouvait et ne devait dès lors leur être accordé. Ni au niveau national ni à une échelle plus locale.

Que ce soit ces derniers mois un gouvernement aux abois, et à sa tête Valls qui fait passer en force une loi scélérate à l’aide du 49.3 au mépris le plus total de la colère qui s’est exprimée dans la rue ; ou que ce soit A. Marc, sénateur de l’Aveyron (entre autres mandats) qui a fait voter le huis-clos lors de la réunion normalement publique de la Communauté de communes (des Raspes et de la vallée de la Muse) qui a délibéré en faveur de l’implantation massive d’éoliennes industrielles dans la région, après avoir dégagé manu militari les habitants venus faire connaître leur opposition.

Bref, le mépris qu’ils ont pour nous n’a d’égal que notre colère et notre détermination. C’est pour cette raison qu’aujourd’hui nous sommes venus déverser la terre souillée de nos sols sacrifiés pour que le préfet sache bien que nous ne sommes pas dupes. Pour qu’il comprenne qu’aujourd’hui nous sommes venus manifester pacifiquement, mais que si lui et RTE s’entêtent nous reviendrons avec des intentions plus belliqueuses.

Nous savons que l’enquête publique annoncée depuis des mois à Saint-Victor n’est qu’un simulacre de participation, une vaste blague. Pour nous, cette enquête, c’est la première pierre de leur projet, une occasion supplémentaire pour nous jeter leur mépris au visage. C’est pourquoi nous n’y participerons pas ! Nous n’avons que faire de leurs échéances.

Ce qui nous importe, c’est de profiter et de maintenir l’élan et la force du nombre que nous sommes aujourd’hui pour nous retrouver les uns les autres, dans les mois qui viennent, et mettre en actes notre refus sur des chantiers, en des points précis du schéma qu’ils croient pouvoir nous imposer.

Ne craignons pas de faire comme aujourd’hui des dizaines, voire des centaines de kilomètres pour défier l’isolement de chacun face à l’avancée des différents projets. Ils veulent des infrastructures diffuses et dispersées pour être moins vulnérables à notre opposition, ils veulent miter des pans entiers de nos espaces : il nous faut être l’essaim, la nuée qui sait fondre et frapper par surprise là où cela est nécessaire !

N’hésitons pas à bloquer des camions ou des convois entiers comme cela a été fait il y a plusieurs mois sur l’Escandorgue, soyons prêts à entraver le bon déroulement des travaux comme ce fut le cas en Haute-Durance contre les lignes THT. Allons perturber dès que nous le pouvons les réunions feutrées d’élus sans scrupule qui soldent nos terres au plus offrant, comme nous l’avons fait en septembre dernier, au Parc naturel régional des Grands Causses en chassant les seigneurs locaux de leurs fauteuils confortables.

Jusque-là nous avons agi de façon relativement éparse. Mais aujourd’hui nous sommes là, ensemble, à plusieurs centaines et nous faisons le pari que demain, si nous le décidons, nous remporterons des victoires. Il nous appartient dès maintenant de changer l’hiver en printemps !

Vive l’Amassada ! Vive la lutte !
Pas res nos arresta !

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À

une copine de la Conf’ paysanne s’interroge sur les luttes actuelles

une copine de la Conf’ paysanne s’interroge sur les luttes actuelle

Ses questionnements et remarques peuvent nous intéresser dans nos combats pour l’émancipation.
https://www.youtube.com/watch?v=rq7UKUfvHDY

note:  un livre présent dans la bibliothèque: du Laboratoire

le ménage des champs ( chronique d’un éleveur au vingtième siècle) de Xavier Noulhianne aux éditions du bout de la ville

« Du côté des paysans, cela fait longtemps  que le cultivateur ne voit plus le pain lorsqu’il travaille  ses champs ou moissonne  ses blés .Cela fait  longtemps  qu’il ne nourrit plus personne , ni lui ni les autres . il est pourvoyeur de matières premières. De toute  façons, cela fait également longtemps  que le consommateur  ne voit plus  les champs de blé lorsqu’il consomme  son petit pain trop mou chevauché d’un steak haché trop cuit[…] Parce que « nourrir » ce n’est plus produire de la nourriture , mais assurer  et maîtriser  toute la chaîne  d’alimentation entre la production et la consommation.. […]C’est l’État qui nourrit , ce n’est plus les paysans. »

[Valence] Causeries populaire au laboratoire anarchiste

indy grenoble

Friday 7 April 2017 à 19:00

Il faut seulement que l’instinct d’individu libre enflamme vos entrailles, que naisse le désir de la liberté… Alors la bourgeoisie agira de deux façon différentes : de manière pacifique-en concédant l’aumône d’un kopek à l’affamé ou la liberté trompeuse de réunion à vos esprits confus-, avec des choses qui n’aideront en rien votre lutte… de manière violente aussi, en lançant l’armée contre vous pour faire taire et anéantir vos aspirations. Eux savent bien que la base de leur vie et de leur existence est votre condition d’esclave, et que votre désir de vous libérer de ce joug sera leur tombe

Extrait d’ un tract du groupe d’anarchistes-communistes de Bialystok, juillet 1905 [1]

Le groupe radical Chernoe Znamia (le drapeau noir), le plus important et de loin de tout l’empire Russe, poursuivait le but d’une société organisée en communes libres dans lesquelles chaque individu disposerait de ce dont il a besoin. Cependant, ses méthodes incisives et son goût pour l’action s’inspiraient davantage de Bakounine [2].

Le 7 avril à dix-neuf heures, des ennemi·e·s irréconciliables de toute domination et des amant·e·s passionné·e·s de la liberté invitent à une causerie populaire un compagnon de l’organisation communiste libertaire. Les temps sont durs… c’est pas une raison pour oublier le projet anarchiste.

La situation de l’humanité aujourd’hui est identique à l’état de la planète, c’est à dire catastrophique. Le capitalisme est de plus en plus en crise, et tente de se redynamiser en rétrécissant les avantages sociaux obtenus grâce aux luttes des siècles précédents. Le dernier exemple en date est la loi « Travail ». D’un autre côté, la pollution générée par le capitalisme industriel continue de s’accumuler, empoisonnant toujours plus la biosphère, et elle continue aussi d’alimenter le réchauffement climatique. Le nucléaire rajoute par-dessus son lot d’horreur, notamment à cause des accidents, tel Fukushima qui continue de répandre ses poisons radioactifs dans l’océan pacifique.Mais les installations nucléaires françaises, même si leur pollution est à une autre échelle, ne doivent pas être oubliées pour autant.

Face à cela, on voit bien que de petites améliorations, déjà difficiles à obtenir, ne suffiront pas. Sombrer dans le désespoir ou l’hallucination virtuelle ne résoudra rien non plus. La seule solution concrète est de remettre en question radicalement la société dans laquelle nous sommes,afin d’en changer complètement. La critique révolutionnaire est en même temps une volonté de transformer le Monde de fond en comble.

À propos de ces constats et des pratiques communistes anarchistes, pour discuter un compagnon lyonnais de l’OCL sera :

à 19h à la causerie au laboratoire 8 place Saint Jean à Valence

Pour cela, les anarchistes (et plus précisément les anarchistes-communistes) se basent sur les deux notions concrètes que sont l’égalité et la liberté. La liberté réelle signifie qu’à tout instant la liberté d’action de tout le monde est totale, en cohérence avec les relations librement désirées et consenties entre les êtres humains, et limitée uniquement par les contraintes qui nous sont extérieures. Cela implique qu’aucune structure humaine ne prétende dominer le reste de la population (en particulier, nous sommes contre l’État, qui est un instrument de pouvoir d’une minorité). Mais cette liberté de toutes et tous n’est possible que s’il règne une égalité réelle entre nous. Cette égalité est en même temps une évidence car nous sommes fondamentalement des êtres humains, et en même temps un principe toujours affirmé car les différences qui font la diversité de ’humanité ne doivent pas conduire à des hiérarchies entre les individus ou les groupes.

La liberté et l’égalité sont des idées creuses dans notre société capitaliste et autoritaire. Seule une révolution pourra faire vraiment changer les choses, et, en détruisant ce qui exploite et opprime,Construire un monde dans lequel l’humain sera heureux de vivre.

[1] Vive la révolution à bas la démocratie ; édition :mutines séditions

[2] Chernoe Znamia comptait la majorité de ses partisans dans les provinces frontalière de l’empire à l’ouest et au sud

 

Attached documents