Barcelone : sabotage des machines de la station de métro « Palau Reial »

Le 11 mai 2015, un groupe d’individus cagoulés a fait irruption dans la station de métro de Palau Reial à Barcelone, détruisant les tourniquets et les distributeurs de tickets. Par des slogans inscrits à la bombe de peinture et des tracts distribués, l’action a été menée contre la récente (et énième) hausse du prix des transports et pour la gratuité.

Un seul tourniquet n’a pas été totalement détruit, mais toutes les machines de vente des tickets ont été mises hors-service jusqu’au jour suivant.

[Repris par Lechatnoiremeutier d’Indy Barcelone, 12 mai 2015]

lu et copié de brèves du désordre

Bruxelles : S-a-b-o-t-a-g-e

repris de brèves du désordre

1. (subst. masc.) Action clandestine de détérioration, de destruction, en général violente, visant à rendre inutilisable un matériel, une installation civile ou militaire.
2. (subst. masc.) Manœuvre, acte ayant pour but la désorganisation, l’échec d’une entreprise, d’un projet.
3. (subst. masc.) Acte matériel tendant à empêcher le fonctionnement normal d’un service

Parfois, on serait amené à croire que nous habitons un monde de fantômes. Sans corps ni forme, ils hantent nos jours et nos nuits, cherchant à déterminer, à contrôler, l’entièreté de notre existence. Ils s’appellent Economie, Nation, Politique, Bien Public, Etat, Ordre. Personne ne sait exactement en quoi ils consistent, pourquoi ils existent et surtout, personne n’est d’accord avec ce que l’autre entend par là. Des fantômes donc, insaisissables, extrêmement résistants à la critique bienveillante ou constructive comme on dit, car dotés d’une capacité incroyable d’absorption des moitiés-d’opinions, des à-peu-près et des critiques superficielles.

Le pouvoir creuse en permanence l’abîme entre ces concepts idéologiques et la matérialité pourtant indéniable de l’exploitation, de l’oppression, de l’injustice, de l’absence de liberté. On parle d’Economie comme si celle-ci était quelque chose de séparé des heures de taf qu’on effectue en étouffant, comme si ce ne sont pas les vêtements que nous portons tous, fabriqués par des millions d’esclaves dans un pays lointain. On parle de l’Ordre sans se rendre compte que ce concept, appliqué à la réalité, ce sont par exemple les milliers d’immigrés morts aux frontières. On parle d’Enfermement, de Punition de Justice, mais celui qui parle n’a que rarement passé des années dans neuf mètres carrés.

En luttant, nous perçons ce château de fantômes, les mensonges sur lesquels repose cette société. On considère les choses dans toute leur cruauté, dans la chair et le sang. Au-delà du jeu des miroirs déformants des idéologies. Au-delà des professionnels du discours et des spécialistes de l’analyse. Nous brisons les fausses séparations entre objectif et subjectif, entre sentiment et raison, entre réfléchir et agir : nos pensées vont au rythme de nos cœurs qui donnent la force à nos mains pour agir.

Dans notre lutte, une des armes que nous avons à disposition, c’est le sabotage. L’action clandestine et destructrice de celui qui agit en territoire hostile, derrière les lignes de l’ennemi. Plutôt que d’engager une bataille frontale et de succomber devant les défenses ultradéveloppées du système, nous avons proposé, pour empêcher la construction de la maxi-prison, le sabotage. Dégrader, nuire et détruire les rouages de la machine qui s’apprête à construire cette horreur carcérale : les entreprises qui la construiront, les architectes qui tiennent le crayon en main, les ingénieurs qui calculent la façon la plus économique et sûre pour enfermer un être humain, les banques et les institutions qui la financent, les politiciens qui l’acclament et la justifient. Pendant que le pouvoir prépare sa valse de fantômes à coups de discours sur la surpopulation, la sécurité, la Justice, le sabotage fait surgir la matérialité de toute cette affaire de maxi-prison.

Outre le fait d’empêcher son fonctionnement normal, le sabotage sème le désordre dans les rangs de l’ennemi. Il ne peut pas savoir d’où viendra le prochain coup. Une fois ce sont les vitres d’un bureau d’architectes qui volent en éclats pendant la nuit, une autre fois un bâtiment d’ingénieurs est pris d’assaut en journée, et encore une autre fois les flammes ravagent les engins de chantiers et les dépôts des constructeurs de prisons.Le sabotage désorganise l’ennemi. Et c’est en le désorganisant qu’il devient alors incapable d’atteindre ses buts, comme d’imposer une maxi-prison à Bruxelles.

Alors, loin de nous les discours des politicards, les bavardages avec les journalistes, les illusions légalistes de l’opposition citoyenniste, les blablablas hypocrites. Sapons le château des fantômes.

[Publié dans Ricochets (Bruxelles), Bulletin contre la maxi-prison et le monde qui va avec, n°6, mai 2015, pp.1-2]

À partir d’un tract sur la loi Macron

Note:la question du travail traverse le lieu le laboratoire,plusieurs positions théorique s’affrontent.Le débat continuera lors des futures projections de film au laboratoire anarchiste. Cette question du travail est laissé de côté par une piouette avec la distinction travail salarié et activité vers une production
lu et recopié à partir du blog temps critiques

ci-dessous un tract signé d’anarchistes Valentinois diffusé au moment de la manif contre la loi Macron du 9 avril. Ce tract a suscité des remarques à J.Wajnsztejn et Gzavier que nous mettons à la suite.

Loi Macron, réforme du chômage, ANI1…

Passons à l’offensive

Après le passage en force de la loi Macron à l’Assemblée Nationale, par l’utilisation de l’article 49/3 de la Constitution, il devient plus qu’important de réagir. Cette loi constitue un véritable danger pour les travailleurs et marque une nouvelle étape dans leur précarisation.
Si elle est adoptée, elle facilitera le travail les dimanches et de nuit (habilement renommé en « travail en soirée »). Ce travail ne sera pas nécessairement payé davantage. La loi permettra également aux patrons de faire travailler gratuitement des personnes handicapées. Autre conséquence : auparavant, les patrons qui entravaient le droit syndical risquaient la prison, désormais ils seront soumis seulement à des sanctions financières.
Mais plus généralement, c’est le Droit du travail dans son ensemble qui va être remis en cause. Cette loi va encore une fois va faciliter l’économie numérique plus de perte d’emploi( exemple à la poste,la sécurité sociale y compris dans les services de retraite) , plus de contrôle et aussi les TICES dans l’éducation nationale( et e-learning)2 . C’est tout cela cette loi

Qu’est-ce que la loi Macron ?

Contrat de travail attaqué

Aujourd’hui, le droit français reconnait une inégalité de fait entre le salarié et son employeur. Le Code du travail est un ensemble de lois qui garantit partiellement au salarié des protections dans le cadre du travail qu’il fournit. C’est toujours le rapport de force construit sur les lieux de travail et dans nos quartiers qui obligera les exploiteurs à nous respecter.
Avec la loi Macron, le droit français ne reconnaîtra plus cette inégalité. Le contrat de travail sera désormais une convention entre deux personnes supposées au même niveau : comme si nous avions le choix de ne pas travailler. C’est un retour de plus de 200 ans en arrière, qui permettra aux patrons d’éviter le tribunal des Prud’hommes pour régler les litiges, voire d’établir des contrats de travail ne dépendant pas des conventions collectives.
En clair, il s’agit d’une destruction pure et simple du droit du travail !

Licenciements économiques facilités
•Simplification des licenciements économiques (de moins de 10 salariés) dans les entreprises de plus de 50 salariés.
Changement des critères d’ordre de licenciement : l’employeur pourra désormais cibler les salariés qu’il voudra licencier en définissant des « périmètres » au sein de l’entreprise.
•Inversion de la logique de reclassement : un salarié licencié économiquement devra postuler à un nouvel emploi dans l’entreprise au lieu d’être reclassé.
•Redressement et liquidation des entreprises : un groupe auquel appartiendrait une entreprise liquidée n’est désormais plus dans l’obligation de reclasser, l’obligation de reclassement est maintenant limitée à l’entreprise.
•Plan de licenciement en faveur de l’employeur : Dans le cadre de l’annulation d’un plan de sauvegarde pour l’emploi par le tribunal administratif pour «insuffisance de motivation», les employés ne pourront plus demander leur réintégration ou une indemnité.

Prud’hommes écrasés

Les conseillers prud’homaux seront soumis à encadrement disciplinaire.
Les représentants de salariés et de patrons ne siègeront plus aux Prud’hommes et seul un juge réglera les litiges entre les salariés et leurs employeurs.
Les sanctions deviennent forfaitaires : l’employeur peut désormais évaluer à l’avance ce qu’il lui coûtera d’aller à l’encontre du Droit du travail.
Pourquoi la loi Macron ?

Cette offensive contre les règles qui régissent le travail en France marque un tournant dans la logique de réduction du coût du travail qui est à l’œuvre depuis quelques décennies. En reléguant le droit du travail à de l’histoire ancienne, elle va donner carte blanche aux patrons pour nous utiliser et se débarrasser de nous quand bon leur semble !
Cela signifie pour toutes et tous des conditions de travail déplorables, des horaires épuisants, moins d’argent et plus de précarité. En clair, nous allons être davantage plongés dans la misère. Les exemples grec, italien et espagnol sont là pour nous le rappeler.
Il s’agit d’une offensive mondiale. Les capitalistes utilisent tous les outils habituels pour organiser leur pillage : depuis les institutions nationales, européennes et mondiales, jusqu’aux appareils politiques, syndicaux et associatifs réformistes dans le but de nous désorienter et nous paralyser. Ainsi, les grèves d’un jour et les rassemblements citoyens n’empêcheront pas le FMI, la BCE et consorts, aux ordres des banquiers et des industriels, de poursuivre la vertigineuse dégradation de nos conditions de vie pour maintenir leur profit.

La porte de sortie reste à construire, elle repose sur notre capacité à nous mobiliser, à nous organiser, par nous-mêmes, pour nous-mêmes ! Elle repose sur notre capacité à créer une société où nous décidons nous-mêmes de ce que nous voulons vivre libre , sans aucune domination, sans productions nuisibles3, avec une égale répartition des richesses sociales !

Vive la sociale

des invidu-e-s anarchiste

Post scriptum : on peut se retrouver après la manifestation du 9 avril pour une assemblée ouverte( travailleurs ou sans travail, volontaires ou non) mais en dehors des caméras de vidéo surveillance.

Le 08 avril 2015

Plusieurs remarques

– sur la forme il me paraît peu cohérent de signaler que le texte provient d’anarchistes quand son contenu est finalement très syndical et pourrait être signé par la CNT ou même la CGT Vinatier par exemple.

– en effet qu’est-ce qui est demandé dans le tract ? le respect du droit du travail français c’est-à-dire celui qui inscrit dans le marbre de la loi que le contrat typique est le CDI ? Tu cites notre texte sur l’ANI mais justement celui-ci n’était pas du tout dans cette optique puisqu’il s’appuyait sur le fait qu’en France le travail en CDI continue à concerner plus de 85 % des actifs et que c’était surtout les « flux »qui étaient touchés par les CDD ou l’intérim et non les « stocks ». D’autre part la proportion de ces CDI reste très élevée dans l’industrie et c’est dans les services que les CDD augmentent mais surtout du fait des caractéristiques de ces nouveaux emplois, dans des secteurs où de toute façon le droit du travail était plus ou moins inconnu (aides à la personne) ou largement dérogatoire (café, hôtellerie, restauration, coiffure etc). Il n’y a donc pas un recul de 200 ans comme tu le prétends. Si on prend par exemple les fast food on va même plutôt vers une normalisation par rapport au capitalisme sauvage que Macdo et Disney ont essayé d’imposer en France ; pareil pour les nourrices maintenant salariées etc.

– on signalait aussi un point important à propos de l’ANI qui est que celui-ci présentait quand même de nouvelles garanties pour les plus précaires …aux dépens des plus garantis. Même si on n’est pas d’accord avec les positions syndicales de la CFDT, qui peut être contre un rééquilibrage des disparités de situation en période de « crise » éco et de rapport de force défavorable quand en plus le ton du tract indique qu’il se range dans la revendication de la création d’emploi ou de la lutte contre le chômage ? Bien sûr qu’une égalisation des conditions par le bas donne l’impression d’un recul pour le haut mais si cette impression est juste n’est-ce pas justement parce que les précaires restent très minoritaires au sein de la population active et que donc leur voix porte encore moins que celle des autres ?

– enfin le texte donne l’impression d’un « plan du capital » qui, tel un méchant, viendrait prendre le travail au travailleurs et capter la richesse sociale.
L’État et le patronat n’ont justement pas de « plan » et c’est pour cela qu’en phase de faible croissance, ils jouent la compétitivité et la productivité plus qu’ils n’investissent pour accroître une production sur des marchés déjà saturés. Or la variable d’ajustement la plus facile à utiliser parce qu’elle est encore nationale, c’est celle des salaires alors que le prix des matières premières et de l’énergie est mondial.
Mais ce n’est pas pour faire suer les salariés qu’ils jouent la modération salariale et les « dégraissages ». C’est aussi qu’ils ne veulent pas toucher à la part des profits par rapport à la part des salaires quand le taux de marge est à la baisse et ce dernier dépend essentiellement d’un redémarrage de la production à un haut niveau. C’est le serpent qui se mord la queue puisque ce redémarrage dépend lui même d’une hausse de la consommation des entreprises et des ménages qui etc, etc.

Dernier point : à partir d’exemples dans la fonction publique Gzavier t’indiquera qu’un certain nombre de mesures prises (stages et mises en CDI des vacataires) contredisent une marche irrévocable vers la précarisation. Il ne faut d’ailleurs pas confondre flexibilisation et précarisation. L’ouverture des bibliothèque en soirée ou le dimanche ce n’est pas de la précarisation en soi. Le travail le dimanche dont tu parles n’est pas pire que les 3/8 et les 4/8 qui étaient la norme des « Trente glorieuses » dans les usines. Tout n’est pas toujours pire sinon le capitalisme aurait été écroulé depuis longtemps. Toujours sur le travail le dimanche, il faut aussi savoir de quel travail on parle. Par exemple serait-il scandaleux que les bibliothèques soient ouvertes le dimanche ? Puisque ton tract se place du point de vue du travail et non de sa critique, la seule chose qui compte serait donc les aménagements concrets de travail pour qui travaillerait ces jours là. J’en profite pour « rebondir » sur ton « partage des richesses », tarte à la crème de tous les textes anars ou NPA. Que des services publics , en dehors évidemment de toute perspective révolutionnaire, ce qui est le cas pour le moment, soit plus ouverts qu’ils le sont de façon à permettre qu’ils bénéficient à un plus large public, n’est-ce pas ça aussi un partage des richesses, parce que quand même on ne va pas partager que la merde dans ton « programme » !
Ce qui cloche dans le tract c’est qu’au-delà de l’interprétation qu’on peut avoir de telle ou telle mesure, comme beaucoup d’autre tracts il repose sur un présupposé fatal qui est de croire qu’en présentant la noirceur d’une situation ou pire encore en la noircissant, les personnes à qui ils sont adressés en seront révoltés. Outre l’erreur à la base du raisonnement, l’expérience montre que ça ne marche pas.

JW

Le 08 avril 2015

en complément de JW et le tract pour le 9 avril deux points pour signaler que l’Etat flexibilise autant qu’il encadre :

Pour exemple il faut voir les dernières mesures en faveur des stagiaires mises en place fin 2014. Ce n’est pas rien et je t’invite à lire ceci :

http://vosdroits.service-public.fr/professionnels-entreprises/F20559.xhtml

Là où il y avait une sous-classe de salarié se profile une normalisation, relative avec la mesure, symbolique pour certains, mais révélatrice, avec l’accès au restaurant d’entreprise pour tous stagiaire. Comment mieux dire qu’ils appartiennent aussi au monde du travail ?

Second point celui de la résorption de la précarité dans la fonction publique avec la loi Sauvadet. La loi en question devait permettre de titulariser les CDD et CDI longue durée de la fonction publique via un concours réservé. Cela a marché de façon fort inégale selon les fonctions publiques et ministères. L’esprit de cette loi est de faire rentrer dans la fonction publiques des travailleurs sur un poste depuis une éternité sans avoir d’égalité avec les titulaires. Vu la lenteur et le manque de volonté de certains ministère, le dispositif de la loi Sauvadet a été prolongé. Succès relatif donc mais, pour des corps de la fonction publique comme celui des bibliothèques cette loi a plutôt bien fonctionné et le message est là : nous régulariserons si besoin est.

Mon propos est donc de souligner que l’Etat est dans un mouvement autant Àde flexibilisation que d’encadrement.Il est capable de crée des postes de façon tactique et non pas simplement de supprimer pour supprimer. De l’autre coté les flexibles doivent l’être de plus en plus, c’est le second effet Sauvadet, compensé pour les mieux lotis par des primes.

a+
Gzavier
1.Un texte de la revue Temps critiques diffusé lors des manifestation s à valence contre l’ANI a été re publié sur le blog de temps critique http://blog.tempscritiques.net/archives/570 permettra de discuter et de réfléchir sur “les transformations du rapport salarial” [↩]
2.page 27 -30 du livre “école, la servitude au programme” collection La lenteur [↩]
3.lire pour comprendre un des aspects des productions nuisibles le recueil de textes contre le génie génétique et la domination : » le champ de conntrôle » https://www.infokiosques.net/spip.php?article1173 [↩]

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Espagne : Monica Caballero transférée à la prison de Villabona (Asturies)

info de brèves du désordre
La compagnonne anarchiste Monica Caballero a récemment été transférée de la prison de Brieva (Avila) à la prison de Villabona dans les Asturies, où le compagnon Francisco Solar est également enfermé. Il se peut que ce transfert soit seulement provisoire et qu’elle soit de nouveau transférée à Brieva ou dans une autre prison dans quelques semaines ou quelques mois.

Le code postal de la prison de Villabona a été changé. Voici les nouvelles adresses correctes et mises-à-jour des deux compagnonNEs :

Mónica Caballero Sepúlveda
C.P. Villabona
Finca Tabladiello s/n
33422 Villabona-Llanera
(Asturias)

Francisco Solar Domínguez
C.P. Villabona
Finca Tabladiello s/n
33422 Villabona-Llanera
(Asturias)

[Traduit par Lechatnoiremeutier de l’espagnol de contrainfo, 11 mai 2015]

[Belgique] Ceux qui dessinent et construisent des cages récoltent notre rage

repris du blog lechat noir émeutier
Dessine des cages, récolte notre rage

Le bureau d’architectes CERAU, qui a dessiné les plans de la nouvelle prison de Marche-en-Famenne, a été confronté, selon ses dires, plusieurs fois à des faits qui ont remis les pendules à l’heure concernant leur responsabilité dans l’édification d’une horreur telle qu’une prison.

La première fois, un grand tag : “Dessine des cages, récolte notre rage” apparaît sur la façade de leur bureau. La deuxième fois, toutes les vitres de leur secrétariat donnant sur la rue seront cassés.

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Bam, Bam… brûle !

LOUVAIN – Vers 3h30 du matin, un bulldozer a été détruit par les flammes. L’engin était stationné sur un chantier dans la Kolonel Begaultlaan, près du Engels Plein. Comme on peut voir sur la photo, il appartenait à la société de construction BAM, notoire constructeur de prisons en Belgique (et ailleurs).

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A partir de la presse, 24/04/2015

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Un incendie nocturne ravage les bureaux de Fabricom

ANVERS – Après minuit, un incendie s’est déclaré sur les terrains de l’entreprise Fabricom (GDF Suez) à Hoboken. Le feu a ravagé plus de 24 conteneurs, utilisés comme bureaux par l’entreprise. L’incendie était particulièrement violent à cause d’un vent fort, les pompiers ont eu beaucoup de mal à l’éteindre.

Fabricom est une entreprise qui est très impliquée dans la gestion des prisons existantes, ainsi que dans la construction des nouvelles prisons. Elle installe et maintient notamment les installations d’électricité, de vidéosurveillance, de chauffage etc. C’est aussi Fabricom qui a installé le réseau de vidéosurveillance de police dans différentes zones de Bruxelles.

Que ces structures soient ravagés par des incendies nocturnes ne peut dès lors qu’être une bonne nouvelle.

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[A partir de la presse, début avril 2015].

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L’architecte principale de la maxi-prison & sa responsabilité

architecte-9bc76Mi-février 2015, des inconnus ont mis le feu à la maison du nommé Philémon Wachtelaer à Bruxelles. Une explosion retentit dans la nuit, incendiant la façade, la voiture garée dans la cour et provoquant un début d’incendie dans une pièce de la maison. A l’origine de l’explosion et de l’incendie serait un engin incendiaire composé d’une bonbonne de gaz, plongé dans un bassin d’essence mis sous pression.

Celui qui a été visé par cet acte n’est pas n’importe qui. Il s’agit en effet de l’architecte principale de la future maxi-prison, administrateur-général du bureau d’architectes Buro II & Archi+I qui se fait du fric en dessinant les futures cages de la maxi-prison. Si son domicile a été visé, c’est probablement que quelqu’un a voulu lui demander personnellement des comptes quant à sa responsabilité individuelle et écrasante dans cet œuvre de répression.

Dans les prisons existantes c’est déjà comme ça, et dans la maxi-prison dont rêve ce monsieur Wachtelaer, des milliers d’individus souffriront sous le fouet de la Loi, pourriront dans les cellules, seront torturés par les coups des gardiens et par les inventions technologiques de contrôle qu’a dessiné monsieur Wachtelaer. Et ils tenteront d’escalader les murs dont le monsieur Wachtelaer a calculé la hauteur, ils creuseront des tunnels pour contourner les fondations dont le monsieur Wachtelaer a fixé l’épaisseur, ils scieront les barreaux dont le monsieur Wachtelaer a promis aux donneurs d’ordre qu’ils résisteront aux rêves de liberté. Dans chaque coup porté contre cet édifice de la souffrance et de la torture légale, contre sa construction même, résonnera aussi la responsabilité individuelle de ce monsieur Wachtelaer qui a choisi de servir, de façon précise et en tant que grand maître responsable, l’œuvre de la répression. Il n’a donc pas à s’étonner qu’un écho qui est déjà arrivé jusque devant la porte de sa maison.

Début novembre 2014 à Anvers, un chantier d’un projet de gentrification pour lequel trois contructeurs de prisons travaillent (Willemen, Interbuild et BAM) a été incendié

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Lire le bulletin ‘Ricochets n°6’
Lire le bulletin ‘Ricochets n°6′ de mai 2015

Repris de la cavale

Sur l’action directe

lu sur brèves du désordre

Sur l’action directe

Qu’est-ce que c’est l’action directe ? Ensemble avec d’autres ou seul, détruire, voler ou saboter des choses. Bloquer le train-train quotidien, attaquer l’infrastructure,… les possibilités vont jusqu’où va notre imagination. L’action directe, c’est donc cette infinité de moyens et de méthodes que nous pouvons utiliser pour exprimer ce qui est dans notre tête ou ce qui tape dans notre estomac. Nous pouvons l’utiliser pour souffler de la vie dans nos sentiment, nos pensées, nos idéaux, nos rêves. L’action directe nous enthousiasme parce que sa simplicité logique contraste violemment avec une société qui semble si complexe et où nous sommes facilement amenés à se sentir petits et impuissants. Nous regardons autour de nous, nous réfléchissons et nous tentons d’intervenir. Qu’est-ce qui se passe lorsque nous décidons d’agir de notre propre gré et de réagir contre quelque chose de petit ou de grand dans cette vie quotidienne qui insulte nos rêves ? Qui nous contrôle, nous rend malade ou nous détruit ? Alors, tout change. Alors change la façon dont nous vivons la vie et regardons ce qui nous entoure. Quand des ouvriers glissent une pièce de plastique dans la machine en sachant qu’ainsi, la chaîne s’arrête et qu’il faut au moins une journée pour la réparer, alors ils peuvent rentrer chez eux, alors à ce moment tout change. D’un côté, ceci montre que les patrons ne sont pas les seuls à pouvoir donner des coups, et qu’il dépend simplement de nous-mêmes de déterminer l’ordre du jour. De l’autre côté, la machinerie, qui d’une première vue semblait peut-être trop forte voire intouchable, est démasquée. Toute personne qui a les yeux ouverts peut alors voir que derrière les grondements intimidants des moteurs, il y a tout un ensemble d’engrenages, tangibles et vulnérables. Au-delà des murs de l’usine, c’est la même chose.

Je suis moi, et je fais ce que je veux
Bien sûr que cette société me laisse de l’espace pour protester. Si je ne suis pas d’accord avec quelque chose, on m’incite même à « faire entendre ma voix ». En rassemblant des signatures, en votant pour tel ou tel parti, en m’affiliant à un syndicat ou une association de jeunes. Le fil rouge entre ces moyens que m’offre amicalement l’Etat, est de dissoudre mon impulsion à agir sainement dans quelque chose plus grand que moi, réduisant souvent ma protestation à une signature ou une carte de membre. Presque subitement, le rapport entre moi-même et contre quoi (ou pour quoi) je me bats devient indirect et circonscrit. Vu que je dois prendre en compte l’organisation et son image, vu que je dois me tenir aux règles que je n’ai jamais décidées et qui existent clairement pour empêcher que la protestation devienne dangereuse, il devient alors impossible de changer ou remettre quelque chose en question fondamentalement. L’action directe flanque tous ces obstacles pénibles et me permet d’écrire ma propre histoire qui me met face-à-face avec mon objectif. Je décide moi-même sur ce que je veux faire et de quelle manière. Je fais des choix et j’en prends la responsabilité. J’entre donc sur un terrain où je détermine mes propres règles de jeu. Un terrain où je laisse derrière beaucoup de certitudes, en route vers une cohérence croissante entre ce que je pense et ce que je fais.

et je veux ce que je fais.
Car ces deux choses me semblent intrinsèquement liées. Je crois fortement que l’action directe peut exprimer ce qu’on pense à travers ce qu’on fait, que certains actes peuvent parler d’eux-mêmes. Si je vois une prison et je suis conscient du fait de ne pas vouloir vivre dans un monde où existent de telles structures, je ne peux faire que ce qui porte déjà en soi ce rêve. Je peux tenter de bloquer, de saboter ou de détruire le fonctionnement des prisons. Je peux inviter d’autre à faire pareil. Je ne peux pas adresser un courrier à un ministre pour lui demander d’améliorer les conditions dans les prisons (dans le cas où il serait de très bonne humeur ce jour-là) ou de les abolir tout court. Faisant ainsi, je ne ferais que confirmer le pouvoir qu’ils détiennent (et surtout mon impuissance), je délègue mon choix et je me mets hors jeu. L’action directe peut me donner l’occasion pour découvrir ma propre force et l’utiliser. Aussi futile que peut sembler un geste, il aura toujours son sens dans l’affrontement entre mes idées et le monde que je veux changer, ici et maintenant, de manière directe et sans compromis.

[La Cavale, mai 2015]

[Bristol, Angleterre] Banderoles en solidarité avec Emma Sheppard, ainsi qu’avec Billy, Costa et Sylvia – 30 avril 2015

Le chat noir émeutier

Nos salutations vont à Em, qui vient d’avoir 34 ans derrière les barreaux pour avoir placé des pièges à clous contre des véhicules de police.

Une banderole disait: Joyeux anniversaire à la prisonnière anarchiste Emma Sheppard – (A) bas toutes les cages.

Une autre disait: Le capital est “vert” comme le nucléaire est “sûr” – Contre la société industrielle – Bas les pattes sur Billy, Sylvia et Costa.

En référence aux trois éco-anarchistes que l’Etat italien veut inculper pour une attaque explosive avortée contre IBM à Zürich et le stratagème marketing capitaliste de Bristol comme “Capitale verte européenne”.

Les deux banderoles ont été accrochées sur la M32 au moment de l’heure de pointe dans la matinée du jeudi 30 avril 2015.

Récemment, on a appris par les journaflics qu’une collaboration policière internationale au Royaume-Uni ciblait les groupes d’action ou de publication qui seraient prétendument connectés aux combattants anarchistes incarcérés en Grèce […]

A partir de 325

Avigliana (Piémont, Italie) : la Merco d’un collabo part en fumée

lu sur Brèves du désordre
9 mai. Avigliana (TO) : Une Mercedes garée sur le parking de l’Hôtel Ninfa a été incendiée. Cet hôtel a eu les honneurs de la presse pour avoir hébergé les flics et les carabiniers en route pour le Val Susa, et un colloque du PD [gôche, au pouvoir] pour défendre la Grande Vitesse. Il semblerait même que la Mercedes appartienne justement au propriétaire de l’hôtel, Enzo Savant.

La vache et le prisonnier

voir le déroulement sur Brèves du désordre
note à coller et à diffuser CQFD

Les détecteurs de radioactivité suivants ont été soufflés par un vent mauvais incendiaire : Brennilis et Belleville-sur-Loire.

« Au lendemain de l’accident, la seule chose à laquelle j’ai pensé a été de sauver des animaux. Maintenant, je ne peux plus arrêter. » Naoto Matsumara (Metronews, 10 mars 2014) Naoto Matsumara, Le Dernier Homme de Fukushima, est le promoteur et le héros utile de la survie en milieu contaminé. Il y a quelques décennies, c’était la vache qui sauvait le prisonnier.

– – – – –

Il y a deux raisons pour lesquelles ces détecteurs méritaient ce sort. La première est bien connue de tous ceux qui s’intéressent à l’histoire de l’industrie nucléaire, la seconde l’est bien moins.

La première raison est qu’ils ne tiennent pas la promesse de la transparence, mais la seconde est plus décisive : elle relève de ce que nous promet la transparence. Ce sont ces deux formes de mensonge que ces destructions livrent à la publicité.

Les nucléocrates comme les antinucléaires savent bien que « l’unité de mesure supportable » par l’homme varie selon les besoins du moment de l’industrie nucléaire. Les premiers parce qu’ils organisent le va-et-vient des doses administrées, leurs contestataires parce qu’ils dénoncent ce mensonge quantitatif.

Les habitants des environs de Fukushima – y compris les plus fragiles – sont légalement exposés aux doses naguère prévues pour les seuls travailleurs des centrales, les circonstances posent la norme. Les appareils de mesure installés par les autorités japonaises l’ont été de telle sorte qu’ils reflètent une quantité d’irradiation minorée, cela oriente les dissensions entre écolocrates et nucléocrates vers un devoir commun de transparence.

Le régime d’habituation est à l’œuvre depuis le début de l’histoire de la radioactivité industrielle et médicale. Les études effectuées depuis Hiroshima et Nagasaki partent du principe que l’homme s’adapte à la dose, c’est la définition même du sievert. L’OMS écrivait dès 1957 : « Cependant, du point de vue de la santé mentale, la solution la plus satisfaisante pour l’avenir des utilisations pacifiques de l’énergie atomique serait de voir monter une nouvelle génération qui aurait appris à s’accommoder de l’ignorance et de l’incertitude et qui, pour citer Joseph Addison le poète anglais du XVIIIe siècle, saurait « chevaucher l’ouragan et diriger la tempête ». » On sait lesquels font les fous.

Après l’effondrement des réacteurs de Fukushima, l’opacité idéologique était telle qu’elle avait laissé apparaître l’absence d’informations. Spontanément, quelques citoyens comblèrent cette lacune en organisant des campagnes de distribution de détecteurs de radioactivité individuels. Quelques mois plus tard, leur combat pour l’accès de tous à l’information s’institutionnalisa sous la forme du CRMS (Citizen’s radioactivity measuring station) avec l’adoubement de la CRIIRAD. Ce sont les mêmes intentions qui guidèrent les pionniers de la contre-mesure en France. Aujourd’hui, de la Biélorussie au Japon, les effets pervers de cette volonté de transparence qui complète celle des nucléaristes finissent de se révéler, le problème ne serait plus l’atome, mais la dose.

Venons-en à l’aspect qualitatif du mensonge. Nous sommes habitués et il s’agit de nous résigner plus encore. La France est constellée d’appareils de mesure de radioactivité non pas pour nous protéger – un thermomètre ne fait pas baisser la fièvre ni ne refroidit un corium – mais pour nous rendre ordinaire la présence même du nucléaire. Leur dispositif consacre une attente collective. Ils condensent la certitude d’une catastrophe à venir en maquillant celle qui est déjà là, en régime chronique, sinon aigu. L’IRSN, l’ACCRO et la CRIIRAD, chacun à sa sauce, préparent les citoyens à devenir acteurs de la catastrophe le moment venu. L’écologiste chevauchera l’ouragan pendant que l’État dirigera la tempête. L’autre solution est évidemment que l’industrie nucléaire cesse. C’est la seule façon de rendre réellement les détecteurs de radioactivité à leur inutilité.

Plus généralement, qu’il s’agisse de la gestion de l’argent en période de crise économique perpétuelle assumée ou d’autres formes de nuisances morbides comme les pesticides, les OGM, etc., les normes juridico-techniques, volontiers participatives, régulent l’attente de la catastrophe. Les chiffres et les codes désignant les seuils de la qualité de la vie traduisent la réalité de sa dégradation. Nous sommes sommés de nous contenter de ne pas être déjà demain quels que soient nos malheurs d’aujourd’hui.

On n’arrête pas plus l’émission de radioactivité d’une centrale nucléaire en pétant un compteur Geiger qu’on n’arrête le passage du temps en cassant sa montre ou une horloge. Mais contrairement au temps, la radioactivité est lourde de certitudes.

Fernandel, 10 mai 2015

Brennilis/Belleville-sur-Loire/Salives (Finistère, Cher, Côte d’Or) : sabotages incendiaires de détecteurs de radioactivité

lu et recopié sur brèves du désordre

Incendies criminels près de trois sites nucléaires

RTL, 12/05/2015 à 11:19

INFO RTL – L’action est sans doute coordonnée mais elle n’a pas encore été revendiquée.

Trois stations météo destinées aussi à effectuer des prélèvements d’eau et d’air ont été les cibles d’incendies criminels au cours du week-end. Point commun : elles sont toutes situées à proximité directe de sites nucléaires.

Une station météo a ainsi été endommagée à Brennilis, dans le Finistère, près d’un site désaffecté alors que deux stations de prélèvements d’eau et d’air ont été la proie des flammes à Neuvy-sur-Loire (Nièvre), près de la centrale de Belleville, et une autre à Salives (Côte d’Or), près de celle de Valduc. Des enquêtes de gendarmerie ont été ouvertes.

Ancienne centrale nucléaire. Incendie criminel à la station météo

Ouest France – 12.05.15,14h46

Un équipement de la station météo appartenant à l’ISRM, appui technique de l’autorité de sûreté nucléaire, a été détruit pas un incendie il y a environ 48 h.

L’endroit est situé à 1,5 km du site nucléaire en déconstruction de Brennilis. Il n’appartient pas à EDF, qui possède ses propres installations de mesures, à l’extérieur également du site, mais à l’IRSN (Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire), un organisme indépendant qui contrôle les activités des centrales nucléaires. C’est juste un appareil, parmi plusieurs autres, et un bâtiment en dur qui a été complètement détruit. L’appareil sert à mesurer la qualité de l’air, notamment ses charges en radioactivité.

Il n’y a pas eu d’effraction dans le grillage de 10 m sur 15 qui clôt la parcelle à l’entrée du bourg. La brigade de recherches de Châteauneuf-du-Faou mène l’enquête.

Trois incendies criminels près de sites nucléaires dont le CEA Valduc

Le Bien Public, 12/05/2015 à 11:49

Lundi, une station météo située à proximité du site nucléaire de Salives a été visée par un incendie criminel. D’autres faits similaires se sont produits ce week-end en France.

Selon le site RTL.fr, trois sites de prélèvements d’eau et d’air ont été la cible d’incendies criminels durant le week-end à travers la France. Point commun, ces sites sont tous situés à proximité de sites nucléaires.

Parmi eux, la station météo de prélèvement d’eau et d’air de Salives située tout près du CEA de Valduc. Ont également été frappées une station météo à Brennilis, dans le Finistère, près d’un site désaffecté et une station de prélèvement d’eau et d’air à Neuvy-sur-Loire (Nièvre). Des enquêtes ont été ouvertes.

Contacté par notre titre, François Bugaut, qui dirige le Commissariat à l’Énergie Atomique (CEA) de Valduc, a confirmé qu’une station météo commune au CEA et à l’IRSN (Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire) a bien été la cible d’un départ de feu lundi. Les dégâts sont minimes et la station est ce mardi parfaitement opérationnelle. Une plainte a été déposée et l’enquête a été confiée à la gendarmerie.

La vache et l’irradié

Indy Nantes, 11 mai 2015

Les détecteurs de radioactivité suivants ont été soufflés par un vent mauvais incendiaire : Brennilis et Belleville-sur-Loire.

« Au lendemain de l’accident, la seule chose à laquelle j’ai pensé a été de sauver des animaux. Maintenant, je ne peux plus arrêter. »
Naoto Matsumara (Metronews, 10 mars 2014)
Naoto Matsumara, Le Dernier Homme de Fukushima, est le promoteur et le héros utile de la survie en milieu contaminé. Il y a quelques décennies, c’était la vache qui sauvait le prisonnier.

Il y a deux raisons pour lesquelles ces détecteurs méritaient ce sort. La première est bien connue de tous ceux qui s’intéressent à l’histoire de l’industrie nucléaire, la seconde l’est bien moins.

La première raison est qu’ils ne tiennent pas la promesse de la transparence, mais la seconde est plus décisive : elle relève de ce que nous promet la transparence. Ce sont ces deux formes de mensonge que ces destructions livrent à la publicité.

Les nucléocrates comme les antinucléaires savent bien que « l’unité de mesure supportable » par l’homme varie selon les besoins du moment de l’industrie nucléaire. Les premiers parce qu’ils organisent le va-et-vient des doses administrées, leurs contestataires parce qu’ils dénoncent ce mensonge quantitatif.

Les habitants des environs de Fukushima – y compris les plus fragiles – sont légalement exposés aux doses naguère prévues pour les seuls travailleurs des centrales, les circonstances posent la norme. Les appareils de mesure installés par les autorités japonaises l’ont été de telle sorte qu’ils reflètent une quantité d’irradiation minorée, cela oriente les dissensions entre écolocrates et nucléocrates vers un devoir commun de transparence.

Le régime d’habituation est à l’œuvre depuis le début de l’histoire de la radioactivité industrielle et médicale. Les études effectuées depuis Hiroshima et Nagasaki partent du principe que l’homme s’adapte à la dose, c’est la définition même du sievert. L’OMS écrivait dès 1957 : « Cependant, du point de vue de la santé mentale, la solution la plus satisfaisante pour l’avenir des utilisations pacifiques de l’énergie atomique serait de voir monter une nouvelle génération qui aurait appris à s’accommoder de l’ignorance et de l’incertitude et qui, pour citer Joseph Addison le poète anglais du XVIIIe siècle, saurait « chevaucher l’ouragan et diriger la tempête ». » On sait lesquels font les fous.

Après l’effondrement des réacteurs de Fukushima, l’opacité idéologique était telle qu’elle avait laissé apparaître l’absence d’informations. Spontanément, quelques citoyens comblèrent cette lacune en organisant des campagnes de distribution de détecteurs de radioactivité individuels. Quelques mois plus tard, leur combat pour l’accès de tous à l’information s’institutionnalisa sous la forme du CRMS (Citizen’s radioactivity measuring station) avec l’adoubement de la CRIIRAD. Ce sont les mêmes intentions qui guidèrent les pionniers de la contre-mesure en France. Aujourd’hui, de la Biélorussie au Japon, les effets pervers de cette volonté de transparence qui complète celle des nucléaristes finissent de se révéler, le problème ne serait plus l’atome, mais la dose.

Venons-en à l’aspect qualitatif du mensonge. Nous sommes habitués et il s’agit de nous résigner plus encore. La France est constellée d’appareils de mesure de radioactivité non pas pour nous protéger – un thermomètre ne fait pas baisser la fièvre ni ne refroidit un corium – mais pour nous rendre ordinaire la présence même du nucléaire. Leur dispositif consacre une attente collective. Ils condensent la certitude d’une catastrophe à venir en maquillant celle qui est déjà là, en régime chronique, sinon aigu. L’IRSN, l’ACCRO et la CRIIRAD, chacun à sa sauce, préparent les citoyens à devenir acteurs de la catastrophe le moment venu. L’écologiste chevauchera l’ouragan pendant que l’État dirigera la tempête. L’autre solution est évidemment que l’industrie nucléaire cesse. C’est la seule façon de rendre réellement les détecteurs de radioactivité à leur inutilité.

Plus généralement, qu’il s’agisse de la gestion de l’argent en période de crise économique perpétuelle assumée ou d’autres formes de nuisances morbides comme les pesticides, les OGM, etc., les normes juridico-techniques, volontiers participatives, régulent l’attente de la catastrophe. Les chiffres et les codes désignant les seuils de la qualité de la vie traduisent la réalité de sa dégradation. Nous sommes sommés de nous contenter de ne pas être déjà demain quels que soient nos malheurs d’aujourd’hui.

On n’arrête pas plus l’émission de radioactivité d’une centrale nucléaire en pétant un compteur Geiger qu’on n’arrête le passage du temps en cassant sa montre ou une horloge. Mais contrairement au temps, la radioactivité est lourde de certitudes.

Fernandel, 10 mai 2015