Archives mensuelles : janvier 2015

AVEYRON[Saint-Victor-et-Melvieu ], , samedi 24 janvier 2015 – Inauguration de l’Amassada

Samedi 24 janvier dès 14h00
Grande journée d’inauguration.
Repas et bal trad en soirée.

LE TRANSFORMATEUR DE SAINT-VICTOR-ET-MELVIEU QUESAKO ?

À la sortie du bourg de Saint-Victor-et-Melvieu, le géant du
transport électrique français RTE (Réseaux de Transport d’Électricité)
tente par tous les moyens de s’accaparer un lot d’excellentes terres
agricoles pour y implanter un gigantesque transformateur de 7 hectares.
UN TRANSFORMATEUR POUR DU BUSINESS INTERNATIONAL
Un transformateur de cette taille sert à augmenter le voltage de
l’électricité produite aux environs, pour pouvoir ainsi l’exporter loin,
très loin, sur les marchés européens et mondiaux, au moyen de lignes Très
Haute Tension (pour Saint-Victor, ce serait à destination de l’Espagne et
du Maroc). Ce que dévoile la construction de ces infrastructures, c’est
que l’énergie produite localement n’a rien à voir avec un besoin, ni même
une consommation locale. Elle est immédiatement envoyée dans un immense
réseau de distribution transnational dont le but premier est de réaliser
de substantiels profits en vendant sur les marchés les plus porteurs. Un
tel système rend immédiatement caduque toute idée d’autosuffisance
énergétique. À proximité des centrales photovoltaïques ou nucléaires, des
éoliennes ou des barrages, on consomme comme partout ailleurs l’énergie
lambda du réseau, simplement on subit gracieusement les nuisances de
production et d’acheminement.
DES NUISANCES
Il y a déjà un transformateur de 3 ha à Melvieu (qui évacue la production
des barrages du Tarn) et de nombreuses lignes THT. Faites l’expérience :
si l’on passe avec un néon sous l’une des lignes, celui-ci s’allumera tout
seul… À proximité de telles lignes, des symptômes divers apparaissent
(notamment des problèmes de fertilité), touchant parfois gravement la
santé des riverains. Sans parler du bétail dont la lactation diminue ou
s’arrête. Bref, personne ne croit plus en la soi-disant innocuité de ces
infrastructures.
L’AVEYRON, LE TARN ET L’HERAULT MENACÉS
Quel besoin d’un transformateur supplémentaire à Saint-Victor ? En
réalité, il s’agit d’une anticipation de RTE quant au projet pharaonique
d’implantation d’un millier d’aérogénérateurs* (éoliennes industrielles)
dans la région. La multiplication des mâts de 120 m de haut sur toutes les
crêtes du sud Rouergue saturerait en effet rapidement le transformateur de
Melvieu. Sans compter que, par un effet d’entraînement, la présence
d’infrastructures de desserte (transformateurs et lignes THT de 225.000 et
400.000 volts) encouragera et concentrera encore un peu plus les projets
de nouvelles productions énergétiques (aérogénérateurs, centrales
photovoltaïques) autour d’elles. C’est donc de la création d’une vaste
zone industrielle de l’énergie sur tout le sud-Aveyron qu’il s’agit.
Pour celles et ceux qui luttent là-bas,

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L’amassada, comme premier chantier, comme première incarnation physique du mouvement de lutte contre le transformateur et les aérogénérateurs, n’est pas une manifestation symbolique. Elle constitue un rempart puissant, un obstacle de bois, de tôles, de chair et de rêves face à l’avancée de leur désert. Elle nous donne un toit pour nous assembler, pour nous organiser et pour avancer ensemble. Un abri pour les palabres, les repas, les stratégies et les chants. Un espace pour esquisser une vie bien différente de celle promise par RTE. Elle est notre affirmation commune : le transformateur ne se fera pas !

L’amassada est solidement ancrée dans cette terre et cette culture, mais ses fenêtres sont grandes ouvertes sur le monde. Elle est fille de la bergerie de la Blaquière sur le Larzac et sœur du potager collectif du Sabot de Notre-Dame-des-Landes ; elle est la complice des « presidio » italiens du Val Susa, ces cabanes construites par les opposants à la ligne TGV Lyon-Turin pour défendre leurs terres convoitées par la mafia des aménageurs. Nous avons avec nous ces habitants des territoires qui un peu partout résistent, nous avons avec nous les tracteurs, les tritons et les oiseaux, les dizaines de milliers d’opposants aux projets nuisibles. L’amassada se construit au sein d’un mouvement historique de protestation, capable de s’arroger des victoires et de redonner l’espérance. Ce sera un lieu de combat et de liberté, un lieu qui sera celui de tous, sans clés ni serrures. Il nous appartient maintenant d’imaginer ensemble comment et de quoi le peupler, quelle chaleur y installer pour que la marque de notre détermination y demeure indélébile, pour qu’il abrite, dans quelques années, les souvenirs de nos victoires !
** Le 24 janvier : Lo cremalh de l’Amassada (la crémaillère, l’inauguration) **

Est prévue une grande journée de discussion, de musique et de danse, co-organisée avec l’association Plateau Survolté, pour inaugurer l’Amassada. Le programme provisoire est le suivant, toutes les bonnes volontés et les idées sont les bienvenues pour enrichir cette journée.

L’après-midi sur le site :

14h00 : Inauguration officielle, discours, pot de la lutte et de l’amitié, coupure du ruban !

14h30 : Table ronde sur le transformateur et l’éolien industriel

16h30 : Table ronde sur les luttes contre les grands projets nuisibles (ZAD, NO TAV…)

Soirée à la salle des fêtes de Saint-Victor :
8h30 : Apéritif en musique

Affiche A3def

 L’affiche en meilleure qualité est disponible ici : Affiche pour impression

 

*Info sur l’éolien industriel en Aveyron

Vous saurez tout sur les aérogénérateurs en rouergue grace à ces trois documents :

Pour-ou-contre-les-eoliennes-en-aveyron

Recensement-des-aerogenerateurs-2014

L’arnaque de l’éolien

Vous pouvez également vous rendre compte de ce que veut dire bâtir un aérogénérateur en image ici : photos

texte copié à partir de ce blog

Aux libertaires ;Appels de la prison de Ségovie

 La publication de ce texte rédigé par Guy Debord qui faisait partie du livre avec aussi  des lettres  sublimes de compagnons enfermés dans cette prison . Celui-ci « appels de la prison Ségovie » de la collection  champ libre est épuisé aujourd’hui il  est impossible à trouver même  chez les bouquinistes. L’ Appels de la prison de Ségovie n’a pas perdu son existant

rédigé par Guy Debord
Aux libertaires
Coordination des groupes autonomes d’Espagne,
Appels de la prison de Ségovie
Éditions Champ Libre, Paris, novembre 1980
Web : source égarée
ESTIMABLES CAMARADES,
Nous regrettons d’avoir à attirer votre attention sur une question grave et urgente que, normalement, vous devriez connaître beaucoup mieux que nous qui sommes au loin, et étrangers. Mais nous sommes obligés de constater que diverses circonstances vous ont jusqu’ici placés dans l’impossibilité de connaître les faits ou leur signification. Nous croyons donc devoir vous exposer clairement ces faits, comme aussi les circonstances qui ont entravé votre information à leur propos.
Plus de cinquante libertaires sont détenus en ce moment dans les prisons d’Espagne, et beaucoup d’entre eux depuis plusieurs années sans jugement. Le monde entier, qui entend parler chaque jour des luttes menées par les Basques, ignore complètement cet aspect de la réalité espagnole d’aujourd’hui. En Espagne même, l’existence et les noms de ces camarades sont parfois cités devant un secteur restreint de l’opinion, mais on garde généralement le silence sur ce qu’ils ont fait et sur leurs motifs ; et rien de concret n’est entrepris pour leur délivrance.
Aussi, quand nous nous adressons à vous tous, nous ne pensons évidemment pas à reconnaître à la C.N.T., telle qu’elle a été reconstituée, un rôle de référence centrale et de représentation des libertaires : tous ceux qui le sont n’en font pas partie, et tous ceux qui en font partie ne le sont pas.
L’heure du syndicalisme révolutionnaire est passée depuis longtemps, parce que, sous le capitalisme modernisé, tout syndicalisme tient sa place reconnue, petite ou grande, dans le spectacle de la discussion démocratique sur les aménagements du statut du salariat, c’est-à-dire en tant qu’interlocuteur et complice de la dictature du salariat : car démocratie et salariat sont incompatibles, et cette incompatibilité, qui a toujours existé essentiellement, se manifeste de nos jours visiblement sur toute la surface de la société mondiale. À partir du moment où le syndicalisme et l’organisation du travail aliéné se reconnaissent réciproquement, comme deux puissances qui établissent entre elles des relations diplomatiques, n’importe quel syndicat développe en lui-même une autre sorte de division du travail, pour conduire son activité réformiste toujours plus dérisoire. Qu’un syndicat se déclare idéologiquement hostile à tous les partis politiques, voilà ce qui ne l’empêche aucunement d’être dans les mains de sa propre bureaucratie de spécialistes de la direction, tout à fait comme un quelconque parti politique. Chaque instant de sa pratique réelle le démontre. L’affaire évoquée ici l’illustre parfaitement puisque, si en Espagne des libertaires organisés avaient dit ce qu’ils devaient dire, nous n’aurions pas eu besoin de le dire à leur place.
De cette cinquantaine de prisonniers libertaires, qui sont en majorité dans la prison de Ségovie, mais aussi ailleurs (« Prison Modèle » de Barcelone, « Carabanchel » et « Yserias » de Madrid, Burgos, Herrera de la Mancha, SoriaÉ), plusieurs sont innocents, ayant été victimes de classiques provocations policières. C’est de ceux-ci que l’on parle un peu, et c’est eux que certains paraissent en principe disposés à défendre, mais plutôt passivement. Cependant les plus nombreux parmi ces prisonniers ont effectivement dynamité des voies ferrées, des tribunaux, des édifices publics. Ils ont recouru à des expropriations à main armée contre diverses entreprises et un bon nombre de banques. Il s’agit notamment d’un groupe d’ouvriers de la SEAT de Barcelone (qui se sont un moment présentés sous le nom d’« Ejercito Revolucionario de Ayuda a los Trabajadores »), qui ont voulu apporter de la sorte une aide pécuniaire aux grévistes de leur usine, ainsi qu’à des chômeurs ; et aussi des « groupes autonomes » de Barcelone, Madrid et Valence, qui ont agi de même, plus longtemps, dans l’intention de propager la révolution par tout le pays. Ces camarades sont également ceux qui se placent sur les positions théoriques les plus avancées. Alors que le procureur demande contre certains d’entre eux des peines individuelles allant de trente à quarante années d’emprisonnement, c’est ceux-là sur lesquels on entretient partout le silence, et que tant de gens préfèrent oublier !
*
L’État espagnol, avec tous les partis qui, au gouvernement ou dans l’opposition, le reconnaissent et le soutiennent, et les autorités de tous les pays étrangers, toutes sur ce point amies de l’État espagnol, et la direction de la C.N.T. reconstituée, tous, pour différentes raisons, trouvent leur intérêt à maintenir ces camarades dans l’oubli. Et nous, qui avons un intérêt précisément contraire, nous allons dire pourquoi ils le font.
L’État espagnol héritier du franquisme, démocratisé et modernisé juste comme il le faut pour tenir sa place banale dans les conditions ordinaires du capitalisme moderne, et si empressé de se faire admettre dans le pitoyable « Marché commun » de l’Europe (et, en effet, il le mérite), se présente officiellement comme la réconciliation des vainqueurs et des vaincus de la guerre civile, c’est-à-dire des franquistes et des républicains ; et il est vrai qu’il est cela. Les nuances ont là peu d’importance : si, du côté des démocrates staliniens, Carrillo est peut-être à présent un peu plus royaliste que Berlinguer, en revanche, du côté des princes de droit divin, le roi d’Espagne est assurément tout aussi républicain que Giscard d’Estaing. Mais la vérité plus profonde et plus décisive, c’est que l’État espagnol d’aujourd’hui est en fait la réconciliation tardive de tous les vainqueurs de la contre-révolution. Ils sont enfin réunis amicalement, dans la bienveillance qu’ils se devaient réciproquement, ceux qui ont voulu gagner et ceux qui ont voulu perdre, ceux qui ont tué Lorca et ceux qui ont tué Nin. Car toutes les forces qui, en ce temps-là, étaient en guerre contre la République ou bien contrôlaient les pouvoirs de cette République – ce sont tous les partis qui siègent aujourd’hui aux Cortès – poursuivaient, de diverses manières sanglantes, et atteignirent le même but : abattre la révolution prolétarienne de 1936, la plus grande que l’histoire ait vu commencer jusqu’à ce jour, et donc aussi celle qui encore préfigure au mieux le futur. La seule force organisée qui ait eu alors la volonté et la capacité de préparer cette révolution, de la faire et – quoique avec moins de lucidité et de fermeté – de la défendre, ce fut le mouvement anarchiste (appuyé uniquement, et dans une mesure incomparablement plus faible, par le P.O.U.M.).
L’État et tous ses partisans n’oublient jamais ces terribles souvenirs, mais s’emploient continuellement à les faire oublier au peuple. Voilà pourquoi le gouvernement préfère, pour le moment, laisser dans l’ombre le péril libertaire. Il aime mieux évidemment parler du G.R.A.P.O., forme idéale d’un péril bien contrôlé, puisque ce groupe est, dès l’origine, manipulé par les Services Spéciaux, exactement comme les « Brigades Rouges » en Italie, ou comme la pseudo-organisation terroriste, au nom encore imprécisé, dont le gouvernement français fait annoncer depuis quelques mois, par une série de petits coups, l’opportune entrée en scène. Le gouvernement espagnol, satisfait de son G.R.A.P.O., serait sans doute très content de ne pas avoir en plus à parler des Basques. Il y est pourtant contraint par leurs luttes effectives. Mais, après tout, les Basques combattent pour obtenir un État indépendant, et le capitalisme espagnol pourra aisément survivre à une telle perte. Le point décisif est cependant que les Basques savent très bien défendre leurs prisonniers, qu’ils ne laissent pas oublier un instant. La solidarité avait toujours été chez elle en Espagne. Si on ne la voyait plus que chez les Basques, à quoi ressemblerait l’Espagne quand les Basques s’en seront séparés ?
Les autres États de l’Europe s’accommoderaient sans peine d’un Euskadi indépendant mais, affrontant depuis 1968 une crise sociale sans remède, ils sont aussi intéressés que le gouvernement de Madrid à ce que l’on ne voie pas reparaître un courant révolutionnaire internationaliste en Espagne. Ce qui signifie, selon les plus récentes techniques de la domination : qu’on ne le voie pas, même quand il reparaît. Ces États, eux aussi, se souviennent de ce qu’ils ont dû faire, en 1936, les totalitaires de Moscou, Berlin et Rome, aussi bien que les « démocrates » de Paris et Londres, tous en accord sur le besoin essentiel d’écraser la révolution libertaire ; et plusieurs pour cela acceptant d’un cœur léger les pertes ou l’accroissement des risques dans les conflits plus secondaires qui les opposaient entre eux. Or, aujourd’hui, toute l’information est partout étatisée, formellement ou sournoisement. Toute presse « démocratique » se trouve si passionnée, et si angoissée, pour le maintien de l’ordre social qu’il n’est même plus nécessaire que son gouvernement l’achète. Elle s’offre gracieusement pour soutenir n’importe quel gouvernement en publiant exactement l’inverse de la vérité sur chaque question, même très petite ; puisque aujourd’hui la réalité de toute question, même des plus petites, est devenue menaçante pour l’ordre établi. Il n’y a aucun sujet pourtant où la presse, bourgeoise ou bureaucratique, trouve ses délices à mentir comme lorsqu’il s’agit de cacher la réalité d’une action révolutionnaire.
Enfin, la C.N.T. reconstituée éprouve dans cette affaire un embarras réel. Ce n’est pas par indifférence ou par prudence qu’elle est portée à se taire. Les dirigeants de la C.N.T. veulent être un pôle de regroupement des libertaires sur une base syndicaliste, en fait modérée et acceptable par l’ordre établi. Les camarades qui ont recouru aux expropriations représentent, de ce seul fait, un pôle de regroupement absolument contraire. Si les uns ont raison, les autres se trompent. Chacun est fils de ses œuvres, et l’on doit choisir entre les uns ou les autres en examinant le sens, la finalité de leurs actions. Si vous aviez vu la C.N.T. mener de grandes luttes révolutionnaires durant ces dernières années que les camarades expropriateurs ont passées en prison, alors vous pourriez conclure que ceux-ci ont été un peu trop impatients et aventuristes (et d’ailleurs la C.N.T., animant de grandes luttes révolutionnaires, aurait quand même, en dépit des divergences, dignement agi pour les défendre). Mais si vous voyez plutôt que cette C.N.T. se satisfait de ramasser quelques pauvres miettes dans la modernisation de l’Espagne, dont pourtant la nouveauté n’a pas de quoi donner le vertige – encore un Bourbon ! et pourquoi pas un Bonaparte ? -, alors il faut admettre que ceux qui ont pris les armes n’avaient pas fondamentalement tort. Finalement, c’était le prolétariat révolutionnaire d’Espagne qui, autrefois, a créé la C.N.T., et non l’inverse.
Quand la dictature a jugé que le temps était venu de s’améliorer un peu, bien d’autres ont pensé cueillir, dans cette libéralisation, quelques petits avantages. Mais eux, ces camarades autonomes, ils ont tout de suite trouvé déshonorant de s’en contenter. Ils ont aussitôt ressenti le besoin d’exiger tout, parce que, véritablement, après avoir subi pendant quarante années toute la contre-révolution, rien ne sera lavé de cette injure avant d’avoir réaffirmé et fait triompher toute la révolution. Qui peut se dire libertaire, et blâmer les fils de Durruti ?
Les organisations passent, mais la subversion ne cessera pas d’être aimée : « ¿Quién te vió y no te recuerda? » Les libertaires sont aujourd’hui encore nombreux en Espagne, et ils seront bien plus nombreux demain. Et heureusement, la plupart, et notamment la plupart des ouvriers libertaires, sont maintenant des incontrôlés. De plus, beaucoup de gens, comme partout en Europe, ont engagé des luttes particulières contre quelques aspects insupportables, très anciens ou très nouveaux, de la société oppressive. Toutes ces luttes sont nécessaires : à quoi bon faire une révolution, si les femmes ou les homosexuels ne sont pas libres ? À quoi bon être un jour libérés de la marchandise et de la spécialisation autoritaire, si une dégradation irréversible de l’environnement naturel imposait de nouvelles limitations objectives à notre liberté ? En même temps, parmi ceux qui se sont sérieusement engagés dans ces luttes particulières, personne ne peut penser obtenir une réelle satisfaction de ses exigences aussi longtemps que l’État n’aura pas été dissous. Car toute cette déraison pratique est la raison de l’État.
*
Nous n’ignorons pas que beaucoup de libertaires peuvent se trouver en désaccord avec plusieurs thèses des camarades autonomes, et ne voudraient pas donner l’impression qu’ils s’y rallient complètement en prenant leur défense. Allons donc ! on ne discute pas de stratégie avec des camarades qui sont en prison. Pour que cette intéressante discussion puisse commencer, il faut d’abord les ramener dans la rue. Nous croyons que ces divergences d’opinions, qui, grossies à la lumière de scrupules excessifs, risqueraient de porter quelques-uns de ceux qui se disent finalement révolutionnaires à ne pas regarder cette défense comme leur affaire, peuvent se ramener à quatre types de considérations. Ou bien certains libertaires jugent autrement, dans une optique moins impatiente ou plus facilement apaisable, la situation actuelle de l’Espagne et ses perspectives d’avenir. Ou bien ils ne sont pas d’accord sur l’efficacité des formes de lutte que ces groupes autonomes ont choisies à ce stade. Ou bien ils voient le cas où ceux-ci se sont délibérément mis comme étant peu défendable sur le plan des principes, ou seulement sur le plan judiciaire. Ou bien ils croient manquer complètement de moyens d’intervention. Nous estimons que nous pouvons très facilement réduire à rien toutes ces objections.
Ceux qui attendent maintenant quelque nouvelle amélioration dans la situation socio-politique de l’Espagne sont évidemment ceux qui se trompent le plus. Tous les plaisirs de la démocratie permise ont déjà passé leurs plus beaux jours, et chacun a pu voir qu’ils n’étaient que cela. Désormais tout s’aggravera, en Espagne comme partout ailleurs. Les historiens s’accordent généralement pour considérer que le principal facteur qui, pendant une centaine d’années, a rendu l’Espagne révolutionnaire, ce fut l’incapacité de ses classes dirigeantes à lui faire rejoindre le niveau du développement économique du capitalisme qui, dans le même temps, assurait aux pays les plus avancés de l’Europe, et aux États-Unis, des périodes beaucoup plus longues de paix sociale. Eh bien ! maintenant l’Espagne va devoir encore être révolutionnaire pour cette nouvelle raison que, si la classe dirigeante modernisée de l’après-franquisme se montre peut-être plus habile pour rejoindre les conditions générales du capitalisme actuel, elle y arrive trop tard, précisément à l’instant où tout ceci se décompose. On constate universellement que la vie des gens et la pensée des dirigeants se dégradent chaque jour un peu plus, et notamment dans ce malheureux « Marché commun » où tous vos francisés au pouvoir vous promettent de vous amener comme si c’était une fête. La production autoritaire du mensonge y grandit jusqu’à la schizophrénie publique, le consentement des prolétaires se dissout, tout ordre social se défait. L’Espagne ne deviendra pas paisible puisque, dans le reste du monde, la paix est morte. Un autre élément décisif dans la propension de l’Espagne au désordre fut assurément l’esprit d’autonomie libertaire qui était si fort dans son prolétariat. C’est justement la tendance à laquelle l’histoire de ce siècle a donné raison, et qui se répand partout, puisque partout on a pu voir où mène le processus de totalitarisation de l’État moderne, et à quels tristes résultats est parvenu, par des moyens cannibalesques, le mouvement ouvrier dominé par des bureaucraties autoritaires et étatistes. Ainsi donc, au moment où, dans tous les pays, les révolutionnaires deviennent, sur cette question centrale, espagnols, vous, vous ne pouvez penser à devenir autres.
Nous comprenons beaucoup mieux les objections qui peuvent être faites sur un plan purement stratégique. On peut en effet se demander si, par exemple, piller des banques pour employer l’argent à acheter des machines d’imprimerie, qui ensuite devront servir à publier des écrits subversifs, constitue bien la voie la plus logique et la plus efficace. Mais en tout cas ces camarades ont incontestablement atteint l’efficacité, quoique d’une autre manière : simplement en finissant par se faire emprisonner pour avoir, longuement et sans hésitation, appliqué ce programme d’action qu’ils s’étaient tracé eux-mêmes. Ils ont rendu un très grand service à la cause de la révolution, en Espagne et dans tous les pays, précisément parce qu’ils ont créé ainsi un champ pratique évident qui permettra à tous les libertaires épars en Espagne d’apparaître et de se reconnaître dans la lutte pour leur libération. Par leur initiative, ils vous épargnent la peine de chercher, à travers de longues et difficiles discussions, quelle serait la meilleure façon de commencer à agir. Il ne peut y en avoir de meilleure que celle-ci, car elle est très juste en théorie et très bonne en pratique.
Certains libertaires auront peut-être l’impression que la gravité des faits, sur le plan judiciaire, rend plus difficile la défense de ces camarades. Nous pensons au contraire que c’est la gravité même de ces faits qui facilite toute action bien calculée en leur faveur. Des libertaires ne peuvent, par principe, accorder de valeur à aucune loi de l’État, et ceci est tout particulièrement vrai quand il s’agit de l’État espagnol : considérant la légalité de son origine, et tout son comportement ultérieur, sa justice ne peut plus décemment fonctionner que sous la forme de l’amnistie proclamée en permanence, pour n’importe qui. Par ailleurs, attaquer les banques est naturellement un crime fort grave aux yeux des capitalistes ; non aux yeux de leurs ennemis. Ce qui est blâmable, c’est de voler les pauvres, et justement toutes les lois de l’économie – lois méprisables, à abolir par la complète destruction du terrain réel où elles s’appliquent – nous garantissent que jamais un pauvre ne se fait banquier. Il est arrivé que, dans une rencontre où s’échangèrent des coups de feu, un gardien fût tué. L’indignation humanitaire de la justice à ce propos paraît suspecte dans un pays où la mort violente est si fréquente. À certaines époques, on peut y mourir comme à Casas Viejas ou comme dans les arènes de Badajoz. À d’autres époques, selon les nécessités technologiques de l’augmentation du profit, on peut aussi y mourir vite, comme deux cents campeurs pauvres brûlés à Los Alfaques ou soixante-dix bourgeois dans le luxe en plastique d’un grand hôtel de Saragosse. Dira-t-on que nos camarades « terroristes » sont responsables de telles hécatombes ? Non, ils en sont aussi peu coupables que de la pollution du golfe du Mexique, puisque toutes ces petites légèretés ont été commises depuis qu’ils sont en prison.
L’affaire n’est en rien judiciaire. C’est une simple question de rapport de forces. Puisque le gouvernement a un intérêt si évident à ce qu’on ne parle pas de ces camarades, il suffit qu’on oblige à en parler d’une manière telle que le gouvernement soit contraint de conclure que son intérêt immédiat est plutôt de les remettre en liberté que de les maintenir en prison. Que le gouvernement choisisse alors d’en venir à ce résultat par un procès où ils seraient condamnés au nombre d’années de prison qu’ils ont déjà passées, ou bien par une amnistie, ou bien en les laissant s’évader, c’est sans importance. Nous devons cependant insister sur le fait que, tant qu’il n’existe pas un mouvement d’opinion s’exprimant sur leur cas d’une manière qui soit assez forte et menaçante, une évasion qui serait favorisée par les autorités est dangereuse : vous connaissez bien la « ley de fugas », et vous en reverrez plusieurs fois l’application.
*
Camarades, nous ne nous permettrons pas de vous suggérer, à vous qui êtes sur place et qui, coup par coup, pouvez peser les possibilités et les risques, telle ou telle forme d’action pratique. Pourvu que soit partout mise en avant l’exigence explicite de libération de ces libertaires, toutes les formes d’action sont bonnes, et celles qui font le plus scandale sont les meilleures. En vous groupant par affinités, vous pourrez découvrir ou reprendre, selon vos goûts et les opportunités, n’importe lequel des moyens d’agir qui furent employés en d’autres temps ou qui restent encore à expérimenter – en refusant seulement de tomber dans la bassesse des pétitions respectueuses que pratiquent partout, et vainement, les partis de gauche électoralistes. Il est même tout d’abord inutile de coordonner de telles actions autonomes. Il suffit qu’elles convergent vers le même but spécifique, en le proclamant toujours, et en se multipliant avec le temps. Et quand ce but précis aura été atteint, il se trouvera que ce courant libertaire agissant aura reparu, se sera fait connaître et se connaîtra lui-même. Ainsi un mouvement général sera en marche, qui pourra se coordonner de mieux en mieux pour des buts toujours plus amples.
Le premier but à atteindre serait d’obséder le pays avec cette affaire, ce qui équivaudrait par la même occasion à faire savoir dans le monde l’existence présente du mouvement révolutionnaire libertaire en Espagne, en obligeant tous à savoir l’existence de ces prisonniers, en même temps que l’efficacité de ceux qui les défendent. Il faut que les noms de ces prisonniers soient connus dans tous les pays où les prolétaires se dressent contre l’État, depuis les ouvriers qui mènent les grandes grèves révolutionnaires de Pologne jusqu’à ceux qui sabotent la production des usines d’Italie, et jusqu’aux contestataires qui vivent devant les portes des asiles psychiatriques de Brejnev ou des prisons de Pinochet.
Comme il y a, malheureusement, trop de noms pour les citer tous (honte ! combien de Puig Antich sentent aujourd’hui autour du cou la pression du garrot, mais pour trente ou quarante années, selon la programmation gouvernementale !), on peut se limiter pour le moment à citer les noms des coupables contre qui la justice réclame, ou a déjà prononcé, des peines de plus de vingt ans de prison : Gabriel Botifoll Gómez, Antonio Cativiela Alfós, Vicente Domínguez Medina, Guillermo González García, Luis Guillardini Gonzalo, José Hernández Tapia, Manuel Nogales Toro. Mais il doit être bien clair que l’on exige la libération de tous les autres, et même des innocents.
Le premier point est de faire connaître largement le problème ; ensuite de ne plus le laisser oublier, en manifestant, toujours plus fortement, une impatience croissante. Les moyens grandiront dans le cours du mouvement. Q’une seule petite usine d’Espagne se mette un jour en grève pour cette revendication, et déjà elle sera un modèle pour tout le pays. Vous n’aurez qu’à faire connaître aussitôt son attitude exemplaire, et la moitié du chemin sera faite. Mais, tout de suite, il ne faudrait pas que s’ouvrît un cours à l’Université, une représentation au théâtre ou une conférence scientifique, sans que quelqu’un, par une interpellation directe ou en faisant pleuvoir des tracts, n’ait posé la question préalable de ce que deviennent nos camarades, et de la date où ils seront enfin libérés. Il ne faudrait pas que l’on pût passer dans une rue d’Espagne sans voir écrits leurs noms. Il faudrait entendre partout chanter des chansons qui parlent d’eux.
*
Camarades, si nos arguments vous ont paru justes, diffusez et reproduisez au plus vite ce texte par tous les moyens que vous avez, ou que vous pouvez saisir. Et sinon, jetez-le à l’instant même, et commencez tout de suite à en publier d’autres, qui soient meilleurs ! Car il est hors de doute que vous avez tous le droit de juger avec rigueur nos modestes arguments. Mais ce qui est encore plus hors de doute, c’est que la scandaleuse réalité que nous avons révélée de notre mieux n’est pas, elle, un objet de votre jugement : au contraire, c’est elle qui, finalement, va vous juger tous.
Salut !
Vive la liquidation sociale !
1er septembre 1980
LES AMIS INTERNATIONAUX

Romans-sur-Isère (Drôme) : pompiers, flics et mairie caillassés

Pompiers et policiers tombent dans un guet-apens à Romans-sur-Isère

France Bleu Drôme Ardèche, 19 janvier 2015 à 13h02

Les pompiers de Romans-sur-Isère, dans la Drôme, ont été appelés pour un feu de poubelle, avant d’être caillassés. Ce sont ensuite les policiers qui ont été pris pour cible.

Ce dimanche après-midi, vers 15h45, une vague de violence avec pour cible les pompiers et les policiers de Romans-sur-Isère (Drôme) est partie du quartier de la Monnaie.

Trois feux de poubelles, puis…

Les pompiers sont pris pour cibles après avoir été appelés pour trois feux de poubelles. Arrivés sur place, ils découvrent une voiture en flammes puis leur véhicule est pris pour cible par des jeunes. Les vitres sont brisées à coup de pierre. La police arrive, mais les jeunes caillasseurs s’en prennent à la mairie annexe. C’est un bâtiment essentiellement vitré qui n’a évidemment pas résisté aux jets de pierres. Les gendarmes mobiles viennent de Valence pour sécuriser l’immeuble. Enfin les délinquants se rendent dans le centre-ville de Romans, déclenchent quelques bagarres avant de revenir caillasser de nouveaux véhicules de secours.

Pourquoi cette vague de violences ?

Peut-être à cause d’un problème survenu la veille. Samedi soir, deux jeunes roulent, sans casques, sur un scooter volé dans l’après-midi. Les policiers de la BAC ont voulu les contrôler mais les jeunes se sont enfuis en prenant des risques inconsidérés. Ils ont même remonté l’avenue Gambetta (devant Marques Avenue) à contresens. Finalement, ils ont perdu le contrôle de leur deux-roues et percuté un panneau de signalisation. Ils ont été brièvement hospitalisés avant de pouvoir rentrer chez eux. Ils seront bientôt convoqués pour être entendus par les enquêteurs. Une piste donc pour expliquer les incidents d’hier, même si officiellement aucun lien n’est confirmé. Samedi soir, un policier de la BAC de Romans a lui aussi été blessé dans l’interpellation des deux jeunes.

Plainte et gendarmes mobiles

La municipalité de Romans a porté plainte ce lundi matin pour les cinq baies vitrées cassées à la mairie annexe. Pour le maire Marie-Hélène Thoraval, « ces dégradations sont d’autant plus choquantes qu’elles visent les services publics et qu’elles sont le fait d’un petit nombre d’individus. »

Un escadron de gendarmes mobiles -soit 80 militaires- assurera la sécurisation du quartier ce lundi18 au  soir.

(Espagne) Amour avec rage, sur l’opération Pandora

Texte recopié et   traduit par nous dune émission de radiocane.info

http://www.radiocane.info/wp-content/uploads/2015/01/louise-brooks.jpg

 

Autre pays, autre anti terrorisme pour ceux qui viennent,Le 16 décembre 2014 qu’on peut découvrir à Barcelone et dans d’autres villes espagnole. Cette opération se déclenche  au même moment une série de perquisition au détriment  des compagnons et compagnones du mouvement anarchiste. Onze personnes sont arrêtées;pour sept d’entre eux la confirmation de prison préventive est confirmé sous l’accusationde  » terrorisme ». Un exposé et une analyse de la situation et de du climat autour de cette opération de lla part d’un compagnonde Barcellone

ici le compte de solidarité et les adresses des compagnons

HNous disons ,pour ceux qi ne connaisent pas l’espagnol,Anna et Bea lisent le français, Enrique lit l’anglaiset un peu touscomprennent l’italienNous disons aussi de ne pas envoyer directement les livres à l’adresse suivante( enspécifiant si nécessaire pour lequelle peersonnes des septil est destiné)

Local anarcquista  Poble Sec

C/o de Mollers 86,

Poble Sec Barcelona.

Poble Se

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Récit de la manif sauvage contre la maxi-prison et son monde – Anderlecht, 14 janvier 2015

ce texte a été lu et repris sur lechatnoiremeutier

Contre la maxi-prison, les contrôles, les rafles et la transformation de Bxl en ville-prison : un compte-rendu de la manifestation sauvage du 14 janvier à Anderlecht

ftp.pngMercredi 14 janvier, il ne faisait pas froid partout… Une manifestation sauvage a un peu réchauffé les rues d’Anderlecht entre Delacroix et Clémenceau.

Vers 18h, un fumigène est allumé, quelques tags sont rapidement faits, et une trentaine de personnes prend la rue derrière des banderoles contre la maxi-prison, les contrôles et les rafles. Il y a une belle énergie, ça gueule “Ni flic, ni maton, ni maxi-prison“, “De l’air, de l’air, ouvrons les frontières“, “Il est temps de saboter la machine à enfermer”, “Il est temps de saboter la machine à expulser“, “Feu, feu, feu, à toutes les prisons“, “Brique par brique, nous détruirons toutes les prisons“… Des tracts sont lancés sur le parcours.

Au niveau du métro Clémenceau, le distributeur de billets d’une banque est cassé, tandis que celui de la STIB résiste aux coups. Autour, il y a des jeunes qui sont trop contents. S’il y a bien sûr toujours les traditionnels badauds qui regardent passer le joyeux cortège dans l’indifférence, il y a aussi quelques gestes et paroles de solidarité avec la manifestation : des coups de klaxon, des “feu aux prisons“, etc.

Au croisement des rues Clémenceau et de la Clinique sont attaquées les dizaines de vitres du bureau d’ingénieurs VK Engineering* qui se fait du fric sur la construction de nouvelles prisons. Plusieurs groupes de personnes applaudissent. Certains veulent rejoindre la manifestation, malheureusement un peu trop tard, c’est le moment où le cortège se disperse.

Mais là ou ailleurs, ce n’est que partie remise !

Publié sur indymedia bruxelles, 17 janvier 2015

Note de lacavale.be:

* L’entreprise VK Engineering a participé à la construction de la nouvelle prison de Beveren et collaborera aux constructions prévues de la maxi-prison à Haren et la nouvelle prison à Termonde]

Capture d’écran du site des architectes ayant dessiné les plans pour la maxi-prison de Haren.

capture-ecran_archi_i_vk_engineering

[ES.] Douze morts

lu la traduction  sur   lechatnoiremeutier.noblogs.org

Douze morts. Passés du statut de personnes à celui de corps sans vie en quelques minutes à peine. Nous savons qu’il meurt beaucoup plus de gens, et en moins de temps, au cours des guerres, à cause de bombes lancées depuis un avion, de gaz mortels, de mines antipersonnelles. Mais nous ne sommes pas en guerre. Nous sommes dans une démocratie. Le monde libre rêvé. L’image de laquelle le monde entier est avide : la grande Europe, la civilisation exemplaire.

Douze morts, assassinés par des personnages qui eux, sont en guerre, qui eux, sont entraînés pour tuer.

migrMais ne vous méprenez pas. Ce n’est pas l’image exploitée – dans tous les sens – de la mort de quelques dessinateurs et d’autres membres d’une revue satirique parisienne il y a quelques jours qui nous vient en tête, mais le souvenir des corps de ces 12 migrants subsahariens criblés de balles et noyés en quelques minutes par la Guardia Civil il y a presque un an, le 6 février 2014, lorsque cette police militaire les obligeait à repousser chemin vers la mer. Bien d’autres ont été assassinés, mais seuls 12 corps ont été retrouvés. Le reste a été avalé par la mer.

Ils n’ont eu droit ni à de grandes marches ni à la répudiation, et personne n’a pensé à un slogan qui dirait « Nous sommes tous et toutes des migrants qui mourrons aux portes de l’Europe ». Bien sûr, ils n’étaient pas blancs et ne venaient pas de pays riches, mais ils ont été assassinés de façon cruelle et terrible. Non pas en défense d’une quelconque religion ou fondamentalisme, apparemment, mais bien en défense de la frontière sacrée et de l’État. Pour marquer une fois de plus, par le sang et par le feu, sa frontière.

Il n’y avait aucune intention de tuer les migrants qui osaient entrer en territoire espagnol, assure le ministre de l’Intérieur Jorge Fernández et sa Guardia Civil, il s’agissait seulement de « tracer une espèce de frontière aquatique avec les impacts de balle dans l’eau ». Et il ne s’agit en aucun cas d’une blague. Ils le disent sérieusement.

skulls-1024x768Rien que dans la Mer Méditerranée, la frontière maritime de l’Europe, cette année 2014 a battu son propre « record » (comme disent les médias), avec plus de 3200 migrants morts noyés en moins de douze moins alors qu’ils tentaient de rentrer sur le continent européen, sans compter tous les morts sur les différentes frontières, dans les déserts où ils sont abandonnés sans eau et sans vivres par les différents polices aux frontières ou entres les mains de mercenaires fascistes et d’autres forces de l’ordre, ni ces morts en Centre de Rétention une fois arrivés dans le paradis européen, ou dans les rues entre les mains de la police, puisqu’une fois à l’intérieur du territoire Européen, la bienvenue n’est pas très différente du traitement qu’ils reçoivent à sa porte d’entrée. L’acharnement policier contre des populations entières (principalement celles qui portent leur provenance sur la peau), la xénophobie croissante, le racisme fomenté par les médias de communication et les politiciens ou encore les campagnes contre tout ce qui n’est pas identifiable avec « l’européen ».

Charlie est européen, et pour cela, nous ne sommes pas tous Charlie. Il y a des valeurs, des coutumes, et même des blagues (dont certaines sont un tantinet lourdingues) qui sont très identifiables avec cette entité abstraite qui veut se faire nommer « l’européen ». Mais ce qui est sûr, c’est qu’énormément de gens, principalement ceux qui ne peuvent s’identifier avec les valeurs dominantes qui définissent ce qui « est » et ce qui « n’est pas » européen, qui ne peuvent s’identifier à Charlie ou à ses valeurs, et encore moins avec son sens de l’humour.

Ce « Je suis Charlie » est une tentative de définir une ligne très précise : qui n’est pas avec nous est contre nous. Des milliers de personnes ont défilé sous ce mot d’ordre à Paris. Rajoy n’a pas raté le rendez-vous, lui qui est l’un de ceux qui terrorisent les migrants sur les frontières et dans les cachots espagnols, entre beaucoup autres faits d’armes ; et Netanyahou non plus, lui qui à l’aide de son armée mitraille des centaines de Palestiniens sur sa Terræ Sanctæ et enferme chaque année ces israéliens qui refusent de participer à sa manière particulière de terroriser ; et comme il fallait s’y attendre, Erdogan non plus n’a pas manqué à l’appel, lui qui sème la terreur contre le peuple Kurde. Tout comme les chefs des principales puissances capitalistes. Tous les chefs d’État, gardiens de l’empire et de la civilisation, ont marché contre la barbarie. Avec eux, des milliers de fascistes du continent entier ont profité de cette impulsion de Charlie pour sortir semer leur merde sur un terrain plus que fertile, qui donnera bientôt des fruits des plus acides.

Et les rues de Paris et de Barcelone, parmi tant d’autres, se militarisent encore plus, en défense de ces valeurs. Avec des fusils et mitrailleuses, on peut voir les mercenaires de l’État préparés pour marquer à coups de balles, comme ils l’ont fait dans les eaux de Ceuta, une frontière : c’est avec des impacts de balle que se marqueront les limites qui séparent le dedans et le dehors, ce qui est et ce qui n’est pas Charlie.

Que dit Charlie de ce terrorisme ? Fait-il des dessins marrants et rigolos à son propos ? Parce que nous, le monde de merde dans lequel nous vivons ne nous fait pas beaucoup rire. Cela veut-il dire « soutenir » le fondamentalisme ? Non, en rien. Nous ne voulons qu’aucun fondamentalisme ne nous effraie ou ne nous opprime. Et peu nous importe que l’on puisse lire sur son épigraphe « État Islamique », « État Laïc », « État Charlie » ou « État » tout court.

Ils nous parleront de liberté d’expression, comme toujours. Mais pour celles et ceux qui, comme nous, connaissent la « liberté d’expression » de l’État, nous connaissons la relation que celui-ci entretient avec la terreur : son existence se base sur la peur. La liberté dont parle l’État est l’expression du monopole de la violence.

C’est pour cela, une fois de plus, que ces évènements nous démontrent que tout État est terroriste.

Quelques anarchistes
Barcelone, 14 janvier 2015

Traduit de l’espagnol par contrainfo, légèrement revu et corrigé ici-même.

et publié en italien sur informa azione

[Marcoule, gard] Astrid (le surgénérateur) le chantier continue

ce journal a éte un des moteurs de la mobilisation contre la centrale  superphénix ( crey malville)

info: antinucléairement

Lu dans le journal le monde publiée le vendredi 16 janvier, la ministre de l’écologie et de l’énergie au cours de ses voeux à la presse  propose:Astrid, le nouveau réacteur français à 5 milliards d’euros).Au moment que  la chose la plus importante  pour tous les partis politique de  parler de terrorisme ( à chacun sa déclinaison avec son cortège de nouvelles mesures)e. Pour compléter les informations voir ici

 

extrait de sa déclaration concernant Astrid:

Un stade de développement pré-industriel
« Dans cette interview, Mme Royal évoquait « une nouvelle génération de réacteurs », sans plus de précisions. Jeudi, elle a cité les centrales de « quatrième génération », l’EPR et l’Atmea étant des chaudières dites « de troisième génération » ne présentant pas un saut technologique majeur par rapport aux 58 réacteurs exploités par EDF. Le « seul » problème, c’est que ces réacteurs de génération IV, beaucoup moins gourmands en uranium, n’en sont qu’à un stade de développement pré-industriel. Et les experts n’envisagent pas une – éventuelle – leur production en série avant 2040-2050.
La France a une position importante au sein du Forum international Génération IV, lancé en 2000 à l’initiative des Etats-Unis, où douze pays (dont la Russie, la Chine et le Japon) et Euratom travaillent sur six filières technologiques. Paris s’est fixé l’objectif de disposer, à l’horizon 2040-2050, d’un réacteur à neutrons rapides (RNR) « sous une forme industrialisable », successeur de Superphénix arrêté en 1997 et en cours de démantèlement à Creys-Malville (Isère). Le Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA), EDF et Areva travaillent notamment sur une technologie utilisant le sodium comme fluide caloporteur, avec des industriels français (Alstom, Bouygues…) et étrangers (Toshiba, Rolls Royes…).
Il n’y aurait plus besoin d’enrichissement
Dans la plupart des 440 réacteurs actuellement en service dans le monde, c’est l’eau qui joue le double rôle de modérateur de la vitesse des neutrons et de transporteur de la chaleur produite. Ces réacteurs à neutrons rapides ont de nombreux atouts. Ils brûlent l’uranium fissile (U235), qui ne constitue que 0,7 % de l’uranium naturel, mais aussi l’isotope non fissile (U238), qui représente l’essentiel du minerai, les neutrons rapides le transformant en plutonium (PU 239) qui, lui, est fissile. Ainsi les réserves d’uranium deviendraient-elles suffisantes pour assurer le fonctionnement des RNR durant plusieurs milliers d’années, estiment les experts du CEA. Il n’y aurait plus besoin d’enrichissement, réduisant considérablement le risque de prolifération.
Enfin, ces réacteurs brûlent le plutonium et une partie des déchets les plus radiotoxiques (à haute activité et à vie longue). Le premier sert actuellement à fabriquer du MOX (en l’associant à l’uranium) utilisé dans 22 des 58 réacteurs français ; les seconds doivent être vitrifiés et entreposés à l’usine de retraitement-recyclage de La Hague (Manche) en attendant un éventuel enfouissement profond. Selon l’Association mondiale du nucléaire (WNA), les industriels de l’atome ont accumulé un stock d’environ 1,5 million de tonnes de ces « déchets » radioactifs au cours des soixante dernières années
Pour l’heure, la contribution française a un nom : Astrid (Advanced Sodium Technological Reactor for Industrial). Ce démonstrateur technologique de grande puissance (600 MW), dont le CEA est le maître d’ouvrage, n’en est qu’au stade de l’« avant-projet sommaire », indique le Commissariat. La décision de le construire ne sera prise qu’en 2020, et sa mise en service n’interviendra qu’en 2020 pour un démarrage des expérimentations en 2025.
Un défi financier
L’enjeu porte notamment sur la sûreté de ce réacteur, un point sur lequel Astrid « devra rompre avec ses prédécesseurs » Phénix et Superphenix, indique Christophe Béhar, directeur de l’énergie nucléaire au CEA et vice-président du Forum Génération IV. « Nous avons fait la liste de tous les incidents survenus sur Superphénix pour qu’ils ne se reproduisent pas sur Astrid », affirme-t-il. Car si le sodium liquide assure une meilleure évacuation de la chaleur du cœur des réacteurs, il a aussi le double inconvénient d’exploser au contact de l’eau (il n’y en aura pas dans Astrid) et de brûler au contact de l’air. En 1995, un incendie s’était déclaré dans le réacteur prototype japonais Monju à la suite d’une fuite de sodium, ce qui avait entrainé son arrêt pendant plus de quatorze ans. Il avait été relancé… quelque mois avant la catastrophe de Fukushima.
Le défi d’Astrid est aussi financier. Son coût est en effet estimé, selon certaines sources, à plus de 5 milliards d’euros. « Il n’est pas acquis aujourd’hui que les objectifs fixés puissent être atteints à un coût raisonnable », indique le ministère de l’écologie et de l’énergie sur son site. Pour l’heure, 650 millions ont été dégagés en 2010 dans le cadre du « grand emprunt » pour les investissements d’avenir, auxquels s’ajoutent 130 millions venant des entreprises partenaires.
Le paysage énergétique mondial a beaucoup changé depuis le lancement du Forum Génération IV en 2000. Outre Fukushima, le boum des gaz de schiste aux Etats-Unis, le développement accéléré de l’éolien et du solaire en Europe, sans oublier l’effondrement récent des cours du pétrole, ont rendu le nucléaire moins attractif. Même si la menace du changement climatique, elle, n’a fait qu’augmenter au cours des quinze dernières années – un des grands arguments des défenseurs de l’atome civil. »

 

Pendant ce temps la, un détenu meurt dans l’incendie de sa cellule à Villepinte…

Lundi 12 Janvier 2015

https://paris-luttes.info/chroot/mediaslibres/ml-paris/ml-paris/public_html/local/cache-vignettes/L423xH658/tous_charlie-af2d6.jpgUn détenu de la maison d’arrêt de Villepinte (Seine-Saint-Denis) est décédé, ce lundi 12 janvier, au cours d’un incendie déclenché dans sa cellule. Trois surveillants ont été intoxiqués par les fumées, mais leur pronostic vital ne serait pas engagé. Selon nos informations, la victime, âgée de 23 ans, originaire du département de la Seine-et-Marne et incarcéré pour des faits de trafic de stupéfiants, serait parvenu à mettre le feu dans sa cellule. L’incendie qui s’est déclaré en début d’après-midi a été rapidement maîtrisé mais le détenu est décédé au cours des faits. Une enquête a été ouverte. La maison d’arrêt de Seine-Saint-Denis, située à Villepinte, renferme un millier de prisonniers.

source

Soirée proj/assemblée/concert contre la THT, le nucléaire et son monde

THT : LA TENSION MONTE ! SAMEDI 31 JANVIER 2015 à Châteauroux-les-Alpes (05) à salle des fêtes

Prix libre pour -financer les actions des collectifs locaux et de l’assemblée

Pour en finir avec les lignes à Très Haute Tension, le nucléaire et le monde qui va avec !

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17h30 – PROJECTION de Remballe ton élek ! sur la lutte contre les lignes THT et le nucléaire dans l’Ouest (Cotentin- Manche…)

18h30 – ASSEMBLÉE de vallée pour réunir les collectifs locaux, pour se coordonner, pour échanger et agir, pour imaginer les suites de la lutte…

21h – CONCERT avec Dialcaloiz (Rock- Val de Suse) + DJ surprise

+ accident nucléaire programmé… Ramenez vos pastilles d’iode!

et aussi …

- Pizza au feu de bois à partir de 20h avec le four mobile du Val de Suse

- Infokiosque : des bouquins, des brochures, des textes à lire, à emporter et à propager

Pour informer ou être informé-e, pour contacter les collectifs : notht05 [at ]riseup.net

Une soirée proposée par des collectifs de la vallée en lutte contre la THT et les Rions de Soleil

repris d’indymedia.grenoble

La volonté d’une relance de l’Etat dans l’hexagone de l’industrie nucléaire

Pour info… Antinucléairement.

l10257943 Lu dans le journal dans une interview au magasine Usine nouvelle publiée mardi 13 janvier, la ministre de l’écologie et de l’énergie propose l’émergence d’une « nouvelle génération de réacteurs, qui prendront la place des anciennes centrales lorsque celles-ci ne pourront plus être rénovées ».,qui arrive au moment pour tous les partis politique parle  de l’union nationale

l’interview:

Ségolène Royal, la ministre de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie, revient sur la loi de transition énergétique, l’avenir du nucléaire et l’implication des entreprises dans la lutte contre le réchauffement climatique.

Le 8 janvier, Ségolène Royal, la ministre de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie, rencontre « L’Usine Nouvelle ». L’entretien, prévu pour durer une heure, sera abrégé, urgence oblige. Vingt-quatre heures après la tuerie de « Charlie Hebdo », la ministre s’apprête à recevoir les opérateurs de transports dans le cadre du plan Vigipirate relevé au niveau « alerte attentat ». D’entrée, la ministre fait part d’une « réaction d’horreur, de profonde tristesse et, en même temps, de volonté ». « Ne soyons pas dans la peur, la consternation ou tétanisés, explique-t-elle. Soyons dans la puissance de la réponse de la République et de la liberté. C’est ce que montre la façon dont le peuple français réagit et se mobilise. Il y a eu une prise de conscience, salutaire et réconfortante, que l’essentiel est en jeu. Et que cet essentiel se défend collectivement. »

Notre entretien avec Ségolène Royal porte surtout sur la transition énergétique. La ministre le répète à plusieurs reprises : elle a réussi à faire voter, en première lecture, une loi que beaucoup disaient impossible. Pour y parvenir, elle a su tenir tête à Europe écologie – Les Verts qui demandait de s’engager sur la sortie du nucléaire. Elle fait preuve de pragmatisme plutôt que d’idéologie, martèle-t-elle. La ministre regrette cependant que nombre de grandes mesures de la loi de transition énergétique ne soient pas connues du grand public. Elle évoque la possibilité, pour les collectivités et les particuliers, d’autoconsommer leur production d’électricité à partir de panneaux photovoltaïques. La loi prévoit un « développement maîtrisé et sécurisé des installations destinées à consommer tout ou partie de leur production électrique ».

Autre sujet qui lui tient à cœur, le déploiement de la prime de conversion (qui peut aller jusqu’à 10 000 euros) pour remplacer un véhicule diesel de plus de treize ans par un véhicule électrique ou hybride rechargeable.

L’Usine Nouvelle – Le président de la République a laissé planer un doute, lors de son interview de ce début d’année sur France Inter, à propos de la date de fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim. Quand fermera-t-elle ? En 2016 ?

Ségolène Royal – Si j’ai réussi à faire voter à l’Assemblée la loi de transition énergétique, c’est parce que j’ai choisi trois options. La première a été de ne pas opposer les énergies les unes aux autres et d’affirmer dès le départ, malgré les réticences de certains, que l’histoire et le savoir-faire français dans le nucléaire font partie de nos atouts… Deuxièmement, sans opposer les énergies, il faut malgré tout sortir du « tout nucléaire », car c’est notre intérêt national. La montée en puissance des énergies renouvelables doit s’accélérer et c’est une des missions d’EDF et des grands énergéticiens français. Troisième point, la loi plafonne la puissance nucléaire à 63,2 gigawatts…

Des centrales vont tout de même fermer…

Oui mais on ne ferme pas pour fermer, ce n’est pas par idéologie. On agit sur une base législative solide. C’est d’ailleurs la première fois que le Parlement a débattu du nucléaire. Avant, les décisions étaient prises dans le secret. Or, c’est un débat démocratique majeur. Le plafonnement de la puissance nucléaire signifie que, lorsque le réacteur EPR de Flamanville dans la Manche va ouvrir, deux autres devront fermer. À ce stade, c’est Fessenheim puisqu’il n’y a pas d’autres propositions sur la table.

Mais fermera-t-elle fin 2016, comme prévu ?

On fermera les réacteurs dès que l’EPR de Flamanville ouvrira [pas avant 2017 selon le dernier calendrier d’EDF, ndlr]. C’est une opération qu’il faut bien prévoir et organiser car cela ne se fait pas du jour au lendemain. Mon projet de loi définit précisément les étapes : dix-huit mois avant la mise en service de la nouvelle centrale, EDF devra s’engager à en fermer une autre pour respecter le plafonnement, puis cela sera acté par décret.

EDF prévoit un grand carénage pour prolonger la durée de vie des réacteurs du parc nucléaire français. Êtes-vous favorable à ces investissements ?

Lorsque l’on fait des investissements de cette dimension [55 milliards d’euros selon EDF, ndlr] sur le parc électronucléaire, il faut penser la totalité du modèle énergétique. Il y a la question des centrales en fin de vie. Mais il y a aussi celle de leur durée de vie. Je n’ai pas mis dans la loi sur la transition énergétique une limitation à quarante ans comme le voulaient les écologistes. Ce n’est pas une bonne façon de procéder vis-à-vis de notre industrie. À l’international, ce serait un couperet trop idéologique. Certaines centrales peuvent vivre plus longtemps. Une partie du grand carénage a été adoptée par le conseil d’administration d’EDF avec mon accord. Il faut maintenant programmer les investissements de sécurité des réacteurs existants. Mais il faut aussi programmer la construction d’une nouvelle génération de réacteurs, qui prendront la place des anciennes centrales lorsque celles-ci ne pourront plus être rénovées.

Le nucléaire garde donc un avenir en France…

L’énergie nucléaire est un atout, même si demeurent des questions sur la gestion des déchets et l’approvisionnement en uranium. Elle nous permet de réaliser la transition énergétique, car, comme je l’ai dit à l’Assemblée nationale, elle assure une sécurité énergétique. En même temps, il serait contre-productif pour EDF de lui laisser croire qu’il y a une situation acquise, qu’elle n’a pas la responsabilité d’imaginer son futur. Quand on est dans une situation de monopole, il est souvent plus difficile d’envisager des mutations… mais aucune entreprise, dans son intérêt, ne peut y échapper. Je sais que la qualité des ingénieurs, des techniciens et des ouvriers d’EDF lui permet de l’imaginer. Ma responsabilité est de pousser EDF à regarder le futur, à continuer à être performante tout en s’ouvrant à de nouveaux secteurs. Depuis Fukushima, la demande mondiale de nucléaire a baissé, même si, dans la construction d’une économie décarbonée, le nucléaire est un atout évident… Il faut penser la demande nucléaire de manière intelligente dans un contexte de mix énergétique. EDF doit se positionner dans une offre énergétique variée. Elle doit être capable de vendre à la Pologne du nucléaire mais aussi du renouvelable.

Oui, mais la France accuse beaucoup de retard en matière d’énergies renouvelables…

La France était à l’avant-garde du photovoltaïque dès les années 1970 ! À cause du choix du tout nucléaire à cette époque, il n’y a pas eu les investissements nécessaires dans ces secteurs. Nous nous sommes fait dépasser par d’autres pays. Les tenants des énergies renouvelables ont été marginalisés. Il ne faut pas reproduire cette erreur, d’autant plus que nous avons des entreprises, grandes et petites, très performantes dans ces filières d’avenir.

La technostructure et la base d’EDF restent très pro-nucléaire…

Oui… mais c’est en train de changer, car avec la transition énergétique, EDF a compris qu’elle dispose d’un énorme potentiel. C’est positif qu’elle participe et gagne des appels d’offres sur l’éolien offshore, et l’entreprise peut davantage s’engager. En faisant des partenariats, par exemple, avec GDF Suez. Est-il logique que deux grandes entreprises énergétiques françaises se fassent concurrence sur les grands appels d’offres internationaux ? L’intérêt national veut que nos grands énergéticiens mettent en commun des laboratoires de recherche. La prochaine révolution énergétique concerne le stockage de l’énergie. Il ne faut pas passer à côté. La France doit être la première à inventer ces technologies. Cela requiert de lourds investissements. Les énergéticiens ont tout intérêt à y investir collectivement.

Vous avez affirmé à plusieurs reprises que l’industrie est indispensable à la réussite du sommet Paris Climat 2015 (COP 21). Que comptez-vous mettre en place pour que les industriels s’engagent davantage ?

Les engagements des industriels sont très importants. La France joue sa carte et l’Europe aussi. Lors du sommet de New York, en septembre 2014, Barack Obama n’est intervenu que sur la question du « green business ». Si les entreprises s’engagent dans la croissance verte et dans la transition énergétique, cela va générer du chiffre d’affaires et des activités supplémentaires, 100 000 emplois en trois ans. Leur mobilisation est déterminante pour que nous tirions parti de la nouvelle économie climatique. Parmi les 34 plans de la Nouvelle France industrielle, mis en place par le président de la République, onze portent sur les industries du futur de la transition énergétique. Il y a des réserves de créativité, d’innovation et de productivité dans le bâtiment, dans les énergies renouvelables, les transports propres et l’économie circulaire. Le lien entre le numérique et l’énergie est également essentiel pour la performance énergétique avec, notamment, les compteurs et les réseaux intelligents. Réconcilier l’économie et l’écologie, c’est tout l’enjeu de la croissance verte.

Comment mobiliser les grandes entreprises de l’énergie ?

Elles sont mobilisées et elles sont là à tous les grands rendez-vous. Preuve en est, cette année, le sommet de Davos porte exclusivement sur le climat. Et j’y serai…

Quelles sont vos solutions pour améliorer la qualité de l’air en ville ? L’exemple du Japon qui est sorti du diesel en dix ans vous paraît-il transposable à la France ?

Oui, c’est ce qu’a dit le Premier ministre, Manuel Valls, en clôture de la dernière conférence environnementale. D’où la prime de conversion de 10 000 euros pour changer son vieux véhicule diesel en véhicule électrique. Elle sera disponible très prochainement et nous allons déployer sept millions de points de recharge. On a les outils. On peut démultiplier les transports collectifs propres avec notamment les nouveaux modèles de tramways sans emprise au sol. Je veux accélérer le mouvement.

Faut-il un péage urbain pour les véhicules polluants ?

Le problème de la circulation doit être résolu avec un projet global. Cela ne passe pas par un péage réservant l’accès des villes aux riches et aux entreprises qui peuvent payer. Il faut prendre en compte les règles, les droits et les devoirs, le principe du pollueur-payeur, les moyens de substitution à la portée de tous. Des villes ont réussi à concilier tout cela.

Ne croyez-vous pas que les chantiers de Notre-Dame-des-Landes, du barrage de Sivens, de la ligne Lyon-Turin et du centre d’enfouissement des déchets nucléaires Cigéo de Bure (Meuse) mériteraient une autre forme de débat public ?

L’an passé, 80 % des dossiers d’aménagement et d’infrastructures n’ont fait l’objet d’aucun contentieux. Quand les choses traînent, c’est négatif pour tout le monde. C’est pourquoi, je vais moderniser les procédures et réduire les délais. Il faut que des projets alternatifs puissent être étudiés et débattus publiquement. Il faut écouter les citoyens, répondre à leurs questions dès le début, mieux les associer à l’élaboration des décisions qui les concernent et de solutions garantes de l’intérêt général. En appliquant les principes et la méthode de la démocratie participative, on est obligé d’argumenter et on agit plus efficacement.

article signés  par Olivier Cognasse, Ludovic Dupin et Pascal Gateaud

A lireaussi  :